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Quel et lequel dans les grammaires françaises des XVIe et XVIIe siècles 2001

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Submitted on 8 Sep 2009

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Quel et lequel dans les grammaires françaises des XVIe et XVIIe siècles 2001

Nathalie Fournier

To cite this version:

Nathalie Fournier. Quel et lequel dans les grammaires françaises des XVIe et XVIIe siècles 2001.

Parcours de la phrase, OPHRYS, pp.237-257, 2007. �halshs-00413903�

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Quel et lequel dans les grammaires françaises des XVI

e

et XVII

e

siècles

Nathalie Fournier

Grâce aux travaux de Pierre Le Goffic, la famille des termes en qu- a trouvé en français une nouvelle jeunesse, et c'est à un membre de cette famille, le marqueur quel et son corrélat lequel, que sera consacré cet article, dans une perspective d'histoire de la grammaire et d'histoire de la langue1.

On se situera dans la problématique qui est celle de P. Le Goffic : en tant que terme en qu-, quel est un marqueur de variable, qui opère un parcours sur les qualités d'une entité, humaine ou non humaine (valeur qualifiante, qui est la valeur de base de quel) ou sur les entités d'une classe (valeur identifiante, dérivée de la première). Cet « héri- tier infidèle du latin qualis » (P. Le Goffic, sous presse) a lui-même un « descendant », le pronom lequel, création romane et savante, qui associe l'adjectif et l'article défini le2. Des termes en qu-, quel a la polyfonctionnalité caractéristique. Il est susceptible (lui-même ou ses dérivés) de leurs grands types d'emploi :

• emploi interrogatif et percontatif : Quel livre veux-tu ? Dis moi quel livre tu veux,

• emploi indéfini, assumé par les marqueurs dérivés de quel : n 'importe quel, quel qu 'il soit, et surtout quelque,

• emploi subordonnant intégratif, réservé en français moderne aux tours conces- sifs attributifs : quelles que soient ses raisons,

• emploi relatif, assumé non par quel mais par lequel, pronom (/ 'homme/le livre auquel je pense) ou adjectif de reprise {lequel homme/lequel livre).

On voit donc que les emplois vivants en français moderne de quel/lequel sont les emplois interrogatifs-percontatifs et les emplois relatifs, et que les deux marqueurs se partagent quasiment le terrain : quel pour l'interrogation-percontation (qui n'est ouverte à lequel qu'avec valeur partitive : Lequel de ces deux livres veux-tu ? ; dis moi lequel tu veux) et lequel exclusivement pour l'emploi relatif.

Je remercie vivement Catherine Fuchs pour son attentive relecture et ses remarques pertinentes qui ont permis d'améliorer la version finale de cet article.

Selon Kunstmann (1990 : 10-11), c'est d'abord en emploi relatif que les clercs romans ont

« inventé » lequel, en préfixant au marqueur qualitatif quel l'article anaphorique le ; lequel s'est ensuite étendu à l'emploi interrogatif. En ancien français, lequel relatif est surtout utilisé dans le style juridique, avant de voir son emploi s'étendre en moyen français et surtout au X V I e siècle (Buridant, 2000 : § 482 ; Lorian, 1973 : 223-259).

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Les problèmes qui se posent aux grammaires des xvie et xviie siècles, de la jeune grammaire française avec Meigret (1550) jusqu'à la grammaire académique de Régnier-Desmarais (1706), sont à peu près ceux qui se posent aux grammaires modernes : la catégorisation de quel et lequel, la distinction (syntaxique, sémantique et référentielle) entre quel et lequel, le rapport de quel et lequel avec les autres termes en qu- (les pronoms qui, que, quoi et l'adverbe dont). Sur cette période, les travaux des grammairiens se caractérisent par l'émancipation face à la tradition latine (qui ne connaît que qualis), par l'intégration de la jeune tradition des remarques, qui signale une grande attention portée à l'évolution de l'usage et à sa régulation, et par une perspective strictement synchronique - à ce titre tous les ouvrages mériteraient le titre choisi par Oudin de Grammaire françoise rapportée à l'usage du temps - qui les amène à minimiser certains emplois rares ou en régression (ainsi de quel intégratif) et à mettre l'accent sur ce qui leur semble à la fois prototypique et problématique, comme les emplois de lequel relatif.

Nous examinerons dans cet article les points suivants : 1.La catégorisation de quel, lequel,

2.Les emplois syntaxiques et les valeurs sémantico-référentielles de quel, lequel, 3. Lequel en emploi relatif.

1. LA CATÉGORISATION DE QUEL ET LEQUEL

Dans les grammaires des xvie et xiie siècles, quel et lequel sont classés, avec qui, que, quoi, parmi les pronoms relatifs.

1.1. Quel et lequel pronoms

Le débat sur la catégorisation comme pronoms des termes en qu- est ancien et remonte à la tradition latine. Ce débat tient à la définition du pronom et à son lien à la personne (lien facultatif pour Donat, lien essentiel pour Priscien), et il a pour consé- quence la catégorisation de qui(s), soit comme pronom - chez Donat -, soit comme nom - chez Priscien (à titre de « nom général »)3. Dans la tradition française, le choix est fait, dès le début, en faveur de Donat : qui, que, quoi, et du même coup quel, lequel (ainsi que dont)4 sont catégorisés comme pronoms relatifs.

Quel et lequel sont ainsi considérés comme des pronoms, qu'ils soient employés seuls ou avec « un nom adjoint » (Meigret), de même que les démonstratifs et pos- sessifs sont des pronoms, qu'ils soient déterminants (mon/ma/mes et ce/cette/ces) ou

« pronoms » au sens moderne (le mien ou celui-ci) : c'est la catégorisation normale de

Voir Colombat (1999 :254-264 ; 2003 : 16).

Les autres adverbes en qu- (où, comme, comment, quand, combien, pourquoi) sont classés parmi les adverbes interrogatifs ; où intégrera la classe des relatifs avec Régnier-Desmarais, au titre de « particule relative », comme dont (1706 : 305-307).

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l'époque ; elle ne gêne personne et ne sera remise en question qu'avec l'abbé Girard en 17475.

C'est ce qui rend d'autant plus intéressante la remarque de Régnier-Desmarais, s'interrogeant sur le bien-fondé de traiter quel comme un pronom, dans la mesure, dit- il, où il « ne s'employe presque jamais sans l'accompagnement d'un substantif, & ne se met point à la place d'un nom » (1706 : 296) ; de fait, Régnier ne donne que des exemples dans lesquels quel détermine un nom (quel N) et aucun exemple d'emploi autonome comme attribut (quel est le N). S'interrogeant sur la pertinence de cette caté- gorisation comme pronom, Régnier 1 * attribue, d'une part à la tradition latine, qui traite quis & qualis comme des pronoms (ajuste titre, selon lui, puisqu' « ils s'employent parfaitement bien tous seuls dans le discours & à la place d'un nom », ce que ne fait pas quel), d'autre part à l'influence de la catégorisation de lequel comme pronom. La remarque de Régnier-Desmarais est fort pertinente, et on notera que c'est en se fondant sur les mêmes raisons distributiormelles que C. Blanche-Benveniste (2002 : 363) distingue deux fonctionnements pour quel, celui d'adjectif (prédéterminant) dans la distribution quel N et celui de pronom dans la distribution quel est le N ?

1.2. Quel et lequel relatifs

Comme celle de qui, que, quoi, la catégorisation de quel et lequel comme relatifs (càd. comme anaphoriques)6 se heurte au problème de leurs emplois non anapho- riques, notamment interrogatif et percontatif Face à cette difficulté, les grammairiens des xvie et xvne siècles ont tous tranché en faveur d'une monocatégorisation comme relatifs, et rattachent les emplois non relatifs aux emploi relatifs-à l'exception de Chiflet, qui se prononce fermement pour la création d'une classe de pronoms interro- gatifs, dans laquelle il verse quel, distingué de lequel, relatif et interrogatif7.

Sur le fond, ce rattachement univoque des termes en qu- à la catégorie des relatifs ne va pas sans difficulté, tel est le « fossé », comme le dit P. Le Goffic (2002 : 334), qui sépare leurs emplois comme opérateurs de parcours (indéfini, interrogatif/percon- tatif et intégratif) de leurs emplois comme anaphoriques, captés par un antécédent et compatibles avec une visée référentielle. Aussi, comme l'a montré P. Le Goffic, les

Chez Girard, quel va se trouver, aux côtés de mon et ce/cet, dans la classe des adjectifs pronominaux (1747, vol. I, Disc. VII) ; voir Julien (1992 : 200-201).

Pour les grammairiens de l'époque, « relatif» veut dire « anaphorique » ; la définition des pro- noms relatifs est très stable, de Meigret : « ils requièrent un avant posé que les Latins appellent antecedens : Dieu m'a promis q 'il me saovera : la où il est relatif et démonstratif de Dieu » ([1550] 1980 : 58), à Régnier-Desmarais : « On appelle Pronoms relatifs, les Pronoms qui se rapportent à un nom précédent, qui en tiennent la place, & qui en ont la signification » (1706: 232).

Voir Fournier (2003 : 76-77). On notera que cette distinction était déjà chez Palsgrave, qui opposait, parmi « les différentes sortes de pronoms », les interrogatifs (qui [wko], quel [what manner] et que [what]) et les relatifs (qui [whiche] et le quel [the which]) ([1530] 2003 : 451).

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relatives utilisent-elles le matériel qu- moyennant un « curieux bricolage »8. Dans le cas de quel, ce bricolage est marqué morphologiquement : quel, pour fonctionner avec un antécédent, s'adjoint un marqueur ànaphorique, l'article le. Lequel, pronom relatif, s'analyse donc comme « le [N qui est] quel » et pratique ce qu'on peut appeler une « anaphore qualitative » (voir injra § 2.2.2).

Tout en optant pour une monocatégorisation, les grammairiens classiques sont bien conscients de la différence entre emplois interrogatif et relatif des termes en qu-, et ils la signalent par l'opposition « relatif» vs, « interrogant », qui leur permet de classer les emplois de qui, que, quoi?, et d'opposer quel à lequel ; ainsi chez Maupas :

«Lequel, est relatif <& interrogant [...] Quel, quels. Quelle, quelles. Ce pronom n'est point relatif, mais interrogant [...] » (1618 : 75v).

1.3. Le rapport entre quel et lequel : un ou deux marqueurs ?

Les grammairiens rapportent tous quel au latin qualis, et reconnaissent impli- citement la formation française de lequel, quand ils disent que c'est quel précédé de l'article10 :

«Lequel[...] ne se sépare point del'article. » (Oudin, 1640: 128)

« Lequel, & son féminin laquelle sont des Pronoms inséparables de l'article. » (Régnier-Desmarais, 1706 : 297).

Au-delà de l'origine des marqueurs, le problème qui se pose est le suivant : y-a-t- il un seul pronom quel, dans deux emplois différents, qui tantôt « rejecte l'article », tantôt est «articulé» (je reprends les termes de Ramus, [1572] 2001 :113) ? ; ou bien y a-t-îl deux pronoms bien distincts, quel et lequel ? On remarque une évolution nette sur ce point au cours de la période qui nous occupe : lequel s'émancipe de quel pour être traité comme un pronom à part entière, à mesure que croît, sous l'influence des remarqueurs, l'intérêt qu'il suscite en emploi relatif (voir infra, § 3).

Au xvie siècle, aussi bien chez les auteurs de grammaticae gallicae, qui rattachent quel au qualis latin, que chez les auteurs de grammaires françaises, quel et lequel ne sont qu'un même mot, employé avec ou sans l'article le (qui est le seul article reconnu), ainsi qu'il apparaît chez Meigret, Estienne ou Ramus :

« Reste le relatif qel qui ne peut être sans son article le [...] nous nous aidons encore en notre langue de ce qel en interrogations avec l'article le [...]. Ce qel a aussi la signification de qualité, et lors il n'a point d'article. » (Meigret, [1550] 1980 : 60-61).

Pour les pronoms qui, que, ce « bricolage » consiste en l'organisation fonctionnelle du para- digme et la perte partielle du lien à l'ontologie.

Ainsi Maupas oppose-t-il « Qui, interrogant » à « Qui, vray relatif » ; voir Fournier (2003 : 81).

0 Seul Sylvius attribue à lequel une origine latine : « Lequel, de ille qualis » ([1531] 1998 : 327).

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« Quel, vient du mot Latin qualis. (...) Quand il est relatif, il ne peut estre sans son article le. » (Estienne, 1557 : 28)

« Quel et Quel relatifs sont tousjours articulés [...] Quel, signifiant qualité rejecte larticle et est tousjours joinct à son substantif. » (Ramus, [1572]

2001:114).

En revanche;, à partir de Maupas, quel et lequel sont examinés séparément, et sont même parfois franchement disjoints dans l'exposé (ainsi chez Oudin, qui fait suivre Qui, Que, Lequel, Dont, y, En, Quel et Quoi) ; lequel cesse donc d'être considéré comme un quel articulé par le et les deux pronoms sont distincts, jusqu'à appartenir à des classes différentes chez Chiflet (lequel est un relatif et quel un interrogatif). La conséquence est qu'ils vont se décliner avec des articles différents : lequel avec l'article défini (= le) et quel (comme les pronoms qui, que, quoi) avec l'article dit «. indéfini » (càd. à l'époque classique, de et à aux cas génitif/datif, et, en termes modernes, l'article zéro), jusqu'à ce que Régnier-Desmarais, sous l'influence des analyses de Port-Royal, le déclare « sans article » (1706 : 296).

Outre la variation en cas qui leur est commune avec les pronoms qu-, quel et lequel ont la particularité morphologique de varier en genre et en nombre11. Leur morpho- logie est explicitée la plupart du temps par des tableaux de déclinaison, et toujours largement commentée : d'une part à cause des formes amalgamées duquel, auquel (considérées comme des formes casuelles spécifiques), d'autre part pour leur diffé- rence avec le relatif qui/que, invariable en genre et en nombre et qui est le relatif « le plus gênerai, par ce qu'il sert à tous genres, a tous nombres, & a toutes personnes » (Estienne, 1557 : 17).

2. EMPLOIS ET VALEURS DE QUEL ET LEQUEL

Les grammaires caractérisent contrastivement les deux marqueurs quel et lequel par leurs propriétés formelles (présence ou absence de le, emploi « interrogant » ou

« relatif », emploi avec ou sans « substantif exprès ») et sémantiques (valeur quali- fiante ou identifiante). Nous examinerons successivement l'un et l'autre marqueur.

2.1. Quel

2.1.1. Les emplois de quel

(i) Première propriété : quel s'emploie, selon les formulations successives qui suivent l'évolution de la problématique de l'article, « sans l'article le » (Meigret), « avec l'article indéfini » (Oudin), « sans article » (Régnier-Desmarais).

C'est ce qui permet notamment à Estienne de les faire entrer (et d'entraîner à leur suite, qui et que, pourtant invariables) dans la seconde déclinaison, celle des pronoms variables en genre et en nombre, mais non en personne (1657 : 17-18).

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(ii) Seconde propriété : quel est toujours « interrogant » (Maupas), ce qui couvre l'emploi interrogatif et percontatif, comme le montrent les exemples proposés :

(1) Quel homme estes vous? Sçachez (...) quelle personne me demande. (Maupas)

(2) Quel accueil vous a-t-il fait ? Il ne sçait quel parti prendre.

(Régnier-Desmarais).

Seul Régnier-Desmarais fait état d'un emploi exclamatif, avec les exemples : Quel bonheur ! Quelle fortune !n. Quant aux emplois intégratifs de quel, ils sont à peine mentionnés ; Régnier-Desmarais les donne en réponse :

(3) à quel jeu voulez-vous joiier ? de quel vin voulez-vous ? [...] on respond auquel vous voudrez, duquel vous voudrez [...] qui sont mis là, pour à quel jeu, & de quel vin. (1706 : 297)

ou en tant que paraphrases de qui intégratif (ce sont des exemples à fonction stricte- ment métalinguistique) :

(4) Je meneray qui vous voudrez, il se sert de qui il luy plaist [...]

comme si on disoit Je meneray quelle personne vous voudrez ; il se sert de quelle personne il luy plaist. (1706 : 292),

L'emploi de #»e/intégratif en structure concessive (àat^pQ qu-...qu-) retient éga- lement peu l'attention ; il est mentionné par Chiflet13, avec les exemples : Quelle que puisse être votre éloquence, Quel qu'il soit (1659 : 54-55), à l'appui de consignes, reprises de Vaugelas, le distinguant de quelque. Sans doute faut-il voir dans ce désin- térêt le reflet de l'usage : quel intégratif est peu représenté (on cite toujours l'exemple de Molière : Vous pouvez avoir avec eux quel mal il vous plaira, cit. Haase, § 44B et cit. Le Goffic, 1993 : § 24) et quel qu- concessif fait l'objet de fermes restrictions (de la part de Vaugelas, notamment, 1647 : 136-139 ; voir Haase, § 45A).

(iii) Troisième propriété : quel « ne subsiste point sans substantif exprès ou avant le verbe, ou soit après si c'est le verbe substantif», écrit Maupas (1618 : 76r) ; par cette formulation, qui signale la corrélation nécessaire de quel avec un substantif, soit conjoint, soit « subjoint » et nominatif du verbe être, Maupas couvre les deux distributions de quel : quel N ? (Quel homme estes-vous ?), et quel est le NI (Quel est l'ennuy qui vous tourmente ?).

En fait, la distribution Quel est le N? suscite moins d'intérêt que la distribution Quel N ?, jusqu'à être passée sous silence par Régnier-Desmarais, qui, quand il dit que quel « ne s'employe presque jamais sans l'accompagnement d'un substantif»

(1706 : 296), met en avant la distribution quel N, qui lui permet de contraster quel et

P. Le Goffic (se référant à Culioli) analyse l'emploi exclamatif comme « la réduction d'une structure intégrative complexe, en boucle, avec autorepérage de la variable produisant la valeur de haut degré » (2002 : 319).

Et avant Chiflet, par Palsgrave (O noble déesse quelle que tu sois, [1531] 2003 : 613) et Cauchie (quel qu'il soit, qualiscumque sit [1586] 2001: 358).

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lequel Les exemples, qui circulent largement d'une grammaire à l'autre, mettent en évidence — sans que ce soit dit explicitement - l'opposition entre l'emploi déterminant de quel (quel N ?), sur lequel pèsent peu de contraintes et l'emploi adjectif (quel est le N?), fortement contraint - exactement comme l'a montré C. Blanche-Benveniste (2002) pour le français moderne. Les exemples de quel N ? montrent en particulier que le GN ouvert par quel peut être en fonctions diverses (attribut - dans la majorité des exemples -, sujet, complément direct ou indirect, circonstant), qu'il n'y a pas de restriction sur la catégorie lexicale du N tête (qui peut faire référence à l'humain et au non humain), ni sur le type de verbe (transitif direct ou indirect) dont il dépend. Ainsi dans ces quelques exemples d'emplois interrogatifs :

(5) Quelle personne vouspourroit endurer ? (Maupas) (6) Quelle hardiesse te meut ? (Palsgrave)

(7) Quel homme estes vous ? (Meigret, Estienne, Maupas, Chiflet) (8) Quel livre tenez-vous ? (Maupas)

(9) De quel homme parlez-vous ? (Meigret, Estienne, Chiflet) (10) À quel jeu voulez-vous jouer ? De quel vin voulez-vous ?

(Régnier-Desmarais)

(11) Quel jour me vlendrez-vous voir ? (Chiflet).

La seconde distribution quel est leN? est beaucoup plus contrainte, et on remar- quera que les grammaires ne donnent quasiment que des exemples où le sujet est un GN défini, avec un N tête non animé dénotant un affect ou un état psychologique :

(12) advisez quel est le respect qui me tient. (Maupas)

(13) Quel estl'ennuy qui vous presse ? quelle est lafascherie qui vous tourmente ? (Oudin)

(14) Quel est le danger, qui vous tient en peine ? (Chiflet).

Pas d'exemple avec un N propre, deux exemples seulement avec un pronom, démonstratif (cette~ci, chez Maupas) et personnel {il en percontative chez Estienne).

Manifestement les grammaires sont assez restrictives dans leur choix d'exemples et ont avant tout en vue la concurrence entre quel et qui, qu'il s'agit de régler en réservant qui pour l'humain (voir injra, § 2.1.2).

2.1.2* Valeur sémantique de quel (i) Valeur qualifiante ou identifiante ?

En tant qu'héritier de qualis, quel se voit attribuer une valeur qualifiante : il « a la signification de qualité », dit Meigret (1980 : 29), et il interroge sur les propriétés de l'entité désignée par le nom. Cette valeur qualifiante, qui a l'avantage de distinguer quel de lequel en interrogation (voir injra, § 2.2.2), n'est pas remise en cause, jusqu'à

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Régnier-Desmarais, qui la réserve à l'exclamation, et lui oppose, en interrogation, une valeur identifiante :

« Quel sans article a deux acceptions dans nostre Langue ; l'une qui ne sert précisément qu'à spécifier le sujet dont on parle, sans luy attribuer de qualité ; comme quand on dit quelle heure est-il ; il ne sçait quel parti prendre, il ne sçait de quel bois faire flèche : l'autre qui désigne qualité dans le sujet, comme quel bonheur ! quelle fortune ! » (1706 : 296).

• Selon Régnier donc, quel interrogatif (dans la distribution quel N ? qui est la seule qu'il retienne) porte sur l'identité de la chose questionnée et non sur ses quali- tés14. On notera cependant que les exemples viennent corriger ce que ce diagnostic a d'abrupt ; ainsi à la question quel accueil vous a-t-ilfait ?, Régnier propose la réponse le meilleur du monde, qui montre bien que quel interroge sur les propriétés du nom (le type d'accueil, bon ou mauvais).

En reconnaissant à quel une double valeur, identifiante ou qualifiante, et tout en péchant par excès de zélé (par la collusion entre interrogation et identification), Régnier dit explicitement ce qui apparaissait en filigrane chez ses prédécesseurs, notamment par le biais de la traduction par quis ou qualis (dans les grammaticae gallicae') et/ou par l'équivalence avec qui (qui interroge sur l'identité) ; ainsi chez Pillot :

(15) Quel homme est ce là ? Quis ou Qualis est home ille ? Quelle femme est ce là ? Ou qui est ceste femme là ? Quae ou qualis est illa mulier ? (Pillot [1561], 2003 : 90-91)

et surtout par le choix d'exemples, qui tendent assez nettement (hors structure attri- butive quel N est il ?), vers un questionnement sur l'identité (voir ex. 8 à 11).

(ii) Référence à l'humain ou au non humain

Quel permet d'interroger sur l'humain ou le non humain, ce qui lui est un grand avantage sur qui, dès lors que les grammairiens, à partir de Oudin, réservent ce dernier à l'interrogation sur l'humain15 :

« Je vous avertis de ne vous point servir de qui, si ce n'est quand le propos se rapporte à une personne, comme, qui est le badin qui dit le contraire : qui est l'honneste homme qui me donnera du vin » (1640 : 134).

L'indétermination référentielle de quel, qui ne catégorise pas l'entité questionnée, apparaît nettement dans les exemples de type quel N ?, où N est un nom de chose ou de personne (ex. 5 à 11) ; en revanche dans les exemples de type quel est le N, les grammairiens sélectionnent soigneusement des N non humain (ex. 12 à 14), pour faire apparaître une distribution complémentaire entre qui (+h) et quel (-h) dans ce type d'interrogation (qu- est le N ?).

C'est écarter délibérément les exemples, attestés dans l'usage, du type : Avez-vous su quel il est (Molière), Je sais quel est Pyrrhus, violent mais sincère (Racine) ; cit. Haase, § 41, IL Rappelons que, malgré les règles grammaticales, qui interrogatif/percontatif réfère au non humain, dans certaines conditions contextuelles, tout au long du xvif siècle (voir Fournier 1998a : § 297-299 ; 1998b ; 2003 : 85-86).

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2.2. Lequel

2.2,1. Les emplois de lequel

Lequel s'oppose à quel sur les trois points examinés plus haut.

(i) Il « ne se sépare point de l'article » (Oudin, 1640 :128).

(ii)"Son «plus grand usage», écrit Régnier, est «d'estre employje] comme relati[f], soit des personnes, soit des choses » (1706 : 296), ce qu'il illustre par des exemples tels :

(16) C'est un homme auquel il n'y a rien à redire.

(17) Le sujet pour lequel ils se querelloient.

C'est l'emploi relatif qui retiendra toute l'attention des grammairiens (voir infra § 3), au détriment de l'emploi interrogatïf, dont significativement Régnier-Desmarais ne parle même pas. Pourtant lequel est aussi « interrogant », et Maupas (1618 : 75v) rattache cet emploi à l'emploi relatif, sur la base de la relation nécessaire de lequel à un substantif: « lequel ne peut se passer d'un antecedant [...] » - c'est l'emploi relatif-

« [...] ou substantif exprimé » - c'est l'emploi interrogatif. Le GN « exprimé » dans le co-texte pouvant être postposé (en tant que modifieur) ou antéposé ; ainsi dans les exemples de Maupas :

(18) Lequel de ces livres est le vostre ?

(19) Qui a escrit cecy ? un de mes garçons ? Lequel ? le plus jeune.

(1618 : f 76).

La corrélation avec un GN vaut aussi pour lequel percontatif, comme le signale Chiflet, avec les exemples :

(20) Je veux sçavoir lequel de vous deux me payera : auquel de vous deux je m'addresseray. (1659 : 61).

Quant à l'emploi intégratif, il n'y a que Maupas qui y fasse allusion, pour dire que lequel, à la différence de qui, n'y est pas apte, puisqu'il « ne peut entamer un propos comme fait bien Qui, au nominatif singulier », dans des exemples du type Qui a bon voisin a bon matin. Qui est content est riche. (*Lequel a bon voisin...^Lequel est content... ; 1618 :75v). Le silence des grammairiens reflète bien l'usage très restreint de lequel intégratif au xvne siècle15.

(iii) Dernier point : lequel peut avoir, comme quel, un emploi déterminant {lequel N)s mais cet emploi est passé sous silence par la..plupart des grammairiens. Oudin l'ajoute dans son édition de 1640, en précisant qu'on l'emploie uniquement au nominatif (sujet) et au début d'une période :

16 Haase (§ 45 E) ne donne que quelques exemples de lequel intégratif concessif (lequel qu-), qui semble résister jusqu'à la fin du siècle, puiqu'il cite Fénelon : « C'est une nécessité que le roi eût des enfants ou qu'il n' en eût pas. Lequel des deux qui pût arriver, l'astrologie triomphait. » (Fénelon, Dial. d. Morts).

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(21) lesquels ornemens furent apportez : laquelle femme voulut estre courtisée, & c. (1640 :129).

Chiflet n'en parle pas, et Régnier-Desmarais qui le cite {lequel homme répondit, à laquelle proposition il parut troublé, le diamètre duquel cercle) en attribue l'usage à un souci de clarté (pour remédier à l'éloignement de l'antécédent), caractéristique des « ouvrages dogmatiques, où on ne saurait parler avec une trop grande précision » (1706 : 303). De fait, lequel en emploi de déterminant17, est d'un usage très restreint, en dehors du style juridique ou philosophique18.

2.2.2. Valeur sémantique de lequel

Du fait de sa préfixation par le, lequel a une valeur identifiante, qui résulte de la composition du sémantisme de le (présupposition existentielle d'unicité) et de celui de quel (parcours sur les qualités)19.

a) En emploi interrogatif/percontatif, les grammairiens attribuent à lequel une valeur « discretive » (Masset 1606 : 9) ou « partitive » (Maupas) :

« estant interrogant, il a une plus particulière recherche partitive ou élective entre plusieurs, comme uter, en latin entre deux. » (Maupas, 1618 : 76r).

Par cette valeur dite « partitive », qui le distingue de son concurrent interrogatif quel, les grammairiens veulent rendre compte du fait que lequel opère « un partage entre plusieurs» (Chiflet, 1659 : 51), càd. qu'il sélectionne une entité au sein d'un ensemble référentiel construit par le nom « exprimé » dans le co-texte (par exemple, ces livres en (26) ou mes garçons en (27)20).

Lequel N est surtout relatif ; mais Haase (§ 41 B) cite des exemples d'emploi percon- tatif : «L'auteur a voulu éprouver lequel caractère est le plus propre pour rimer des contes » (La Fontaine, Contes, Préf. 1665).

Haase (§34B) donne ainsi des exemples de Descartes, des Plaideurs (parodie du style de la chicane) et de M. de Pourceaugnac (parodie du style médical).

La compositionnalité du sémantisme de lequel est attestée a contrario par la préfixation de quel avec un autre déterminant que le, comme dans l'exemple cité par Damourette et Pichon :

«Un quel aimes-tu mieux ? Un jaune ... ? Tiens ; voilà. » (Madame A, le 14 juillet 1921 » (£GLF,§3110).

C'est l'analyse de Bonnard:« En proposition interrogative[...]/eqrue/s'appuie sur une notion déjà exprimée sous la forme nominale, de genre connu, dont il indique le nombre et dont seule est en question l'identité, analytiquement exprimée par l'élément quel. Le nom anté- cédent a évoqué un ensemble, lequel désigne un élément dont il appelle la détermination » (1966:44)'.

(12)

En fait, plus qu'une partition au sens strict11, lequel implique une extraction au sein d'un ensemble construit co-textuellement par le GN co-occurrent ou situation- nellement (en l'absence d'un tel GN) ; dans cet ensemble, lequel désigne le (seul et unique) élément extrait (c'est le rôle de lé), qui se distingue des autres par ses propriétés spécifiques (c'est le rôle de quel). C'est ainsi qu'à la question (exemple 27) : Lequel (de vos garçons) ? Maupas répond : le plus jeune, càd. qu'il extrait de l'ensemble « vos garçons » le seul et unique garçon qui se distingue par la propriété

« être le plus jeune »23.

b) En emploi relatif, les grammairiens ne s'intéressent pas à la valeur de lequel, puis- qu'il n'est pas besoin de le distinguer de quel, inapte à cet emploi24. On proposera ici de rattacher la valeur de lequel relatif à la valeur identifiante qui est la sienne en emploi interrogatif, malgré la diversité des configurations relatives possibles (antécédent défini ou indéfini {un N lequelAe N lequel), emploi comme pronom ou comme adjectif {lequel N), relative explicative ou déterminative). En effet, si, comme le dit P. Le Goffîc (1994 : 35), l'emploi relatif des termes en qu- est le signe d'un « parcours captif », lequel relatif illustre bien cette « captation » par l'antécédent :

* le est anaphorique, càd qu'il pointe comme son antécédent le (seul et unique) GH accessible à partir du contexte linguistique antérieur,

• quant à quel, son parcours est saturé par les propriétés de l'antécédent désigné par le,

"Nous proposons donc de conserver à lequel relatif son sens compositionnel iden- tifiant (le seul et unique N qui est quel), ce qui explique d'ailleurs pourquoi il a voca- tion à référer à un support référentiellement autonome et à introduire des relatives explicatives.

Signalons cependant que Kunstmann (1991: 65) caractérise lequel par « sa valeur partitive et son statut de représentant. 11 s'emploie lorsqu'on doit choisir entre plusieurs éléments (per- sonnes ou choses) connus et se trouve alors en relation avec un terme de la phrase précédente ou de celle qu'il introduit (à moins que la situation ne suffise à indiquer de quel ensemble il s'agit)

».

C'est ce que signale Oudin, avec l'exemple : Lequel est-ce qui a fait cela ?, dans lequel il voit un substantif « sous-entendu » : ndevous autres, y estant sous-entendu. » (1640 : 130).

Damourette et Pichon montrent que lequel interrogatif/percontatif vise à désigner un (seul et unique) élément par une qualité requise : « on requiert celui qui aura la qualité congruente à la volonté choisissante ; l'interrogation porte donc sur cette qualité, qu' exprime' quel.^l, dès trouvée, elle est notoire puisque s'encastrant dans la case vide créée par la demande : Lequel veux-tu ? lejaune ... » (EGLF : § 3113).

Quel a pu avoir en ancien français (xe-xie s.) un emploi d'adjectif relatif (« la dame de majesté, En quel garde j ' ai puis esté », Miracles de ND, cit. Kunstmann, 1990 :11 ) ; mais cet emploi disparaît au cours du moyen français. Haase (§33) cite encore, au xvn= siècle, un exemple de Scarron : « Mais il craignait sur toutes choses, Qu'occire elle ne les voulût, Après quel mal, point de salut», mais on peut douter qu'il s'agisse d'un emploi relatif, c'est plutôt un quel intégratif.

(13)

3. LEQUEL RELATIF DANS LES GRAMMAIRES DU xvn SDÏCLE

Au cours du xvne siècle, l'intérêt des grammairiens se déplace de façon nette de quel iriterrogatif vers lequel relatif; il n'est que de voir l'évolution du nombre d'exemples consacrés à l'un et l'autre marqueur : de Maupas à Régnier-Desmarais, la proportion s'inverse exactement (sur la totalité des exemples de quel/lequel, 70 % sont consacrés à quel chez,Maupas mais à lequel chez Régnier-Desmarais) ; quant à l'emploi interrogatif de lequel, s'il est à égalité avec l'emploi relatif chez Maupas et Oudin, il n'est plus illustré que par moins de la moitié d'exemples chez Chiflet et est tout simplement ignoré par Régnier-Desmarais.

Pourquoi cette évolution et cet intérêt dominant pour lequel relatif? C'est qu'entre temps, il y a eu les travaux des remarqueurs, Vaugelas en tête, qui se sont focalisés, au nom de la clarté et de la netteté, sur les conditions d'emploi des pronoms relatifs (au sens large d'anaphoriques), et en particulier sur la concurrence entre qui, que, quoi et lequel. Les Remarques de Vaugelas, qui datent de 1647, vont ainsi très largement pas- ser chez Chiflet, puis chez Régnier-Desmarais, qui leur dorme un très ample dévelop- pement. Dans le droit fil des préoccupations de Vaugelas, Régnier va ainsi examiner et réguler la concurrence entre lequel et les autres relatifs, pronoms qui, que, quoi et

« particules relatives », dont et où.

Cette concurrence, et donc l'emploi de lequel, dépend des facteurs suivants :

• un facteur syntaxique, avec l'opposition entre les cas directs (nominatif, accu satif) et les cas obliques (génitif, datif, ablatif), càd. en termes fonctionnels entre les fonctions sujet/objet et les fonctions prépositionnelles, ce facteur syntaxique dépen dant en fait, dans le cas du relatif sujet, mais ce n'est pas explicité, de la relation sémantique de la relative à son antécédent (déterminative/explicative),

. • un facteur sémantique : la référence à un antécédent humain ou non humain,

• un facteur textuel : l'éviction des équivoques,

« un facteur informationnel : la « force » de lequel dans la narration, càd. son statut de marqueur de thématisation.

3.1. Facteur syntaxique : les fonctions de lequel 3.1 A.

Lequel en fonction sujet ou objet

Déclaré « rude » par Vaugelas au nominatif et à l'accusatif, diagnostic auquel font écho Chiflet et Régnier-Desmarais, lequel va abandonner des places syntaxiques qu'il a tenues très fortement en moyen français et surtout au xvie siècle25. Son éviction est déjà demandée par Oudin dès 163226.

Voir Martin & Wilmet (1980 : § 446-455), Marchello-Nizia (1997 : 208-209), Lorian (1973 : 223-258) ; pour le français pré-classique, voir Glatigny (2003 : 212-217). Les deux éditions de la grammaire de Oudin (1632 et 1640) sont antérieures aux Remarques ; mais l'ouvrage de Vaugelas a beaucoup circulé, avant sa publication, dans les milieux savants, auxquels appartenait Oudin, qui a pu en avoir connaissance (d'où son allusion aux « doctes modernes »)

; de toute façon les principes de la réglementation pronominale étaient dans l'air métalinguistique du temps.

(14)

« Les doctes modernes bannissent le nominatif de ce pronom [lequel]

mis après l'antécédent, car pour bien parler on ne dît point, voilà un homme lequel veut, &c.j'ay une maison laquelle me couste deux mille escus, mais il faut se servir de qui veut ; qui me couste, &c. » (1632 : 103, 1640 : 129).

Chiflet et Régnier la répètent, forts de l'autorité de Vaugelas ; ainsi Régnier demande qu'on ne dise pas (22) mais (22'):

(22) C'est un homme lequel n'a rien, c'est une chose laquelle mérite considération, ce sont des gens lesquels se figurent, ce sont des grâces lesquelles ne se peuvent refuser

(22 ) C'est un homme qui n'a rien, c'est une chose qui mérite considération, ce sont des gens qui se figurent, ce sont des grâces qui ne se peuvent refuser. (1706 : 296).

Les commentaires sont moindres sur lequel en fonction objet, dont Meigret pro- nonçait déjà le remplacement par que, jugé « de meilleure grâce », sur la base d'argu- ments morphologiques {que va avec les deux genres et les deux nombres) :

« Nous usons toutefois plus souvent de qe et de meilleure grâce ; comme jeparlereyàçet home qe vou 'crenez tant '.pour leqelvou ' crenez tant [...]

nous dizoh aussi bien je prize bien la mézon qe vou ' m'avez vendu et mieux que laqelle vou 'm'avez vendu : et j'eyme bien le ' remontrances qe vou ' m'avezfet est de meilleure grâce que le ' quelles vou ' m'avezfet. » ([1550] 1980: 60)

Quant à Régnier, il le relègue « dans le style de pratique », avec l'exemple : C'est un homme lequel j'ai veu souvent (1706 : 300).

Ce qu'il faut remarquer, c'est que lequel abandonne les places sujet et objet lors- qu'il introduit une relative déterminative, alors qu'il s'y mamtient mieux avec une relative explicative (comme c'est encore le cas en français moderne, dans le style juridique) ; c'est ce qui ressort aussi bien des commentaires demandant son rempla- cement par qui/que (Oudin, Régnier, Meigret), que des exemples qui illustrent son emploi, et qui sont toujours des exemples de relative explicative27 :

(23) Le Prince qui veut régner dans les Esprits, doit les gagner par la douceur, laquelle triomphe des cœurs les plus farouches (Irson, 1656:22)

(24) Il y avoit en la ville d'Athènes un grand philosophe, lequel avoir coutume d'enseigner les vertus morales à la jeunesse. (Chiflet, 1659 : 51).

Seul Masset défend encore en 1606 l'usage que donnait Pillot en 1561 {C'est celuy que, ou lequel je vous ay monstre, 2003 :91), avec l'exemple : « le cherche un homme qui, ou lequel puisse exercer cet office » (1606 : 9).

(15)

Les grammairiens écartent donc définitivement l'emploi de lequel introduisant une relative déterminatîve28 ; cependant aucun d'entre eux, pas même Régnier, qui a pourtant lu Port-Royal, n'explicite cette distinction entre relative déterminative et explicative, dont on sait qu'elle est clairement exposée dans la Logique (Livre I, chap. VII, voir Auroux & Rosier 1987 : 16-20) ; c'est en fait qu'Us mettront l'accent, dans ce type d'exemples, sur la fonction désambiguïsante (ex. 23) ou thématisante (ex. 24) de lequel, comme on le verra (infra, § 3.3 et § 3.4).

3?1.2. Lequel en fonction prépositionnelle

S'il est écarté en fonction sujet et objet, lequel tient en revanche solidement les fonctions prépositionnelles, càd. en termes classiques les cas génitif (duquel), datif (auquel), ablatif et accusatif derrière préposition (sans, avec, sur, pour... lequel). Si les grammairiens conseillent, quand c'est possible, son remplacement par un autre relatif (qui, dont)29, il est une distribution dans laquelle il est obligatoire, à l'exclusion de tout autre pronom, à savoir quand il réfère à un antécédent non humain et qu'il détermine un GN lui même en fonction prépositionnelle ; ainsi dans les exemples cités par Régnier (1706 : 302)30 :

(25) Un cheval de la bonté duquel j'ay fait espreuve/* de qui, *dont (26) une monstre aux ressorts de laquelle on a touché /* de qui, *dont.

3.2. Facteur sémantique : la référence à l'humain/non humain

À partir de Vaugelas et de sa longue remarque Qui (1647 : 55-57), les remar- queurs vont tous ferrailler contre l'emploi de qui relatif prépositionnel à antécédent non humain. Les grammairiens vont intégrer progressivement leurs consignes : qui relatif prépositionnel va être ainsi éliminé, d'abord - par Oudin - avec un antécédent référant à un objet concret fabriqué ou naturel (table, maison, rose, rivière...) puis - par Chiflet - à un animal (cheval), enfin - par Régnier - à une entité abstraite (raison, courtoisie, condition...), sauf cas de personnification marquée (voir Fournier 1998:

§280 et 2003).

Cet emploi était possible en moyen français ; mais les spécialistes ne s'accordent pas sur son extension : rare pour Martin & Wilmet (1980 : § 447), il est fréquent pour Kunstmann (1990 : 220-224) ou Blindant (2000 : § 482). Pour le français pré-classique, Glatigny (2003 : 226) constate que les relatives déterminatives avec lequel sont extrêmement rares dans l'ensemble de son corpus.

29 Cf. Régnier : « Car encore qu'on puisse dire, Un homme duquel la vertu est hors de soup çon; (...) un arbre duquel le fruit est excellent ; une chose de laquelle je m'estonne ;(.-.) il est constant qu'il est beaucoup plus de l ' u s a g e de dire, Un homme de qui la vertu, ou dont la vertu est hors de soupçon ; (...) un arbre dont le fruit est excellent ; une chose dont je

m'estonne. » (1706 : 301). ":

30 Le même Régnier demande, dans cette distribution, le remplacement de lequel par qui, avec un antécédent humain : C'est une femme à la conduite de laquelle/de qui il n'y a rien à redire y c'est un homme de la bonne foy duquel/de qui on ne peut douter (1706 : 302). -' -••", •=,

(16)

Cette éviction de qui prépositionnel pour « la relation des bestes ou des choses » (Régnier) profite bien sûr à lequel, qui s'installe fermement sur ce terrain ; c'est ainsi que les exemples avec lequel prépositionnel qui sont approuvés sans restriction sont des exemples à antécédent non humain, concret ou abstrait {cheval, arbre, rivière, maison, raison, condition, chose,...') :

(27) le cheval... auquel j'ai donné du foin ; pour lequel j'ai payé trente pistoles ; la rivière de laquelle, ou, dont nous avons parlé.

(Chiflet, 1659 : 50)

(28) Le cheval sur lequel il estoit monté, le sujet pour lequel ils se querelloient, une condition sans laquelle il n'y a rien à faire.

(Régnier, 1706: 303)

alors que les exemples à antécédent humain font régulièrement l'objet de consignes de remplacement par qui ou dont ; seuls échappent à cette consigne, comme nous l'avons déjà remarqué, les exemples du type (23) et (24), où lequel se justifie pour lever une ambiguïté (voir § 3.3) ou marquer une thématisation forte (voir § 3.4).

3.3. Facteur textuel : l'éviction des équivoques

Toujours dans la lignée de Vaugelas (remarque Lequel, laquelle, 1647 : 115-118) et au nom de « la clarté & la netteté du style » (Régnier, 1706 : 300), les grammairiens recommandent l'emploi de lequel, y compris au nominatif/accusatif, pour lever toute équivoque sur l'antécédent, grâce à la morphologie (qui permet de distinguer le masculin du féminin et le singulier du pluriel).

Si Chiflet propose un exemple de son cru (« C 'est une ordonnance du Roy, qui fera de grands changements en tout le royaume. Il faloit dire, laquelle fera &c », 1659 : 50), Régnier reprend l'exemple, devenu canonique, de Vaugelas : C'estuneffet de la providence divine, qui est conforme à ce qui nous a esté prédit ; après une dis- cussion sur la pertinence de la règle de proximité, il conclut que « le changement de qui en lequel est le seul expédient qu'il y ait pour oster l'équivoque » et demande donc qu'on dise -.c'est un effet de la divine providence lequel, &c(1706 :296-297), sauvant lequel sujet/objet par le souci de « la clarté du stile »31.

3.4. Facteur informationnel : lequel marqueur de thématisation

On vient de voir que lequel sujet échappait à la censure lorsqu'il permettait d'éviter une équivoque, en sélectionnant morphologiquement l'antécédent ; pour autant, comme le fait remarquer Régnier, l'argument morphologique ne suffit pas à rendre compte des emplois de lequel nominatif auxquels «l'usage ordinaire de la Langue semble répugner » (1706 : 299). C'est que Chiflet, puis Régnier, reprennent à

C'est aussi l'argument invoqué par Chiflet pour justifier l'emploi de lequel vs dont ou quoi : « C'est la cause de cet effet, duquel je vous entretiendray, & non pas, dont je vous entretiendra)/ » (1659:50).

(17)

Vaugelas un autre emploi de lequel, à savoir « quand on commence quelque narration considérable » (Régnier et Chiflet, citant Vaugelas, 1647 :116), avec les exemples :

(29) Il y avoit à Rome un grand Capitaine, lequel par commandement du Sénat, &c (ex. de Vaugelas, cité par Régnier, 1706 : 299) (30) (=24) Il y avoit en la ville d'Athènes un grand philosophe, lequel

avoit coutume d'enseigner les vertus morales à la jeunesse &c.

(Chiflet, 1659: 51).

Dans ce type d'exemples, Vaugelas (que cite Régnier) dit que « lequel est beau- coup plus fort que qui » et il affirme que « mesme à la Cour », càd. dans l'oral spon- tané, on utilise lequel comme outil narratif :

« Je ne vois ny homme, ny femme, qui racontant quelque chose, ne die par exemple, c 'estoit un homme, lequel, &c. c 'estoit une femme, laquelle,

& c. plustost que qui, & de mesme au pluriel. » (1647 :116).

Ce qui est en cause ici, c'est le rôle informationnel de lequel dans l'enchaînement discursif : si lequel est « plus fort que qui », c'est dans sa fonction de marqueur de thématisation, qui va de pair avec son rôle anaphorique : au sein du cotexte antérieur, il pointe (comme son antécédent) le seul et unique N ayant la propriété requise et le signale comme le support informatif de la suite de l'énoncé. Lequel peut ainsi activer un réfèrent correspondant à un GN introduit précédemment dans une phrase thétique- ce sont les exemples (40) et (41) de Vaugelas, en il y a/c'est + GN"-poin-te faire fonctionner comme repère pour la suite de l'énoncé. Il peut aussi réactiver comme thème un GN de faible saillance, en particulier un GN éloigné, et c'est le rôle que Régnier attribue à lequel N :

« on le joint [lequel] quelquefois au termes mesme de sa relation ; ce qui se fait lorque ce terme estant un peu éloigné, on croit le devoir repeter pour une plus grande clarté, comme lequel homme respondit, à laquelle proposition il parut troublé, le diamètre duquel cercle. » (1706 : 303).

La fonction discursive de lequel est ainsi une fonction de thématisation forte, si l'énoncé qu'il ouvre est de premier plan, ou faible (secondaire) si c'est une simple parenthèse (un second plan) ; dans tous les cas, lequel apparaît comme un outil de hiérarchisation textuelle

Le contrepoint théorique de l'approche largement intuitive des grammairiens et remarqueurs, c'est le célèbre chapitre IX de la seconde partie de la Grammaire générale et raisonnée de Port-Royal. On sait qu'Amauld et Lancelot y définissent le pronom relatif comme pronom (par l'anaphore) et comme conjonction (par la subordination syntaxique)32, et qu'ils distinguent trois fonctionnements pour le relatif :

« il a toujours rapport à un autre nom ou pronom, qu'on appelle antécédent » et « la proposi- tion dans laquelle il ente (qu'on peut appeler incidente) peut faire partie du sujet ou de l'attri- but d'une autre proposition, qu'on peut appeler principale » (1969:49-50) ; sur l'ensemble de ce chapitre, voir Colombat (1999 :486-495).

(18)

a) comme conjonction et pronom : c'est son emploi canonique, il est à la fois pronom et connecteur,

b) comme conjonction seule : en français, c'est le que complétif,

c) comme pronom seul ; « le relatif perd son usage de liaison, et ne retient que celui de pronom »33.-

Ils proposent de ce fonctionnement comme « pronom », un premier exemple : (31) Benè acsapienter, P.C, majoresinstituerant, utrerum agendarum, ità

dicendi initium à precationibus capere (...). QUI mos, oui potius quàm consuli, (..,) usurpandus colendusque est ? .

qu'ils font suivre d'un commentaire très intéressant pour nous, puisqu'ils disent :

« en traduisant cela en français, on ne mettrait jamais, laquelle coutume, mais cette coutume, commençant ainsi la seconde période : Et par qui CETTE COUTUME doit-elle être plutôt observée, que par un consul ? ».

Il est vrai que dans ce contexte précis, l'interrogation initiale par cui bloque la traduction àeqùi mos par laquelle coutume ; cependant, n'en déplaise aux Messieurs, cette traduction serait tout à fait acceptable dans un autre contexte ; laquelle coutume traduirait très certainement qui mos au xvie siècle et dans la première moitié du xviie siècle, voire plus tard encore (voir ce que dit Régnier de lequel N),

On peut donc dire de lequel ce que les Messieurs en disent, dans les termes qui sont les leurs : il perd son statut de connecteur (= de subordonnant, enchâssant syn- taxiquement la relative dans la matrice) pour un statut de simple ligateur anaphorique et thématique. On peut avancer que si Arnauld et Lanceiot, qui sont très attentifs à la modernité du français et à sa régulation par les remarqueurs35, ne retiennent pas dans ce cas précis la traduction par lequel et ne cherchent pas un autre exemple dans lequel elle serait possible, c'est qu'ils considèrent lequel comme passé de mode et archaïque.

Voilà donc la fonction, sans doute essentielle, de lequel relatif, dans laquelle il conserve le statut textuel qui était le sien en ancien et moyen français et jusqu'au xvie siècle, celui d'un « anaphorique thématique autorisant un nouveau développement » (Buridant, 2000: 588), d'un marqueur de « liaison par thematisation »

C'est ce qu'on a appelé le « relatif de liaison » latin, appellation qui ne convient guère, puisque justement les Messieurs dénient à ce relatif la valeur de liaison pour en faire simplement un pronom ; mais ils entendent « liaison » au sens de « connexion », càd. engendrant une rela- tion de dépendance syntaxique, et non au sens d'enchaînement textuel de deux séquences de même niveau.

« Nos ancêtres, pères conscrits, ont décidé à juste titre et avec sagesse de faire commencer aussi bien les discours que les actes par des prières (...). Or, cet usage, par qui doit-il être suivi et observé plus que par un consul ? » (trad. Colombat, 1999 :493). La thèse récente de M. Pérouse, consacrée à la première édition des Pensées de Pascal par Port-Royal (1670) a très bien montré que le comité éditorial était franchement du côté de la modernité linguistique, n'hésitant pas à corriger Pascal pour le mettre au goût du jour.

(19)

(Glatigny, 2003 : 216), qui instaure une relation textuelle, proche « d'une juxtapo- sition bien plus que d'une subordination syntaxiquement hiérarchisée » (Combettes 2002 :120)36.

Il resterait à montrer que dans l'usage, lequel va progressivement perdre ce fonc- tionnement de marqueur thématique et se cantonner dans les emplois prépositionnels, surtout avec un antécédent non humain, càd. évoluer vers ce qui est son emploi stan- dard en français moderne (hors langage juridique et effet littéraire). Au fond, peut-être Régnier ne sauve-t-il"ce lequel narratif que par fidélité à Vaugelas, dont l'Académie - Régnier en est le secrétaire perpétuel - est en train d'examiner le Quinte-Curce avec tout le respect dû à ce texte de référence.

CONCLUSION

De ce parcours dans les grammaires françaises des xvf et xvn' siècles on pourra retenir les points suivants :

a) Du point de vue de la grammatisation du français37, le traitement de quel et lequel est représentatif de la façon dont la grammaire française a adapté le cadre latin (l'héritage de qualis) à la description du vernaculaire, avec ;

(i) la distinction de deux « pronoms » quel et lequel,

(ii) la distinction de deux emplois : interrogatif et relatif, sur le plan des distribu- tions syntaxiques (pronom/déterminant), de la valeur sémantique (qualifiante/identi- fiante) et de la référence (humain/non humain).

b) Du point de vue de l'histoire de la langue, le traitement que les grammaires réser- vent à lequel reflète bien comment ce pronom, après les beaux jours du moyen fran- çais et du xvie siècle, se replie sur des emplois moins larges, mais dans lesquels il sera indélogeable (emplois prépositionnels avec un antécédent non humain).

c) Du point de vue de l'histoire du Bon Usage, l'intérêt très prononcé des grammai- riens pour lequel relatif et leur souci d'en régler les emplois et la concurrence avec les autres relatifs (qui, quoi, dont, où) est le reflet de la relative défaveur stylistique du

36 C'est dans la prose narrative du xvr2 siècle que lequel connaît sa plus grande fortune ; Lorian lui attribue ainsi « une force consignante plutôt qu'une valeur anaphorique » ayant pour rôle « d'introduire une adjointe ou une rallonge » (1973 : 230) ; pour le français pré-classi- que, voir Glatigny, qui dit de lequel qu'il marque « une thématisation par anaphore » et que son rôle typique dans l'enchaînement discursif est d'introduire une relative « surnuméraire » (2003 :214,229-237).

37 La grammatisation est (au sens de Auroux, 1004 :109) l'outillage métalinguistique, à partir de la tradition latine, d'un vernaculaire à des fins de description.

(20)

relatif composé, que déjà Vaugelas trouvait « rude » et qu'il proposait de remplacer p a r « des mots p l u s courts et p l u s doux », c o m m e où ou dont?*.

Enfin ce parcours, modeste au regard de l'ampleur de ses propres travaux, nous permet de vérifier l'intérêt, toujours souligné par P. Le Goffic, de la diachronie et de l'histoire de la linguistique, pour la problématisation des faits de langue.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1. Sources primaires

Nous citons les grammairiens en respectant l'orthographe originale (à l'exception des gra- phies / et », que nous modernisons en i/j et u/v) ; nous citons Meigret dans l'édition Hausmann (1980) et la GGR dans l'édition Duclos de 1830 [reprise en 1969].

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Dans la remarque « OU, adverbe pour le pronom relatif», Vaugelas dit que « l'usage en est élégant et commode, par exemple, le mauvais estât où je vous ay laissé, est incompara- blement mieux dit, que le moauvais estât auquel je vous ay laissé. Le pronom, lequel, est d'ordinaire si rude en tous ses cas, que nostre langue semble y avoir pourveu, en nous don- nant de certains mots plus doux & plus courts, pour substituer en sa place, comme, où, en cet exemple, & dont, & quoy, en une infinité de rencontres » (1647 : 91).

(21)

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