A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
É MILE D URAND
Les fonctions discontinues de l’électrostatique et de la magnétostatique
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 4
esérie, tome 19 (1955), p. 161-174
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LES FONCTIONS DISCONTINUES DE L’ELECTROSTATIQUE
ET DE LA MAGNÉTOSTATIQUE
par Emile DURAND
Faculté des Sciences de Toulouse 2014 Physique théorique
1.
-FORMULES GÉNÉRALES
1. DISCONTINUITÉ DE L’INTÉGRALE DE SURFACE FAISANT INTERVENIR LE GRADIENT DE
1/r.
a)
PointMo
sur lasurface S,
mais en dehors de la courbe Cqui
limite S.Considérons
l’intégrale
où r est la distance du
point
M de la surface aupoint
P de coordonnées x, y, z; r est le vecteur MP delongueur r.f(03BE,~,03B6)
est une fonction des coordonnées dupoint
M(~,
?y,~,
ne sont pas des variablesindépendantes puisqu’elles
sont reliées parl’équation
de la surfaceS).
Legradient
estpris
parrapport
auxcoordonnées x, y, z (fig. 1 ) .
FIG. 1.
162
Si l’on veut étudier la de cette
intégrale
en deux
points P~+,
etPô
situés sur la normale n. ~à lasurface,
depart
et d’autre d’unpoint Me (~o,
ondécompose
S en deuxpartie
S’ et S".On, prend
pour S’un cercle de centreMe
et derayon "
a " aussipetit qu’on
le
veut,
~S" étant le reste de la surface S.L’intégrale
relative à S" neprésente
aucune discontinuité à la traversée de S et l’on a parconséquent
T
L’intégrale J’ est
étendue à la surface du cercle et il suffit de la calculersur l’axe Oz du cercle
( f ig. 2a ) .
Comme le rayon " a " estsupposé
aussiFIG. 2.
petit qu’on
le veut et que lafonction f (~,
?y,~)
estsupposée continue,
onpeut
la faire sortir dusigne
somme avec la valeurqui correspond
aupoint M~
et il resteLa variation le
long
de Oz est donc cellequi
estindiquée
sur lafigure 2b,
avec une discontinuité
de f (Mo )
aupoint z
= 0.Au
point z
= 0lui-même,
on =0,
comme on le voit en associantles éléments
d’intégration
deux à deuxsymétriquement
parrapport
àl’origine.
Les
composantes
normales à i’axe z sonttoujours
nulles par raison desymétrie
etelles
sont parconséquent
continues. On a donc .et comme les
composantes perpendiculaires
à Oz sontcontinues,
onpeut
mettre ces relations sous la forme vectorielle
Comme
l’intégrale J
estégale
à( J’
+" ),
de(2)
et(5)
on en déduitCe sont les relations cherchées.
Si l’on avait des
intégrales analogues
à(1)
oùf
seraitremplacé
parun vecteur A
(~,
r~,~),
avecmultiplication
scalaire ouvectorielle,
soitun raisonnement tout à fait
analogue
auprécédent
conduirait aux résultatsla deuxième relation
(6)
étanttoujours
satisfaite.Exemple.
-Angle
solide souslequel,
deP,
on voit S.d’après (7)
et(9)
où A = n, on a, avec(n. n)
= 1REMARQUE. -
Tout cequi précède
concerne unpoint régulier Mo
de lasurface,
mais ilpeut
aussi y avoir despoints coniques,
des arêtes. Enun
point conique
lechamp
devientinfini.
b)
PointM.
sur la courbe Cqui
limite lasur f ace
S.Pour étudier le
comportement
del’intégrale (1)
auvoisinage du point
Mo
de S situé sur la courbe Cqui
limite lasurface,
il suffit de considérerl’intégrale
étendue à une airerectangulaire
aussipetite qu’on
le veut autour deMo ( f ig. 3), qui peut
donc être considérée commeplane.
La fonctionFIG. 3.
f (M) qui
est continuepeut
alors sortir dusigne
somme enprenant
la valeurf (M~ ) .
Il nous reste donc à étudierl’intégrale
.étendue à une
plaque rectangulaire ( f ig. 4).
Examinons d’abord cequi
seFIG. 4.
passe sur la droite Ox
passant
par le centre 0 de laplaque
etnormale,
dansson
plan,
à l’un de sescôtés.
On a alors ’Sur cette
expression (14)
on voit que c’estégal
à ± oo suivant quex = - (± ) a. La
figure
5 donne l’allure de la variation de . Onpeut
dire .FIG. 5.
qu’il n’y
a pas dediscontinuité,
mais que la valeur devient infinie sur les bords. Enfait,
dans les calculsnumériques
où l’onremplace
les dérivéespar les différences
finies,
on a une bonneapproximation
en cespoints
enécrivant que la dérive suivant Ox des deux côtés du
point M,
est continue.Examinons maintenant la
variation
lelong
de la droite Or normale à laplaque
etpassant
par son bord(fig. 6).
Pour la bande ABd’épais-
FIG. 6. -
seur
d~,
on a la mêmeexpression
queprécédemment,
d’oùQuand x -~ ~,
on a donc - ~r. On a une valeurégale
etopposée
pourx ~ 0,
cequi
fait une différence(+ ) - (-)
= - 2~r. Pour revenir àl’jntégrale (1),
il fautmultiplier (15)
par-4~r , f (ll~Ia),
d’oùEn
comparant (16)
et(6)
on voitqu’il y a le
facteurn/2
au lieu de n.La deuxième formule
(6)
n’aplus
de senspuisque 3
devient infinie.Ce
résultat,
obtenu pour laplaque rectangulaire,
est aussi valable pour le bord d’une surfacequelconque
comme celle de lafigure (3),
comme1
nous l’avons dit au début de ce
paragraphe.
2. DISCONTINUITÉ DE L’INTÉGRALE CURVILIGNE FAISANT INTERVENIR LE GRADIENT DE
Log
r. .Il
s’agit
del’intégrale
où r est la distance du
point (M (~, ~ )
aupoint
P(x, ,y)
dans leplan ( f ig. 7 ) .
FIG. 7.
- - .
r est le vecteur MP de
longueur
r etf (~, q)
est une fonction continue des coordonnées dupoint
M sur la courbeC;
legradient
estpris
parrapport
aux coordonnées x, y.. Si nous voulons étudier la discontinuité normale
de 3
depart
etd’autre d’un
point Mo,
onpeut
limiterl’intégrale
à une droite aussipetite
que l’on veut et
qui peut
parconséquent
se confondre avec l’élément dl de la courbe aupoint Mo;
la fonctionf peut
alors sortir del’intégrale
etprendre
la valeurf (Mo ) .
’
On a donc étudier
l’intégrale
qui correspond
à lafigure (8).
Elle sedécompose
en deuxintégrales qui
s’écrivent
Le calcul donne successivement
Sur
0~
on . == 0 et3~ = 2014,.2014’2014 . ~ ;
~ TT comme 0 == ?r pour ~ == 0 + eet 03B8 = 2014?r pour .r =
02014~, on peut
écrireet cette formule est
identique
à celle que nous avons obtenue pour(1 ) .
Sur uneparallèle
à Oxpassant
par l’une des extrémitésAi
ouA~
dela bande
(en Ai
parexemple)
on a al = 0 et~
devient infini commeLog
r, mais la différence en deuxpoints symé- triques
parrapport
àAi
étantnulle,
onpeut
écrire au lieu de(22)
et ceci est
identique
à la relation(16).
Comme nous l’avons
dit,
tous ces résultats obtenus pour lesegment
de droite de la
figure
8 sont encore valables pour la courbe C de lafigure
7.FIG. 8.
L’expression (23),
enparticulier,
est valable pour lespoints Al
etA~
decette courbe.
REMARQUE.
- Les résultatsprécédents
sont valables pour unpoint régulier
de la courbeC;
si Cprésente
unbrus,que changement
dedirection,
toutes les
cômposantes de J
sont infinies. On déduit cela de la valeur-
.
de J
pour les deuxportions
de droite faisant unangle 2q~ ( f ig. 9).
OnFIG. 9.
trouve en effet
On
peut
obtenir(24)
parintégration
directe ou parsuperposition
descomposantes (20). Pour Jy
on trouve un résultatanalogue
et l’on voitbien que toutes les
composantes de 3
deviennent infiniesquand
x- 0.Il.
-LES DISCONTINUITÉS DE L’ÉLECTROSTATIQUE
1. DISTRIBUTIONS SUPERFICIELLES DE CHARGES.
Le
champ électrique
de ces distributions est donné parD’après (1 ) (6)
et(16)
on en déduit les relations(27)
E.~ - E,. ==-~- n
pour unpoint M.
sur la courbe Gqui
limite S.~o ~
2REMARQUE.
- Lechamp
Eproduit par
une distributionvolumique
de
charges
entre deuxplans
- a, + a varie-en fonction de x commel’indique
lafigure
10. On a enparticulier
à
l’intérieur.
Si on passe à la limite pour obtenir une distribution super- ficielle sur leplan
x =0,
on faita -~ (1, p -~ 0
mais2ap
= r; à l’extérieurFIG. 10.
on trouve donc ±
Q/2~,, qui
est conforme à lapremière
relation(26 ) ;
mais à l’intérieur on
peut
s’attendre à toutes les valeurscomprises
entre±
~/2F~;
effectivement si on maintient x/ a constant dans le passage à la.
~imite ~ -~ 0, ~ -~ ~
on a bien l’indéterminationprévue,
Mais en
fait,
la distributionsuperficielle
ne doit pas être considéréecomme obtenue par un passage à la limite à
partir
d’une distributionvolumique;
elle a une existenceindépendante
et sonchamp
est donné parune
intégrale
desurface;
iln’y
a donc aucune indétermination deE, qui
est bien
égal
à la demi-somme des valeurs depart
et d’autre de S.Si l’on a une distribution de
charges
sur une surfacecylindrique,
lesrelations
(26) (27)
sont encore valablesd’après (17) (21) (23) puisque
Ea pour
expression
2. DISTRIBUTIONS SUPERFICIELLES DE DIPÔLES.
Le
potentiel
de ces distributions est donné parD’après (9)
un en déduitque V présente
la discontinuitéLe
potentiel-vecteur
A* est donné paret
d’après (10)
on a- > -
Quant
auxchamps
E et à l’induction B" il deviennent infinis sur Smême,
maisgardent
des valeurs finies depart
et d’autre. On a(* )
On notera que dans cette dernière formule le rotationnel
primé
estpris
sur la surface et que c’est par
conséquent
un vecteur normal.3. DISTRIBUTIONS VOLUMIQUES. ’
On sait que le
potentiel
des distributionsvolumiques
est continu àla traversée de la surface S
qui
limite le volume v. Nous allons voir que (*) Voir : E. Durant Electrostatique et Magnétostatique, Masson, éditeur, Paris, 1953.les dérivées
premières
sont aussicontinues,
maisqu’il
n’en est pas demême pour les dérivées secondes.
Le
potentiel
de la distributionoccupant
le volume( f ig. Il)
a pourFIG. 11.
expression
"
Quand
on étudie lesdiscontinuités
auvoisinage
dupoint M,
onpeut remplacer
le volume v par le volume ducylindre
hachurépris
aussipetit qu’on
le veut; onpeut
alorsfaire
sortir p del’intégrale
en lui donnant la valeurp (Mo),
d’où la nouvelleexpression
-
En
prenant
lagradient
de(35)
et tenantcompte
degrad (1/r)
= -
grad’ (1/r),
on a .... -
où S est toute la surface du
petit cylindre;
onpeut remplacer
cette dernièrepar la surface de base ab
puisque.le
reste neproduit
aucune-
"
. ’ ’ ’
en
M~;
n est alors constant et onpeut
le faire sortir del’intégrale.
En.
’ ’
multipliant
par n, il vient .On obtient donc pour la dérivée normale de
V(2)
uneintégrale analogue
à
V;.
elle est donc continue à la traversée de la surface ab.Appliquons
de nouveau(n.grad)
à(36) ;
il vientd’où,
en vertu de lapropriété (6) de a
C’est la relation cherchée
qui
donne ia valeur de la discontinuité des dérivées secondes dupotentiel
suivant la normale.Il y a aussi la discontinuité du
laplacien
deV, puisque
REMARQUE. -
Il arrive souvent que l’on se donne une fonction continuePi
(~, ~, ~)
pour la densité dans un volume et une autre fonction continue p2(~,
q,~)
pour la densité dans un autre volumecontigu (fig, 12).
On neFIG. 12.
dit rien en
général
sur la valeur que l’on se donne sur lasurface S qui sépare
vi de v2. Apriori
onpeut
se donnern’importe quelle valeur;
cepen- dant si l’on veut quel’équation
AV = - soit vérifiée aussi en toutpoint
de~,
il fautprendre
On a en effet
En
prenant
lelaplacien
des deuxmembres,
on ace
qui
est bienl’équation
dePoisson,
enprenant
la définition(40).
Ona
supposé
que P était unpoint régulier
deS,
sinon il faudrait faire intervenirl’angle
solide destangentes.
REMARQUE
2. - Pour les distributionsvolumiques cylindriques, (38)
estencore valable et se démontre à
partir
deen utilisant
(17)
et(21 ) .
III.
-LES DISCONTINUITÉS DE LA MAGNÉTOSTATIQUE
Il y a d’abord à considérer ies distributions de masses
magnétiques
etde
dipôles magnétiques;
leur étude est tout à faitanalogue
à celle des distributions decharges
et dedipôles électriques,
sauf queremplace
enet que les
grandeurs E,
p, ... sontremplacées
par lesgrandeurs
étoiléesE*, p~,
...Nous allons donc nous limiter aux distributions de courants.
1. DISTRIBUTIONS SRPERFICIELLES.
Le
potentiel-vecteur
a pourexpression
Pour étudier ses discontinuités en un
point NIo,
onpeut
se limiter àun
petit
cercle entourantMe
et faire sortir k del’intégrale
en lui donnant la valeurk (Mo),
soitEn
prenant
la dérivée normale desdeux
membres de(45),
il vient avec- > -
~/~n
:_(
n .grad )
d’où les relations
L’induction
magnétique
d’une distributionsuperficielle
s’écritD’après (10)
on a donc174
.._ 2. DISTRIBUTIONS VOLUMIQUES.
A et B sont continus à la traversée de la surf ace
qui
limite une distri-bution
volumique
decourants,
mais les dérivées de B sont discontinues.On a une
expression
tout à f aitanalogue
à(38),
soit.
2014~
De