• Aucun résultat trouvé

Article pp.229-230 du Vol.28 n°139 (2002)

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Article pp.229-230 du Vol.28 n°139 (2002)"

Copied!
2
0
0

Texte intégral

(1)

Les écrits consacrés à l’intervention se développent depuis quelques années, notamment dans la littérature sociologique.

Après L’intervention sociologique en entre- prise (sous la direction de M. Uhalde, Des- clée de Brouwer, 2001) et La sociologie et l’intervention (sous la direction de D. Vrancken et O. Kuty, De Boeck, 2001), voici un ouvrage rédigé par G. Herreros, enseignant à l’université Lumière Lyon 2, qui est le fruit d’une quinzaine d’années d’intervention en milieu urbain, en milieu hospitalier et dans diverses organisations.

Le sociologue ne peut échapper à la demande sociale et doit s’inscrire dans la position du « tiers » aidant ses interlo- cuteurs de l’organisation demandeuse à résoudre leurs problèmes. Mais il ne doit pas pour autant adopter la position de l’« expert », par trop autoritaire et normali- sante. Dans cette perspective, l’ouvrage a pour but de définir une nouvelle posture de l’intervenant, au prix d’une transgression assumée de certains canons de la littérature sociologique privilégiant par trop le recul et la neutralité (et c’est peut-être aussi en cela

que le lecteur non sociologue y trouvera de l’intérêt).

L’auteur passe tout d’abord en revue trois approches principales, en en faisant une analyse critique (l’intervention « à la Tou- raine », Crozier-Friedberg et l’analyse insti- tutionnelle). Face à l’essoufflement de ces

« écoles », l’auteur propose une « clinique maïeutique », c’est-à-dire fondée sur une collaboration entre l’intervenant et les acteurs de la situation étudiée. Il s’agit d’échanger, d’expérimenter ensemble, en rejetant tout modèle déterministe.

La position proposée par G. Herreros est originale, et elle soulèvera de nombreux débats parmi les praticiens. En effet, ni les consultants bardés de procédures ou d’outils, ni les thérapeutes venant « gué- rir » le malade ne s’y reconnaîtront.

L’auteur s’inspire davantage de la figure d’Hermès, présentée par le philosophe Michel Serres, qui cherche davantage la parole, le dialogue, l’intégration du mal que l’« assainissement » radical. L’image est davantage celle de l’acupuncteur que celle du médecin.

A C T U A L I T É D E S L I V R E S

Pour une sociologie d’intervention

Gilles Herreros Paris : Erès, 2002, 219 pages

16/Actualite des livres/139 23/07/02 23:03 Page 229

Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives-rfg.revuesonline.com

(2)

Sur quelles bases théoriques fonder un tel type d’intervention ? là encore, l’auteur pré- fère « l’indiscipline » au strict respect des chapelles. Il utilise les « instances » propo- sées par E. Enriquez pour montrer les diffé- rents niveaux d’analyse et le type de concepts susceptibles d’être mobilisés dans l’intervention (société, organisation, groupe, individu, pulsion…). Tous ne sont pas dans le seul champ de la sociologie.

Selon G. Herreros, l’intervenant doit se reconnaître le droit d’emprunter des cadres de pensée qui sont habituellement présentés comme inconciliables. L’ouvrage fournit d’ailleurs trois récits d’intervention illus- trant le type de démarche proposé.

Un lecteur familier de l’intervention sous diverses formes (pas seulement sociolo- gique) trouvera, dans cet ouvrage, un pano- rama critique d’une grande ampleur, et appréciera également de voir confirmer ou reformulées des idées issues de la pratique (concernant les phases du processus d’in- tervention ou le rapport entre intervention

et construction de savoir, par exemple). Il y trouvera également une approche stimu- lante de l’intervention, dégagée de tout dogmatisme académique et soucieuse de transdisciplinarité, même si certains lui reprocheront son « éclectisme ». Bien sûr, par rapport à l’intervention de gestion, le lecteur pourra rester sur sa faim quant à la place des instruments ou des dispositifs auxquels pourtant les sociologues s’intéres- sent de plus en plus (on l’a vu dans une pré- cédente note de lecture).

De même, on pourra douter – en le regret- tant – que l’entreprise compétitive « hyper moderne » soit très ouverte à des modes d’intervention aussi souples, aussi peu ins- trumentés et fondés pour l’essentiel sur l’expression libre des acteurs. Il y a là, en tout cas, une alternative à la technicité étouffante prônée par de nombreux interve- nants et une réflexion approfondie sur une voie originale d’intervention.

Y.-F. Livian IAE de Lyon 230 Revue française de gestion

16/Actualite des livres/139 23/07/02 23:03 Page 230

Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives-rfg.revuesonline.com

Références

Documents relatifs

Les modèles de troisième génération, du fait du chevauchement des phases, condui- sent à une décision plus complexe, accrois- sent le risque, favorisent un processus socio-politique

Ainsi, dans les services qui fonctionnent selon ce second modèle, on a pu observer que la répartition du temps de travail (entre heures de jour et heures atypiques) était en

L’identification sociale favorise le factiona- lisme naturel au sein des équipes des alliances, et renforce ainsi le poids des biais cognitifs de perception et d’attribution dans

Malgré une similitude observée entre les contrats de leasing et les obligations à risque, les modèles classiques de détermination des loyers d’un contrat de crédit-bail se

Du fait de l’accroissement du rôle du marché financier dans le finance- ment des entreprises, les opérations finan- cières prises en compte sont les émissions d’actions et

tillon correspondaient à la formation de coentreprises (ou joint ventures) exclusive- ment. N’ont pas été conservées les annonces d’accords de R&D, de franchises, de

On peut considé- rer deux cas extrêmes : soit les firmes s’engagent dans une bataille de standard (telle que celle qui caractérisa la rivalité entre les standards de

Sait-on par exemple qu’après un doctorat de sciences politiques fortement teinté d’anthropologie, James March, a enseigné ou occupé des res- ponsabilités dans des