• Aucun résultat trouvé

Le soin infirmier: du texte au signe et du signe au-delà du texte

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Le soin infirmier: du texte au signe et du signe au-delà du texte"

Copied!
10
0
0

Texte intégral

(1)

Book Chapter

Reference

Le soin infirmier: du texte au signe et du signe au-delà du texte

BULEA BRONCKART, Ecaterina

BULEA BRONCKART, Ecaterina. Le soin infirmier: du texte au signe et du signe au-delà du texte. In: Langage, objets enseignés et travail enseignant . Grenoble : Ellug, 2009. p.

33-46

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:37638

Disclaimer: layout of this document may differ from the published version.

1 / 1

(2)
(3)

LANGAGE, OBJETS ENSEIGNÉS ET TRAVAIL ENSEIGNANT

''agissant des entretiens, les analyses réali ées ur 1 ite H "P ont montré gue les infirmièr , 1 rsgu'clles évoquent les tâ hes observées,

rentent d' n dégager des figm·o.r d'm:tiom, en un processus caracrédsé par la difficulté d'arti ule.r trois ordres de dimensi.on , par ailleurs clai­

rement Lhématisées par Jes modèl s théol;iqu s (voir ci-dessos, p. 24):

1 actn.nt, ave les déci.rion.r d'tlction et les assompti ns de responsa/Jilité qui l'érigent en (lc/ellr; les détermillis!lle.l' de la t!ic/; gui se prés ntcnt, soit comme 1101'1/m !,é,Jérales du I:J:avail, s it c mme coutraùrtes d'rmc sitJtation d'inlar/Jimtion déterminée· le· aspects du diro11lelllent temporel et <dogiq"c»

de la tâche elle-même. e type d'analyse se.ra présenté plus en détail

dans la contribution d'Ecaterina Bulea, et montrera notamment que la construction de ces figures d'actions est clairement dépendante des modalités d'organisation discursive des réponses des interviewées, et constitue en ce sens de véritables figures discursives.

32

l

Le soin infirmier: du texte au signe et du signe au-delà du texte

Ecaterina Bulea

Introduction

La présente contribution a pout objectif général de fournir des élé­

ments de réponse à l'une des questions gui organisent cet ouvrage : comment cerner l'action dans les commentaires verbaux à propos des activités effectuées? Elle sera centrée sur l'analyse d'entretiens réalisés en milieu de travail et illustrera dès lors également une démarche métho­

dologique possible pour l' ana!Jse des données textuelles en situation.

Au plan terminologique, pour éviter les confusions liées aux diverses acceptions du terme d'«activité » (voir Bronckart, dans cet ouvrage, p. 23), nous utiliserons le terme d'agir (ou d'agir-référent; pour désigner de manière globale ou générique le niveau ontologique de l'« objet» à inter­

préter: l'agir en tant que processus dynamique spécifiquement humain, ou encore en tant que configuration de conduites individuelles médiatisées par l'activité collective. Cet agir-référent constitue à la fois le «donné » premier des observations et ce qui est «visé » par les interprétations attes­

ta bles dans les productions langagières gue constituent les entretiens.

Dans la même perspective, nous utiliserons le terme d'action au plan gnoséologique, pour désigner une forme de saisie de l'agir-référent : l'action en tant que produit de f'intnprétation langagière se caractérisant notamment par la délimitation d'<mnités praxéologiques » plus ou moins stables ; unités sans doute diverses quant à leur teneur, mais qui témoignent d'un certain principe d'organisation et d'un certain degré de cohérence. Nous exploiterons encore l'expression morphogenèse de l'action pour désigner le processus même d'engendrement des formes interprétatives, et nous considérerons que, dans le cadre global de la recherche dont nos données empiriques sont issues (voir ibid., p. 28), les entretiens constituent l'un des lieux possibles de morphogenèse de l'action, plus particulièrement susceptible de fournir des informations sut la manière dont en sont

33

(4)

LANGAGE, OBJETS ENSEIGNËS ET TRAVAIL ENSEIGNANT

construites des représentations par les actants concernés (registre, non du travail prescrit ou du travail réel, mais du travail représente).

Les données que nous allons analyser ont été recueillies sur le site hos­

pitalier et concernent plus particulièrement la partie du travail infirmier qui se concrétise en l'administration de soins: ce sont donc ces soins qui constituent l'agir-référent à interpréter. L'ensemble de la recherche conduite sur ce site a concerné trois services (médecine, chirurgie et urgences), et a y porté chaque fois sur trois soins distincts réalisés par trois infirmières différentes. Conformément au plan général adopté (voir ibid., p. 28), les données recueillies sont de trois ordres : des enregistre­

ments audio et vidéo de la réalisation des soins ; des documents produits par l'hôpital ayant trait à ces soins; des entretiens réalisés avec les infir­

mières à propos de ces mêmes soins, soit avant leur réalisation (entretiens ante), soit après (entretiens pos�. Dans les analyses qui suivent, nous nous centrerons sur un seul soin, relevant du service de médecine, la prise de constantes, et plus particulièrement encore la prise de tension lors de la tournée de l'infirmière. Nous nous limiterons en outre à l'analyse des seuls entretiens ante réalisés avec les trois infirmières concernées.

Notre démarche d'analyse repose sur une ferme prise de position théorique relative au rapport entre agir «général » (ou non verbal) et langage : toute production langagière constitue elle-mé'me une activité, un processus dynamique relevant de l' energeia socio-historique au sens de Humboldt (1835/1974), et dont la fonction est notamment, comme le soutient Habermas (1987), de « commenter » l'agir général humain, c'est-à-dire de le planifier, de le réguler et/ou de l'évaluer. Cette position implique que les conditions de déploiement de l'activité langagière et les choix inéluctables que ce déploiement requiert (choix des types de dis­

cours, des modalités de structuration temporelle, des manières de codi­

fier l'agir ou les actants, etc.), exercent nécessairement des contraintes sur le processus interprétatif, et donc ont une influence sur la teneur des figures d'actions qui en résultent.

Situations d'entretien, questions de recherche et techniques d'analyse

Il convient de relever que les deux chercheuses 1 en charge de la récolte des données sur le site hospitalier ont d'abord effectué de longs séjours

1. Il s'agit d'Isabelle Fristalon et de l'auteure de cette contribution. Pour une description plus détaillée des démarches méthodologiques ainsi que des résultats obtenus dans l'unité de chirurgie digestive, voir Bulea et Fris talon (2004) Bronckart et Bulea (2006).

34

DU TEXTE AU SIGNE ET DU SIGNE AU-DELÀ DU TEXTE

d'observation (250 heures réparties sur 5 mois) dans les trois services retenus, pour se f::unil.iar.i.ser avec ks caractéristiques du travail et des situations de soin, ct pour discuter nvec les infirmières de la probléma­

tique, des objectifs et d s con litions de réalisation de la recherche. C'est au cours de ces interactions préalables qu'ont été identifiés et les soins sur lesquels la recherche a finalement porté, et les infirmières volontaires pour la réalisation des films et des entretiens ; pour l'unité de médecine, il s'agit d'Adèle, de Chantal et de Véronique2•

Par ailleurs, lors de la phase d'enregistrement proprement dite, les chercheuses avaient déjà recueilli les documents institutionnels dits de l'entour-amont (voir ibid., p. 28) et pris connaissance des dossiers des patients concernés par les soins filmés.

Une des caractéristiques du travail infirmier en médecine est son organisation sc us fol" in · Je « touméc.:s » : toilette des patients (pour la plupart âgés et plus ou moins autonomes), distribution de médicaments, recueil de paramètr vitaux tels c1u la tension ou la température, etc. Si ces tournées présentent un caractère régulier, leur déroulement concret peut être très variable, en raison notamment des événements imprévus ou des fluctuations de l'état (y compris psychologique) des patients.

Les entretiens ante ont eu lieu dans une salle située à l'intérieur de l'unité, immédiatement avant l'enregistrement audio et vidéo du soin.

Ils ont pris la forme d'une discussion assez libre, d'une durée moyenne de 15 minutes, entre l'infirmière et les deux chercheuses, et ont fait l'objet d'un enregistrement audio. Ils étaient donc insérés dans le cours du travail des infirmières et, pour certains aspects, dans celui de l'unité de soins dans son ensemble. Dans cette situation, le rapport entre la production des entretiens et la réalisation du soin (ou entre la situation d'interaction

rbale pattant sw· Je soin et ces in lui-même) elit a.ssez compk.xc; il se cara térisc par la continuité. t.emporcll·, la pt x imité spatbùc (par rapport :lux chambres des padcnts) et la sup rp s.ition a ·tanûclle (l'lnfirmièn:

qui réalise l oin est la pre ragunlst majeure de l'entretien).

Dans le cadre de c ttc contribution, nuus nO LI ce11,b·ero.os sur deux

en etnbles de CJLICStions cl' rcch ·rche f lus spécifiques.

n.) Coii//IIC/11 Je soi11 iltjirlllil'r I'St-i/ r01tjiouré en action par les infirmières dans les enneùcns portant SLJt ce soin, avant sa réalisation? Ce qui implique d'id nùfi r:

2. Prénoms fictifs, codés dans les segments d'entretiens retranscrits par les initiales A., Ch. et V. Les initiales E. B. et I. F. renvoient aux noms des deux chercheuses, et les autres, R., P., etc., aux noms des patients.

35

(5)

LANGAGE, OBJETS ENSEIGNÉS ET TRAVAIL ENSEIGNANT

- quelles dimensions de l'agir-référent sont explicitées dans ce processus de morphogenèse actionnelle (son contexte global, le cours de son déroulement, ses résultats, ses déterminations, les propriétés de l'actant qui le réalise, etc.) ;

- à quel niveau de l'organisation textuelle ces dimensions sont-elles attes­

tables (au niveau du texte dans son ensemble, de certains segments et/

ou types de discours, etc.) ;

- quelles sont les différentes figures d'actions qui sont produites dans .

l'interprétation de l'agir-référent ou d'un de ses aspects ;

- quelle influence exercent les décisions textuelles-discursives sur la teneur même de ces figures d'actions.

b) Dans ce processus de morphogenèse, quel rôle joue le choix des sigt�es susceptibles de codifier l'agir-référent (en l'occurrence, les termes sozn, tension, etc.)? Comment s'organise le parcours isotopique de ces signes?

Quelles sont les incidences de ces choix lexicaux et de leur dynamique sur le processus global d'interprétation de l'agir par les infirmières?

La démarche d'analyse a comporté deux étapes générales.

La première a consisté en un examen de la c!Jnamique générale de l'entre­

tien. L'analyse de la distribution des tours de parole ainsi que du déploie­

ment du contenu thématique a permis de mettre en évidence deux catégories de segments : des segments d'introduction, de présentation ou d'amorce d'un thème, que nous qualifierons de segments d'orientation thématique (S01) ; des segments produits par l'interviewée en réponse

à une question ou suite à une amorce de l'intervieweuse, où le thème est effectivement traité, et que nous qualifierons de segments de traitement thématique (STT). Cette analyse a permis également d'élaborer un clas­

sement des types de SOT et des types de STT. Pour ces derniers, sur lesquels nous nous centrerons désormais, ce classement comporte les rubriques générales qui suivent.

A. Segments portant sur l'agir-référent, c'est-à-dire su� �n ou des aspects de la tâche enregistrée, et dans lesquels on peut d1st1nguer les sous-ensembles suivants :

A.1. Caractérisation de la tâche: focalisation sur la définition ou la significa�on de celle-ci.

. . . .

A.2. Evocation des déterminants pouvant mfluer sur la realisa non de la tâche.

A.3. Évocation du déroulement de la tâche.

B. Segments portant sur le travail dans le cadre de l'institution ou du service.

C. Segments portant sur la recherche en cours.

36

DU TEXTE AU SIGNE ET DU SIGNE AU-DELÀ DU TEXTE

La seconde étape a consis té en trois rype� l'analys lingtâstique des

dj ers STT: mte an alys · d la stmc/Nt'e tliscm:riu:-l•117fJore/le des segments, identifiant l'l tamm nt les types de discours qui y apparaissent, les

a."Xes de téfé.ren e t mpor:elle quj les organi!)ent (voir Bronckan., 1997,

cha p. 8), ain i que Ul disu:ibL1tion des temps des verbes; une ::tnalys des rclali01u d'agcnfÙJittf, impliquant l'identil:ic:u:.i n du réfé.ren des sujets des verbes (inErmière seule, actant in6rmier génétique ou coUectif, autre soigt�ant, patient, etc.), ell les lypes de relation prédicaûv (dJr,ect

ou mt dalisée), ct ccli des autres formes de rn lalisati.o11; une a.naly. e du sltJtut deJ' procès xprünés par les verbes, distingua 11 t les pn cès ren­

voyant au travail en général, à la tâche u S(:)in con.c rné, à des actes, des gestes, des re sources de l'actant, des déplacements; des paroles >u des p osées.

Premier mouvement des analyses: du texte au signe Les scénarios thématiques

Sur la base du classement des egments thémati�1ucs présenté ci-dessus, une première démarche a consisté à examiner le [ype d'end1aînements de thèmes qui apparaissait au cours du dér ul.ement linéaire de l'enttetien.

Enchaînements que nous avons qualifiés de scénarios, et qui se présentent comme suit pour les trois infirmières interviewées :

A.: caracrisatiou/métit:r/conditions de travail/réalisation effective/

clétermjnant� externes/préparation/ caracténsation/ réalisation effective/

n!t�li.mtioll �ffoc!illi;/ cr.lncli ti ons de travail.

Ch.: réalisation effective/ caractén'sation/ caractén'sation/ conditions de travail/ conditions de travail /conditions de travail.

V. : caractén'sationj ritllùt�tirm ofli>rh'ue/ caractérisatùm/ uzracténsation/

déterminants externcs/dét rrn.inaats ex.te.rnes/ni(}/isrlliOJt effective/ déter­

minants/ réalisation if.Jëctù,c/ carat:téJüation/métiet.

Ces trois scénarios comportent une organisation thématique variable, et leur analyse montre d'abord que la distribution des thèmes est net­

tement ituée ou conte..'l:rualisé : elle est liée à la situatioJt d'i11tcmctio11 elle-mêm , ' la dynamique de J'entretien, et ne reflète et� cien l'ordt·e

« l.ogique» t.l h.ronologique du démulemcnt du soin effectivement réa­

lisé. Ce quj con fume la n n-homologie entre <wrdr· des choses daos Je dJscours» er«ordre des ch· ses dans .le rn nde», non-homologie qui

se doubJ d'ailleu.rs d celle exi tant: entre la structure thématique des rext institutionnels (le fiches rechalques ayant trait à. ce soin) et celle;

cl s ent,retien . Les caractéristiques « ()bjectives » de l'ag.ir-référent ne 37

(6)

LANGAGE, OBJETS ENSEIGNËS ET TRAVAIL ENSEIGNANT

prédéterminent donc ni la présence ou l'absence de certains thèmes, ni l'ordre dans lequel ils sont traités, ni leur ampleur.

Elle montre ensuite que la variabilité combinatoire caractérisant chaque entretien témoigne d'un processus de construction d'tm agencemmt spécifique (propre à chaque entretien et à chaque infirmière), qui n'est que l'un des agencements possibles.

Elle révèle enfin la construction de modes divers de mise en rapport de l'agir­

référent avec des éléments contextuels et de médiatisation sociale: le soin n'est saisi ni de manière univoque ni isolément, mais il est au contraire situé :

- par rapport à des déterminants contextuels divers: type de chambre (grande, petite), type de patients, relation entre les patients, relation entre l'infirmière et le patient, etc. ;

- par rapport à l'activité collective: éléments liés aux conditions de travail, aspects ergonomiques, relationnels (notamment avec le corps médical), de coopération, etc ;

- par rapport au métier ou à la profession : statut de l'actant, son rôle, ses responsabilités, etc., soit en général, soit dans le cadre de l'unité de soins concernée.

Les figures d'actions

Une seconde démarche a consisté en l'analyse interne des segments de traitement thématique centrés sur la caractérisation du soin et sur sa réalisation effèctive (types A.1 et A.3 du classement présenté plus haut). Bien que produits en situation d'interaction, ces segments sont relativement longs, et monogérés par l'infirmière : les interventions des intervieweuses y sont rares et relèvent généralement de « faux » tours de parole (voir Kerbrat-Orecchioni, 1990).

C'est à ce niveau que nous avons pu mettre en évidence la récurrence de quatre formes interprétatives, identifiables par leurs modalités de traitement (notamment linguistiques) de l'agir-référent, et que nous avons qualifiées de figures d'action?: l'action « occurrence » ; l'action

3. Ces formes interprétatives récurrentes ont été appelées dans un premier temps «registres d'agir» (Bulea et Fris talon, 2004), puis qualifiées de «figures d'actions» (Bronckart, Bulea et Fris talon, 2004; Bronckart et Bulea, 2006). Par ailleurs, ce que nous qualifions ici d'« action occurrence» correspond à (et rem­

place) l'appellation «action située», utilisée dans les textes antérieurs.

38

DU TEXTE AU SIGNE ET DU SIGNE AU-DELÀ DU TEXTE

« expérience » ; l'action « canonique » et l'action « définition». En voici quelques exemples4•

Extrait 1: figure «occurrence» (Ch., SIT1, réalisation effective) Ch.:( .. . ) toutefafon pour madame R c'est juste heu/tension heuj j une pn:re de tension une prise de constantes/bavarder un petit peu 'auttmt ue ile vit dans une communauté où elles sont sept j sept religieliSes t ùi c'est la mère supérieure c'est le Big boss qui vient m,ifourd'hui rtiresl/rmurmtœr le médecin

�lm:sf

moi/ /j'étais pas très au cmmwt ftl penrtettra tm fJctit peu hett/J urus essayer de j de lui dire ben tiens,;' ai aperçu heujuue damcjtmtt ftl [ll.. B.: hum] voilà quoi [Extrait 2: figure« occurrence» 0/., SIT9, réalisation effective)]

V.: ( ·

.)

V

r monsieur P. ben c'est WI. peu œ qu'elles on/ dit .

lo�jilles de nuit tuliJ / d'uu côté ;a 1111 m't:nquièle as son problème respiratoire parce qu û en tl

� J ti. 1à ü

chez nous 1 p�u'.1· il a pa.wi fiualtmzent mu�

bmmojin de rzuit mu heuj !Je .faù,·pa.l' stje vaù trojJ m'attanlerr/essus pm·œque/ //je v uxpas notzplus quej /que du cou.p de reparler de t:e jJrob

l

ème respiratm're fU fétolif.lè à nouveau pan't! que Jll a éllonuéme111 de rapportl'cmgoùse

fe// le.rj jl s probmes respi'ratnti-'t!s mon­

.r-ieur Di C. henj /il a passé une bonue mât aussi appm·emnumt Extrait 3: figure «expérience» 0/., SIT2, réalisation effective)

V:��������������������

Extrait 4: figures «occurrence»+ «expérience» (A., SIT4, réalisation

effective)

A.: lll01lSiellr B. il est à tablekiotu[lirai le cherciLtJrjull·ce qu�t1 a pris son p tit déjcmze1· cu remier pour f_m1Jmtisation/lwp dnu.r la chambre/

pou li· tm sion t is a rè ''imi f_accot

fZ

a

1er à la doue/t

e�

mon­

sieu.,· C. monsieur C. c'est mt oùeau on il prt.rt il est toujours pm·

monts ct pm· vaux rtmulJ'imi 1 l'attl

tpe

r

our le jàire poser [l. P.:

l'nttrnper l':mraper au vol] (rires) ouaù on j

uiJ

j

tm même temps je regnrderui .l'On/ son attoll j'en prC!fiteraijj'cssrue de grouper le,� soins d

4. Dans ces extraits, les figures d'actions sont marquées de la manière suivante:

action «occurrence» en italique + gras; action «expérience» en souligné; action

«canonique» en italique; action «définit'ion» en gras.

39

(7)

LANGAGE, OBJETS ENSEIGNËS ET TRAVAIL ENSEIGNANT

�§/de pas rentrer sans :trrèl dans cette cham.bre p:trcc que c'est CJUllntl même 1 ur lieu cl vie j'veux dire c'est à eux el/on fait trop d'aller retour

�/ess

ayer de grouper les soins j'vewt elire pouls tension on vn à ln douche/ en même temps que je fais le pouls tension à monsieur C. je regarderai son attelle/ /ne pas les voir trente-six fois

Extrait 5: figures «définition»+ «canonique» (A., STI 1, caractérisation du soin)

A.: ben Le matin c'est le premier soin 011 rCJJin Cf/ tl)n/rul al'�' lts prt!Ùml.r car 011 f.r.rnio de lotfiom:r /e.r prendre alf ltnmr lor.rq11:ih-son/ pas oncoro lcuù

j

doo

q

/c'est vraiment le/le premier réveil o fait/donc c'est .Là où on dit bonjour on/une première prise de contact

j

don

g

bot!Jour on serre la ma

n/on demande comment s'est pass�e la

Çt ' ��·�si-cc

qu'on envisag� po11r la journee qu'est-ce qu'on envzsage po11r la toilette on c est heu ça va derouler un petit peu toute la journée en fait/c'est la prise de température du matin quelque part cette tension (rires)

Extrait 6: figures «définition»+ «canonique» (y, STT 1, caractérisation du soin)

V: ben ça dépend aussi des horaires c'est ce qu'on disait le matin à 8 h c'est vrai que c'est important parce que c'est là/c'est le premier contact de la journée en fait donc heu c'est une approche pour/ /comment s'est passée la nuit pour/

;1et oOIIIJJiq

011 doit ID11rprendr à lOI/J' /" lmJ·io11 Ids Jml.r.tlion.r 1 bon on passe tlltjH-è.r de ç/)tlfjl/e pnlicnt ;mrc� qu'il y a des patients aussi q11i sont autonomes donc là on est obligé d'aller voir tous nos patimts

!parce

que

l

c'est important pour nous de/c'est aussi une d!!mande médicale mais c'est un prétexte aussi pour entamer la journée auprès d'eux

!

donc voilà

!

ce qu'y a de particulier

L'action «occurrence"

Cette figure est nettement contextualisée (tel agent, tel patient, telle situation) et rassemble des éléments de nature différente: des gestes, des actes, des événements, des antécédents, des appréciations, etc. Ces éléments peuvent être saisis chrono-logiquement (E.2; E.4) ou non (E. 1 ), mais ils «tiennent ensemble » de par leur double situation : ils sont en adéquation mutuelle, en même temps qu'ils sont contigus à la situation d'entretien elle-même.

Au plan linguistique, cette figure est insérée dans des segments rele­

vant du discours interactif adressé: le contenu thématique y est organisé en référence aux paramètres de la situation d'entretien. L'axe de référence temporel est celui de cette même situation, et l'on observe une alternance de repérages temporels proactifs (E.4: «j'irai le chercher»), rétroactifs (E.l: «j'étais pas au courant») et isochroniques (E.4 : «monsieur B. il

40

DU TEXTE AU SIGNE ET DU SIGNE AU-DELÀ DU TEXTE

est à tai 1 ») i:nnrqu6; 1 ar les temp ·du verbe Prti�ENT, FUTIIR (s.imple ou proche), r,\ SË .< MP .11 t J.MPAJWAIT. [ill ce qui c n erne 1 ma rqu s d ngcntivité, 1 s <<jsont tr:ès fréguent, signalant la fo.rte implicati n

d l

'

infirmière et les pa tien · ·ont identifiés 1 ar 1 ur nom prop.re.

U s'agir donc d'une figure JUÏ a centue l'artlculation entre l'agen!

singuli re son c mtexte d'agi1· spécifique cl qlJi ne saisit oi les aspects

de nol'ma.lis:u.ion (généricité de la he), ni spécial men le dér ulemcnt chron -logique du soin.

L'action cc expérience>>

Cette figure se présente comme une cristallisation personnelle de multiples occurrences d'agir vécus, comme une sédimentation d'expé­

riences en regard de l'organisation générale de l'agir : il s'agit d'une action abstraite (à partir de situations singulières vécues) et en ce sens décon­

textualisée, mais qui est toujours recontextualisable. Elle se déploie en une temporalité interne élastique, combinant des éléments stables ou incontournables (E.4 : «pouls tension on va à la douche»), et des façons propres de faire (E.4: «j'essaie de grouper les soins ») qui ne tiennent pas à un contexte singulier: des choix personnels stabilisés et réapplicables à d'autres situations.

Au plan linguistique, cette figure est, comme la précédente, insérée dans des segments relevant du discours interactif adressé. Son organisation temporelle est toutefois différente: l'axe de référence est non borné, et le contenu thématique n'est dès lors pas saisi par rapport au moment de l'interaction (absence de repérages pro- ou rétroactifs) ; le temps du verbe dominant est en conséquence le PRÉSENT à valeur gnomique. En ce qui concerne les marques d'agentivité, les «je » et «on» témoignent d'une implication, soit singulière, soit collective, de l'infirmière.

Il s'agit donc d'une figure qui accentue l'articulation entre un agent singulier (identifié mais dégagé d'un contexte spécifique) avec des élé­

ments d'organisation du travail relativement stabilisés et récurrents, selon une logique propre de l'agent : la logique du soin telle que celui-ci la reconstruit dans sa pratique.

L'action cc canonique>>

Cette figure relève de la règle, de la procédure, voire de la prescription, et est acontextualisée. Elle se présente comme une forme prototypique, un modèle théorique, construit par une instance normative extérieure

à l'actant. Les actes évoqués sont juxtaposés, avec mention de leurs prémisses et/ou de leurs conséquences. Elle propose donc une sorte

41

(8)

LANGAGE, OBJETS ENSEIGNËS ET TRAVAIL ENSEIGNANT

de « logique» de la tâche elle-même, quels que soient l'actant, le patient ou la situation.

Au plan linguistique, cette figure est insérée dans des segments rele­

vant du discours théorique ou (moins souvent) du discours interactif, types qui se caractérisent par la conjonction entre les coordonnées du monde ordinaire et celle des faits relatés. Au plan temporel, l'axe de référence est cependant non borné, dégagé de la situation d'interaction, ce qui se marque par un usage quasi exclusif du PRÉSENT à valeur gnomique.

En ce qui concerne les marques d'agentivité, l'infirmière est souvent désignée par «On » (dans les extraits présentés), mais en fait cette figure se caractérise par une sorte d'indifférence pronominale (alternance des

« je », « tu » et « on»).

Il s'agit donc d'une figure qui tend à articuler un actant infirmier quelconque avec l'organisation logique et chronologique de la tâche, cette dernière étant saisie dans sa conformité aux normes générales du travail et dégagée de tout contexte particulier.

L'action «définition))

Cette figure propose une saisie de l'agir qui est non seulement acontex­

tualisée, mais qui ne thématise en outre ni les actants, ni les procès (actes, gestes) constitutifs du soin. Il s'agit d'une présentation de la nature et du

statut du soin, évoquant es camctéristiqu s s entielles et/ou spécifiques ceU s-ei n'étant organisées ni sé 1u ntieUemcnt ni hiérnrchiquem nt.

Au pl�nlingulsric.Jue, cette figtJre est insérée dans des segmentS relevanL du discom:l' lhéoriqu . L'ttxe tempo:rcl de référence esL n n b rn.é, ce glli

est marqué par un emploi dominant du PRÉSENT générique. Les phrases sont construites quasi exclusivement en une structure c'EST+ GROUPE NOMINAL(+ éventuellement un autre syntagme) ; elles ne comportent ni pronoms ni verbes dénotant des procès.

Il s'agit donc d'une figure qui tend à articuler entre eux des éléments caractéristiques de l'agir, en dehors de l'actant, des contextes et du dérou­

lement effectif du soin ; elle procède par juxtaposition et superposition, ou encore par « empilement paradigmatique>) (voir Bouchard, 2000) de dimensions disparates. Nous analyserons plus loin d'autres carac­

téristiques de cette figure présentant l'agir comme «phénomène dans le monde».

L'articulation des figures d'actions dans l'entretien

Dans la plupart des segments thématiques, on observe une alter­

nance de figures (E.4, 5, 6) ; celles-ci se construisent en se différenciant et

42

DU TEXTE AU SIGNE ET DU SIGNE AU-DELÀ DU TEXTE

« s'interprètent mutuellement», dans une sorte de tension, où l'une d'elles constitue un cadre d'interprétation pour une autre.

Au niveau de l'entretien dans son ensemble, ces figures apparaissent comme des formes transversales de traitement du contenu thématique, qui toutes saisissent l'agir-référent, mais sous un angle chaque fois déter­

miné et partiel : sa singularité, sa réitérabilité, ce qui y relève de la res­

ponsabilité de l'agent versus ce qui y relève de la normalisation collective, de l'appropriation et l'adaptation de ces normes à un contexte. Aucune de ces figures ne parvient donc à prendre en compte, à elle seule et de

manière homogène, la totalité des dimensions possibles de 1 Hgir.

n observera cncme que i 1 · choix <.les cenlrations thématiques (caractéri�ali n, réalisat·ion effective, etc.) app:m1ît c< mme indépendant d ·s dé isions cLis Llf' ·ives (un mêm thème peut être traidam des

segments relevant aussi bien du discours interactif que du récit inte­

ractif ou du discours théorique), il n'en va pas de même pour ce qui concerne le rapport entre les figures d'actions et les types de discours.

Chaque figure apparaît dans le cadre d'un type de discours privilégié, et elle se caractérise aussi par le choix d'un certain axe temporel de référence, de certains temps du verbe, d'une modalité particulière de codage des actants, etc. L'impossibilité de complétude des saisies évoquées plus haut témoigne donc aussi de l'impossibilité de traiter toutes les dimensions de l'agir en 1111 .re11/c Cltllhlllf cmrjig11mlion di.rmrsi11e ce qui confirme le rôle fondamental des che i cl types rt di.rcQm:r dan le processus interprétatif de l'agir, et cc 1ui n us c ncluit à affi.J'mer gue les figures d'actions sont aussi, fondamentalement, des figures discursives.

Second mouvement des analyses: du signe au texte

L'analyse qui suit est fondée sur 1, th ès selonJaqnelle l'interprétation

de l'agir est étroitement liée ?t la «reconstruction» elu signe même qui l codifie, à une élaboration permanente de vnleurs 1ui a.limcntenlle si.gn en tant que contenant, et construisent son contenu dans l'interaction verbale. 1è>Ute pr duction lang:tgi' re stencŒ c �mrJ!,eia (v ir Hllillboldt, 1 '35/1974), même au 1:ùvenu 1. plus élém ntairc de .la production de

si;?,nes. L s multip,les c nditions d'emploi du tcrmc «soin» tén"\ ign nL

cJ la mis eo œu re de cette (lcfit,ité si,gni}imtte, qui sd . n ln formule de

Coseriu, consiste à « dire quelque chose au sujet de quelque chose au moyen des signes de la langue » (2001, p. 39), et qui se réalise en trois

pérations simultané : l'actualisation d'un signe de la langue; l'orien­

tati n des po11111/ÙJ/ilé.r du signe vers une réalité externe ; l'adressage de

celt aclualisatioo à la fois aux autres et à soi-même.

43

(9)

LANGAGE, OBJETS ENSEIGNÉS ET TRAVAIL ENSEIGNANT

Pour mettre en évidence ces effets de la dynamique des signes, nous nous centrerons sur la figure « définition», en ce qu'elle révèle nettement que l'empilement paradigmatique qui la caractérise est simultanément : - une exploitation située d'une unité de la langue en tant que ressource : le signe «soin » y est mobilisé, et éventuellement repris sous forme ana­

phorique ;

- une succession linéaire d'orientations du signe vers l'agir-référent visé ; le signe est orienté vers la réalité extralangagière ;

- un (ré-)adressage de ces orientations aux interlocuteurs ; chaque valeur

« occurrentielle » du signe est construite en étant adressée interactive­

ment ;

- une construction de figure d'action (processus morphogénétique interprétatif) par intégration des différentes valeurs dans le même conte­

nant, le terme « soin».

Les constructions successives, par les infirmières, du signifié du signe

«soin» montrent que la complexité de l'agir-référent « soin» autorise la subsomption de ses diverses dimensions par un même terme dans la dynamique de l'entretien, comme le signe «soin» autorise une constante réorientation de sa valeur, pointant vers les aspects du travail et/ou du soin que les infirmières veulent accentuer. Et ce processus constitue une illustration du caractère actif-créatif des signes, que Saussure avait géniale­

ment mis en évidence :

Dans chaque signe existant vient donc S'INTÉGRER, se post-élaborer une valeur déterminée [ . . . ], qui n'est jamais déterminée que par l'en­

semble des signes présents ou absents au même moment ; et comme le nombre et l'aspect réciproque et relatif de ces signes changent de moment en moment d'une manière infinie, le résultat de cette activité, pour chaque signe, et pour l'ensemble, change aussi de moment en moment dans une mesure non calculable (2002, p. 88).

Sous un angle structurel, on relèvera que le terme « soin», initialement introduit par une question de l'intervieweuse, est ensuite relayé ana­

phoriquement dans la réponse d'une manière invariable (c'est, c'est, c'est . . . ), en même temps qu'il prend des valeurs diverses pointant vers des dimensions distinctes de l'agir-référent. De la sorte, cet agir-référent est décomposé en dimensions (temporelle, relationnelle, etc.) en même temps que le signe-ressource se comporte comme momentanément décomposable : tous les c'est « ne se valent pas » aux divers moments de leur profération. Mais ce même signe en tant que signe se recompose en intégrant différentes valeurs construites con textuellement et cotextuel­

lement, intégration qui ne consiste pas en une addition de ces valeurs,

44

DU TEXTE AU SIGNE ET DU SIGNE AU-DELÀ DU TEXTE

mais en leur réagencement. De même, l'agir-référent est recomposé sous la forme d'une figure d'action, qui subsume ou fait coexister simultanément les différentes dimensions pointées.

Dans ce cadre, la distance qui sépare progressivement l'occurrence

initiale dl1 terme t< ·oin.)l (« il a guai de particulic1· ce · in ?») de tous les éléments introduits dans la rér ouse de l'iofi.tJnlète par le reL-lis c'ut, est doublement géré : elie est gé1·ée par le typ� de di.rf(Jm:r t/.lé01ique lui�même, comme cadr énc nciatif 1 rivilégié d 5 définitions ; elle l'est également par

le typ d'i1118rllcfion œrbalf : m bilisé en .riMa lion dVf!tomctio!l vetb(lle oml�, l Lyp rbênriqlle ·'a lapte à ce cadre, la répétition des· c'est n'y �ppnnüssan nj omrne .redondante ni comme incoogruc (cela p( tl.rr�tit êtr 1. ·as

pour une dé.tinition de ùictionnai.re !).

Pour conclure : dynamique des signes et interprétation de l'agir

Les réflexions de Saussure ayant trait à l'unispatialité des sèmes (2002, p. 1 01-119), en regard de laquelle le réagencement évoqué plus haut constitue une illustration empirique, montrent que la temporalité est une dimension constitutive du signe, qui touche non seulement sa réali­

sation effective dans la parole ou le texte, mais sa structure même. Si

«la particularité du mot est d'être un sème colligible, mais reposant sur la succession des syllabes » qui vont toujours dans le même sens ou qui sont temporellement unidirectionnées, c'est que le signifiant juxtapose en une suite « colligible faisant un tout» la succession sonore, de telle sorte que le signe comme unité (et non pas le signifié seul), a la propriété de s'unispatialiser et de réabsorber la linéarité dans la simultanéité.

Sur cette base, on peut donc considérer que le facteur «temps » n'est pas une dimension intervenant seulement dans la profération concrète du signe, mais que le signe comme unité est, à la fois, tributaire et porteur d'une tension temporelle, générée par la coexistence en son sein du linéaire et de l'instantané (ou de l'unispatialisé). En d'autres termes, même si la linéarisation n'est manifeste que dans la textualité, le signe «n'oublie» pas pour autant la qualité linéairement temporelle du signifiant, qui demeure active au-delà et indépendamment de sa concrétisation.

Ceci se traduit notamment dans le fait que la linéarité (ou la non­

destruction de la suite colligible) se maintient comme un facteur discri­

minatif entre les sèmes dans la langue, même en dehors de leur mani­

festation discursive.

45

(10)

LANGAGE, OBJETS ENSEIGNËS ET TRAVAIL ENSEIGNANT

Mais le signe est « de sa na/11re destiné à être transmis » (Saussure, 2002, p. 220). Il ne «vit » que de son usage, par des personnes qui l'utilisent dans une certaine situation, et l'activité signifiante sous-tendant la morpho­

genèse de l'action constitue ainsi un travail du signe chez les actants, lors de l'interprétation de l'agir. Ceci nous conduit, pour clore, à une remise en question résolue de la notion de «verbalisation », que nous proposons de remplacer par celle de « co-construction signifiante». Dans l'interaction visant la saisie sémiotique et cognitive de l'agir-référent, on n'observe pas une simple mobilisation des signes pour exprimer quelque chose qui préexisterait de manière structurée et figée (que ce soit des représentations ou une structuration des objets dans le monde), mais bien un « travail avec le signe », exploitant en permanence ses propriétés dynamiques et temporelles dans la dynamique de l'interaction. C'est ce même travail qui fait émerger, processuellement et interactivement, l'action en tant qu'agir sensé, cette morphogenèse actionnelle alimentant à son tour la notion même de «soin » chez l'agent, voire le signe « soin»

dans la langue, et allant, en ce sens, au-delà du texte.

46

Les représentations du travail

dans des réunions de relève de poste en milieu industriel

Une analyse multimodale Laurent Filliettaz

Introduction

Cette contribution est consacrée à l'étude d'un lieu particulier de construction de l'agir en situation de travail, à savoir les conduites effectives des actants telles qu'elles transparaissent dans des enregistrements audio et vidéo portant sur des tâches effectivement réalisées.

À l'égard du dispositif de recherche général du groupe LAF (voir Bronckart, dans cet ouvrage, p. 28), la prise en compte de ce niveau d'analyse pose au moins deux questions :

- la première a trait aux conditions méthodologiques dans lesquelles ces conduites peuvent être recueillies, transcrites, décrites et interprétées, conditions qui apparaissent d'emblée comme remarquablement diffé­

rentes de celles qui président à l'étude des documents de l'entour-amont de l'agir et des textes d'entretiens ante et post effectués avec les actants ; - la seconde porte sur la contribution de l'étude de ces conduites effec­

tives à la construction de figures interprétatives de l'agir-référent, et plus particulièrement sur le rôle des mécanismes langagiers dans ces processus de mise en forme.

Les éléments de réponse que nous souhaitons apporter tiennent en deux thèses :

- les conduites effectives des actants ne constituent pas seulement le lieu d'un accomplissement situé de l'agir (un travail réel), mais égale­

ment l'occasion d'une construction et d'une mise en circulation de figures d'actions ou de figures interpritatives de l'agir(un travail représenté ou interprété) ; - ces figures interprétatives ne sont pas seulement élaborées par des formes verbales, mais également par des ressources sémiotiques autres, notamment gestuelles. Cette observation comporte de fait des

47

Références

Documents relatifs

Les fichiers de type texte (voir

[r]

Rastier utilisera les notions de textes et de discours au pluriel pour les situer au même niveau ontologique : par exemple, le discours littéraire est fait

Saussure localise ainsi la langue dans la partie où le lien qui associe le signifiant au signifié se détermine et se réétablit au cours du langage : « Dans le centre

49 En fait, les problèmes de la cohérence du système, de la création de symboles nouveaux, de l’émergence d’une entité originale doivent être posés dans le cadre de la

Ayant en vue plusieurs perspectives, on peut remarquer que même s’il y a toujours une relation entre texte et discours, les techniques qui conduisent au sens dans lequel le texte ou

Et ce, à cause du sens de procès dynamique ou, comme écrit Coseriu 1 , “du point de vue du langage comme ?????e?a, comme activité créative (qui va au-delà de sa propre

dolore volutp Lorem ipsum dolor sit amet, consetetur sadipscing elitr, sed diam nonumy eirmod tempor invidunt ut labore et dolore magna aliquyam erat, sed diam