HAL Id: jpa-00238084
https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00238084
Submitted on 1 Jan 1883
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
De l’action de la chaleur sur la boracite et le sulfate de potasse
Er. Mallard
To cite this version:
Er. Mallard. De l’action de la chaleur sur la boracite et le sulfate de potasse. J. Phys. Theor. Appl.,
1883, 2 (1), pp.201-219. �10.1051/jphystap:018830020020101�. �jpa-00238084�
201
premiers
termes de la série et écrirele
premier
membre doit donc être sensiblement invariable..DE L’ACTION DE LA CHALEUR SUR LA BORACITE ET LE SULFATE DE POTASSE;
PAR M. ER. MALLARD.
Un très
grand
nombre de cristauxcubiques
sontbiréfringents;
un très
grand
nombre de cristauxquadratiques,
ternaires ou sé-naires sont
optiquement
uniaxes. Cefait, qu’avait signalé
Brewsterdès ses
premières observations,
a étéplus
tard étudié par Biotqui
a
essayé
del’expliquer
parl’hypothèse
de lapolarisation
lamel-laire. Cette
explication, aujourd’hui complètement abandonnée,
fut
jadis adoptée
sans examen, à cause dugrand
nom del’auteur,
par presque tous les savants, bien
qu’elle n’explique
à peuprès
rien et
qu’elle
soitopposée
aux lois lesplus
certaines de laPhy- sique
et de laCristallographie.
Plus tard M. Reusch a cherchéune autre
explication
dansl’hypothèse
que les cristauxpeuvent
exister à un étatpermanent
de tension intérieureirrégulière,
sousl’action de causes mal
définies,
mais que l’onpeut imaginer
ana-logues
à cellesqui trempent
le verre. Les cristaux àpropriétés optiques
anomales seraient ainsi des cristauxtrempés.
Cette
hypothèse
est directement démentie par le caractère même des anomaliesoptiques
dont elle se propose de rendrecompte.
C’est ainsi que, dans les substances
prétendues anomales,
on ob-serve des
plages étendues, parfaitement homogènes,
montrant enlumière
convergente
lesfranges
d’interférence lesplus régulières.
Il arrive aussi très
fréquemment
que, dans une mêmelame,
desplages homogènes,
maisoptiquement différentes,
sejuxtaposent
suivant un
plan,
y sansqu’il y
ait entre elles aucune transition. Or il est manifeste que, si labiréfringence
de chacune desplages
étaitdue à des tensions intérieures
différentes, l’équilibre mécanique
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:018830020020101
202
serait
impossible, puisque
leplan
deséparation
serait sollicité depart
et d’autre par des forcesqui
ne se feraient paséquilibre.
D’ailleurs la
possibili té d’éprouver
latrempe
est unepropriété qui jusqu’à présent
n’a été rencontrée que dans les substances col- loidales. La structure même des substances cristalliséesparaît
rendreimpossible
de la leurattribuer,
et, enfait,
onn’a jamais produit
dansun cristal rien
qui
ressemble à latrempe.
M. Reusch a pu obser-ver des
phénomènes
de réfraction accidentelle dans dessubstances,
comlne le sel gemme,
qui,
par suite d’uneplasticité,
très rare d’ail-leurs dans les
cristaux,
ont contracté sous un effortmécanique
des déforinations
permanentes;
mais cesphénomènes
très excep- tionnelss’éloignent beaucoup
de ceux de latrempe.
Structure cristalline
théorique
des substancespseitdosyiné- triques.
- Je crois avoirprouvé,
par de nombreuxe-,-~,emples,
que les anomalies
optiques
des cristaux sont dues en réalité à ceque la vraie
symétrie
dessubstances qui
lesprésentent
est endésaccord avec celle de leur forme cristalline extérieure.
On sait que la forme cristalline est due à la distribution réticu- laire des molécules dans
l’espace.
Lasymétrie
intérieure d’un cris- taldépend
donc à la fois de celle de la molécule et de celle dusystème
réticulaire. Or la théorie ne nous montre aucune in1-possibilité
à cequ’une
molécule tout à faitasymétrique,
parexemple, possède cependant,
soitrigoureusement,
soit t seulementd’une manière
approximative,
unsystème
réticulaire doué d’unesymétrie beaucoup plus élevée,
telle que celle du cube.Il
semble,
aupremier abord, qu’une
substancequi présenterait
cette
particularité
devrait former des cristauxasymétriques,
etdans
lesquels
lasymétrie cubiclue
dusystème
réticulaire s’accu- serait seulement par cetteparticularité
que les incidences mutuelles des faces seraient celles que l’on rencontre dans lesystème
cu-bique.
Il n’en est
cependant
pasainsi,
et une semblable substancepeut former,
et forme presquetoujours,
des cristaux danslesquels
lasymétrie cubique
se traduit extérieurement.Chaque
cristal est alorsformé par le
groupement régulier
d’un certain nombre d’individus cristallinsasymétriques.
Pour
comprendre
le mode de formation de cesgroupements,
203
quelques développements
sont nécessaires. Lacristallographie
dé-montre que, si l’on suppose un réseau
cubique
limité par unplan
réticulaire d’orientation
dyss~métrique,
onpeut
donner à ceplan,
dans
l’espace, quarante-huit positions différentes,
sans que le ré-seau
cubique
cessed’occuper
saposition primitive.
Cesquarante-
huitpositions
sont d’ailleursparallèles
entre elles deux àdeux,
cequi
réduit àvingt-quatre
le nombre des orientations réellement distinctes.Si nous avons un réseau
cubique
et une moléculeasymétrique,
nous pouvons supposer la molécule liée invariablement à un
plan
réticulaire
dyssymétrique
et nous en conclurons que l’onpeut
donner à la moléculequarante-huit
orientations différentes(paral-
lèles entre elles deux à
deux)
sans que laposition
du réseau soitmodifiée.
Supposons
lepolyèdre régulier
àquarante-huit
faces de la cris-tallographie (ftg. i ~ ; imaginons
le solide formé par la réunion dequarante-huit pyramides ayant
le centre pour sommet commun et Fig. i.chacune des
quarante-huit
faces pour basesrespectives. Supposons
que dans chacune de ces
pyramides
la molécule ait une des qua- rante-huit orientationscompatibles
avec le réseaucubique
dont laposition
est définie par lepolyèdre,
et nous auronsl’exemple
d’ungroupement particulier
affectant une forme extérieure desymétrie cubique, bien que
chacune despyramides qui
constituent le grou-pement
soit réellen1entasymétrique
et manifeste cetteasymétrie
par ses
propriétés optiques.
Un tel cristal estoptiquement
carac-térisé par un
ellipsoïde
d’élasticitéunique
recevantquarante-huit
ou
plutôt, puisque
les orientations sontparallèles
entre elles deux204
à
deux, vingt-quatre
orientations différentes. Cesvingt-quatre
orientations distinctes ne sont pas d’ailleurs
quelconques ;
la théorieles
prévoit
et les définit.Au reste, ce
qu’il
y a d’essentiel dans cetteconception,
c’estl’existence
simultanée,
dans le mêmecristal,
desvingt-quatre
orientations distinctes de la
molécule,
et il n’est nullement néces- saire que chacune d’elles soit enquelque
sorteparquée
dans l’unedes
quarante-huit pyramides
que nous avonsimaginées.
On com- ,prend quelle
variété de combinaisonsrégulières
ouirrégulières
pourra nous
présenter
la nature dans la structure intérieure de cessubstances pour
lesquelles j’ai proposé
le nom depseudosymétri--
ques) et M. Tschermak celui de
mimétiques.
Structure des cristaux de boracite. - Les cristaux de boracite
ou chloroborate de
magnésie, 2(~B~O~,3MgO)-{-MgCl~, présen-
tent le mode de structure dont nous venons de faire connaître le
principe.
Cescristaux,
très faciles àdégager complètement
de lagangue de gypse et
d’anhydrite qui
lesenveloppe,
sont lesplus rigoureusement cubiques
que l’onconnaisse;
lasymétrie
et l’inci-dence des faces sont exactement celles
qui
caractérisent les sub-stances
antihémiédriques
dusystème régulier; cependant
on saitdepuis longtemps
que ces cristaux sont trèsénergiquement
biré-fring en ts .
En étudiant la structure intérieure de ces cristaux par l’examen
optique
de lames minces taillées dans des sensdifférents, j’ai
faitvoir que, si le
système
réticulaire de la boracite estrigoureusement cubique,
lasymétrie
des molécules est seulementor thorhombique.
La théorie
qui précède
montre que, dans ce cas, les orientations distinctes de la moléculequi peuvent
coexister avec une mêmeposition
du réseau sont seulement au nombre de six. Si l’on sereprésente
le dodécaèdre rhomboïdal(jig’. 2),
un cristal de boracite pourra être formé et l’observation constatequ’il
est réellementformé par le
groupement
de douzepyramides ayant
le centre poursommet commun et chacune des douze faces comme base respec- tive. Toutes ces
pyramides
ont le mêmesystème réticulaire;
s ellesne difl’èrent entre elles que par l’orientation des molécules.
Cette différence se traduit par l’orientation variable des axes de
l’ellipsoïde d’élasticité, qui
est d’ailleurs le même pour tous les205
cristaux et pour toutes les
parties
d’un même cristal. Danschaque pyramide,
legrand
axe a d’élasticitéoptique
estperpendiculaire
àla base
rhombe;
lepetit
axe cqui
est la bissectriceaiguë positive
est
parallèle
à lagrande diagonale
de cerhombe ;
l’axemoyen b
est
parallèle
à lapetite diagonale.
Leplan
des axesoptiques
estainsi normal à la base dont il contient la
grande diagonale ; l’angle
vrai des axes
optiques
est,d’après
les observations de M. Des Cloi- zeaux,égal
à83°, 6.
Il résulte de ce
qui précède qu’une
lame mincedécoupée
dansun cristal de
boracite, parallèlement
à une face ~l du dodécaèdre(~~~. 2 ~,
coupe lessept pyramides 1, 2, ~’, 3, 4, 5y 6, parmi
les-quelles
il y en adeux, 2
et2’,
dont les bases et lesellipsoïdes
d’élastici té
optique
sontparallèles
entre eux. La lameportera
doncsept plages,
délimitées comme le montre la~g~.
3 et dont deuxseulernent auront les mêmes
propriétés optiques.
Lesplages
3 et 4Fig. 2. Fig. 3.
sont
séparées
par unplan
normal à labase;
il en est de même desplages 5
et 6.Quant
auxplages 1,
2 et~~,
elles sontséparées
decelles
qui
les entourent par desplans
inclinés sur la lame. Il yaura
donc,
tout autour de cesplages,
des bandes dont lalargeur
sera d’autant
plus grande
que la lame seraplus épaisse
et dansl’intervalle
desquelles
deuxplages optiquement
différentes sesuperposent
en biseau. Ces bandes montreront donc desfranges
colorées
parallèles
à leurslongueurs.
. La
plage 1
estperpendiculaire
à la bissectricenégative
obtuseet le
plan
des axesfiguré
par lesigne
o-o estparallèle
à lagrande diagonale
du rhombe. Lesplages 2
et ‘~’ sontperpendiculaires
à labissectrice
positive aiguë
et leplan
des axes a la même direction206
que dans la
plage
1. La direction d’exuinction de laplage
3peut
être calculée enpartant
de la valeur del’angle
vrai des axes, ob- servée par 1~I. DesCloizeaux;
on trouve ainsi que cette direction fait unangle
de460,4
avec laligne
deséparation
desplages
3 et 4.Cet
angle
est très voisin de450
et il en résulte que lesplages 3
et 4s’éteignent
en mêmetemps,
mais que leurs directions d’extinctionanalogues
sontperpendiculaires
entre elles. Il en est de même pour lesplages 5
et6, puisqu’elles
sontrespectivement symé- triques
desplages
3 et 4 parrapport
au centre de lafigure qui
estla trace d’un axe binaire normal au
plan.
Ce
partage
de la lame ensept
secteursrégulièrement délimités.
comme le
représente
lafi-.
2, s’observequelquefois
très nette-ment dans les beaux cristaux de
boracite; mais,
engénéral,
lessix
plages optiquement
différen tes dont se compose la lame segroupent plus
ou moinsirrégulièrement
et suivant des lois pour la connaissancedesquelles je
suisobligé
de renvoyer au Mémoirespécial
quej’ai publié
sur cesujet (1 ).
Dans tous lescristaux, quels qu’ils soient,
les lames tailléesparallèlement
à une face du dodé- caèdre ne renferment d’ailleurs aucuneplage
dont lespropriétés optiques
ne serapportent
pas à l’une des sixplages
dela fig..
~.Il faut remarquer que la
biréfringence
de laboracite,
ne pou-van t être
attribuée a
la forme du réseauqui
estcubique,
nepeu t
avoir pour cause que ladyssymétrie
relative des molécules. Alnsise trouve
résolue,
au moins pour laboracite,
laquestion
dont sepréoccupait déjà Brewster,
de savoir si lespropriétés
de la doubleréfraction doivent être
rapportées
à la forme des molécules ou à la manière dont les centres degravité
de ces molécules sont distri-bués dans
l’espace.
Il est très vraisemblable que cequi
est vraipour la boracite l’esu aussi pour toutes les substances cristal- lisées.
NI.
Klein, professeur
àGôttingue,
arepris
et vérifié les obser- vationsque j’avais publiées (‘’)
sur la boracite. Il a crucependant pouvoir
attribuer labiréfringence
siénergique
de cette substanceà des tensions
intérieures,
du genre de cellesqu’avait imaginées
--- - - - - -- ----
(1) De l’action de la chaleur sur les cristaux cle boracite (Bulletin de la Soc. min. de France, 1882, n° G).
(2) Annales des ~~lTimes, 7e série, t. X; ~ 1876.
207
11I.
Reusch, produites
par une actionanalogue
à celle de latrempe.
Je mie contenterai ici de faire observer que cette
opinion
est abso-lumenu
incompatible
a~ ec ces deux faits incontestés :i°
Que,
dans un cristal deboracite, l’ellipsoïde
d’élasticité op-tique
estrigoureusement
le même enchaque point, quoique
avecune orientation
différente;
2~
Que
tous les cristaux de boracite ont t le mêmeellipsoïde
d’élasticité
optique.
_ACTION DE LA CHÀLEUR SUR LES CRISTAUX DE BORACITE.
Chang.el1lent
cl’o7°iej2tatzoz2 des inolécules. - En cherchant des faits propres à appuyer sonopinion,
~1. Klein a eu l’iclée heu-reuse de soumettre à l’action de la chaleur les lames de
boracite,
taillées pour l’examen
optique.
Il est
manifeste,
en effet, que si labiréfringence
de la boraciteest due à
quelque
causeanalogue
à latrempe,
l’action d’une tem-pérature
élevée doi t la détruire ou la modi fi erprofondément.
11~Z. Klein constata que l’action de la chaleur
modifie,
eneffet,
lespropriétés optiques
des lainesobservées,
et il en conclut que sonopinion
était désormaisappuyée
sur des faitsexpérimentaux
in-conte,tables. Cette conclusion fut
adoptée
parquelques-uns
desplus
éminentsminéralogistes
allemands.En
reprenant
lesexpériences
de ~’1.Klein,
dans les conditions mêmes où celles-ci avaient étéfaites, je
constataiqu’une
lamede
boracite, après
avoir été chauffée à unetempérature supérieure
à 300° ou
400°,
neprésente plus.
eneffet,
la distributionplus
oumoins
régulière
desplages optiques qu’elle présentait
avant l’actionde la
chaleur ;
maisje
constatai en outre que, mêmeaprès
cetteaction,
aucuneplage
douée depropriétés optiques
nouvellcs n’apris
naissance. Dans une lame tailléeparallèlement
à une facedodécaédrique,
parexemple,
chacun despoints
de lalame,
avantcomme
après
l’actiomcalorifique, appartient optiquement
à l’unedes six
plages
dela~~~.
2 ; tout s’est donc borné à une listi~ilJution , différente desplages. L’ellthso~’de optique
est resté le jzzco2e entous
les points J.
il est demeuré invariable deforine ;
l’orientation seule en a étémodifiée,
mais ceschangements
eux-mêmes on t étélimités étroiten1ent à ceux que la théorie
indique
commepossibles.
208
L’observation,
d’ailleurs sicurieuse,
de 31.Klein,
bien loin de démentirl’opinion
quej’avais énoncée,
en était au contraire ladérnonstration la
plus
manifeste.Interprétée convenablement,
cette observation n’en montre pas moins ce fait très surprenant, que la chaleur peut
changer
l’orientation des molécules. Telle est,en
effet, l’interprétation
nécessaire desfaits, puisque
c’est ladys- symétrie
de la moléculequi
seuleproduit
ici labiréfringence
et que l’orientation del’ellipsoïde optique
est ainsi fixée invariablement àcelle de la molécule.
Clzcz~2b~ement
desYl1zétrie
des lnolécllles. -Dilnorphislne
dela boracite. - En
répétant
lesexpériences
de NI.Klein, j’avais
observé des
phénomènes
trèssurprenants
ettemporaires,
queje
n’avais pu
parvenir
àm’expliquer.
Je fus ainsi conduit àsuivre,
sous le
microscope polarisant,
l’action de la chaleur sur une lame de boracite. Il suffit de se servir d’unmicroscope
à faiblegrossis-
sement, de manière à
pouvoir placer
la lame à une distance suffi-sante de
l’objectif.
Lepolariseur
étant aussi écarté duporte-objet,
on
place
la lame cristalline sur une lame de verrequi
repose elle- mème sur uneplaque métallique allongée, percée
d’un trou au-dessous de la lame de verre et dont on
peut
chauffer les deux extrémités par des becs Bunsen.On
peut
aussidisposer
lemicroscope
horizontalement etplacer
la
lame,
tenue verticale par unepince,
dans une étuveaplatie
pour-tant deux orifices
placés
enregard
et fermés par des lames de verre.L’étuve est assez
allongée
pourqu’on puisse
en chauffer les deux extrémités. Desthermomètres,
dont les boules sontplacées
trèsprès
de lalame, permettent
de mesurer, au moinsapproximati-
vement, la
température
de celle-ci.Prenons-en une taillée
parallèlement
à une facedodécaédrique.
La lame mlontre, dans ce cas, les
plages
’1 et 2 delafig’. 2;
les pre- mières sontperpendiculaires
auplus grand
axe d’élasticité a, les secondes auplus petit
c. Dans la lumièreblanche,
la teinte desplages
1correspond
à uneépaisseur
d’airégale à s (nc
-nb),
e étant
l’épaisseur
de lalame,
ne leplus grand
indiceprincipal
et j2~ l’indice moyen, ; la teinte des
plages 2 correspond
à uneépaisseur
d’airégale à e(/z~2013/~).
En observant entre deuxnicols croisés à
angles
droit les teintes de chacune de cesplages,
209
soit
seules,
soit doublées de lamesquart
d’onde convenablementorientées, j’ai
trouvé pour une des lamesen cent-millièmes de millimètre.
’
En
portant
cette lame dansI’étuve;
on constate que les teintes de toutes lesparties
de la lame se modifientbeaucoup
etqu’elles
baissent toutes, ce
qui
annonce que la double réfraction va en diminuant. A260°,
cette double réfraction est encore très éner-gique;
car on trouve, par l’observation des teintesqu’ont prises
lesplages
’1 et2,
Non seulement les différences ne t~~ et j2v - na ont diminué l’une et
l’autre,
mais elles se sontrapprochées
l’une del’autre ,
de sorte que le
demi-angle
vrai des axes s’estrapproché
de45°.
Les nombres
précédents
donneraient V =44~
3.Mais un
phénomène
bienplus singulier apparaît
soudaincment.Dès
qu’une partie
de la lame arrive à unetempér ature déterminée
que Ines observations fixent à un chiffre voisin de 26 ~ °
( 1 ),
cettepartie
devient subitementelle parait
donc noireentre les nicols
croisés,
blanche entre les nicolsparallèles.
Iln’y
a,sous ce
rapport,
aucune différence entre les diversesplage5, opti-
quement différente,
de la lame. Toutes deviennentuniréfringentes
en même
temps.
Si l’on metplusieurs lames,
taillées dans des sensdifférents ou
d’épaisseurs différentes,
côte à côte sur la même lamede verre,
toutes deviennentuniréfringentes
en mêmetemps,
ou du moins le trèsléger
retard de chacune d’elles est manifestement du à ce que latempérature
nécessaire ne les atteint pas toutes en mêmetemps.
Lorsque
latempérature
estpoussée
au delà de2610,
Funiré-fringence persiste.
Lorscju’on
laisse refroidir lalame, l’uniréfringence persiste jus-
( 1 ) Dans le Bulletin de la Société ntinéralogique) d’apr ès des observ ations dont
je signalais le peu de précision, j’avais donné avec doute le chiffre de 300°. Des observations nouvelles, faites par une autre mélhode et dont je parlerai plus loin,
me font penser que le chiffre que j’indique ici s’approche davantage de la vérité,
sans pouvoir être considéré lui-même comme tout à fait précis.
210
qu’à
ce que la lame revienne à latempérature
de 261°. Dès que celle-ci estatteinte,
labiréfringence réapparaît
et avec la même’
soudaineté
qu’elle
avaitdisparu précédemment.
On constate,après
cetteréapparition
de labir éfringence,
quel’ellipsoide
op-tique
n’a paschangé; l’angle
des axes est resté lemême ;
la lame .dodécaédrique possède
encore les mêmes sixespèces
deplages qu’elle possédait
antérieurement et ces sixespèces
seulement. Laconfiguration
desplages
a seule été modifiée.Il résulte de là que la
boracite, uniréfringente
et parconséquent cubique
au-dessus de~61°,
estbiréliingente
etrhombique
au-dessous.
On a donc un
exemple,
lepremier
à ce queje crois,
d’unesubstance
dimorphe,
yqui
passe d’une de ses formes àl’autre,
enun
point rigoureusement
déterminé de l’échelle destempératures,
de la même manière que l’eau passe à o° de l’état
liquide
à l’étatsolide ou inversemen t.
Il faut remarquer que ce
changement
desymétrie
dans la struc-ture cristalline est ici d’autant
plus
intéressantqu’on
enpeut
affir-mer la nature. Dans la
plupart
des substancesdimorphes,
eneffet,
ilpeut
y avoir à la foischangement
dusystème
réticulaire etchangement
dugroupement moléculaire,
sansqu’on puisse
dire sile second
changement
seproduit
ou non. Dans le casactuel,
au con-traire,
le réseau de la boracite étantrigoureusement cubique
à latempérature
ordinaire ne subit aucunchangement,
au moins danssa
symétrie.
La molécule est donc modifiée et seuleImodifiée;
à la
température ordinaire,
elle nepossède
que lasymétrie
ter-binaire ;
à261°,
cettesymétrie
faitplace
soudainetment à la sy-métrie
cubique.
°’ °’
Cette modification moléculaire doit évidemment être accolnpa-
gnée
d’une certaineabsorption
de chaleur. J’ai pu,grâce
au con-cours
qu’a
bien voulu meprêter
mon alni 1lZ. LeChâtelier,
lamettre en évidence par deux
procédés
différents.Le
premier
consiste àplacer
unpetit panier
en laiton contenantune
petite quantité
de cristaux de boracite(3gr, 25)
et la boule d’unthermomètre,
dans une étuve chauffée lentement par un bec Bunsenprécédé
d’unrégulateur.
On marque, de
degré
endegré,
la marche du thermomètre sur undisque
noirci tournant ai ec une vitesse constante. On constate,211
sans aucune
incertitude,
quel’échauffement,
d’abord trèsrégulier,
devient sllbiternent
beaucoup plus
lent àpartir
de 9-61l environ.L’ohservation
peut
être contrôlée en notant de même la marche du refroidissement.Le second
procédé
consiste à suivre les variations de la chaleurspécifique.
Nousopérions
avec un calorimètre de 31. Berthelot.Nous faisions varier la
température
enajoutant
despoids
sur lerégulateur
à gaz, et nous attendionstoujours
que latempérature, marquée
par un thermomètre à mercure, fût bien stationnaire.Voici les nombres que nous avons ohservés :
Je donne les nombres tels que nous les avons
observés ;
il faudrait lescorriger
enrapportant
lestempératures
au thermomètre à airet en tenant
compte
de ce que latige
du thermomètre n’était pas chaufféeégalement
sur toute salongueur.
Cescorrections, qui
sontd’ailleurs de
signes contraires,
sont l’une eL l’autre si incertainesque j’ai préféré
ne pas lesfaire,
pour ne pasparaître
viser à uneprécision qui
serait illusoire. Lesobservations,
tellesqu’elles
sont,ne laissent d’ailleurs aucun doute sur la marche du
phénomène.
Unsimple
coup d’ 0153illnontre que la chaleurspécifique
croît assez for-teillent
jusque
vers2490
etqu’entre 249,
et273°
l’accroissement devient subitementbeaucoup plus
cons~dérable pour redevenir très faible au-dessus de2)’30.
D’après
les donnéesqui précèdent,
la chaleur absorbée par lechangement
d’état cristallin de la boracite seraitégale
à5~, ~4
par unité depoids.
Cette chaleur serait suffisante pouraugmenter
latempérature
de23°, 4
àpartir
de celle où lechangement
d’éuau seproduit.
En faisant la correction relative à latige
duthermomètre,
de manière à avoir des
températures
certainementtrop élevées,
on212
trouverait
4cal,
53 seulement. Le vrai nombre doit se trouver com-pris
entre ces deux-là.D’après Mitscherlich,
la chaleur de transformation du soufre oc-taédrique
en soufreprismatique
estégale
à2cal, 27
et suffirait àélever de
120, 1
latempérature
du soufre.ACTION DE LA CHALEUR SUR LES CRISTAUX DE SULFATE DE POTÀSSE
Structure des cristaux de
sulfate
de potasse. - Le sulfate depotasse anhydre
cristallise dans lesystème orthorhombique,
mais il est
pseudosénaire,
carl’angle
des faces m duprisme
estégal
à120° 24’.
Les substances pourlesquelles l’angle
des faces nzest ainsi voisin de I20° se
comportent
commesi, l’angle
étantexactement de i 20°, le réseau cristallin était sénaire avec des mo-
lécules
rhombiques.
Dans ce cas,
beaucoup plus simple
que celui des substancespseudo-cubiques,
telles que laboracite.,
les cristaux sontgénérale-
ment formés par des
groupements depuis longtemps
connus.C’est ainsi que les beaux cristaux de sulfate de
potasse
sont desprimes he xagonaux,
terminés par despointements réguliers
à sixfaces ; mais,
en taillant une lame normale à l’axevertical,
on lavoit formée de six secteurs de
60°, disposés
commedans lajig’. 4.
Ces secteurs ont le même
ellipsoïde optique;
l’orientation seule Fig. 4.de cet
ellipsoïde
varie de l’un à l’autre. Dans chacund’eux,
labissectrice
aiguë positive
est normale à la lame et leplan
desaxes est
perpendiculaire
àb’,
c’est-à-dire au côté del’hexagone.
..
L’angle
vrai des axes estégal
à 66°54‘ (Des Cloizeaux).
Une lame
présente
ainsi troisespèces
deplages optiquement
distinctes. La
disposition
relative de cesplages
est soumise d’ail- .leurs à des
irrégularités analogues
à celles que nous avonsdéjà
remarquées
à propos de la boraci te.213
Clzczj2gememt
d’orientation -etelacc~2b~ej~2en t
des)//nétrie
desrt2oléczcles sous
l’influence
de la chaleur. -I)itîzotphisnie
drcsrrlfate
depotasse.
- Si l’onporte
une semblahle lame sous lemicroscope polarisant
et si on lachauffe,
on voit la teinte de cha-cun des secteurs baisser très lentement. Vers
400’,
la lame dé-crépite
fortement et se brise en menusfragments.
Si l’onprend
un de ces
fragments,
on constatequ’il
a contracté de nombreusesliéinitropies
dont lesplans, perpendiculaires
à lalame,
se croisentsous des
angles
de 30" et de 6o". Chacune desparties
limitées parun de ces
plans d’hémitropie
a lespropriétés optiques
d’une desplages
de la~b~. 4.
On constate donc que la chaleurproduit ,
dansle sulfate de
potasse
comme dans laboracite.,
unchangement
dansl’orientation des molécules.
Si l’on continue à chauffer ce
fragment
isoléqui,
engénéral,
ne
décrépite plus,
on observequ’à
unetempérature élevée,
trèsvoisine de celle de la fusion du verre, le
fragment
devient uniaxeet
prend
une teinte noire entre les nicols croisés àangle droi t,
blanche entre les nicols
parallèles.
En laissant la lame serefroidir,
la
biréfringence reparaît
subitementlorsque
latempérature
dupoint
de passage est atteinte.Ainsi,
de même que la boracite devientuniréfringente
à300°,
les deux axes
d’élastici té,
situés dans leplan
de la lame de sulfate depotasse
taillés normalement à l’axepseudosénaire,
deviennentsubitement
égaux
à unetempérature 0,
que nous essayerons de déterminerapproximativement
tou t à l’heure.Pour déterminer
quelle
esu,après
cechangelnent d’état,
la na-ture de
l’ellipsoïde d’’élasticité,
il faut recourir à l’observation d’une lame tailléeparallèlement
à l’axepseudosénaire
et norma-lement à la bissectrice
négative.
Si l’on
place,
côte àcôte,
sur leporte-objet,
une lame normaleet une lame
parallèle,
ouplutôt
desfragments
de chacune de cesdeux
lames, ayant
subi ladécrépitation qui
seprodui
t vers400~,
on
voit,
en mêmetemps
que la teinte dela lame
normale baisselentement,
celle de la lameparallèle baisser,
aucontraire,
avecune très
grande rapidité.
A une certainetempérature 8"t,
la teintede la lame
parallèle
est devenuegrise.
Au-dessus de cettetempé-
rature, la teinte de la lame
parallèle
commence à monter, mais lesigne
de la lame achangé ;
au moment où la lame normale devient214
noire,
on voit la teinte de la lameparallèle
s’élever soudainementen
passant
par toutes les couleurs duspectre,
pour s’arrêter à une teintequi
reste à peuprès fixe,
maisqui
continueraitpeut-être
à monter encore
légèrement
si les observations n’étaient pas limi- tées parl’impossibilité
d’éleverdavantage
latempérature
sansfondre la lame de verre sur
laquelle
les deux lames cristallinsreposent.
Si l’on
appelle
np l’indice suivant la direction normale à la
base p,
nh l’indice suivant la direction
perpendiculaire
àhi,
ng l’indice suivant la direction
perpendiculaire
à~-’ ,
on a, à la
température ordinaire ,
yLa teinte de la laine
parallèle
à l’axecorrespond
à uneépais-
seur d’air
égale à ~ ( ~ZP
-nh), s
étantl’épaisseur
de la lame.En
portant
la lame dansl’étuve,
onpeut,
par l’observation des teintessuccessives,
déterminerapprox.imativement
la loi des va-riations de
e(/~p2013~)?
et l’on constate que ces variations sontsensiblement
proportionnelles
à latempérature.
C’est ce
qui
résulte des observationssuivantes,
faites avec unelaine de
o~"B/{3 d’épaisseur
environ:On
peut représenter
ces observations par la formuleapproxima-
tive
e(/~2013 /~) = 152 - 0, "t ~,
qui
a servi à calculer les nombres de la deuxième colonne.215
On en déduit
D’après
cetteformule,
latempérature 6m,
pourlaquelle
l1p - nhest nul et à
partir
delaquelle
la lamechange
designe,
seraitégale à 380° (~).
Avec une lame
taillée- normalement
à l’axe on trouve, par le mêmeprocédé approximatif,
Si Fon convient arbitrairement de
regarder
rlh comme constantavec la
température,
onpeut représenter
par lediagramme
de lafig.
5 la loi des variations que subissent les indices ~2~ et t2~ sous l’induence de la chaleur. Cediagran1111c,
danslequel
lestempé-
Tig. 5.
ratures sbnt les abscisses et les
[indices
sont lesordonnées,
per-met de se rendre
comte,
y d’unsimple
coupd’oeil,
des variations considérablesqui
seproduisent
avec latempérature
dans la biré-fringence
des cristaux de sulfate depotasse.
On voit sur ce
diagramme
que ces cristaux sont biaxes pourtoutes
Iles
couleursjusque
vers 38oo. Dans les environs de cette(1) Toutes ces formules sont, bicn entendu, fort. grossières; ellcs n’ont d’autre
objet que de donner une idée plus précise de 1 marcha du phénoméne. Je cor- rige ici un certain nombre d’drreitrs compression qui sJ sont glissées dans le Mé- moire qu’a publié le Bulletin de la Soc. t~aij~~~~. ( j 1illet 1882).
216
température,
ils deviennent uniaxesnég’atifs,
successivement pour chacune des couleurs duspectre;
l’axenégatif
estperpendi-
culaire
à got.
Après
être devenus de nouveaubiaxes,
les cristauxredeviennent,
pour
chaque
couleursuccessivement,
uniaxes vers5ooo;
maisalors l’axe est
positif
etperpendiculaire
à hi.Les cristaux sont biaxes au-dessus de
5ool;
mais à unetempé-
rature que Inobservation des teintes des lames combinée avec la
loi, supposée toujours uniforme,
de la variation desindices,
per-met de fixer à 6oxo"
environ,
les cristaux deviennent subitementuniaxes,
et pour toutes les couleurs à la fois. L’axe est alors né-gatif
et normal à labase,p.
Au moment
précis
où cette uniaxes’établit,
l’indice tzp de l’axe s’abaissesubitement,
de sorte que fih - np arrive presque à tri-pler.
Labiréfringence
du cristal est ainsi considérablement accrue.Au delà de
600",
le cristal reste uniaxenégatif,
mais les obser-vations deviennent
rapidement impossibles.
En
résumé,
le sulfatede potasse qui,
à latempérature ordinaire,
est
orthorhombique,
devientrigoureusement hexagonal
vers 6oof’et reste
hexagonal
au-dessus de cettetempérature. L’analogie
estdonc
complète
avec la boracitequi
estrhombique
au-dessous de ,,~6io etcubique
au-dessus. Il y acependant
une différence : -. le réseau de la boracite estcubique
à latempérature ordinaire,
tandisqu’à
cettetempérature
celui du sulfate depotasse
est seulementtrès voisin d’être
hexagonal.
Il faut doncqu’il
seproduise
dans lesulfate de
potasse
non seulement unchangement
dans lasymétrie
de la
molécule,
mais encore une altération dusystème
réticulaire.On
peut
penser que cettealtération,
d’ailleurs trèsfaible,
estdéjà complète
au ¢moment où latempérature
duchan-emenu d’état
estobtenue,
etqu’au
moment de cechangement brusque, c’est,
commedans la
boracite,
lasymétrie
de la moléculequi
seule est trans-formée.
ACTION DE LA CHALELTR SUR LE NITRE.
On