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Incidence de l’action chaleur sur les symptômes induits par la maladie du “ Green crinkle ” sur le cultivar de
pommier Golden Delicious (M. x domestica Borkh.)
Jacques Lemoine
To cite this version:
Jacques Lemoine. Incidence de l’action chaleur sur les symptômes induits par la maladie du “ Green crinkle ” sur le cultivar de pommier Golden Delicious (M. x domestica Borkh.). Agronomie, EDP Sciences, 1987, 7 (6), pp.431-435. �hal-02719068�
Incidence de l’action chaleur
surles symptômes
induits par la maladie du
«Green crinkle »
surle cultivar de pommier Golden Delicious (M.
xdomestica Borkh.)
Jacques LEMOINE
LN.R.A., Station d’Arboriculture fruitière, Beaucouzé, F 49000 Angers
RÉSUMÉ L’intensité et la fréquence des symptômes de la maladie du « Green crinkle » sur les fruits de la variété de pom- mier ’Golden Delicious’ varient d’une année à l’autre. Les symptômes sont soit de faibles déformations des fruits (« Green crinkle ») soit de fortes déformations accompagnées de nécroses (« Star crack »).
Une étude conduite pendant 7 années en conditions naturelles a mis en évidence le rôle de l’action chaleur au cours des deux premiers mois de la vie du fruit, sur la sévérité d’expression des symptômes.
Une somme d’actions chaleur exprimée en système exponentiel de base Qio = 3,0 supérieure à 350 unités le
1" mois, suivie le 2e mois d’une somme d’actions chaleur inférieure à 550 unités favorisera l’expression des symptômes de « Green crinkle ». Ils seront associés à des symptômes de « Star crack » si la somme d’actions chaleur du le! mois est comprise entre 350 et 300 unités. Une somme d’actions chaleur inférieure à 300 unités le
le! mois, favorisera l’expression du « Star crack » quelles que soient les températures du 2emois.
Mots clés additionnels : Virus, Malus, star crack.
SUMMARY Relation between symptoms of green crinkle virus disease on ’Golden Delicious’ apple fruits and
climatic conditions.
Green crinkle symptoms are variable according to year. Under the same conditions, very severe deformations of fruits (star crack) may take the place of slight deformations (green crinkle). Growth of fruits, symptoms on fruits and daily heat units during 60 days after full bloom were recorded over 7 years. Cumulated heat units were
calculated according to an exponential system with the base Qlo = 3.0. A clear relation appeared between cumulated heat units and the frequency and nature of symptoms. When cumulated heat units were over 350
during the first month after blooming and under 550 during the second month, the symptoms observed were only
of the green crinkle type. However, when the temperature during the first month was low (less than 300 heat
units), all fruits showed symptoms of star crack type, whatever the temperature during the second month.
Additional key words : Virus, Malus, star crack.
I. INTRODUCTION
Le « Green crinkle » est une maladie de dégénéres-
cence transmissible par greffage, dont l’agent infec-
tieux n’est pas encore identifié. Cette maladie peut affecter un grand nombre de variétés de pommier (’Golden Delicious’ et ses mutants, ’Granny Smith’,
’Gala’, ’Jonathan’, ’Cox’s Orange Pippin’...).
Elle a été décrite pour la première fois par HOCKEY
en 1941 sous la dénomination de « False sting » et signalée en France par MORVAN en 1958.
Les symptômes de « Green crinkle » sont visibles
sur les jeunes fruits dont le diamètre a atteint 10 à 20 mm. Ils se manifestent par des dépressions ou de petites crevasses. Par la suite, la croissance du fruit étant irrégulière, celui-ci est soit déformé, soit bosselé
et parfois atrophié. En fonction de l’année, les fruits peuvent présenter :
- de très faibles dépressions avec une forte rugo- sité (Rough skin),
- des dépressions plus importantes à fond lisse ou rugueux (Green crinkle),
- des dépressions avec forte craquelure (Star crack).
Une étude bibliographique montre que cette mala- die est très largement disséminée dans le monde mais elle est peu répandue en France. Son extériorisation est très variable d’une année à l’autre. Divers auteurs
signalent l’importance des températures sur la mani- festation des symptômes. PARES & HUTTON (1961)
observent que les températures basses du printemps
favorisent la maladie. THOMAS (1961) rapporte que les
températures chaudes tendent à supprimer les symptô-
mes. Plus récemment, JOHNSTONE & SAMPSON (1985)
ont mis en évidence une interaction entre la tempéra-
ture et le développement des fruits sur l’expression des symptômes de « Green crinkle » sur la variété de
pommier ’Granny Smith’.
Une étude antérieure (LEMOINE, 1972) ayant mon- tré que l’expression des symptômes de « Vein yel-
lows » et de « Ring pattern mosaic » du poirier, étaient
en étroite liaison avec une somme d’actions chaleur,
nous avons essayé de déterminer si une relation du même ordre existait pour l’expression des symptômes
de « Green crinkle ».
II. MATÉRIEL ET MÉTHODES
En 1975 nous avons écussonné, sur le porte-greffe
MM 106, 10 ’Lysgolden’ (R) indemne de maladie de
dégénérescence (clone x 2727). Il s’agit d’un mutant
de ’Golden Delicious’ indemne de rugosité obtenu à l’I.N.R.A. d’Angers par l’irradiation de bourgeons de
la variété ’Golden Delicious’.
En 1976, ce matériel a été contaminé par un isolat de «Green crinkle » au moyen d’un greffage en « cou- lée » effectué au mois d’août. Cet inoculum provenait d’un verger commercial de ’Golden Delicious’ âgé de
15 ans. Les fruits des arbres contaminés manifes-
taient, en fonction de l’année, de faibles déformations
(« Green crinkle ») ou d’importantes déformations
avec craquelures de l’épiderme (« Star crack »). Ces deux symptômes s’exprimaient seuls ou en associa- tion. Les indexages ont révélé aussi la présence de virus latents.
Le matériel contaminé a été planté en novembre
1976 et les fruits ont été observés de 1979 à 1985.
L’évolution de la taille des fruits a été suivie par des mensurations du diamètre effectuées tous les 8 jours,
de la pleine floraison à la récolte. Après la récolte, les fruits ont été observés et classés en 3 catégories :
- fruits sans symptôme,
- fruits manifestant des symptômes de « Green crinkle » avec des dépressions plus ou moins pronon- cées dont l’épiderme est soit verdâtre, soit légèrement
rugueux,
- fruits exprimant des symptômes de type « Star crack ». Ils présentent des dépressions plus ou moins marquées dont l’épiderme est craquelé.
Au cours de la période 1979-1985 nous avons relevé les températures maximales et minimales journalières
à partir du stade de pleine floraison F2 défini par F
L EC KI NG ER
, jusqu’à la récolte des fruits. Ceci nous a
permis de calculer, pour chaque période d’observa-
tions, l’action chaleur (AC) journalière exprimée en système exponentiel suivant la formule proposée par B
IDABE (1963 et 1967) :
Q
lo est une constante définie par l’égalité suivante
entre les vitesses d’évolution d’un organe aux tempé-
ratures t et t + 10 : V (t + 10) = V (t) x Q.
M et m représentent respectivement les températures
maximales et minimales journalières. Qlo étant une
constante dont la valeur optimale pour le pommier,
mise en évidence par BIDABE pour l’évolution des
bourgeons floraux se situe à 3,0. A défaut d’une recherche comparable sur la croissance des fruits c’est cette valeur qui a été retenue pour cette étude.
III. RÉSULTATS
Les travaux de BAIN & ROBERTSON(1951) ont mon-
tré que le développement des fruits se fait en deux
phases :
- La lre phase, due à la multiplication du nombre
de cellules par fruit (meresis) dure environ 3 à
4 semaines après la floraison,
- la phase suivante qui va jusqu’à la récolte cor-
respond au grandissement cellulaire (auxesis) associé à l’accroissement des espaces intercellulaires.
Les périodes critiques du développement du fruit se situent le le, mois après la pleine floraison (F2 + 30)
et au début de la seconde phase dont nous avons
limité l’étude à 30 jours. En effet, après ces 2 mois de développement, les symptômes ou l’absence de
symptôme sont acquis jusqu’à la récolte.
Au cours de cette période l’évolution du calibre des fruits est influencée par les conditions climatiques de l’année. En 1982, 60 jours après la pleine floraison,
année à températures élevées au cours de cette période, le diamètre moyen des fruits a atteint 47 mm, alors qu’en 1981, année de températures basses au
cours de cette même période, il n’a été que de 28 mm
(fig. 1).
Les mensurations du diamètre des fruits à F2 + 30 des 7 années de références permettent, après applica-
tion du test de DUNCAN, de classer ces années en
3 groupes (tabl. 1), à savoir :
- 1979-1982 puis 1985-1983-1980 puis 1984-1981.
A l’issue du 2e mois ce classement est légèrement
modifié et 4 groupes se distinguent :
- 1982 puis 1979-1983 puis 1985-1980-1984 et 1981.
Ceci s’accompagne à la récolte de grandes différen-
ces dans l’intensité et la fréquence des symptômes.
En 1982, année de croissance rapide des fruits, 98 p. 100 sont sans symptôme. Par contre en 1981, année de faible croissance, 97 p. 100 des fruits mani- festent des symptômes de « Star crack ». Quand la croissance est moyenne (1980 et 1985) nous n’obser-
vons plus de fruit sans symptôme, mais une réparti-
tion égale de fruits présentant des symptômes de
« Green crinkle » et de « Star crack ».
La comparaison des années 1982 et 1981 (fig. 2)
montre que les sommes d’actions chaleur du le! et du 2
e mois sont très différentes. 155,6 unités séparent ces
2 années le ler mois et 124,8 unités le 2e mois soit un total de 280,4 unités sur les 2 mois. Il convient toute- fois de remarquer qu’à l’approche du 2e mois, une journée moyenne calculée sur les 7 années correspond
à 14 unités chaleur.
La période chaude du ler mois (360 unités chaleur)
en 1982 n’a pas laissé s’exprimer le « Green crinkle ».
Par contre, cette même période, froide en 1981 (204 unités chaleur) a permis l’expression du « Green
crinkle » avec des symptômes de type « Star crack »
induits par un temps froid en 2e période (438 unités chaleur contre 564 en 1982).
Les années 1983 et 1985 sont aussi intéressantes à étudier. En effet, en 1985 les arbres ne sont plus por- teurs de fruits sans symptôme.
La somme d’actions chaleur du le! mois de crois-
sance du fruit est très peu différente ces 2 années (25,4 unités de différence) et, est très voisine de celle de 1982. Par contre, au cours du 2e mois, la somme
d’actions chaleur en 1985 est inférieure de 135,4 uni- tés. Cette grande différence d’actions chaleur au cours
de cette 2c période a favorisé l’expression des symptô-
mes de type « Green crinkle » et de type « Star crack » aux dépens des fruits sans symptôme.
IV. DISCUSSION ET CONCLUSION Ces observations en conditions naturelles permet-
tent de constater que la manifestation des symptômes
de « Green crinkle » est déterminée par :
- l’incidence de la somme d’actions chaleur soit
au cours du le! mois après la pleine floraison, période
de multiplication cellulaire, soit au cours du 2e mois après la floraison, début de la période de grandisse-
ment cellulaire ;
- la vitesse de développement du fruit, qui, elle- même, est en partie sous le contrôle des températures.
Cette maladie peut sembler évoluer avec l’âge de
l’arbre. Ceci est principalement lié au fait que chez le
pommier il y a 2 périodes de floraison. Celle des inflo-
rescences portées par du bois de 2 ans et plus âgé et
celle des inflorescences portées par le bois d’un an à floraison plus tardive. Ces deux floraisons sont déca- lées dans le temps de quelques jours (2 à 6 j), la diffé-
rence étant d’autant plus importante que les tempéra-
tures sont basses. De ce fait, le développement des
2 populations de fruits n’est pas soumis aux mêmes conditions climatiques, ce qui explique que les fruits produits par de jeunes arbres, principalement localisés
sur rameaux d’un an, expriment moins les symptômes
de la maladie que ceux d’arbres adultes.
Au vue des résultats enregistrés au cours de ces
7 années d’observations, nous pouvons proposer des
hypothèses pour expliquer l’expression des symptômes
de « Green crinkle » (tabl. 2).
Une somme d’actions chaleur supérieure à 350 uni-
tés lors du le! mois, suivie le 2e mois d’une somme
d’actions chaleur supérieure à 550 unités, favorisera
l’absence de symptôme. Par contre, si l’action chaleur du 2e mois est inférieure à 550 unités, une proportion plus ou moins importante de fruits manifestera des
symptômes de « Green crinkle ».
Après un 1er mois où la somme d’actions chaleur
est comprise entre 300 et 350 unités, les symptômes
seront d’autant plus fréquents et importants que les
températures du 2e mois seront peu élevées (somme d’actions chaleur inférieure à 550 unités).
Une somme d’actions chaleur inférieure à 300 uni- tés le le, mois, quelle que soit la somme d’actions cha- leur du 2e mois, sera favorable à l’expression du
« Star crack » avec parfois du « Green crinkle ».
Si cette somme d’actions chaleur est inférieure à 200 unités, la majorité des fruits manifestera du
« Star crack » quelles que soient les températures du
2 e mois.
Ces observations sur la manifestation des symptô-
mes et les hypothèses ci-dessus sont valables pour les variétés comme ’Golden Delicious’ qui manifestent les 2 types de symptômes. Avec les variétés comme
’Granny Smith’ qui expriment uniquement du « Green
crinkle », c’est l’importance de la déformation qui
sera régie par l’action chaleur. Les déformations
seront plus ou moins profondes et nombreuses.
En résumé une somme d’actions chaleur élevée au
début du développement des fruits est favorable à la croissance de ce dernier et défavorable à l’expression des symptômes de « Green crinkle ». Par contre une
somme d’actions chaleur très basse ralentissant forte- ment la croissance des fruits accroît le risque d’obtenir
des symptômes de type « Star crack » à la récolte.
Reçu le 2 juin 1986.
Accepté le 26 Jëvrier 1987.
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