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Canadian OnCOlOgy nursing JOurnal • VOlume 29, issue 1, Winter 2019 reVue Canadienne de sOins infirmiers en OnCOlOgie
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introDuction
I
l peut parfois s’avérer laborieux d’ob- tenir des taux de réponse satisfais- ants aux sondages effectués auprès des infirmières. Même les étudiants inscrits à des programmes de premier cycle en sciences infirmières sont souvent sub- mergés par des demandes de partic- ipation à des sondages, ce qui peut les empêcher de répondre (Nulty, 2008). Or, les faibles taux de réponse sont défa- vorables au chercheur qui collecte des données en vue d’obtenir un diplôme d’études supérieures ou qui mène une recherche possiblement capitale.Le présent article ne cherche pas à déterminer pourquoi les infirmières et étudiants en sciences infirmières ne répondent pas plus assidûment aux sondages, mais porte plutôt sur la façon de les concevoir pour maximiser le taux de réponse. Pour ce faire, nous avons comparé diverses recherches en sciences infirmières qui ont eu recours à des sondages et fait appel au savoir de spécialistes externes en sond- age comme Don A. Dillman. Quoique toutes les recommandations de ces experts ne s’appliquent pas à l’ensem- ble de la recherche effectuée dans le domaine, les techniques proposées atténueraient une partie du stress lié à obtention de réponses insuffisantes.
MÉthoDoloGie
La présente étude suit la méthode de recension intégrative proposée par Whittemore et Knafl (2005). Une sélec- tion d’études en soins infirmiers dans
le cadre desquelles on a utilisé des sondages pour recueillir des données a été examinée selon le type de ques- tions (quantitatives ou qualitatives) et la méthode de sondage. Les études ont ensuite été comparées à des lignes directrices définies par des sommités en matière de sondage efficace.
Dillman mentionne que le taux de réponse idéal à un sondage est d’au moins 70 % (Dillman, 2000), pourcent- age également évoqué par Sills et Song pour les sondages en ligne (Sills et Song, 2002). La majorité (n = 31) des études avec sondage étudiées ici étaient en deçà de ce seuil, mais leur analyse a rap- idement révélé des lacunes récurrentes dans leur conception et leur diffusion.
Les 50 études avec sondage sélec- tionnées ont été comparées sur la base des éléments suivants : a) méthode de collecte de données (transmission par le Web, par courrier, les deux, ou sous forme d’un document distribué au travail); b) type de personnel hos- pitalier visé; c) nombre de sondages distribués; d) nombre de sondages revenus; e) taux de réponse; f ) envoi d’une invitation à participer au sond- age; g) mise en place ou non d’une mesure incitative; h) type de ques- tions (si vérifiable : qualitatives, quan- titatives ou les deux); i) nombre de questions du sondage. Généralement, les critères c) et d) exigeaient un cal- cul à la main à partir de l’étude pub- liée. L’exercice consistait ensuite à examiner les types de questions et techniques susceptibles de générer les plus hauts taux de réponse et à comparer le profil des infirmières les plus portées à répondre. Soulignons qu’il est généralement admis qu’un répondant potentiel sollicité à plus de trois reprises risque de ne pas répon- dre au sondage par irritation (Nulty, 2008; Porter et Whitcomb, 2003; Sax, Gilmartin et Bryant, 2003).
AnAlYse et coMPArAison en Fonction Des
recoMMAnDAtions Des eXPerts en sonDAGe
Les méthodes d’envoi de sondage ont été classées en trois catégories : trans- mis par le Web, envoyé par la poste et distribué en personne. Les sond- ages dans la catégorie Web sont réal- isés à l’aide d’une plateforme en ligne, les sondages postaux sont envoyés à l’adresse du participant, et ceux qui sont distribués sont en format papier et remis aux infirmières lors d’activités du personnel ou encore déposés dans leurs boîtes aux lettres professionnelles.
Comme la plupart des chercheurs, les chercheurs en soins infirm- iers ont tendance à opter pour des sondages conçus sur Internet (p. ex.
SurveyMonkey), car ils sont simples d’accès et facilitent la collecte des don- nées. Ces plateformes sont surtout cen- trées sur les questions quantitatives simples et n’exigeant pas une grande réflexion, deux éléments qui profi- tent aux chercheurs (Messer, Edwards et Dillman, 2012). Dans notre anal- yse, les sondages envoyés par la poste, par courriel et distribués en personne ont respectivement obtenu un taux de réponse de 58,0 %, 57,4 % et 71,8 %.
Fait intéressant, le taux de réponse était généralement inversement proportion- nel au nombre de sondages envoyés : plus la population ciblée était grande, moins le taux de réponse était élevé.
Les résultats de l’analyse ont révélé que les sondages qui contenaient des questions quantitatives étaient ceux qui avaient obtenu les taux de réponse les plus élevés. Seules sept études comport- ant des questions qualitatives ont atteint un taux de réponse de 50 % ou plus.
Bien que le nombre moyen de ques- tions n’ait pas été significatif, les deux études ayant produit les taux de réponse
rÉFleXions sur lA recherche
Recherche en soins infirmiers :
regard sur les méthodes de sondage
Par Brian Corner et Manon Lemonde
Au suJet Des Auteures
Brian Corner, B.A.H., B.Ed., BScN(C), University of Ontario Institute of Technology
Corresponding Author: brian.corner@uoit.net Manon Lemonde, RN, PhD, Associate Professor, University of Ontario Institute of Technology, Oshawa, ON
Tél : 905-721-8668; Fax : 905-721-3179
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globaux les plus faibles, soit 3 % et 16 %, étaient fondées sur une seule question qualitative. Parmi les sondages étudiés, la durée prescrite de réponse n’était pas mentionnée, mais le nombre de questions en donne une bonne idée.
Cet aspect est donc brièvement abordé ci-dessous.
Les spécialistes en sondage indiquent qu’une invitation à participer à un sond- age, idéalement une lettre personnal- isée, augmente le taux de réponse (Sills et Song, 2002; Yamrnanno, Skinner, et Childers, 1991). Pourtant, les résultats des sondages analysés divergent : la majorité (n = 36) s’accompagnait d’une invitation, et les taux de réponse y vari- aient considérablement. Parallèlement, les chercheurs préconisent le recours à mesures incitatives, mais celles-ci ne se sont pas montrées déterminantes dans l’échantillon, qu’elles aient été offertes dès le début du sondage ou après (Brown et al., 2016; Pedersen et Nielsen, 2016;
Sills et Song, 2002; Stern, Bilgen et Dillman, 2014). La plupart (75 %) des études comportant des mesures incita- tives n’ont pas atteint le taux de réponse recherché de 70 %.
Un facteur qui semble important consiste à bien cibler la population visée par le sondage, ce qui concorde avec les constats de Sax, Gilmartin et Bryant (2003); la population interrogée sera plus portée à répondre si elle se recon- naît dans les questions.
rÉFleXions
L’analyse effectuée ici a fait ressor- tir quelques suggestions destinées aux chercheurs en soins infirmiers pour une conception de sondage qui répond à leurs besoins :
1. Rencontrer la population sondée en personne : Optimalement, le sond- age est distribué en personne ou inséré dans la boîte aux lettres pro- fessionnelle. En outre, le fait que le chercheur soit présent, qu’il explique sa recherche et réponde aux ques- tions des participants accroît le taux de réponse.
2. Bien cibler la population visée : Les sondages distribués aux infirmières spécialisées comme les infirmières en oncologie ont obtenu un taux de réponse élevé. Ce taux s’expliquerait
par le fait que le contenu les con- cerne concrètement (Tableau 1).
3. Formuler des questions simples : Destinées à des réponses rapides, les questions quantitatives semblent augmenter le taux de réponse chez les infirmières dont l’horaire est très chargé. Même court, si un sondage ne comporte que des questions qual- itatives, le taux de réponse en sera négativement affecté (Tableau 2).
4. Déterminer une quantité gérable de questions : Le nombre total de ques- tions ne semble pas trop influer sur
le taux de réponse, mais les sond- ages qui ne comportent qu’une seule question semblent désavantagés (moins de 17 % de réponse dans l’échantillon analysé) (Tableau 3).
5. Écarter la mesure incitative : Les sondages dotés de mesures incita- tives, bien que peu nombreux dans l’échantillon, ne semblent pas avoir suscité plus de réponses. Cela dit, une recherche sur le type de mesures incitatives relativiserait ces résultats (Tableau 4).
Tableau 1.
Taux de réponse par la poste (%)
Taux de réponse par courriel (%)
Taux de réponse en personne (%)
Ensemble des infirmières 58,0 % 57,4 % 71,8 %
Infirmières spécialisées 56,2 % 56,0 % 73,1 %
Tableau 2.
Taux de réponse
0-10 (n = 0)
11-20 (n = 3)
21-30 (n = 5)
31-40 (n = 3)
41-50 (n = 1)
51-60 (n = 10)
61-70 (n = 10)
71-80 (n = 5)
81-90 (n = 12)
91-100 (n = 1) Exclusivement
quantitatives
- 1 3 1 1 6 9 3 11 -
Exclusivement qualitatives
- 2 - - - 1 - - - -
Les deux types de questions
- - 1 2 - 3 - 1 1 1
Type de questions inconnu
- - 1 - - - 1 1 - -
Tableau 3.
Taux de réponse
0-10 (n = 0)
11-20 (n = 3)
21-30 (n = 5)
31-40 (n = 3)
41-50 (n = 1)
51-60 (n = 10)
61-70 (n = 10)
71-80 (n = 5)
81-90 (n = 12)
91-100 (n = 1) Nombre
moyen de questions
- 11,7 49 22 4 51 34,6 36 43,1 -
Tableau 4.
Taux de réponse
0-10 (n = 0)
11-20 (n = 3)
21-30 (n = 5)
31-40 (n = 3)
41-50 (n = 1)
51-60 (n = 10)
61-70 (n = 10)
71-80 (n = 5)
81-90 (n = 12)
91-100 (n = 1) Sondages
avec mesures incitatives
- - 1 1 1 2 1 - 2 -
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conclusions
Le taux de réponse idéal de 70 % est réaliste, et de nombreuses études avec sondages examinées ici sem- blaient suivre les recommandations énoncées par Dillman (2002), même si les questions des sondages n’étaient pas forcément accessibles. Le fait que certaines études aient eu de très faibles
taux de réponse ne signifie pas qu’elles n’ont pas suivi ses recommandations.
Toutefois, lorsque les recommandations susmentionnées sont appliquées, les taux de réponse observés augmentent.
Globalement, pour obtenir des taux de réponse optimaux en soins infirmiers, il semble que le sondage doive com- porter entre 30 et 50 questions quanti- tatives et être distribué à moins de 1 000
infirmières ciblées. Les cinq recom- mandations élaborées dans la section précédente renvoient à ce que nous con- naissons déjà à propos des soins infirm- iers : c’est un domaine pragmatique. Le sondage doit donc être pragmatique à son tour pour obtenir des taux de réponse satisfaisants et ainsi produire des résultats plus représentatifs.
rÉFÉrences
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doi:10.1111/j.1365-2648.2005.03621.x Yamrnanno, F., Skinner, S., & Childers,
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