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La division du travail entre les pays développés et les pays à bas salaires : impact de l'organisation des multinationales

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La division du travail entre les pays développés et les pays à bas salaires : impact de l'organisation des multinationales

in Economies et Sociétés, série "Développement", n° 41, 7-8/2003.

Claude Pottier, FORUM, CNRS-Université Paris X

Deux conceptions s'opposent dans l'analyse de la localisation des activités des multinationales et de ses effets sur l'évolution de la division du travail entre les pays développés et les pays à bas salaires. Selon la première, le rôle de la connaissance est de plus en plus déterminant par rapport à la logique des coûts qui est en régression. En raison de la localisation initiale de l'activité d'innovation dans les pays développés et des effets d'agglomération auxquels elle donne lieu, la répartition spatiale des activités obéit de plus en plus à des forces centripètes. Les investissements directs vers les pays à bas salaires diminuent et il se produit même un mouvement de

"relocalisation" vers les pays développés. En outre, dans la mesure où quelques activités continuent à être délocalisées vers les pays à bas salaires, selon la logique des coûts, la nature de la division internationale du travail n'est pas remise en cause. Dans l'économie de la connaissance, la domination des pays développés ne fait que s'accentuer.

Selon la deuxième conception, dans laquelle s'inscrit la présente réflexion, il est vrai que la connaissance joue un rôle croissant dans la compétitivité des firmes mais, simultanément, la mondialisation a donné une nouvelle vigueur à la compétitivité-coût, en permettant aux firmes de tirer parti, plus que jamais, des disparités internationales de coûts salariaux. Dès lors, il se produit une extension des systèmes productifs des multinationales aux pays périphériques à bas salaires (section 1) et une modification de la nature de la division internationale du travail, à l'intérieur de l'activité de production (section 2). Pour soutenir ce point de vue, on examinera le processus de transfert des activités manufacturières des trois pôles de la triade (Etats-Unis, Japon, Europe) vers leurs périphéries1.

1. L'extension du système productif des multinationales aux pays périphériques à bas salaires 1.1. La thèse de la polarisation des activités dans les pays développés

La thèse de la concentration des activités dans les pays développés repose en premier lieu sur l'idée que la compétitivité par les coûts est de plus en plus supplantée par la compétitivité hors-coût. Celle-ci résulte notamment de l'innovation, de la différenciation des produits, de leur qualité, des services offerts autour des produits. A cela s'ajoute la "réactivité" au marché, c'est-à-dire la capacité des firmes à réagir à l'évolution de la demande, par une limitation des délais de livraison ou par une adaptation rapide des produits aux besoins

11. Une analyse plus complète de ce processus et de ses effets sur le rapport salarial est proposée dans un ouvrage à paraître (Pottier, 2003).

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exprimés par les consommateurs. Pierre Veltz (1993) souligne aussi le rôle de l'organisation. La combinaison des facteurs compte beaucoup plus que le coût de chacun d'eux, écrit-il, avant d'en conclure qu'on assiste à un

"ralentissement des flux centre-périphérie" et à "un repli du jeu économique au sein des zones les plus développées". De même, pour Moati et Mouhoud (1995, 2000), il y a un mouvement de polarisation des activités économiques dans les pays développés, qui résulte du recul de la compétitivité-coût. La logique de la localisation des activités selon les coûts correspond à une division technique du travail qui tend à s'effacer au profit d'une division cognitive du travail où le critère dominant de localisation est l'accès à des compétences : en particulier, une main-d'œuvre disposant de qualifications spécifiques, la présence d'institutions de recherche spécialisées, l'implantation de concurrents susceptibles de générer des externalités technologiques. Cela explique la concentration des investissements directs internationaux entre les pays développés. En outre, dans le cadre de la division technique du travail, la "contrainte de réintégration", c'est-à-dire la nécessité de coordination entre les différents segments du processus de production, se durcit en raison de l'exigence croissante de flexibilité et de réactivité aux marchés. Il en résulte soit des "relocalisations" dans les pays développés, soit une limitation des investissements directs dans les pays à bas salaires à un petit nombre de pays disposant de bonnes infrastructures de communication.

L'idée de la concentration des activités dans les pays développés est d'abord étayée par l'hypothèse de l'émergence d'une économie de la connaissance et par le fait que ces pays disposent de l'essentiel des compétences et des capacités de recherche et d'innovation. Elle est renforcée par l'existence d'externalités de connaissance, induisant une concentration des activités intensives en connaissance (Krugman, 1991 ; Krugman and Venables, 1995).

1.2. La thèse du transfert d'activités vers les pays à bas salaires

La thèse du transfert d'activités vers un certain nombre de pays à bas salaires repose sur l'idée que la compétitivité-coût n'a pas reculé et qu'elle a même été relancée par la mondialisation. On doit observer d'abord qu'au sein des grandes firmes les stratégies d'innovation et de minimisation des coûts ne s'opposent pas mais se complètent. La relation entre l'innovation et la production de masse à faible coût est à double sens. D'un côté, de fortes positions sur les marchés des produits à maturité sont la source de profits qui financent l'innovation. De l'autre côté, l'innovation n'est profitable que si la firme est capable d'engager rapidement une production de masse en limitant les coûts. Le cas de la naissance de l'industrie du magnétoscope est édifiant. Les firmes américaines ont été les premières à mettre au point ce produit mais elles ont été incapables de le fabriquer en masse à faible coût. Puis JVC-Matsushita s'est imposé face à Sony et Philips parce que, dès la phase de conception du produit, la firme avait tenu compte de la nécessité de le produire rapidement à grande échelle et à un coût relativement faible (Rosenbloom and Cusumano, 1987).

En outre, la mondialisation provoque une intensification de la concurrence par les coûts salariaux. Le salaire n'est plus l'objet central des régulations nationales mais seulement un élément de compétitivité (Aglietta, 1997).

Cette évolution est le résultat de l'internationalisation de l'activité des firmes qui tend à dissocier leurs intérêts de ceux de leurs nations d'origine (Reich, 1991). Il y a une rupture du cercle vertueux qui liait l'augmentation des

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salaires versés par les entreprises à l'accroissement de la production, via l'augmentation de la demande nationale.

La réduction du coût du travail et sa flexibilité s'imposent de plus en plus comme des éléments communs de l'attractivité des territoires (Michalet, 1999) et de la compétitivité des firmes. La globalisation financière pousse aussi à la réduction du coût du travail, à l'échelle micro-économique, en raison de la contrainte de résultats financiers à court terme des entreprises, et à l'échelle macro-économique, par l'intermédiaire des politiques de désinflation compétitive.

Pour faire face à la compétition de plus en plus vive qui les oppose, les grandes firmes ont tendance à transférer leur production de biens standardisés dans les pays à bas salaires, notamment ceux qui possèdent des capacités technologiques (Giraud, 1996). Cela ne fait que renforcer la concurrence par les coûts. Il est vrai que l'automatisation fait baisser la part du coût du travail de production dans le prix de ces biens. Ainsi, dans l'usine de Thomson à Angers, le temps de travail pour la fabrication d'un téléviseur est passé de 20 h en 1967 à moins de 2 h en 1992 (Pottier, 1994). A cette date, le coût du travail de production ne représentait plus qu'environ 10 % du prix de revient de cet appareil. Mais, simultanément, la concurrence s'est intensifiée à l'échelle mondiale.

Thomson et Philips ont donc transféré en Asie et en Europe centrale une partie de la production de téléviseurs et de composants destinés au marché européen. Aujourd'hui l'industrie du téléphone mobile connaît la même évolution. Alors que le coût de la main-d'œuvre ne représente que 10 % du coût total de production, le gain de 1 à 2 $ par unité produite est jugé décisif, étant donné l'importance du volume de production. C'est pourquoi l'activité de fabrication est externalisée et délocalisée dans les pays à bas salaires.

Parmi les facteurs permettant les transferts d'activité vers les pays à bas salaires, il faut citer notamment : - Les progrès en matière de transport et de communication.

- La libéralisation du commerce international.

- la libéralisation des investissements directs internationaux.

- Les effets d'apprentissage dans les transferts.

La libéralisation du commerce international est un élément très important dans la mesure où l'implantation des firmes multinationales dans les pays à bas salaires n'a pas seulement pour but de faciliter la conquête des marchés locaux mais aussi d'exporter la production vers les pays développés, notamment les pays d'origine des firmes. Michalet (1999) souligne le rôle de la libéralisation du commerce international dans le basculement des stratégies "multinationales", liées à la conquête des marchés, vers des stratégies "globales", dans lesquelles l'objectif de rationalisation de la production à l'échelle mondial devient primordial.

Les multinationales ont constitué le principal groupe de pression dans les cycles de négociation du GATT puis de l'OMC. En outre, avant même que l'ensemble des droits de douane des pays développés ait baissé de façon significative et que les restrictions quantitatives aient été levées, les multinationales ont obtenu l'instauration de deux mesures favorisant l'importation des produits fabriqués par des filiales ou des sous-traitants dans les pays en développement : d'une part, le Système des Préférences Généralisées (SPG), par lequel des quotas d'exportations libres de droits de douane sont accordés à des pays en développement dans des secteurs déterminés ; d'autre part, la limitation des droits de douane à la seule valeur ajoutée pour les importations de

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produits fabriqués avec des matières premières, pièces et composants préalablement exportés dans les pays en développement ("trafic de perfectionnement passif").

La complémentarité entre la valorisation des compétences et la minimisation des coûts ne s'observe pas seulement dans la stratégie globale des firmes mais aussi dans la localisation de leurs activités. Cela est bien mis en évidence dans la notion de "réseaux internationaux de production" développée par Borrus et Zysman (1998).

Ces réseaux, qui sont constitués par l'organisation interne des grandes firmes et par des éléments externalisés, reposent sur une division internationale du travail dans laquelle chaque territoire combine un certain niveau technologique, un certain degré de qualification du travail et un certain niveau de coût, notamment de coût du travail.

Cette nécessaire combinaison entre les facteurs de compétence et de coût du travail signifie que les transferts d'activité ne peuvent concerner l'ensemble des pays à bas salaires mais ceux qui réunissent des conditions de production minimales en matière de qualification du travail et d'environnement industriel (présence de fournisseurs, sous-traitants et prestataires de service). En outre, la liste des pays bénéficiaires est encore restreinte par le besoin de proximité avec les pays d'origine des multinationales, qui découle des problèmes de coordination au sein des firmes et du coût des échanges de produits intermédiaires et finals. L'importance du critère de proximité géographique (qui d'ailleurs se combine lui-même avec la qualité des infrastructures de transport et de communication) explique que les transferts d'activité vers les pays à bas salaires se font surtout sur une base régionale, des trois pôles de la triade vers leurs périphéries.

1.3. La poussée des investissements directs vers les pays périphériques à bas salaires

A l'appui de la thèse de la marginalisation des pays à bas salaires, est souvent avancé le fait que la proportion des investissements directs orientés vers ces pays diminue. Cela s'est produit en effet entre 1982 et 1989 puis entre 1994 et 2000. Mais cet argument est superficiel puisque des logiques très différentes se mêlent dans les investissements directs internationaux. Il faut considérer, en particulier, l'accès aux marchés, qui joue depuis longtemps un rôle primordial, et le mouvement de concentration au sein des oligopoles mondiaux qui a donné lieu à une forte croissance du nombre et de la valeur des opérations de fusions-acquisitions internationales depuis 1994. Etant donné que, de 1994 à 1999, 85 % des actifs acquis dans ces opérations étaient localisés dans les pays développés2, la proportion des investissements directs orientés vers les pays en développement a baissé mécaniquement dans cette période.

Au delà de ces logiques d'accès aux marchés et de concentration, qui ont des effets massifs sur le plan statistique, il faut examiner l'évolution propre des investissements directs vers les pays en développement, en considérant leur croissance en volume ou en proportion du PIB mondial. Or, le stock d'investissements directs étrangers dans les pays en développement est passé de 2,3 % du PIB mondial en 1980, à 2,4 % en 1990 puis à 6,2 % en 20003.

22. UNCTAD, World Investment Report, 1999.

33. UNCTAD, World Investment Report, 2001.

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Ainsi, la progression des investissements directs étrangers dans les pays en développement a été équivalente à celle du PIB mondial dans les années 1980 et elle a été beaucoup plus rapide dans les années 1990.

La comparaison, au sein de l'industrie manufacturière, entre l'évolution des investissements directs dans les pays en développement et les investissements intérieurs dans les pays développés est une autre indication intéressante.

En proportion des investissements intérieurs aux Etats-Unis, les investissements directs américains (comprenant les réinvestissements des filiales) dans les pays en développement sont passés de 0,4 % en 1985 à 7,6 % en 19974. Ces investissements directs ont été particulièrement orientés vers le Mexique dont la part dans l'ensemble des pays en développement est passée de 2,4 % en 1986-1988 à 9,8 % en 1989-1991, atteignant encore 6,7 % en 1998-2000. De même, toujours dans l'industrie manufacturière, la proportion des investissements directs japonais vers les pays d'Asie est passée de 0,8 % des investissements intérieurs japonais en 1985 à 5,2 % en 1997. Cette proportion a baissé après 1997, avec la crise des pays d'Asie orientale, mais elle est remontée à 3,7

% en 20015.

Les données américaines et japonaises ne sont pas comparables puisque ces dernières portent sur des projets et n'incluent pas les réinvestissements des filiales. Mais l'évolution est semblable pour les investissements d'infrastructure et d'équipement des filiales des firmes japonaises en Asie, rapportés aux investissements des firmes dans l'industrie manufacturière japonaise. La proportion s'est élevée de 6,8 % en 1989 à 19,2 % en 19976. Ces investissements ont chuté en 1998 et 1999 mais ils ont repris vigoureusement en 2000.

Tous les indicateurs (investissements directs, réinvestissements, ventes des filiales, emploi dans les filiales) montrent que la crise de 1997-1999 en Asie orientale n'a été qu'une parenthèse pour les firmes japonaises dont l'engagement dans cette zone est stratégique. Cet aspect structurel apparaît encore lorsque l'on prend en compte l'éclatement de la bulle financière japonaise à partir du début des années 1990. Alors que, en raison des difficultés financières des firmes, leurs investissements dans l'industrie manufacturière japonaise ont chuté dans les années 1990, les investissements directs dans les pays d'Asie se sont développés dans la même période puisqu'il s'agissait de rétablir une compétitivité-coût laminée par la hausse du yen.

Les données sur l'emploi font apparaître des évolutions encore plus spectaculaires. Dans l'industrie manufacturière, l'emploi dans les filiales étrangères des firmes américaines a progressé à peine (+ 1 %) de 1983 à 2000 dans les pays développés, alors qu'il a augmenté de près de 60 % dans les pays en développement. La progression a été particulièrement forte pour les filiales mexicaines qui employaient 804 000 salariés dans l'industrie manufacturière en 2000, soit 37 % des effectifs des firmes américaines dans les pays en développement7. De même, l'emploi s'est fortement accru dans les filiales manufacturières des firmes japonaises en Asie, pour atteindre 1 360 000 en 19988.

44. Sources : U.S. Department of Commerce, Bureau of Economic Analysis, U.S. Direct Investment Abroad, Capital Outflows, 1985-1997 ; Historical Cost Investment in Fixed Private Capital, by Industry, 1947-1997.

55. Sources : Ministry of Finance (M.O.F.), Japan : Statistics of Foreign Direct Investment ; Financial Statements, Statistics of Corporations by Industry.

66. Source : METI, 2001 Survey of Overseas Business Activities.

77. Source : BEA, U.S. Direct Investment Abroad : Operations of U.S. Parent Companies and Their Foreign Affiliates, 1983 et 2000.

88. Source : MITI (devenu METI en 2001), 1999 Survey of Overseas Business Activities.

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Pour les firmes européennes, Eurostat ne fournit pas de données sur l'évolution de l'investissement direct dans l'industrie manufacturière des pays périphériques de l'Union européenne. Dans l'ensemble des secteurs, les investissements directs périphériques ont été dirigés surtout vers les pays d'Europe centrale qui, en 1999, disposaient de 68 % du stock d'investissement direct de l'Union européenne vers sa périphérie (tableau 1).

Tableau 1. Stocks d'investissements directs des firmes de l'Union européenne dans les pays à bas salaires de la périphérie, 1999.

Milliards d'euros

Pologne 17,0

République Tchèque 12,4

Hongrie 11,2

Slovaquie 2,0

Slovénie 1,2

Croatie 1,2

Yougoslavie 0,4

Total Europe centrale 45,4 Roumanie + Bulgarie 3,9

Pays Baltes 3,0

Turquie 4,9

Afrique du Nord 9,0

Total périphérie 66,2

Source : Eurostat, European Union foreign direct investment yearbook, 2001.

Il est à noter que la moitié du stock d'investissement direct de l'Union européenne en Europe centrale provenait de l'Allemagne (39 % ) et de l'Autriche (11 %). L'effet de la proximité est évident, mais aussi celui du différentiel de coût du travail puisque ce coût est particulièrement élevé dans les deux pays. La Bundesbank fournit des données sur le stock d'investissements directs allemands dans l'industrie manufacturière des PECO. A la fin de 1999, 31 % de ce stock concernait l'industrie automobile. La même année, les filiales des firmes allemandes employaient 341 000 personnes dans l'ensemble de l'industrie manufacturière des PECO, dont 68 000 (soit 20 %) dans l'industrie automobile. A titre de comparaison, les effectifs dans les filiales des firmes françaises pouvaient, à la même date, être estimés, au maximum, à 86 000 pour l'ensemble de l'industrie manufacturière de ces pays9.

1.4. Le commerce induit par les investissements directs dans les pays périphériques

99. Pour faire cette estimation, on a additionné les effectifs dans les filiales des firmes françaises, fournis par la DREE (Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, DREE, L'implantation française à l'étranger, enquête 2000), soit un total de 128 840 salariés. Mais ce chiffre concerne l'ensemble des secteurs. Selon la DREE, 67 % des effectifs employés dans l'ensemble PECO-CEI ont une activité de production. En appliquant ce pourcentage au chiffre de 128 840 salariés, on obtient un effectif de 86 000 salariés dans l'industrie manufacturière des six pays, ce qui est une estimation maximale puisque l'activité de production est une notion plus large que l'industrie manufacturière.

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Le processus d'intégration des filiales étrangères des multinationales aux pays d'origine de ces firmes est beaucoup plus fort pour les filiales des pays à bas salaires que pour celles des pays développés. C'est ce que montre l'évolution des taux d'exportation des filiales étrangères vers les pays de leurs sociétés-mères.

Entre 1983 et 2000, le taux d'exportation vers les Etats-Unis des filiales des firmes américaines, par rapport à l'ensemble de leurs ventes, a beaucoup plus progressé pour les filiales des pays en développement : + 7,5 points (soit 24 % en 2000) que pour les filiales des pays développés : + 1,7 point (tableau 2).

Tableau 2. Taux d'exportation vers les Etats-Unis des filiales* des firmes américaines, par rapport au total de leurs ventes. Industrie manufacturière.

Pays d'implantation 1983 2000 Ecarts

% % %

Pays développés 10,6 12,3 + 1 ,7

Pays en développement : 16,9 24,4 + 7,5

Asie 44,0 25,1 - 18,9

Amérique latine hors Mexique 5,7 10,4 + 4,7

Mexique 16,1 39,4 + 23,3

Total 11,6 15,3 + 3,7

* Filiales dont la majorité du capital est détenue par les firmes américaines.

Source : BEA, U.S. Direct Investment Abroad : Operations of U.S. Parent Companies and Their Foreign Affiliates, 1983 et 2000.

Alors que le taux d'exportation vers les Etats-Unis des filiales d'Asie était, en 1983, beaucoup plus élevé que celui des filiales d'Amérique latine, ces taux ont convergé dans la période. Pour les filiales d'Asie, la baisse du taux, qui est passé de 44 % en 1983 à 25 % en 2000, a correspondu au développement des marchés locaux. Pour les filiales d'Amérique latine, le fait important a été l'accroissement spectaculaire du taux d'exportation de celles du Mexique. Il est passé de 16 % à 39 %.

S'agissant des filiales des firmes japonaises en Asie, le taux d'exportation vers le Japon est passé de 16,1 % en 1986 à 25,6 % en 2000 (tableau 3), soit environ 23 % pour celles implantées dans les NPI (Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong, Singapour), 26 % pour les filiales chinoises et 28 % pour les filiales des pays de l'ASEAN 4 (Malaisie, Thaïlande, Philippines, Indonésie).

Tableau 3. Destination des ventes des filiales des firmes japonaises en Asie.

Industrie manufacturière, %.

Pays

d'implantation Région Japon Reste

du monde Total

1986 55,8 13,0 16,1 15,1 100,0

1994 57,0 16,2 16,6 10,2 100,0

1998 51,4 15,2 25,3 8,1 100,0

2000 47,7 25,6 100,0

Source : METI, Surveys of Overseas Business Activities.

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Quant à l'activité d'exportation des firmes ouest-européennes implantées en Europe centrale, on se limitera, en l'absence de données d'Eurostat, à l'industrie automobile, en se référant aux rapports et coupures de presse réunis par le Comité des Constructeurs Français d'Automobiles. Le tableau 4 montre que la plupart des véhicules produits en Europe centrale par les constructeurs ouest-européens sont exportés en Europe de l'Ouest.

Tableau 4. Production et exportation d'automobiles et de véhicules utilitaires légers par les constructeurs ouest-européens en Europe centrale. 2000.

Unités produites Taux d'exportation Volkswagen :

République

Tchèque (Skoda) 435 000 81 % (53 % vers Europe Ouest)

Slovaquie 181 000 100 % (surtout Europe Ouest)

Pologne 70 000 0 %

Hongrie (Audi) 57 000 100 % (surtout Europe Ouest) Total Volkswagen 743 000

Fiat (Pologne) 292 000 63 % (surtout Europe Ouest) Renault (Slovénie) 123 000 91 % (75 % vers Europe Ouest)

GM-Opel (Pologne) 98 000 80 %

Total général 1 256 000

Sources : rapports et coupures de presse, Comité des Constructeurs Français d'Automobiles

A la hausse particulièrement forte des taux d'exportation des filiales des multinationales implantées dans les pays périphériques à bas salaires correspond une augmentation de la proportion des importations des pays développés à partir de ces filiales.

Entre 1983 et 2000, les importations des Etats-Unis de produits manufacturés en provenance des filiales des firmes américaines ont progressé beaucoup plus vite pour les filiales implantées dans les pays en développement que pour celles des pays développés. Ainsi, la part des filiales des pays en développement, dans les importations à partir des filiales étrangères, a progressé de 15 points, pour atteindre 39 % en 2000 (tableau 5).

Tableau 5. Importations des Etats-Unis en provenance des filiales des firmes américaines.

Industrie manufacturière.

Pays d'implantation % des importations

à partir des filiales % des importations des Etats-Unis

1983 2000 1983 2000

Pays développés 75,9 60,7 15,8 11,2

Pays en développement 24,1 39,3 5,0 7,2

(dont Mexique) (6,1) (20,8) (1,3) (3,8)

Total 100 100 20,8 18,4

Source : BEA, U.S. Direct Investment Abroad : Operations of U.S. Parent Companies and Their Foreign Affiliates, 1983 et 2000.

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Cette augmentation est due, pour l'essentiel, aux filiales mexicaines dont la part est passée de 6 %, en 1983, à près de 21 % en 2000. Par rapport à l'ensemble des importations américaines de produits manufacturés, la part de celles provenant des filiales des pays développés a diminué de 4,6 points, alors qu'elle a augmenté de 2,2 points pour les filiales des pays en développement.

Le montant des exportations des filiales manufacturières asiatiques vers le Japon s'est fortement accru de 1986 à 2000, passant de 510 milliards de yens à 4 893 milliards de yens. Par rapport au total des importations du Japon dans l'industrie manufacturière, la part des importations en provenance des filiales asiatiques est passée d'environ 5 %, en 1986, à près de 20 % en 2000 (tableau 6).

Tableau 6. Importations du Japon à partir des filiales des firmes japonaises implantées en Asie.

Industrie manufacturière.

Milliards de yens % du total des importations du Japon

1986 510 5,2

1992 1 300 8,5

1995 2 158 11,6

1997 4 365 18,0

2000 4 893 19,6

Sources : Importations des filiales : METI, Surveys of Overseas Business Activities ; Total des importations : JETRO, White Papers on International Trade.

Ces chiffres sont des moyennes pour l'industrie manufacturière. Ils sont moins élevés dans les secteurs où les implantations visent les marchés intérieurs, notamment l'industrie automobile, et plus élevés dans les secteurs où l'Asie sert de base productive pour le Japon, particulièrement dans les industries du textile-habillement, de l'électronique et de l'informatique où les taux de production à l'étranger, les taux d'importation et les taux de pénétration des importations sur le marché intérieur japonais ont fortement augmenté.

Dans le secteur de l'habillement, la production japonaise à l'étranger représentait plus de la moitié de la production intérieure en 1997. Elle était presque entièrement localisée en Asie, notamment en Chine, pays qui, en 2000, était à l'origine des 3/4 des importations japonaises de vêtements.

Dans le secteur de l'électronique, la production japonaise à l'étranger a commencé à dépasser la production intérieure à partir de 1988 pour les téléviseurs et à partir de 1994 pour les magnétoscopes. Cette production est concentrée en Asie orientale. Pour l'ensemble des produits vidéo et audio, 93 % des importations japonaises, en 2000, provenaient de cette région10. Dans l'ensemble du secteur électronique et informatique, le nombre d'unités de production japonaises implantées en Asie est passé de 240 en 1985 à 829 en 1997 et il s'est encore accru après la crise, atteignant 871 en 200011, dont 217 dans les NPI, 273 en Chine et 345 dans l'ASEAN 4. Simultanément, on a observé une forte augmentation des taux de pénétration des importations en provenance d'Asie (rapport entre ces importations et la consommation intérieure japonaise) qui ont atteint, en 2000, 41 % pour les produits vidéo et audio et 43 % pour les composants électroniques (tableau 7).

1010. JEITA, The Electronics and Information Technology Industries in Japan, Tokyo, 2001.

1111. Ibid.

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Tableau 7. Taux de pénétration des importations en provenance d'Asie (% de la consommation intérieure japonaise).

1988 2000 Equipements vidéo et audio 3,8 41,1

Composants électroniques 6,6 43,0

Informatique, télécommunications

et électronique industrielle 0,6 12,8

Sources : 1988 : Japan Electronics Almanac 1990, Tokyo, Dempa Publications ;

2000 : The Electronics and Information Technology Industries in Japan, JEITA, Tokyo, 2001.

2. L'évolution de la nature de la division du travail entre les pays développés et leurs périphéries à bas salaires

2.1. Les transferts de technologies et l'accroissement des compétences dans les périphéries

Si l'on conçoit la division du travail entre pays développés et pays à bas salaires essentiellement selon le critère de l'innovation et de la recherche-développement, alors il est clair que les multinationales la font à peine évoluer.

Selon Patel et Pavitt (2000), moins de 1 % de leur activité d'innovation dans les filiales est localisée hors des pays de la triade. Les firmes américaines ont transféré très peu d'activités de R-D au Mexique (Dussel Peters, 2000), de même que les firmes japonaises en Asie orientale (Ernst, 1997). Hatch et Yamamura (1996) soulignent que les firmes japonaises contrôlent strictement les transferts technologiques vers les pays d'Asie. Estimant que le retard technologique de ces pays sur le Japon ne fait que s'accroître, ils concluent que la division du travail entre le Japon et le reste de l'Asie ne change pas de nature. Elle conserve, en l'accentuant, un aspect vertical.

Ce mode de raisonnement passe à côté de l'essentiel : la division du travail entre les pays développés et les pays à bas salaires a, en fait, profondément évolué parce qu'un certain nombre de ces pays sont maintenant en mesure de mettre en œuvre des technologies étrangères évoluées. Avec raison, Tessa Morris-Suzuki (1992) fait une claire distinction entre la capacité des pays en développement à innover, qui reste faible, et leur capacité croissante à appliquer les innovations.

Les firmes savent de mieux en mieux standardiser les techniques de production et les modes d'organisation industrielle et les transférer dans les pays à bas salaires. En outre, dans ces pays, trois facteurs favorisent la mise en œuvre des techniques évoluées.

Le premier facteur est la formation des personnels par les multinationales, souvent en coopération avec les institutions locales. Ainsi, à Singapour des centres de formation ont été mis en place par les multinationales et le gouvernement. Dans ce même pays, des programmes de formation et d'assistance technique, financés par les multinationales et l'Economic Development Board, concernent les sous-traitants (Lall, 1996). En Thaïlande des programmes de formation sont gérés conjointement par les chambres de commerce internationales de différents

(11)

pays et par le gouvernement. En Malaisie un centre de formation pour l'industrie électronique a d'abord été créé à Penang par les multinationales et l'Etat de Penang (Mitchell, 1998) puis il en a été de même dans les autres Etats.

Le deuxième facteur est le caractère de plus en plus temporaire de l'émigration des salariés qualifiés. Selon les statistiques relatives à l'immigration dans les pays développés12, l'immigration temporaire dans ces pays tend à s'accroître nettement, soit en vue d'une formation, soit pour un travail temporaire suivi par un retour des salariés dans leurs pays d'origine. Les filiales implantées dans les pays en développement multiplient les avantages offerts à ces salariés pour les attirer.

Le troisième facteur est l'accroissement de la mobilité des cadres envoyés par les firmes dans les pays en développement. Depuis la fin des années 1980, l'expatriation pour plusieurs années tend à être remplacée par deux pratiques complémentaires : d'une part, le management à distance, grâce au progrès dans les technologies de la communication ; d'autre part, des visites fréquentes des cadres des sociétés-mères dans les filiales13. Ainsi se développe une coopération permanente entre le travail direct de production effectué dans les filiales implantées dans les pays en développement et le travail indirect de production qui n'est que partiellement local.

Dans ces conditions, la seule observation des indicateurs de qualification du personnel local conduit à une sous- estimation de la capacité des unités de production implantées dans les pays en développement à mettre en œuvre des procédés de production évolués.

Au Mexique, l'évolution du contenu technique des opérations effectuées par les multinationales dans les maquiladoras est une question controversée (Sargent and Matthews, 1997). Une deuxième génération d'établissements est apparue à partir du milieu des années 1980. Selon Jim Gerber (1999), elle se caractérise par les éléments suivants :

- L'introduction de lignes de production plus complexes, permettant d'effectuer non seulement des opérations d'assemblage mais aussi des opérations de fabrication.

- Un accroissement de l'intensité capitalistique et la mise en place de systèmes de production flexible.

- Des modifications dans l'organisation du travail, avec en particulier le développement du contrôle de qualité.

Cependant, le degré de qualification du travail ne semble pas s'accroître significativement dans les maquiladoras. La proportion de techniciens a augmenté entre 1980 et 1986, passant de 9 % à 12 %, mais elle était toujours de 12 % en 1998 (Gerber, 1999).

Par contre, les niveaux technologiques et de qualification du travail sont beaucoup plus élevés dans les filiales extérieures au secteur maquilador, notamment dans les usines automobiles. Harley Shaiken (1991) a souligné le haut niveau de performance de l'établissement que Ford a mis en service, en 1983, à Chihuahua, pour la production de moteurs. Selon une étude du MIT (Huss, 1994), l'usine d'assemblage de Ford, à Hermosillo, ouverte en 1986, est l'une des plus productives au monde. Quant à l'unité d'assemblage de General Motors, située à Ramos Arizpe, elle était désignée, en 1991, par J-D Power and Associates comme la plus performante du groupe en Amérique du Nord (Huss, 1994).

1212. OCDE, Tendances des migrations internationales, 2001.

1313. UNCTAD, World Investment Report, 1999 : "Foreign Direct Investment and the Challenge of Development", Chap. IX : "Generating Employment and Strenghtening the Skills Base".

(12)

En République Tchèque, l'Economist Intelligence Unit a évalué le niveau de productivité de l'usine de Volkswagen, située à Mlada Boleslav14. Le degré d'automatisation est relativement faible dans les ateliers d'emboutissage et de soudure, ainsi que sur la chaîne d'assemblage. Par contre, l'atelier de peinture est plus automatisé et l'atelier de carrosserie est très automatisé, en raison des exigences de qualité. Globalement, le niveau d'automatisation de l'usine est un peu inférieur à celui des unités du groupe situées en Allemagne. Ainsi, la combinaison entre les quantités de capital et de travail tient compte du niveau des salaires.

Quant à l'organisation du travail, elle est très évoluée dans l'usine de Mlada Boleslav où l'introduction du système juste-à-temps va au delà de la présence des fournisseurs à proximité du site de production. En fait, ils opèrent à l'intérieur même de l'usine en mettant en œuvre des lignes de production qui alimentent directement les lignes d'assemblage. Ces lignes, pour lesquelles Volkswagen a encore investi 319 millions d'euros en 1999, sont parmi les plus modernes au monde. Au total, le niveau général de productivité de l'usine de Mlada Boleslav est très élevé, avec 30 automobiles par salarié en 1998, alors que le coût du travail est relativement faible. Ainsi, en 1999, le salaire horaire moyen d'un ouvrier était de 3,7 euros dans cette usine, soit 12 % du niveau allemand.

D'autres sources indiquent des niveaux technologiques et de productivité très élevés pour l'établissement d'Audi, situé à Györ (Hongrie) et pour celui de Renault en Slovénie.

Concernant l'évolution de la qualification du travail, le cas du site de Mlada Boleslav doit encore être mis en avant. Sur ce site, de nombreux ouvriers non qualifiés ont été licenciés et remplacés par des ouvriers qualifiés.

Des personnels spécialisés dans le design et le marketing ont été embauchés (Bourassa, 1999). En outre, un centre de recherche-développement, employant 160 salariés, a été installé en 2001.

En Asie, les enquêtes du MITI montrent que, par rapport aux établissements situés au Japon, le retard technologique des unités de production japonaises est, en moyenne, nettement plus important que celui des établissements implantés en Europe et en Amérique du Nord. Il n'en reste pas moins qu'environ la moitié des unités de production installées en Asie ont un niveau technologique équivalent à celui des établissements situés au Japon (tableau 8).

Tableau 8. Niveau technologique dans les filiales à l'étranger des firmes japonaises, par rapport au niveau dans les établissements au Japon, Industrie manufacturière, 1998, %.

En Asie En Europe En Amérique du Nord

Niveau supérieur 1,2 4,0 3,7

Niveau équivalent 49,6 68,0 73,6

Niveau inférieur 48,2 28,0 22,7

100,0 100,0 100,0

Source : MITI, 1999 Survey of Overseas Business Actitivies, Tokyo, June 2000.

Dans les NPI, l'intensité capitalistique des unités de production japonaises s'est nettement accru de 1983 à 1993 dans le secteur de l'électronique (Ostry and Harianto, 1995). Mais le niveau technologique des établissements

1414. The Economist Intelligence Unit, Motor Business Europe, 1st quarter 2000.

(13)

situés dans les pays de l'ASEAN s'est, lui aussi, nettement élevé. Dans l'enquête qu'il a effectué dans seize unités japonaises d'assemblage électronique en Asie du Sud-Est, Tetsuo Abo (1995) a montré que l'ouverture des frontières a condamné les anciennes unités de production du type mini-Matsu, faiblement automatisées parce que produisant en petites quantités pour les marchés locaux. Elles ont été remplacées par des unités du type new- Matsu, tournées vers l'exportation, très automatisées et mettant en œuvre les technologies les plus modernes.

Dans son analyse de l'industrie électronique japonaise en Asie, Hiroshi Tanaka (1993) soulignait lui aussi que les derniers pays d'implantation des firmes japonaises (ceux de l'ASEAN 4) bénéficiaient de technologies très avancées.

2.2. Les nouveaux modes de division internationale du travail

Les transferts de technologies et de modes d'organisation provoquent une évolution de la nature de la division du travail entre les pays développés et les pays à bas salaires, à l'intérieur de l'activité de production. Deux aspects de cette évolution doivent être mis en lumière :

1. Le développement, dans les pays à bas salaires, d'opérations de production plus complexes que l'activité d'assemblage.

2. L'instauration d'un mode de division du travail correspondant à la différenciation verticale des produits.

2.2.1. Au delà des activités d'assemblage

La division du travail, instaurée depuis les années 1960, par les multinationales avec leurs filiales et sous- traitants des pays en développement s'effectue dans le cadre d'une décomposition internationale des processus productifs. De façon typique, des composants à haute valeur ajoutée sont fabriqués dans le pays développés et exportés dans les pays à bas salaires où sont effectuées des tâches d'assemblage à faible valeur ajoutée. Puis les produits finis ou semi finis sont réexpédiés dans les pays développés. Ce schéma de base a cependant nettement évolué puisque les filiales implantées dans les pays à bas salaires ont de plus en plus des activités de fabrication de composants et de transformation de matière. C'est en particulier ce que montre une enquête du JETRO concernant l'activité des unités de production japonaises dans les pays de l'ASEAN 4 (tableau 9).

Tableau 9. Nature des activités des unités de production japonaises dans les pays de l'ASEAN 4.

Industrie manufacturière, 1996. Nombre de réponses.

Malaisie Thaïlande Philippines Indonésie Total

Assemblage 96 154 39 74 363

Production

de composants 119 108 31 65 323

Transformation

de matière 65 74 12 68 219

Source : JETRO, Enquête effectuée dans 460 entreprises japonaises, Japan's Economic Relations with ASEAN, Tokyo, 1996.

Ce fait résulte d'une dynamique d'apprentissage et de qualification à l'intérieur des unités de production et d'une contrainte d'efficacité productive. Pour des raisons de coût et de délai, il est bien préférable de s'approvisionner localement plutôt que d'importer les composants. Ceux-ci sont donc produits localement :

(14)

1. Dans les unités de production implantées par les grandes firmes japonaises des secteurs d'aval.

2. Dans les unités de production implantées par d'autres multinationales.

3. Dans les établissements implantés par les fournisseurs japonais qui ont suivi les grandes firmes.

4. Dans les établissements d'entreprises purement locales ayant reçu une assistance technique des grandes firmes.

Dans le cas de l'activité des firmes japonaises en Asie orientale, l'approvisionnement local ne signifie d'ailleurs pas qu'il est effectué seulement dans le pays d'implantation. Les firmes japonaises ont mis en place un véritable réseau de production à l'échelle de la région (Machado, 1995 ; Ernst, 1997). Ainsi, entre 1986 et 1994, c'est la région, et non les pays d'implantation, qui a le plus contribué à la croissance de l'approvisionnement des unités de production japonaises (tableau 10).

Tableau 10. Origine de l'approvisionnement des unités de production japonaises implantées en Asie, %.

Pays d'implantation Japon Autres pays d'Asie Autres Total

1986 42,2 45,2 5,6 7,0 100,0

1994 44,2 37,4 15,5 2,9 100,0

Source : MITI, Surveys of Overseas Business Activities of Japanese Companies.

Dans le secteur électronique et informatique, le nombre d'unités japonaises de production de composants implantées en Asie était, en 2000, plus élevé que celui des unités de fabrication de produits de consommation finale (tableau 11).

Tableau 11. Nombre d'unités de production japonaises implantées en Asie.

Secteur électronique et informatique, 30 juin 2000.

Equipements vidéo et audio 199

Equipements informatiques, de télécommunication

et d'électronique professionnelle 168

Composants électroniques 592

Source : JEITA, The Electronics and Information Technology Industries in Japan, 2001, Tokyo.

Dans le secteur du textile-habillement, l'implantation des firmes japonaises en Chine concerne essentiellement la confection, mais cette activité a été relayée par celles de filature, de tissage, de teinture et de fabrication de fibres synthétiques (Ebana, 1997).

Concernant l'activité des firmes américaines au Mexique, on observe une remontée dans la filière textile, de la confection de vêtements (qui reste évidemment dominante) vers la fabrication de fils, fibres et tissus. Ainsi en 1997 Burlington Industries crée, en association avec d'autres entreprises américaines et une entreprise mexicaine, un parc industriel (Textile City), situé au sud de Mexico, afin de promouvoir l'intégration verticale entre les activités de fabrication de fibres, de tissus et de vêtements. Puis, en 1998 et 1999, la firme annonce l'implantation au Mexique de 5 unités de production de vêtements et de 3 usines fabriquant des fils de coton, de la toile de jean et des tissus en laine15.

1515. CEPAL, La Inversión Extranjera en América Latina y el Caribe, 1999, Santiago de Chile.

(15)

Dans l'industrie automobile, les trois grands constructeurs américains fabriquent des pièces et des composants.

General Motors est le plus gros producteur de pièces automobiles au Mexique.

En Europe centrale, les opérations effectuées par les constructeurs automobiles ouest-européens ne sont pas, pour l'essentiel, de simples opérations d'assemblage mais de véritables opérations de fabrication de véhicules. Ils sont, en outre, impliqués dans la fabrication de composants, à commencer par les composants-clés que sont les moteurs et les boîtes de vitesse (tableau 12).

Tableau 12. Production de moteurs et de boîtes de vitesse en Europe centrale par les constructeurs automobiles ouest-européens.

Moteurs Boîtes de vitesse Volkswagen :

Hongrie (Audi) 1 000 000 (1999)

Pologne 500 000 ( prévision 2001) République Tchèque 500 000 (prévision 2002)

Slovaquie 364 000 (2000)

GM-Opel, Hongrie 490 000 (2000) à partir de 2001 Fiat-GM, Pologne 500 000 (prévision 2003) à partir de 2001

Sources : rapports et coupures de presse, Comité des Constructeurs Français d'Automobiles

Cette activité va cependant bien au delà de l'objectif d'accroissement de l'efficacité productive des usines automobiles installées. Il s'agit beaucoup plus de constituer, encore une fois, une base productive à faible coût pour les usines d'Europe occidentale, une stratégie qui se justifie par l'importance relative du coût des composants qui, en moyenne, représente les 2/3 du prix de revient d'une automobile.

Dès 1991, GM-Opel produisait des moteurs dans son établissement de Szentgotthard, en Hongrie, avec l'objectif d'approvisionner l'ensemble des usines automobiles de General Motors en Europe occidentale. L'activité du site de Szentgotthard s'est étendue aux têtes de cylindres, en 1996, puis, en 2001, aux boîtes de vitesse. En 2000, 92

% de la production (qui comprenait 490 000 moteurs) était exportée vers les usines ouest-européennes de la firme16. Il est à noter que General Motors a transféré sur son site hongrois une partie de la production de composants qui était réalisée antérieurement dans ses usines du Royaume-Uni et d'Allemagne, où les coûts de production étaient trop élevés.

De la même manière, en 1994, Volkswagen-Audi a implanté une usine de production de moteurs à Györ, en Hongrie, destinée à approvisionner les usines automobiles de Volkswagen, Audi et SEAT en Europe occidentale.

Cet établissement, qui met en œuvre les technologies les plus avancées, est devenu la principale unité de production de moteurs du groupe Volkswagen, la seule à fabriquer des moteurs à essence (la production atteignait un million de moteurs en 1999). Il s'agit là d'une pièce maîtresse dans la stratégie de minimisation des coûts de production de Volkswagen-Audi puisque les coûts de main-d'œuvre sont sept fois moins élevés dans l'usine de Györ que dans l'usine-mère d'Audi, située à Ingoldstadt en Allemagne17. Un centre de développement

1616. The Economist Intelligence Unit, Motor Business International, 2nd quarter 2000.

1717. L'Usine Nouvelle, n° 2630, 26 février 1998.

(16)

de moteurs, employant 200 personnes, a été implanté sur le site de Györ en 2001. Il n'a pas pour but de concevoir des moteurs entièrement nouveaux mais d'améliorer et d'adapter ceux qui existent.

Volkswagen dispose également d'une usine de moteurs diesel à Polkowice, en Pologne, qui approvisionne, elle aussi, les quatre marques du groupe (500 000 moteurs devaient être produits en 2001). En outre, la firme a investi, à partir de 1999, 510 millions d'euros sur son site de Mlada Boleslav pour la construction d'une usine de moteurs pour les modèles Skoda, VW Lupo et SEAT Arosa. La production prévue était de 500 000 moteurs par an, à partir de 200218. Enfin, Volkswagen possède deux usines de boîtes de vitesse en Slovaquie : l'une à Bratislava, sur son site de production d'automobiles, l'autre ouverte en 1999 à Martin, soit une production de 364 000 boîtes de vitesse en 2000, destinée à l'ensemble des usines automobiles européennes du groupe.

Fiat a créé en 2000 une filiale, Powertrain, pour la fabrication de moteurs, de boîtes de vitesse et de pièces détachées à Bielsko Biala. En 2001, cette société est devenue une filiale commune de Fiat et de GM-Opel. 300 millions d'euros ont été investis, cette année là, pour atteindre, à partir de 2003, l'objectif d'une production annuelle de 500 000 moteurs diesel, dont la plupart seront exportés.

Des quatre constructeurs ouest-européens implantés en Europe centrale, Renault est le seul à ne pas fabriquer de moteurs ni de boîtes de vitesse dans cette région.

Les grands équipementiers européens (mais aussi américains, japonais et coréens) ont développé en Europe centrale la même stratégie que les constructeurs automobiles. Loin de se contenter d'accompagner ceux-ci, ils ont constitué, eux aussi, des bases productives pour alimenter les marchés d'Europe occidentale.

2.2.2. L'instauration d'un mode de division du travail correspondant à la différenciation verticale des produits

Un deuxième mode d'organisation des firmes est plus évolué et porteur de changements profonds puisqu'il aboutit à une division du travail intra-branche et intra-produit entre les pays de différents niveaux de développement. Il ne s'agit pas de la notion de spécialisation intra-branche utilisée dans les théories du commerce international, car celles-ci visent un commerce croisé entre des produits ayant les mêmes caractéristiques techniques (Fontagné, Freudenberg et Ünal-Kesenci, 1996). Il est question ici d'une division internationale du travail correspondant à une différenciation verticale des produits, c'est-à-dire une différenciation selon leur qualité et leur prix, en allant du bas de gamme au haut de gamme. Ce mode de division du travail repose sur deux principes :

1. Une forte spécialisation des unités de production des firmes, permettant de réaliser des économies d'échelle.

2. Une répartition de la fabrication des différentes gammes de produits entre des nations distinguées selon le coût et la qualification du travail, la qualité de l'environnement industriel et le degré de sophistication de la demande.

Les unités de production deviennent alors responsables d'une gamme de produits, à l'échelle mondiale ou à l'échelle régionale. Il est clair que, même dans les unités de production qui sont situées dans les pays où le coût

1818. Die Welt, 22.11.99.

(17)

du travail est faible et qui sont spécialisées dans la fabrication de produits bas de gamme, la responsabilité de cette production requiert un certain degré de qualification du travail. D'une part, l'activité dans ces unités de production n'est pas limitée à des tâches d'assemblage. Elle nécessite la maîtrise du processus productif, la mise en œuvre d'une activité de développement des produits et des techniques de production, la prise en charge de fonctions autres que la production, en particulier l'activité de marketing. D'autre part, l'interdépendance entre les unités de production de la firme impose des contraintes d'efficacité productive, de fiabilité des produits, de respect des délais de livraison. Ce mode de division du travail provoque donc un net accroissement de la qualification du travail dans les pays à bas salaires.

L'Asie a constitué son meilleur terrain dans la mesure où cette région est constituée de nations se situant aux différents niveaux de l'échelle des compétences et des coûts du travail. Ainsi, par exemple, en 1994 les dispositifs d'affichage à cristaux liquides en couleur étaient fabriqués au Japon et les mêmes produits, en monochrome, étaient fabriqués dans des filiales implantées à Taïwan. Les téléviseurs à très grand écran, avec magnétoscopes incorporés, étaient fabriqués au Japon, les téléviseurs de taille moyenne à Singapour et les petits téléviseurs en Malaisie (le degré de sophistication des téléviseurs est en général fonction de leur taille). Les ventilateurs spéciaux étaient produits au Japon, et les standards en Thaïlande ; les télécopieurs haut de gamme au Japon, les bas de gamme en Chine19.

Ce mode de division du travail n'est pas statique. Plusieurs éléments indiquent que, avec l'élévation des qualifications et des salaires dans les NPI, les unités de production japonaises implantées dans ces pays ont transféré les activités les moins complexes vers les établissements implantés dans les pays de l'ASEAN 4 et la Chine.

La première indication est l'existence des investissements effectués par les unités japonaises situées dans les NPI, vers les pays de l'ASEAN 4 et la Chine. Selon une enquête20 menée, en 1995, dans les filiales des firmes japonaises implantées à Hong Kong, à Singapour, en Malaisie et en Thaïlande, 19 % d'entre elles avaient déjà effectué des investissements dans d'autres pays de la région. Les flux les plus importants étaient ceux qui allaient de Hong Kong vers la Chine et de Singapour vers la Malaisie, l'Indonésie et la Thaïlande.

La deuxième indication est l'évolution de l'origine des importations du Japon. Pour un certain nombre de produits, la proportion de leurs importions en provenance des NPI a nettement diminué, entre 1988 et 1994, alors que, dans la même période, la proportion de leurs importations à partir des pays de l'ASEAN 4 s'est fortement accrue. C'est le cas pour les téléviseurs, les magnétoscopes, les magnétophones, les réfrigérateurs, les climatiseurs, les calculatrices électroniques, les semi-conducteurs21. Etant donné que, dans les grandes branches concernées, les importations du Japon, à partir des NPI, n'ont pas diminué, il semble bien que les unités de production japonaises installées dans ces pays aient transféré la fabrication des produits de bas et de milieu de gamme vers celles implantées dans les pays de l'ASEAN 4 (et la Chine), tout en redéployant leur activité vers une production à plus haute valeur ajoutée.

1919. JETRO, White Paper on International Trade, 1994.

2020. Cf. JETRO, White Paper on Foreign Direct Investment, 1996.

2121. JETRO, White Paper on Foreign Direct Investment, 1995.

(18)

Il faut noter, d'ailleurs, que ce processus de montée dans la gamme des produits a été observé aussi dans les unités de production japonaises de Malaisie et de Thaïlande, qui ont transféré des productions bas de gamme vers les établissements de Philippines et d'Indonésie.

Cependant, un certain nombre de faits montrent que ce processus de glissement des activités vers des pays de moins en moins développés, selon le schéma du "vol d'oies", n'est pas le seul mode d'évolution de la division du travail dans la région. En dehors de ce processus, on observe des transferts directs d'activités de production relativement évoluées du Japon vers les filiales situées dans les pays de l'ASEAN 4 et en Chine. Ces filiales ne sont pas spécialisées exclusivement dans la fabrication de produits bas de gamme et, surtout, elles utilisent parfois les technologies les plus modernes (Ohta, Tokuno and Takeuchi, 1995). Ainsi, dans les pays de l'ASEAN 4, elles ont rapidement commencé la fabrication de magnétoscopes hi-fi, de lecteurs de cassettes assez sophistiqués et de pièces électroniques complexes. Le stade amont de la fabrication des circuits intégrés (la

"diffusion") a pu être transféré en Malaisie (Ismail, 1999). En Chine, une firme japonaise a installé une unité de production d'écrans à cristaux liquides à Dalian dès 1993. C'était l'année même où Philips mettait en service la première unité de ce type en Europe. L'implantation d'unités de production high-tech en Chine peut s'expliquer par l'existence d'une main-d'œuvre qualifiée et par l'importance, pour les firmes étrangères, de l'objectif de conquête du marché intérieur (Fukushima and Kwan, 1995 ; Ernst, 1997).

Au Mexique, les firmes américaines ont implanté des filiales qui ont la responsabilité mondiale ou régionale de la fabrication d'un type de produit. Ainsi, IBM a concentré sa production de PC et, surtout, de portables dans ses usines d'El Salto, dans l'Etat de Jalisco, qui jouent un rôle-clé dans son organisation à l'échelle mondiale. Dans ces usines, la firme assemblait, en 1998, 500 000 PC et 800 000 portables. En ajoutant les 400 000 portables que lui avait fournis Acer, cela représentait 55 % de la production mondiale de portables d'IBM. 95 % d'entre eux étaient exportés, dont 85 % vers les Etats-Unis et le Canada. Hewlett Packard produit aussi des ordinateurs au Mexique mais surtout des imprimantes. La firme est, elle aussi, implantée dans l'Etat de Jalisco où son site de production est devenu le plus important de son organisation mondiale en matière d'imprimantes à jet d'encre. De même, dans l'industrie automobile, l'usine de Ford, à Chihuahua, produit un type de moteur pour l'ensemble des unités d'assemblage du groupe dans le monde.

En Europe centrale, Fiat a été la première firme à produire exclusivement un modèle d'entrée de gamme, destiné à la fois au marché local et au marché d'Europe occidentale : en 1980 le modèle 126, en 1991 la Cinquecento, puis, à partir de 1993, les modèles Seicento, Uno, Siena et Palio. Ce choix reposait sur l'idée que l'importance des coûts de fabrication en Italie rendait impossible la production d'une automobile bas de gamme dans ce pays (Balcet et Enrietti, 1996). Suivant l'exemple de Fiat, Volkswagen a donné à sa filiale tchèque Skoda l'exclusivité de la production d'automobiles d'entrée de gamme pour les marchés locaux et pour ceux d'Europe occidentale, en commençant par le modèle Favorit.

Mais la production des constructeurs ouest-européens ne s'est pas limitée aux modèles bas de gamme. Il y a eu une remontée vers le milieu de gamme et même vers le haut de gamme. Ainsi, Volkswagen-Skoda fabrique, en République Tchèque, des modèles de milieu de gamme (Felicia, Octavia et Fabia) et a commencé à produire, en

(19)

2001, un modèle de haut de gamme (Superb). En Slovaquie, la firme fabrique des Golf, Bora et Passat.

L'élément le plus spectaculaire de cette montée en gamme est l'exclusivité mondiale confiée à l'usine de Volkswagen-Audi, en Hongrie, pour la production des modèles de haut de gamme Audi TT.

Conclusion

Ainsi, il apparaît que, depuis le milieu des années 1980, les multinationales de la triade ont transféré de nombreuses activités vers les pays périphériques à bas salaires. Certes cela ne concerne qu'une partie des pays à bas salaires. Mais la constitution de systèmes productifs associant les pays développés et leurs périphéries est un fait majeur. Ce processus est favorisé par l'accord ALENA et par l'élargissement de l'Union européenne mais il les a précédés. A l'aspect quantitatif des transferts d'activité vers les périphéries s'ajoute une évolution qualitative non moins importante. La concentration des activités de R-D et d'innovation dans les pays développés ne doit pas occulter le changement du mode de division internationale du travail au sein de l'activité de production. A cet égard, on ne peut se satisfaire d'une distinction simpliste entre le savoir et son application. La mise en œuvre de technologies et de modes d'organisation évolués dans les pays à bas salaires s'accompagne d'un accroissement des compétences. Les innovations mineures mais incessantes concernant les produits et les procédés de production font elles aussi partie de l'économie de la connaissance.

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