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Calcul de la quantité d’herbe valorisée par un troupeau caprin laitier au pâturage

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Academic year: 2021

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Calcul de la quantité d’herbe valorisée par un troupeau caprin laitier au pâturage

Paul-Alexandre Guevellou

To cite this version:

Paul-Alexandre Guevellou. Calcul de la quantité d’herbe valorisée par un troupeau caprin laitier au pâturage. 2016, 33 p. �hal-01607827�

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Département Génie Biologique

ANNEE UNIVERSITAIRE 2015/2016

RAPPORT DE STAGE

Option : Agronomie

Paul-Alexandre GUEVELLOU

Lieu du stage : INRA les Verrines 86600 LUSIGNAN

Calcul de la quantité d’herbe valorisée par un

troupeau caprin laitier au pâturage

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REMERCIEMENTS

Avant toute présentation du travail réalisé lors de mon stage, je tiens à adresser mes vifs remerciements aux personnes qui m’ont accueilli et guidé lors de cette expérience professionnelle.

Je remercie tout d’abord l’INRA pour avoir financé ce stage, qui m’a donné l’opportunité de découvrir l’univers de la recherche et d’affiner mon projet professionnel.

Ma gratitude va tout particulièrement à mon maitre de stage Hugues CAILLAT, qui m’a accompagné et suivi tout au long de mon stage avec un grand sens pédagogique et beaucoup de patience, tout en supportant mon humour quotidien. Il m’a fait partager sa passion pour la recherche et l’univers caprin, et à travers ses exigences, m’a fait énormément progresser. Je le remercie également pour son aide et ses précieux conseils lors de l’élaboration de mon dossier de concours pour les écoles d’ingénieur.

Je souhaite aussi vivement remercier Rémy DELAGARDE qui a co-encadré ce stage, et qui malgré la distance géographique a suivi de très près l’avancée de mon travail. J’ai beaucoup apprécié l’accueil qui m’a été réservé à l’INRA du Rheu à Rennes lors de ma venue, et les conseils toujours pertinents dont j’ai pu bénéficier de sa part.

Je remercie le groupe Alimentation Caprine de m’avoir donné l’occasion de présenter la version « chèvre » d’HerbValo devant des spécialistes de la filière caprine. Je leur suis extrêmement reconnaissant pour leurs remarques toujours constructives, leur bienveillance et l’excellente ambiance en réunion.

Merci à l’ensemble des membres de l’équipe de l’unité FERLUS pour leurs remarques et conseils lors de la présentation finale de mon stage, qui indéniablement m’a permis de mettre davantage en valeur le travail réalisé. J’en profite pour les remercier de leur bonne humeur quotidienne et les conversations aussi diverses qu’enrichissantes que nous avons pu avoir à la cantine le midi ou en pause café. Je ne pourrais oublier mon père spirituel Jeff, qui n’a eu de cesse de me faire rire durant ces trois mois et demi de stage, et que j’ai promis de citer dans ce rapport. Merci aussi aux membres de la chèvrerie pour leur accueil toujours chaleureux et leur disponibilité lorsque j’avais des questions à leur poser.

Je suis extrêmement reconnaissant à ma tutrice de stage Flora PENSEC pour son suivi tout au long de ce stage et sa grande disponibilité, même durant ses vacances. Je la remercie ainsi que le reste de l’équipe enseignante de l’IUT de Brest qui ont été les instigateurs de mon apprentissage théorique et pratique pendant ces deux ans.

Enfin, merci aux stagiaires et thésards pour les excellents moments passés ensemble et les conseils dont j’ai bénéficié de leur part. Merci tout particulièrement à Julien, Lisa, Charlotte, Maxime, Estelle, Mathieu, Hélène ainsi que Samuel et Thomas.

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SOMMAIRE

1. L’INRA : INSTITUT NATIONAL DE RECHERCHE AGRONOMIQUE ... 1

1.1. Un établissement public scientifique et technique... 1

1.1.1 Historique ... 1

1.1.2 L'INRA en France ... 2

1.1.3 L’INRA dans les régions ... 2

1.2. FERLUS : Unité expérimentale fourrages, environnement, ruminants de Lusignan ... 2

1.3. La plateforme « Patuchev » ... 3

2. LA FILIERE CAPRINE EN FRANCE ... 4

2.1. Chiffres clé de la filière caprine laitière ... 4

2.2 Les systèmes alimentaires caprins ... 4

2.2.1 Un large panel d’aliments utilisés en élevage caprin ... 4

2.2.2 Des systèmes fourragers variables d’une région à l’autre ... 6

2.2.3 La place du pâturage en élevage caprin laitier ... 6

2.3 Les conséquences d’une faible autonomie alimentaire ... 7

2.4 L’utilisation d’herbe au service d’une plus grande autonomie alimentaire ? ... 8

2.4.1 Performances économiques des systèmes herbagers ... 8

2.4.2 Prairies, environnement et services écosystémiques ... 10

3. BILAN DES METHODES EXISTANTES POUR QUANTIFIER L'HERBE VALORISEE ... 12

3.1 La méthode actuelle de calcul du rendement d'herbe ... 12

3.1.1 Présentation ... 12

3.1.2 Critique de cette méthode... 13

3.2 INRAtion 4.03 : une méthode d’estimation de l’herbe valorisée ... 14

3.3 Tables INRA 2007 : description des concepts et des équations « simplifiées » et état des lieux des connaissances caprines ... 15

3.4 Cap’Alim : un rationneur caprin connecté aux données de production ... 16

3.5 HerbValo, un outil de calcul de la quantité d’herbe valorisée au pâturage appliqué au cas des vaches laitières ... 16

3.5.1 Démarche ... 17

3.5.2 Critères retenus pour les calculs de l’herbe valorisée ... 17

3.5.3 Description de l’outil permettant de calculer l’herbe valorisée à l’échelle de la parcelle 18 4. MATERIEL ET METHODES ... 18

(7)

4.1 Description des modifications de l’outil spécifiques au cas des chèvres laitières... 18

4.1.1 « Feuille Identité » ... 18

4.1.2 Feuille « Saisie et Résultats » ... 20

4.1.3 Feuille « Paramètres » ... 22

5. RESULTATS ET DISCUSSION ... 24

5.1. Estimation par HerbValo de l’herbe valorisée entre 2013 et 2015 ... 24

5.2. Comparaison des deux méthodes de calcul de l’herbe valorisée à partir de l’analyse statistique... 26

5.3. Limites de l’étude statistique et perspectives d’amélioration ... 27

CONCLUSION ... 28

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ... 29

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LISTE DES ABREVIATIONS

CI Capacité d'ingestion (UE) DP

Troupeau avec une reproduction dessaisonnée (lutte en Mai pour une mise-bas en Octobre) et une utilisation maximale de l’herbe sous forme pâturée.

EQF Equivalent litre de fuel HE

Hauteur de l'herbe à l'entrée des animaux dans la parcelle pâturée (cm, mesuré à l'herbomètre)

HS Hauteur de l'herbe à la sortie des animaux de la parcelle pâturée (cm, mesuré à l'herbomètre) JP Journées de pâturage

MAT Matière azotée totale MS Matière sèche

MSI Matière sèche ingérée

MSIh Matière sèche ingérée d'herbe

PDIE Protéines digestibles dans l'intestin d'origine énergétique PDIE Protéines digestibles dans l'intestin

PL35 Production de lait des chèvres laitières standardisée à un TB de 35 g/kg, TP de 31 g/kg PLpot Production de lait potentielle au jour considéré de lactation (kg/j)

PV Poids vif (kg)

QI Quantité d'herbe ingérée

Rmic Rapport microbien, indicateur du fonctionnement microbien du rumen

SP

Troupeau avec une reproduction saisonnée (lutte en Septembre pour une mise-bas en Février)

et une utilisation maximale de l’herbe sous forme pâturée.

TA Temps d'accès

TB Taux butyreux (matière grasse) TCD Tableau croisé dynamique TCD Tableau croisé dynamique TP Taux protéique

TS Taux de substitution UE Unité d'encombrement

UELh Unité d'encombrement de l'herbe en système "lait"

UF Unité fourragère

UFL Unité fourragère lait (valeur énergétique) UGB Unité gros bétail

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LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Répartition nationale des sites INRA

Figure 2 : Schéma descriptif de la rotation chèvrerie-prairie du dispositif Patuchev

Figure 3 : La production de lait de chèvre en France en 2014 (GEB – Institut de l’Elevage d’après Agreste – SAA)

Figure 4 : Répartition des élevages caprins en fonction du système d’alimentation fourragère dominant (Données DIAPASON – Inosys Réseaux d’Elevage – données 2007-2013,

traitement Institut de l’Elevage 2015)

Figure 5 : Bilan régionaux des systèmes fourragers caprins laitiers (Institut de l’Elevage, 2015) Figure 6 : Part des surfaces de culture dans la SAU déclarée en 2016 (en %) (Source : ASP, RPG 2006)

Figure 7 : Répartition de la consommation d’énergie en systèmes bovins laitiers et caprins laitiers (Réseaux d’élevage : Institut de l’Elevage, 2009).

Figure 8 : Autonomie alimentaire de systèmes bovins et caprins laitiers en Poitou-Charentes (Jénot et al, 2012).

Figure 9 : Comparaison des coûts de production et de distribution des fourrages et des concentrés de production (RECP, 2013).

Figure 10 : Indices des prix du lait, des prix de vente industriels et Ipampa (100 en 2005) (GEB Institut de l’Elevage d’après INSEE et SSP).

Figure 11 : Marge brute/1000 litres, variabilité des résultats intra-système alimentaire (BTE GTE, Institut de l’Elevage, 2012).

Figure 12 : Présentation des étapes de calcul de la méthode « globale » de référence.

Figure 13 : Méthode d’estimation de la quantité d’herbe ingérée des Tables INRA 2007, appliqué au système bovin laitier.

Figure 14 : Etapes du calcul de l’herbe valorisée/ha/an Figure 15 : Etapes du calcul de la MSI herbe/VL/jour

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LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES

Tableau 1 : Récapitulatif des informations nécessaires pour chaque méthode de calcul de rationnement ainsi que leurs limites.

Tableau 2 : Formats et poids vifs associés proposés par HerbValo pour chaque race de chèvres.

Tableau 3 : Sensibilité de la capacité d’ingestion à des variations de 100 kg/chèvre/an pour la production laitière et de 5kg/chèvre pour le poids vif.

Tableau 4 : Coefficients de restriction de la capacité d’ingestion des chèvres selon le type de pâturage imposé par l’éleveur.

Tableau 5 : Gamme de production laitière moyenne annuelle proposée dans l’outil.

Tableau 6 : Pourcentages de matière sèche (MS) des différents fourrages proposés dans l’outil.

Tableau 7 : Pourcentage de restriction de la capacité d’ingestion des chèvres selon la sévérité de pâturage imposée par l’éleveur.

Tableau 8 : Capacité d’ingestion fixée pour chaque type d’animal pâturant occasionnellement sur les parcelles occupées par les chèvres.

Tableau 9 : Coefficient de restriction de la production laitière à un taux butyreux de 35 g/kg de lait et un taux protéique de 31 g/kg de lait selon le stade de lactation du troupeau.

Tableau 10 : Coefficient de corrélation entre les deux méthodes de calcul de la MSIh/chèvre/jour.

Tableau 11 : Vérification de la présence d’éventuelles interactions entre les variables année, lot et méthode.

Graphique 1 : Quantité d’herbe valorisée (fauchée et pâturée) par les deux troupeaux caprins pâturant (dessaisonnées pâturage et saisonnées pâturage) sur l’ensemble du parcellaire de la plateforme Patuchev entre 2013 et 2015.

Graphique 2 : Rendement annuel moyen d’herbe selon le type de valorisation et de système.

Graphique 3 : Nombre annuel de jours pâturage des deux troupeaux pâturant entre 2013 et 2015.

Graphique 4 : Quantité journalière moyenne de fourrages distribués par chèvre aux troupeaux pâturant entre 2013 et 2015.

Graphique 5 : Nombre moyen de chèvres pâturant pour les deux systèmes entre 2013 et 2015.

Graphique 6 : Corrélation entre les valeurs de MSIh/chèvre/jour calculées avec le coefficient et celles calculées avec HerbValo. Ces calculs ont été réalisés à partir des données de 2013 à 2015 du dispositif expérimental Patuchev avec n = 3066.

Graphique 7 : Rendement moyen d’herbe valorisée par parcelle selon la méthode de calcul employée.

Graphique 8 : Comparaison de deux méthodes de calcul du rendement annuel moyen d’herbe par parcelle selon le système.

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Figure 1 : Répartition nationale des sites INRA

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1 1. L’INRA : INSTITUT NATIONAL DE RECHERCHE AGRONOMIQUE

1.1. Un établissement public scientifique et technique 1.1.1 Historique

L'Institut National de Recherche Agronomique (INRA) est un organisme français, fondé en 1946 dans un contexte d'après-guerre pour « nourrir la France ». A cette période, l'agriculture française connaît un retard conséquent par rapport à celle d'autres grands pays développés, qui ne lui permet pas de subvenir aux besoins de sa population.

La mission de l'Inra est alors d'associer science et technologie afin de développer l'agriculture et d'améliorer ses techniques de production.

L'autonomie alimentaire étant atteinte dans les années 60, les études menées sont davantage axées sur la qualité des produits exportés des années 70 à 90, avec une recherche de valeur ajoutée.

En 1990, la crise sanitaire de la vache folle fait de la sécurité alimentaire une priorité pour l'Inra. Parallèlement, son domaine de compétences s'élargit aux interactions existant entre trois grands secteurs d'activités étroitement liés les uns aux autres :

Aujourd'hui encore cette démarche est d'actualité, mais est modulée par la recherche d'un développement durable à l'échelle mondiale.

Récemment, on observe l'émergence de deux disciplines auxquelles l'Inra accorde une attention toute particulière, à savoir l'agro-écologie, et les approches prédictives en biologie.

Les objectifs actuels de l'Inra sont regroupés en cinq axes principaux :

• Produire et diffuser des connaissances scientifiques

• Eclairer, par son expertise, les décisions des acteurs publics et privés

• Concevoir des innovations

• Développer la culture scientifique et technique et participer au débat science/société

Former à la recherche et par la recherche

Alimentation Agriculture Environnement

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2 1.1.2 L'INRA en France

Il existe 150 sites Inra répartis sur l'ensemble du territoire français, y compris en outre- mer, héritage de la politique de décentralisation menée dans les années 60. Ces 150 sites sont regroupés en 17 centres de recherche (Figure 1).

Les études menées sur chaque site sont liées à l'Histoire, au climat et aux pratiques de la région sur laquelle ils sont implantés. Cela permet de répondre aux besoins spécifiques rencontrés dans ces différentes zones géographiques.

1.1.3 L’INRA dans les régions

En Poitou-Charentes, les recherches de l’Inra se concentrent sur deux thématiques : la gestion durable des prairies, systèmes fourragers et territoires, ainsi que celle des productions animales.

Quatre sites sont implantés dans trois départements : le site du Magneraud (17), le domaine de Saint-Laurent de la Prée (17), le site de Chizé (79), et celui de Lusignan – Rouillé (86). C’est au sein de ce dernier que j’ai réalisé mon stage.

Le centre Inra Poitou-Charentes gère une dizaine d’unité de recherche, dont l’unité expérimentale fourrages, environnement, ruminants (FERLUS) où j’ai été accueilli pour mon stage. Cette unité réalise des expérimentations agronomiques et agro-environnementales sur des prairies semées et introduites dans des rotations pour concevoir des systèmes d’élevage de vaches ou de chèvres laitières.

1.2. FERLUS : Unité expérimentale fourrages, environnement, ruminants de Lusignan

Cette unité située sur le site de Lusignan – Rouillé compte une quarantaine d’employés et a pour mission d’imaginer, de mettre en œuvre et d’évaluer des techniques et pratiques innovantes afin de concilier productions végétales, conduite d’élevages de ruminants laitiers et exigences socio-économiques.

L’unité se décline en cinq thématiques de recherche, chacune ayant des objectifs spécifiques selon le type de production :

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Figure 2 : Schéma descriptif de la rotation chèvrerie-prairie du dispositif Patuchev

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3

Pôle végétal/GEVES : évalue la valeur agronomique et environnementale d’espèces fourragères et de grandes cultures.

SOERE : évalue sur le long terme les effets de l’alternance prairies-cultures et des pratiques agricoles sur l’environnement et la biodiversité.

OASYS : en production bovine laitière, vise à produire du lait dans un contexte de contraintes et d’aléas climatiques, en économisant les ressources en eau et en énergie fossile, tout en contribuant à une agriculture durable.

Caprinn : développer des techniques de reproduction caprines alternatives, pour des systèmes d’élevage caprins durables et respectueux de l’environnement.

Patuchev : évalue des systèmes d’élevages caprins utilisateurs de prairies cultivées et sur lequel je me suis appuyer pour illustrer les résultats de mon étude.

1.3. La plateforme « Patuchev »

Le dispositif expérimental Patuchev a pour objectif de concevoir des systèmes d’élevage utilisateurs de la prairie cultivée, s’inscrivant ainsi dans une démarche agro-écologique, et d’évaluer leur durabilité

L’initiation de ce projet est liée à un contexte économique difficile depuis 2008, caractérisé par une flambée historique des coûts de production associés à un prix du lait incertain. Le projet « Patuchev » fut mis en place à Lusignan en 2012. Cette démarche s’inscrit dans le « Projet agro-écologie pour la France » du Ministère de l’Agriculture et dans les axes prioritaires 2010-2020 de l’Inra

Pour répondre à cet enjeu d’une meilleure durabilité des élevages caprins, le dispositif vise à évaluer sur le long terme trois systèmes indépendants en polyculture élevage, représentés chacun par un troupeau de 60 chèvres de race Alpine auquel est attribué 10 ha de surface fourragère. Ils se distinguent par la période de reproduction et leur mode d’utilisation de la surface fourragère (voir figure 2) :

 Un troupeau avec une reproduction saisonnée (lutte en Septembre pour une mise-bas en Février) et une utilisation maximale de l’herbe sous forme pâturée.

 Deux troupeaux avec une reproduction dessaisonnée (lutte en Mai pour une mise-bas en Octobre). L’un valorise l’herbe exclusivement sous forme de foin séché en grange et le second utilise également le pâturage.

Les enjeux environnementaux sont prioritaires, mais sous contrainte de viabilité.

Chacun de ces trois systèmes doit être performant, garantir un revenu et un métier attractifs pour l’éleveur et proposer des produits de qualité issus d’une activité acceptable. Les critères mesurés sont d’ordre zootechnique, agronomique, économique et environnemental.

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Figure 3 : La production de lait de chèvre en France en 2014 (GEB – Institut de l’Elevage d’après Agreste – SAA)

Figure 4 : Répartition des élevages caprins en fonction du système d’alimentation fourragère dominant (Données DIAPASON – Inosys Réseaux d’Elevage – données 2007-2013,

traitement Institut de l’Elevage 2015)

Ensilage maïs : 12%

Pastoral : 10%

Pâturage : 30%

Affouragement : 3%

Enrubannage : 4%

Foin légumineuses : 17%

Autres foins : 19%

Foins et déshydratés : 5%

Poitou-Charentes + Aquitaine + Limousin :

35 % du cheptel 48 % des livraisons

Production nationale en 2014 584 millions de litres

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4 La finalité recherchée de chaque système est l’amélioration de l’autonomie en intrants en maximisant l’ingestion d’herbe, qu’elle soit sous forme pâturée ou récoltée. Pour ce faire, des choix techniques ont été faits, comme l’utilisation de prairies multi spécifiques ou de foin ventilé. C’est dans cette dynamique que s’inscrit mon stage, puisqu’il consiste en l’adaptation d’un outil de calcul informatisé permettant d’estimer la quantité d’herbe valorisée en prairie par les élevages caprins au pâturage.

Les connaissances produites contribueront à générer de nouvelles solutions souples et adaptables, ainsi qu’à développer les approches systémiques pour la conception d’élevages caprins innovants, performants et durables.

2. LA FILIERE CAPRINE EN FRANCE

2.1. Chiffres clé de la filière caprine laitière

Avec plus de 1,4 millions de têtes, le cheptel caprin français est le quatrième d'Europe derrière la Grèce, l'Espagne et la Roumanie. La France est le premier pays producteur et consommateur de lait de chèvre en Europe avec une production totale de 584 millions de litres en 2014 (Agreste – Statistique Agricole Annuelle 2013) (Figure 3).

La filière caprine regroupe environ 6000 éleveurs professionnels, se répartissant en deux catégories : les producteurs livreurs de lait et les producteurs transformateurs ou fromagers.

Bien que le nombre d’élevages soit proche selon le type de production, leur place dans la production laitière est contrastée : les livreurs représentent 72% du cheptel de chèvres et près de 80% de la production laitière contre 21% des chèvres et 15% de la production pour les fromagers. Les ateliers mixtes représentent quant à eux 6% des têtes et de la production (SSP – Enquête cheptel – données 2013).

La production laitière est concentrée dans le Centre Ouest du pays et plus particulièrement dans la Région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. On y trouve 35% du cheptel national représentant un peu moins de 50% de la quantité de lait livré, estimée à 217 millions de litres en 2014. Cela en fait la première région productrice de lait de chèvre en France (Agreste – Enquête cheptel 2013 sur 13 régions).

2.2 Les systèmes alimentaires caprins

2.2.1 Un large panel d’aliments utilisés en élevage caprin

Les systèmes alimentaires caprins sont très diversifiés, allant de systèmes pastoraux à des conduites hors-sol s’appuyant fortement sur l’utilisation de concentrés (Figure 4). Il a été observé lors d’une étude du Réseau d’élevage caprin Région Centre (2008) qu’ils évoluent fréquemment au sein d’une même exploitation. Les systèmes fourragers caprins peuvent néanmoins se décliner en trois grandes catégories (Bossis et al., 2012) :

 Les systèmes pastoraux

 Les systèmes avec prairies pâturées

 Les systèmes sans pâturage

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5 Une étude menée en France sur la période 2007-2013 à partir des données Inosys – Réseau d’élevages met en évidence le fait que 43% des élevages caprins laitiers ont un système alimentaire fourrager reposant sur l’utilisation de fourrages verts (pastoralisme, affouragement, pâturage), contre 57% sur l’utilisation de fourrages conservés (secs ou humides). Les chèvres sont donc le plus souvent élevées toute l’année en bâtiment où le fourrage distribué est majoritairement de l’herbe conservée. Plusieurs types de rations fourragères sont alors distingués (Caillat et al., 2016) :

Les rations à dominante « foin » (36% des élevages)

Les rations à base de foin de légumineuses (17% des élevages)

L’ensilage de maïs (12%)

Les foins et déshydratés (5%)

Les fourrages humides ou enrubannages (4%)

Il a été démontré que 20% des exploitations achètent la totalité de leurs fourrages puisque n’en produisant pas eux-mêmes (Devun et Legarto, 2011). Ces achats concernent surtout le foin de luzerne : en élevage caprin l’utilisation de cette légumineuse est en effet largement répandue. Une enquête menée en 2010 par le programme PhénoFinLait indique que plus d’un tiers des exploitations utilisent la luzerne comme fourrage principal, qu’elle soit sous forme de foin, de déshydraté ou même incorporée dans des aliments concentrés. Elle est également utilisée en tant qu’aliment secondaire dans 78% des exploitations (Legarto et al., 2014).

La luzerne, très appétente pour les chèvres, est néanmoins un aliment générant une grande quantité de refus. De façon générale, la chèvre présente une très bonne capacité de tri, et une propension affirmée pour choisir les parties les plus nutritives des fourrages distribués et/ou pâturés. Il a par exemple été démontré que dans le cas d'un foin de luzerne, celui-ci est d'autant plus ingéré que la proportion de refus augmente : on constate jusqu'à 40-50 % de refus. Cela est lié au fait que sous la forme de brins longs, les chèvres ont tendance à refuser une grande partie des tiges, que ce soit sur des foins de luzerne ou de graminées. (Morand- Fehr et al., 1987). De ce fait, la valeur alimentaire de l'ingéré peut être nettement supérieure à celle du disponible : la quantité ingérée est alors améliorée. Néanmoins si le fourrage est de bonne qualité, ce comportement peut mener à un gaspillage conséquent : il faut alors réduire les quantités offertes. Dans le cas de systèmes pâturant, la part des refus est cependant à tempérer, au regard de la pression de pâturage exercée (pâturage tournant ou permanent).

Les aliments concentrés sont également variés : graines entières, concassées ou moulues de céréales, protéagineux ou oléoprotéagineux, graines humides, aliments composés du commerce ou mash de concentrés sont autant de formes utilisées. La multiplicité de ces aliments permet de répondre aux attentes des éleveurs en termes de charges de travail, d’estimation des densités utilisées ou d’apport azoté et énergétique. La production laitière d’un troupeau est directement reliée à la quantité de concentrés distribués. Néanmoins la réponse laitière est variable selon le type de fourrages utilisés, et surtout leur qualité. De manière générale, on recommande de ne pas excéder 0,8 kg de concentrés par chèvre par jour (Legarto et Leclerc, 2007). Un apport supplémentaire, en plus d’être onéreux, n’engendre pas une meilleure production laitière, réduit la quantité de fourrages ingérés par substitution, et dans les cas extrêmes peut même être à l’origine d’acidoses ruminales souvent mortelles pour les chèvres.

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Figure 5 : Bilan régionaux des systèmes fourragers caprins laitiers (Institut de l’Elevage, 2015)

Figure 6 : Part des surfaces de culture dans la SAU déclarée en 2016 (en %) (Source : ASP, RPG 2006)

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6 Des aliments intermédiaires sont fréquemment utilisés dans les élevages caprins comme les pulpes ou drèches humides surpressées, mais surtout les fourrages déshydratés présentés sous forme de granulés, de bouchons ou de plaquettes. Ces derniers présentent l’avantage de limiter les refus.

Traditionnellement on utilise de la luzerne déshydratée, garantissant un apport d’azote sans dégradation de la fibrosité de la ration.

Remarque : Pour optimiser au mieux l’ingestion des chèvres, il est conseillé d’apporter les 2/3 de la ration totale en matière sèche sous forme de fourrages pour 1/3 de concentrés et compléments minéraux (PEP Caprin, 2013).

2.2.2 Des systèmes fourragers variables d’une région à l’autre

Comme on peut l’observer sur la figure 5, les systèmes fourragers régionaux des élevages caprins laitiers sont très diversifiés. Cela s’explique par les multiples conditions pédoclimatiques rencontrées, la disponibilité variable des territoires en surfaces fourragères, le niveau de chargement des troupeaux, mais aussi par les habitudes des éleveurs. Le pâturage est le système alimentaire qui présente la plus grande hétérogénéité en termes d’utilisation dans les différentes régions. Il représente jusqu’à 63% des systèmes fourragers en Rhône- Alpes contre seulement 6% dans le Grand Ouest. La part importante du pâturage caprin dans le Sud Est du pays se justifie par une volonté de valoriser les ressources fourragères, alors que dans le Grand Ouest les arguments plaidant en la faveur du pâturage sont plutôt la réduction des coûts et du travail, une meilleure autonomie, et une traçabilité alimentaire (Institut de l’Elevage, 2007).

Dans le sud de la France les systèmes pastoraux sont répandus (Figure 5) et représentent environ 30 % de la surface agricole utile. Néanmoins il faut garder à l'esprit que ces surfaces ne sont valorisables que par des troupeaux caprins en raison de leur pauvreté et de leur topographie. La production laitière est alors faible comparée à d'autres systèmes (300 à 500 L/chèvre/an) (Bossis, 2012).

2.2.3 La place du pâturage en élevage caprin laitier

Globalement aujourd’hui en France moins de 50 % des chèvres des exploitations caprines pâturent (Bossis, 2012). En 1984 en Poitou-Charentes, 62 % du cheptel caprin laitier avait accès au pâturage (Jenot et al., 2001), alors qu’on estime aujourd'hui que seuls 5 % des élevages de cette région le pratiquent encore (Bossis, 2012). Le pâturage est relativement délaissé en élevage caprin car il est réputé peu rentable et complexe à gérer, notamment de par la maîtrise difficile du parasitisme gastro- intestinal (Hoste et al., 2012) et la propension importante des chèvres à laisser des refus (Jarrige, Ed., 1988). Le recul du pâturage est également corrélé à une réduction globale des surfaces prairiales depuis plusieurs années (Figure 6). En Europe, 200 000 ha de prairies permanentes disparaissent chaque année dont 30 000 ha/an en France (http://www.developpement- durable.gouv.fr/IMG/pdf/ED96.pdf). Cette diminution s’explique par la transformation de prairies en surfaces dédiées aux cultures de ventes ou en d’autres productions fourragères. L’urbanisation croissante y contribue aussi. Ce mode d’alimentation traditionnel suscite cependant un intérêt croissant, notamment en lien avec certaines productions fromagères AOC (Appellation d’Origine Contrôlée).

De manière générale, de nombreux prérequis négatifs existent sur les prairies. Ils ont été largement décrits en système bovins laitiers mais sont, par extension, applicables aux chèvres. Ils concernent l’alimentation au pâturage (transit rapide, acidification du rumen, refus), la santé des bêtes (coups de froids, parasitisme, tétanies, côtoiement d’autres troupeaux non sains etc.) (Delaby et al., 2009), la production laitière (qui diminue au pâturage), et la reproduction.

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Figure 7 : Répartition de la consommation d’énergie en systèmes bovins laitiers et caprins laitiers (Réseaux d’élevage : Institut de l’Elevage, 2009).

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7 De plus, il n’existe pas de méthode pour évaluer le rendement valorisé et savoir si ces prairies sont capables de répondre en partie aux besoins alimentaires des troupeaux. Cela réduit la confiance des éleveurs vis-à-vis de la production d’herbe.

En résumé, on constate une grande diversité des systèmes alimentaires et notamment fourragers disponibles en élevage caprin. Le pâturage est une pratique globalement peu représentée, même si depuis peu elle semble susciter un regain d’intérêt. On observe aussi une large utilisation de fourrages conservés, fréquemment achetés et directement amenés à l’auge, ainsi que l’utilisation massive de concentrés garantissant une production laitière élevée.

Comme nous allons le voir, ces pratiques ont engendré une forte dépendance de la production par rapport aux cours alimentaires mondiaux, ce qui pose la question de l’enjeu d’une meilleure autonomie alimentaire au sein des exploitations.

2.3 Les conséquences d’une faible autonomie alimentaire

La consommation énergétique est un indicateur de l'impact environnemental qu'ont les systèmes d'élevage. En exploitation caprine, il faut en moyenne 200 EQF (équivalent litre de fuel) pour produire 1000L de lait, soit deux fois plus qu'en système bovin laitier. La différence se fait au niveau de l'alimentation, qui représente 55 % des consommations énergétiques d'un élevage caprin contre 41 % en bovins (Jénot et al., 2012) (Figure 7). De fait, les élevages les plus gourmands en énergie sont souvent les moins autonomes en termes d'alimentation, puisqu'ils achètent davantage de fourrages (déshydratés ou non) et de concentrés. L'autonomie alimentaire d'une exploitation se définit comme étant la proportion totale des aliments consommés par les animaux (fourrages et concentrés) produits sur l'exploitation (Bossis, 2015).

On estime que les élevages caprins ont une autonomie alimentaire massique de 55 %, (Bossis et al., 2014) contre 88 % pour les élevages bovins (Brunschwig et Devun, 2012).

Plusieurs paramètres contribuent à expliquer ce phénomène :

 D’une part, on constate l'expansion d'élevages caprins sur des surfaces insuffisantes. Il s'ensuit alors des niveaux de chargement animal et d'intrants alimentaires élevés (Jénot et al., 2012).

 D’autre part, l'ensilage de maïs et les fourrages issus de fauches de prairies productives et intensives de graminées a permis à la majorité des éleveurs de passer à un système zéro pâturage. Dans les deux cas des intrants relativement importants sont nécessaires, notamment afin de compléter la ration en protéines. Encouragé par l'offre commerciale, le développement de systèmes alimentaires secs répond à l'aspiration des éleveurs de simplifier leur travail. Cela a néanmoins comme conséquence un niveau d'autonomie en concentrés faible et une forte dépendance concernant l'azote.

Ainsi, 25 % des élevages caprins achètent la totalité de leurs concentrés (Jénot et al., 2012). Une étude menée par l’Institut de l’Elevage en 2011 sur des élevages caprins des régions Poitou-Charentes, Vendée, Maine et Loire et Bretagne révèle même que la part de concentrés dans les rations sèches ou de type ensilage de maïs est de plus de 40% (Institut de l’Elevage, 2012).

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Figure 8 : Autonomie alimentaire de systèmes bovins et caprins laitiers en Poitou-Charentes (Jénot et al, 2012).

Figure 9 : Comparaison des coûts de production et de distribution des fourrages et des concentrés de production (RECP, 2013).

Figure 10 : Indices des prix du lait, des prix de vente industriels et Ipampa (100 en 2005) (GEB Institut de l’Elevage d’après INSEE et SSP).

Effondrement des prix du lait

Indice des prix d’achat des moyens de production agricole (IPAMPA)

→ mesure les charges en élevage

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8 La question de l’autonomie protéique des élevages est de plus en plus prise en compte dans les préoccupations de la filière caprine. En effet, les élevages caprins laitiers de Poitou- Charentes reposant sur des rations d’ensilage de maïs et de foin-déshydratés présentent une faible autonomie protéique, avec respectivement 42 et 29% de la matière azotée totale (MAT) de la ration produite sur l’exploitation (Jénot et al., 2012) (Figure 8). Les systèmes foin ont quant à eux une autonomie de 60% de la MAT de leur ration (Figure 8). Même si les systèmes foin semblent meilleurs que les deux autres systèmes alimentaires, ces résultats restent faibles comparés aux élevages bovins laitiers. Ces derniers présentent une autonomie protéique bien plus conséquente, et ce quelques soient les systèmes alimentaires (tout herbe, pâturage de printemps ou ensilage de maïs). Leur autonomie protéique globale est en effet de 67% contre 45% pour les caprins laitiers (Jénot et al., 2012).

En termes de coûts alimentaires dans la région Grand Ouest, le coût du fourrage produit revient à 158€/T et celui des concentrés achetés est de 392€/T (Figure 9). Ainsi, arrivée à l’auge, le coût de la tonne de fourrage est deux fois moins élevé que celui de la tonne de concentrés. Rapporté aux valeurs en énergie et en azote, le coût des fourrages reste plus intéressant que celui des concentrés, même si leur valeur alimentaire est plus faible que celle d’un concentré de production. (RECP, 2013).

Par ailleurs, du champ à l’auge le coût de la distribution représente 1/3 du coût du fourrage, alors que du fournisseur à l’auge la distribution équivaut à 5% du prix du concentré (RECP, 2013). De fait, la marge potentielle de l’éleveur est presque inexistante, puisqu’il n’a aucune emprise sur le prix de vente des concentrés.

Le poids des charges alimentaires a finalement fragilisé la filière caprine, fortement dépendante des intrants extérieurs et des cours alimentaires mondiaux. Ce dernier paramètre, à l'origine de la crise qui depuis 2008 affecte la filière caprine, en est un exemple concret (Figure 10).

Ceci, en plus de la perception qu’ont les consommateurs de la production, a finalement amené l’ensemble des acteurs de la filière à s’interroger sur l’enjeu d’une meilleure autonomie alimentaire et sur la part d’herbe dans les systèmes d’alimentation, en vue de limiter l’achat d’intrants et donc de réduire les charges alimentaires.

2.4 L’utilisation d’herbe au service d’une plus grande autonomie alimentaire ? 2.4.1 Performances économiques des systèmes herbagers

L’enjeu pour la filière caprine et les éleveurs est de se diriger vers une autonomie alimentaire de l’ordre de 80% (Jénot et al., 2012). Or cet objectif implique une optimisation de l’autonomie fourragère ainsi qu’une valorisation de la qualité de ces fourrages pour la production de lait de chèvre. Concrètement, il s’agit pour les éleveurs de produire autant que possible leur propre fourrage et de valoriser l’herbe sous forme de pâturage ou de fauche (affouragement vert ou foin) de bonne qualité.

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Systèmes herbagers avec une marge brute très variable

Système ensilage de maïs avec une faible variabilité de la marge brute

Figure 11 : Marge brute/1000 litres, variabilité des résultats intra-système alimentaire (BTE GTE, Institut de l’Elevage, 2012).

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9 L’alimentation est un élément clé à maîtriser pour dégager de la marge brute et assurer la pérennité des élevages, et les systèmes à base d’herbe peuvent apparaître comme étant une solution (Delaby et al., 2009). A titre d’exemple, le coût de production d'une herbe pâturée au printemps avoisine les 0,02 et 0,03€/kg MS contre un prix d'achat de 0,30 à 0,35€/kg pour un concentré de production (Bossis, 2012). D'après les résultats nationaux 2010 des réseaux d'élevage et de l'appui technique (Institut de l'Elevage, 212b), les éleveurs pratiquant le pâturage économisent entre 100 et 185kg de concentrés/chèvre/an comparé aux autres systèmes alimentaires. Les charges de structures sont quant à elles souvent limitées, lié à une mécanisation moindre des surfaces fourragères et de plus faibles besoins en bâtiment de stockage.

Néanmoins ces résultats sont à prendre avec précaution puisque ce mode d’alimentation ne garantit pas toujours une production laitière satisfaisante : on estime que les troupeaux de pâturage produisent en moyenne 80 à 185 litres de moins par chèvre que les autres systèmes (Bossis, 2012). Ainsi les coûts alimentaires et de structure ramenés aux 1000 litres sont souvent peu différents des autres systèmes.

Comme on peut l'observer sur la figure 11, la variabilité de la marge brute aux 1000 litres pour les systèmes herbagers de type pâturage, affouragement en vert et foin est importante. En comparaison, les systèmes à base d’ensilage de maïs présentent une marge plus stable. Cette variabilité de la marge brute, en plus d’une utilisation plus ou moins importante de concentrés industriels, peut aussi s’expliquer par la faible productivité laitière des troupeaux et la mauvaise maîtrise technique de ces systèmes. Néanmoins, la perspective d'une réduction de l'utilisation de concentrés par le biais d'une meilleure valorisation des prairies fait de l’utilisation de l’herbe une alternative porteuse d’espoir.

Dans le cas d’une conduite des chèvres au pâturage, des expériences ont suggéré le fait que la qualité de l’herbe pourrait avoir plus d’influence sur les performances des chèvres laitières que la quantité de concentrés distribués (Lefrileux et al., 2012). Une ration composée d’herbe de bonne qualité et d’une faible part de concentrés serait plus efficace pour améliorer la production laitière qu’une ration d’herbe de mauvaise qualité avec une quantité de concentrés supérieure à 0.8 kg par jour. Ce raisonnement est également applicable à du foin de bonne ou

mauvaise qualité.

Ce constat souligne l’intérêt d’une gestion correcte des prairies afin d’obtenir de l’herbe de bonne valeur alimentaire. L’herbe est en effet un fourrage dont la composition est bien équilibrée (100 PDIE/UFL pour le fourrage vert et 80 à 85 PDIE/UFL pour l’ensilage), alors que le maïs, réputé du fait de ses rendements supérieurs à ceux des prairies, nécessite toujours une complémentation azotée pour équilibrer les rations (65 PDIE/UFL et 40g PDIN/UFL) (Peyraud et al., 2014).

Une étude récente (Samson et al., 2012) a analysé les performances technico- économiques de bovins laitiers de cinq régions françaises dont trois dites « de plaine » (Bretagne, Basse-Normandie et Pays de la Loire). Il apparaît que les systèmes les plus autonomes – qui sont aussi les plus herbagers – apparaissent moins sensibles aux variations de prix. En effet la part de charges variables dans le coût de production du lait y est toujours plus faible que dans des systèmes plus intensifs en capitaux (Peyraud et al., 2014).

Ces résultats, obtenus en système bovin laitiers, sont néanmoins transposables à la production caprine laitière.

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10 Toutefois, si les systèmes valorisant l’herbe apparaissent plus résilients, ils sont aussi moins aptes à bénéficier d’embellies du marché. De fait, les systèmes libérant des surfaces fourragères pour y cultiver des céréales peuvent profiter des cours élevés du blé selon les périodes (Peyraud et al., 2014), ce qui n’est pas le cas pour les systèmes herbagers.

2.4.2 Prairies, environnement et services écosystémiques

En plus d’un intérêt économique, les prairies présentent de nombreux atouts, qu’ils soient environnementaux, alimentaires, mais aussi en terme d’aménagement du territoire ou de réponse aux attentes sociétales.

Pâturage et consommation d'énergie

L’utilisation de prairies sous forme de pâturage participe efficacement à la réduction de la consommation d'énergie directe et indirecte en élevage. La chèvre récolte elle-même son fourrage tout en répandant ses déjections, ce qui limite les consommations liées à la récolte, la distribution des fourrages et à la gestion des effluents. C'est dans ce système que la consommation indirecte d'énergie ramenée à la chèvre est la plus faible (Bossis, 2012).

Prairies et gaz à effet de serre

Les premiers travaux réalisés par le groupe « environnement » de l'Institut de l'Elevage dans le cadre du projet SYSCARE (SYStème Caprin Respectueux de l'Environnement) renseignent sur le fait que contrairement à ce que l'on pourrait penser, les émissions brutes de gaz à effet de serre (GES) sont relativement similaires selon les systèmes (Bossis, 2012).

Néanmoins, si l'on considère qu'une partie de ces émissions est piégée par les prairies sous forme carbonée, alors les systèmes prairiaux rejettent effectivement moins de GES que les autres systèmes

Prairies, paysage et biodiversité

La prairie est un élément clé dans le maintien de l'ouverture du paysage dans certaines zones, garantissent un certain ancrage de la production au territoire. C'est en effet un frein à l'élevage hors sol, transposable dans des régions ou pays avec des coûts de production plus faibles (Bossis, 2012).

A l’instar des haies, les prairies sont aussi un moteur pour la biodiversité et abritent un grand nombre d’espèces végétales et animales.

Aspects sociétaux de la prairie

A la télévision comme dans les rayons des supermarchés on peut établir un même constat : le fromage de chèvre dans l'alimentation est de plus en plus valorisé. Ce succès est dû à l'image très positive dont bénéficie cette production. Le goût de ce fromage, sa production locale voir nationale, sa réputation de savoir-faire français ainsi que le soutien aux petits producteurs sont les raisons principales expliquant cette popularité croissante. D'après l'étude menée par FranceAgriMer en 2013 sur la perception de la filière caprine par les consommateurs, 98 % d'entre eux pensent que les chèvres sont élevées tout ou partie de l'année en extérieur (FranceAgriMer, juin 2013). Ce chiffre est révélateur de la représentation que se font les consommateurs de l’élevage de chèvres. Ainsi le développement des AOP (Appellations d’Origine Protégées, on en dénombre 13 aujourd’hui concernant le lait de chèvre), qui va dans ce sens, incite fortement à l’utilisation du pâturage (Lefrileux et al, 2012).

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11 En outre le pâturage est désormais obligatoire dans le cahier des charges de l’agriculture biologique française.

Les prairies multi-espèces

Dans le cas de systèmes herbagers, l'une des composantes alimentaires la plus difficile à pourvoir est l'apport d'azote. Or les prairies multi-espèces, en plus de favoriser une stabilisation des prairies face aux aléas climatiques (Huguenin et al., 2016) peuvent assurer une certaine autonomie protéique. Dans les prairies d'association graminées/légumineuses, l'utilisation de ces dernières présente trois intérêts principaux (Delaby et al., 2016) :

La fixation symbiotique par le biais de nodosités racinaires permet de valoriser l'azote atmosphérique, ressource inépuisable et gratuite. Les plantes peuvent donc croître en l'absence de fertilisation azotée minérale ou organique.

En plus de capter l'azote dans l'air, les légumineuses vont enrichir le sol en cet élément nutritif et même le mettre à disposition d'autres plantes non symbiotiques voisines, ici les graminées.

Enfin, leur richesse en azote garantit un apport de protéines aux ruminants, limitant ainsi l'utilisation onéreuse d'aliments transformés enrichis en azote.

Les légumineuses, de par leurs propriétés anthelminthiques, peuvent aussi trouver leur place dans la lutte contre les parasites. Certaines d'entre elles sont en effet riches en tannins, comme le lotier corniculé ou pédonculé, le sainfoin ou encore le sulla (Hoste et al., 2012).

Cette molécule provoque alors naturellement une baisse de l'infestation parasitaire.

La gestion des prairies a aujourd'hui une image controversée de par la diversité des pratiques existant suivant la composition de celles-ci et des modes de conduite. Des outils existent déjà pour faciliter leur gestion, comme la méthode « globale » de référence ou les Tables Inra 2007, mais sont souvent méconnus car difficiles d'accès, notamment lorsqu'ils nécessitent des informations trop précises. On peut ainsi se demander dans quelle mesure peut-on estimer le niveau de production des prairies valorisées par un troupeau caprin à l’aide d’un outil informatique ?

On peut assez facilement déterminer le rendement d’une prairie fauchée par pesée des remorques d’herbe ou des balles enrubannées. Concernant le pâturage, des éléments quantitatifs adaptés manquent cruellement pour aider les éleveurs à estimer la productivité de leurs parcelles, ce qui leur permettrait de se projeter et de promouvoir les systèmes herbagers.

La quantification de l'herbe valorisée est un exemple concret : actuellement, il n’existe pas de méthodes de quantification spécifiques aux chèvres laitières au pâturage permettant d’estimer la quantité d’herbe ingérée en prairie. Même si des méthodes de quantification existent déjà, d’une part l'utilisation et la précision des calculs est souvent remise en question, et d’autre part ces méthodes n’intègrent pas les spécificités caprines. Ce dernier point se justifie en grande partie par le manque de connaissances sur l’ingestion des chèvres au pâturage. Comme nous allons le voir, ces méthodes ne satisfont donc pas pleinement les attentes des éleveurs et des conseillers d'élevage.

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Figure 12 : Présentation des étapes de calcul de la méthode « globale » de référence.

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12 3. BILAN DES METHODES EXISTANTES POUR QUANTIFIER L'HERBE

VALORISEE

Il existe actuellement plusieurs méthodes permettant de calculer l'herbe ingérée à différentes échelles. Elle peut s'estimer à l'échelle de l'exploitation, comme la méthode

« globale » décrite dans le projet CasDar PraiCos. La quantité d'herbe valorisée (ingérée au pâturage ou récoltée en fauche) s'évalue alors à l’échelle de l’exploitation, par hectare en herbe par an. Cette méthode est utilisée dans les suivis des Réseaux d’Elevages (Idele et CA).

En système bovin laitier, il est aussi possible de mesurer l'ingestion d'herbe de manière plus spécifique, à l'échelle de l'animal et par jour. Ces calculs sont réalisables par l'intermédiaire d'outils tels qu’INRAtion 4.03 ou les Tables INRA 2007. Les valeurs calculées doivent ensuite être converties à l'échelle de l'année, grâce à la tenue du calendrier de pâturage. Les différentes échelles prises en compte expliquent alors les variations des quantités d'herbe ingérées suivant les modèles.

Les outils de rationnement des vaches laitières au pâturage comme INRAtion 4.03 et les Tables INRA 2007 ont pu être développés par 30 ans de recherches mondiales, qui ont permis de créer des équations et des modèles de prévision de l’ingestion prenant en compte les caractéristiques de la gestion du pâturage sur l’ingestion (Delagarde, 2009 et Delagarde et al., 2013). Mais pourquoi ne sont-ils pas adaptés pour estimer l'herbe ingérée par des chèvres sur une année ? La méthode « globale » déjà décrite dans le projet CasDar PraiCos apporte une première réponse aux questionnements et attentes des éleveurs aujourd'hui. Néanmoins son raisonnement « généraliste » est-il représentatif de la réalité et permet-il une analyse

approfondie des pratiques ?

3.1 La méthode actuelle de calcul du rendement d'herbe 3.1.1 Présentation

L'objectif du programme CasDar PraiCos était de renouveler les méthodes de conseil pour renforcer la place des prairies dans les systèmes fourragers, de 2010 à 2013. Au cours de ce projet, la méthode du calcul du rendement moyen valorisé des prairies a été décrite. Elle repose sur l’estimation de la quantité d’herbe ingérée par les ruminants à travers les unités gros bétail (UGB), à l’échelle de l’exploitation (Figure 12).

Pour obtenir les UGB totaux de l’exploitation (afin « d’uniformiser » les animaux de l’exploitation), on multiplie les effectifs de chaque catégorie d’animaux par les coefficients d’équivalence UGB déterminés. Pour une chèvre, ce coefficient est de 0,17 UGB.

Un UGB consommant théoriquement 4,75 tonnes de matière sèche (T MS) par année, pour obtenir les besoins totaux en fourrages de l'année considérée, on multiplie ce nombre par l'effectif total converti en UGB.

On soustrait ensuite la quantité consommée de fourrages complémentaires non issue des prairies (maïs ensilage par exemple). La différence entre les stocks de début et fin de campagne, celle entre les récoltes et les pertes, ainsi que celle entre les ventes et les achats sont prises en compte afin d’estimer la quantité de fourrages complémentaires non issus des

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13 prairies qui ont été utilisés pendant la campagne. Le pâturage des dérobées est aussi considéré comme un fourrage complémentaire extérieur, car provenant de parcelles en cultures et pas des prairies.

On obtient alors la quantité d’herbe théoriquement issue des prairies (herbe valorisée), qu’on divise par le nombre d’hectares en prairies du parcellaire.

Les informations nécessaires au calcul se rapportent aux caractéristiques du troupeau, à la stratégie de complémentation, à la gestion des prairies et au calendrier de pâturage. Les calculs à effectuer sont disponibles en annexe.

3.1.2 Critique de cette méthode

Cette méthode permet d’estimer le rendement moyen de l’herbe valorisée/ha/an, à l’échelle de l’exploitation, mais nécessite un grand nombre d’informations sur les animaux (nombre et catégories), sur les stocks (début et fin) et sur les prairies. En pratique, ces éléments peuvent être contraignants à renseigner, et le sont de manière approximative.

Les erreurs liées à l’estimation de la quantité de fourrages complémentaires ingérés sont nombreuses. Par exemple, les stocks de début et de fin de campagne sont calculés à partir d’informations « grossières ». Un poids moyen de bottes est fixé, multiplié par le nombre de bottes stockées. Il en est de même pour les fourrages stockés sous forme d’ensilage. Ainsi, si la densité estimée est fausse, l’erreur sera répétée sur toute l’année. La quantité d’herbe valorisée à l’échelle de l’exploitation étant calculée à partir de cette quantité de fourrages complémentaires distribués, ces erreurs dues aux approximations sont une explication du décalage pouvant exister entre les calculs théoriques et la réalité.

D’autre part, la productivité des parcelles n’est généralement pas homogène sur l’ensemble du parcellaire, du fait des conditions pédoclimatiques variables (type de sol, pente, etc.) et des modifications anthropiques (irrigation ou non, éloignement, usage, etc.). Il semble alors trop

« généraliste » d’appliquer les calculs uniquement sur les caractéristiques du troupeau et de moyenner le rendement sur l’ensemble du parcellaire. Il est en effet possible que la variabilité du rendement valorisé soit très grande entre parcelles, avec des écarts de 4 à 10 T MS alors que la moyenne est de 7 T MS par exemple. Or cette variabilité n’est pas estimable à partir de la méthode globale de référence.

Enfin, l’estimation de la quantité de MS ingérée par un UGB est approximative, puisqu’elle ne tient pas compte de la stratégie de complémentation en concentrés. Un éleveur qui donne peu de concentrés est « pénalisé » car les calculs ne prennent pas compte du fait que ses chèvres mangent plus de fourrages. Cette approximation porte également sur les écarts potentiels des valeurs d’unité d’encombrement (UE) entre fourrages. Dans cette équation, une herbe jeune très ingestible ne sera pas plus ingérée qu’un mauvais foin.

Pour résumer, les principales limites de cette méthode sont la complexité de son utilisation et son approche trop « générique » d’un rendement global à l’échelle de l’exploitation. Des approximations s’accumulent, les valeurs d’herbe valorisée en découlant peuvent être erronées, et le potentiel des « meilleures » parcelles n’est pas connu.

D’autres méthodes de calcul de l’herbe valorisée, appliquées aux systèmes bovins laitiers, ont été préalablement établies par l’INRA. Il s’agit d’INRAtion 4.03 et des Tables INRA 2007. Ici, l’échelle de mesure de l’ingestion est différente.

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14 On passe d’un raisonnement annuel à l’échelle de l’exploitation, à un raisonnement journalier à l’animal et à la parcelle, nécessitant des enregistrements encore plus précis à l’échelle de chaque parcelle. Pour passer à des valeurs en année, il faut alors enregistrer tous les évènements sur l’année et sur l’ensemble des parcelles.

3.2 INRAtion 4.03 : une méthode d’estimation de l’herbe valorisée

INRAtion est un logiciel de calcul du rationnement pour tous types de ruminants sur tous types de rations conservées, mais qui permet aussi d’estimer l’ingestion des vaches laitières au pâturage, exprimée en en kg de matière sèche ingérée par jour (kg MS/j). Il permet de déterminer la valeur nutritive (PDI, UF) des aliments et la valeur d’encombrement (UE) des fourrages, grâce à la mesure de certaines caractéristiques propres à l’aliment étudié. Sa construction respecte le système des Unités d’Encombrement établi par l’INRA en 1988 reposant sur le fait que l’encombrement de la ration détermine son niveau d’ingestion par l’animal (Andrieu et al., 1988). Néanmoins le rationnement des vaches laitières au pâturage ne s’appuie pas seulement sur les unités d’encombrement de l’herbe, la capacité d’ingestion des vaches et les apports de compléments, mais aussi sur la gestion du pâturage par l’éleveur (surface, hauteur d’herbe, temps de séjour et d’accès). Ces paramètres peuvent potentiellement réduire l’ingestion par rapport à un calcul de ration à l’auge. Par exemple, dans le cas de conditions sévères de pâturage imposées au troupeau, l’ingestion couvre moins de 90% de la capacité d’ingestion de l’animal (Delagarde et al., 2006).

En outre le modèle complet nécessite de connaître la biomasse par hectare pour calculer une quantité d’herbe offerte par animal et par jour. Or cela nécessite une coupe et des pesées, qui ne sont jamais réalisées en ferme (Delagarde et al., 2013 et Delagarde, 2009).

Ce logiciel n’est pas applicable aux chèvres laitières au pâturage en raison du manque de connaissances actuelles sur leur niveau d’ingestion d’herbe en prairie. En effet il n’existe pas encore d’équations modélisant la quantité d’herbe ingérée au pâturage, indispensables pour l’utilisation de l’outil. Des études sur cette thématique sont actuellement en cours à l’INRA de Rennes, supervisées par Rémy Delagarde. Elles devraient conduire à la parution d’équations d’ici trois ans

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Figure 13 : Méthode d’estimation de la quantité d’herbe ingérée des Tables INRA 2007, appliqué au système bovin laitier.

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15 3.3 Tables INRA 2007 : description des concepts et des équations « simplifiées » et

état des lieux des connaissances caprines

La création des Tables INRA 2007 résulte de la simplification de la méthode de calcul appliquée dans INRAtion 4.03 (Delagarde et al., 2006). L’objectif de ces Tables était de trouver une méthode de calcul robuste. En système bovin laitier le calcul de la quantité ingérée peut se faire sous un tableur Excel, de façon plus « accessible » pour les utilisateurs.

En effet les informations demandées sont plus rudimentaires et les calculs sont réalisés grâce à des équations simplifiées basées sur les hauteurs (HEntrée et HSortie) (Figure 13). Les variables pouvant être source d'erreurs dans les calculs du rendement de l'herbe valorisée sont cette fois les hauteurs d'herbe en entrée et sortie des animaux de la parcelle. Ces valeurs doivent être mesurées à l'herbomètre, ce qui est rarement fait en fermes.

Comparées aux espèces bovines, les recherches sur les réponses des chèvres au pâturage restent quant à elles relativement limitées, même si leur alimentation à l’auge est davantage maîtrisée. Ainsi, les Tables INRA ne proposent pas pour le moment d’équations de calcul de la quantité d’herbe ingérée au pâturage pour les chèvres laitières intégrant les hauteurs d’herbe, ou de la substitution herbe/concentrés ou herbe/fourrages complémentaires.

Les recherches menées au Domaine du Pradel (Ardèche) ont cependant permis de diffuser certaines recommandations techniques aux éleveurs. Ainsi, la mise à disposition d’une quantité de matière sèche (MS) au pâturage inférieure à 2,5-3,0 kg/chèvre/jour (> 4-5 cm du sol) entraîne une réduction de l’ingestion. De fait, pour qu’une chèvre ingère 2 kg de MS par jour, il est nécessaire de lui en fournir environ 3 kg, afin de prendre en compte le tri et les refus alimentaires. En prairie, une hauteur minimale d’herbe de 4 à 5 cm est requise pour ne pas réduire l’ingestion, ce qui équivaut à 300-400 kg de MS disponible par hectare. En effet, il a été constaté que par rapport à d'autres espèces, les chèvres ingèrent moins d'herbe lorsque la disponibilité de celle-ci diminue (Collins et al., 1998), ceci étant lié à leur mode de pâturage très sélectif. Par ailleurs, une durée de pâturage de l’ordre de 10h pour une durée effective de pâturage de 5-6h est recommandée pour optimiser l’exploitation d’une parcelle.

Si cette durée est réduite, l’ingestion de fourrages diminuera d’autant plus si la prairie est de mauvaise qualité et peu appétente (Tables INRA 2007). A partir de cette recommandation et des connaissances caprines actuelles, on a pu estimer qu’une chèvre au pâturage ingère environ 220g de MS d’herbe/h (Tables INRA 2007). A partir de cette valeur, il est ainsi possible d’approximer grossièrement la quantité d’herbe ingérée au pâturage, en la multipliant par l’effectif et le temps d’accès journaliser au pâturage.

Cependant comme dit précédemment, suite aux recherches menées à L’INRA de Rennes la nouvelle version des Tables INRA 2018 devrait s’enrichir de nouvelles équations qui permettront d’affiner les calculs de niveau d’ingestion des chèvres au pâturage.

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