L A
REVOLUTION (.y. fO-C
DE FRANCE,
£l
l’influence cju’elle doit avoir sur toutes lesPuissances de
l’Europe.particulièrement
SUR LE CORPS HELVETIQUE.
A SOLEURE,
Et
se trouve'A PARIS,
Chez GUERBART
,Imprimeur
Libraire , rueDauphine
, hôtelde
Genlir , N®, ga./
-
'l
f
REVOLUTION
'DE FRANCE.
Il
suffit d’avoir lamoindre
connoîssance des annalesde
la Suisse, et de‘sa position géo- graphique ,pour
se convaincreque
, s’il existeen Europe une
puissance qui doive ,sous tous lesrapports,
prendre un
intérêtdirectau
sortde
laMonarchie
Française , c’est sans coït- treditleCorps
Helvétique.La France,
depuis plus de trois cents ans, se fait gloirede compter
lesCantons au
rangde
sesalliés lesplus constanselles plus fidèles., C’est à la brave et généreuse assistance des Suissesque
le fils d’Henri II dut leTrône
et la vie; c’est àl’aide de leurspuissans secours qu’
Henri IV
, cebon Roi
, ( dont lamémoire
estencore aussi chère à ses anciens alliés qu’à ses Sujets ) défendit et fit reconnoître les droits
que
s.anaissancelui donnoitau
Sceptrede
ses Pères. LouisXIII
, son Successeur , duten
partiele succès de sesarmes
à lavaleur des Suisses.Leur
courage , leur fidélité,
les talens distinguésdeleursChefs, associèrent la
Nation
Helvétiqueà lagloirede
LouisXIV.
Elle partagea celle
que
LouisXV
acquitaux
champs
de Laufeldt etde Fontenoy
; etcq
< 4 )
Monarque ne
crutpouvoir donner au Corpi
Helvétiqueune preuve
plus sensiblede
sra estime etde son
affection, qu’en
nommant
Suisses
un Prince
qui,placépar
sa naissance sur lespremiers
dégrésdu Irône
, réunissoît tout ce quipÔu-
voit,
aux yeux du Corps
Helvétique , ajouterun nouveau
prix à cettemarque
éclatantede
l’amitié et
de
labienveillancedu Roi pour
les Cantons.A
peinemonté
surleTrône
, LouisXVI
s’empressja
de
renouvelerune
^liance aussi chèreà
soncœur
qu’essentielleaux
intérêtsde
saCouronne. Les nuances que
la diffîé-rence de
Religion avoit mises jusqu’à cetteépoque
dans les traitésprécédens
, furent entièrement effacées; eten
resserrant les liens qui unissoient laMonarchie
Française àune Nation également
libre,
également
brave,
également
fidelle, le
Roi
crut devoir faire disparoîtrepour
jamais toutce
quipou-
voit .altérerou
affoiblir lebonheur
et les avantages réciproquesque
Failiance la plus solemnelleassuroitaux Cantons
etàlaFrance,On ne
rappellera pas ici lesmarques
d’a-mitié confédérale
que Sa
Majesté, ainsique
ses prédécesseurs, ontdonnées au Corps Helvé-
tique. Iln’est pas
un
seuldes treizeCantons
,
qui n’enoffredestraces
ou
despreuves encore
existantes ; et si, dans ces derniers
tems
, des circonstances malheureuses ontempéché
le
Roi de
suivreuniquement
lesmouvemens de
soncœur
, si ellesFont
forcé à faire le•acrifice le plus pénible, celui de mettre des
( 5 )
bornes
à
ses grâces et àses bienfoits , etde
retrancher
en
partieceux même qu
avoiten
quelque sorte consacrés l’exemple
de
ses prc- ciécesseurs.Sa
Majesté ,en
faisant partavec
.cordialité et franchise, às^es anciens et fidèles alliés, des regrets
quelle
éprouvoit , étoit.
bien sure d’acquérir
de nouveaux
droitsaux
sentimens qu’ils lui avoient tant de fois té* . moignés. Cette confiauce avoitpour
hase la loyauté, la noblessede
leurfaçonde
penser, etc’estdire qu’ellene
Tpouvoit être trompée.Pourquoi
faut-il qvtaprès avoir jetté lesyeux
sur le tableau consolantque
1on
Vient d’esquisser, l’on soit obligé
de
les fixer sur celui des malheursqu’éprouve
aujourd’huilaFrance
, et sur les dangers qui
menacent
à-la-fois et le
Monarqr
le et saCouronne
!Les évènemens dont
laFrancé
estle
Théâtre excitentd^pms
dix-huitmois
l’éton-nement
etl’indigna.tion'^'de l’Europe ; etquand
les
maux
qu’ilsont
produits,semblent
par-venus
à'leurcomble,
ilne
peut être indif^férent
aux
plus anciens ,aux
plus fidèles alliésdelaFrance
(meme pour
leurproprein-térêt)
d’examiner
,de
décidersousquelpointde vue
ils doivent envisager les principes et les effets d’une Révolutiondont
les fastesde
l’Histoire n’offrentpoint d’exemples , et
dont
le résultat, si ellen’est arrêtéedans la rapi- dité de
son
cours ,ne
peut qu’opérerla disso- lution et lapertetotale dela Monarchie.Ne
prêtons à la question importantedont
il s'agit
,
aucun
desavantagesque
réloquence.etlasensibilitépourroientprêter a
une
pareille(
6
)dîscussion.
Une
causedont
lajustice est ëvi- dente,
n
a besoinpour
sa défense que^de la Toix delaraison et dela vérité. /ce
Quel
aété le principe de la Révolution»
qui s’opèreen France
? . ,:>) Quels
moyens
a- t-on employés pour
w r
opérer?Quels sont les effets qu’ellea produits
en
»
France?
Quelle influence peut-elle avoir sur les autres Etats de l’Europe, et particuliè- renient sur le
Corps
Helvétique?Voilà , ce
me semble
, les quatre points principaux, auxquelsan
doit réduirel’examen etladisciissioîi de cetimportant objet.1^. Quél. a étéle principe delaRévolution qdis’opère
en France
?^
Avancer que
lajustice , la bontédu Roi
, etson amour pour
ses , ont été lapre- iniérè cause d’une R^^^jutiondont
il estdevenu
la*victime, pourroltjiaroitre
un
para^dbxe', si l’existence
meme,
dve l’Assemblée nationale n’étoitune
preuve de cette affii-geanté vérité.
Touebé
des abusqui , sous le régne de son prédécesseur, etsouslesienmême
, avoientex- citélesréclamations d’unepartiedu Royaume;
alarmé
des dettes contractées par l’Etat, etdont
la dernière guerre maritime, quel qu’en ait été le succès, n'avoit fait €|u’accroitre la amasse ,^ jp.Roi ? par
amour pour
ses Sujets, et doTiS la'vue
^
de n’adopîer
que
de leur aveumême lesmbyens
delessoulager, se décida à Cvuvoqucr'lesEtatsGénéraux,
.(7
5C’ëtoit agir
en
père quî s’entouroîtde
ôeS cnfans,
pour
discuterdes intérêtscommuns.,
La bonté
de soncœur,
et le tendreintérêtque
lui inspiroit laportionlaplus
nombreuse
et lamoins
fortunéede
ses sujets, luiht croirequ
ildevoit s’écarter,
en
faveurdu
Tiers-Etat^de
l’usageconstamment
suivien
pareillescircons- tances parlesRois sesprédécesseurs. IlP^a
qu’il étoitdela justice
que
lesDéputés
de1*0?*- drele plusnombreux
formassent àeux
seulsla moitié desDéputés que
les bailliages enver- roientaux
Etats-Généraux.Ce
fut sansdoute
U'^e erreur;
mais
sonmotif
larendoit plus^quex«cusable,*etle
Roi
pouvoitdifficilementsatten-;drequ’elle auroitdessuites aussi funestes. rf
L^rdre du
Clergé,, et celuide
laNoblesse
réclamèrent contre, cette innovation et cher- chèrent aumoins
àen
prévenîrlesinconveniens,
en
s’opposant àlavérificationdespouvons en
commun
, qui,hautement
exigée parle Tiers- Etat, n’étoit en effet, qu’un prétextepoi^ ne
faire qu’une seule
qhambre
destroisOrdres
,quoique
les lettresmême de convocation
por- tassentqu’ilsdevroientdélibérerséparément
,
ainsi
que
celas’étoit pratiqué danstoutes lesassembéês
dès Etats-Généraux.Le
Clergé et la Noblesse défendirent leurs droits à cet égard avec H]autantplusde
force etde
persévérance, qü’ilsne
prévoyoientque
troples dangërs auxquelsles prétentions exces- sivesdu
Tiers-Etatpouvoient exposerlaWpW-
chie. Celui-ci, lassé de^fe- courageuse résis- tance des’
deux
premiersOrdres,
par
des' Chefs à quiune
ambitioneürénée
(
U
,principes et
de morale, mais
qùila savoient dégiuSérsous le voileimposant du
patriotisme; le Tiers-Etat, dis-ie, fatigué
dé
là luttepénible qu’ilavoitàsoutenircoi^e Ordres
, prit
un
partidont
* et1
audace
sontencoré
aujourd'huiégalement
inconCèVabîés;
ce
futde
se dé-'^winblêe
nationale, et
à
réduire les
deux
autres.Ordres à1alternative
où de
se réunir à lui ,ou de renoncèr
à1usagéet à Fexercice des pouvoirsque chaque Membre
decesdeux
Ordrestenoit, ainsique ceux du
Tiers-Etat-, de lacx)nfiance etdu
suffragelibrede
sesCommet
tans.^
Avaïtt
de
se porter àune démarche
aussimorne
; lésDéputés du
Tiers-Etat,
ou du
^5.- Chefs
, avoient préparé
pour
la V rUoÿeris criîninelsqu on
leurvit et que,des indicesmalheu-
retlsement trôp certainssuffisoientpour
fairef
® flattaque
saDéclaration -J? calmerqit et rapprocfieroit les esprits; il parla
auxÆtats-Géneraux en Mo- en Père, accorda
àsa I^ation plus sétoit jamais cruen
droitde demander,
plusmême
quellene pou
voit attendre desbontésdè
son Souverain.Ce
fut^ ? qwîVéut assuré et affermi
pour jamais
le bonheur,,de
laFrance
,
que
la^
propre
autoritéen
^sse^ùieê
nationale, osa
prononcer que
labie^aisàdce du Moncyquë
étoitun
outrager
W
ellene
devoit tenirque
d elle-meme
etde
sa propre volonté ..tousles(9)
avantages
dont Sa
Majesté dui accordoit jouissance parsaDéclaration; etque
les tenirlaUs
accepterde
lamain du Roi
,
ce
seroiiU
et “vilir lesdroits et la dignitéde
L aveu
authentique etsolemnel d’unsystème jxf ne
prouvoitque
trop à queldégre
d
effervescence,
ou
plutôtde
délire , éto^ent parvenus les esprits , et ledanger imminent
qui clevoiten
résulter.
Le Roi
se tJattaencore ce
le prévenir,
en engageant
1
Ordre du
Clergé et celuidelà
Noblesseà
se réunirau
Tiers-Etat, età
ne former
avec luiquune
seule etmême
assemblée,où
tous lesDéputés
desdifféronsOrdres
sansdistinc- tionsoccupero
enten commun
des objetsquiavoientmotivé
laconvocationdesEtats-Géné-on
l’a déjà dit, étoientuniquement
laréforme
des abus , etpour
parvenir àla dimi-^ liquidation des . dettes
de
1Etat; lesdemandes
consignéesdans
‘lescahiers desdifférons Bailliages
, ilspouvoirs
donnes
aleursDéputés
desdffférens Ordres ,n
embrassoient pointun
cercle plus étendu.pouvoirs seuls
constituoient essen-
bellement
le seul droitde
cesDéputés.Leurs
ins ruerions étoient à-la-fois la bise, larègle et la limite
de
leurs fonctions et de leursalJsT'I'
f
rappeler cette véritéaussi évidente
qu
incontestable(
malgré
les . • ophismes et les spécieuxraisonnemens que
ion n
a pas roufifi d’emnlnv^iv' ^ “17 ^ 1«iiouiifieme
1
on n
a pas rougid’employer pour
cla 1obscurcir
) ; il' suffit, dis-je
,
de
chère er se la
( lO )
appeler
,pour
apprécier à leur justevaleurKre
, l’autoritéque
s’est arrogéelle-meme X Assemblée
nationale, etpour
se convaincreque
lepouvoirmonstrueux qu
elle sest attri-Sé
, n^est jamaisémané
<fe laNation
, etit’est pas
moins un
attentata ses droitsqu a
^^^ous wTon? de
voir quel a été le principe'de la Révolution. lettons à présent
un coup-
dW
sur lesmoyens dont on
s’est servipour
^‘'^Ïelqu ambition ,
quri^audace
>'
que
perversitémême que
1on
aiçposerà ceux
desDéputés.qm composent
pisqn a pre^ntirmajorité de
i’Assemfaée nationale , ilSf
impossible d’admettre qu’en arrivantaux
•Etats-Généraux,
^eur projet futde
se porterà
tous les excès, à toutes les ft>'OcitfcSdom
successivement ils se sont rendus coupables.
Srpeut même
croire qu’en ce genre eux-înémL
sontétonnéset effrayésdeleurssuccès et au’entraînésparles circonstances , üsn
a-î'oSn.”™™ P-Svu
lede «nme et»
j„iss.„ce
““
7é’Tiers-E..«.
•
Sîprïô «.1- de
liNobleaeee,*
1.-^Ssse du
Clergé, avoitformé
leprojetd
hu-milierces deuxt.rdres, et surtoutcelui
de
les dépouiller.Le moment
paroissoitd
autantphisfavorable,
que
les écrits et les déclamationsdes
chefs et des partisansde
la secteT)hio*ie l’avoient prépare, lu
ouba
de toiLincipes
, lemépris déjà
Religion ,un amour
effréné d’indépendance, enfui 1,attrait.d
une
( 11 ) ëgallté chimérique
, si propre à séduire
ceux
quin
auroientpu que
gagner à la voir seréaliser, tels étoient les fruits
dangereux quavoient
produits depuis trente ans lesOuvrages
des soi-disansPhilosophes.Tous
les genresde
littérature étoient'infectésde leursmaximes
;on
le,s applaudissoitau
Théâtre,
on
les couronnoit dans lesAcadémies. Les
Chairesde
Vérité avoientmême
'étéquelque-fois profanées
, et la corruption
de
l’esprit se joignoitouvertement
à la corruption desmœurs.
Ilne
restoit plus qu’un pas à faireC
étoitd attaquerdirectementl’autoritéroyale,,de
lendre les intentionsdu Monarque
sus-pectes a15onpeuple, d’oserséparerses intérêts
de ceux
dela Nation, etdeiisolerlui-piéme,si1
on
osese servirde cette expressioiî, au mi-
lieude l’immense famillede ses Sujets.
Pour
parvenirà cebut criminel*,
pour
osermeme
tenterde
changer,
de
dénaturer àce
point le caractère d’uneNation
aussiconnue par son amour
etsa fidélitépour
ses Ptoisque par
lesquaHtésbrillantesquil’avoienttoujours distï.npiée,
que de
ressorts,
que
demoyens ne
fali oit-il pasemployer
!Le
premier étoitde
prodiguer1orpour payer
les crimes, et ilne
fut pas
épargné
, (Quelle qu'en fût la source*
Le second
étoit,
d
avoir à sa dispositionune
Troupe descélératstoujours prêts à obéir aveu-glement aux
impulsions qu’on voudroit leurdonner
, etqui croyant n’avoir d’autre guideque
leur proprefureur ,ne
seroienten
effetque
des instrumensserviles entre’lesmains de
quiconque
ne.frémiroit p^s d’en jfaire usage.( îô )
La
fatalité voulut (ju’un établissement dont îabienfaisanceavoit étéleprincipe, offrîtaux
factieux cette coupable ressource.Une
saisondont
la rigueur excessive étoitdevenue une
véritable calamité
, avoit
condamné
à Tinac- tion, etpar conséquentlivréà laplus affreuse misère,une
foule d’ouvriers etde
gens sansaveu
; leurnombre
à Paris semontoit
à plusde douze
mille, et ilen
arrivoitjournellement'
du fond
des provinces.Un
sentimentd’huma-
nité parut décider leGouvernement
à réunir tous cesmalheureux
dans différens ateliersde
charité,
^ue
l’on établit tant dans les faux- bourgs qu’aux environsde
la Capitale. C’étoit s’assureren même tems
la facilité (ü veiller sureux
:maissoit qu’on eûtnégligélesmoyens de
contenirceshommes
,laplupart brutauxet féroces, soit plutôtque M. Necker
qui avoitproposé
etfaitadopterleplande
lesrassemble©pour
les rendreutiles, eûtconçu
l’espérance criminellequ’ilspourroientservirefficacement le partipour
le quel il s’étoit déclaré , ikest certainque
ces atteliersde
charitédevinrent bientôtautantde
repairesde
brigands quipor- tèrent le troubleet l’effroidans Paris, etdont
ilétoit aussiimpossible
de
réprimerles, excès,
qu’il étoit facile,à
ceux
quiles sold;oient ,de
les diriger.
Le Roi
,en
indiquantV
ersaillespour
lelieu des séances desEtats-généraux, n’avoiteuen vue que
de rendre aussiintimeque
journalière sacommunication
avec les Députés. Cette idéeluiferma
lesyeux
3urles inconvénieiisou
plutôtles dangers qui pouvoient résulterde
(
( i3 )
Textréme
proximitéde
laCapitale, qui devoît nécessairement etre le foyer
d’une
/ermenS!
tion
d
autantplus dangereuse ouVIIpyoit
qumftj
laliLr.él.'lfcÎ'a” «S
^ireaux
délibérations des Etats.Osons avouer qu en
persistant dans cettepremière
détermi- nation, leRoi
agit peut-êtremoins
d’anrès sa peifidesd un
ministre qui étoit alorsl’idoledu Peuple
, et dont ce
même Peuple
et l'Assem blée natitmaleelle-même ontfaitdepuisjustice'
en
1accablant deleur mépris.^
^ ’A
peinelesEtats-Générauxfurent-ilsassem- bles,
qu une
fermentation sourdecommença à
régner dans Paris, ettpe
l’espritd’insuboÆ
nation semanifesta dans
un Corps
deTroupes
qui jouissoit de la double prérogatived’é^e
^écialement
destiné àlaGarde 1 Roi S i
•Gardes-Françaises
, (car enfin il fautbienles
nommer, quand eux-mémes
ontatSe^
àce ooTraérof k
^‘délitéetÏÏcourage
oe
leurs Officiersne peuvent même
jamais effacer
) lesGardes-Françaises
, dis-je
£ Ss S
Pe-’^t-étreauroient:^ ^
’ prêtèrent
pïïî P‘“ '
!•=•exlè?*
casser et
même
faire décimer^le^^Ré les"anonymes
,
répand?s*"S
es Cazeines avertissoient ces
malheurenv
quon
vouloit lesempoisonner,
etque
leur^'
( »4 5
....
Officiers étoient
du
complot.'On
joignoît aces horribles imputationstousles genres, tous les
moyens
de séductionqui pouvoient égarerles'Soldats.
Et quand
leRoi,
averti despr^
grès effrayans
de
leur insubordination , se dé- cida àfaire venirun
renfortde troupes,moins pour
sa suieté personnelleque pour
cellede
laCapitale
,
cette
mesure
aussi sage^que
pres- crite parlaplusimpérieuse nécessité, achevade
faire éclaterlefeudela révolte.Le
pillagedu magasin
d’armes déposéesa r Hôtel
des Invalides, la prise dela Bastule,
le massacre
de
l’Officier quiy commandoit
,
l’assassinat
du Prévôt
desMarchands
, lespec- tacle effrayant d’une Villeimmense en
proieà
toutle désordreque
la fureur,dune
part, etlaterreur , de l’autre ,répandoient
parmi
huit cents mille habitans : tel fut l’horrible tableau qu’offritParis le 14Juillet 1789.La
postéritéjugera sic’étoitpar
une
fête etdes réjouissances annuelles,que
laFrance
devoiten
consacrer lesouvenir.Le
renvoi deM. Necker
et celui desMi-
nistres
quele Roi
avoirremplacés
pard’autres qu’iljugeoit plus dignes de sa confiance, avoitprécédé
de quelques jours cette affreuse ex- plosion.H n
eut tenuqu
a 1Assemblée
na-tionale de l’arrêter dans son principe, si
,
réunissant son crédit sur l’esprit
du Peuple
aux moyens
de vigueurque
pouvoitencore
dé- ployerl’autorité souveraine, elleeût concertéavec
leRoi
lesmesures
nécessairespour
cal-mer
laséditioneten
punirlescoupables.Mais
ces coupables étoient dans le seinmeme de
( i5 )
1
Assemblée
, la révolte étoit
Touvrage du
partiqui
y
dominoit, et lesChefs de ce parti sentoient tout leprix d’unévènement
quine
laissoit plus
au Roi que
la cruelle alternative,
ou de
faire la guerre à ses Sujets ,ou
de pa- roitre par saclémence même approuver
leurcrime
, et sesoumettre
aux
loisqu on
voudroitluiimposer.
L on ne
savoitque
tropcombien
le
cœur du Roi
répugneroitau premier
parti :et
miand même
ileût eula volontéde
l’adopter, la défection entièredu Régiment
desGardes
^
1insurrectionde
plusieurs autresCorps de
1roupesne
lui prouvoientque
tropcombien peu
ilpouvoitcompter
surlafidéHtédu
reste .de1armée.1
extrémité
, leR.oise résigna
aux
plus péniblessacrificesque
puissefaireun Sou-
verain : il étoitencore
soutenupar
l’espoir^e
quelqu'horribles qu’eussent été les effetsci
un premier moment d’égarement
, sa
bonté
. seulesuffiroit
pour en
arrêterles progrès. Il setrompoit
sans doute; et de
nouveaux
crimescommis
parun
peuple féroce,
ne
tardèrentpasa ien
convaincre:
mais
pourroit-onne
pas excuserune
erreurfondée
surl’idéemême que
quatorzesièclesde
gloire etdefidélitédévoientlui
donner de
laNation
Française ?Le Roi
rappelaM. Necker
et tout l’ancien Ministère, et
accompagné
d’unenombreuse
députationde
1Assemblée
nationale, vint
donner
à la Capitaledu Royaume
lespectacle ïnouid un
Souverainqui,
pour calmer
laplus odieuse des révoltes, vientlui-méme
se piettre à la discrétionde
sesSu
jets,rebelles,
( i6 )
recevoir
de
leursmains
etattacher à saCou- ronne
le signemême
qui rallioit leurs effortspour Fen
dépouiller.Osons
le direy 1amour
seul
de sonPeuple
peut inspirer àun
Souverain la fermeté nécessairepour
paroître supporter,pour
dévorermême un
pareil opprobre; etla courage qui fait affronter les dangers et lamort
,n
exige peut-être pasune ame
aussiforte. *
L’appareil
menaçant de
cent cinquante millehommes armés
,un
silence farouche quin
étoitinterrompu que
parlesimprécations et les crisde
raged une populace
effrériée, l’insolente et lâcheaudace
desdeux
Chefs quelle s’étoit choisis, tout fut réunidans
cette tristejournéepour
mettrelecomble aux
outragesdont un Peuple
furieux ,ou
plutôtdont
rAssemblée
nationale se faisoitun
plai-sirbarbare d’accabler
son
Roi. ^LesChefs des factieux crurent sans doutequ
attenter alorsà
sa liberté , seroitpour
lemoment un crime
inutile, et ce
crime
fut différé.Mais
fiersde
leurodieux
triomphe
, et assures de1efficacité desmoyens
quiTavoient
préparé , dès lors ilsne
virent plusde
bornes àleurs coupabl<^espérances.
Ce
n’étoitpasassezd
avoirmis
la Capitale dansun
étatde
révolteouverte contreson
Souverain; ilfalloit,pour
remplir leurs vues,que
lemême
esprit d’insurrection se répandit dans las provinces, etque
laFrance
entièreen
fèt infectée.Des
couriers partis lemême
jour,à
lamême
heure, allèrentbientôt porterle trouble etl’effroi d^^ns touteslespar-jcies
du royaume;
lesuns annonçant une
invasion1
( ^7 )
de
troupes étrangères, les autres l’approche d’une horde de brigands, qui venoit
pour
détruire et ravager les récoltes.La
terreur s’empara facilement des esprits.Une
longue agitation et la crisedu moment
les rendoient susceptibles de toutes lesimpressions cjue'l’on vouloit leurdonner
;en
huit joursde tems
, tout leRoyaume
futen
armes. C’étoit le butque
s’étoient proposé les factieux , bien sursde
diriger à leur gré l’usageou
plutôtl’abusque
pourroitfaire de ses forcesune populace
égarée.Les incroyables Décrets
que
l’Assemblée promiulga dansla nuitdu
4Août
, prouvèrent assez
que
, certaine de la supériorité de sesmoyens,
elle se croyoiten
droit dene
plus rienménager
; et l’anéantissement des droits féodauxetlasuppression desdixmes
,annonça
manifestementle projetformé
de détruire la Noblesse et de spolier le Clergé de tous ses biens. L’effervescence , le délire étoient par- venus àun
telpoint,que
ces Décrets insensés furent accueillis avec transport,
comme
le gageleplus assuré delaliberté , dela régéné- ration delaFrance
; mais cet élan d’enthou- siasme, quipouvoit être passager
ou du moins
s’affoiblir,
ne
suffisoit pas encorepour
satis- faire lesvues aussi ambitieusesque
profondes desChefsdu
partiDémocratique.
L’Assemblée
avoitdécidéeprécédemment
,
que
laSanctionlibredu Roi
étoitnécessAre pour donner
forcedeloiàsesDécrets.Le Roi
pou- voitdonc
refuser cette Sanction, etf
As- semblée le forçant à ladonner
, eût été
en
La
Révolution , etc.B
( i8 )
contradiction avecles principes
qu
elle-même avoitdonnés pour
base à la Constitution. Il falloitdonc
trouverun moyen
de tenir leRoi
dans ladépendance
d’une‘force majeure , etde
lepriverde sa liberté, sansque
l’Assemblée parut avoir part à ce nouvel attentat.^
Les évènemeiis
du
5Octobre donnèrent
la solution de cet odieuxproblème
: vingt mille bri.(ïands et la lie dela populacemarchèrent
a Versailles, ayantà leur tète
M.
nela fayette.Ma plume
se refuse à retracerles horreursae
cette exécrablejournée. Ilsuffit de direque
laReine
n’échappaque
par miracle au poignard des assassins, etque
ce fut entourédeux
et des bourreaux de ses gardes ,que
leRoi
lut conduitàParis. Ajoutonscàcet affreuxtableau,que
l’Assemblée nationale qui, dansla craintede
déroger à sa dignité , avoit refusé de se rendre auprèsdu Monarque
aumoment ou
lepéril le plus
imminent menaçoit
ses jours etceux
de la Famille royale, s’empressa de le suivre dansla Capitale , aussitôtqu
elle lé vitchargé des fersqu elle-mêmeluiavoit prépares.
Depuis
ce jour fatal, captif dans son propre Palais, entouré de .gardiensféroces,
aux
outrages d’unPeuple
égaré , dont 1As- semblée dirigeoit à son gré les fureurs; force,
sous peine
d en
êtrela victime , de consaciei par saSanction desDécretsqui détruisoientla R.eligion , les LiOis et la î'^joblesse , tiainé à l’Autelde
laFédérationpour y
jurer demain-
îeiiir
une
Constitution qui aiiéantissoitlaMo-
narchie; réduit à signerla dégradation de son
fils , celle des Princes ses frères
, etde toute
( 19 ) în
Maison
royalë,tela étélesort
de
LouisXVl
(^u
on
lecompare
àceluide CharlesI, etoue
I
on
jugeaucjue. desdeux on
doit porterenvierapidement au comble dû
n’wolt'',
T" PAssemblée
Nationale'P'e
deux
écueils à redouterlimluence que
laNoblesse pouvoir avoir ac- quise danslesprovinces,ne
fût-ceque
par ses bienfaits et1empire
delaReligion surFesnrit des peuples. Proscrire les gentilshommes^es ÿvouer
a lahaine publiquesous l’odieuxûom
d
aristocrates, faire dévaster leursdomaines
incendierleurschâteaux, leslivrereux-mémes
alalage desbourreaux
soudoyés,envoyer
desem
issaires,transformerlespaisibîeshabitnnsdes
c,
npaenes en
brigands férocesetsanguinairesScSf'P'’ ““J'»*
dontfA..?mblée 5
elle excitoit la fu-
lem
,
que
desmesures
dictées parle zèle
du
^o.^'^'^Pretendroit-on disculper
r
Assemblée
nationalede Ces horreurs
, ^en
ailegant
qu aucun Décret émané
d’elle n’ûvoit jamais autorisé àles
commettre^
Il suffitqu aucun de
ces crimesn’ait été
puni
- iloPo
O'i oûtentendu
le récit aF^ecûne qu
11 sélevât dans son seinmeme
des voivqim' l’m
soitàelle seuleque Ion
des soiten
droit dedemander comnte
meurtres et des ravages qui,dmuR
deFîx ans,n
ont pas cesséde
souiller liFrance
des maFFs"du'‘r"'®’
mains du
Roi, auroitpu
arrêter lecours e ceshorribles excès; mais l’AssembléeavoitS
a(
ao
)fait infecterl’armée
du même
esprit d’insur-rection qui les faisoit
commettre.. Toute
dis-cipline-,^toute subordination
Une
licence effrénéeen
ayoït pris laplace, et le iour où.rAssemblée
avaitose direaux
Sol- dats ,vous
êtes tous des Citoyens libres, elle leur avoit diten
effet , soyez tous des Sujets‘"‘"lÎ
mainte
salutaire qu’inspirent les prin- cipesde
la Religion, et qui,en
cri
du remqrd
plus déchirant, laissedu moins pour cotation
le repentir et l’espoirdu
pardon,
pduvoitcependant
encore agir puis-SneAt^sur
les coupables,fureur contre
ceux
qui lesavoient^eduits IIfallutbien parer à ce
nouveau
dangei >lors
consommer
l’avilissementou p
inéantissement
de
la Religion, devintno^
le
moment runique
but des tiavaux
^""uaÏÏppressiondes
dixmes
larésolutionde
soldLlI^rministres des autelscomme
les plusetkpUo
rité 'elle avoit
supprimé
quarante Eveclu.dans
irRoyaume,
aboli les Métropoles, et détruitcette partieintégrantede
laHréraichie«ans
deWder
le concours( 21 )
sans
même
attendre l’aveudu
Saint Siègepour
ces téméraires innovations.Le
Clergé avoitprotesté contreune
violationaussi sacri- lège de toutes les règles canoniques et de la discipline de l’Eglise, mais bientôt l’ordre deprêterun Serment
odieuxne
’ * ’ •aux
Ministres de la Religionnative de se souillerde lapins criminelle apos- tasie ,
ou
de s’exposer à toutes lesrigueursde
la plus cruellepersécution.
Sur cent vingt-deux
Evêques
quicompo-
soientleClergéde
France
, centdix-îiuitmon-
trèrent
un
courage digne de la cause qu’ils avoient à soutenir, et des plus
beaux
sièclesde
l’Eglise.Le
plus grandnombre
des Ministresdu second Ordre
imita leurexemple
;mais
sileur héroïque résistance fit
pour
lapremière
fois sentiràl’Assemblée
que
l’onpouvoit bra- ver son pouvoir, celle-ciprouva
bientôtpar ses Décretsqu’ellene
mettoit pointde bornes asesvengeances. LesEvêques
furentexpulsésde
leurs Sièges ; les Pasteurs arrachés à leurtroupeau
,
privésdelasubsistancequ’ilsavoient tant defoispartagéeavecles pauvres
, la plu-
part
dénués
detous secours, de toute ressour- ce, allèrent chercherun
asile dans les pays étrangers;moins pour
se soustraireau
dangerde
perdre lavie,
que pour
épargnerun crime
à leursmalheureux
Paroissiens.Affermie dans le projet sacrilège de
com- mencer
par avilir la Religionpour
parvenir P'iussûrement
àla détruire, l’Assemblée, criabandonnant en apparence au Peuple
l’élec*^( )
tiondea
nouveaux Evêques
etdesCurés, s’étoit assuré des
moyens
infaillibles de diriger son choix sur les sujetsles plusvils, les plus cor-rompus
, et par conséquent les plus propres à secondersesvues.Parmi
lamultitude d’exem- plesque
l’on pourroiten
citer, et qui tous seroient aussi frappans,on
se bornera àun
seul.
Heureusement,
il suffitpour
juger des autres.M. Gobel
,Evêque
deLydda
, fut élu à-la-^fois à
Colmar
, à Langreset àParis. IIpréféra,
comme
de raison, ce dernier Siège. Il faut avouerque
soningratitudemonstrueuse
enverslePrince,
Evêque
deBasle, sonbienfaiteur(i), sesmanœuvres
criminellespour
souffler le feude
la révoltedansses Etats, etle dérèglement scandaleux de sesmœurs
et de sa conduite,
étoient des titresfaits
pour
êtreappréciés par l’Assemblée nationale, et qu’ellene
pouvoitdonner
à la Capitaledu Royaume
tinEvêque
qui, sous tous les rapports , fût plus digne d’étre
un
des soutiens etun
des apôtres de la Révolution.On
passe sous silencelesprofana- tions, les sacrilèges de tout genre, dont la consécration etl’installation de ces
nouveaux Evêques
souillèrentle sanctuaire; c’est assez de dire qu’ilsne
trompèrent point les espé- rances de l’Assemblée Nationale, et
que
prê-chant
ouvertement
dans leurs diocèses le (i)Voye2laCorrespondaneesecrètedeM. deLydda, avecleChapitre et l’Evêqaede Basle ; à Paris, chez Guerbart, Libraire, rue Dauphine, hôtel de Gerlis,
92. Correspoudanceqai p.’a pas été connue.
( 23 )
déisme
et la révolte, ils semontrèrent
les dignes émules des vils histrionsqui, protégés, et payés ainsi qu’eux par l’Assemblée ,
ne
joLioient plus sur les Théâtres de la Capitale
que
des pièces dont l’unique but étoit d’ins- ]ùrer à-la-fois le méprispour
laReligion, et l’horreurpouiTe Gouvernement
monarchique.Pour accoutumeiTe Peuple
à entendre cette affreusemorale
, surtout
pour
la lui faire ac- cueillir avec transport,à quel excès n’avoit-il pasfallu porter sonaveuglement
, son enthou- siasme, et ladestructionde tousles principes!Cette tâche, la plus difficile de toutes peut- être à remplir , l’Assemblée l'avoit confiée à des écrivains mercenaires, dont lespamfiets incendiaires renaissans et*distribués
chaque
jour, faisoient circuler avec autant de profu- sion
que
de rapiditélepoisonque
l’onvouloir répandre.Le
style de ces infâmes écrits étoit àla portée deleurs grossiers lecteurs; le prix
en
étoit proportionné à leurs facultés, et le
Peuple
ht bientôt de ces feuilles criminelles,
le
code
de ses devoirs et le catéchisme de sa moralel II n’existoitplusdeLoispour en
punirlescoupables auteurs.
L’Assemblée
nationale prévoyant le funeste usage qu’elle pourroit faire de leurs taiens, aVoit mis la libertéilli-
mitée de la presse
au
rang des bases de la Constitution. C’ étoitencouragerlesEcrivains à se livrerimpunément
à leur rage ; c’étoit,
si
Ton
peut se servir de cette expression,
transformer leur
plume en
poignard. ^Mais
l’Assemblée nationale ne pouvoir élever son autoritéque
surlesruinesde laReligionetde
(
24
)laMonarchie;et
du moment qu
elle avoitosé à ce prix aspirerau
souverain pouvoir , ceïi’étoit plus l’atrocité des
moyens
qui pouvoit l’effrayer; s’ilsuffitpour
s’en convaincre, de comioîtreceux
quelleaemployés
, ilsuffira,
pour
mettre lecomble
à l’horreur c|u’ilsins- pirent, d’esquisser le tableau des crimes et des malheursquien
ontété le résultat.On ne
contestera pointaux modernes
Législateurs de la
France
le funestehonneur
d’avoir prétendu établir la nouvelle Constitu- tion surlesruines dela
Monarchie
, et de tout ce quicomposoit
son existence; mais, après avoirdémontré que
jamais laNation
n’avoitdonné
à sesDéputés
le droit d’altérer l’an-cienne Constitution
du Iloyaume
, encoremoins
celui de la détruire, ilest juste d’exa-miner
si celle qu’ils lui ont substituée a prq^duitdeseffets assez
heureux
, assez salutaires,
pour
leur fairepardonner
l’énorme abus de confiance et de pouvoir , dont ils se sont renduscoupables. C’est par desfaits, etnon
par de vains discours,que
cette importante questionpeutêtre décidé©.Qu’étoitla
France
avantla Révolution? Qu’est-elle depuislaRévolution?Ce
n’est qu’encomparant
la situationdu Royaume
danscesdeux époques
, (c]u’àpeine
un
intervallededeux
ans a séparées)que
l’onpeut
jugerlesystème etles opérationsdel’As-semblée
nationale. Il existoit sans doute des abus dans leGouvernement
; sans doute lePeuple
n’étoitpas aussiheureux
qu’il pouvoitl’étre.LesMinistres avoient quelquefois abusé
( 25 )
de leur pouvoir , et le désordre des finances faisoit desirer depuis long-tems
qu’une main
sûre et habile pût sonder laprofondeur de la plaie et
y
apporter remède.Mais
cesmaux,
intérieursn
’avoientrienfaitperdre àlaFrance
de son ancienneprépondérance;
etloin d’étredéchue du
rangéminent
quelle avoit toujoursoccupé parmi
les Puissances de l’Europe, elle venoit de le soutenir avecun
nouvel éclat.Protectrice de l’Empire et de la liberté Ger-
manique
, elleavoit forceJoseph II ase désis- ter de ses ambitieuses prétentions sur la Ba- vière ;une
paix glorieuse avoit effacé jus- qu’au souvenirdes conditions humiliantesque
l’Angleterre avoit autrefoisimposées; et c e- toiten
assurantl’indépendance de l’Amérique,en
forçant l’Angleterre à la reconnoître ,que
le Roi" avoit
vengé
lamémoire
de ses prédé- cesseurs , et la dignité desaCouronne. A
la vérité ilavoitfallusoutenirune
guerre dispen- dieuse ; et lesmoyens
auxquelson
avoitété forcéd’avoir recours, avoientnécessairement aggravé le fardeau des impôts et les chargesde
l’Etat.Mais
aussi la situation politiquede
l’Europe donnoit à laFrance
la certitude d’une longue paix ; il lui restoitune marine
formidable ,une armée nombreuse
et bien disciplinée ; soncommerce
étoit florissant ,en un mot
, elle étoit tranquille , respectéeau
dehors.Son
administration intérieureetoit,peur
ainsi dire,‘le seul objet dont elle eut à s’occuper , et jamais les circonstancesn
a-voient été plus favorables
au
rétablissementde
l’ordre et à laréforme
des abus.( )
Le Roi
desiroit sincèrement le soulage-ment
et lebonheur de
ses peuples.Depuis
le
moment où
il étoitmonté
sur le trône ,il n’avoit pas cessé
un
seul instantde ma-
nifester son
amour pour
le bien. Attachéà
ses devoirs, sans mettre
aucune
affectation à les remplir, réglé dans sesmœurs,
simpledans
ses goûts,
ennemi du
faste autant par caractèreque
par principes repoussant la batterie, mais sensible à l’attachement
, tel
s’étoit
constamment montré
LouisXVI
,
meme
dans
Lâge où
la double ivresse des passions etdu
pouvoir n’aque
trop souvent égaréles princes.
Si d
un
coté laFrance
devoit fonder ses espérances sur les vertusde
son souverain sur la droiture et lapuretéde
sesintentions ,;de
1autre,combien
n’avoit-elle pasdemoyens en elle-même pour
concourir avec lui à les réaliser!Le
caractèrenationalsubsitoitencore;peut-être avoit-il
perdu quelque
chosede
son^ énergie, mais il n’étoit pas détruit. Il sufiisoit
d un
instantpour
lui rendre toutSon
éclat; et pouvoit-on avoir oublié
que
dans lesépoques
les plus désastreuses, dans
aes
momens ou une
longuesuite demalheurs
et de revers avoit semblé mettre la
France
à
deux
doigtsde
sa perte, c’étoit àson cou- rage , à son
dévouement
, surtout à