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Les mille et une pattes de l’Île aux fl eurs

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Academic year: 2022

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Les mille et une pattes de l’Île aux fl eurs

Par Chloé Pierre et Eddy Dumbardon-Martial

Destination : la Martinique, île vol- canique des Caraïbes située dans l’arc des Petites Antilles, à environ 7 000 km de la France continentale.

Avec 70 km de long pour 12 à 30 km de large, Madinina ou encore « l’île aux fl eurs » présente une pluralité surprenante de paysages pour une si petite superfi cie. Depuis l’épo- que précolombienne, une grande partie des écosystèmes originels a largement été façonnée par les ac- tivités humaines pour aboutir à la

« mosaïque paysagère » actuelle.

Mais « l’île aux fl eurs » abrite enco- re une faune diversifi ée propre au contexte insulaire. Nous vous pro- posons donc une balade à travers différents milieux afi n de découvrir quelques insectes et autres petites bêtes de notre île.

ATTERRISSAGENOCTURNE

La première chose qui frappe le voyageur qui arrive de nuit sur l’île est l’ambiance sonore qui l’accueille à sa sortie d’avion. Des jardins aux forêts sèches et humides des mornes et montagnes, tout comme le long des routes, de mystérieux chants ac- compagnent le visiteur dès la tom- bée de la nuit.

En cherchant l’origine de ces chants, on est surpris par la grande diversité des espèces animales qui animent la végétation et les villes le soir. L’une des plus connues sur l’île est la petite Hylode de Johnstone (Eleutherodac- tylus johnstonei). Cette grenouille originaire de la Guyane, largement répandue dans toutes les Antilles, se trouve souvent dans les premiers

étages de la végétation et les milieux perturbés (naturellement ou non).

Elle s’y nourrit principalement de fourmis mais aussi d’araignées et éventuellement d’autres arthropo-

Paysage vu depuis le « Chinois » (Montagne Pelée, 1 395 m d’altitude). – Cliché Eddy Dumbardon-Martial

Hylode de Johnstone. - Cliché Francis Deknuydt

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des. Le chant des mâles est destiné à attirer les femelles. Ils rejoignent ensuite ensemble un lieu de ponte où seront déposés 10 à 30 œufs transpa- rents recouverts d’un mucus protec- teur. En sortiront, semblables à leurs parents, de minuscules grenouilles marron-gris, au dos décoré de deux chevrons foncés.

Un bon nombre d’espèces d’insectes font aussi entendre leurs chants, très différents les uns des autres, essen- tiellement des Orthoptères. Le plus remarquable de tous est l’imposante sauterelle Xerophyllopteryx marti- nicensis pouvant atteindre 12 cm de long. Elle est connue sous le nom créole très imagé de « kabrit-bwa » qui lui a été donné du fait des puis- sants « bêlements » sonores faisant penser à un cabri (nom donné aux chèvres aux Antilles) perdu dans la forêt (« bwa » pour bois en français).

Contrairement à sa stridulation si

remarquable, c’est un insecte très discret et diffi cile à observer car il chante le plus souvent perché à plu- sieurs mètres depuis un arbre géné- ralement bien feuillu.

Ce n’est pas le cas du Grillon des champs Gryllus assimilis qui n’hé- site pas à s’inviter chez vous en im- posant son chant stridulatoire carac- téristique, très aigu et quelque peu désagréable. Reconnaissable grâce à la couleur marron-jaune clair qui en- toure ses yeux et à la pubescence de son pronotum, ce grillon est visible dans les milieux ouverts et les bords de routes. Sa taille relativement importante et sa facilité d’élevage en font un concurrent potentiel du Grillon domestique (Acheta domes- tica) pour une utilisation en alimen- tation animale.

Non loin des grandes herbes qui bordent les jardins, les maisons et la lisière des forêts, les sauterelles des genres Conocephalus et Neoconoce- phalus se cachent en se confondant avec la végétation herbacée. Il en est de même pour la remarquable Microcentrum triangulatum dont la forme et l’ornementation des ailes font penser sans hésitation à une feuille verte.

Ainsi pas une nuit ne se passe sans ces chants qui vous bercent et dis-

paraissent miraculeusement au lever du jour laissant place à ceux des « Pi- pirites », Sucriers et autres oiseaux.

DULITTORALAUXMILIEUXXÉROPHILES En naviguant à proximité des côtes, on découvre la beauté contrastée du littoral où se succèdent les longues plages de sable blanc ponctuelle- ment ombragées par les cocotiers, ou de sable noir abritées entre les rochers, les hautes falaises rocheu- ses directement frappées par les va- gues, les petits îlots refuges de tran- quillité, les mangroves, berceaux tressés de racines de palétuviers, les arrières mangroves aux allures de prairies et les forêts littorales, parasols naturels pour les activités dominicales.

Accostons donc d’abord sur les plages de sable blanc de la « Trace

Mâle adulte d’un kabrit-bwa. – Cliché Eddy Dumbardon-Martial

Microcentrum triangulatum. – Cliché Eddy Dumbardon-Martial

Plage à sable blanc des Salines (Commune de Sainte-Anne). – Cliché Eddy Dumbardon-Martial Guêpe des sables creusant activement un terrier en arrière-plage

Cliché Eddy Dumbardon-Martial

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des caps », tout aussi prisées par les touristes que par les résidents.

Elles sont fréquentées par diverses espèces de guêpes qui s’attèlent du- rant une bonne partie de la journée à construire et entretenir leurs nids ou à chasser de petits arthropodes.

C’est le cas de la guêpe des sables (Stictia signata, Sphécidé) qui af- fectionne particulièrement les pla- ges du sud de l’île. Elle creuse sans relâche de petits terriers qu’elle alimente de divers insectes captu- rés qui serviront de nourriture à sa progéniture.

Les taillis et les forêts sèches sont souvent occupés par la belle

« Feuille morte » (Memphis verti- cordia luciana, Lép. Nymphalidé) à peine visible dans la végétation et qui se délecte, durant les heures les plus chaudes de la journée, des exsudats de végétaux. Les clairières et prairies sont le point de rencontre de moult papillons diurnes de cou-

leurs variées virevoltant sans cesse.

Il n’est pas rare d’observer de petits groupes de piérides (Phoebis sen- nae) se désaltérant sur les sols en- core humides ainsi que des lycènes et des hespérides en pleine activité de butinage.

Très souvent d’origine anthropique, les mares, créées pour beaucoup de- puis moins d’un demi-siècle afi n de subvenir aux besoins domestiques et agricoles, ont vu naître avec elles des myriades de libellules et demoi- selles qui ne cessent aujourd’hui de danser au-dessus de l’eau.

S’il en est un qui passe rarement inaperçu, c’est le fameux « Von- von ». Bien connu sur l’île pour sa taille (2,5 cm de long), sa couleur noire aux refl ets métalliques bleu- tés et le vrombissement audible de ses ailes lors du vol, cette abeille solitaire du genre Xylocopa est un collecteur de nectar et de pollen.

Ses fl eurs favorites sont celles des légumineuses (Fabacées et Caesal- piniacées) et des Passifl oracées.

Moins remarquables par leur taille qui ne dépasse pas 1,5 cm, de nom- breuses petites abeilles solitaires (mégachiles, halictes…) s’acti- vent frénétiquement à la récolte du pollen et du nectar de diverses plantes des plages, des forêts litto- rales et des mornes rocheux. Ces derniers, souvent d’origine volca- nique, témoignent d’un dynamisme éruptif lointain. Ils supportent une

végétation d’espèces succulentes, coriaces, poïkilohydres remar- quablement résistantes aux séche- resses les plus rudes. Loin d’être découragée par ces conditions, la mygale Acanthoscurria antillensis y a établi domicile et bien qu’elle puisse paraître discrète, il n’est pas rare de la surprendre à l’entrée d’un de ses courts terriers qu’elle prend soin de creuser sous les pierres ou sous d’immenses troncs d’arbres tombés au sol. Elle s’y tient à l’af- fût et malheur aux petits insectes et vertébrés qui se risquent à traî- ner des pattes dans les environs. Il en est pourtant un qui ose le faire ! Le grand Pompile Pepsis grossa, connu localement sous le nom de

« Mouche brûlante », remarquable

Une « Feuille morte » se nourrissant de l’exsudat d’un campêche. – Cliché Eddy Dumbardon-Martial. À droite, le Lycène Electrostymon angerona en pleine activité de butinage. – Cliché Chloé Pierre

Piérides des jardins (Phoebis sennae) Cliché Eddy Dumbardon-Martial

Erythemis vesiculosa (Libellulidé) Cliché Chloé Pierre

Ischnura ramburii (Coenagrionidé) Cliché Chloé Pierre

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par sa taille et la couleur bleu-noir métallique de son corps, passe une bonne partie des journées chaudes et ensoleillées à chercher au sol ces fameuses mygales qu’elle capturera pour nourrir ses larves.

Les milieux xérophiles sont très prisés par l’Abeille domestique.

Encouragée par les apiculteurs qui l’y installent, elle récolte le nectar de plusieurs plantes très mellifè- res caractéristiques de ces zones (campêche, Glyricidia…).

ENROUTEPOURLESMILIEUXMÉSOPHILES

Relativement bien accessibles de par leur situation (mi-pentes à bas- se altitude), les milieux mésophiles ont été largement investis par les populations humaines. Défrichées, les anciennes forêts moyennement humides font place aujourd’hui à des espaces cultivés ou urbanisés.

En sillonnant les routes, on y aper-

çoit de vastes étendues dédiées aux grandes cultures que sont la banane et la canne à sucre. Au pied des bananiers, dans l’éventuel couvert herbacé, il est possible de rencon- trer plus d’une vingtaine d’espèces de cicadelles. Observés à la loupe binoculaire, ces petits Hémiptè- res révèlent toute leur beauté. De couleur verte, Hortensia similis a la tête et le pronotum jaunes ornés de motifs noirs. De couleur paille à noire, Planicephalus fl avicosta passe d’herbe en herbe en laissant voir la bordure jaune de son aile an- térieure caractéristique de ce genre.

Le défi lé des Hémiptères se pour- suit avec le joli Pentatomidé Edessa bifi da dont le point blanc à l’extré- mité du scutellum orne, tel un bijou, sa cuticule verte à marron.

Il est toutefois diffi cile de rivaliser, en termes de déguisement, avec les phasmes (ou « chouval bon die » en créole) en forme de brindille qui se confondent aisément avec les ra- meaux des arbres. Il est plus aisé de les observer en forêt, la nuit, à la lumière d’une torche, lorsqu’ils se déplacent sur leurs plantes hô- tes pour se nourrir et se reproduire.

Ainsi, bien qu’aptères, les mâles de Paraphanocles keratosqueleton et de Clonistria, motivés par l’envie pressante de rencontrer une de leurs femelles, parcourent chaque soir de grandes distances à travers les forêts et les jardins pour assouvir leur désir.

À l’arrière des maisons, aux confi ns des jardins créoles, poussant sur un arbre ou une clôture, se trouve une liane très prisée par le papillon Bat- tus polydamas cebriones (Papilioni- dé) qui y pond ses œufs. En réalité, cette liane de la famille des Aris- tolochiacées, connue localement sous le nom de « Trèfl e-caraïbe » (Aristolochia trilobata) mobilise toute l’attention des jardiniers. Ils continuent à la planter dans un coin de leur jardin alors même qu’elle se fait manger de toutes parts par les chenilles de ce papillon. Pourquoi un tel intérêt ?

Peut-être pour avoir de quoi prépa- rer ces mixtures protectrices contre d’éventuels sortilèges (quimbois) largement utilisées autrefois dans les

En haut, Vonvon femelle en pleine activité de butinage d’une fl eur d’un « pois bâtard » (Centrosema virginianum, Fabacée). – Cliché Eddy Dumbardon-Martial. En bas, une « Mou- che brûlante » sur le point d’infl iger à sa proie (Acanthoscuria antillensis) une piqûre paralysante. – Cliché Gwenaël David

Hortensia similis. – Cliché Chloé Pierre

Edessa bifi da. – Cliché Chloé Pierre

Accouplement de Paraphanocles keratosqueleton. – Cliché Chloé Pierre

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ablutions rituelles des Kalinagos1 ? On décèle très vite son utilité en se promenant dans les marchés de la ville capitale où ce Trèfl e-ca- raïbe est vendu à l’arrière des étals.

Cette aristoloche ferait partie d’une préparation traditionnelle effi cace contre les morsures du Fer de lance Bothrops lanceolatus (serpent veni- meux endémique de l’île) en stop- pant les œdèmes infl ammatoires qui les accompagnent.

Les chenilles des Battus sont aussi depuis très longtemps utilisées dans la pharmacopée traditionnelle : el- les sont mises à macérer dans du rhum. Très populaire en Martini- que, cette préparation plutôt amère est ingérée pour prévenir diverses intoxications ou pour se remettre d’une soirée un peu trop arrosée.

Peu commun dans les taillis des fo- rêts mésophiles où pousse le « Trè- fl e-caraïbe », le papillon occupe très fréquemment les jardins. C’est à croire que le maintien de sa plante hôte pour ses usages traditionnels contribue largement à sa préserva- tion !

Dans les milieux mésophiles du nord-ouest de l’île (Carbet, Saint- Pierre et Prêcheur) qui n’ont jamais été totalement défrichés, se trouve une espèce de guêpe sociale de la famille des Vespidés très connue des Martiniquais : Polistes domi- nicus. Elle est localement appelée

« Guêpe rouge » du fait de la cou- leur rouge brique de son corps.

Les ouvrières passent la majeure partie de leur temps à entretenir les nids et à ramener entre leurs man- dibules des boulettes mâchées de chenilles dodues qu’elles ont chas- sées en parcourant les arbres et les hautes herbes bordant leur guêpier.

Les sites de nidifi cation peuvent être divers : les maisons, le creux des arbres, les rochers, les falai- ses rocheuses etc. La protection des nids contre le vent et la pluie semble être un critère déterminant

leur choix. Ainsi il n’est pas rare de les observer tout le long du litto- ral du Prêcheur où elles n’hésitent pas à nidifi er sous les ponts, les maisons des riverains, les infras- tructures publiques du bord de mer (tables, bancs, carbets…) et même les ruines d’anciennes habitations de l’Anse Céron et de l’Anse Cou- leuvre. Il est aussi agréable de les apercevoir tout le long des sentiers forestiers de la forêt humide de cette zone littorale où elles attirent l’œil du visiteur sur de belles fl eurs qu’elles butinent activement pour y récolter le nectar indispensable au développement de leurs larves.

RANDONNÉESENMILIEUXHUMIDES Prenons encore un peu de hauteur pour atteindre les forêts tropica- les humides et leurs grands arbres, fougères arborescentes, balisiers colorés ainsi que les nombreux épi- phytes et plantes parasites. Cette végétation luxuriante abrite plu- sieurs espèces endémiques que l’on

peut rencontrer en arpentant les sentiers balisés de « Grand-rivière/

Prêcheur », « Caplet/Fond Saint Denis », « Carabin/Morne Jacob » etc.

Récemment découvert dans ces lieux, Diapherodes martinicensis (Phasm. Phasmatidé) est longtemps passé inaperçu aux yeux des ento- mologistes. Remarquablement bien camoufl é dans les épais houppiers des grands arbres, ce phasme endé- mique dont la biologie est encore

Ci-dessus, Battus polydamascebriones en train de pondre et ses chenilles. – Clichés Eddy Dumbardon- Martial et Daniel Romé

Ci-dessus en haut, nid de guêpes.

En bas, Guêpe rouge transportant une chenille mastiquée entre ses mandibules. – Clichés Joseph et Eddy Dumbardon-Martial

Le « Flamme ». – Cliché Régis Delannoye Indiens caraïbes ayant migré depuis

1.

l’Amérique du Sud vers la fi n du IXe siècle.

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peu connue, est quasiment invisi- ble le jour. Le dimorphisme sexuel marqué permet de distinguer le mâle ailé de couleur brune de la fe- melle verte aux ailes vestigiales et à la tête ornée d’épines aux extrémi- tés violettes.

À l’inverse, le « Flamme » (Dryas iulia martinica, Lép. Nymphalidé), aux ailes antérieures élancées, d’une couleur rouge orangé, contraste net- tement avec le vert de la végétation de la forêt humide. D’un air pres- que curieux, il semble vous faire la visite des lieux en vous accompa- gnant par son vol gracieux le long des sentiers forestiers.

Castnia pinchoni (Lép. Cast- niidé), espèce endémique dédiée au révérend Père Robert Pinchon (1913-1980), est devenu, depuis sa description en 2003, la fi erté des lépidoptéristes de l’île. Ce papillon diurne et très discret entame en fi n de matinée quelques envolées solitai- res parmi les sentiers forestiers hu- mides semi-ombragés couverts par

les grands balisiers (Heliconia cari- baea, Heliconiacés) et les « palmis- tes montagne » (Prestoea montana, Arécacés). Son vol très vigoureux est souvent ponctué d’une pause à l’extrémité d’une branche sèche ou sur les larges feuilles luisantes des balisiers et des « malenbés » (Pi- per spp., Piperacés) sur lesquels il apprécie la douceur des quelques rayons du soleil qui parviennent à pénétrer la végétation.

L’autre fi erté des entomologistes est le célèbre « Scieur de long » (Dynastes hercules alcides, Col.

Dynastidé) qui fait partie de la caste privilégiée des plus gros Co- léoptères du monde ! Si sa corne céphalique peut atteindre 90 mm de long chez les sous-espèces des îles voisines, en Martinique elle est plutôt de taille modeste. Très discret et volant seulement une partie de l’année, on peut passer des heures et des jours à crapahu- ter sans l’apercevoir, mais il est possible de le voir venir au piège lumineux. Attention cependant : son statut d’espèce protégée inter- dit toute manipulation. Un cliché photographique suffi ra donc pour garder de bons souvenirs ! Il en est de même pour la belle « Matoutou falaise » (Avicularia versicolor), mygale arboricole endémique de l’île, dont les prélèvements abusifs pour répondre aux passions des terrariophiles ont justifi é locale- ment sa protection depuis 1995.

Parmi tous ces arthropodes en- démiques qui occupent les forêts humides, il en existe d’autres tout aussi remarquables se laissant fré- quemment observer le long des sentiers. On peut y voir les élégan- tes micropèzes (Grallipeza, Dip.

Micropezidés) portées par leurs longues pattes frêles et consacrant une bonne partie de la journée à leurs préludes copulatoires, les grands « Tak-tak » (Élatéridés), les remarquables « Bêtes à cor- nes » (Cérambycidés) à la recher- che de nourriture (fruits mûrs…) ou de sites de ponte, les colonies de « Passalides » (Passalus trine- sides, Passalidés) occupant leur galerie creusée au cœur des troncs abattus ou à moitié décomposés, et enfi n ces myriades de « Bet a fé » (lucioles) qui s’envolent au cré- puscule, « éclairant leurs âmes »2

Matoutou falaise. – Cliché Chloé Pierre Castnia pinchoni perché à l’extrémité

d’une branche sèche. – Cliché Chloé Pierre

Le célèbre Scieur de long Cliché Daniel Romé

Grallipeza sp. – Cliché Chloé Pierre Expression issue du proverbe créole 2.

« chak bet-a-fé ka kléré pou nanm-li » (lit. : chaque luciole n'éclaire que pour son âme) : chacun pour soi, Dieu pour la compagnie. Cf. www7.inra.fr/opie-insec- tes/pdf/i154fraval2.pdf

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de pleins feux tout en illuminant la forêt qui peu à peu se plonge dans la pénombre d’une nuit qui sem- blera tout aussi rythmée par le va- et-vient des insectes nocturnes.

Au-delà de 800 m d’altitude, la tête dans les nuages au sommet des pitons du Carbet ou de la cé- lèbre Montagne Pelée, l’ambiance est tout à fait particulière. Adaptée au vent et aux pluies fréquentes la végétation y est plus rase, le Cré- cré-montagne (Miconia globulife- ra), le thym et l’ananas montagne apportent leur touche colorée aux mousses, fougères et lycopodes verdoyants.

L’escalade du « Chinois » (1 395 m d’altitude environ) se termine par une sublime vue panoramique (voir en en-tête de cet article). Et en ce lieu, la montagne offre ce qu’elle a de meilleur : une mosaïque de pay- sages à ses pieds qu’elle a façon- nés suite à ses éruptions successi- ves. Sa dantesque colère péléenne du 8 mai 1902 a aussi eu raison des

Les Passalidés sont une famille de Colé- optères qui regroupe environ 600 espèces réparties dans toutes les régions tropi- cales du monde. La plupart des espèces connues ont un comportement subsocial dans lequel les adultes communiquent entre eux en émettant des signaux stridu- latoires et assurent des soins parentaux parfois complexes. Les adultes nourris- sent directement leurs larves de leurs ex- créments, de bois prédigérés ou encore d’œufs non fertiles.

Passalus trinesides. – Cliché Régis Delannoye

Nous remercions notre ami Francis Deknuydt, grand connaisseur de la faune entomologique de la Martinique, pour ses conseils qui furent très utiles à la rédaction de cet article.

Pinchon R. P., 1960.

Les sciences d’ob-

servation aux Antilles, programme de la classe de 5e. Publitex, 1re éd., Fort-de- France, 167 p.

Gruner I. & Riom J., 1977.

Insectes et

papillons des Antilles. Les Éditions du Pacifi que, Tahiti, 131 p.

Sastre C. Breuil A., 2007.

Plantes, mi-

lieux et paysages des Antilles françai- ses. Écologie, biologie, identifi cation, protection et usages. Biotope, Mèze, (Collection Parthénope), 672 pages.

Touroult, J., 2011. Insectes des Antilles

et de la Guyane : la forêt avant tout par Julien Touroult, Insectes n° 162, en ligne à www7.inra.fr/opie-insectes/pdf/

i162touroult.pdf

Liens utiles

Papillons des Antilles :

www7.inra.fr/

papillon/

Papillons de jour de Martinique :

www.

shnlh.org/ressources/pdf/entomolo- gie/dossiers%20pedagogiques/Pa- pillons%20de%20jour.pdf Forum :

//entomo-antilles.pro-forum.fr

derniers réfugiés du « rat-pilori » (Megalomys desmarestii, espèce endémique de Martinique) fuyant dans la montagne l’invasion des nouveaux arrivants venus d’outre- Atlantique (rats noirs, mangoustes, chats). Et il en a été de même pour Robopus infernus (luciole connue seulement de la Montagne Pelée) et de son découvreur, un jeune entomologiste amateur antillais, étudiant au collège de la com- mune de Saint-Pierre, qui depuis n’ont jamais donné signe de vie.

Aujourd’hui, cette montagne et

Chloé Pierre

et Eddy Dumbardon-Martial, Association Martinique Entomologie Sur Internet : www.association- martinique-entomologie.fr

Courriel : martinique.entomologie@

gmail.com Remerciements

Les auteurs

Références

Accouplement de Diapherodes martinicensis. – Cliché Chloé Pierre

tous les mornes alentours consti- tuent des habitats remarquables, indispensables à la conservation in situ de la diversité biologique de l’île. Pour cette raison, ils sont actuellement au cœur d’une dé- marche collective en vue d’une inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO.

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