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Submitted on 3 Dec 2020
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Bouleverser la GRH après la reprise… et si c’était le bon choix ?
Lynda Saoudi, Virginie Gallego, Jean-Marie Estève
To cite this version:
Lynda Saoudi, Virginie Gallego, Jean-Marie Estève. Bouleverser la GRH après la reprise… et si c’était
le bon choix ?. COLLOQUE GRH PME MONTPELLIER 2010, Apr 2010, Montpellier, France. �hal-
03037624�
Bouleverser la GRH après la reprise… et si c’était le bon choix ?
Lynda Saoudi
Enseignante Sup’Exup, doctorante, ERFI, Université Montpellier 1 Faculté AES, espace Richter, Avenue Raymond Dugrand, 34960 Montpellier
Virginie Gallego
Docteur en Sciences de Gestion, ATER, ERFI, Université Montpellier 1 Faculté AES, espace Richter, Avenue Raymond Dugrand, 34960 Montpellier
Jean-Marie Estève
Docteur en Sciences de Gestion, PDG de la SOLATRAG Solatrag, avenue de Chiminie, 34302 Agde cedex
Résumé
Cet article traite de la transmission à une personne physique externe (RPPE) en contexte de
PME. Plus précisément, il s’agira d’identifier et comprendre les choix en matière de gestion
des ressources humaines après la reprise. Nous montrerons que, aussi paradoxal que cela
puisse paraître, le bouleversement de la GRH par le repreneur peut favoriser le succès de la
reprise. Pour ce faire, nous aborderons dans une première partie les spécificités de la RPPE et
de la GRH en PME et dans une deuxième partie, nous présenterons les résultats d’une étude
menée dans une PME industrielle du Languedoc-Roussillon transmise en 2007.
Introduction
Au cours des dix prochaines années, la Commission Européenne estime qu’un tiers des PME européennes devrait faire l’objet d’une transmission. Nous entendons par transmission, la poursuite d’une entreprise juridiquement autonome par un autre chef d’entreprise. Il en devient le propriétaire et l’exploitant, par rachat, donation héritage, reprise au conjoint ou location-gérance (Article L. 1234-7 du code du travail). Il s’agit d’une étape cruciale de la vie d’une entreprise qui peut compromettre sa pérennité. En effet, de nombreuses difficultés peuvent survenir notamment sur le plan juridique, fiscal ou socio-managérial. Ces difficultés sont d’autant plus importantes lorsque le repreneur est extérieur à l’entreprise
1: il ne connait ni la structure, ni le fonctionnement, ni d’ailleurs les hommes qui la composent. En effet, il peut adopter une stratégie de continuité, en conservant l’essentiel des pratiques du cédant ou mettre en œuvre une stratégie de rupture, en bouleversant l’existant. Dans ce second cas, un changement organisationnel sera à engager et à maîtriser.
Ce dernier aura d’ailleurs des incidences plus ou moins importantes en fonction de la structure et plus précisément de la taille de l’entreprise. Dans une structure de petite taille, il peut être difficile, compte tenu de la proximité des salariés avec le cédant, de faire accepter à l’ensemble du personnel un tel bouleversement. Il semble a priori que la meilleure stratégie soit le maintien de la structure existante pour éviter les conflits avec le personnel en place.
Toutefois, nous irons à contre-courant de cette idée en montrant que le bouleversement notamment de la GRH peut être un facteur de sucés de la reprise. Il convient donc de répondre à la question suivante: en quoi la modification de la GRH peut-elle faciliter la reprise en PME ?
Pour répondre à cette question, il semble nécessaire dans un premier temps de comprendre les spécificités de la reprise par une personne physique externe et dans un deuxième temps de mettre en relief les spécificités de la GRH en PME. Nous proposons donc après une analyse de la littérature à ce sujet, de présenter une étude de cas menée dans une PME transmise en 2007.
1. Gérer l’après reprise…
1.1. Les fondements de la Reprise par une Personne Physique Externe
La reprise est un processus qui, par une opération de rachat, aboutit à la continuation de la vie d’une entreprise, en difficulté ou non, et de tout ce qu'elle contient (structures; ressources humaines, financières, techniques et commerciales) (Deschamps, 2002). La reprise représente un changement de direction, de pouvoir sans que les éléments primordiaux et constitutifs de l’entreprise rachetée ne disparaissent : l’activité de l’organisation continue avec ses moyens matériels et humains et sa clientèle. L’élément du changement n’est que le propriétaire- dirigeant. Haddadj et d’Andria (1998) parlent de transmission externe, qu’ils définissent comme étant un « rachat par une personne physique ou morale qui n’est pas en poste dans l’entreprise ».
1
«Le niveau de risque est quasi nul pour les transmissions familiales ; de même, un ancien salarié de l’entreprise
a deux fois plus de chance de réussir qu’un repreneur extérieur», expliquent Guidici et Coulaud. Cependant ces
transferts d’entreprises se font désormais de plus en plus souvent en dehors du cadre familial, au profit de tiers
soit 59 % des repreneurs sont externes à l’entreprise : ce sont, soit des personnes physiques, souvent d’anciens
cadres dirigeants de Grands Groupes, soit d’autres entreprises.
Plus précisément, la transmission à une personne physique externe implique un transfert de propriété, de direction et de capital humain :
Le transfert de propriété : il s’agit de la transmission de tout ou partie du patrimoine professionnel, soit à titre onéreux, soit à titre gratuit (cette forme suppose un compromis entre les solutions propres au droit des affaires et celles imposées par le droit de la famille). Ce dernier peut susciter différents problèmes pour l'entreprise :
- Dans le cas d'une cession à titre gratuit, le paiement des droits de succession ;
- Dans le cas d'une cession à titre onéreux, outre les droits de mutation, le repreneur est la plupart du temps obligé de contracter des emprunts pour acquérir l'entreprise
2.
Paradoxalement, il ne s’agit pas du critère décisif de l’opération de reprise. Il ne suffit pas de détenir la propriété de certains moyens d’exploitation ou d’une certaine quantité de valeurs mobilières pour prendre acquisition de l’entreprise. L’élément le plus important est la direction.
Le transfert de direction : il s’agit de transmettre le savoir stricto sensu (c’est-à-dire les connaissances détenues et accumulées), le savoir-faire (c’est-à-dire l’expérience maîtrisée) et le savoir être (qui se traduit par une compréhension des autres et de la culture organisationnelle) (Mahé de Boislandelle, 1998) du cédant au repreneur. Toutefois, la problématique fréquemment soulevée par les spécialistes du management moderne est que ce pouvoir soit renforcé par le leadership (reconnaissance de compétences managériales par les autres) pour assoir l’autorité du dirigeant.
Le transfert du capital humain : bien que les experts soient unanimes sur l’importance à accorder à la valeur des équipes, leur savoir faire…, la transmissibilité du capital humain se trouve dans une certaine mesure négligée (Bienaymé, 1981). Or, il n'y a pas de création de richesses sans ressources matérielles, intellectuelles, financières ou autre.
Le succès de ces transferts peut être mesuré par deux types d’indicateurs de succès (Estève, 1997)
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- des indicateurs qui reflètent la pérennité de la structure organisationnelle : l’évolution de la GRH trois ans après la transmission (en retrait, continuité ou en progrès)
- des ratios socialement significatifs : valeur ajoutée par salarié, évolution de la performance économique sur trois années, évolution de la productivité du travail, résultat financier par effectif, évolution de la capacité financière par salarié, évolution des capitaux propres par salarié .
Il convient d’admettre que la signature d’au moins trois bilans positifs est pour les repreneurs une expression tangible de succès. Cependant, le succès de la transmission/reprise ne se limite pas à la rédaction d’actes de propriété ou à des changements dans le registre des actionnaires mais également de la manière dont les ressources humaines seront agencées et valorisées dans
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Depuis la loi pour l’Initiative Economique du 1er août 2003, un individu qui souscrit un prêt bancaire pour financer la reprise peut désormais déduire sur sa déclaration d’IR 25% des intérêts d’emprunt versés à la banque.
Pour en bénéficier, l’individu doit détenir la majorité du capital social et conserver ses titres cinq ans.
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