Huang Yong Ping (1954-2019), Serpent d'océan
2012, aluminium, sculpture monumentale, L. : 128 m, H. : 3 m, création pérenne dans le
cadre du parcours Estuaire. Saint-Brevin-les-
Pins, Pointe de Mindin, Loire-Atlantique.
Huang Yong Ping (1954-2019)
QUELQUES DATES
- 1954 : Naît à Xiamen, Chine (côte sud-est).
- 1982 : Diplômé de l'Académie des Beaux-Arts de Hangzou. S'impose très vite comme une figure de l'avant-garde chinoise des années 1980.
- 1989 : Participe à l'exposition « Les Magiciens de la Terre » à Paris. Il reste en France pour vivre et travailler, alerté par le massacre de Tian’anmen et l’impossible expression artistique contemporaine perçue comme dissidente.
- 1999 : Représente la France à la 48ème Biennale de Venise aux côtés de Jean-Pierre Bertrand.
- Années 2000 : Plusieurs expositions importantes en France et dans le monde Création d'oeuvres monumentales.
- 2009 : Première version du serpent, Goldman Gallery, New York.
- 2012 : Création du Serpent d’Océan à St Brévin dans le cadre du parcours Estuaire.
- 2014 : Exposition « Les Mues » à la HAB Galerie, Nantes.
- 2016 : « Empires » projet pour la Monumenta, au Grand Palais, Paris.
- 2019 : Meurt à Yvry-Sur-Seine, en France, à l'âge de 65 ans.
SON TRAVAIL
- Il s’intéresse aux migrations des cultures, des peuples, aux grands mythes universels de l’humanité, aussi bien occidentaux qu’orientaux.
- Il utilise, croise, mêle ces mythes avec un engagement artistique et politique.
- Il s’attache aussi aux grandes questions environnementales. L’Homme a une puissance créative fantastique mais aussi une puissance autodestructive. Cette opposition est présente dans ses oeuvres.
- Oriental vivant en occident, il affirme dans son statut d’habitant du monde une recherche permanente de l’altérité.
Huang Yong Ping, Immigrant sans papier, 2006, installation temporaire dans le jardin du Palais
Royal, Paris.
Huang Yong Ping, Wu Zei, 2010, exposition « Méditerranée », musée
océanographique de Monaco.
Huang Yong Ping, Bugarach, 2012, Vue de l'exposition "Bugarach", Kamel Mennour,
Paris, 2012
Huang Yong Ping, Bugarach, 2012, Vues de l'exposition "Bugarach", Kamel Mennour, Paris, 2012
Le contexte de création de l’œuvre
1. Le Voyage à Nantes
Des œuvres pérennes qui créent un parcours dans la ville de Nantes
2. « Estuarium »
Des œuvres pérennes qui jalonnent le paysage tout au long
de l’estuaire de Nantes à Saint- Nazaire
Le projet : Parcours estuaire
L’estuaire : Lieu de passage entre la terre et la mer.
Lieu où la Loire se jette dans l’océan Atlantique.
Projet à l’initiative de David Moinard,
programmateur artistique d’Estuaire 3ème édition,
« le Paysage, l’Art et le Fleuve », un parcours artistique à Nantes du 15
juin au 19 août 2012.
Premier site abandonné : Plage Le Nez du Chien
Maître d’oeuvre : ARCADIS
« La mission qui nous a été confiée par Le Lieu Unique est une mission d'étude de faisabilité des fondations pour le projet de monstre marin de M. PING sur la plage au nord du lieu-dit La Grand-ville sur la commune de Saint-Brévin (44). L’objet de la présente étude consiste à envisager la faisabilité et le prédimensionnement des solutions possibles pour la réalisation du projet. (…) Il s’agit d’une structure de type squelette de monstre marin décharné s’étirant sur les rives de Loire du côté de Saint-Brévin (44). Il est composé de 154 éléments : une tête, une queue, des vertèbres et des côtes, assemblés les uns aux autres sur un linéaire de près de 110 mètres. La mise en place de cette structure nécessitera la déconstruction d’un reliquat de pêcherie existante à l’emplacement de l’oeuvre. »
Le lieu : site finalement choisi « La Pointe de Mindin »
Face au pont de Saint-Nazaire :
pont à haubans (le tablier est suspendu par des câbles, eux-mêmes étant soutenus par des pylônes) multicâbles en éventail qui enjambe l'estuaire de la Loire et relie la ville de Saint-Nazaire sur la rive droite au nord, à Saint-Brevin-les-Pins sur la rive gauche au sud.
Le pont inauguré en 1975 mesure 720 m ; l'ensemble des ouvrages, avec les viaducs d'accès, représente une longueur totale de 3 356 m, ce qui fait du pont de Saint-Nazaire le plus long pont de France.
L’œuvre : Le Serpent d’Océan
Sculpture monumentale en aluminium, 2012, L. 128 m, H. 3 m, création pérenne dans le cadre du Parcours Estuaire. Saint-Brévin-les-Pins, Pointe de Mindin, Loire-Atlantique.
https://www.youtube.com/watch?v=8DOmQt8itFQ&list=PL1lf4SuNEb6VjnGxPUUcD3WrXIEbBSfOQ&index=522
Du projet à la réalisation monumentale : processus de création
Maître d'ouvrage : Le Voyage à Nantes Maître d’œuvre : ARCADIS
Croquis de Huang Yong Ping
Réalisation d’une première maquette en
bois
Puis, réalisation d’une seconde maquette en résine à l’échelle 1/20.
Inventaire des pièces :
Réglage de l’ouverture de la tête :
Modélisation numérique des pièces :
La fabrication des pièces en aluminium (un matériau qui résiste au temps)
Technique du moulage en
aluminium - 34 pieux de diamètre 140 cm (29 pour le corps et 5 pour la tête)
- 30 tubes de diamètre 80 cm
- 1 tube horizontal diamètre 140 cm (moelle épinière)
- Analyse corrosion : durée de vie requise 20 ans
Collaboration
Tout travail de moulage d’une sculpture monumentale suppose de nombreux
assistants (mouleurs, fondeurs).
Prototype réalisé en France
Prototype à échelle 1 en polystyrène d’après modélisation 3D
Fabrication en Chine : fonte d’aluminium
L’aluminium est un métal malléable, ductile (peut être allongé, étendu, étiré sans se rompre) argenté, peu altérable à l’air ou à l’eau (ne rouille pas) et peu dense (très léger). C'est le métal le plus abondant de l'écorce terrestre. Il peut être facilement usiné et moulé (liquide à 650° / le bronze l’est à 1200°).
L’installation sur le site :
Visite du site 4 avril 2012
Installation de la tête 12-19 avril
Mise en place des autres éléments mai 2012
Analyse de l’œuvre
Huang Yong Ping (1954-2019), Serpent d'océan, 2012, Fonte d’aluminium, inox, 128 x 3 m, 284 vertèbres ; Création pérenne dans le cadre du parcours Estuaire, St Brévin-les-Pins, Pointe de Mindin, Loire-Atlantique
Dimensions et rapport à l’espace
« Cette oeuvre est-elle grande ou petite ? Si vous comparez avec une montagne ou l’océan, elle est très petite en fait, c’est une question d’échelle, de manière de voir le monde aujourd’hui. Avec la globalisation le monde est devenu petit. Mais si nous laissons notre imagination aller au-delà, le monde n’est pas si petit. » Huang Yong Ping
- Une œuvre à l’échelle du paysage - L’estuaire comme espace d’exposition - Une sculpture in situ
Le rapport au temps
Une œuvre plus ou moins immergée qui subit l’influence des marées.
Une œuvre pérenne, faite pour durer, mais qui évolue
avec le temps.
Patine du temps
Influence du paysage
La perception de l’œuvre change en fonction de la météo, des saisons, des heures
Une « vanité » : rapport à la mort / à la vie
Carstian Luycks, Memento mori, v. 1650, huile sur toile, Coll. Privée, Suisse.
Vanité : Genre pictural appliqué aux natures mortes,
mettant en contraste des éléments symbolisant d'un côté la vie, l'activité, la nature et de l'autre la mort.
La symbolique du serpent
En Asie :
- L’un des 12 signes du Zodiaque - À l’origine du dragon
- Souvent associé à l’eau
Utagawa Kuniyoshi (1797-1861), Hanagami Danjo no jo Arakage luttant contre une salamandre géante (détail), estampe sur bois
En Europe :
- le serpent de mer présent dans de nombreuses mythologies - un animal fantastique qui a effrayé des générations de marins
Dans la Bible, « le léviathan », illustration de Gustave Doré
(1865)
Mythologie scandinave,
« Jörmungand », La partie de pêche de Thor. Illustration de W.
G. Collingwood (1908).
Mythe de marins. Serpent de Mer Cap Ann (1639).
Monstre du Loch Ness
Jules Verne (1828-1905), écrivain né à Nantes
Le Serpent de mer, 1901
Au sens figuré « un serpent de mer » Signification : sujet rebattu, un cliché, information qui réapparait dans toutes les actualités.Origine : Expression française aux origines douteuses qui se baserait sur un mythe selon lequel un animal fabuleux et non identifié et dont les hypothèses de son existence vont fournir aux journaux à sensation un thème inépuisable. En effet le serpent de mer était souvent évoqué par les marins d'antan et il suscitait beaucoup de discussion quant à son existence. Comme les débats à son sujet ne trouvaient pas d'accord, il tendait à revenir dans toutes les conversations.
Utiliser l’animal pour parler de l’homme
« Depuis mon arrivée en France, je me suis intéressé à la question de l’altérité.
L’animal représente l’autre, parfois menaçant. À la vue de ce serpent avec la gueule grande ouverte, peut-être certains visiteurs auront-ils peur. On peut associer cet animal qui mue aux transformations que nous vivons. Pour moi, il s’agit plutôt de prendre du recul et de proposer une oeuvre qui renvoie à toutes les réflexions possibles sur l’organisation du monde actuel...».
HUANG YONG PING
Huang Yong Ping, Mue de serpent, 2014. Conçue sur le modèle du Serpent d'océan de Saint-Brévin et longue de 120 mètres. Vues de l’exposition « Les Mues », Galerie HAB – Hangar à Bananes, Ile de Nantes / Du 27 juin au 2 novembre 2014. (Dans le cadre du Voyage à
Huang Yong Ping, Empires, 2016, Aluminium, inox, 254 m de
long (316 vertèbres, 568 côtes, 133 tonnes), 305 containers, un bicorne géant (modèle du couvre-
chef de Napoléon), Grand Palais, Paris. Vues de l’esposition dans
le cadre de « Monumenta »
https://www.youtube.com/watch?v=LszDSV02dEw&feature=emb_logo
Bilan :
- Une œuvre de commande (réalisée pour le parcours estuaire entre Nantes et Saint-Nazaire)
- Un processus de création très long avec de nombreux intervenants - Une sculpture in situ
- Une œuvre à l’échelle du paysage (dimensions monumentales) - Une œuvre pérenne mais en constante mutation
- Interroger le rapport de l’homme face à la nature (écologie)
- Volonté de relier l’orient et l’occident (un bestiaire mythologique) - Une vanité contemporaine
- Une vision de la fin du monde (collapsologie)
Ouvertures
Joan Fontcuberta, Solenoglypha Polipopida, extrait de Fauna Secreta, 1989.
Robert Smithson, Spiral Jetty, 1970, boue, de cristaux de sel, de rochers de basalte, de bois et d'eau, 450 m de long x 4,5 m de large, Grand lac salé, Utah, USA
« Cette confrontation avec l'extérieur était très stimulante. La plupart d'entre nous étaient habitués à travailler dans un espace clos. Ainsi je fis une large spirale, un système de triangles se déroulant et qui ne pouvaient être vu que d'avion. » Robert Smithson
Earth Art /
Land Art
Christo et Jeanne-Claude – Valley Curtain (1970-71)
Christo et Jeanne-Claude – Surrounded islands Biscayne Bay (1980-83)