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Compte-rendu de Petr Skrabanek, La fin de la médecine à visage humain, Paris, O. Jacob, 1995, 236 p.

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Submitted on 9 Nov 2016

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Compte-rendu de Petr Skrabanek, La fin de la médecine à visage humain, Paris, O. Jacob, 1995, 236 p.

Marc Renneville

To cite this version:

Marc Renneville. Compte-rendu de Petr Skrabanek, La fin de la médecine à visage humain, Paris, O.

Jacob, 1995, 236 p. . Bulletin critique du livre français, Edité par les soins de la Direction générale des affaires culturelles puis par l’Association pour la diffusion de la pensée française, 1996. �hal-01394673�

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Skrabanek Petr, La fin de la médecine à visage humain, Paris, O. Jacob, 1995, 236 p.

Cet ouvrage est rédigé dans un style polémique en s’inscrivant dans le prolongement de la critique de la profession faite par Ivan Illitch dans sa Némésis médicale (1975).

L’objectif ? Dénoncer la perversion (ou la perversité) des idéaux de la médecine.

Petr Skrabanek, récemment décédé, refuse comme son prédécesseur que les médecins exercent le monopole de la santé et du bien-être individuel. Le problème ne serait pas d’être pour ou contre la maladie ou la mort, résigné ou révolté, mais de prendre la mesure normative de l’hygiénisme moderne, qui tend à uniformiser les comportements individuels dans un style de vie conformiste. Pour Skrabanek, le slogan de « la santé pour tous » fonctionne comme un instrument de coercition, mû par des intérêts politiques et économiques. L’auteur, qui est médecin, dénonce ainsi l’utopie médicale de la mort indéfiniment repoussée, le refus du vieillissement et un nouveau culte de la santé, qui aurait remplacé celui de la religion. L’émergence d’un souci de soi aliéné au discours médical est en effet perceptible dans tous les domaines de la vie privée, du régime alimentaire à la sexualité. Les vecteurs du nouveau style de vie sont évoqués à travers des exemples concrets (culture physique, campagne anti-alcool, anti-tabac, anti-graisses, anti-sel etc.). Ces cas illustreraient le fait que l’individualisme contemporain s’étend à mesure que l’autonomie de l’individu recule. On note dans cette charge tout azimut un chapitre salutaire et bien documenté sur « l’obsession diététique » qui a valeur d’ordonnance pour tous ceux qui souffrent d’un régime alimentaire restrictif et contraignant. L’auteur jubile lorsqu’il recense les régimes les plus variés et les études scientifiques les plus contradictoires sur le rôle pathogène de notre alimentation. Les discours sur les origines supposées des maladies cardio-vasculaires sont révoqués en doute, de même que la substitution de la recherche des causes à celle des « facteurs de risques », qui sont désormais pris en compte par des compagnies d’assurances et de nombreuses firmes. Les méconnaissances inavouées du savoir médical contemporain sont ainsi pointées au fil des pages, sa dimension moralisatrice rejetée.

Pourquoi, demande l’auteur, la dépendance aux drogues serait une maladie, alors que l’accumulation de pouvoir ou de richesse n’en est pas une ? C’est évidemment dans le domaine de la sexualité que la collusion du discours médical avec la morale est la plus forte, et l’épidémie actuelle de sida en est un exemple flagrant. Notre médecine occidentale serait ainsi trop prescriptive et culpabilisante, elle transformerait les individus en hypocondriaques bien portants. Cette critique ne cache pas un plaidoyer pour une médecine alternative car l’auteur n’accorde aucun intérêt aux médecines traditionnelles et aux « boniments holistiques orientaux ». Il faut aussi, pour suivre l’auteur, passer sur certains raccourcis qui font comparer les prescriptions de purge du temps de Montaigne à la chimiothérapie anticancéreuse.

On peut regretter surtout que l’inégalité d’accès aux soins, dans nos sociétés mais aussi au niveau mondial, n’ait pas trouvé ici la place centrale qu’elle mérite. Malgré ces défauts, l’ouvrage est d’une lecture très agréable. La thèse de l’auteur est d’autant plus facile à comprendre qu’elle est illustrée par de nombreuses anecdotes.

Il en manque une, pourtant, car le ton de Skrabanek fait écho à ce proverbe anglais

que Churchill apprit un jour à un Maurice Mességué qui lui vantait la valeur de ses

plantes médicinales. « Une pomme chaque jour éloigne le médecin » déclara

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l’ancien premier ministre. Et d’ajouter malicieusement à l’attention du guérisseur :

« Surtout si on le vise bien ».

Compte-rendu Marc Renneville

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