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C était après la mort de Jésus. Le

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Texte intégral

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2ième Dimanche de Pâques par le Diacre Jacques FOURNIER

Vivre du Ressuscité (Jn 20,19-31)

C ’était après la mort de Jésus. Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »

Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.

Jésus leur dit de nouveau : « La paix

soit avec vous ! De même que le Père

m’a envoyé, moi aussi, je vous

envoie. »

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Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint.

À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »

Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu.

Les autres disciples lui disaient :

« Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »

Huit jours plus tard, les disciples se

trouvaient de nouveau dans la maison,

et Thomas était avec eux. Jésus vient,

alors que les portes étaient

verrouillées, et il était là au milieu

d’eux. Il dit : « La paix soit avec

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vous ! »

Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »

Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »

Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre.

Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.

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St Jean connaît la distinction entre

« les Douze », les colonnes de l’Eglise, et « les disciples » (Jn 6,66-67). Cette manifestation du Ressuscité s’adresse ici aux disciples, c’est-à-dire à toute l’Eglise, et à travers eux, ce sont tous les disciples de tous les temps qui sont concernés, et donc chacun d’entre nous…

Jésus accomplit ici ses promesses… Il avait dit : « Je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai vers vous »… Ici,

« Jésus vint »… Il avait dit : « Encore un peu de temps et le monde ne me verra plus. Mais vous, vous verrez que je vis et vous aussi, vous vivrez » (Jn 14,18-23). Ici, « il leur montra ses mains et son côté », une expérience fondatrice qui lancera l’Eglise sur les chemins de la mission universelle. Mais nous sommes tous appelés à vivre nous aussi une rencontre avec le Ressuscité. Certes, nous ne verrons pas « ses mains et son côté », mais « nous verrons qu’il vit ». Nous prendrons conscience, par une expérience qui engage toute notre vie, qu’Il est Vivant… Et cela se fera dans la mesure où « nous aussi, nous vivrons ».

Autrement dit, c’est en vivant de la vie nouvelle du Ressuscité que nous pourrons reconnaître, sans le voir explicitement, qu’il est vivant.

Cette vie nouvelle en nous sera le fruit de l’accueil par notre foi de l’Esprit Saint, le Souffle créateur et vivifiant de Dieu : « Le Seigneur Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant » (Gn 2,7). Le Christ Ressuscité reprend ici ce geste : « Il répandit sur eux son souffle et leur dit : “Recevez l’Esprit Saint » . Avec lui et par lui, le projet créateur de Dieu s’accomplit : l’homme participe à ce qu’Il Est, car « Dieu est Esprit » (Jn 4,24). Et grâce à ce Don, il vit dès maintenant, dans

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la foi, de sa vie car « c’est l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63).…

Il aura fallu à Thomas l’expérience forte de la vision des plaies du Ressuscité pour entrer dans la foi. Mais St Jean sait que cette expérience est exceptionnelle. Par contre, il sait aussi que tous les disciples de Jésus sont appelés à vivre de sa vie, et par elle, à reconnaître sa Présence. Aussi conclut-il son récit par cette affirmation universelle : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! », car par leur foi, ils accueillent dès maintenant l’Esprit, source de la vraie vie et du vrai bonheur…

DJF

Rencontre autour de l’Évangile – 2ième Dimanche de Pâques

“Heureux ceux qui croient sans avoir vu.”

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons (Luc 24, 1-12)

Nous prenons l’évangile du 2ème dimanche de l’Année A. On peut faire une lecture dialoguée du passage, afin de bien situer chaque personnage, et leurs attitudes.

Situons le texte

Le début du texte indique bien que cette rencontre de Jésus avec ses disciples se passe bien “après sa mort ”. Les disciples sont encore sous le choc de la Passion et de la mort. Ils ne sont pas fiers d’avoir lâché leur maître. Ils ont peur de subir le même sort.

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Soulignons les mots importants

Le soir du premier jour de la semaine : De quel jour s’agit-il ? Que s’est-il passé le matin ?

Les portes sont “verrouillées” : Que signifie ces portes verrouillées ?

Par “peur” : Comment expliquer cette peur des disciples ? Que signifie-t-elle ?

“Jésus vint” et “il était là au milieu d’eux ” : Qu’est-ce qui nous frappe dans cette démarche de Jésus ?

“La paix soit avec vous”. C’est le mot “Shalom ” que signifie cette salutation ?

“Il leur montra ses mains et son côté ” : Quelle est l’intention de Jésus en faisant ce geste ?

“Comme le Père m’a envoyé, Je vous envoie” : Finalement dans quel but Jésus se montre vivant à ses disciples ?

“Il répandit sur eux son souffle” : Que signifie ce geste de Jésus ?

“Vous remettrez les péchés ” : Comment se fait-il que ces hommes qui hier avaient trahi ou lâché leur Maître aient maintenant le pouvoir de “ remettre les péchés ” ?

“Si je ne vois pas… je ne croirai pas” : Que penser de l’attitude de Thomas ?

“Mon Seigneur et mon Dieu” : C’est l’acte de foi le plus élevé.

“Heureux ceux qui croient sans voir vu” : Pour qui Jésus a dit cette béatitude ?

Ensemble regardons Jésus

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Avec les yeux de la foi. Il est présent au milieu du groupe comme autrefois au milieu de ses disciples. Il porte dans ses mains et dans son côté les marques de sa Passion. Il est le même aujourd’hui. Vivant avec son corps d’homme transformé. Il nous a communiqué l’Esprit qui l’a ressuscité d’entre les morts, et déjà maintenant, nous vivons de sa vie.

Pour l’animateur

Nous sommes toujours le troisième jour après la mort de Jésus, jour de la résurrection de Jésus. Les femmes, de grand matin, ont trouvé le tombeau vide et ont un reçu un message des anges annonçant que Jésus est vivant. Mais les disciples ne les pas prises au sérieux.

Les disciples vivent dans la peur et l’enfermement. Il y a, certes, la peur des juifs, peur d’être arrêtés comme leur maître. Mais aussi, ces portes verrouillées et cette peur signifient que le cœur des disciples est encore prisonnier de l’incrédulité. Ils sont encore dans la “ mort ”. Il leur faudra faire l’expérience de la rencontre avec le Ressuscité pour qu’ils passent de la peur et de l’incrédulité à la joie de la foi, qu’ils passent de la “ mort ” à “ la vie ” : ce sera leur expérience pascale.

C’est Jésus qui a l’initiative de la rencontre. Il vient au- devant de ses disciples pour se donner à voir par eux. La présence de Jésus n’est plus soumises aux lois physiques (pesanteur, distance, espace…) et aux contraintes qui sont les nôtres avec notre corps. Il n’est pas dit que Jésus ressuscité traverse les murs ! Simplement, qu’il peut se rendre présent autrement que nous les humains encore soumis aux lois physiques terrestres.

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La venue de Jésus au milieu de ses disciples est source de paix. “Shalom” dans la bouche de Jésus, c’est plus qu’une simple salutation : c’est le don de la joie, de la paix, du salut que Jésus a mérité pour tous les hommes par sa mort et sa résurrection.

Jésus n’est plus présent physiquement de la même manière que durant sa vie terrestre. Mais celui qui est là au milieu de ses disciples, c’est le Seigneur Jésus, le même qu’ils ont connu et aimé, mais désormais transfiguré par la Résurrection. Jésus ressuscité n’est pas un esprit. Il reste l’homme-Dieu avec un corps divinisé. qui a mangé avec ses disciples et qui porte en sa chair les traces du supplice.

L’apparition du Ressuscité n’est pas une fin en soi. Elle débouche sur une mission. Le “comme” n’exprime pas seulement une comparaison. Il exprime que la mission des disciples est fondée, enracinée dans celle que le Christ a reçue de son Père.

Les disciples sont “ faits apôtres ”, c’est à dire “ envoyés ” pour témoigner de Jésus ressuscité, Fils bien-aimé du Père. La mission des apôtres prolonge celle de Jésus.

Jésus communique la puissance de l’Esprit à ses disciples. Le

“Souffle ” de Jésus est à rapprocher au “souffle ” de Dieu sur Adam pour lui donner la vie (Gn 2,7) et à l’Esprit qui est descendu sur Jésus au moment de son baptême.

Nous mesurons la puissance de résurrection qui se passe dans le cœur de ces apôtres : l’Esprit que leur communique le Ressuscité les relie tellement à Dieu que lorsqu’ils pardonnent ou maintiennent les péchés, c’est Dieu qui pardonne ou maintient.

La faute de Thomas est double : il ne croit pas au témoignage des apôtres et il doute de Jésus ressuscité.

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L’ Évangile aujourd’hui dans notre vie

Thomas a exigé de voir pour croire.

Et nous ? Quelle est notre réaction quand les apôtres affirment :

“ Nous avons vu le Seigneur ! ” ?

Qui est Jésus-Christ pour moi ? (laisser les gens s’exprimer)

Jésus n’est pas seulement un idéal, un modèle, un maître de sagesse, celui qui révèle une religion d’amour, de pardon, de justice pour les petits… Il est tout cela, mais ce n’est pas suffisant pour se dire chrétien.

Il faut encore croire qu’il est Dieu avec nous, qu’il est mort et ressuscité, que je peux le rencontrer aujourd’hui, vivre de sa vie, me nourrir de sa parole et de son Corps ressuscité, pouvoir recevoir son pardon, et être libéré de l’angoisse de la mort par l’espérance qu’un jour il me ressuscitera.

Sinon, ma foi est vaine. Il est inutile d’aller partout à la recherche de sensations, de merveilleux, de révélations, de dévotions, de prières….

Nous qui croyons sans avoir vu, est-ce que nous sommes heureux de croire au Christ ressuscité ?

Qu’est-ce que je fais de mes dimanches ?

C’était le jour du rassemblement liturgique pour les premiers chrétiens. C’est le temps privilégié de la présence du Seigneur à sa communauté. Même quand il n’y a pas de prêtres pour célébrer la messe, les chrétiens se font un devoir et une joie de se rassembler autour du Ressuscité pour se nourrir de sa Parole et de son Corps ressuscité, Pain de vie, et pour fraterniser…C’est ce qu’on appelle “ ADAP ” (Assemblée Dominicale en l’Absence/Attente de Prêtre).

Comment je réagis face à cela ?

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Ensemble prions

Seigneur Jésus, tu t’es manifesté à tes apôtres après la résurrection

et tu as rempli leur cœur de joie lorsque tu leur as dit : “ La Paix soit avec vous ! ”

Viens aussi au milieu de ta communauté Apporte-lui la paix de ta présence,

et que ta joie envahisse nos cœurs comme un soleil d’été.

Alors avec Thomas, ton Apôtre, nous t’acclamerons en criant de joie :

“ Mon Seigneur et mon Dieu ! ”

Un Chant de Pâques.

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici :

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La Résurrection du Seigneur- Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

La divine surprise

« Nous sommes ressuscités avec le Christ ».

Frères et sœurs, aujourd’hui Pâques, c’est littéralement la divine surprise. C’est divin parce que c’est Dieu qui agit. C’est une surprise parce que nous ne nous y attendions pas. En effet, qui aurait pu croire à une histoire pareille : un rabbi galiléen qui fait deux années de ministère public, qui se brouille avec les autorités du temple qui dictent la vérité des choses, et qui termine comme un prophète assassiné. C’est normalement le point final.

À cette époque-là, mourir sur la croix, c’était pire que mourir sur la chaise électrique aux Etats-Unis. Qui aurait pu croire

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qu’après une histoire pareille, pratiquement deux mille ans après, les églises seraient encore pleines ? Si nous sommes là, il n’y a pas d’autre raison, c’est parce que Dieu nous a fait une divine surprise. Dieu nous surprend toujours, mais là on ne pouvait pas s’y attendre. Comment un pauvre homme qui a subi un supplice pendant plusieurs heures, qui a été mis au tombeau, et dont on a considéré que l’affaire était terminée, dont les disciples pour la plupart se sont enfuis ou se sont cachés, comment croire que le matin de Pâques ils ont proclamé qu’il était vivant ?

Effectivement, frères et sœurs, ce n’est pas facile de croire.

Pourquoi ? Parce que notre foi est un vrai paradoxe. C’est quelque chose que nous ne maîtrisons pas. Ce n’est pas simplement un système, et c’est cela la surprise. Ce ne sont pas des idées, ce n’est pas une idéologie, c’est un fait. Si dans la nuit et le jour de Pâques nous baptisons des catéchumènes, c’est parce que nous croyons que ce que disait l’apôtre Paul dans l’épître aux Colossiens (3, 1-4) est encore vrai aujourd’hui : nous sommes ressuscités avec le Christ. C’est cela qui est étonnant. La plupart du temps dans les religions, nous avons l’impression qu’on nous donne des idées que nous n’aurions pas pu avoir par nous- mêmes.

Vous, nous, nous nous débrouillons avec l’informatique, avec la technique avec les biotechnologies, avec l’automobile, on gère tous les jours depuis les soucis les plus matériels du ménage jusqu’aux fusées qu’on envoie dans l’espace. Nous, nous

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considérons que c’est cela notre domaine. C’est le domaine de la terre et nous avons les pieds, les mains et les yeux sur terre.

Nous considérons que la religion est une sorte de petit supplément d’imagination, de choses étranges, et la preuve c’est qu’il y a tellement de religions et chacun pense ceci et cela, on sera vivant après, notre âme sera immortelle, on sera réincarné dans un moustique etc. Les religions nous apparaissent comme des systèmes, des idées qui gèrent l’inconnu. Voilà les idées que nous nous faisons sur les religions : les religions, ce sont des idées.

Or, depuis que Paul a dit : « Nous sommes ressuscités avec le Christ », il a dit une chose inouïe que personne n’avait imaginée jusque-là. Désormais, la véritable relation avec Dieu n’est plus une idée, mais un transfert de vie. Que les messieurs me pardonnent, je vais parler plus spécialement aux dames qui ont eu un enfant. Ce mystère extraordinaire des premiers temps de la grossesse, lorsqu’elles sentent tout à coup qu’il y a quelque chose qui se passe. Il y a de la vie qui est née en soi, de la vie qui mystérieusement a germé. On y est pour quelque chose, on sait en général d’où cela vient, mais c’est vrai qu’il y a ce moment extraordinaire dans lequel j’imagine qu’une femme peut dire à celui qu’elle aime : « Je suis enceinte ». Quand elle dit cela, elle n’explique pas une idée ou une théorie, elle ne dit pas :

« J’ai fait un nouveau petit citoyen français ! » Elle dit : « Je suis enceinte », c’est-à-dire « je suis prise par la vie, je suis saisie par quelque chose qui me dépasse ». Bien sûr on peut expliquer toutes les raisons physiologiques, la biologie, les cellules, l’ADN et la génétique, mais il y a ce moment où une femme se sent saisie par la vie.

Toutes proportions gardées, parce que nous les messieurs nous bénéficions du même avantage vis-à-vis de la résurrection : c’est la même chose. C’est comme si tout à coup nous étions, pardonnez- moi l’expression, enceints de Dieu. C’est comme si nous percevions tout à coup que la vie de Dieu, loin d’être une idée que nous projetons au-dessus de nous, loin d’être un projet de transformation du monde qu’on n’arrive d’ailleurs jamais à

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transformer, car c’est de plus en plus fatigant de transformer le monde, tout à coup, on s’aperçoit qu’on est ressuscités avec le Christ avec toutes les difficultés, les ennuis qu’on rencontre tous les jours, avec le mari qui n’a pas descendu les poubelles et la femme qui a raté son rôti, avec les enfants qui ont des mauvais résultats à l’école. C’est vrai qu’il y a tout cela, et pourtant, nous sommes ressuscités avec le Christ. Il y a quelque chose d’une vie nouvelle qui a germé en nous. Nous ne sommes pas à la hauteur, nous ne pouvons pas comprendre comme je pense la première fois qu’une femme a conçu, elle sait que l’événement la dépasse et surtout pour le premier, elle a des angoisses pour l’accouchement.

Mais ici c’est la même chose. Nous sommes riches d’une vie, non pas d’une idée, mais d’une vie qui est passée en nous. Cette nuit, aujourd’hui – et c’est si bouleversant et si beau de pouvoir célébrer les baptêmes maintenant en pleine assemblée eucharistique –, les catéchumènes qui ne se rendront compte de rien, seront visités par une vie nouvelle. Eux-mêmes sont déjà rayonnants et heureux, ils ont des mines épanouies, resplendissantes, et ils jouissent de la vie humaine qu’ils ont reçue de leurs parents, mais tout à l’heure, ils vont recevoir comme une nouvelle vie. Une vie si discrète, si simple, si douce, si tendre qu’on ne la remarquerait pas et pourtant, elle est là. Vous comprenez bien que dès demain on ne va pas leur faire le catéchisme pour leur

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expliquer des idées sur Dieu. Mais dès aujourd’hui, ils sont déjà saisis par la réalité de la vie du Christ ressuscité.

Oui, frère et sœurs, quand nous célébrons la résurrection, nous célébrons notre propre résurrection, pas simplement celle du Christ il y a environ deux mille ans, mais nous célébrons notre résurrection. L’intuition, la certitude que les premières communautés chrétiennes ont eue, ce n’était pas que le Christ consistait simplement en une histoire à raconter, un projet sur le monde, mais que c’était tout à coup qu’il était vivant. C’est pour cela que lorsqu’ils se saluaient ils se disaient : « Christ est ressuscité », et ils se répondaient les uns aux autres : « Oui, vraiment il est ressuscité ». Ce « vraiment » ne signifiait pas qu’ils étaient d’accord l’un avec l’autre, cela signifiait :

« Vraiment, en moi aussi, Il est ressuscité ». C’est la seule force du christianisme. Tout le reste, tout ce que l’on met habituellement sous l’étiquette de l’Église, la hiérarchie, les grands pouvoirs, les grandes idées, les grandes institutions, tout cela est très respectable et très important, l’Église essaie de défendre cela bec et ongles, et ce n’est pas très facile. Mais nous, à notre place, là où nous sommes, nous avons à laisser percer en nous ce mystère de vie.

Je voudrais ajouter une dernière petite réflexion. Nous avons parlé de bébés et de la naissance. Mais je voudrais parler aussi des membres de nos familles qui sont malades, peut-être de maladies graves, c’est la même chose. Nos frères qui sont sur leur lit de souffrance, qui s’interrogent sur leur avenir proche, qui se demandent comment cela va finir, ce qu’ils attendent de nous à ce moment-là, non pas de façon tapageuse, bruyante, avec des espèces de convictions un peu à la matraque, c’est simplement d’être auprès d’eux comme ceux qui leur disent en les accompagnant : « Pour toi aussi, Christ est ressuscité ».

Frères et sœurs, laissons-nous saisir par cette joie, laissons-la éclater en nous, laissons-la éclater dans nos familles, dans nos enfants, dans tous ceux et celles qui ont été touchés par ce mystère extraordinaire de la présence du Christ. Oui, Christ est

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ressuscité. Alleluia. Il est vraiment ressuscité. Alleluia.

La veillée Pascale par P. Claude Tassin (26 Mars 2016)

(Les trois premières lectures de l’Ancien Testament s’imposent normalement).

Genèse 1, 1 – 2, 2 (“Dieu vit tout ce qu’il avait fait : cela était très bon “)

Au seuil du carême, nous avons médité sur les origines de l’homme. La veillée pascale propose le grand récit de la création, un joyau de la littérature mondiale. Le texte, dépourvu de toute prétention scientifique, a été composé par des prêtres juifs exilés à Babylone. Les Babyloniens adoraient le soleil et la lune.

Ces astres sont ici ravalés au rang de luminaires, et la lumière naît, à l’origine et avant les astres, d’un simple mot de Dieu :

« Que la lumière soit ». Sa Parole crée, en nommant les choses et en les séparant. Séparer, c’est distinguer ; distinguer, c’est

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comprendre. Ainsi, Dieu donne à l’homme un monde bien fait dont on peut comprendre l’ordre, *la beauté, pour s’en servir à bon escient. Les religions anciennes voient, dans les créatures de la nature, des images des dieux auxquelles l’homme se soumet avec crainte. Pour la foi d’Israël et la nôtre, au contraire, c’est l’homme qui est l’image de Dieu, chargé de gouverner la création avec sagesse.

Mais celui qui a dit : « Que la lumière soit » a relevé le Christ d’entre les morts. C’est « le premier jour » d’une semaine nouvelle inaugurant un monde nouveau qui va vers le Sabbat de Dieu, la fête sans fin. Par le baptême, le Souffle de Dieu, l’Esprit Saint, nous recrée plus merveilleusement à l’image du Christ ressuscité, premier homme de la nouvelle création.

* La beauté. « Les cieux, l’air, la terre, les mers, sont revêtus de splendeur, et le cosmos tout entier doit son nom à sa magnifique harmonie. Nous apprécions cette beauté des choses d’instinct, naturellement, mais la parole qui l’exprime est toujours inférieure à ce que notre intelligence a saisi. À plus forte raison le Seigneur de la beauté est-il au-dessus de toute beauté ; et si notre intelligence ne peut concevoir sa splendeur éternelle, elle garde pourtant l’idée de splendeur… » (Saint Hilaire de Poitiers [4e siècle]).

NB. Avant l’apparition des « cosmonautes », le terme grec

1.

kosmos, le monde, avait chez les anciens le sens de bel ordre et de beauté (ce sens a perduré dans notre mot « cosmétique »).

Genèse 22, 1-13.15-18 (Sacrifice et délivrance d’Isaac, le fils bien-aimé)

L’ordo liturgique impose cette lecture pour la veillée pascale.

Les équipes liturgiques et les pasteurs qui l’omettent manifestent leur absence de culture théologique.

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« Dieu mit Abraham à l’épreuve. » Épreuve barbare ! Sacrifier un fils unique ! Le Créateur de la vie se contredirait-il ?

L’auteur compose ce récit bien des siècles après la mort d’Abraham. Il sait que son humour tragique interpellera ses lecteurs. Il sait que Dieu interdit tout sacrifice humain. Il suppose même qu’Abraham le sait. D’ailleurs, dans ce récit, Dieu empêche Abraham d’aller au bout de son obéissance. Alors, que veut dire notre conteur ?

1) La naissance d’Isaac était le moyen par lequel Abraham put se survivre dans l’histoire. Or, cette naissance miraculeuse était le don de Dieu. Si Abraham refusait de sacrifier l’enfant, il se constituait en propriétaire (il est à moi !) et oubliait que c’est Dieu qui donne tout. En même temps, il ne pouvait pas penser que Dieu annulait ce qu’il avait juré. Il ne lui restait qu’à

« craindre Dieu », à s’en remettre à lui dans cette situation insensée.

2) Selon une lecture théologique correcte, nous devons tout à Dieu ; nous vivons par lui. C’est cela qu’exprimait le sacrifice juif de l’holocauste. Dieu nous demande de nous offrir nous-mêmes, non pas en nous tuant, mais en cherchant à chaque instant quelle est sa volonté (voir Romains 12, 1-2).

La tradition juive ancienne fait d’Isaac un jeune adulte de trente-sept ans s’offrant lui-même librement à Dieu, en communion avec Abraham. Les auteurs du Nouveau Testament le savaient. Ils ont vu ainsi un parallèle entre le sacrifice d’Isaac et celui de Jésus, le « Fils bien-aimé » que le Père a tiré de la mort, lui

« qui n’a pas épargné son propre Fils » (Romains 8, 32).

L’expression fait écho à la déclaration divine adressée à Abraham : « Tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique » (Genèse 22, 16 ; cf les versets 2 et 12). Les traditions légendaires juives anciennes faisaient d’Abraham le premier *croyant en la résurrection.

* Abraham, croyant en la résurrection. La légende juive

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humoristique, relayée par saint Éphrem, raisonnait en ces termes : Abraham, juste et saint, ne pouvait désobéir à Dieu. Il allait donc immoler son fils. Mais il ne pouvait pas non plus mentir. Si donc il dit à ses serviteurs, au pluriel : « Restez ici avec l’âne (…) puis nous reviendrons vers vous », c’est dans la conviction, à travers ce « nous », que Dieu ressusciterait son garçon. D’où cette formule, dans les Dix-Huit Bénédictions synagogales : « Béni es-tu, Bouclier d’Abraham ! Tu es puissant éternellement, Seigneur. Tu fais vivre les morts, débordant de salut. »

Exode 14, 15 – 15, 1a (« Les fils d’Israël avaient marché à pied sec au milieu de la mer »)

Pharaon s’est repenti d’avoir renvoyé les Israélites, et les voici coincés entre la mer Rouge et l’armée égyptienne. Certains reprochent à Moïse de ne pas les avoir laissés à leur esclavage, préférable à la mort qui les attend (cf. Exode 14, 11-12).

Difficile apprentissage de la liberté ! Alors Dieu intervient.

Ce récit biblique est une sorte d’acte de naissance de la communauté des sauvés ne s’est pas écrit en un jour : les auteurs sacrés l’a remanié d’âge en âge, tant l’événement semblait important, et les traditions ne s’y harmonisent pas toujours. Pour l’une, Dieu fait souffler un vent qui assèche la mer ; pour une autre, Dieu fend la mer en deux murailles, et cette dernière tradition domine l’état actuel du récit. Par là, Dieu agit en Créateur : il sépare la mer, symbole du Mal et du néant, comme il avait séparé les eaux d’en haut et les eaux d’en bas (cf. Genèse 1, 7), et dans cette fente créatrice, le peuple s’engouffre vers la vie. Quand Dieu nous sauve, c’est en nous recréant et en nous délivrant des forces de mort ; c’est pourquoi ce passage de la Mer est pour nous le symbole du baptême. Mais rappelons aussi la portée finale de l’Exode dans la foi juive, foi exprimée dans *la quatrième nuit du Poème des Quatre Nuits.

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Le Cantique qui suit la lecture est d’époque postérieure : il prolonge l’événement jusqu’à l’entrée en Terre promise, à l’ombre du Temple.

* « La quatrième nuit, quand le monde arrivera à sa fin pour être dissous : les jougs de fer seront brisés et les générations perverses seront anéanties. Et Moïse montera du milieu du déert et le Roi Messie viendra d’en-haut. L’un marchera à la tête du troupeau et sa Parole marchera entre les deux, et Moi et eux marcherons ensemble. »

Isaïe 54, 5-14 (L’amour de Dieu pour Jérusalem son épouse)

Dans ce chant d’amour de Dieu, l’épouse est Jérusalem, c’est-à- dire, à la fois, les habitants de la ville exilés à Babylone, et la cité elle-même, vidée par cette déportation.

« Ton époux, c’est Celui qui t’a faite… » Le Créateur peut agir partout, jusqu’en Babylonie. Il est aussi « rédempteur ». Ainsi appelait-on celui qui avait la charge de venger l’honneur familial bafoué. Ce Dieu-là prend fait et cause pour l’épouse momentanément répudiée (le prophète caractérise l’exil comme une répudiation) et il ouvre l’ère d’une pleine réconciliation.

Quand l’homme s’égare, il pense facilement que c’est Dieu qui s’écarte et lui cache sa face – qu’il est en « colère », selon nos mots humains. Mais, selon le Psaume 29 [30], 6, « sa colère ne dure qu’un instant, sa bonté, toute la vie. » C’est un amour éternel, inébranlable, une grande tendresse.

Le poète se tourne vers la ville elle-même, « Jérusalem, malheureuse ». Elle va devenir une cité rutilante de pierres précieuses. Elle vivra dans une paix totale, ses enfants se laissant instruire par Dieu en personne, selon la prophétie de l’Alliance nouvelle* (Jérémie 31, 31-34). Dans cette épouse et

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cette cité renouvelée, l’Apocalypse verra l’Église, l’épouse de cet Agneau dont le sang versé a permis le mystère de paix et de réconciliation (cf. Apocalypse 21).

* L’Alliance nouvelle. Paul prolongera cette prophétie de Jérémie.

Il dira aux nouveaux baptisés de Thessalonique : « Vous avez appris vous-mêmes de Dieu [littéralement : vous êtes des “théo- didactes”] vous aimer les uns les autres » (1 Thessaloniciens 4, 9).

Isaïe 55, 1-11 (Le mystère de l’eau et de la parole)

Voici l’épilogue du Livre de la Consolation (Isaïe 40 – 55). Le prophète a longuement annoncé la libération des Juifs déportés à Babylone. Il suffit maintenant d’y croire.

« Vous tous qui avez soif… » C’est le cri du porteur d’eau.

1.

Sans argent, les assoiffés se fatiguent pour ne rien gagner.

Tels sont les Exilés (cf. Isaïe 41, 17). Qu’ils aient simplement soif de Dieu, de sa parole, source de vie, et le bonheur viendra : vin, lait et viandes savoureuses. Qu’ils aient soif de sa Sagesse (comparer Proverbes 9, 1-5) qui s’exprime dans l’histoire des hommes.

Dieu promet « une alliance éternelle ». Le peuple entier

2.

rayonnera de la grandeur qu’avait le roi David. il convoquera les nations à son gré car Jérusalem deviendra le centre de l’univers, résidence du « Saint d’Israël ».

Ce Dieu si grand est proche, il se laisse trouver. Ceux qui,

3.

dans leur exil, s’étaient laissé aller à l’infidélité, par découragement, doivent se convertir. Nulle rancune possible en Dieu, tant ses pensées sont nobles et élevées.

C’est par sa Parole que le Créateur agit, lorsqu’il fait

4.

(22)

pleuvoir et neiger pour donner à l’homme sa subsistance. C’est la même Parole qui annonce la délivrance : elle dit ce que Dieu veut, elle fera ce que Dieu dit.

Exode et Exil sont les symboles de l’événement pascal. Par l’eau et l’eau vive du baptême, nous sommes recréés, selon les promesses annoncées par les prophètes.

Baruc 3, 9-15.32 – 4, 4 (Marche vers la splendeur du Seigneur)

Baruc, secrétaire du prophète Jérémie, est censé s’adresser aux Juifs déportés à Babylone. En réalité, sous ce pseudonyme, un sage juif du 2e siècle avant notre ère, s’adresse à ses frères dispersés dans les royaumes d’Orient, et qui s’interrogent : Pourquoi Dieu nous laisse-t-il vivre dans un environnement païen qui nous opprime et nous pervertit ? Comment survivre de manière intelligente dans ce milieu ?

Une longue méditation répond à ces problèmes. Si vous en êtes arrivés là, dit-elle, c’est que vous avez oublié Dieu, « la Source de la Sagesse » ; vous la cherchez là où elle n’est pas. La véritable sagesse s’exprime dans la création d’un monde bien fait, bien rythmé par le mécanisme de la nature dont vous ne percez pas le mystère, mais qui vous révèle une pensée supérieure.

La Sagesse, art de Dieu pour faire vivre, est aussi un art de vivre, puisque, depuis la manifestation du Seigneur au Sinaï (Exode 19 – 24), « la Sagesse est apparue sur la terre », elle se condense dans « le livre des commandements de Dieu ». Suivre ceux- ci, voilà la seule manière intelligente de vivre, le privilège des croyants.

Pour nous, « la Sagesse apparue sur la terre » est le Christ qui nous invite à suivre ses commandements. Par le baptême, il nous

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tire « du séjour des morts », de tout ce qui, en ce monde, menace notre foi.

Ézékiel 36, 16-17a.18-28 (“Je répandrai sur vous une eau pure et je vous donnerai un cœur nouveau “)

Le prophète révèle trois choses aux « gens d’Israël » : pourquoi ils sont déportés à Babylone, pourquoi Dieu les ramènera sur leur terre, et comment il opérera.

Le pays donné par Dieu, Israël, le Peuple l’a souillé par ses

1.

injustices (le sang versé) et sa perversion religieuse (ils installaient chez eux des cultes d’idoles). En conséquence, Dieu a nettoyé la Terre sainte en la débarrassant des pécheurs, en les dispersant dans les nations païennes.

Mais Dieu ne peut pas laisser durer la situation. La présence

2.

des Israélites chez les païens signifie la victoire de ces derniers et la défaite de Dieu. C’est l’honneur de Dieu qui est en jeu, sa sainteté : « Je montrerai *la sainteté de mon grand nom, qui a été profané dans les nations. » En rassemblant de nouveau son Peuple sur sa terre, Dieu montrera qu’il est bien le plus grand.

Mais Dieu doit aussi rendre son peuple digne de lui. Pour cela,

3.

il va le purifier, avec une eau pure, mais de l’intérieur. Il va mettre en l’homme « un cœur nouveau », une nouvelle intelligence, « un esprit nouveau », un nouveau souffle, et ce souffle sera l’Esprit de Dieu lui-même. Alors, l’homme sera comme un complice aimant du vouloir de Dieu, de ses commandements. Tel est le mystère de notre baptême qui, du péché, nous conduit vers la Terre promise de la Pâque de Jésus, pour l’honneur de Dieu.

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* La sainteté de mon grand nom. Littéralement : « Je sanctifierai mon grand nom ». C’est ce que redit le Notre Père : « Que ton Nom soit sanctifié ». C’est-à-dire, fais-toi reconnaître, manifeste- toi comme le Dieu Saint qui accomplit ce qu’il dit. Dans la prière des baptisés, c’est avant tout l’honneur du Père qui nous tient à cœur.

Romains 6, 3b-11 (Le baptême nous donne la vie nouvelle du Christ mort et ressuscité)

En Romains 5, Paul disait que le Christ nous a introduits dans l’amour gratuit de Dieu. Alors comment nous situer vis-à-vis du péché ? Pour répondre à cette question, on partira de la fin du texte : « Pensez que vous êtes morts au péché. »

C’est l’occasion pour l’Apôtre se redéfinir le baptême : l’eau ne donne pas le pardon ; elle y conduit, en nous plongeant dans la mort du Christ. De quelque manière, « notre mort ressemble à la sienne » : il est mort à cause du péché des hommes qui l’ont condamné. Nous, nous avons à faire mourir en nous « l’homme ancien », « notre être de péché ». De fait, dans le *baptême qui nous unit à la mort du Christ, nous tuons cet être ancien dominé par la puissance du mal.

Ainsi « affranchis », rendus libres, nous nous tournons vers l’avenir : nous ressusciterons, nous vivrons avec lui. « Le Christ ne meurt plus » et il ne veut pas non plus que meure notre être nouveau, né au baptême et orienté vers Dieu. Pour Paul, le baptême est un point de départ, une libération pour que nous accédions à l’essentiel : nous laisser guider par l’Esprit Saint qui met dans nos cœurs l’amour de Dieu (cf. Romains 8) et qui nous libère de ces tendances égoïstes que Paul appelle « la chair ».

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* Baptême et tombeau. « Vous avez été conduits par la main [par les parrains ?] à la piscine du baptême, comme le Christ est allé de la croix au tombeau qui est là devant vous [= au lieu du Saint Sépulcre].(..) Nous n’avons pas été véritablement morts ni véritablement ensevelis (…) Le Christ a été réellement crucifié, réellement enseveli, et il a ressuscité véritablement. Et tout ceci nous est accordé par grâce. Unis par la représentation de ses souffrances, c’est en toute vérité que nous gagnons le salut » (Catéchèse de Jérusalem aux nouveaux baptisés, vers l’an 350).

Psaume 117 (” La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle “)

Ce psaume est un Te Deum, selon le titre proposé par la Bible de Jérusalem. La mise en scène est la suivante : le roi vient de remporter une difficile victoire (« on m’a poussé, bousculé pour m’abattre, mais le Seigneur m’a défendu », verset 13). Le voici à présent aux portes du Temple où il vient pour rendre grâce. Dans son ensemble, Le psaume a une forme dialoguée entre le discours du vainqueur, la réaction des assistants et les monitions des prêtres. Ainsi, au début, le souverain invite le peuple à s’unir à son triomphe qu’il doit à Dieu : « Que le dise Israël ; Éternel est son amour ! »

Les versets retenus ici n’ont pas de rapport direct avec l’épître qui précède. Simplement, c’est un programme de louange du temps pascal, le partage de notre joie avec le Ressuscité qui, selon la lecture chrétienne, s’exprime en ces termes : « Non, je ne mourrai pas, je vivrai, pour annoncer les actions du Seigneur. » Oui ! Le Seigneur Dieu a ressuscité son Fils, notre roi. « La pierre », Jésus, que les autorités juives et romaines (les bâtisseurs) avaient mis au remblai, est devenue « la pierre d’angle », la clé de voûte de la foi chrétienne.

Ce poème est champion ! Il n’est cité pas moins de seize fois

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dans le Nouveau Testament, toujours en lien explicite ou implicite avec la résurrection du Seigneur. Dans la liturgie des heures, ce psaume, soit à laudes, soit au milieu du jour, revient chaque dimanche, le jour qui célèbre la résurrection du Seigneur :

« Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie » (verset 24).

Luc 24, 1-12 (“Pourquoi chercher le Vivant parmi les morts ? “)

La Résurrection, mystère de foi

Certains voient dans la découverte du tombeau vide une scène de

« preuve » : l’absence du corps prouverait la résurrection de Jésus. Après tout, cependant, d’autres explications de cette disparition sont possibles, comme celle de l’enlèvement du corps (cf. Matthieu 28, 11-15). En fait, le sommet de la scène se trouve dans le message des anges. Portant un « vêtement éblouissant », ils sont forcément des anges ! voir Luc 24, 23. Ce message s’adresse à nous et proclame ceci : seul le Ciel peut nous révéler comme un mystère la résurrection du Christ et son sens, et c’est à notre foi seulement, non à des preuves matérielles, que s’adresse cette révélation de Dieu.

Une révélation

Alors que les disciples masculins ont disparu de la scène, les femmes viennent honorer un défunt aimé. Elles l’ont suivi et servi en Galilée (cf. Luc 8, 3), elles étaient présentes au Calvaire et elles ont suveillé l’ensevelissement. C’est par elles que les disciples vont retrouver le chemin de la foi (Luc 24, 12.22-24).

Entrées dans le tombeau, elles ne trouvent pas le corps « du Seigneur Jésus ». Ici la foi desaint Luc anticipe sur le cours du récit : qu’elles cherchent le corps de Jésus, soit ! Mais celui du Seigneur, non !

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La première parole des anges joint une révélation à un reproche : Il est le Vivant et ne peut se trouver chez les morts.

Elles devraient le comprendre : « Rappelez-vous… » La suite du message reprend ce que diront les premières Églises confessant le Christ ressuscité ; réciproquement, cette mise en scène affirme que la foi pascale des Églises vient d’une révélation divine.

La foi pascale est mémoire

Selon la perspective de Luc, ces femmes auraient dû, au contact de Jésus et de son Évangile, se préparer à une telle révélation.

Mais, en fin de compte, les anges réussissent leur mission :

« Alors, elles se rappelèrent ses paroles. » Toujours dans l’optique de Luc, et à la différence de Marc et Matthieu, on ne trouve pas ici l’annonce d’apparitions du Christ en Galilée : c’est à Jérusalem qu’a commencé la Bonne Nouvelle du salut, avec l’annonce à Zacharie ; de même, c’est à Jérusalem, la ville du salut, que doit naître l’Église pascale et missionnaire.

Épilogue

D’abord les femmes rapportent leur expérience : on ne les croit pas. Il faudra que le Seigneur lui-même, dans cette journée pascale, réveille la foi de ses disciples. Pierre cependant veut bien constater, sans conclure, les signes rapportés. Sa découverte du linceul est mieux exploité par Jean 20, 6-7 qui semble dire symboliquement que le Seigneur n’a plus besoin de cette parure mortuaire.

Au seuil du temps pascal, les anges nous renvoient à notre mémoire croyante, à la nécessité de retrouver sans cesse dans les paroles et les gestes de Jésus les bases de notre foi en sa résurrection.

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La Résurrection du Seigneur par le Diacre Jacques FOURNIER

« Il est ressuscité ! » (Lc 24,1-12)

L e premier jour de la semaine, à la pointe de l’aurore, les femmes se rendirent au tombeau, portant les aromates qu’elles avaient préparés.

Elles trouvèrent la pierre roulée sur le côté du tombeau.

Elles entrèrent, mais ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus.

Alors qu’elles étaient désemparées, voici que deux hommes se tinrent devant elles en habit éblouissant.

Saisies de crainte, elles gardaient leur visage incliné vers le sol. Ils leur dirent : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ?

Il n’est pas ici, il est ressuscité.

(29)

Rappelez-vous ce qu’il vous a dit quand il était encore en Galilée :

“Il faut que le Fils de l’homme soit livré aux mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et que, le troisième jour, il ressuscite.” »

Alors elles se rappelèrent les paroles qu’il avait dites.

Revenues du tombeau, elles rapportèrent tout cela aux Onze et à tous les autres.

C’étaient Marie Madeleine, Jeanne, et Marie mère de Jacques ; les autres femmes qui les accompagnaient disaient la même chose aux Apôtres.

Mais ces propos leur semblèrent délirants, et ils ne les croyaient pas.

Alors Pierre se leva et courut au

tombeau ; mais en se penchant, il vit

les linges, et eux seuls. Il s’en

retourna chez lui, tout étonné de ce

qui était arrivé.

(30)

Le corps de Jésus avait été déposé dans un tombeau neuf, en toute hâte, avant le début du sabbat.

D è s q u ’ i l s e t e r m i n e , a u x premières lueurs de l’aube, les femmes viennent avec les aromates, pour accomplir à son égard un dernier geste d’amour.

Mais surprise : « la pierre » est « roulée sur le côté du tombeau » et le corps de Jésus n’est plus là… Deuxième surprise : elles pensaient être seules et voici que « deux hommes se présentent à elles », mais leur « vêtement éblouissant » rappelle « la blancheur fulgurante » (Lc 9,29) de celui de Jésus transfiguré… Ces êtres habillés de Lumière sont des messagers de ce Dieu qui est Lumière (1Jn 1,5). « Je suis la Lumière du monde », disait Jésus. Et au tout début de son Evangile, St Jean l’avait présenté en écrivant : « En lui était la Vie, et la Vie était la Lumière des hommes, et la Lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas saisie » (Jn 8,12 ; 1,4-5).

C’est exactement ce qu’il vient de se passer… Le Père vient « d’établir » Jésus « Fils de Dieu avec puissance, selon l’Esprit de sainteté, par sa résurrection d’entre les morts » (Rm 1,4). « Le Dieu de nos pères a ressuscité ce Jésus que vous, vous aviez fait mourir en le suspendant au gibet » (Ac 5,31), diront les Apôtres. Et il l’a fait en déployant en son Fils la Puissance de « l’Esprit de sainteté », « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63), cet « Esprit » qui est tout à la fois « Lumière » et « Vie »…

L’affirmation de Jésus sur son Mystère de Fils s’est pleinement vérifié jusqu’en son corps déposé au tombeau : « Comme le Père a la Vie en Lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la Vie en Lui-même ». « Je vis par le Père » (Jn 5,26 ; 6,57). Et tout ceci se réalise par « l’Esprit qui vivifie ». Alors, diront les Anges aux femmes, « pourquoi cherchez vous le Vivant parmi les morts ? »

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Initiative de Dieu, surprise de Dieu, Don gratuit de Dieu mis en œuvre au cœur des conséquences les plus dramatiques de ce mal qui nous habite tous… Voilà ce que Dieu veut aussi réaliser dans la vie de chacun d’entre nous : une surprise de Vie, de Gratuité, de Plénitude, toujours prête à jaillir au cœur de nos êtres blessés.

« Moi, Lumière, je suis venu dans la monde pour que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres, mais ait la Lumière de la Vie » (Jn 12,46 ; 8,12). Accepterons-nous de nous laisser a i n s i a i m e r , p o u r l a p l u s g r a n d e j o i e d e Dieu ? DJF

Rencontre autour de l’Évangile – La Résurrection du Seigneur

“Elle est sûre cette parole : si nous sommes morts avec lui, avec lui nous

vivrons.” (2 Ti 2, 11)

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons (Luc 24, 1-12)

Nous prenons l’évangile de la Résurrection de la nuit pascale.

Chacun est invité à bien faire attention aux personnages, à leurs gestes et mouvements, aux indications de temps, aux objets… On peut lire le texte une seconde fois.

Situons le texte

Après la mort de Jésus (le vendredi) les femmes qui avaient l’accompagné jusqu’au calvaire ont bien regardé où Joseph

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d’Arimathie a déposé son corps. Puis elles sont allées préparer les aromates pour l’embaumer, selon la coutume juive. Cependant il fallait qu’elles attendent le surlendemain, puisque le lendemain (samedi) jour du sabbat, il était interdit de faire quoi que ce soit. C’est donc le troisième jour après sa mort, donc le premier jour de la semaine suivante, qu’elles se rendent au tombeau.

Soulignons les mots importants

Le premier jour de la semaine :

Que représente ce “premier jour” dans notre semaine ?

Les aromates : Que pensent les femmes qui vont au tombeau avec ces aromates ?

La pierre est roulée : A l’époque de Jésus on fermait les tombeaux par une grande pierre ronde. Que signifie cette “pierre qui est roulée ” ?

Le corps du Seigneur Jésus : Luc parle du “ Seigneur Jésus ” et non pas du “ corps de Jésus ”. Quelle est son intention en appelant Jésus “ Seigneur ” ?

Deux hommes avec un vêtement éblouissant. ” A quel autre passage de l’évangile nous fait penser ce vêtement éblouissant ? Quel est le rôle de cette apparition ?

Le visage vers le sol : Que peut bien signifier ce visage tourné vers la terre ?

Jésus est appelé “ le Vivant ” : Le tombeau de Jésus est vide. Ce n’est pas une preuve de la résurrection. Pourquoi les paroles des messagers célestes sont importantes ?

Ressuscité : Quel est ici le sens de ce mot par rapport la résurrection de Lazare ou du fils de la veuve de Naïn ?

Marie Madeleine et les autres femmes : Noter leur importance dans le récit de Luc. Pourquoi leur témoignage n’est pas reçu par les

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apôtres ?

Pierre court au tombeau : Pourquoi lui ? Ensemble regardons Jésus

Chacun, en silence, pense à Jésus ressuscité. Plus que jamais, c’est le regard du cœur, le regard de la foi. Il est “ le Vivant ”. Il est avec nous. “ Lorsque deux ou trois… ” . Nous avons du mal à croire, comme les femmes, comme Pierre…

Pour l’animateur

Le premier jour de la semaine, jour de la résurrection de Jésus, est devenu notre dimanche d’un mot latin qui veut dire

“ jour du Seigneur ”. Depuis le début, les disciples de Jésus ont pris l’habitude de marquer ce jour en se rassemblant fraternellement pour chanter sa résurrection, se rappeler ses enseignements, et refaire le Repas du Seigneur en rompant le pain, et témoigner ainsi qu’il est toujours vivant. C’est toujours le sens de notre dimanche. C’est notre foi au Christ Vivant qui est la raison de notre présence à la messe le dimanche.

Quand les femmes se rendent au tombeau avec leurs parfums, dans leur idée, c’est pour embaumer un cadavre. Dans leur esprit tout est bien fini ! Il ne leur reste plus que leurs larmes pour pleurer et le geste des aromates pour rendre les derniers honneurs à celui qu’elles avaient suivi et aimé.

Les femmes trouvent la pierre déjà roulée, mais le corps n’est plus là ! En disant le corps du “ Seigneur ” Jésus, Luc fait un clin d’œil au lecteur pour lui rappeler que c’est le corps de l’homme-Dieu qui a été déposé là et que la mort ne pouvait le garder.

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Les femmes reçoivent de vifs reproches : “ Que venez-vous chercher dans ce Cimetière ? Vous n’avez donc pas cru Jésus quand il annonçait qu’il devait souffrir, être tué et ressusciter le troisième jour ? ”

Elles ont les yeux tournés vers le sol : par crainte religieuse, sans doute, mais aussi parce qu’elles n’ont pas encore fait le pas de la foi. Le croyant lève les yeux vers les réalités d’en haut. La révélation des messagers est indispensable pour qu’elle croie en la résurrection.

Car Jésus ressuscité n’est pas un cadavre réanimé (comme Lazare) ni un fantôme ou un simple revenant. C’est le même Jésus qui a mangé avec ses disciples et qui porte en sa chair les traces du supplice. Et pourtant, son corps humain est totalement transformé, divinisé : le Père est intervenu avec la puissance du Saint Esprit pour qu’il devienne “ le Vivant ”, celui sur qui la mort n’a plus aucun pouvoir et qui peut communiquer cette vie nouvelle à tous ceux qui croient en lui.

Une bonne nouvelle est faite pour être annoncée. Les femmes transmettent le message. Mais le témoignage des femmes n’étaient pas chose facile dans la première communauté chrétienne issue du monde juif.

L’ Évangile aujourd’hui dans notre vie

Pour croire à la résurrection de Jésus, les femmes ont dû accepter de ne plus voir les choses à leur manière, mais de recevoir la révélation apportée par les messagers célestes de la part de Dieu.

Et nous ? Quelle est notre attitude ? Nous sommes dans l’obligation de recevoir le message du Christ ressuscité dans

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l’obéissance et la fidélité pour croire qu’il est réellement vivant. Acceptons-nous de renoncer à nos petits raisonnements humains pour entrer dans la logique de Dieu. Croire au Christ, n’est-ce pas l’accueillir comme le don de Dieu, le Père ? Saint Luc dira dans les Actes des Apôtres (2,36) “ Dieu le fait Seigneur et Christ ”, Il est le Sauveur.

Où cherchons-nous le Seigneur ? (laisser les gens s’exprimer)…

Acceptons-nous le témoignage d’un chrétien ou d’une chrétienne qui donne sa vie généreusement au nom de sa foi ? Des témoins de l’évangile existent autour de nous (faire s’exprimer les gens)…

Croyons-nous au rayonnement d’une vie religieuse consacrée à Dieu

?

Croyons-nous à la force de l’Evangile pour changer la vie des hommes ?

Croyons-nous à la puissance de la prière ?

Croyons-nous au dynamisme de l’Eglise dans le monde de notre temps

?

Sinon, comme les femmes de l’évangile, nous cherchons encore parmi les morts celui qui est Vivant.

Ensemble prions.

Témoigner de la Résurrection

Béni sois-tu, Seigneur Jésus, toi qui nous appelles à témoigner de ta Résurrection jusqu’aux extrémités de la terre. Mais viens à notre aide, afin que notre témoignage soit digne de toi.

Tu veux que nous proclamions que tu es Vivant, et nous-mêmes avons peur de la mort.

Tu veux que nous annoncions ta lumière, et nous tâtonnons dans

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l’obscurité.

Tu nous demandes de parler avec autorité, et nous balbutions d’ignorance devant ton mystère.

Tu veux que nous affirmions ta miséricorde gratuite sur tous les hommes, et nous devons la mendier d’abord pour nous-mêmes.

Tu veux faire de nous des collaborateurs de Dieu, et nous portons le poids de notre propre fatigue. Qui peut faire tenir ensemble tant de contradictions, sinon ton seul amour, qui nous appelle malgré nos fautes, qui nous fait confiance malgré nos infidélités.

A toi la gloire, ô Christ merveilleux, avec le Père et le Saint‑Esprit. Amen

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Jeudi Saint par P. Claude Tassin (Messe du soir)

Exode 12, 1-8.11-14 (Prescriptions concernant le repas pascal)

Au seuil des trois jours célébrant la Pâque de Jésus, la première lecture rappelle l’institution de la Pâque d’Israël. C’est la première pâque, en lien étroit avec la libération d’Égypte, puisque l’auteur sacerdotal de la Bible la situe entre l’annonce du dernier fléau, la mort des premiers-nés égyptiens, et son accomplissement. Mais c’est aussi la mise en place des rites à accomplir à chaque génération comme le mémorial de la libération : chacun se rendra présent par la mémoire à l’antique événement en sorte d’obtenir d’un Dieu toujours à l’œuvre les grâces de

*liberté.

Les Azymes étaient, à l’origine, la fête printanière des cultivateurs, et la Pâque celle des nomades. La Bible joint les deux festivités terriennes. Désormais on célébrera moins le cycle des saisons que l’intervention décisive de Dieu dans l’histoire : les rites traduiront la hâte de la libération (cf. Exode 12, 34) et le mot Pâque est compris comme le passage de Dieu qui épargne, saute par-dessus les maisons marquées du sang de l’agneau. Au matin de Pâques, nous rappellerons que le salut nous vient d’un autre sang, celui du Christ, versé par amour pour nous (cf. 2 Co 5, 8). Notons enfin, dans les préparatifs de la fête, le caractère familial de la pâque juive (cf. aussi Exode 12, 26).

* Liberté. « En toute génération, c’est une dette pour l’homme de se voir comme si lui-même était sorti d’Égypte. Car il est dit :

“Et tu raconteras à ton fils, en ce jour-là, disant : En vue de tout ceci le Seigneur agit pour moi, quand je sortis d’Égypte.”

Non point nos pères seulement, il les sauva, mais nous-mêmes, en eux, il nous sauva » (Rituel du repas pascal juif).

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Psaume 115 (“La coupe du salut”)

Voici un psaume «d’action de grâce» (en hébreu un tôdâh ; en grec une eucharistia). Dans ce passage assigné à la liturgie du jeudi saint, nous reconnaissons les caractéristiques de ce genre de prière. Au milieu des siens, de «tout son peuple»), le poète, délivré de son épreuve, libéré des chaînes de la mort, partage une coupe de fête ; il l’appelle «coupe du salut», puisqu’elle est la preuve de sa survie. L’élévation de la coupe et l’invocation du Seigneur pourraient se traduire aujourd’hui ainsi, de manière fort vulgaire : « À la santé du Seigneur, et à la nôtre !» L’homme sauvé découvre en sa chair que, décidement, Dieu a horreur de la mort de ses fidèles serviteurs. Il veut leur vie.

Au-delà de la coupe des retrouvailles, le psalmiste va accomplir ses «promesses», un ex voto, le vœu qu’il avait fait ‘(«si je suis sauvé, je t’offrirai…» Il va immoler un animal en «sacrifice d’action de grâce», en tôdâh, en eucharistia, un animal dont le psalmiste et son entourage, selon le rite, vont partager joyeusement les morceaux, en signe de communion avec Dieu et avec les siens, devant toute l’assemblée, en signe public de reconnaissance.

Dans ce psaume, lc chrétien voit symboliquement et réellement la coupe eucharistique. Il entend symvboliquement et réellement la voix du Christ exprimant sa foi en sa rérésurrection, selon sa propre annonce : «Je vous le dis : désormais, je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, avec vous dans le royaume de mon Père» (Matthieu 26, 30).

Dans ce psaume, l’assemblée chrétienne lit sa participation à « la coupe de la nouvelle Alliance» (2ième lecture) et elle partage ainsi l’espérance du Christ en la vie. Nous le faisons «jusqu’à ce qu’il vienne»… et, autre traduction légitime : «pour qu’il vienne», de la manière que Dieu voudra.

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1 Corinthiens 11, 23-26 (“chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur»)

Écrite avant les évangiles canoniques, la Première Lettre aux Corinthiens offre ici le récit le plus ancien de l’institution de l’Eucharistie. Paul le présente comme une tradition reçue ; il l’a sans doute recueillie de l’Église d’Antioche, où il a longuement séjourné au début de ses missions, et il la partage avec, à sa suite, l’évangile de Luc, dépendant de la même tradition d’Antioche.

Le pain

Le Seigneur accomplit d’abord les rites de bénédiction de la table juive lors des fêtes (prendre le pain, prononcer la bénédiction ou action de grâce et le partager aux convives). Ces gestes et paroles revenaient au chef de famille et signifiaient que l’on voyait dans ce pain le don de Dieu pour subsister et vivre ensemble. Mais Jésus, tragiquement, ajoute ceci : ce don de Dieu, c’est « mon corps, qui est pour vous ». Prenant ce pain comme étant le corps du Christ, bientôt livré à la croix, nous faisons l’expérience que *sa mort est pour nous source de vie et d’unité.

La coupe

Chez les Juifs, la coupe est signe de fête, surtout les quatre coupes du repas pascal. Elle est ici comprise comme celle de l’Alliance nouvelle annoncée par Jérémie 31, 31-34, nouvelle manière de vivre ensemble et avec Dieu. Elle est fondée sur le sang, non plus celui du sacrifice du Sinaï (Exode 24, 8), mais le sang versé par celui qui « a goûté la coupe de la mort », comme on disait alors chez les Juifs, pour parler du décès de quelqu’un.

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En mémoire de moi

Accomplir ce mémorial, en chaque eucharistie, c’est proclamer devant Dieu le sens de « la mort du Seigneur », dans l’espérance qu’il vienne, « jusqu’à ce qu’il vienne ». La grammaire grecque permet aussi une autre traduction ; « pour qu’il vienne. » Qu’il vienne accomplir en plénitude le mystère d’une communion universelle, une communion mise à mal par les divisions sociales au sein de l’Église de Corinthe, et les nôtres, à travers les temps (voir 1 Corinthiens 11, 17-22).

* La mort du Christ. « Avec la mort, [le Seigneur] accepte tout le reste, tout ce qui fait partie de ce vide infini, inerte et mortel : l’opacité spirituelle de ses disciples, leur manque de foi, la douleur, la trahison, le rejet dont il est l’objet de la part de son peuple, la bêtise brutale et meurtrière du monde de la politique, l’échec de sa mission et de l’œuvre de toute sa vie. Il a devant lui le calice abyssal de sa vie : il le saisit à pleines mains, plonge son regard dans ses profondeurs ténébreuses et le porte à ses lèvres, anticipant avec une pleine conscience et un plein acquiescement ce que nous appelons sa Passion, la Passion du Fils de l’homme, sa mort, pour tout dire » (Karl Rahner).

Jean 13, 1-15 (« Il les aima jusqu’au bout »)

Dans les écoles rabbiniques, le disciple devait rendre maint service à son maître, son rabbi, sauf celui de lui laver les pieds, tâche considérée comme même indigne d’un esclave (voir ci- dessous).

Les pieds !

Dans le judaïsme ancien, « les pieds » sont parfois un euphémisme pour désigner le sexe masculin. « Se couvrir les pieds », c’est s’accroupir pour faire ses besoins. D’autres expressions bibliques confirment cette métaphore. Nul ne saurait toucher mes « parties honteuses », les plus intimes, sans déshonneur pour lui et pour moi. Dans ce cadre culturel, on comprend la protestation de Pierre : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! »

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Cette page d’évangile brille par l’écart calculé entre la solennité de la longue phrase ouvrant la scène et la trivialité du

« lavement » des pieds.

L’heure de Jésus

Chez Jean, nul récit sur l’institution de l’eucharistie. À la place, le lavement des pieds par lequel le Maître concrétise son affirmation : « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Luc 22, 27). Ce mime ouvre aussi le grand Testament que Jésus laisse dans ses discours d’adieu (Jean 13 – 17 : nous lirons ces chapitres au temps pascal). D’où la longue phrase solennelle d’introduction. Elle porte sur *l’Heure de Jésus : celui-ci entre délibérément dans les événements de la Passion, comme le résume la belle formule de la prière aucharistique n° 2 : «au moment d’être livré et d’entrer librement dans sa Passion… ». C’est l’affrontement entre Dieu et le diable, par le truchement de Judas, et c’est la Pâque, à savoir, selon le sens du mot hébreu, le grand «Passage», ici le passage de Jésus de ce monde vers le Père.

L’amour jusqu’au bout

Par-dessus tout, c’est l’engagement de l’amour de Jésus envers ceux qui auront cru en lui : «il les aima jusqu’au bout, c’est-à- dire jusqu’à la fin de son existance terrestre et jusqu’à l’extrême de l’amour, comme le lavement des pieds veut le signifier par anticipation. Car une vieille règle juive, rappelons-le, commandait ceci : «Un esclave hébreu ne doit pas laver les pieds de son maître ni lui mettre ses chaussures.» Jésus accomplit posément son rite étrange et incongru, se retrouvant avec un simple opagne, semble-t-il. Il «dépose» son vêtement et le

«reprend», deux verbes par lesquels Jean a déjà évoqué le Christ déposant et reprenant sa vie dans le mystère de sa Passion (voir Jean 10, 17-18). C’est face à cet abaissement de la croix que, par avance et à son insu, Pierre exprime l’insuffisance de sa foi.

«Plus tard tu comprendras», dit Jésus.

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La difficulté est de nous laisser servir et sauver, sans nous choquer du mode que Jésus a choisi en fidélité au Père, lequel, en son Fils, pousse son amour pour nous à l’extrême. Certes, les disciples ont eu un premier bain, celui de la Parole du Christ qui, au long de sa vie, les a ainsi purifiés, à l’exception de Judas qui s’est laissé inspirer par le diable, c’est-à-dire par l’ensemble des forces opposées au projet de Dieu. Mais ils doivent à présent affronter le baptême de la mort qui fait partie de la mission de Jésus.

L’exemple du Serviteur

Après avoir «repris son *vêtement», symbole anticipé de sa résurrection, Jésus explicite le sens de son geste. Le Maître et Seigneur a choisi le comportement du Serviteur, au-delà de ce qu’on peut attendre d’un serviteur ordinaire, ce qui n’enlève rien à sa réelle autorité de seigneur. Il faut à présent tirer les conséquences. Jésus veut que la logique d’amour qu’il incarne se traduise chez ses disciples, en témoignage pour le monde, par un service mutuel empreint d’humilité.

Au soir du jeudi saint, trois paroles du Seigneur se renvoient l’une à l’autre pour dire en plénitude le sens de l’eucharistie :

«C’est un exemple que je vous ai donné : afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous» (Jean 13, 15) ; «Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres» (13, 34)

; «Faites cela en mémoire de moi» (1 Corinthiens 11, 24, 2e Lecture).

* L’heure. Saint Jean évoque 26 fois «l’heure de Jésus» (Voir, par exemple, Jean 12, 23-24). La voici maintenant arrivée. Elle implique l’élévation du Christ sur la croix, sa glorification vers quoi a conduit toute sa vie. Car, en acceptant la mort, Jésus montre à la face du monde jusqu’où va l’amour de Dieu pour les hommes, amour incarné par celui qui «aima jusqu’au bout».

*Le vêtement. Jean est un maître dans l’art d’utiliser des symboles, de dire des réalités profondes à travers des détails

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matériels. Le fait de déposer son vêtement et de le reprendre renvoie à une déclaration précédente de Jésus : «Voilà pourquoi le Père m’aime : parce que moi je dépose ma propre vie pour la reprendre de nouveau» (Jean 10, 17). Dans le lavement des pieds, le Seigneur mime le mystère et le sens de sa mort et de sa résurrection. L’image n’est pas rare dans cette culture ancienne : lorsque Paul envisage sa mort, il parle de «se dévêtir» et il espère revêtir un vêtement céleste (voir 2 Corinthiens 5, 1-5).

   

Vendredi Saint par P. Claude Tassin (Vendredi 25 mars 2016)

Isaïe 52, 13 — 53, 12 (“C’est à cause de nos fautes qu’il a été broyé”)

Le Quatrième Chant du Serviteur ouvre la célébration de la Passion. Ce texte difficile a fortement inspiré les auteurs du Nouveau Testament et nous le lisons pour cette raison. Ainsi

«l’agneau conduit à l’abattoir» évoquait pour Jean Jésus, Agneau de Dieu.

La première figure du Serviteur

Selon une interprétation possible, le Serviteur représente à l’origine un groupe d’Israélites exilés à Babylone au 6° siècle avant notre ère et qui porte sur lui le poids du châtiment divin, alors que d’autres Israélites, non exilés, restés au pays, étaient tout aussi coupables. Mais, dans l’humiliation et la fidélité des déportés envers lui, Dieu voit un sacrifice volontaire qui a

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