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Thiodicarbe : distribution tissulaire post-mortem suite à une intoxication volontaire

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Academic year: 2022

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(1)

Thiodicarbe : distribution tissulaire post-mortem suite à une intoxication volontaire

Thiodicarb: Post-mortem tissue distribution following a self -poisoning

Guillaume HOIZEY

(12)*,

Frédéric CANAS(2), Laurent BINET(I), Gérard JEUNEHOMME(2), Marie-Hélène BERNARD

,(2)

Christian BOULANGER", Denis LAMIABLE1

2)

(1) LaboratoiredePharmacologie etToxicologie,Hôpital Maison-Blanche, CHUdeReims, France (2)Fédération Médico-JudiciairedeCHUdeReims, France

*Auteur

àquiadresserlacorrespondance : Guillaume

HOIZEY,

Laboratoire dePharmacologieet deToxicologie,

CHU

deReims, 45,rueCognacq-Jay,F-51092Reims Cedex, France Tel : (33) 3 26 78 75 30- Fax : (33) 3 26 78 84 56 -E-mail : ghoizey@chu-reims.fr

(Reçu le 11 octobre2006; accepté aprèsmodification le 19mars 2007)

RESUME

Le thiodicarbe est un insecticide liquide de lafamille des carbamates anticholinestérasiques, dont l'activité est en partieliéeàsonprincipalproduitdedégradation, le métho¬

myl. Unefemme de40 ans estretrouvée sans vie dans son véhicule au côtédeplusieursemballagesdemédicamentset d'un flacon ouvertde Larvin® (thiodicarbe). L'autopsie ne permetpasdedéterminerl'originedela mort, et laissesus¬

pecter,dufait descirconstances, uneoriginetoxique dansun but d'autolyse. Le contenu gastrique ainsique lesprélève¬

mentssanguinsettissulaireseffectuéslorsdel'examenpost¬

mortem sontadressésaulaboratoirepouranalysestoxicolo¬

giques. Cesanalysesontpermisd'identifierdansle sang, les urines etle contenu gastriquede la victime, plusieurssub¬

stancesmédicamenteuses, enparticulier;leZolpidem, le bro¬

mazepam, le nordiazépam et la lévoprémazine dont les concentrations sanguinesontétéretrouvéesnettementsupé¬

rieures aux valeurs connuespour être thérapeutiques. Les dosages spécifiques du thiodicarbe et du méthomyl ont été réaliséspar CLHP-SM/SMà trapped'ions dansl'ensemble

SUMMARY

Thiodicarbis a non-systemic carbamate insecticide whose acetylcholinesteraseactivityis relatedto itsmainméthomyl degradation product.A40-year-oldwomanwasfounddead in hercar. Empty packagesofmedicines and anopen bottle ofLarvin® containingthiodicarbwerefound nearherbody.

No signs of violence nor traumatic injuries were noticed uponautopsy, andpoliceinvestigationsstronglysuggesteda suicide. Post-mortem peripheral blood, gastric content, urine, bile, vitreous humor; liver; kidney, lung, heart, and brain samples were submitted for toxicological analysis.

Systematic analysis revealedthepresence of various seda¬

tives, hypnoticsandantipsychotic drugs in blood, urine and gastric content. Some of the compounds identified were determinedat blood concentrations well above the known therapeutic concentrations. Specific analysis of thiodicarb andofits méthomyl metabolite was thenperformed on all fluids and tissues collected during autopsy by liquid-chro- matography ion-trap tandem mass spectrometry (LC-MS- MS).

135

Thiodicarbe : distribution tissulaire post-mortem suite à une intoxication volontaire

Thiodicarb: Post-mortem tissue distribution following a self -poisoning

Guillaume HOIZEY

(12)*,

Frédéric CANAS(2), Laurent BINET(I), Gérard JEUNEHOMME(2), Marie-Hélène BERNARD

,(2)

Christian BOULANGER", Denis LAMIABLE1

2)

(1) LaboratoiredePharmacologie etToxicologie,Hôpital Maison-Blanche, CHUdeReims, France (2)Fédération Médico-JudiciairedeCHUdeReims, France

*Auteur

àquiadresserlacorrespondance : Guillaume

HOIZEY,

Laboratoire dePharmacologieet deToxicologie,

CHU

deReims, 45,rueCognacq-Jay,F-51092Reims Cedex, France Tel : (33) 3 26 78 75 30- Fax : (33) 3 26 78 84 56 -E-mail : ghoizey@chu-reims.fr

(Reçu le 11 octobre2006; accepté aprèsmodification le 19mars 2007)

RESUME

Le thiodicarbe est un insecticide liquide de lafamille des carbamates anticholinestérasiques, dont l'activité est en partieliéeàsonprincipalproduitdedégradation, le métho¬

myl. Unefemme de40 ans estretrouvée sans vie dans son véhicule au côtédeplusieursemballagesdemédicamentset d'un flacon ouvertde Larvin® (thiodicarbe). L'autopsie ne permetpasdedéterminerl'originedela mort, et laissesus¬

pecter,dufait descirconstances, uneoriginetoxique dansun but d'autolyse. Le contenu gastrique ainsique lesprélève¬

mentssanguinsettissulaireseffectuéslorsdel'examenpost¬

mortem sontadressésaulaboratoirepouranalysestoxicolo¬

giques. Cesanalysesontpermisd'identifierdansle sang, les urines etle contenu gastriquede la victime, plusieurssub¬

stancesmédicamenteuses, enparticulier;leZolpidem, le bro¬

mazepam, le nordiazépam et la lévoprémazine dont les concentrations sanguinesontétéretrouvéesnettementsupé¬

rieures aux valeurs connuespour être thérapeutiques. Les dosages spécifiques du thiodicarbe et du méthomyl ont été réaliséspar CLHP-SM/SMà trapped'ions dansl'ensemble

SUMMARY

Thiodicarbis a non-systemic carbamate insecticide whose acetylcholinesteraseactivityis relatedto itsmainméthomyl degradation product.A40-year-oldwomanwasfounddead in hercar. Empty packagesofmedicines and anopen bottle ofLarvin® containingthiodicarbwerefound nearherbody.

No signs of violence nor traumatic injuries were noticed uponautopsy, andpoliceinvestigationsstronglysuggesteda suicide. Post-mortem peripheral blood, gastric content, urine, bile, vitreous humor; liver; kidney, lung, heart, and brain samples were submitted for toxicological analysis.

Systematic analysis revealedthepresence of various seda¬

tives, hypnoticsandantipsychotic drugs in blood, urine and gastric content. Some of the compounds identified were determinedat blood concentrations well above the known therapeutic concentrations. Specific analysis of thiodicarb andofits méthomyl metabolite was thenperformed on all fluids and tissues collected during autopsy by liquid-chro- matography ion-trap tandem mass spectrometry (LC-MS- MS).

135

(2)

AnnalesdeToxicologieAnalytique,vol.

XIX,

n° 2, 2007

desprélèvements autopsiques. Lepouvoiranticholinestéra- siquedu sang, des urineset ducontenugastriqueétaitres¬

pectivementde 83, 82et32%(normale :0%). L'analysedu contenudelabouteilledécouvertesur lascène, confirmaitla nature du composé.Alors que le thiodicarben'aétémisen évidence que dans lecontenugastrique, sonprincipalmeta¬

boliteaétédétectédanslaplupartdestissus etfluidesautop¬

siques analysés. Ceci peut s'expliquerpar l'instabilité du thiodicarbedansunenvironnementacide, telquel'estomac.

Les concentrations de méthomyl. mesurées dans laplupart

destissuset/oufluidessontcompatiblesavec les concentra¬

tions mesurées dans des cas similaires, bien que ces der¬

nièressoient sujettesàuneimportantevariabilité.

Laforte inhibitioncholinestérasique estvraisemblablement à l'origined'uneparalysierespiratoireet de troubleshémo- dynamiques qui, conjuguésàlatoxicitédessubstances médi¬

camenteuseségalement présentes enquantités importantes, ontconduità unedépression respiratoire majeurefataleen l'absencedepriseencharge thérapeutique rapide.

The anticholinesterase capacity

of

blood, urine andgastric contentcollectedatautopsywere 83, 82, and32%, respecti¬

vely (normal value:.0%). Thepresence

of

thiodicarb inthe bottlefound near the body confirms the hypothesis

of

an intake

of

that compound. Although thiodicarb was only detected in gastric content, its methornyl metabolite was quantified in most post-mortem tissues andfluids. This is probablyrelated tothepoorstabilityofthiodicarb inanaci¬

dic environment such as the stomach. Concentrations

of

methornyl in tissues andfluids were consistent with those measuredinsimilarfatalcases, in spite

of

alargevariabili¬

ty inpublished results. Methornylwasfoundtodistribute in almostalltissuesandfluidsinvestigated.

It

is thus suggestedthattheparalysis

of

respiratorymuscles, likelyinduced by methornyl, inadditionto thetoxicconcen¬

trations

of

respiratory depressant drugs such benzodiaze¬

pines, could,havefacilitateddeath.

Introduction

Lethiodicarbe(CAS N°59669-26-0) estuninsecticide liquide de la

famille

des carbamates inhibiteurs des cholinestérases.Commercialisé enFrance sous tenom de

Larvin®,

te thiodicarbe était, avant son retrait du marché en 2003, fréquemmentutilisé dans les régions viticoles pour le traitement des parcelles de vignes, notammentdanslaluttecontretestordeusesdelagrap¬

pe et

lapyrale (1,2).

Surle plan de sastructure chimique,lethiodicarbeest composé de deux molécules de méthomyl (CAS n°16752-77-5), autre carbamate anticholinestérasique, reliées au niveau de leur groupement amine par un atomedesoufre(Figure 1).

Aprèsingestion par voie orale, le thiodicarbeest rapi¬

dement dégradéen méthomyl etendivers autres com¬

posés intermédiaires instables tels que le méthomyl oxime, leméthomyl méthylol, leméthomyl sulfoxyde ou leméthomyl sulfoxydeoxime(3).

H3C O CH,

" \ u il /

C=N O C N-S N C-O N=C

H3C-s' Ih3

CH3

's-CH3

Thiodicarbe

C=N O

fi

C N H

HbC-s'

rSris

Methornyl

FigureI :Structureschimiquesduthiodicarbeet du métho¬

myl.

L'intoxication

par une surdose

d'un

pesticide de type carbamate anticholinestérasique provoque générale¬

mentdesmanifestations prochesdecellesd'une intoxi¬

cationorganophosphoréavecclassiquement,des signes digestifs précoces, des signes

d'intoxication

muscari- nique avec bradycardie, hypotension artérielle et dys¬

pnée asthmatiforme, des signes

d'intoxication nicoti-

nique aveccoma

convulsif

,risquede choc hémodyna¬

miqueet paralysie (en particulierdes muscles respira¬

toires) (4).Ledécèsestsouventlaconséquencedel'as¬

phyxieprovoquéepar cetteparalysie.

A

notre connaissance, la littérature ne rapporte aucun décès résultantd'une exposition au thiodicarbe. Nous décrivons te cas d'undécès faisantsuite àl'absorption volontairede thiodicarbeet d'autres substances médi¬

camenteuses, avec détermination des concentrations tissulairespost-mortemdethiodicarbeetde sonprinci¬

pal produit de dégradation, le méthomyl. Le dosage spécifique de ces deux composés dans les différents fluides ettissusprélevés lorsde l'autopsieaétéréalisé par chromatographie en phase liquide couplée à la spectrométriedemasse àtrapped'ions.

Cas médico-légal

Une femme de 40 ans est retrouvée sans vie dans son véhicule,avecà sescôtés,plusieurs emballagesde médi¬

caments vides et un flacon ouvert, étiqueté au nom de

LARVIN®.

L'autopsie pratiquée environ troisjoursaprès la découverteducorps nepermetpasdedéterminerl'ori¬

ginedela mort. Enparticulier,

il n'y

pas d'élémentévo- cateur de traumatismes ou d'une mortviolente. Du fait

des circonstances particulières entourant ce décès, une origine toxiqueàviséesuicidaireestenvisagée.

AnnalesdeToxicologieAnalytique,vol.

XIX,

n° 2, 2007

desprélèvements autopsiques. Lepouvoiranticholinestéra- siquedu sang, des urineset ducontenugastriqueétaitres¬

pectivementde 83, 82et32%(normale :0%). L'analysedu contenudelabouteilledécouvertesur lascène, confirmaitla nature du composé.Alors que le thiodicarben'aétémisen évidence que dans lecontenugastrique, sonprincipalmeta¬

boliteaétédétectédanslaplupartdestissus etfluidesautop¬

siques analysés. Ceci peut s'expliquerpar l'instabilité du thiodicarbedansunenvironnementacide, telquel'estomac.

Les concentrations de méthomyl. mesurées dans laplupart

destissuset/oufluidessontcompatiblesavec les concentra¬

tions mesurées dans des cas similaires, bien que ces der¬

nièressoient sujettesàuneimportantevariabilité.

Laforte inhibitioncholinestérasique estvraisemblablement à l'origined'uneparalysierespiratoireet de troubleshémo- dynamiques qui, conjuguésàlatoxicitédessubstances médi¬

camenteuseségalement présentes enquantités importantes, ontconduità unedépression respiratoire majeurefataleen l'absencedepriseencharge thérapeutique rapide.

The anticholinesterase capacity

of

blood, urine andgastric contentcollectedatautopsywere 83, 82, and32%, respecti¬

vely (normal value:.0%). Thepresence

of

thiodicarb inthe bottlefound near the body confirms the hypothesis

of

an intake

of

that compound. Although thiodicarb was only detected in gastric content, its methornyl metabolite was quantified in most post-mortem tissues andfluids. This is probablyrelated tothepoorstabilityofthiodicarb inanaci¬

dic environment such as the stomach. Concentrations

of

methornyl in tissues andfluids were consistent with those measuredinsimilarfatalcases, in spite

of

alargevariabili¬

ty inpublished results. Methornylwasfoundtodistribute in almostalltissuesandfluidsinvestigated.

It

is thus suggestedthattheparalysis

of

respiratorymuscles, likelyinduced by methornyl, inadditionto thetoxicconcen¬

trations

of

respiratory depressant drugs such benzodiaze¬

pines, could,havefacilitateddeath.

Introduction

Lethiodicarbe(CAS N°59669-26-0) estuninsecticide liquide de la

famille

des carbamates inhibiteurs des cholinestérases.Commercialisé enFrance sous tenom de

Larvin®,

te thiodicarbe était, avant son retrait du marché en 2003, fréquemmentutilisé dans les régions viticoles pour le traitement des parcelles de vignes, notammentdanslaluttecontretestordeusesdelagrap¬

pe et

lapyrale (1,2).

Surle plan de sastructure chimique,lethiodicarbeest composé de deux molécules de méthomyl (CAS n°16752-77-5), autre carbamate anticholinestérasique, reliées au niveau de leur groupement amine par un atomedesoufre(Figure 1).

Aprèsingestion par voie orale, le thiodicarbeest rapi¬

dement dégradéen méthomyl etendivers autres com¬

posés intermédiaires instables tels que le méthomyl oxime, leméthomyl méthylol, leméthomyl sulfoxyde ou leméthomyl sulfoxydeoxime(3).

H3C O CH,

" \ u il /

C=N O C N-S N C-O N=C

H3C-s' Ih3

CH3

's-CH3

Thiodicarbe

C=N O

fi

C N H

HbC-s'

rSris

Methornyl

FigureI :Structureschimiquesduthiodicarbeet du métho¬

myl.

L'intoxication

par une surdose

d'un

pesticide de type carbamate anticholinestérasique provoque générale¬

mentdesmanifestations prochesdecellesd'une intoxi¬

cationorganophosphoréavecclassiquement,des signes digestifs précoces, des signes

d'intoxication

muscari- nique avec bradycardie, hypotension artérielle et dys¬

pnée asthmatiforme, des signes

d'intoxication nicoti-

nique aveccoma

convulsif

,risquede choc hémodyna¬

miqueet paralysie (en particulierdes muscles respira¬

toires) (4).Ledécèsestsouventlaconséquencedel'as¬

phyxieprovoquéepar cetteparalysie.

A

notre connaissance, la littérature ne rapporte aucun décès résultantd'une exposition au thiodicarbe. Nous décrivons te cas d'undécès faisantsuite àl'absorption volontairede thiodicarbeet d'autres substances médi¬

camenteuses, avec détermination des concentrations tissulairespost-mortemdethiodicarbeetde sonprinci¬

pal produit de dégradation, le méthomyl. Le dosage spécifique de ces deux composés dans les différents fluides ettissusprélevés lorsde l'autopsieaétéréalisé par chromatographie en phase liquide couplée à la spectrométriedemasse àtrapped'ions.

Cas médico-légal

Une femme de 40 ans est retrouvée sans vie dans son véhicule,avecà sescôtés,plusieurs emballagesde médi¬

caments vides et un flacon ouvert, étiqueté au nom de

LARVIN®.

L'autopsie pratiquée environ troisjoursaprès la découverteducorps nepermetpasdedéterminerl'ori¬

ginedela mort. Enparticulier,

il n'y

pas d'élémentévo- cateur de traumatismes ou d'une mortviolente. Du fait

des circonstances particulières entourant ce décès, une origine toxiqueàviséesuicidaireestenvisagée.

(3)

Les prélèvements autopsiques suivants nous sont adressés pour analyses toxicologiques : contenu gas¬

trique, sang cardiaque et périphérique, urine, bile, humeurvitrée,foie, rein, poumon,cerveau et

crur.

Les échantillonsontétéconservéscongelésà-20°C

jusqu'à

analyse.

Matériels et Méthodes

Analyses toxicologiques

Larecherche desalcools(éthanol,methanol,acétoneet isopropanol) a été effectuée dans le sang périphérique par chromatographie en phase gazeuse avec détection parionisationdeflamme (CPG-FID).

La recherche des stupéfiants (opiacés, cannabinoïdes, cocaines et amphétamines) a été réalisée par méthode immunoenzymatique dans les urines et complétée par une recherchedans lesangpériphériquepar CPG cou¬

plée àlaspectrométrie demasse(SM).

Une recherche élargie a étéeffectuée sur le sangpéri¬

phérique, les urines et le contenu gastrique par CPG- SMet complétée par une recherche àlarge spectre au moyendelachromatographie enphaseliquidecouplée à la SM en tandem à trappe d'ions (CLHP-SM/SM).

Pourcettedernière,l'usaged'unetrapped'ions permet

l'emploi d'un

mode SM/SM particulier : l'exclusion dynamique d'ions. Ce mode associé à des conditions chromatographiques spécifiques (gradient sur 20 minutes) autorisent

l'identification

d'ungrand nombre de substances médicamenteuses ou non, via l'utilisa¬

tion d'une bibliothèque spectrale construite en mode SM/SM et contenant, à ce

jour,

un peu plus de 500 spectres.Les échantillons biologiques ontété analysés après extraction

liquide-liquide

en milieu alcalin et acide. En cas de recherche positive, la quantification des molécules identifiées était réalisée par CLHP-

SM/SM

àtrapped'ions.

Du

fait

ducontexte danslequeltecadavre aété décou¬

vert

(présence à ses côtés

d'un flacon

étiqueté

Larvin®),

une recherche spécifique du thiodicarbe et du méthomylaétéeffectué surl'ensembledesprélève¬

ments autopsiques.

Dosage spécifique du thiodicarbe et du méthomyl

Réactifs

Le thiodicarbe, leméthomyl et lecarisoprodol ont été achetés chez

SIGMA

(France). L'ensemble des sol¬

vantsorganiques etréactifsutiliséssontdequalitéana¬

lytique. L'acétonitrile et le dichlorométhane provien¬

nent de la société SDS (Peypin, France) ; lemethanol et

l'acide formique

ont été obtenus chez

Merck

(Darmstadt,Allemagne). L'eau purifiéeestproduitepar un système

Waters-MilliQ® purification

system

(Millipore,

Saint-Quentinen Yvelines, France).

Extraction

des

échantillons

Les échantillons sanguins, d'urine, de contenu gas¬

trique(100

pL)

etles extraits tissulaires (100

pL d'un

broyâtobtenu àpartir d'environ 100 mgde tissu frais, placésdans 1

mL

d'eaupurifiée)sontextraitsenmilieu basique par 2

mL

de dichlorométhane après ajout de

lOph

d'unesolutiondecarisoprodol [200

mg/L

dansle methanol],utilisé comme étalon interne, et 100

pL

de carbonatede sodium à20%. Après agitation au vortex durant 1 min etcentrifugation à3000 gpendant5 min, laphaseorganiqueesttransféréedans un tubeconique puis évaporée à sec sous un courant d'azote à 40°C.

L'extrait

sec est repris par 200

ph

du mélange acide formique 0,1%

/

acétonitrile (50/50

v/v),

et 20 p.L d'échantillon sont injectés dans le système chromato¬

graphique.

Instrumentation

et

conditions d'analyse

Le système utilisé est constitué d'un chromatographe en phase liquide Surveyor®

LC

system couplé à un détecteur de masse à trappe

d'ions LCQ Advantage®(ThermoElectron,

Les

Ulis,

France).

L'ensembleestpiloté par le logiciel dédié

Xcalibur®.

La séparation chromatographique des analytes est effectuée au moyen d'une colonne

Hypurity® Cl

8

(150x2,1 mmd.i. ;5-^<m;ThermoHypersil-Keystone, Les

Ulis,

France) maintenue à une température de 30°C. La phase mobile, constituée du mélange acide formique0,1%/ acétonitrile (50/50 v/v), estdélivrée à

un débit de 0,3

mL/min

en mode isocratique.

L'interface d'ionisation est de type electrospray (ESI) utiliséeenmode

positif.

Les principaux paramètres du détecteur sont : tension entre

l'aiguille

de nébulisation etle corps dela source : 4

kV

; températurede source et dedésolvatationdel'azote:respectivement200°Cet 300°C; tension de

l'

électromultiplicateur : 400 V.

L'hélium

ultrapur (99,995%) estintroduitdans latrap¬

pe entant que gaz de collision (pression : 5.10'3

Toit).

Les données sont enregistrées en mode SM/SM et acquisition de spectres complets (Mode «

Full

scan MS/MS»)avecunbalayagede m/z 120 à m/z600. Les spectres SM/SM sont obtenus après collision de

l'ion

parent (ion pseudomoléculaire protoné [M+H]+) par

l'hélium

[énergiede collision : 50% (unitéarbitraire)].

Les ions parents et fils (correspondant au spectre

« complet »

SM/SM),

et les temps de rétention sont présentésdans le tableau

I.

Dans ces conditions, la

limite

de quantification pourle thiodicarbe a pu être déterminée à 0,5

mg/L

dans 1e

sang total, et celle du méthomyl à 0,1 mg/L. Les courbes de calibrations (5 points de gamme) étaient Les prélèvements autopsiques suivants nous sont

adressés pour analyses toxicologiques : contenu gas¬

trique, sang cardiaque et périphérique, urine, bile, humeurvitrée,foie, rein, poumon,cerveau et

crur.

Les échantillonsontétéconservéscongelésà-20°C

jusqu'à

analyse.

Matériels et Méthodes

Analyses toxicologiques

Larecherche desalcools(éthanol,methanol,acétoneet isopropanol) a été effectuée dans le sang périphérique par chromatographie en phase gazeuse avec détection parionisationdeflamme (CPG-FID).

La recherche des stupéfiants (opiacés, cannabinoïdes, cocaines et amphétamines) a été réalisée par méthode immunoenzymatique dans les urines et complétée par une recherchedans lesangpériphériquepar CPG cou¬

plée àlaspectrométrie demasse(SM).

Une recherche élargie a étéeffectuée sur le sangpéri¬

phérique, les urines et le contenu gastrique par CPG- SMet complétée par une recherche àlarge spectre au moyendelachromatographie enphaseliquidecouplée à la SM en tandem à trappe d'ions (CLHP-SM/SM).

Pourcettedernière,l'usaged'unetrapped'ions permet

l'emploi d'un

mode SM/SM particulier : l'exclusion dynamique d'ions. Ce mode associé à des conditions chromatographiques spécifiques (gradient sur 20 minutes) autorisent

l'identification

d'ungrand nombre de substances médicamenteuses ou non, via l'utilisa¬

tion d'une bibliothèque spectrale construite en mode SM/SM et contenant, à ce

jour,

un peu plus de 500 spectres.Les échantillons biologiques ontété analysés après extraction

liquide-liquide

en milieu alcalin et acide. En cas de recherche positive, la quantification des molécules identifiées était réalisée par CLHP-

SM/SM

àtrapped'ions.

Du

fait

ducontexte danslequeltecadavre aété décou¬

vert

(présence à ses côtés

d'un flacon

étiqueté

Larvin®),

une recherche spécifique du thiodicarbe et du méthomylaétéeffectué surl'ensembledesprélève¬

ments autopsiques.

Dosage spécifique du thiodicarbe et du méthomyl

Réactifs

Le thiodicarbe, leméthomyl et lecarisoprodol ont été achetés chez

SIGMA

(France). L'ensemble des sol¬

vantsorganiques etréactifsutiliséssontdequalitéana¬

lytique. L'acétonitrile et le dichlorométhane provien¬

nent de la société SDS (Peypin, France) ; lemethanol et

l'acide formique

ont été obtenus chez

Merck

(Darmstadt,Allemagne). L'eau purifiéeestproduitepar un système

Waters-MilliQ® purification

system

(Millipore,

Saint-Quentinen Yvelines, France).

Extraction

des

échantillons

Les échantillons sanguins, d'urine, de contenu gas¬

trique(100

pL)

etles extraits tissulaires (100

pL d'un

broyâtobtenu àpartir d'environ 100 mgde tissu frais, placésdans 1

mL

d'eaupurifiée)sontextraitsenmilieu basique par 2

mL

de dichlorométhane après ajout de

lOph

d'unesolutiondecarisoprodol [200

mg/L

dansle methanol],utilisé comme étalon interne, et 100

pL

de carbonatede sodium à20%. Après agitation au vortex durant 1 min etcentrifugation à3000 gpendant5 min, laphaseorganiqueesttransféréedans un tubeconique puis évaporée à sec sous un courant d'azote à 40°C.

L'extrait

sec est repris par 200

ph

du mélange acide formique 0,1%

/

acétonitrile (50/50

v/v),

et 20 p.L d'échantillon sont injectés dans le système chromato¬

graphique.

Instrumentation

et

conditions d'analyse

Le système utilisé est constitué d'un chromatographe en phase liquide Surveyor®

LC

system couplé à un détecteur de masse à trappe

d'ions LCQ Advantage®(ThermoElectron,

Les

Ulis,

France).

L'ensembleestpiloté par le logiciel dédié

Xcalibur®.

La séparation chromatographique des analytes est effectuée au moyen d'une colonne

Hypurity® Cl

8

(150x2,1 mmd.i. ;5-^<m;ThermoHypersil-Keystone, Les

Ulis,

France) maintenue à une température de 30°C. La phase mobile, constituée du mélange acide formique0,1%/ acétonitrile (50/50 v/v), estdélivrée à

un débit de 0,3

mL/min

en mode isocratique.

L'interface d'ionisation est de type electrospray (ESI) utiliséeenmode

positif.

Les principaux paramètres du détecteur sont : tension entre

l'aiguille

de nébulisation etle corps dela source : 4

kV

; températurede source et dedésolvatationdel'azote:respectivement200°Cet 300°C; tension de

l'

électromultiplicateur : 400 V.

L'hélium

ultrapur (99,995%) estintroduitdans latrap¬

pe entant que gaz de collision (pression : 5.10'3

Toit).

Les données sont enregistrées en mode SM/SM et acquisition de spectres complets (Mode «

Full

scan MS/MS»)avecunbalayagede m/z 120 à m/z600. Les spectres SM/SM sont obtenus après collision de

l'ion

parent (ion pseudomoléculaire protoné [M+H]+) par

l'hélium

[énergiede collision : 50% (unitéarbitraire)].

Les ions parents et fils (correspondant au spectre

« complet »

SM/SM),

et les temps de rétention sont présentésdans le tableau

I.

Dans ces conditions, la

limite

de quantification pourle thiodicarbe a pu être déterminée à 0,5

mg/L

dans 1e

sang total, et celle du méthomyl à 0,1 mg/L. Les courbes de calibrations (5 points de gamme) étaient

(4)

AnnalesdeToxicologie Analytique,vol.

XIX,

n° 2, 2007

Tableau

I

: Temps derétention (Tr) etfragmentsioniques (ionsparents etfils)duthiodicarbe, duméthomyletdu carisopro¬

dol, utilisécommeétalon interne. L'ion

fils

soulignéestemployépourlaquantification.

Molécule

Tr

(min) Ion parent(m/z) Ionsfils (m/z)*-SpectrecompletSM/SM

Thiodicarbe 2,31 355 (M+H)+ 163(100), 209(26), 193(17)

Méthomyl 1,76 163 (M+H)+ 122(100), 88(63)

Carisoprodol 2,66 261 (M+H)* 176(100), 158(22), 200(11)

*Les valeurs entreparenthèses correspondentauxintensitésrelatives.

linéaires jusqu'à la concentration de 50

mg/L

pourle thiodicarbe et de20 mg/L pourleméthomyl.Bienque lavalidationcomplètedela méthodededosagedu thio¬

dicarbe etdu méthomyl

n'ait

pas étéréalisée selonles critères habituels, une simple mesure delareproducti¬

bilité

intra-jour à partir d'échantillons sanguins (n=6) surchargés àuneconcentration de5

mg/L

dethiodicar¬

be et deméthomyl, montraitdes coefficients de varia¬

tions inférieurs à 10%.

Détermination de la capacité anticholi¬

nestérasique

Le pouvoir anticholinestérasique du sérum, des urines et du contenu gastrique a également été recherché, selon uneméthodeadaptée deMahieuP.etcoll. (5).

A

ceteffet,

l'activité

cholinestérasique (dosagedes choli¬

nestérases) des trois matrices biologiques suscitées a été déterminée au moyen du

réactif Flex®

Pseudocholinestérase (Dade

Behring,

France).

Parallèlement,

l'activité

cholinestérasique d'un sérum témoinaétémesurée. Dansun secondtemps, cetteacti¬

vité a été déterminée, pour chaque matrice, sur le mélangeconstituéde 100

ph

desérumtémoin(T)et de 100

ph

desérum,d'urine ou decontenu gastrique (P), après incubation de l'ensemble pendant 15 minutes à 37°C. La capacité anticholinestérasique, exprimée en pourcentage,estdéterminée selonlaformulesuivante :

2x(activitédumélangeT+P) Capacitéanticholinestérasique =100x 1

activité(T) + activité(P)

En l'absence de composés anticholinestérasiques dans les matrices biologiques testées, cet index doit appro¬

cherlavaleurde0%.

Résultats et discussion

La recherche.d'alcools montre une éthanolémie très faible de 0,11 g/L. Larecherche de stupéfiants dans le sang périphériqueet lesurines estnégative.

Larechercheàlargespectrepratiquée sur le sang péri¬

phérique,

l'urine

etle contenu gastrique, révèle lapré¬

sencedenombreuses moléculespsychotropesdontcer¬

tainesontétéretrouvéesàdesconcentrations sanguines

nettement supérieures auxconcentrations connuespour être thérapeutiques (tableau

II).

Il

convientdesoulignerquecetterechercheélargie

n'a

pas permis, dans nos conditions analytiques, d'identi¬

fier lors des toutes premières analyses, te thiodicarbe ouleméthomyl. Ce

fait

s'explique principalement par lanondisponibilitéde ces moléculesdansnotrebiblio¬

thèque spectraleconstruiteen

CLHP-SM/SM

àtrappe d'ions (environ 500 spectres).Toutefois,te ré-examen des chromatogrammes plusieurs jours après tes ana¬

lyses initiales, montrait la présence de pics inconnus qui,unefoislescomposésrecherchésdisponibles,cor¬

respondaientclairement au thiodicarbe et à son meta¬

bolite.

Parailleurs,

l'instabilité

duthiodicarbeet duméthomyl

àtempératures élevées rendillusoiretoute tentativede détection par notre méthode de recherche élargie au moyen de la CPG-SM (6, 7).Les rares méthodes pré¬

sentées dans des cassimilaires ont recourtle plus sou¬

vent à une dérivation des molécules (6, 8, 9), parfois même après hydrolyse du méthomyl en son dérivé oxime (10). Ce sont finalement les éléments de l'en¬

quêtepolicière qui ontpermisdenousorienterversune possibleingestion dethiodicarbe.

L'analyse du contenu du flacon étiqueté

Larvin®

et retrouvéprèsducorpsdelavictime,apermisdeconfir¬

merlanature duproduit ingéré.

Tableau II : Concentrations sanguines des substances médicamenteuses identifiées dans le liquide gastrique, les urineset lesang de lavictime.

Composé identifié Zolpidem Lormetazépam

Nordiazépam Tetrazepam Bromazepam Lévoprémazine

Concentration sanguine

(mg/L) 2,87 0,06 4,21 0,35 2,39 0,64

Concentrations thérapeutiques

(mg/L)*

0,08-0,15(0,20) 0,001-0,02 0,2-0,8(1,8) 0,05-0,60(1,0)

0,08-0,17 0,02-0,15

*Donnéesextraitesde"TIAFTreferencebloodlistoftherapeuticandtoxic substances"

Document consultableàl'adressesuivante:http://www.tiaft.org/tmembers/ttvidx.html

AnnalesdeToxicologie Analytique,vol.

XIX,

n° 2, 2007

Tableau

I

: Temps derétention (Tr) etfragmentsioniques (ionsparents etfils)duthiodicarbe, duméthomyletdu carisopro¬

dol, utilisécommeétalon interne. L'ion

fils

soulignéestemployépourlaquantification.

Molécule

Tr

(min) Ion parent(m/z) Ionsfils (m/z)*-SpectrecompletSM/SM

Thiodicarbe 2,31 355 (M+H)+ 163(100), 209(26), 193(17)

Méthomyl 1,76 163 (M+H)+ 122(100), 88(63)

Carisoprodol 2,66 261 (M+H)* 176(100), 158(22), 200(11)

*Les valeurs entreparenthèses correspondentauxintensitésrelatives.

linéaires jusqu'à la concentration de 50

mg/L

pourle thiodicarbe et de20 mg/L pourleméthomyl.Bienque lavalidationcomplètedela méthodededosagedu thio¬

dicarbe etdu méthomyl

n'ait

pas étéréalisée selonles critères habituels, une simple mesure delareproducti¬

bilité

intra-jour à partir d'échantillons sanguins (n=6) surchargés àuneconcentration de5

mg/L

dethiodicar¬

be et deméthomyl, montraitdes coefficients de varia¬

tions inférieurs à 10%.

Détermination de la capacité anticholi¬

nestérasique

Le pouvoir anticholinestérasique du sérum, des urines et du contenu gastrique a également été recherché, selon uneméthodeadaptée deMahieuP.etcoll. (5).

A

ceteffet,

l'activité

cholinestérasique (dosagedes choli¬

nestérases) des trois matrices biologiques suscitées a été déterminée au moyen du

réactif Flex®

Pseudocholinestérase (Dade

Behring,

France).

Parallèlement,

l'activité

cholinestérasique d'un sérum témoinaétémesurée. Dansun secondtemps, cetteacti¬

vité a été déterminée, pour chaque matrice, sur le mélangeconstituéde 100

ph

desérumtémoin(T)et de 100

ph

desérum,d'urine ou decontenu gastrique (P), après incubation de l'ensemble pendant 15 minutes à 37°C. La capacité anticholinestérasique, exprimée en pourcentage,estdéterminée selonlaformulesuivante :

2x(activitédumélangeT+P) Capacitéanticholinestérasique =100x 1

activité(T) + activité(P)

En l'absence de composés anticholinestérasiques dans les matrices biologiques testées, cet index doit appro¬

cherlavaleurde0%.

Résultats et discussion

La recherche.d'alcools montre une éthanolémie très faible de 0,11 g/L. Larecherche de stupéfiants dans le sang périphériqueet lesurines estnégative.

Larechercheàlargespectrepratiquée sur le sang péri¬

phérique,

l'urine

etle contenu gastrique, révèle lapré¬

sencedenombreuses moléculespsychotropesdontcer¬

tainesontétéretrouvéesàdesconcentrations sanguines

nettement supérieures auxconcentrations connuespour être thérapeutiques (tableau

II).

Il

convientdesoulignerquecetterechercheélargie

n'a

pas permis, dans nos conditions analytiques, d'identi¬

fier lors des toutes premières analyses, te thiodicarbe ouleméthomyl. Ce

fait

s'explique principalement par lanondisponibilitéde ces moléculesdansnotrebiblio¬

thèque spectraleconstruiteen

CLHP-SM/SM

àtrappe d'ions (environ 500 spectres).Toutefois,te ré-examen des chromatogrammes plusieurs jours après tes ana¬

lyses initiales, montrait la présence de pics inconnus qui,unefoislescomposésrecherchésdisponibles,cor¬

respondaientclairement au thiodicarbe et à son meta¬

bolite.

Parailleurs,

l'instabilité

duthiodicarbeet duméthomyl

àtempératures élevées rendillusoiretoute tentativede détection par notre méthode de recherche élargie au moyen de la CPG-SM (6, 7).Les rares méthodes pré¬

sentées dans des cassimilaires ont recourtle plus sou¬

vent à une dérivation des molécules (6, 8, 9), parfois même après hydrolyse du méthomyl en son dérivé oxime (10). Ce sont finalement les éléments de l'en¬

quêtepolicière qui ontpermisdenousorienterversune possibleingestion dethiodicarbe.

L'analyse du contenu du flacon étiqueté

Larvin®

et retrouvéprèsducorpsdelavictime,apermisdeconfir¬

merlanature duproduit ingéré.

Tableau II : Concentrations sanguines des substances médicamenteuses identifiées dans le liquide gastrique, les urineset lesang de lavictime.

Composé identifié Zolpidem Lormetazépam

Nordiazépam Tetrazepam Bromazepam Lévoprémazine

Concentration sanguine

(mg/L) 2,87 0,06 4,21 0,35 2,39 0,64

Concentrations thérapeutiques

(mg/L)*

0,08-0,15(0,20) 0,001-0,02 0,2-0,8(1,8) 0,05-0,60(1,0)

0,08-0,17 0,02-0,15

*Donnéesextraitesde"TIAFTreferencebloodlistoftherapeuticandtoxic substances"

Document consultableàl'adressesuivante:http://www.tiaft.org/tmembers/ttvidx.html

(5)

Par ailleurs, la détermination de la capacité anticholi¬

nestérasique du contenu gastrique, du sang etde l'uri¬

nearévélé une

inhibition

très importantedes cholines¬

térases d'unsérum témoin(83,82 et32%

d'inhibition,

respectivement pour le liquide gastrique, le sang et

l'urine),

objectivantainsi la présence

d'un

composéau

fort

pouvoir anticholinestérasique dans les matrices étudiées.

Les concentrations de thiodicarbe et de méthomyl déterminées dans les différents fluides et tissus autop¬

siques sontprésentées dans le tableau

III.

Uneestima¬

tiondelaquantitédethiodicarbeingéré

n'a

pasétépos¬

sible du

fait

de la non mesure à l'autopsie, du volume totaldu contenugastrique.

De part son importante instabilité en milieu acide, le thiodicarbe se dégrade rapidement dans l'estomac en méthomyl et en divers autres composés dérivés (3), expliquant probablement pourquoi,endehorsdu conte¬

nugastrique, nous n'avonspas retrouvédethiodicarbe dans les différents prélèvements analysés. Le métho¬

myl

apu être identifiéet quantifié dans laplupart des tissus autopsiques.Les concentrations sanguineset tis¬

sulaires sont compatibles avec celles décrites dans de rarescas similaires,bien quelesconcentrationsrappor¬

tées soient particulièrement disparates.

A

titre d'illus¬

tration, dans plusieurs cas d'intoxications mortelles imputées àl'ingestiondeméthomyl,tesconcentrations mesurées dans le sang périphérique et dans le foie étaient retrouvées à des concentrations variant respec¬

tivementde 0,003 à 63,5

mg/L

et de non détectable à 1,2mg/kg (8, 9, 11).

Sur le plan de ladistribution tissulaire, tes concentra¬

tions de méthomyl mesurées dans laplupartdes tissus sontplusélevéesquedansle sangpériphérique,suggé¬

rant ainsi une distribution ante-mortem importante du méthomyl, compatible avec le caractère lipophile de cette molécule (12). Contrairement aux cas similaires présentés par

Moriya

F. et coll., te méthomyl

n'a

pas été identifié dans

l'humeur

vitrée, alors que ce milieu est décritpar les auteurs comme une matrice de choix pourla miseenévidence decettemolécule (8, 11).

A

l'évidence,l'interprétationdeces donnéesrestedéli¬

cateenraison : 1.)dela raretédescasrapportés dansla littérature ; 2.) de l'absence

d'information

surle délai exact entre l'ingestion et te décès ; 3.) de

l'instabilité

descomposés soufréstelqueleméthomyldanstes pré¬

lèvements post-mortem, y compris

lorsqu'ils

sont congelés(8,13) ;4.)del'existencepossibled'unméta¬

bolisme post-mortem du méthomyl via

l'action

des esterases sanguines ettissulaires (8).

Les cas d'intoxications mortels faisant suite à l'inges¬

tion de thiodicarbe et/ou de méthomyl sont très peu

Tableau III : Concentrations de thiodicarbe et demétho¬

myldéterminéesdans lesfluides et tissusbiologiquespré¬

levéslorsdel'autopsiedu corpsde la victime.

Fluides ou Tissus Thiodicarbe Méthomyl (mg/L)ou(mg/kg) (mg/L) ou (mg/kg)

Contenugastrique 24,3 19,9

Sangpériphérique <LQ 0,7

Urine <LQ 8,5

Bile <LQ _ 2,7

Humeur vitrée <LQ <LQ

Foie <LQ 0,7

Rein <LQ 1,7

Poumon <LQ 1,5

Cerveau <LQ 9,3

Cur <LQ 3,6

LQ:Limitedequantification

décrits,particulièrementen France (aucuncasrapporté pourte thiodicarbe).

Dans cetteaffaire,tes investigations policières etjudi¬

ciaires ontconclus àune autolyse. Lesanalysestoxico¬

logiques ne permettent pas

d'imputer

le décès à l'ab¬

sorption exclusive de

Larvin®.

Toutefois,

il

est vrai¬

semblable que l'importante

inhibition

cholinestéra¬

siqueliéeàlaprésencede méthomyl dans l'organisme ait été à

l'origine

d'une paralysie respiratoire et de troubles hémodynamiques sévères, potentiellement majorés par la présence,à des concentrations toxiques, desubstances médicamenteuses,dont certainesprésen¬

tent la particularité d'être dépresseurs respiratoires.

L'actionconjuguéedecesmoléculesapuconduireàun comaetàunedépressionrespiratoirefataleen l'absen¬

ce de priseen chargethérapeutique rapide.

Conclusion

Cette intoxication volontaire mortelle impliquant le thiodicarbeestprobablement unedesseules rapportées àcejour.

Il

convient,toutefois,desoulignerquecesont les informations recueillies au moment de la levée de coips quinousontpermis d'orienternosinvestigations toxicologiques vers ce puissant carbamate anticholi¬

nestérasique.L'étudedeladistribution tissulairea per¬

misdeconfirmerl'imprégnation d'unegrandepartiede l'organismeparteméthomylaprès ingestion dethiodi¬

carbe.Enfin,cecasmetenlumièrela

difficulté

defaire procéder àla destruction effective des produits phyto- sanitaires potentiellement dangereux dont te retrait du marché a étédécidé

il

y adéjàplusieurs années.

Par ailleurs, la détermination de la capacité anticholi¬

nestérasique du contenu gastrique, du sang etde l'uri¬

nearévélé une

inhibition

très importantedes cholines¬

térases d'unsérum témoin(83,82 et32%

d'inhibition,

respectivement pour le liquide gastrique, le sang et

l'urine),

objectivantainsi la présence

d'un

composéau

fort

pouvoir anticholinestérasique dans les matrices étudiées.

Les concentrations de thiodicarbe et de méthomyl déterminées dans les différents fluides et tissus autop¬

siques sontprésentées dans le tableau

III.

Uneestima¬

tiondelaquantitédethiodicarbeingéré

n'a

pasétépos¬

sible du

fait

de la non mesure à l'autopsie, du volume totaldu contenugastrique.

De part son importante instabilité en milieu acide, le thiodicarbe se dégrade rapidement dans l'estomac en méthomyl et en divers autres composés dérivés (3), expliquant probablement pourquoi,endehorsdu conte¬

nugastrique, nous n'avonspas retrouvédethiodicarbe dans les différents prélèvements analysés. Le métho¬

myl

apu être identifiéet quantifié dans laplupart des tissus autopsiques.Les concentrations sanguineset tis¬

sulaires sont compatibles avec celles décrites dans de rarescas similaires,bien quelesconcentrationsrappor¬

tées soient particulièrement disparates.

A

titre d'illus¬

tration, dans plusieurs cas d'intoxications mortelles imputées àl'ingestiondeméthomyl,tesconcentrations mesurées dans le sang périphérique et dans le foie étaient retrouvées à des concentrations variant respec¬

tivementde 0,003 à 63,5

mg/L

et de non détectable à 1,2mg/kg (8, 9, 11).

Sur le plan de ladistribution tissulaire, tes concentra¬

tions de méthomyl mesurées dans laplupartdes tissus sontplusélevéesquedansle sangpériphérique,suggé¬

rant ainsi une distribution ante-mortem importante du méthomyl, compatible avec le caractère lipophile de cette molécule (12). Contrairement aux cas similaires présentés par

Moriya

F. et coll., te méthomyl

n'a

pas été identifié dans

l'humeur

vitrée, alors que ce milieu est décritpar les auteurs comme une matrice de choix pourla miseenévidence decettemolécule (8, 11).

A

l'évidence,l'interprétationdeces donnéesrestedéli¬

cateenraison : 1.)dela raretédescasrapportés dansla littérature ; 2.) de l'absence

d'information

surle délai exact entre l'ingestion et te décès ; 3.) de

l'instabilité

descomposés soufréstelqueleméthomyldanstes pré¬

lèvements post-mortem, y compris

lorsqu'ils

sont congelés(8,13) ;4.)del'existencepossibled'unméta¬

bolisme post-mortem du méthomyl via

l'action

des esterases sanguines ettissulaires (8).

Les cas d'intoxications mortels faisant suite à l'inges¬

tion de thiodicarbe et/ou de méthomyl sont très peu

Tableau III : Concentrations de thiodicarbe et demétho¬

myldéterminéesdans lesfluides et tissusbiologiquespré¬

levéslorsdel'autopsiedu corpsde la victime.

Fluides ou Tissus Thiodicarbe Méthomyl (mg/L)ou(mg/kg) (mg/L) ou (mg/kg)

Contenugastrique 24,3 19,9

Sangpériphérique <LQ 0,7

Urine <LQ 8,5

Bile <LQ _ 2,7

Humeur vitrée <LQ <LQ

Foie <LQ 0,7

Rein <LQ 1,7

Poumon <LQ 1,5

Cerveau <LQ 9,3

Cur <LQ 3,6

LQ:Limitedequantification

décrits,particulièrementen France (aucuncasrapporté pourte thiodicarbe).

Dans cetteaffaire,tes investigations policières etjudi¬

ciaires ontconclus àune autolyse. Lesanalysestoxico¬

logiques ne permettent pas

d'imputer

le décès à l'ab¬

sorption exclusive de

Larvin®.

Toutefois,

il

est vrai¬

semblable que l'importante

inhibition

cholinestéra¬

siqueliéeàlaprésencede méthomyl dans l'organisme ait été à

l'origine

d'une paralysie respiratoire et de troubles hémodynamiques sévères, potentiellement majorés par la présence,à des concentrations toxiques, desubstances médicamenteuses,dont certainesprésen¬

tent la particularité d'être dépresseurs respiratoires.

L'actionconjuguéedecesmoléculesapuconduireàun comaetàunedépressionrespiratoirefataleen l'absen¬

ce de priseen chargethérapeutique rapide.

Conclusion

Cette intoxication volontaire mortelle impliquant le thiodicarbeestprobablement unedesseules rapportées àcejour.

Il

convient,toutefois,desoulignerquecesont les informations recueillies au moment de la levée de coips quinousontpermis d'orienternosinvestigations toxicologiques vers ce puissant carbamate anticholi¬

nestérasique.L'étudedeladistribution tissulairea per¬

misdeconfirmerl'imprégnation d'unegrandepartiede l'organismeparteméthomylaprès ingestion dethiodi¬

carbe.Enfin,cecasmetenlumièrela

difficulté

defaire procéder àla destruction effective des produits phyto- sanitaires potentiellement dangereux dont te retrait du marché a étédécidé

il

y adéjàplusieurs années.

(6)

Annales de Toxicologie Analytique, vol. XIX, n° 2, 2007

Références

1. Plan de surveillance résidus en Viticulture (campagnes

viticole 1990-2003) Direction Générale de

\' Alimentation - Sous direction de la Qualité et de la pro- tection des Végétaux. Ce document peut être consulté sur le site:

http://www.avignon.inra.fr/stcavignon/centre/unites/grap- pa/pdf/EnqueteRaisin Vin9003. pdf

2. Ce document peut être consulté sur le site: http://e-phy.agriculture.gouv.fr/spe/ppnull.htm 3. Ce document peut être consulté sur le site:

http://www.inchem.org/documents/jmpr/jmpmono/vOOprO 9.htm

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Médecine-Sciences, Flammarion, 2000 : 516-24.

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Significance of the determination of the anticholinesterase capacity of plasma. 1. Toxicol. Clin. Toxicol. 1982 ;

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2001; 31(1): 6-8.

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The analysis of methomyl, a carbamate pesticide, in post- mortem samples. Science & Justice. 1996; 36(1) : 41-5.

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In: The International Association of Forensic Toxicologists XXXV Annual meeting, Padova, Italy, 24- 28 août 1997. Ce document peut être consulté sur le site : http://www.tiaft.org/tiaft97/index.html

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Références

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