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Le métro, Olivier BRIAT

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Academic year: 2021

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Le métro

Chaque jour de sa vie, toute femme et tout homme utilise le métro pour se rendre sur son lieu de travail ou pour le plaisir d’aller d’un bout à l’autre de la ville afin d’y faire des emplettes ou tout autre activité.

On s’y bouscule aux heures de pointe, on s’y ennuie un peu lorsqu’on se retrouve seul dans une rame. On lit, on discute, on observe son voisin sans ciller, on écoute en égoïste de la musique avec ses écouteurs dans les oreilles. On y rencontre parfois de singuliers personnages, des gens qui chantent pour obtenir quelque argent, des sans domicile fixe, des dragueurs, des pickpockets et aussi et surtout l’usager lambda.

Chaque jour est une aventure pour la femme et l’homme actuel et s’il sait l’heure à laquelle il part, il ignore parfois l’heure à laquelle il arrive à destination.

Il était minuit. Pierre et Caroline prirent place dans le métro. A part eux, il n'y avait personne d'autre dans la voiture. Les portes se fermèrent peu après le bref signal sonore habituel et le long train s'engagea dans la nuit du tunnel.

Il réapparut à la lumière de la prochaine station, marquant un temps d'arrêt après l'ouverture des portes.

Personne ne monta. A une telle heure, le métro était bien évidemment quasiment désert. Il reprit son évolution dans la nuit du tunnel, s'arrêta de nouveau à la prochaine station où nul ne monta pas davantage et ce, trois fois de suite.

A la cinquième station, un couple de retraités asiatiques prit place dans la voiture et le train repartit.

Il ne devait jamais plus s'arrêter.

L'arrêt qui ne fut pas marqué à la prochaine station se trouvait être celle de Pierre et Caroline. Cet incident les irrita un moment. Ils songeaient déjà à descendre à la station suivante et repartir en sens inverse. Mais voici que l'arrêt ne fut pas non plus marqué à la prochaine ni même aux suivantes ce qui causa dans la voiture un certain remue-ménage bien compréhensible.

Les asiatiques s'inquiétaient dans leur langue et Pierre et Caroline, d’abord en colère, commençaient aussi à s'inquiéter de la tournure des événements.

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2 En outre, au lieu de ralentir aux stations comme il aurait été assez normal, le train semblait augmenter toujours davantage sa vitesse. Il fuyait, traversant tour à tour le sombre tunnel ou bien une station abondamment illuminée.

Les stations défilaient tellement vite qu'il était quasiment impossible aux voyageurs d’y apercevoir une quelconque forme humaine.

Pierre et Caroline s'étaient levés tant bien que mal, se tenant aux barres métalliques du milieu de la voiture, tentant d'ignorer les fortes secousses d'un métro lancé à toute allure. Ils atteignirent la tête de la voiture, approchèrent leurs visages de la porte vitrée qui leur montrait la précédente.

Il n'y avait personne dedans, pas le moindre passager.

Ils regagnèrent difficilement leurs places assises, l'air de plus en plus contrarié.

Et le train, tel un long serpent improbable, poursuivait sa course passant alternativement de tunnel en station sans aucun espoir apparent de terminus.

Les deux couples se serraient très fort, nerveux et peu à peu paralysés par la peur. Chacun d'eux semblait voir se dérouler sa vie, de sa plus tendre enfance à aujourd’hui alors qu'il regardait défiler les stations de métro.

Les asiatiques avaient soudain fermé les yeux et, crispés, semblaient attendre la fin du cauchemar.

Mais loin de s'interrompre, leur périple dans l'inconnu de la nuit se poursuivait sans rien qui ne puisse l'arrêter. Le train avançait vers l'avenir comme fou, insensible aux souhaits des passagers. Y avait-il un but à ce voyage, une fin, un arrêt ?

Le train poursuivit longtemps, longtemps son évolution sur les sombres rails qui ne semblaient le conduire nulle part. Les scènes devenaient de plus en plus floues avec la vitesse accrue qui donnait de plus en plus le tournis aux passagers. Bientôt, tunnel et stations se confondirent ainsi que rails, intérieur de la voiture et passagers, tout se mélangeait dans la tête des voyageurs en un affreux tourbillon multicolore cauchemardesque.

On entendit alors un long cri glacé, quasiment inhumain déchirant les entrailles de la nuit tandis que le métro poursuivait, insensible, son voyage vers l'infini.

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