J-L. TROCCON
INRA Station de Recherches sur la Vache Laitière
Saint-Gilles 35590
L’Hermitage
Effets de
l’alimentation hivernale des
génisses sur les performances et la longévité des
vaches.
La phase d’élevage des génisses laitières dure généralement entre 2 et 3
ans
pour
unevie productive des vaches d’environ 4
ans.Au
coursde cette
phase d’élevage, les génisses acquièrent la maturité sexuelle et
unegrande part de leur développement corporel. Le rythme de croissance peut
avoir des conséquences
surles paramètres de reproduction et
surla santé
des animaux et donc affecter la durée de leur vie productive.
Augmenter
le niveau d’alimentation desgénisses
laitières au cours de laphase
d’éle-vage stimule leur croissance et accroît leur
développement corporel jusqu’à l’âge
adulte (Crichton et al1959, 1960a,
Hansson et al 1967). Endépit
de résultats contradictoires (Crichton et al1960b,
Gardner et al1988),
un haut niveau d’alimentation avant et autour de lapuberté
conduitgénéralement
à uneréduction du
potentiel
deproduction
laitière (Hansson et al1967,
Amir et al1968,
Little etKay 1979,
Waldo et al1988, Foldager
etSejrsen
1991). Apartir
du 3ème moisd’âge
etau cours de la
période prépubère
(Sinha et Tucker 1969), les canaux mammaires s’allon-gent
et se ramifient au sein du tissuadipeux
(Jammes etDjiane
1988). A cestade,
accroîtreles
apports énergétiques
réduit cedéveloppe-
ment par suite d’une stimulation hormonale moins intense
(Serjsen
et al1983, Capuco
etal 1988) et d’une maturité sexuelle
plus pré-
coce (Troccon et Petit 1989). La mamelle contient alors moins de tissu sécréteur même
après plusieurs
lactations (Harrisson et al 1983).Au-delà de la
puberté,
un niveau d’alimen-tation élevé
augmente
laproduction
laitièredes vaches
primipares (Foldager
etSejrsen
1987). Eneffet,
lesdéveloppements
du tissusécréteur
mammaire,
du format et des réservescorporelles
desgénisses
sont accruspar un haut niveau d’alimentation. A même
âge
aupremier vêlage,
un haut niveau d’ali-mentation tout au
long
de laphase d’élevage
n’a pas d’effet (Crichton et al
1960b,
Reid et al1964),
un effetnégatif
(Hansson et al1967,
Swanson 1967) ou un effet
positif
(McMeekan 1951, cité par Burt 1956) sur laproduction
laitière.
Cependant,
lesgénisses
soumises àdes croîts faibles ou modérés ont une meilleu-
re
longévité
(Hansen etSteensberg 1950,
citéspar Burt
1956,
Reid et al1964,
Hansson et al 1967).Dans les zones de
plaine,
laplupart
desgénisses
vêlent à l’automne(Jarrige
1975).Pour réduire le coût
d’élevage
desgénisses,
ilest nécessaire d’abaisser leur
âge
aupremier Résumé -
Des
génisses
laitières de race Pie-noir nées à l’automne (n=171), destinées à unvêlage
vers 2 ans, ont reçu des niveaux alimentaires HAUT (H) ou BAS (B) au cours des 2
périodes
hivernales de leurphase d’élevage :
de la naissance à 6 mois (Hl et Bl) et entre 12 et 18 mois (H2 et B2). Dans les lots Hl et H2 les apportsénergétiques
étaientplus
éle-vés de 22 % (100 UFL) et de 49 % (400 UFL) par rapport aux lots Bl et B2. Les
gains
depoids
vif ont été de 826g/j
dans le lotHl,
696g/j
dans le lot Bl, 885g/j
dans le lot H2 et 639g/j
dans le lot B2. Les conduites estivales aupâturage
ontpermis
une croissancecompensatrice
modérée (50 à 55 %).Les traitements alimentaires n’ont pas d’effet sur les
productions
laitières par lactation.Le traitement Hl accroît la durée de vie
productive
des vaches (+ 333jours)
et les pro- ductions de lait (+ 4809kg),
de matières grasses (+ 205kg)
et de matièresprotéiques
(+ 150kg).
Les vaches de ce lotproduisent plus
de veaux (+ 0,9) et des carcassesplus
lourdes à la réforme (+ 20
kg).
Le traitement H2 limite les difficultés aupremier vêlage.
La mortalité des vaches et la
fréquence
des mammites sont moindres dans les lots Hl et H2.Sur la base de ces résultats, le
poids
vif recommandé pour desgénisses
à l’âge de 6mois
représenterait
30 % dupoids
adulte des vaches. Les objectifs pondéraux pourles génisses seraient de 60 % du poids adulte des vaches à l’insémination (15 mois) et 90 % avant le premier vêlage ( à 24 mois).
vêlage
vers 2 ans. L’étudeprésentée
dans cet article vise à mesurer les effets des vitesses de croissance hivernale au cours de lapériode d’élevage
sur la carrièreproductive
degénisses
Pie-noir dans le cas d’un
vêlage
d’automne.Cette étude s’est déroulée au Centre INRA de Theix (altitude de 850 m) avec les
génisses
issues du
troupeau
de 100 vaches laitières derace Pie-noir. Les résultats portent sur toute la carrière des vaches
jusqu’à
la réforme :croissance, production laitière, reproduction
etsanté.
1 / Conditions expérimentales
L’essai a débuté avec 171
génisses Pie-noir,
évoluant du
type européen
autype Holstein,
nées au cours des automnes 1974 à 1978 (30 à 36
génisses
par an).Cependant,
seules lesgénisses primipares
àl’âge
de 2 ans serontconsidérées dans
l’analyse.
Deux traitements
alimentaires,
HAUT (H)et BAS
(B),
ont étéappliqués :
- au cours du
premier
hiver (de la naissance àl’âge
de 6mois,
Hl et Bl pour la suite del’article,
tableau 1)puis,
- au cours du deuxième hiver (entre les
âges
de 10-12 et 16-18
mois,
H2 et B2 pour la suite del’article,
tableau 1) selon un schéma facto- riel 2 x 2, soit enquatre
lotsexpérimentaux HH, HB,
BH et BB.Les
génisses
A la
naissance,
lesgénisses
ont étéréparties
en deux groupes selon leur valeur
génétique (production
laitière et rang de lactation desmères,
indexation despères),
leur date et leurpoids
à la naissance etchaque
groupe alloué auhasard à l’un des 2 traitements (Hl ou Bl).
Avant le second
hiver,
lesgénisses
des groupes H1 d’unepart
et B1 d’autrepart
ont étéséparé-
ment
réparties
selon leur valeurgénétique,
leurâge
et leurpoids
vif en 2 sous-groupes alloués l’un au traitement H2 et l’autre au traitement B2. Lepremier hiver,
lesgénisses logeaient
par groupes de 8 à 10 têtes dans des casespaillées,
donnant accès à un parcours extérieur. Le second
hiver, chaque
case de 6génisses dispo-
sait de 25 mL d’aire
paillée
fermée.Les traitements alimentaires ont fait varier les apports
d’énergie
nette (Vermorel 1989) de455 (Bl) à 555 UFL (Hl) au cours du
premier
hiver (+ 22 %) et de 815 (B2) à 1215 UFL (H2)au cours du second (+ 49 %).
Ainsi,
lesgénisses
du lot HH ont reçu au total 500 UFL de
plus
(+ 39 %) que les
génisses
du lot BB au cours des 2périodes
hivernales de laphase d’élevage.
La
première
mise à l’herbe a été échelonnéedans le
temps
pour intervenir versl’âge
de 6mois mais toutes les
génisses
sont rentréessimultanément en fin de saison. A la deuxième mise à
l’herbe,
elles sont sorties ensemble sanstransition alimentaire et ont
disposé
d’uneherbe abondante sur des surfaces
progressive-
ment très
élargies.
Elles sont rentrées en sta-bulation 3 semaines avant la date
présumée
du
vêlage
(tableau 1).Les vaches
L’hiver,
les vaches ont reçu del’ensilage
demaïs à
volonté, complémenté
par unequantité
limitée d’aliment concentré(céréales, pulpe
debetteraves,
tourteaux) en fonction de la pro- duction laitière. Les différences depoids
vifdes vaches n’ont pas été
prises
en compte maisun
apport supplémentaire
d’aliment concentré(0,7
UFL parjour)
était réalisé pour le besoin de croissance des vachesprimipares
(Trocconet al 1979). Afin d’en limiter la distribution en
salle de
traite, l’aliment
concentré était en par- tieapporté
àl’auge
aux vachesprimipares,
lematin,
enmélange
àl’ensilage
de maïs. Laration hivernale des vaches adultes était
mélangée
dansl’auge.
Les vaches
primipares
étaientréparties
en2 groupes d’alimentation selon la date
présu-
mée de
vêlage
etlogeaient
en stabulation libre àlogettes
sanspaille.
Les vaches adulteslogeaient
en stabulation entravéepaillée.
D’avril à
octobre,
un seultroupeau
regroupant les vachesprimipares
etmultipares pâturait
en rotation des
prairies temporaires
de ray- grassanglais
modérément fertilisées.Reproduction
La mise à la
reproduction
desgénisses
et dela
plupart
des vaches intervenaitaprès
la syn- chronisation descycles
sexuels par le traite- mentSyncro-Mate
B (tableau 1). Les insémina- tions desgénisses
et des vaches débutaient enjanvier
dechaque année,
mais 45jours
aumoins
après
laprécédente
mise bas. Un dia-gnostic précoce
denon-gestation (dosage
de laprogestérone plasmatique
21jours après
l’insé- mination) étaitsystématique
etpermettait
uneéventuelle nouvelle induction d’oestrus par une
injection
deprostaglandines. Ensuite,
lesgénisses
et les vaches étaient inséminées sur les chaleurs naturellesobservées, jusqu’à
la fin dumois de mars pour les
génisses
et du mois dejuin
pour les vaches. Lesgénisses non-gestantes âgées
de 18 mois étaient à nouveau mises à lareproduction
l’année suivante et les vaches videsgénéralement
réformées. Unreproducteur
était choisi
chaque
année pour lesgénisses
afind’obtenir des veaux d’un
poids
réduit à la nais-sance et limiter les difficultés de
vêlage.
Mesures et contrôles
La mesure des
quantités
offertes et refuséesétait
quotidienne :
individuelle pour l’aliment d’allaitement et collective pour les aliments concentrés et lesfourrages.
Elle était réaliséesur la base de la matière
sèche, corrigée
dansle cas des
ensilages
pour les pertes à l’étuve deproduits
volatils. Lespesées
desgénisses
étaient bimensuelles
jusqu’à l’âge
de 18 moispuis
mensuelles au cours du deuxièmepâtura-
ge mais hebdomadaires pour les vaches.
Le lait de
chaque
vache a étépesé
à chacu-ne des 2 traites
journalières.
Il a été échan-tillonné, après homogénéisation,
3jours
par semaine àchaque
traite pour la détermination des tauxbutyreux
etprotéique.
Le tarissement des vaches intervenait 2 mois avant la dateprésumée
duvêlage
suivant. Les vachers ontenregistré
les évènements liés à lareproduc-
tion et ont codé a
posteriori
les troubles sani- taires àpartir
des observationsconsignées
lorsde la survenue de tout
épisode pathologique.
Ces codes normalisés concernent 5 types d’af- fections touchant le
système respiratoire,
lesmembres, l’appareil digestif,
la mamelle etl’appareil uro-génital.
Cescodages
neprécisent
pas la
gravité
de l’affection.Analyses statistiques
Les
performances
individuelles desgénisses
ayant vêlé à 2 ans ont été traitées :- par
analyse
de variance(procédure
GLMde SAS 1987) pour les
paramètres
deproduc-
tion
(poids vif, gain
depoids vif, productions
delait et de
matières, poids
des veaux à la nais- sance) ;- par
analyse
defréquence (procédure FREQ
-
option CHISQ -
de SAS 1987) pour les para- mètres dereproduction,
de santé et deréforme ;
- par
analyse
de survie(procédure
LIFE-REG de SAS 1987) pour l’évolution avec le
temps
de l’effectif de vaches.Les termes
principaux
des modèles sont les traitements alimentaires au cours des 2 hivers de laphase d’élevage
(2 niveaux chacun) etl’année de naissance (5 niveaux).
Lorsqu’elles s’imposaient,
d’autres variables ou covariables étaient associées aux modèles.2 / Résultats
__!____ _____!!2.
1
/ Croissance jusqu’au premier vêlage
Le
gain
depoids
vif desgénisses
du lot Hl (826g/j)
estplus
élevé que celui desgénisses
du lot Bl (696
g/j,
tableau 1). Lepoids
vif àl’âge
de 6 mois est ainsi accru de23,0 kg
(tableau 2). L’étésuivant,
lesgénisses
du lotHl réalisent une croissance
légèrement
infé-rieure (- 53
g/j)
à celle desgénisses
du lot Bl (tableau 1). Al’âge
de 1 an, l’écart entre lestraitements Hl et Bl est encore de
16,5 kg.
Lacompensation globale
aupâturage
n’a été que de 30 % (tableau 2).Cependant,
celle-ci s’estpoursuivie
en deuxième saison depâturage
pour atteindre 52 % au
premier vêlage.
La pre-mière mise à l’herbe n’affecte pas la courbe de croissance des
génisses
sans doute par suite desimportantes précautions prises (figure
la).Le
gain
depoids
vif hivernal desgénisses
du lot H2 (885g/j)
estplus
élevé que celui desgénisses
du lot B2 (639g/j,
tableau 1). Leurpoids
vif avant la 2ème mise à l’herbe est ainsiaccru de
32,3 kg.
Durant la seconde saison depâturage,
lesgénisses
soumises au traitementH2 réalisent un
gain
depoids
vif inférieur de 122g/j
à celui desgénisses
B2. Aupremier vêlage,
l’écart entre les traitements H2 et B2 est réduit à 15kg (P<0,02).
La croissance com-pensatrice globale
à l’herbe desgénisses
B2 aatteint 55 % (tableau 2). La seconde mise à l’herbe affecte notablement la courbe de crois-
sance des
génisses (figure
lb).Il n’est pas apparu d’interaction
significative
entre les traitements alimentaires du
premier
et du second
hivernage
sur la croissance desgénisses (figure
lc). Al’âge
de 18mois,
l’écart depoids
vif entre les 2 lots extrêmes HH et BB est de51,6 kg
(voirplus
loin tableau 8).2.
2 / Croissance jusqu’à l’âge adulte
Immédiatement
après
lepremier vêlage,
l’écart créé par les traitements Hl et Bl n’est
plus
que de 11kg (P<0,09,
tableau 2). Mais les vaches du lot Hl ont ungain
depoids
vifplus important
entre les semaines 10 et 20 de lapremière
lactation. L’écartpondéral
entre lesvaches des lots Hl et Bl atteint 30
kg
environà la fin de la
première
lactation(P<0,002).
Audeuxième et au troisième
vêlage,
les vaches Hl survivantespèsent
environ 20kg
deplus
que celles du lot Bl. Enquatrième lactation,
cetécart se retrouve
après
la 20ème semaine de lactation.Après
lepremier vêlage,
les vaches du lot H2 sont 15kg plus
lourdes que les vaches du lot B2(P<0,05,
tableau 2). Cet écart est accru à la 5ème semaine de lapremière
lactation (22kg, P<0,006).
Du deuxième auquatrième
vêla-ge, les
poids
vifsaprès
levêlage
des vaches H2et B2 survivantes sont peu
différents,
maisl’écart s’accroît ensuite en lactation
jusqu’à
15
kg
en faveur des vaches du lot H2.Au cours des 3
premières lactations,
lesvaches ont eu des croîts moyens de
74,0 ; 33,5
et
24,5 kg, indépendants
des traitements. Les vaches Hl ou H2 survivantes auquatrième vêlage
ont unpoids
vif moyen voisin de celui des vachesprésentes
à chacun des 3vêlages précédents.
Enrevanche,
les vaches BI et B2 survivantes auquatrième vêlage
sont enmoyenne
plus
lourdes de 7 à 17kg (tableau
2).2.
3 / Reproduction
Les taux de réussite à
l’insémination,
lesnombres d’inséminations des
génisses
et desvaches, les
intervalles entre lesvêlages
sont peuaffectés par les traitements (tableau 3). Cent soixante neuf
génisses
sont mises à lareproduc-
tion à
l’âge
moyen de 440jours
et aupoids
vifmoyen de 346
kg. Après
cettepremière
mise àla
reproduction,
38génisses
sont restées vides (435jours
et 344kg
à lapremière
insémination) : 3 sont réformées (684jours
et241
kg
depoids
de carcasse) pour cause demammites,
21 sont fécondées à la deuxième mise à lareproduction
pour unvêlage
vers3 ans et 14
génisses
définitivement stériles (439jours
et 358kg
à lapremière
insémination) ont été réformées àl’âge
moyen de 1009jours
et àun
poids
de carcasse moyen de 301kg.
Les
génisses gestantes
à lapremière
mise àla
reproduction
ont vêlé àl’âge
moyen de 736jours
(±29). Les traitements ne modifient ni les durées despremières gestations,
ni lespoids
despremiers
veaux à la naissance (tableau 4). Un tiers despremiers vêlages (33,6
%) sont considérés comme difficiles. Lerapport poids
du veau à lanaissance/poids
dela mère
après
levêlage
estplus
faible(P<0,03)
avec le traitement H2
qu’avec
B2 (tableau 4).Lorsque
cerapport dépasse
8,5 % (26 cas dont 3césariennes), sept vêlages
sur 10 sont diffi-ciles.
Les
gestations gémellaires
sontplus
fré-quentes parmi
les vaches adultes du traite- ment H2(P<0,04).
Les vaches BI ontproduit
des veaux
plus
lourds(tableau
4) en valeur absolue(P<0,02
pour les mâles) et relative-ment au
poids
de la mèreaprès
levêlage (P<0,001). Globalement,
les vaches Hl ontproduit 0,9
veau deplus
que les vaches BI au cours de leur carrière en raison de leur durée de viesupérieure
(tableau 4).2.
4 / Problèmes sanitaires
Les
génisses
ont subi des mesures sani-taires
préventives :
vaccinations contre lecharbon,
lapasteurellose
et labrucellose,
trai-tements contre les
strongyloses digestives,
levaron et la
douve,
mise enplace
d’un aimantruminal pour la
gastrite traumatique.
Lestraitements alimentaires au cours de la
pério-
de
d’élevage
n’ont pas d’incidence surl’appari-
tion des
problèmes respiratoires, digestifs
oumoteurs (tableau 5).
L’incidence des autres
problèmes
sanitairesen
première
lactation n’est pas reliée aux trai-tements.
Cependant,
les vachesprimipares
H2 sont moins atteintes que les vaches B2 par des affections des voies
génitales (P<0,05,
tableau 5).Les vaches
multipares
Hl sont moins affec- tées (44 %) par les mammites que les vaches B1 (59%, P<0,007,
tableau 5). Les fièvres vitu- lairesapparaissent plus
tard avec le traite-ment Hl
(P<0,04). Vingt-quatre
vaches multi- pares Hl ont eu une métriteaprès
unvêlage
contre 3 vaches BI
(P<0,001).
Une métrite sur3 est associée à une rétention
placentaire.
Aucours de la dernière lactation (réforme ou mort de la
vache),
l’incidence desproblèmes
sani-taires est
plus
faibleparmi
les vaches Hl sauf pour les métrites (tableau 5).2.
5 / Evolution des effectifs
etréformes
Les effectifs de vaches traites en
première, deuxième,
troisième etquatrième
lactationssont
respectivement
de126, 98,
78 et 56 vaches. Le taux moyen de réforme au cours des 4premières
lactations est de24,6 %,
et atteint50 % au cours des lactations de rang 5 et 6.
Le taux de réforme est moindre pour les vaches Hl que pour les vaches
Bl,
enpremiè-
re, et surtout en deuxième lactation
(P<0,04, figure
2a). Au troisièmevêlage,
la réforme aaffecté 18 vaches Hl (29 %) au lieu de 34 vaches BI (50
%, P<0,025).
Auquatrième
vêla-ge, les effectifs survivants sont
identiques
dans les 2 traitements
(tableau
2).Les traitements au cours du second hiver (H2 et B2) influencent peu le nombre de
réformes,
sauf en sixième lactation auxdépens
des vaches B2 survivantes
(P<0,02, figure
2b).Les causes de réforme sont peu modifiées par les traitements sauf un renouvellement accélé- ré lié au niveau de
production
laitière avec letraitement B2 (tableau 5).
Cinq
vaches Hl sont mortes contre 15 vaches Bl(P<0,1).
Elles sont mortesjeunes :
10 vaches
primipares
et 4 vaches en deuxièmelactation (tableau 5). En
fait,
ils’agit
surtoutde vaches du lot BB (n =
11, P<0,05,
tableau 8). A
l’abattage,
5 carcasses sont tota-lement saisies et une
partiellement.
Les car-casses commercialisables
(n=105,
tableau 5)sont
plus
lourdes pour lesgénisses
soumisesaux traitements Hl (+20
kg, P<0,02)
et H2 (+14kg,
nonsignificatiD.
2.
6 / Production laitière
Les vaches ont débuté en moyenne
3,6
lac-tations. La
production
laitière des vaches aaugmenté jusqu’à
laquatrième
lactationpuis
astagné
et diminué.Les différences de
production
laitière ne tra-duisent pas des effets des traitements alimen- taires au cours de la
phase d’élevage
(tableau 6). Laproduction
initiale(production
moyenne desjours
4-5-6 de la lactation ) est accrue par le traitement H2(15,8 kg)
parrapport
à B2(14,7 kg, P<0,03).
Laproduction
maximum(24,5 kg
±4,5, production
sur 3jours
mobiles)et l’accroissement de la
production (9,3 kg
12,9)
sontindépendants
des traitements.En
première
lactation (252jours),
lesvaches Hl ont
produit
219kg
de lait (288kg
de lait 4%) de
plus
que les vaches BI (tableau 6). Six vaches Hl ont eu une lactation inférieu-re à 252
jours
contre 12 vaches B1. Le tauxbutyreux
tend à êtreplus
élevé chez les vachesHl
(40,1 g/kg)
que chez les vaches BI(39,2 g/kg).
Les lactations de rangsupérieur
à 1 sontplus longues
pour les vaches H2 que pour les vaches B2 (+ 21jours, P<0,04,
tableau 6).2.
7
/ Vie productive
Au cours des 4
premières
années de vie pro- ductive (2190jours),
les vaches Hlproduisent
2097
kg,
87kg
et 67kg
delait,
de matières grasses et de matièresprotéiques respective-
ment de
plus
que les vaches B1pour
128jours supplémentaires
de lactation (écart nonsigni-
iicatif). L’écart deproduction
laitière entre lestraitements H2 et B2 est très faible (261
kg,
tableau 7).
Les vaches soumises
respectivement
auxtraitements Hl et H2 ont
produit
4809kg
et942
kg
de lait deplus
que les vaches des traite- ments BI etB2,
par le fait de leur durée de vieaccrue de 336
jours (P<0,04)
et de 71jours
res-pectivement.
Les vaches Hl ontproduit
res-pectivement
203 et 148kg
de matières grasses etprotéiques
deplus
que les vaches Bl (tableau 7).Cependant,
laproduction
laitière parjour
de lactation est
indépendante
des traitements alimentaires. Les vaches Hlproduisent 0,5 kg
de lait en moins par
jour
de vieproductive
(- 3%) mais
0,7 kg
deplus
parjour
de vie (+ 7 %)que les vaches B1. Les traitements du second
hivernage
n’affectent pas cesparamètres
(tableau 7). Les traitements n’ont pas d’effets additifs sur laproduction
laitière (tableau 8).3 / Discussion et conclusions
3.
1 / Alimentation dans le jeune âge
Chez les
génisses
Pie-noir à fortpourcenta-
ge de sang Holstein vêlant à 2 ans,
augmenter
legain
depoids
vif de la naissance à 6 mois n’a pas d’effet sur laproduction
laitière ni en pre- mièrelactation,
ni au cours des lactations sui- vantes.Cependant,
lesgénisses
Hl ont unedurée de vie
plus longue
etprésentent
moinsde mammites au cours des lactations adultes.
En
général,
cette absence d’effet de l’alimen- tationprépubère
n’est pas bien documenté (Gardner et al 1988). Pourl’essentiel,
un hautniveau d’alimentation avant la
puberté
réduitla
production
laitière enpremière
lactation (Waldo et al1988, Foldager
etSejrsen
1991) etau cours des lactations suivantes (Hansson et
al
1967,
Amir et al1968,
Little etKay 1979,
Valentine et al 1987). SelonFoldager
etSejrsen (1991), lorsque
legain
depoids
vifpasse de
0,7
(comme BI) à0,9 kg/j
(comme Hl)entre les
poids
vifs de 90 et 200kg,
laproduc-
tion laitière en
première
lactation est réduitede 2
kg/j.
A
l’évidence,
cesgénisses
sontcapables
desoutenir un
gain
depoids
vif élevé(0,9 kg/j)
entre 90 et 200
kg. Premièrement,
laproduc-
tion laitière se maintient parce que leur
poten-
tiel de croissance estplus
élevé(Foldager
etSejrsen
1991).Deuxièmement,
une compensa- tions’opère
sur laproduction
laitièregrâce
aux
gains
depoids
vif élevésaprès
lapuberté (Foldager, Sejrsen
1991). Crichton et al(1959,
1960b)rapportent
une diminution de la pro- duction laitière au cours des 2premières
lacta-tions pour les vaches du traitement Haut-Bas (avant et
après
la 44ème semained’âge)
maisles vaches
HH,
BH et BBproduisent
la mêmequantité
de lait.Troisièmement,
une meilleuresanté et une meilleure croissance en
première
lactation (traitement Hl) favorisent
l’expres-
sion du
potentiel
laitier (Swanson 1967). ).Ce
gain
depoids
vif élevé favorise le déve-loppement
et la durée de vieproductive.
Lefait que, à la
réforme,
les vaches Hlprodui-
sent des carcasses
plus lourdes, suggère
que leurdéveloppement corporel
a été favorisé par lesupplément d’énergie
dans lejeune âge (Berge
1991). Dans lespremiers
mois de leurvie,
la croissancesquelettique
et musculairedes bovins est encore
importante
(Robelin1986). La forte mortalité des vaches du lot BB incite à une bonne conduite
alimentaire,
aisé-ment
maîtrisable,
dans lejeune âge
afin deprévenir
un déficit ultérieur dansl’approvi-
sionnement en
fourrages.
Le
poids
adulte des vaches de cette étude est de 600kg
au minimum de la lactation et horsgestation. Ainsi,
lepoids
vif à 6 mois (180kg
avec le traitement H1)représentait
30 %r dupoids
adulte.Or,
les vaches Holstein actuellespèsent
675kg
àl’âge
adulte :l’objectif
depoids
vif à
l’âge
de 6 mois sera de 200kg
soit ungain
de
poids
vif de 900g/j depuis
la naissance. Afin d’éviter des croîts excessifs avant la mise àl’herbe,
un croîtrégulier
est à rechercher per- mettant des transitionssouples
de l’alimenta- tion lactée à l’alimentation concentrée (sevra-ge)
et auxfourrages (ensilage
de maïspuis
herbe
pâturée).
Dans cesconditions,
le sevragene
peut
intervenir avantl’âge
minimum de 2mois (Troccon 1989).
3.
2 / Alimentation à la mise à la reproduction
Un niveau élevé d’alimentation entre les
âges
de 12 et 18 mois a eu les mêmes effetsqu’une préparation précoce
à lapremière
lac-tation. Une élévation du
poids
des vachesaprès
lepremier vêlage
limite les difficultés devêlage
(Amir et al 1968) si toutefois elles nesont pas
trop
grasses(Philipson 1976),
car lepoids
des veaux à la naissance n’est pas affecté (Petit 1979). Il a aussi amélioré ledémarrage
de la
production
laitière(Broster,
Broster 1984) et la fertilité enpremière
lactation(Butler,
Smith1989,
Randel 1990). Ces effetsbénéfiques proviennent
sans doute de l’accrois- sement dupoids
vif aupremier vêlage
et d’uneamélioration de l’état
corporel
des vachespri- mipares (Foldager, Serjsen
1987).Cependant,
desapports énergétiques
élevés peuvent avoir des effetsnégatifs
sur la fertilitélors de la
première
mise à lareproduction
(Swanson 1967). Deplus,
ungain
depoids
vifexcessif durant cette
période
limite l’intérêt de laphase
ultérieure depâturage
durantlaquel-
le
peut
sedévelopper
une croissance compen- satrice à un coût réduit (Burt 1956). Dans cetteétude,
la croissancecompensatrice
obser-vée au
pâturage
(50-55 %) est en accord avec la fourchettecomprise
entre la moitié et les deux-tiers (0’Donovan 1984).
Cependant,
des obser-vations
personnelles
montrent que la compen- sationpeut
êtreplus importante
enBretagne
et en Normandie. Dans cette deuxième année
d’élevage,
une bonnerépartition
du croît entrela
période
hivernale et lepâturage
est néces-saire à
l’optimisation
de la croissance compen- satrice aupâturage,
du format et de l’état de la vacheprimipare.
Ces observations conduisent à maîtriser le croît hivernal entre lesâges
de12 et 18 mois.
Les
génisses
du lot HB (Hl suivi de B2) ontété fécondées à 60 % du
poids
adulte.Après
lepremier vêlage,
leurpoids
vif (484kg) repré-
sente 80 % de leur
poids
adulte. Pour desgénisses
Holsteinactuelles,
lesobjectifs
depoids
vif à la mise à lareproduction
(àl’âge
de15 mois) et
après
lapremier vêlage
(àl’âge
de24 mois) seront alors de 400 et 540
kg. Ainsi,
un veau de 45
kg
depoids
à la naissance pour-ra naître dans des conditions normales d’assis- tance au
vêlage.
Dans cesconditions,
la vacheprimipare
Holstein atteint 90 % dupoids
adul-te avant un
premier vêlage
àl’âge
de 24 mois (600-610kg).
Le croît moyenrequis
del’âge
de6 mois au
premier vêlage
à 2 ans est de 750g/j.
Ces recommandations
acquises
en race Pie-Noir sont sans doute
extrapolables
à desgéno- types
différents voire à d’autres races entermes de pourcentages du
poids
adulte à réa- liser à desâges
donnés.Remerciements
L’auteur remercie Mr B.Marquis pour son assistance
technique et Mrs M. Quintard, R. Papin et E. Logeais pour l’alimentation et les soins aux génisses et aux vaches.
Cet article a été publié, en anglais, dans la revue Liuestock
Production Science, 36 !99!, 157-176, sous le titre : Effects of winter feeding during the reartng period on performance
and longeuity in dairy cattle.
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