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(1)SINGULARITÉS À L’INFINI ET INTÉGRATION MOTIVIQUE Ce qui suit est un résumé de ma thèse

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Academic year: 2022

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SINGULARITÉS À L’INFINI ET INTÉGRATION MOTIVIQUE

Ce qui suit est un résumé de ma thèse.

1. Contexte

Soit U une variété algébrique complexe lisse et f : U → A1C une application régulière non constante. Il existe un ensemble fini minimal B, appelé ensemble de bifurcation tel que f : U \ f−1(B)→A1C\ Bsoit une fibration topologique localement triviale. L’ensemble des valeurs critiques de f est contenu dans l’ensemble de bifurcation, mais l’inclusion peut être stricte. Par exemple le polynômex(xy−1) considéré par Broughton est une fonction lisse surC2 et toutes ses fibres sont connexes exceptée celle en 0. Les valeurs de bifurcation non critiques sont dues à des "singularités à l’infini". Hà et Lê donnent une description complète de l’ensemble de bifurcation dans le cas des courbes. Précisément, une valeur a est de bifurcation si et seulement si la caractéristique d’Euler de sa fibre diffère de la caractéristique d’Euler de la fibre générique. En dimension quelconque le problème est ouvert.

De nombreuses définitions de bon comportement à l’infini ont été introduites pour les fonctions polynomiales. Broughton définit les polynômes modérés, généralisés ensuite par Némethi et Zaharia en les polynômesM-modérés, puis en les polynômes sans singularités à l’infini par Siersma et Tibăr.

Pour une large classe de polynômes contenant ceux cités ci-dessus, il existe une connexion forte entre les propriétés des singularités isolées et les propriétés de ces polynômes. La fibre générique de la fibration a par exemple, comme pour les singularités isolées, le type d’homotopie d’un bouquet de sphères de dimensiondimU−1. Parusiński et Sabbah ont enfin introduit la classe despolynômes cohomologiquement modéréspour traîter des questions cohomologiques surQ. Les différentes classes introduites ci-dessus ne se contiennent pas entre elles et on appellepolynôme faiblement modéré l’un de leurs éléments.

Les espaces de cohomologie à support compactHc f−1(t),Q

de la fibre entsont munis d’une structure de Hodge mixte naturelle. Steenbrink et Zucker puis M. Saito ont montré comment construire une structure de Hodge mixte limite lorsque t tend vers l’infini. Sabbah l’a retrouvée en considérant la transformation de Fourier sur des modules convenables sur l’anneau des opéra- teurs différentiels. En particulier si (X, i,fˆ) est une compactification lisse de f, et 1/fˆprolonge 1/f, la structure de Hodge mixte limite surHck(f−1(t),Q)s’identifie alors à la structure de Hodge mixte du i-ème groupe d’hypercohomologie à support compact Hkc( ˆf−1(∞), ψ1/fˆ(Ri!QU)) de la fibre à l’infini, à coefficients dans le faisceau des cycles proches de1/fˆévalué sur l’extension par 0 du faisceau constant surU. Le spectre de cette structure limite est un invariant du polynômef appeléspectre à l’infini, il a notamment été étudié (souvent pour la cohomologie sans support) par Brélivet, Dimca, García-López, Némethi et Sabbah.

Considérons maintenant une fonctiong:X →A1définie sur une variété algébrique lisse. Soitxun point fermé deg−1(0). En utilisant l’intégration motivique, Denef et Loeser [2] introduisent lafibre de Milnor motivique Sg,x. Cet objet appartient à un anneau de Grothendieck des variétés virtuelles munies d’une action du groupe multiplicatif Gm. Il se réalise, dans l’anneau de Grothendieck des

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structures de Hodge notéK0(SHmon), en la classe de la structure de Hodge mixte limite de la fibre de Milnor deg enx. Il permet en particulier de retrouver le spectre de Hodge-SteenbrinkSp(g, x).

Pour tout ouvert U de X, Bittner [1] grâce au théorème de factorisation faible, puis Guibert, Loeser et Merle [7] à l’aide d’arcs raisonnablement tangents au fermé complémentaire, construisent Sg,U, un analogue motivique du faisceauΨg(Ri!QU). Ils étendent ainsi la fibre de Milnor motivique en un morphisme additif défini sur tout l’anneau de Grothendieck.

2. Thèse

L’objet de ma thèse, proposée par Michel Merle, était de reconsidérer du point de vue motivique, les questions associées aux singularités à l’infini pour une fonctionf à source lisse, en considérant celle-ci comme ouvert dans une compactification. Dans tout ce qui suit je travaille sur un corps de caractéristique 0, qui est précisément C pour les questions de théorie de Hodge. J’ai effectué les travaux suivants :

Je définis unefibre de Milnor motivique à l’infini Sf,∞. Cet objet est un nouvel invariant def qui ne dépend d’aucune compactification et se réalise dans l’anneau K0(SHmon)en la classe de la structure de Hodge mixte à l’infini. En particulier cette variété virtuelle munie d’une action deGm

permet de retrouver le spectre à l’infini def.

Pour une fonction polynomialef s’annulant en 0 et non dégénérée pour son polyèdre de Newton Γ en 0, Guibert [5] calcule la fibre de Milnor motivique def au point 0, en termes du polyèdreΓ.

Ce calcul se fait sans résolution des singularités et est valable sur tout corps de caractéristique 0.

Pour f un polynôme non dégénéré pour son polyèdre de Newton à l’infiniΓ, je calcule de manière similaire, la fibre de Milnor motivique de f à l’infini, en termes de Γ. J’obtiens ainsi, une décom- position du spectre à l’infini def en termes de spectres de variétés quasi-homogènes. Ces résultats sont annoncés dans [10] et précisés dans le préprint "singularités à l’infini et intégration motivique"

[12].

Je définis pour toute valeura, unefibre de Milnor motivique "complète"Sf,aqui ne dépend pas de la compactification et qui prolonge la fibre de Milnor motivique classiqueSf−a. En particulier dans le cas d’un polynôme homogène, Sf,0 et Sf,∞ s’échangent par une inversion. Ceci me per- met de définir des cycles évanescents motiviques à l’infini et un ensemble de bifurcation motivique contenu dans un discriminant universel, obtenu en considérant toutes les compactifications et leurs log-résolutions. En particulier, je dis qu’une fonction estmotiviquement modérée si et seulement si elle n’a pas de cycles évanescents motiviques à l’infini. Cette propriété est un analogue motivique de la notion de polynôme cohomologiquement modéré de Parusiński et Sabbah. Dans ce cas là l’ensemble de bifurcation motivique est égal au discriminant du polynôme. Je montre par exemple, qu’un polynôme commode et non dégénéré pour son polyèdre de Newton à l’infini est motivique- ment modéré. Ces résultats font partis du préprint "singularités à l’infini et intégration motivique"

[12].

Soit dvariétés lisses (Ul), d morphismes non constants fl de Ul vers A1 et P un polynôme de Laurent endvariables non dégénéré pour son polyèdre de Newton à l’infini. A la manière de Guibert, Loeser et Merle dans le cas local [6], je calcule la fibre de Milnor motivique à l’infini de la composée P(f)en termes du polyèdre de Newton à l’infini de P. Si les fonctions fi sont les coordonnées de l’espace affineAd, la formule alors obtenue coïncide avec l’expression de la fibre de Milnor motivique

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à l’infini d’un polynôme non dégénéré pour son polyèdre de Newton. PourP égal à la sommex1+x2

j’obtiens une formule du type Thom-Sébastiani. Ceci me permet d’introduire une notion decycles évanescents motiviques def pour la valeur infini notéSf,∞,UΦ , qui vérifie comme dans le cas local une formule de convolution. En particulier sif est le polynômex1+...+xn+ 1/x1...xn, je montre que le spectre deSf,∞,UΦ vaut1 +t+..+tn ce qui coïncide avec le spectre à l’infini def considéré par Douai et Sabbah [3] et [4].

Ces derniers résultats forment l’article " Fibre de Milnor motivique à l’infini et composition avec un polynôme non dégénéré" [11].

Je tiens à signaler les travaux en cours de Kiyoshi Takeuchi et Yutaka Matsui [9] et [8]. Les auteurs introduisent eux aussi une fibre de Milnor motivique à l’infini à l’aide de résolutions des singularités, sans prouver toutefois l’indépendance de l’objet vis à vis de la compactification. Dans le cas d’un polynôme non dégénéré pour son polyèdre de Newton à l’infini, ils décrivent les blocs de Jordan de la monodromie à l’infini en termes du polyèdre de Newton.

Références

[1] Franziska Bittner. On motivic zeta functions and the motivic nearby fiber.Math. Z., 249(1) :63–83, 2005.

[2] Jan Denef and François Loeser. Motivic Igusa zeta functions.J. Algebraic Geom., 7(3) :505–537, 1998.

[3] A. Douai and C. Sabbah. Gauss-Manin systems, Brieskorn lattices and Frobenius structures. I.Ann. Inst.

Fourier (Grenoble), 53(4) :1055–1116, 2003.

[4] Antoine Douai and Claude Sabbah. Gauss-Manin systems, Brieskorn lattices and Frobenius structures. II. pages 1–18, 2004.

[5] Gil Guibert. Espaces d’arcs et invariants d’Alexander.Comment. Math. Helv., 77(4) :783–820, 2002.

[6] Gil Guibert, François Loeser, and Michel Merle. Nearby cycles and composition with a nondegenerate polynomial.

Int. Math. Res. Not., (31) :1873–1888, 2005.

[7] Gil Guibert, François Loeser, and Michel Merle. Iterated vanishing cycles, convolution, and a motivic analogue of a conjecture of Steenbrink.Duke Math. J., 132(3) :409–457, 2006.

[8] Yutaka Matsui and Kiyoshi Takeuchi. Monodromy at infinity of polynomial map and mixed hodge modules.

arXiv :0912.5144v5.

[9] Yutaka Matsui and Kiyoshi Takeuchi. Monodromy zeta functions at infinity, newton polyhedra and constructible sheaves.arXiv :0809.3149v7.

[10] Michel Raibaut. Fibre de Milnor motivique à l’infini.C. R. Math. Acad. Sci. Paris, 348(7-8) :419–422, 2010.

[11] Michel Raibaut. Fibre de Milnor motivique à l’infini et composition avec un polynôme non dégénéré.Annales de l’Institut Fourier, Grenoble, 61, 2011. (A paraître).

[12] Michel Raibaut. Singularités à l’infini et intégration motivique. (Soumis).

Références

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