R EVUE DE STATISTIQUE APPLIQUÉE
J. D ESABIE
Le marché français de la chaussure vu par le consommateur
Revue de statistique appliquée, tome 2, n
o1 (1954), p. 69-82
<
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LE MARCHÉ FRANCAIS DE LA CHAUSSURE
vu par le consommateur
par
J. DESABIE
Administrateur à l’Institut National de la Statistique et des Etudes
Économiques
En Mars
1953,
l’Institut National de laStatistique
et des EtudesEconomiques effectuait,
à la demande de la Fédération des Industries de la Chaussure et en liaison avec le Centre d’Etudes et de Mesures de Produc-tivité,
uneenquête
surle
Marché de la Chaussure. Cette étude avaitpour objet
de
répondre
à un certain nombre dequestions
surlesquelles
lesproducteurs
et
organismes professionnels
nedisposaient
qued’informations
trèsinsceffi-
santes, parfois
même dénuées de toutes basesobjectives.
M.
DESABIE, qui a participé
àl’organisation
et à la réalisation de cetteenquête,
enexpose ci-après
les résultats essentiels.Le
problème
centralposé
par la Fédération des Industries de la Chaussurepouvait
se formulerde la manière suivante :
a)
dansquelle
mesure les besoins desFrançais
sont-ils satisfaits enquantité
et enqualité ? b)
que faudrait-il faire pour mieux servir les consommateurs à l’avenir ?Pour
répondre
à lapremière question,
on aprocédé
à une étude des stocks familiaux et des achats effectués en 1952.L’examen de ces données établies par
région, catégorie
de communes et classesociale, permet
en outre à
chaque
industriel de voirquelle place
il occupe dans l’ensemble de laproduction.
Il luidonne une idée de
1"importance
de tel ou tel marchéparticulier
et luipermet
deporter, prudemment,
un
jugement
sur le travail de sesreprésentants.
L’amélioration du service fourni aux consommateurs
peut
être recherchée dans différentes voies :- Baisse de
prix
àqualité égale ;
-
Qualité supérieure
àprix égal ;
- Confort accru
(augmentation
du nombre despointures, demi-pointures
etlargeurs) ;
--
Augmentation
du nombre de modèles offerts aux acheteurs.Ces améliorations sont
parfois
concurrentes. Parexemple,
lamultiplication
des modèless’oppose
dans unelarge
mesure à unepolitique
deproductivité
abaissant lesprix
de revient ; des choix devront êtreeffectués ;
i! estindispensable
de connaître aupréalable
lespréférences
desconsommateurs, ce
qui
est réaliségrâce
à cetteenquête.
Par
ailleurs,
le consommateur est unagent économique
doué de certains moyensd’action,
il
peut choisir,
voire s’abstenir...L’enquête
nousrenseigne
surl’usage qui
est fait de cepouvoir.
Leconsommateur a-t-il un fournisseur habituel ? Sait-il « choisir » ce
qu’il
achète et au besoin refuserce
qui
luidéplaît ?
Ou bien est-il malléable entre les mains du détaillant ? Est-il sensible à lapublicité,
à la
présentation
desdevantures,
est-il attentif aux variations de la mode ? Dansquelle
mesureest-il
renseigné
sur lesmarques ?
Commentjuge-t-il
laqualité
d’une chaussure ?’ Connaît-il l’exis- tence du label dequalité ?
Enfin,
ilimportait
de connaître le genre de chaussurespréféré
parchaque catégorie
de lapopulation
etd’essayer
deprévoir
s’il y a lieud’envisager
dans unproche
avenir une évolutionde ces
préférences.
PLAN DE
L’ENQUÊTE.
Naturellement,
les détaillants ontdéjà
sur lesquestions qui
viennent d’être énumérées beau- coupd’éléments
d’information et des idées souvent bien arrêtées. Uneenquête complémentaire
serad’ailleurs effectuée
auprès
d’eux.Toutefois,
et c’est biennaturel, l’opinion
descommerçants peut
êtreinfluencée par leurs intérêts propres ; par
ailleurs,
lescommerçants portent
inévitablement uneattention moindre aux besoins des consommateurs ne
possédant qu’un
faiblepouvoir
d’achat. Ilétait donc
indispensable d’interroger
les consommateurs eux-mêmes.L’institut National de la
Statistique
et des EtudesEconomiques
a faitinterroger
par sesenquê-
teurs 5.524
ménages répartis
dans 222 villes ou communes.Les villes et communes et les
ménages
inclus dans l’échantillon ont étédésignés
partirage
au sort, ce
qui
élimine toute cause d’erreurprovenant
de l’arbitraire des exécutants.Un certain nombre de
questions
concernaient leménage
dans son entier, état desstocks,
achats etressemelages
effectués en 1952.Par
ailleurs,
danschaque ménage,
un adulte(16
ans ouplus)
étaitinterrogé
sur le dernierachat de chaussures
d’usage
courantqu’il
avait effectué et sur sespréférences
en matière de chaus-sures. Un certain nombre de
questions d’opinion
lui étaient deplus posées.
Nous allons maintenant passer en revue les
principaux
résultats de cetteenquête. (Voir
enannexe le
questionnaire
utilisé dansl’enquête.)
1. NIVEAU DE CONSOMMATION
Notons,
tout d’abord que, dans le domaineétudié,
lesFrançais
ne seplaignent
pastrop
vive-ment
de leur niveau de vie.21
%
des famillesinterrogées
estiment que leurs besoins en matière de chaussures sont par- faitementsatisfaits ;
55
%
les estiment convenablement satisfaits ; 20 % les estiment assez malsatisfaits ;
3
%
les estiment très malsatisfaits ;
(1 %
desménages
n’ont pasrépondu
à cettequestion).
Cette satisfaction relative ne
correspond
pascependant
à un niveau de consommation très élevé.a)
Les stocks familiaux de chaussures utilisables sont, en moyenne, assez faibles.Dans cette
enquête,
était considérée comme utilisable toutepaire
de chaussures que l’on n’était pas sur lepoint
dejeter,
donner ou vendre à unbrocanteur; compte
tenu des habitudesfrançaises,
ceci suppose sansdoute,
dans le tableauci-après,
laprise
en considération de chaussures assezusagées.
TABLEAU 1
(1) Dont 93 à talons moyens ou hauts.
A titre de
comparaison,
notons que les Américainsqui
ont l’habitude dejeter
leurs chaussureslorsqu’elles
commencent à êtreabîmées, possèdent,
en moyenne,5,5 paires
de chaussures parhomme,
8paires
de chaussures par femme.ACHATS
EFFECTUÉS
EN 1952.Les
résultats,
tant enquantité qu’en valeur,
relatifs aux achats etressemelages
effectuésen 1952 sont donnés par
catégorie
sociale dans le tableauci-après.
En ce
qui
concerne lesadultes,
on adistingué
les chaussures de cuir, basses ou montantes, des autres chaussures : bottes et bottillons encaoutchouc, sabots, espadrilles, pantoufles,
les rensei-gnements
relatifs aux chaussures de cuir sont évidemment debeaucoup
lesplus
sûrs. Cette distinc- tion n’a pas été faite en cequi
concerne les chaussures d’enfants.Les différences entre les classes sociales sont
plus marquées
en cequi
concerne lesquantités
de chaussures achetées par adulte
qu’en
cequi
concerne lesprix payés.
La
dépense
moyenne par enfant varie moins d’un milieu à l’autre que ladépense
moyenne par adulte.Ces
résultats,
donnés sous forme de moyennes, ne mettent pas en lumière les situations extrê-mes,
précisons
donc que : ,dans 18
%
desménages,
ladépense
par adulte(achats
etressemelages)
a été, en1952,
inférieure à 1.000
francs ;
dans 13
elle
a étécomprise
entre 1.000 et 2.000francs ;
dans 15
entre
2 et 3.000francs ;
14
%, entre
3 et 4.000francs ;
. 10
%, entre
4 et 5.000francs ;
dans 23
%, comprise
entre 5 et 10.000francs ;
et 6
%, supérieure
à 10.000 francs.Beaucoup
deménages
sont donc réduits au strict minimum etattendent,
pour acheter unepaire
dechaussures,
de neplus pouvoir
faire autrement.Ce résultat est d’ailleurs confirmé par l’étude des conditions dans
lesquelles
est effectué le dernier achat.(Cette question
étaitposée
à un adulte danschaque ménage.)
57
%
des hommes et 44%
des femmes ont effectué leur dernier achat de chaussuresd’usage
courant pour
remplacer
unepaire
horsd’usage.
26 et 31%
pour avoir unepaire
de chaussures propre enplus
de lapaire d’usage
courant.Dans ces
conditions,
assez peu renouvellentrégulièrement
leur stock : Il i%
deshommes,
12
%
des femmes.Très peu
(2 %
et 3%) peuvent profiter
des occasions ousoldes,
acheter unepaire
de chaussuresqui
leur faisait envie(2
et 6%)
ou destinée àremplacer
unepaire
démodée(1 %
et 2%).
Notons
enfin,
pour terminer, que 12%
des hommes et 12%
des femmes nedisposent
que d’une seulepaire
de chaussuresd’usage
courant.Il I
Nous allons voir maintenant ce
qui
devrait être fait pour satisfairedavantage
les désirs des consommateurs.A la
question :
«Lorsque
vous achetez unepaire
dechaussures,
attachez-vousplus d’importance
à cequ’elle
soit bonmarché,
ou à cequ’elle
vous fassebeaucoup d’usage ?
Les
réponses
ont été les suivantes :DÉPENSE
ANNUELLE SUIVANT LACATÉGORIE
SOCIALEIl est rare de voir une
majorité
aussi forte sedégager
à la suite d’unequestion d’opinion.
Les
Français
ne veulent pasd’une
chaussure peusolide,
que son faibleprix permettrait
de renou-veler
fréquemment.
Les consommateurs
préfèrent
très nettement une chaussurequi
leur ferabeaucoup d’usage
à une chaussure bon marché.
Cependant,
une baisse deprix
àqualité égale
les intéressebeaucoup plus qu’une augmentation
du nombre de modèlesdisponibles (les
améliorations relatives au confort étantplacées
entre lesdeux).
La
question :
« Des améliorationssuivantes, quelle
est cellequi
vous intéresse leplus ?
-
Davantage
de modèlesdifférents ;
- Baisse de
prix
àqualité égale,
a obtenu les
réponses ci-après :
Cette
préférence
pour une baisse deprix
est extrêmementmarquée
dans tous lesgroupes sociaux. Les
réponses
sontfréquemment accompagnées
de commentaires tels que :«
Aujourd’hui,
on trouve tout ce que l’on veut pourvu que l’on ait del’argent ».
La
question :
« Des améliorationssuivantes, quelle
est cellequi
vous intéresse leplus :
-
Davantage
de modèlesdifférents ;
-
Davantage
depointures
etdemi-pointures ;
-
Davantage
delargeurs
»a obtenu les
réponses
suivantes :Beaucoup
de personnes nepeuvent
choisir entre les trois améliorationsqui
leur sont propo- sées à cettequestion.
L’amélioration du confort intéressebeaucoup plus
quel’augmentation
dunombre de
modèles,
mais, envérité,
aucune de ces améliorations nepassionne
les consommateursqui
s’intéressent surtout à la solidité et auprix.
Il
importe
de ne pas seméprendre
sur le sens de ces résultats et de ne pas en déduire parexemple
que les consommateurs sont peu intéressés par le confort et laprésentation
de la chaussure.La gamme des modèles offerts aux acheteurs est
plus
quesuffisante,
lagrande majorité
d’entre eux sont satisfaits des chaussures
qui
leur sont vendues(t
t%
seulement deshommes,
12%
des femmes n’ont pas été contents de leur dernière
paire
dechaussures). L’augmentation
du nombrede modèles n’intéresse donc pas du tout les consommateurs ;
l’augmentation
du nombre depoin-
tures et de
largeurs
les intéressent très peu.Dans ces
conditions,
il semble certain que la meilleurepolitique
deproduction
serait de fabri-quer en
grande série,
donc à desprix
intéressants, des chaussures detype
courant mais de bonnequalité.
Cette
politique
est la seulequi
soitsusceptible
de conduire les consommateurs àaugmenter
le
rythme
de leursachats,
leurpermettant
ainsi d’atteindre un niveau de vieplus
satisfaisant.Le fabricant
qui
orienterait ainsi saproduction
aurait à craindre de voir sesproduits méjugés
à cause de leur bon marché
(malheureusement,
eneffet,
untrop grand
nombre de consommateursjugent
de laqualité
d’une chaussured’après
sonprix).
S’il réussissait à franchir cetécueil,
il serait assuré d’ungrand
succès.Bien
entendu,
cettepolitique implique
que l’on diminue le nombre des modèlesfabriqués
et que la mode se renouvelle moins
rapidement. L’enquête
a montré que cette uniformisation n’irait à l’encontre d’aucun désirprofond
de la trèsgrande
masse desFrançais,
à condition, bienentendu,
qu’elle
reste dans des limites raisonnables.Ceci ne veut pas dire d’ailleurs
qu’un grand
nombre d’acheteurs choisiraienf au milieu de chaussures à la mode une chaussure démodée à cause de sonprix
intéressant.Le fabricant individuel pourra donc réduire le nombre des modèles
qu’il fabrique,
maisagira prudemment
en suivant la mode.Ces
questions
nous mènent d’ailleurs à l’étude du 3epoint qui
estl’usage
fait par le consom- mateur de sa « souveraineté ».III
Il est essentiel pour tout industriel désireux
d’augmenter
saclientèle, grâce
auprix avantageux
et à la
qualité
de sesproduits fabriqués
engrande
série, de savoir s’il estsusceptible
deconquérir rapidement
uneplace importante
sur le marché. Il est doncindispensable
de savoir si les acheteurs sont « fluides ».L’enquête donne,
sur cepoint également, quelques
indications. 34%
deshommes, 34,5 %
des femmes ont un fournisseur habituel(29,5 %
des hommes et des femmes ont acheté chez lui leur dernièrepaire
dechaussures).
Lamajorité
des consommateurs n’ont donc pas de four- nisseur attitré - et ceci même à la campagne.Le
plus grand
nombre achète en « faisant lesboutiques » :
pour 60%
deshommes,
63%
desfemmes,
le modèle acheté se trouvait àl’étalage.
19,5 %
deshommes, 23,5 %
des femmes sont entrés dansplusieurs boutiques
avant de fixerleur choix.
45
%
deshommes,
40%
des femmes ontprétendu
avoir une idéeprécise
de laprochaine chaussure qu’ils achèteraient,
enréalité,
assez peu sont« cristallisés» sur tel ou teltype de chaussure.
46
%
deshommes,
54%
desfemmes,
avant d’acheter leur dernièrepaire
dechaussures,
s’étaient fixé unprix
limite à ne pasdépasser, parmi
ceux-ci : 80%
deshommes,
78%
des femmesont tenu
parole.
Les consommateurs désirent des chaussures très solides : il est donc très intéressant de savoir comment ils
jugent
de laqualité
d’une chaussure :Pour savoir si une chaussure leur fera
beaucoup d’usage
35%
deshommes,
41%
des femmesfont confiance à leur fournisseur ou au
vendeur,
4%
des hommes et 70o
des femmes à la marque de lachaussure,
60%
des hommes et 500/0
des femmes examinent eux-mêmes la chaussure(1 %
deshommes,
2%
des femmes n’ont pasrépondu
à cettequestion).
On notera que les acheteurs attachent assez peu
d’importance
aux marques en matière de chaussures(ce
résultat est confirmé par lesréponses
données àplusieurs
autresquestions).
On
peut
s’étonner du nombre de personnesprétendant juger
par elles-mêmes de la solidité de la chaussurequ’elles
achètent. Il est à craindre malheureusement que leprix
ne soitpour
beaucoup
le critère de laqualité.
L’enquête
a montréégalement
que lesFrançais
restaient pour laplupart ignorants
du labelde
qualité.
En
définitive,
l’acheteurfrançais
est très loin d’utiliser àplein
lespossibilités
quepossède
tout
client
àl’égard
d’un marché très ouvert.Néanmoins,
il est faux de leprétendre complètement
malléable entre les mains du détaillant. Il choisit avec assez de soin et sait
même,
àl’occasion,
sortirsans rien
acheter, lorsque
cequ’on
luiprésente
ne luiplaît pas. Tout
ceci est de nature à donnerconfiance aux
producteurs qui
voudraient(ou veulent) augmenter
leurs débouchés en améliorant laqualité
des services rendus aupublic.
IV. QUELLE EST LA CHAUSSURE PRÉFÉRÉE DU PUBUC ?
Nous ne
parlerons qu’assez
brièvement de cetaspect
del’enquête.
Les consommateurs, comblés par le trèsgrand
choix de chaussuresqui
leur sontoffertes,
trouvent presquetoujours
unmodèle à leur convenance. Le
problème
de l’orientation desstyles
ne se pose donc pas à eux avecbeaucoup
d’acuité.Nous allons seulement essayer de voir si
quelque changement important
dans lesgoûts
dupublic
est àprévoir.
Pour cefaire,
il faut étudier lesréponses
individuelles en fonction del’âge.
Ici,
ilimporte
d’éviter une assezfréquente
et souventgrossière
erreurd’interprétation qui
estexprimée
par laproposition
suivante : « Unproduit
dont la clientèle estcomposée
surtout de per-sonnes
âgées
estappelé
à voir son marché serétrécir,
alorsqu’un produit
consommé surtout par desjeunes
verra son chiffre de venteaugmenter ».
En
effet,
il y auratoujours
desjeunes
et des vieux et ceci dans desproportions qui
ne varient pasrapidement.
La
proposition
incriminée supposedonc,
pour être vraie, que lesgoûts
d’un individu nedépen-
dent que de sa date de naissance, de sa
génération
et nechangent
pas au cours de sa vie(1).
Chaque
foisqu’une
consommation varie avecl’âge
des consommateurs, cette variationpeut provenir
soit d’une évolution dans letemps
desgoûts
dupublic,
la consommation variant avec lesgénérations
successives, soit d’une évolution due auxchangements
degoût qui
seproduisent
au coursd’une vie humaine. Ces évolutions individuelles se
répétant
de manière à peuprès identique
d’unegénération
àl’autre,
la consommation restera à peuprès
stable dans letemps.
Bien
entendu,
les deuxtypes
d’évolutionpeuvent
seproduire
simultanément. Pour déterminerquelle
estl’importance
relative de ces deuxfacteurs,
il est évidemmentindispensable
dedisposer
des données par
âge
àplusieurs
dates successives.Lorsqu’on
nedispose
pas de cerenseignement,
seuls le bon sens et l’intuitionpermettent
de diresi les variations
enregistrées proviennent
ou non d’une évolution au cours dutemps.
Ainsi,
nous constatonsplusieurs
évolutions trèsmarquées
avecl’âge,
en cequi
concerne letype
de chaussures utilisées comme chaussuresd’usage
courant :NOMBRE D’ADULTES POUR 100
QUI
UTILISENT UNE CHAUSSURE D’USAGE COURANT D’UN TYPEDONNÉ
(-.4)
Les pourcentages portés dans ces colonnes ont été calculés en prenant pour dénominateur le nombre d’adultes du sexe et de l’âge indiqués qui utilisent des chaussures de cuir basses comme chaussures d’usage courant.(1) Cette difficulté n’est pas propre aux enquêtes de consommation et les
démographes
déplorent de ne pasdisposer d’individus qui seraient nés en même temps et n’auraient pas le même âge.
il
semble
que la chaussure de cuir basse tende àsupplanter
les autres modèles de chaussurescomme chaussure
d’usage
courant.Toutefois,
unepartie
des variations constatéess’explique
parl’influence de
l’âge
seulqui oblige
certaines personnes àporter
despantoufles
ou des chaussures montantes.Les résultats relatifs à la hauteur des talons reflètent surtout l’influence de
l’iâge :
désir d’élé-gance des femmes de 20 à 40 ans,
danger
des chaussures à talon haut pour les personnesâgées.
Le cas des chaussures à semelles
crêpe
estplus
difficile àexpliquer.
Il ne semble pas que le facteur «âge »
interviennebeaucoup
dans le choix entre chaussures à semellecrêpe
et chaussures à semelle de cuir. Les résultats reflètent donc l’évolution favorable à la semellecrêpe qui
s’estproduite
dans le
passé
sansqu’on
enpuisse
déduire avec certitude si elle sepoursuivra.
QUELQUES PROBLÈMES MÉTHODOLOGIQUES
a) DÉSIGNATION
D’UNÉCHANTILLON
D’INDIVIDUS A PARTIR D’UNÉCHAN-
TILLON DE
MÉNAGES.
L’échantillon utilisé est un échantillon de
ménages
dont les adresses ont été tirées au sort dans les documents du Recensement de 1946.Sur un certain nombre de
points,
lesrenseignements
que l’on cherchait à rassembler concer-naient les
ménages (stocks
et achats effectués en1952).
L’échantillon constitué convenait alorsparfai-
tement et il suffisait
d’interroger
danschaque ménage
la personne laplus compétente,
ou laplus
aisée à
joindre, qui répondait
pour l’ensemble duménage.
Mais il était
également indispensable
de réunir des donnéesindividuelles,
notamment en cequi
concernait lesquestions d’opinion
etégalement
pour étudier l’influence del’âge
sur le compor- tement despréférences.
Il aurait été
théoriquement possible d’interroger
tous les membres adultes dechaque ménage,
ce
qui
aurait fourni un échantillon correct d’individus. L’ensemble des personnes d’un échantillon aléatoire deménages
constitue en effet un échantillon aléatoire d’individus.Toutefois,
ceprocédé
aurait
augmenté exagérément
la durée de l’interview.Il est, de
plus,
à craindre que lesréponses
des membres d’un mêmeménage
ne seressemblent,
notamment en ce
qui
concerne lesquestions d’opinion,
cequi
se traduit enlangage technique
endisant que pour une semblable
enquête
leménage
ne constitue pas une grappe efficace.Il eut été
également critiquable d’interroger toujours
laménagère
ou le chef defamille,
l’opinion
desjeunes
gens et des personnes irèsâgées devait,
elle aussi,pouvoir s’exprimer.
Il fallait donc
adopter
unprocédé simple
etobjectif permettant
dedésigner
danschaque ménage
l’adulte
qui
devait êtreinterrogé (1).
On décidad’interroger
le membre duménage
pourlequel
avait été effectué le
plus
récent achat de chaussuresd’usage
courant. Ce mode dedésignation
étaitd’autant
plus
naturelqu’une partie
duquestionnaire
était consacrée à cedernier achat,
aux conditions danslesquelles
il avait été effectué et auxcaractéristiques
de la chaussure achetée.Il était souhaitable d’avoir à peu
près
le même nombre deréponses
masculines et féminines.Pour ce
faire,
lesquestionnaires
furent divisés parparties égales
enquestionnaires
H etquestionnai-
res F.
Lorsque,
dans unménage,
lequestionnaire
à utiliser était unquestionnaire H, l’enquêteur
devait
interroger
celui des hommes duménage qui
avait leplus
récemment acheté unepaire
dechaussures
d’usage
courant(en
l’absenced’homme,
une femme étaitdésignée
suivant le mêmecritère).
Si lequestionnaire
était detype F,
lesrègles
étaient naturellement inversées.L’échantillon ainsi obtenu n’est ni un échantillon
d’achats,
ni tout à fait un échantillon d’indi- vidus. Les individus avaient d’autantplus
de chances d’êtreinterrogés
que leur famille contenait(1)
Unprocédé
a été mis au point par GOODMAN et VISH pour désigner de manière objective un individupar ménage. Ce procédé, excellent, n’a pas été utilisé pour des raisons psychologiques. Il étonne, en général, enquê-
teurs et personnes interrogées. Ce procédé est décrit dans " Application des méthodes de sondage aux enquêtes statistiques - Institut national de la statistique et des études économiques, 1953 ".
moins d’adultes de leur sexe ; par
ailleurs,
dans une familledonnée,
les personnes faisant les achats lesplus fréquents
avaient leplus
de chances d’êtreinterrogées.
Toutefois,
le nombre deménages
contenant deux adultes de même sexe n’étant pas très élevé(30 % environ),
il a été considéré que l’échantillonpouvait
être utilisé telquel.
b)
INFLUENCE SUR LESRÉPONSES
DE L’ORDRE DANSLEQUEL
SONTPOSÉES
LES
QUESTIONS.
Il était demandé aux adultes
interrogés
individuellement :- d’une
part,
combien ils avaientpayé
leur dernièrepaire
de chaussuresd’usage
courant ;- d’autre
part,
s’ils avaient eu l’intention de ne pasdépasser
un certainprix
etlequel ?
Il était à craindre que la
réponse
faite par la personneinterrogée
à lapremière
des deuxquestions posées
n’influence saréponse
à la deuxièmequestion.
On a donc utilisé deuxtypes
dequestionnaires
surlesquels
l’ordre de ces deuxquestions
étaitpermuté.
Voici
quels
ont été les résultats obtenus(les prix indiqués
concernent touteespèce
dechaussures
d’usage
courant et sont doncparfois
relatifs à dessabots, espadrilles) :
PRIX
PAYÉ
On ne constate pas d’influence
significative
de l’ordre desquestions.
De même la
question :
«Lorsque
vous achetez unepaire
dechaussures, attachez-vous plus d’importance
à cequ’elle
soit bon marché ou à cequ’elle
vous fassebeaucoup d’usage
était
posée
sous cette forme sur une moitié desquestionnaires : questionnaires A,
sur l’autremoitié, questionnaires B,
l’on avait inverti l’ordre des deux termes de l’alternative.Les
réponses
obtenues ont été les suivantes :Ces résultats donnent
également
une idée de la variance à l’intérieur des unitésprimaires
du
sondage.
c) COHÉRENCE
DES ATTITUDES’ MENTALES.On a
comparé
lesprix payés
pour la dernièrepaire
de chaussuresd’usage
courant, par lesadeptesTdu
bon marché et par lesadeptes
de laqualité.
’PRIX
PAYÉ
POUR LADERNIÈRE
PAIRE DE CHAUSSURESPRIX
PAYÉ
POUR LADERNIÈRE
PAIRE DE CHAUSSURESd) CARACTÈRE
SUBJECTIF DE LA NOTION DE BESOIN.Il était demandé aux personnes
interrogées
dansquelle
mesure elles considéraient que leurs besoins en matière de chaussures étaientsatisfaits;
on a, deplus,
calculé danschaque ménage
ladépense
moyenne par adulte. Le tableauci-après
montre la liaisonqui
existe entre ces deux carac-téristiques, opinion exprimée
etdépense
faite pour atteindre le butpoursuivi.
ANNEXE
INSf1TUT NATIONAL DE LA
STATISTIQUE
CENTRE D’ETUDES ET DE MESUREHA 1
ET DES
ETUDES ECONOMIQUES
DE pRooucTfVfTEETUDE DU MARCHE DE LA CHAUSSURE
Je vais tout d’abord vous demander quelques renseignements sur votre famille (les domestiques, salarias logés et pensionnaires payants étant exclus)
1 - Stocks et Achats de la famille
1 De combien de paires de chaussures utblisables disposez-vous actuellement ?
2. Considérez-vous que les besoins de votre famille en matière de chaussures sont : parfaitement satisfaitsl - convenablement satisfaits2 - assez mal
satisfaits3 - très mal satisfaits4 ...
3. Combien de paires de chaussures ont 4td achetées en 1952 pour les besoins de votre famille ? Quelle a éte la dépense correspondante ? (inscrire les réponses dans le tableau)
Combien de ressemelages avez-vous fait fait faire (ou fait vous-même) en
1952 ? Quelle a été la dépense ?
Il - Dernier Achat
Je voudrais vous poser quelques questions sur le dernier achat de chaussures
d’usage courant effectué dans votre famille
(Hommes : 16 ans ou plus - en l’absence d’Hommes : Femmes de 16 ans ou plus) 5a Sexe du bénéficiaire (qui devra être interrogé personnellement :
M1F2) ...
5 b
Age du bénéficiaire ...Cs
6. Profession ...
U
7. o Pointure ... o
8 Date de 1 achat (achat le plus récent de chaussures d’usage courant) ...
9. Ces chaussures étaient-elles en cuir Bassesl ou montantPS2 !y compris bottes)
sabots -
galoches3 -
espadrilles, sandales4 ...10. Le dessus était-il en
cuirB
endaima,
entoile3,
autres4 (à préciser) ...11. (pour femmes seulement) - Le talon était-il
plat’, moyen2,
haut3 ...12. Les semelles étaient-elles en
cuirl,
encrêpe2, autres’
(à préciser) ...13u Les chaussures avaient-elles une Marque (André, Bally) :
si oui : laquella
NerO - NSp9
...14. Avez-vous fait ce dernier achat -- pour remplacer une paire hors d’usage : dessus 1 _ dessous2
pour avoir une paire de chaussures
propre3 -
renouvellementpériodique
du stock.achats saisonn iers4 remplacer une pairedémdée5-parce
que cette paire me faisait envie - pour profiter d’une occa-sion, solde 7 NSP9 ...
15. Avez---vous acheté cette paire de chaussures
- Dans une succursale de Maison spécialisée (André, Bally
Dans
un autre magasin dechaussures
- Dans un magasin à rayons multiples (grand
magasin.prix unique)3.
Dans une boutique nonspécialisée
-
Au marché, ches un forsin5 une coopérative
nonspéc
ialalisée4
- Autre : (achat chez fabricant,
orthopèdiste)8 - N.S.P.9
...l6. a) Avez-vous un fournisseur habituel? oui - non (r a y e r) ...
b) Si oui : avez-vous acheta cette paire de chaussures chez lui ? oui non
(rayer)
c) (Si pas de fournisseur habituel ou pas acheté chez lui) ;
Coanent avez-vous trouve le fournisseur qui vous - a vendu cette paire de chaussures ?
sur l’indication d’un am i1 - publicité par les Affiches2 - la
Radio3 - les Journaux4
- le Cinéma5 - en faisant les
boutiques6 -
autres7 ... o...0 17. Etes-vous entre dansplusieurs
boutiques, avant de fixer votre choix : oui1 -non 0
...19. Le iaodele existait-il à l’étalage : oui1 - non0 ...
21. Combien approximativement avez vous paye votre dernière paire de chaussures d’usage courant ? ...
22. Etiez-vous décide à ne pas dépasser un certain prix ? oui - lequel ?
non
...23. Avez-vous été satisfait de votre dernier achat ? oui1 - non pourquoi ?
m’ont 6 fait mal aux pieds2 - mauvaise qualité3 - trop cher4 - ai fini par les trpuver affreuses
autres
(préciser) ...24. Disposez-vous d’autres paires de chaussures d’usage courant ? S1 oui : Combien
Non 0
25. Quelle paire de chaussures mettez-vous le plus fréquemment pour travailler ? a) à domicile (y compris travail du ménage)
b) hors du domicile
la paire de chaussures récemment achetée
- autres : chaussures basses en cuir (talon
plat)
chaussures basses en cuir (talon haut ou
moyen)2
horschaussures montantes ou bottes en cuir3
à do- do-
bottes, botillons en
caoutchouc B
sabots,galoches5 mc micll
sandales,
espadrilles - pantoufles
...Semelles : cuir1 -
crêpe2 -
autres3 (àpréciser) ...
26. Avez-vous une paire de chaussures que vous ayez achetée pour la mettre le dimanche et dans les grandes occasions- ? oui1 - non0 ...
III -
Opinions
etpréférences
(continuer d’interroger le bénéficiaire du dernier achat) 28. En ce qui concerne votre prochain achat de chaussures d’usage courant, avez-vous une idée delapaire de chaussures que vous achèterez ?
-idée
précise1 -
idéevague2 - selon
lamodeo - N.S.P. 9
Avez-vous l’intention d’acheter (ou si pas d’intenticn précise) préférez-vous (compte tenu de
vos possibilités financières) 29. Une paire de chaussures de cuir : basses ou montantes 2 sabots,
galoches3 -
espadrilles,sandales 4 ...
30. " " " "
dont le dessus est
cuir 1 ---,-a in2toile3 - autre (préciser)4
selon la
mode 0 - I.Z.S.P., aucune rréference9
31. " " " " de couleur noire1 -
clrine 2 -
marronfoncé3 -
marronclair4 - jaune5 fantaisie6 - selon mode0 - N.S.P., aucune préférence9 ...
32. (Femme seulement) talon
plat1 - moyen2 -
haut3 - selonmode° -
N.S.P., aucunepréférence9
...33. Semelles : cuir1 -
crêpe2 -
caoutchouc3 - autre(préciser)4 -
N.S.P., aucunepréférence9
...34. (Homes seulement)
:semelles : débordantes1 - non débordantes2 - selon mode0 - N.S.P.,
aucunepréférence9
...36.
Préférez-vous les chaussures avec boutsrapportes’ -
sans boutsrapportés2 -
mm ase ln3selon
mode0 - N.S.P., aucune préférence...
38. Préférez-vous que les bouts soient : ronde 1 carrés2 -
pointus3 - CoUpés4
(pour femme)selon
mode0-N.S.P.,
aucunepréférence9 ...
39. Lorsque vous achetez une paire de chaussures, attachez-vous plus d’importance
-à ce qu’elle soit bon marché1
-ou à ce qu’elle vous
fasse beaucoup d’usage2 - pas
depréférence9 ...
40. A votre avis, combien de ressemelages une paire de chaussures d’usage courant peut-elle
supporter ? ...o...’
41. Pour juger si une paire de chaussures vous fera beaucoup d’usage, faites-vous confiance à votre fournisseur1 - aux conseils du vendeur 2 - à la Marque de la chaussure3
ou examinez-vous
vous-même la chausse4 ? ...
43. Quelles Marques de chaussures considérez-vous comme les meilleures ? (dans l’ordre) 1°
...
aucune0 -
N.S.P.9
(dans la 1ère case)2°
...
3° ...
44. Des améliorations suivantes, quelle est celle qui vous intéresse le plus ? davantage de modèles différents1 - davantage de pointures et
demi-pointures 2
davantage de