• Aucun résultat trouvé

Phénomènes émergents liés aux drogues Tendances récentes sur les usages de drogues à Marseille et en Provence-Alpes-Côte d’Azur en 2020

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Phénomènes émergents liés aux drogues Tendances récentes sur les usages de drogues à Marseille et en Provence-Alpes-Côte d’Azur en 2020"

Copied!
95
0
0

Texte intégral

(1)

Phénomènes émergents liés aux drogues

Tendances récentes sur les usages de drogues à Marseille et en Provence-Alpes-Côte d’Azur en 2020

Novembre 2021

Tendances récentes et nouv elles dr ogues

Claire Duport

(Addiction Méditerranée) Avec les contributions de

Baptiste Mercier et Kévin Vacher

(2)

Remerciements

Aux observatrices et observateurs, anonymes dans ce rapport et pourtant indispensables au recueil d’informations et à leur analyse ; pour leur attention à la production de connaissances sur les drogues, leur disponibilité et leur confiance.

Aux usagères et usagers de drogues fréquentant les CAARUD, les CSAPA, les associations d’auto-support ou d’aide sociale, ou rencontré-e-s dans la rue, en milieu festif, ou dans leur lieu de vie ; sans qui nos informations seraient sans valeur.

Aux professionnel-le-s du soin et de la réduction des risques et des dommages (RdRD), aux collectrices et collecteurs SINTES, et aux partenaires locaux pour leur contribution à TREND.

A l’association Addition-Méditerranée pour l’accueil et la gestion de la coordination, et pour le soutien apporté au dispositif TREND-SINTES ; à Irène Vuong pour son aide dans les retranscriptions d’entretiens, et Beatrice Bessou pour la veille presse.

A Gisèle Dussol et au Laboratoire de Police Scientifique de Marseille pour leur attention au dispositif SINTES, et leur disponibilité particulière cette année pour réceptionner et analyser nos collectes en temps record, notamment pendant la première période de confinement.

A l’équipe TREND-SINTES de l’OFDT et aux coordinatrices et coordinateurs régionaux, pour nos échanges féconds.

Ce rapport TREND Marseille-PACA s’inscrit dans la continuité des rapports produits annuellement depuis 2001. Si la trame de nos recherches et de nos publications est identique d’une année à l’autre, certains phénomènes peuvent toutefois ne pas être très développés cette année mais l’avoir été une année précédente. Aussi, vous pouvez consulter et télécharger tous les rapports TREND Marseille-PACA sur : https://www.ofdt.fr/regions-et-territoires/reseau-des-sites-trend/rapports-des-sites-locaux-du-dispositif- trend/

(3)

Rapport TREND Marseille-PACA 2020 – Claire DUPORT 3

SOMMAIRE

Remerciements ... 2

GLOSSAIRE DES SIGLES ... 4

LES DISPOSITIFS TREND et SINTES de l’OFDT, objectifs et méthodes ... 5

Un dispositif de recueil de données qualitatives multi-situé ... 5

La coordination locale implantée à Marseille/PACA ... 8

Les investigations menées en 2020 ... 8

2020, UN DISPOSITIF D’ENQUETE SPECIFIQUE ... 11

QUELQUES INDICATIONS POUR LA LECTURE DU RAPPORT ... 13

LES PHENOMENES MARQUANTS EN 2020 ... 14

LES EFFETS DE LA CRISE SANITAIRE SUR L’ORGANISATION DES SOINS EN ADDICTOLOGIE ET DE LA RdRD ... 16

L’organisation du suivi des usagers lors du premier confinement ... 16

Les impacts de la situation sanitaire au cours de l’année ... 19

POPULATIONS, CONSOMMATIONS, PRODUITS ET MARCHES ... 22

Données de cadrage ... 22

Usages et usagers observés dans les espaces de la marginalité urbaine ... 22

Les spécificités pendant le premier confinement (Mars-Mai 2020) ... 23

Les tendances générales sur l’année 2020 ... 26

Usages et usagers observés dans les espaces festifs ... 28

Les spécificités pendant le premier confinement ... 28

Les tendances générales sur l’année 2020 ... 29

Chemsex et slam ... 33

Marché, trafics et modalités d’approvisionnement ... 36

Les évolutions du marché 36 Les évolutions des organisations de trafic 42 Les constats et saisies des forces de l’ordre en 2020 43 TABLEAU RECAPITULATIF DES PRIX 2020 ... 46

APPROCHE PAR PRODUIT ... 46

Généralités en PACA ... 47

Alcool ... 50

Cannabis ... 52

Cannabidiol (CBD) ... 54

OPIOÏDES ... 55

Héroïne ... 55

Opium-Rachacha... 57

BHD ... 58

Méthadone ... 59

Sulfate de morphine (Skénan®) ... 60

Autres médicaments opioïdes (Tramadol®, codeïne, fentanyloïdes, etc.) ... 61

STIMULANTS ... 63

Cocaïne, crack/free base ... 63

MDMA/ecstasy ... 66

Amphétamine (speed) et métamphétamine ... 67

HALLUCINOGÈNES ... 68

LSD, DMT, champignons, et plantes hallucinogènes ... 68

Kétamine ... 70

SOLVANTS ... 72

Poppers et GHB-GBL ... 72

Protoxyde d’azote ... 73

NOUVEAUX PRODUITS DE SYNTHESE ... 75

Cathinones (3-MMC, 4-MEC) ... 75

Cannabinoïdes de synthèse ... 77

MÉDICAMENTS PSYCHOTROPES non opiacés ... 78

LES ANALYSES DE PRODUITS ... 82

Complémentarité des dispositifs d’analyse ... 82

Résultats de produits analysés par le dispositif SINTES de l’OFDT ... 85

(4)

Rapport TREND Marseille-PACA 2020 – Claire DUPORT 4

GLOSSAIRE DES SIGLES

AFD Amende forfaitaire délictuelle (contravention pour usage, mise en place à l’automne 2020)

ANESM Agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico- sociaux

ANSM Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé ARS Agence régionale de santé

ASE Aide sociale à l’enfance

CAARUD Centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues CCAS centre communal d’action sociale

CEGIDD Centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic CEIP Centre d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance CHRS Centre d’hébergement et de réinsertion sociale

CJC Consultation jeunes consommateurs CS Cannabinoïde de synthèse

CSAPA Centre de soin, d'accompagnement et de prévention en addictologie DGS Direction générale de la santé

ELSA Équipe de soins et de liaison en addictologie (dispositif hospitalier) HSH Hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes

ILS Infraction à la législation sur les stupéfiants LPS Laboratoire de police scientifique

MILDECA Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives MNA Mineur non accompagné

MSO/TSO Médicaments de substitution aux opiacés, Traitement de substitution aux opiacés NPS Nouveaux produits de synthèse

OFAST Office anti-stupéfiant

OFDT Observatoire français des drogues et des toxicomanies OMS Organisation mondiale de la santé

PES Programme d’échange de seringues PJJ Protection judiciaire de la jeunesse

RdRD Réduction des risques et des dommages SCMR Salle de consommation à moindres risques

SINTES Système d'identification national des toxiques et substances SPIP Service pénitentiaire d'insertion et de probation

TREND Tendances récentes et nouvelles drogues

(5)

Rapport TREND Marseille-PACA 2020 – Claire DUPORT 5

LES DISPOSITIFS TREND ET SINTES DE L ’OFDT, OBJECTIFS ET METHODES

TREND (Tendances récentes et nouvelles drogues) et SINTES (Système d’identification national des toxiques et substances) sont des dispositifs d’enquête sur les drogues qui s’appuient sur un recueil continu d’information, directement sur le terrain, au contact des acteurs et des usagers.

Un dispositif de recueil de données qualitatives multi-situé

Tendances récentes et nouvelles drogues est un dispositif d’observation et de veille qui recueille et analyse des données afin de documenter qualitativement les évolutions en matière d’usages et de vente de produits psychoactifs en France, en se focalisant sur des populations plus particulièrement consommatrices. Piloté par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (voir encadré ci- dessous) depuis 1999, TREND est un dispositif majeur du système français d’observation sur les drogues. Il informe les pouvoirs publics et les professionnels en contact avec les usagers ainsi que les citoyens sur les transformations à l’œuvre dans le champ des drogues.

L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT)

Créé en 1993, l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies est un groupement d’intérêt public (GIP) qui a pour objet d’éclairer les pouvoirs publics, les professionnels et le grand public sur le phénomène des usages et vente de drogues et des addictions. Il produit, via ses dispositifs d’observation et ses enquêtes, des connaissances scientifiquement validées sur les consommations de substances licites ou illicites (qui et comment ? Quels produits ? Quelles sont les opinions et les perceptions sur les drogues ?), sur les conséquences de ces usages (quels dommages sanitaires et sociaux occasionnent-ils

?), sur les réponses qui leur sont apportées (évolutions des politiques publiques), sur l’évolution de l’offre de produits (comment évoluent les marchés ?), etc. Le champ d’étude de l’OFDT comprend également les jeux de hasard et d’argent ainsi que l’usage et l’exposition aux écrans. L’observatoire est l’un des relais nationaux de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA), agence de l’Union européenne qui a pour mission de fournir des informations objectives fiables et comparables au niveau européen sur le phénomène des drogues et leurs conséquences.

Le dispositif TREND s’appuie sur un réseau de coordinations locales implantées dans neuf agglomérations métropolitaines (Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Metz, Paris, Rennes, Toulouse et La Réunion), financées par l’OFDT et portées par des associations intervenant dans le champ des addictions, de la réduction des risques et des dommages (RdRD) ou plus largement dans le secteur sanitaire et social (voir carte ci- dessous). Dans le cadre d’une convention annuelle, chaque coordination reçoit une subvention de l’OFDT pour accomplir leur mission sur leurs territoires géographiques respectifs. Le financement attribué vise notamment à leur permettre de rémunérer un coordinateur chargé de superviser la collecte des données au niveau local et d’assurer la restitution d’informations et des livrables.

(6)

Rapport TREND Marseille-PACA 2020 – Claire DUPORT 6 Quatre thématiques principales structurent le recueil d’informations par les différentes coordinations :

• Les personnes particulièrement consommatrices de produits psychoactifs1 : leurs modes et pratiques d’usage des produits, les conséquences sanitaires et sociales de ces usages, leur mode de vie, leur profil sociologique, leurs sociabilités, leurs représentations/perceptions des produits ;

• Les espaces et contextes de consommation fréquentés par les usagers plus particulièrement consommateurs. Deux principaux espaces sont étudiés en raison de la proportion élevée d’usagers de drogues qu’ils accueillent :

• L’espace festif, qui regroupe les lieux et des évènements fréquentés par des usagers et où sont diffusées des musiques notamment musiques électroniques (free-party, clubs, discothèques, bars, festivals) ;

• L’espace de la marginalité urbaine qui regroupe les lieux fréquentés par des consommateurs en situation de grande précarité (rues, squats, zones de deal, structures dédiées aux usagers, etc.)

• Les produits : leur nom, leur composition chimique, leur prix et leur mode de consommation ;

• L’offre, l’organisation des trafics locaux et les modalités d’acquisition de proximité.

Les coordinations recueillent leurs informations auprès d’acteurs variés (usagers, intervenants du secteur socio-sanitaire et de l’application de la loi, etc.) dont l’ancrage local contribue à une meilleure compréhension des spécificités territoriales :

• Des usagers et des groupes d’auto-support dont les profils sociaux peuvent être variés : certains dont les conditions de vie sont marquées par une forte précarité et dont le quotidien est construit en grande partie autour du produit ; d’autres insérés socialement et économiquement qui consomment des produits dans un contexte festif, sans que ces usages semblent entraîner de conséquences négatives sur leur quotidien ; etc.

• Les intervenants en addictologie (CSAPA, CJC, ELSA…) apportent des renseignements sur les comorbidités associées à l’usage chronique (trouble somatique ou psychique) ;

• Les soignants plus « généralistes » (psychiatres, infirmiers, pharmaciens, membres des urgences hospitalières et psychiatriques, etc.) peuvent documenter les cas d’incidents aigus à la suite d’une consommation ;

• Les professionnels des structures de première ligne fournissent, entre autres, des informations sur l’appropriation du matériel de RdRD ;

• Les professionnels du champ de l’application de la loi (fonctionnaires des services douaniers, de la police judiciaire, de la gendarmerie, magistrats du parquet, etc.) apportent des données concernant la structuration des trafics, les modes d’approvisionnement, les profils des revendeurs et des usagers- revendeurs, etc.

Le recueil d’informations auprès d’acteurs occupant des positions variées dans le champ des drogues permet de croiser les différents points de vue sur un même phénomène, de l’appréhender dans sa globalité, tout en mettant l’accent sur ses différentes dimensions et sa complexité. Pour recueillir ces informations, les coordinations locales mettent en œuvre des outils d’observation qualitatifs (observations ethnographiques, entretiens collectifs et individuels) afin de repérer et documenter les phénomènes émergents et les évolutions en matière de drogues illicites et de médicaments détournés.

Chaque site participe également, par ses collectes de produits et par la transmission de signaux d’alerte, au Système d’identification national des toxiques et des substances (SINTES, voir encadré ci-dessous) qui assure une veille sur des produits nouveaux ou inhabituellement dangereux et sur le contenu toxicologique des substances. Le dispositif TREND-SINTES collabore au système européen de surveillance des produits psychoactifs (Early Warning System) mis en place par l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA).

1 A l’exception de l’alcool et du tabac, le dispositif s’intéresse à l’ensemble des produits psychoactifs, illicites ou détournés de leur usage).

(7)

Rapport TREND Marseille-PACA 2020 – Claire DUPORT 7 Le dispositif SINTES (Système d'identification national des toxiques et substances)

Mis en place par l’OFDT en 1999, le dispositif SINTES vise à documenter la composition des produits circulant, illicites ou non règlementés (dosage, identification de nouvelles molécules et logos), à partir des résultats de l’analyse des saisies effectuées par les services d’application de la loi et des collectes de produits, à un stade de leurs parcours où ils ne seront plus coupés. Ces collectes sont réalisées par des acteurs socio-sanitaires directement auprès des usagers. Le dispositif permet en outre de documenter le contexte de consommation de chaque échantillon, à l'aide d'un questionnaire soumis à l'usager lors de la collecte. Les questions portent sur le produit (prix, forme, voie d'administration), sur l'usager (âge, sexe) et sur son usage (produits consommés en association, effets recherchés et ressentis, fréquence). Il comporte deux volets (Veille et Observation) et s’appuie de manière privilégiée sur le réseau SINTES.

Le volet « veille » est un système d’information rapide par lequel transitent des signalements d’événements sanitaires graves ou inhabituels concernant les substances psychotropes et les signalements de substances présentant un caractère nouveau (forme, composition, nom...) ou particulièrement dangereuses. SINTES participe également à la veille sanitaire à travers la Cellule nationale d’alerte (CNA) en lien avec des institutions sanitaires françaises : Direction générale de la santé (DGS), Santé publique France, Agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico- sociaux (ANESM), Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA). Enfin, la coordination nationale du dispositif SINTES est le relais français du Système d’alerte précoce européen ou Early warning system (EWS). Elle a pour mission de communiquer à l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA) tout nouveau produit de synthèse (NPS) identifié sur le territoire français ainsi que tous les cas sanitaires graves en lien avec un usage de drogues.

Le volet « Observation » propose un éclairage sur la composition d'un produit illicite particulier grâce à des études spécifiques. Il s'appuie toujours en grande partie sur le réseau TREND qui assure les collectes de substances auprès des usagers et le renseignement du questionnaire. D’autre part, les données d’analyse des saisies fournies par les laboratoires de la police, des douanes et de la gendarmerie permettent de suivre d’année en année la composition moyenne des produits.

Le réseau SINTES est formé de trois partenaires :

• Les coordinateurs régionaux et les collecteurs qui effectuent les collectes des produits accompagnées du remplissage des questionnaires (travailleurs du champ sanitaire et social intervenant auprès des usagers de drogues, acteurs du milieu associatif intervenant dans le champ de la RdRD.

• Les laboratoires d'analyse à qui sont adressés les échantillons : laboratoires hospitaliers et universitaires, de la Police scientifique, du Service commun des douanes de Paris (SCL Paris) de l’Institut de recherche criminologique de la Gendarmerie nationale (IRCGN).

• Les services d’application de la loi pour la transmission des résultats d'analyse des produits saisis par leurs services : police (INPS), douanes (SCL de Paris) et la gendarmerie (IRCGN).

Ces résultats permettent à l'OFDT de comparer les produits saisis avec ceux réellement consommés par les usagers et sont aussi communiqués à l'EMCDDA deux fois par an.

Vous trouverez les résultats des analyses SINTES 2020 réalisées en PACA en fin de ce rapport Au niveau national, l’OFDT accompagne en continu les coordinations locales dans le recueil et l’analyse des informations, en veillant à la mise en œuvre d’une stratégie de collecte et d’analyse commune. L’OFDT centralise et met en perspective les informations recueillies par les différentes coordinations locales afin de dégager des évolutions communes. Ces informations sont également complétées par celles issues des dispositifs quantitatifs de l’OFDT (notamment l’enquête ENa-CAARUD et celles en population générale adulte et adolescente), du réseau d’addictovigilance et de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), de l’Office antistupéfiants du ministère de l’intérieur (OFAST) et de l’Institut national de police scientifique (INPS). Ce travail donne lieu à une publication annuelle de l’OFDT qui présente de manière synthétique les tendances nationales en matière d’usage et de trafic de produits psychoactifs illégaux ou détournés de leur usage. Par ailleurs, l’OFDT s’appuie sur les informations collectées par les coordinations locales TREND dans le cadre d’enquêtes spécifiques centrées sur un produit, un contexte de consommation, un groupe d’usagers, etc.2.

2 Toutes les publications et enquêtes sont disponibles sur le site de l’OFDT : www.ofdt.fr

(8)

Rapport TREND Marseille-PACA 2020 – Claire DUPORT 8

La coordination locale implantée à Marseille/PACA

Le dispositif TREND-SINTES est implanté en région PACA depuis 2001. La coordination locale est portée par l’association Addiction-Méditerranée par convention avec l’OFDT, et est soutenu par l’ARS-PACA depuis 2018. Elle produit chaque année un état des lieux partagé de la situation locale en matière de consommations et de trafics, en s’appuyant sur un réseau d’acteurs locaux concernés par les problématiques des drogues (usagers de drogues, professionnels de santé, de la RdRD, du champ d’application de la loi, etc.). Cet état des lieux permet notamment :

- De favoriser l’échange, l’acquisition et le partage des informations entre les différents acteurs locaux concernés par la question des drogues. Les éléments d’information et de compréhension des phénomènes locaux font l’objet d’un rapport annuel, d’une synthèse, et de temps de restitution. Cette diffusion permet aux professionnels d’acquérir une meilleure connaissance des phénomènes d’usage et des populations d’usagers, des produits et des modes de consommations.

Cet accès à des informations actualisées permet ainsi d’adapter les pratiques de prévention, de RdRD ou de soin. La participation de la coordination TREND/SINTES Marseille-PACA au réseau national permet en outre de bénéficier d’une vision dynamique des phénomènes au niveau national et des autres régions, et ainsi de mieux appréhender son positionnement au sein de ces dynamiques.

- De disposer d’un outil d’accompagnement à la décision permettant d’éclairer les décideurs, d’améliorer le contenu et le pilotage des politiques publiques locales en les faisant reposer sur des informations fiables et un diagnostic commun. La connaissance qualitative des situations locales permet d’enrichir les diagnostics territoriaux, de compléter les données quantitatives disponibles. En outre, la coordination locale TREND-SINTES Marseille-PACA peut produire des notes spécifiques et fournir des informations qui relèvent de son champ de connaissances, à la demande d’acteurs et de décideurs locaux (tels que l’ARS, la délégation MILDECA ou les municipalités). Ces informations peuvent aider à la mise en place d’actions et accompagner les décideurs dans le contenu et le pilotage des politiques sanitaires et sociales au niveau local.

- D’appréhender rapidement la portée d’un signal sanitaire, d’évaluer la réalité d’un phénomène et sa dangerosité potentielle (accident ou décès liés à un produit par exemple).

- De contribuer à l’animation des réseaux professionnels locaux en matière d’addictions. Ces contributions/animations débordent souvent le champ strict des usages de drogues pour accompagner des projets locaux (par exemple sur les problématiques spécifiques à tel territoire local, l’accès au soin et aux droits pour des populations spécifiques, les pratiques, l’impact des usages et trafics de drogues sur le cadre de vie, etc.)

Les investigations menées en 2020

Depuis fin 2018, le dispositif TREND Marseille/PACA bénéficie d’un co-financement de l’ARS-PACA permettant de renforcer le dispositif d’observation ethnographique en espaces urbains marseillais, et d’étendre l’enquête vers les départements du Var et du Vaucluse avec l’audition des équipes CAARUD de ces deux départements. Enfin, dans une perspective de renforcement de SINTES, de nouveaux collecteurs ont rejoint le dispositif, permettant aujourd’hui la présence de collecteurs dans chacun des départements de la région PACA.

Coordination régionale Claire Duport, sociologue Observations ethnographiques

Baptiste Mercier, sociologue, Responsable d’observation en contextes festifs Kévin Vacher, sociologue, Responsable d’observation en contextes urbains Personnes et structures associées à l’enquête 2020

Le groupe-focal « Application de la loi » (réuni en janvier 2020)

Sur invitation de la coordination TREND et de Mme la Préfète de Police des Bouches-du-Rhône, le groupe focal « application de la loi » a réuni cette année :

- le Directeur de cabinet de Mme la Préfète, et son chef de bureau prévention délinquance - l’Observatoire français des drogues et toxicomanies PACA (Addiction Méditerranée) - la Sureté départementale, direction de la sécurité publique

(9)

Rapport TREND Marseille-PACA 2020 – Claire DUPORT 9 - l’Office anti-stupéfiants (OFAST)

- le Groupement départemental de gendarmerie - la Section recherches gendarmerie

- le Tribunal de grande instance de Aix-en-Provence - la Protection judiciaire de la jeunesse

- la Direction des douanes

- le Laboratoire de police scientifique de Marseille Le groupe focal « Sanitaire »

Les restrictions de sécurités sanitaires liées à l’épidémie de Covid19 ne nous ont pas permis de réunir le groupe focal « sanitaire ».

A défaut, Un questionnaire a été rempli par les structures suivantes : - le CAARUD Impactes, Nice

- le CAARUD Lou Passagin, Nice - le CSAPA Fondation de Nice

- le CAARUD Impactes, Antibes, Grasse (Alpes-Maritimes) - le CSAPA de l’hôpital de Cannes

- le CSAPA 04 (Alpes-de-Haute-Provence)

- le CAARUD Appase 04 (Alpes-de-Haute-Provence) - le CAARUD mobile-Camargue, Arles

- le CSAPA Fort-Notre-Dame, Marseille - le CSAPA La Ciotat

- le CSAPA l’Entretemps, Martigues - le CSAPA Sémaphore, Marseille

- le Fil Rouge, accueil parentalité, Marseille - le CSAPA pénitencier Baumettes, Marseille Les équipes des CSAPA et CAARUD auditionnées

Un entretien collectif avec l’ensemble du personnel, pour chacune des structures suivantes : - CAARUD L’ELF Aix en Provence

- CAARUD et Bus mobile : Bus 31/32 Marseille - CAARUD le TIPI Marseille

- CEGIDD AIDES Marseille - CAARUD AIDES Avignon - CAARUD AIDES Toulon

- Equipe de RdRD festif Plus belle la Nuit

- CAARUD et hébergement d’urgence Sleep’In Marseille - CAARUD ASUD-Mars Say Yeah Marseille

- CAARUD Le Patio Avignon - CAARUD Avastofa La Seyne - CSAPA Bus 31/32 Marseille - CSAPA Le sept Aubagne

Des entretiens individuels et notes d’observations (33 entretiens formels et une cinquantaine d’entretiens informels, restitués sous forme de notes), avec des intervenants professionnels (Nouvelle Aube, associations de quartier, centres sociaux…), des intervenants bénévoles ou militants associatifs, des usagers de drogues, et des revendeurs. Et des observations réalisées tout au long de l’année (y compris en périodes de confinement) par le réseau d’observateurs.

Sources documentaires mobilisées

De nombreuses sources scientifiques ont été étudiées, en particulier :

- Les rapports « Errance à la gare Saint-Charles » 3, et « Dans les squats et les bidonvilles »4 - Les bulletins addictovigilance du CEIP PACA-Corse

- Les rapports d’activité des structures de l’association Addiction Méditerranée : CSAPA Sémaphore (Marseille), Le Sept (Aubagne), L’Entre-temps (Martigues), Tremplin (Aix), Baïta (hébergements

3 Véronique Le Goaziou, ERRANCES A LA GARE SAINT-CHARLES, La grande précarité et l’intervention socioéducative. Rapport d’étude pour le Groupe addap13. Recherches et pratiques n°4, novembre 2020.

4 DANS LES SQUATS ET LES BIDONVILLES, La grande précarité et l’intervention socioéducative de prévention spécialisée. Rapport d’étude pour le Groupe addap13. Recherches et pratiques n°3, janvier 2020.

(10)

Rapport TREND Marseille-PACA 2020 – Claire DUPORT 10 thérapeutiques) ; de l’association Bus 31/32 : CSAPA et CAARUD (Marseille), Plus Belle La Nuit (festif Marseille-PACA), et des éléments de l’activité des CAARUD 04 (Association APPASE), Lou Passagin (Nice), l’Association Nouvelle Aube (Marseille), du Projet ASSAb (aide aux sans-abris, Marseille).

- Usage des médicaments de ville en France durant l’épidémie de la Covid-19 –point de situation jusqu’au 22 novembre 2020. Rapport EPI-PHARE, ANSM-CNAM, 15 décembre 2020.

Une revue de presse systématique a été réalisée, à partir des sources suivantes : - Revue de presse internationale 2020 de la MILDECA et de l’OFDT

- Revue de presse 2020 La Provence - Revue de presse 2020 Médiapart - Revue de presse 2020 Marsactu - Lettre du DICADD13

- La revue SaNg d’EnCRe de l’association Nouvelle Aube

Enfin, le rapport 2020 est enrichi du portrait de territoire « Addictions en région Provence-Alpes-Côte- d’Azur ; consommations de substances psychoactives et offre médico-sociale »5 ; Et de la fiche PACA

« Usages et conséquences liés aux produits psychoactifs »6 Collectes SINTES

37 cartes de collecteur ont été confiées en 2020 à :

Coordinatrice TREND Claire DUPORT

CAARUD L'ELF Dominique GOOSSENS

CAARUD ENTRACTES Nice Nicolas GIORNI

CSAPA/CAARUD Bus 31/32 Yann GRANGER

CEIP Addictovigilance PACA Corse Liselotte POCHARD

CSAPA Villa Floréal Rémy PERHIRIN

CSAPA/CAARUD Bus 31/32 Grégory ALEXANDRE

PBLN festif Rachel ANDREATTA

PBLN festif Luca PECORARO

CSAPA/CAARUD Bus 31/32 Olivia BLANC

Bus 31/32 festif Luc FABRE

CSAPA Villa Floréal Muriel GREGOIRE

AIDES Marseille Vincent CASTELAS

AIDES Avignon Victor DUPERRET

CAARUD entractes Nice Elisabeth PILATO

CSAPA sud GAP Jordane BUGAJ

CEIP Addictovigilance PACA Corse Clémence LACROIX

CSAPA Puget-Corderie Cécile TIXERONT

Responsable d’observation TREND Baptiste MERCIER

Responsable d’observation TREND Kévin VACHER

AIDES Avignon Camille LE BRUN KERDREUX

CAARUD sleep in - Groupe SOS Marie-Lou STEFANOWSKI

CSAPA sémaphore Marseille Sébastien GUERLAIS

AIDES Toulon Eponine HAMM

AIDES Avignon Camille LE BRUN KERDREUX

CSAPA le sept Aubagne Mélanie MORIN

PBLN festif Mélissa POURCEL

PBLN festif Wissen MANDHOUJ

CSAPA/CAARUD Bus 31/32 Clara BOUZAN

CSAPA/CAARUD Bus 31/32 Éric VOLSON

CSAPA/CAARUD Bus 31/32 Christophe MENDES

CSAPA/CAARUD Bus 31/32 Victor MARTIN

CAARUD LE PATIO Avignon groupe SOS Sandra JANKUNAS

CSAPA/CAARUD Bus 31/32 Vincent GALAS

ASUD Mars Say Yeah Claire MAÏA

ASUD Mars Say Yeah Paolo MARTELLI

ASUD Mars Say Yeah Lola PERREAUT

73 collectes ont été réalisées, dont 28 pendant la première période de confinement sur mission de veille spécifique, analysées par le Laboratoire de police scientifique de Marseille. Des collectes ont également été réalisées sur ordre de mission, par des intervenants du champ sanitaire ou des usagers de drogues.

5 OFDT, 2019, https://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/epfxmdz7.pdf

6 OFDT, 2020, https://www.ofdt.fr/ofdt/fr/FichesTerritoires/FicheTerritorialePAC2020.pdf

(11)

Rapport TREND Marseille-PACA 2020 – Claire DUPORT 11 2020, UN DISPOSITIF D’ENQUETE SPECIFIQUE

Chronologie des mesures mises en place pour lutter contre la propagation de l’épidémie de COVID-19 29 février 2020 : Interdiction des rassemblements de plus de 5000 personnes en espace clos.

8 mars : Interdiction des rassemblements de plus de 1000 personnes non indispensables à la continuité de la vie de la Nation.

12 mars : Fermeture des crèches, écoles, collèges, lycées et universités ; Report des soins non essentiels et opérations non urgentes à l’hôpital ; Prolongement de deux mois de la trêve hivernale ; Mise en œuvre du chômage partiel, avec prise en charge partielle par l’État de l'indemnisation des salariés contraints à rester chez eux ; Incitation au télétravail

13 mars : Interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes non indispensables à la continuité de la vie de la Nation 14 mars : Fermeture des lieux recevant du public, considérés comme non indispensables à la vie du pays (restaurants, bars, discothèques, cinémas et commerces, à l’exception des magasins alimentaires, pharmacies, banques, bureaux de tabac ou stations- essence).

17 mars : Confinement national consistant en une restriction des déplacements au strict minimum sous présentation d’une attestation. Fermeture des frontières de l’espace Schengen.

19 mars : Assouplissement des conditions de délivrance des médicaments contenant des substances hypnotiques ou anxiolytiques et des traitements de substitution aux opiacés (TSO)7. Ces médicaments doivent avoir été délivrés au préalable pendant au moins trois mois consécutifs. Lorsque la durée de validité de la dernière ordonnance est expirée, les pharmacies dont l’officine est mentionnée sur la prescription peuvent, après accord du prescripteur, dispenser, dans le cadre de la posologie et des modalités de fractionnement initialement définies par le prescripteur, un nombre de boîtes par ligne d’ordonnance garantissant la poursuite du traitement. La délivrance ne peut être assurée pour une période supérieure à 28 jours, renouvelable jusqu’au 31 mai8.

23 mars : Inclusion des médicaments stupéfiants et assimilés (dont le Skénan) aux mesures ci-dessus.

27 mars : Prolongation de la période de confinement jusqu’au mercredi 15 avril 2020.

13 avril : Prolongation du confinement de la population jusqu’au 11 mai.

27 avril : La vente de masques au public est autorisée dans les pharmacies et les buralistes. Ils en avaient été exclus le 3 mars 2020, en raison d’une réquisition générale des masques par l’État.

12 mai : Déconfinement national progressif. A Marseille, réouverture des bars et de quelques lieux à ciel ouvert, mais pas de festivals ni de grands évènements festifs. Fermeture administrative du R2 le 14 août. Le Baou suivra 2 semaines plus tard.

13 mai : Instructions de la Direction générale de la santé (DGS) concernant les activités en période de post confinement des structures de prévention et de prise en charge qui accueillent du public, dont les CSAPA et CAARUD9

18 mai : Prolongation des mesures du décret du 23 mars jusqu’au 10 juillet, date prévue de la fin de l’état d’urgence sanitaire 20 juillet : Port du masque obligatoire dans tous les lieux clos. Préconisations de la DGS en prévention des surdoses et usage de naloxone.

18 août : Le port du masque devient obligatoire dans les établissements publics et dans certains lieux de brassage.

27 août : Le port du masque dans l’ensemble des espaces fermés (y compris au travail) devient obligatoire.

Mi-septembre au 14 octobre : fermeture des bars à 23H.

14 octobre : Les rassemblements sont limités à 6 personnes. Couvre-feu de 20H à 06H.

28 octobre : Instructions de la DGS sur la doctrine sanitaire pour les personnes détenues durant le reconfinement10.

30 octobre : Confinement national : fermeture des commerces non-essentiels, interdiction des déplacements sauf motif impérieux.

Contrairement au 1er confinement, les crèches, les écoles, les collèges et les lycées restent ouverts.

1er novembre : Instructions de la DGS sur la conduite des activités en période de reconfinement des structures de prévention et de prise en charge qui accueillent du public, dont les CSAPA et CAARUD11.

6 novembre : Préconisations de la DGS concernant la conduite des activités en période de reconfinement dans les structures d’hébergement applicables aux lits d’accueil médicalisés, lits halte soin santé, CSAPA avec hébergement et appartements thérapeutiques12.

7 novembre : Réinstauration des mesures assouplissant les conditions de délivrance des médicaments contenant des substances hypnotiques ou anxiolytiques et des TSO13.

15 décembre : Fin du second confinement et mise en place d’un couvre-feu de 20h00 à 06h00 sur l’ensemble du territoire métropolitain.

2 janvier 2021 : Couvre-feu étendu de 18h00 à 06h00 dans 15 départements.

10 janvier : Couvre-feu étendu de 18h00 à 06h00 dans 8 nouveaux départements.

16 janvier : Mise en place d’un couvre-feu de 18h00 à 06h00 sur l’ensemble du territoire métropolitain.

29 janvier : Renforcement du télétravail. Renforcement des contrôles par les forces de l'ordre du non-respect du couvre-feu, de l'organisation des fêtes clandestines et l'ouverture illégale des restaurants. Fermeture des frontières aux pays extérieurs à l’Espace Européen. Soumission des déplacements en provenance et en direction des territoires ultramarins à la production de motifs impérieux.

11 février : Instructions de la DGS concernant l’adaptation des mesures de protection face à la propagation de différents variants du SARS-COVID dans les structures de prévention et de prise en charge qui accueillent du public, dont les CSAPA et CAARUD14.

7 Concerne la méthadone sous forme de gélules, sous forme de sirop ou la buprénorphine comprimés.

8 https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000041746744/

9 https://www.federationaddiction.fr/app/uploads/2020/05/Te%CC%81le%CC%81charger-la-fiche-de-recommandations-a%CC%80-destination-des- CSAPA-et-des-CAARUD.pdf

10 https://www.federationaddiction.fr/app/uploads/2020/11/Actualisation-de-la-doctrine-sanitaire-personnes-de%CC%81tenues-20201028.pdf

11https://www.federationaddiction.fr/app/uploads/2020/11/Fiche-COVID-19_conduite-a%CC%80-tenir-structures-prevention_novembre-20202.pdf

12 https://www.federationaddiction.fr/app/uploads/2020/11/reconfinement-lhss-lam-CSAPA-covid-19.pdf

13 https://www.legifrance.gouv.fr/loda/iad/JORFTEXT000042106233/

14 https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/fiche_covid_structures_de_prevention_recommandations_renforcees_fevrier_2021.pdf

(12)

Rapport TREND Marseille-PACA 2020 – Claire DUPORT 12 Le développement de l’épidémie de Covid19 et l’instauration des mesures de confinement par les pouvoirs publics à la mi-mars 2020, ont amené l’OFDT, et chacune des coordinations régionales du dispositif TREND, à mettre en œuvre des modalités d’enquête adaptées afin de documenter finement la situation, et ses évolutions :

- la coordination nationale TREND à l’OFDT a renforcé le recueil d’informations locales lors du premier confinement (mars à mai 2020), permettant ainsi la publication de deux bulletins spéciaux TREND-COVID15. De même, la coordination nationale SINTES a renforcé son rôle de veille sanitaire en mettant en place d’avril à juin 2020 une procédure spécifique d’analyse de produits sans motif spécifique de collecte, de sorte à documenter la composition des produits circulant en période de confinement (voir chapitre « les analyses de produits » en fin de rapport).

- la coordination Marseille-PACA, lors du premier confinement, a pu documenter précisément la situation des Bouches-du-Rhône de manière à produire un bulletin spécial dès mai 2020 (voir ci-dessous). Le second confinement a rendu difficile la mise en œuvre des méthodologies de recueil de données, notamment certains groupes focaux qui n’ont pu être réunis ; ainsi que les observations qui se trouvaient limitées aux temps hors couvre-feu.

Toutefois, nous avons pu auditionner (en entretiens collectifs ou individuels) et/ou recueillir les éléments via un questionnaire spécifique16, tous les CAARUD et CSAPA compris dans le protocole d’enquête. Ainsi, si nos méthodes d’enquête ont dû être adaptées à la situation, le champ d’étude ne s’en est pas trouvé pour autant amoindri.

Un bulletin spécial « drogues en confinement dans les Bouches-du-Rhône » publié en Mai 2020

Bénéficiant de la réactivité de la coordination TREND-Marseille et du réseau d’observateurs à Marseille, ainsi que du dispositif SINTES et de l’implication du Laboratoire de Police Scientifique pour procéder aux analyses de produits, de nombreuses informations ont pu être recueillies et triangulées pendant ce premier confinement.

Ce travail a donné lieu à la publication, début Mai 2020, d’un bulletin « Drogues en confinement : organisation du soin et de la RdRD, usagers et consommations, marchés et trafics dans les Bouches-du- Rhône »17, qui documente la situation des drogues pendant la période du premier confinement et qui est en partie repris dans le présent rapport.

Spécificités du rapport TREND 2020

Afin de maintenir une continuité de forme et de lecture avec les rapports des années précédentes, le présent rapport 2020 est toujours titré « Tendances récentes et nouvelles drogues », même si le terme de

« tendance » est peu approprié à l’analyse des phénomènes observés en 2020. Les situations des acteurs (usagers, vendeurs, et professionnels), les contextes de consommation et de vente de drogues, mais aussi d’exercice du soin, de la RdRD ou de l’application de la loi, ont en effet été modifiés par les mesures liées à l’épidémie de covid19, et ce plusieurs fois au cours de l’année.

De même, les situations d’usage et de vente -et plus largement les situations sociales, professionnelles, économiques ainsi que les sociabilités-, ont été impactées différemment selon les périodes de l’année et les mesures des restrictions sanitaires adoptées par le gouvernement, complexifiant l’analyse des données.

Ainsi, ce rapport 2020 s’inscrit dans une approche singulière : les phénomènes observés en 2020 y sont davantage analysés en termes de fluctuations, de continuités et discontinuités, d’impacts des politiques publiques et des mesures de restriction, d’hypothèses sur la pérennité -ou pas- des changements ou des situations observés.

15 https://www.ofdt.fr/publications/collections/notes/bulletin-trend-covid-19-numero-1/

https://www.ofdt.fr/publications/collections/notes/bulletin-trend-covid-19-numero-2/

16 Ce questionnaire, envoyé à des usagers en contextes festifs, documentait des informations socio-démographiques sur l’usager, et l’interrogeait sur sa situation de confinement, ses usages de produits psychoactifs et ses modes d’approvisionnement.

17 Ce rapport est disponible en téléchargement sur le site d’Addiction-Méditerranée : https://www.addiction-mediterranee.fr/single- post/2020/05/14/bulletin-sp%C3%A9cial-drogues-en-confinement-organisation-du-soin-et-de-la-rdr-usagers-et-cons

(13)

Rapport TREND Marseille-PACA 2020 – Claire DUPORT 13 QUELQUES INDICATIONS POUR LA LECTURE DU RAPPORT

L’organisation du rapport TREND Marseille-Paca 2020 :

Le développement de l’épidémie de Covid19 et l’instauration des mesures de confinement par les pouvoirs publics sont venus modifier le fonctionnement des dispositifs de soin, de RdRD et de prévention sur l’ensemble de l’année 2020 ; et les pratiques de consommation d’une large part des usagers de drogues, de même que perturber les activités de vente des produits stupéfiants plus spécifiquement pendant le premier confinement en Mars-Mai 2020.

Aussi, afin que ce rapport restitue au mieux ces spécificités, nous l’avons organisé avec :

- Un chapitre particulier dédié aux « effets de la crise sanitaire sur l’organisation du soin et de la RdRD » - Et dans chaque chapitre suivant de la partie « populations, consommations, produits et marchés », un

premier sous chapitre qui à chaque fois signale les spécificités observées lors du premier confinement.

L’ensemble de ces éléments est complété par le bulletin « Drogues en confinement : organisation du soin et de la RdRD, usagers et consommations, marchés et trafics dans les Bouches-du-Rhône »18, et par deux bulletins de l‘OFDT spéciaux TREND-COVID19.

Les termes spécifiques :

- on retrouve souvent, dans les propos de nos interlocuteurs, le terme « quartier » qui désigne, à Marseille, n’importe quel quartier -au sens « partie de ville » du terme- et pas nécessairement un quartier populaire, ou de cités de grands ensembles. Aussi, pour ne pas dénaturer les propos de nos interlocuteurs mais en permettant au lecteur de s’y retrouver, on précisera lorsque cela est nécessaire la caractéristique sociale du quartier (« populaire », « de classes moyennes », « riches » …) et on appellera « cités » les quartiers de grands ensembles.

- lorsque nous mentionnons dans ce rapport l'origine nationale ou ethnique, ou encore l’orientation sexuelle, d’usagers et/ou de personnes impliquées dans les trafics, nous le faisons telle qu'elle est énoncée par les enquêtés eux-mêmes, et notre but n’est pas de concourir à la discrimination de groupes ou communautés citées. Pour autant, nous reprenons ces mentions lorsque des groupes ou communautés apparaissent comme saillants dans les observations ou les entretiens réalisés, et sont nommés comme tels.

Et nous précisons aussi, à chaque fois que nécessaire, les conditions de vie, les formes d’exclusion ou de discriminations que ces groupes ou communautés subissent, dans la mesure où ces éléments contribuent à des choix de subsistance ou à des pratiques d’usage de substances psychoactives.

Les propos des usagers et des professionnels dont les entretiens ont fait l’objet d’enregistrements, de retranscriptions et d’anonymisation, sont restitués en italique et entre guillemets dans le texte. Les personnes ne sont pas citées nominativement, mais leur position ou leur fonction professionnelle est précisée à chaque fois que nécessaire.

Les photographies, lorsqu’elles ne sont pas référencées, ont été prises par Claire Duport, Baptiste Mercier ou des observateurs TREND.

18 Ce rapport est disponible en téléchargement sur le site d’Addiction-Méditerranée : https://www.addiction-mediterranee.fr/single- post/2020/05/14/bulletin-sp%C3%A9cial-drogues-en-confinement-organisation-du-soin-et-de-la-rdr-usagers-et-cons

19 https://www.ofdt.fr/publications/collections/notes/bulletin-trend-covid-19-numero-1/

https://www.ofdt.fr/publications/collections/notes/bulletin-trend-covid-19-numero-2/

(14)

Rapport TREND Marseille-PACA 2020 – Claire DUPORT 14

LES PHENOMENES MARQUANTS EN 2020

Usages et usagers observés dans les espaces de la marginalité urbaine

Pendant le premier confinement (Mars-Mai 2020), pour les usagers les plus marginalisés ou en situation de précarité, les situations de consommations ont été contrastées : certains, souvent contraints par le manque de ressources et les difficultés d’accès aux points de vente de rue, ont fait une pause dans leurs consommations ; d’autres ont augmenté leurs consommations, notamment d’alcool et de cannabis, souvent par désarrois ou ennui.

A partir de l’été, il semble que les consommations des usagers en situation de précarité ou de pauvreté soient redevenues semblables à celles observées avant le confinement (polyconsommations d’alcool, de cannabis, de cocaïne, de médicaments détournés, notamment de Skénan®, Subutex®, Lyrica® ou Tramadol®). On note aussi une augmentation des consommations de cocaïne sous forme basée (aussi appelé « crack ») par des usagers– hommes ou femmes d’âges divers- qui consommaient en sniff ou en injection, et qui semblent alterner les modes de consommation. Une recrudescence des consommations de kétamine par des usagers plutôt jeunes (entre 20 et 35 ans) a également été observée.

Usages et usagers observés dans les espaces festifs

Cette année, la scène festive publique a été désorganisée et les pratiques et consommations des publics plus diverses. Pendant l’été, lorsque l’offre festive publique était possible, les observateurs n’ont pas noté de changements majeurs dans les produits, les modes de consommations ou les quantités consommées.

Mais les périodes de confinement et de couvre-feu ont été l’occasion de nombreuses fêtes privées, en petits groupes d’amis à domicile, qui n’étaient plus limitées aux week-ends. Les observateurs et usagers interrogés expliquent que le contexte privé de ces fêtes leur a offert de plus nombreuses opportunités de consommation : ils témoignent avoir consommé davantage (du fait d’une disponibilité plus grande, et de l’absence de contraintes ou de contrôles), et avoir consommé en espaçant moins les prises (car ces soirées ne durent pas aussi longtemps que celles organisées dans l’espace public). La plupart de nos interlocuteurs expliquent cependant ne pas avoir retrouvé dans ces fêtes les qualités des soirées publiques et des festivals, à savoir l’occasion de rencontres improbables ainsi que l’expérience du son et d’esthétiques musicales des programmations professionnelles. Ainsi, nombre d’entre eux précisent que l’augmentation de leurs consommations en périodes de confinement est principalement motivée par le besoin de combler le manque de sorties, de nouvelles rencontres, de son et de danse. En revanche, la plupart de celles et ceux qui étaient confinés à la campagne ou qui ne pouvaient/voulaient pas participer à des fêtes privées disent avoir réduit ou cessé leurs consommations de produits.

En Csapa-Caarud, la « disparition » d’une partie des personnes suivies, et de nouvelles demandes Pour les professionnels du soin et de la RdRD, si l’ensemble des structures et des équipes ont pu maintenir la continuité de l’offre de soin et d’accès aux TSO et à la RdRD, ils témoignent, en fin d’année, d’un essoufflement lié à la densité du travail exigée par la situation sanitaire et la nécessité d’adaptation incessante face aux mesures successives de restriction. Tous les Csapa auditionnés et une partie des Caarud soulignent aussi avoir perdu de vue une partie importante de leur file active (10 à 30% selon les structures) au moment du premier confinement. D’après les intervenants, ce phénomène touche plus particulièrement les personnes en situation de pauvreté, sous TSO ou suivies pour leurs consommations d’alcool, cocaïne et médicaments détournés. Pour les personnes sans domicile, il est probable que les dispositifs d’accueil d’urgence mis en place et maintenus durant l’année les aient éloignées des Caarud et Csapa où elles consultaient habituellement. Rien ne permet alors de savoir si l’accompagnement a pu être réalisé par d’autres structures. En parallèle, les mêmes structures ont vu arriver de nouveaux usagers : des personnes plus insérées, qui éprouvaient des difficultés nouvelles liées à leurs consommations ou celle d’un proche ; d‘autres dont les consommations se sont amplifiées (pour devenir quotidiennes chez certains) en période de confinement, face à une « grande détresse » qu’ils relient principalement à l’isolement et la solitude.

L’expansion des consommations de cocaïne basée

Les consommations de cocaïne sous forme basée (aussi appelée « crack ») sont plus fréquemment observées cette année. A Nice, Cannes, Avignon, Toulon, Marseille, Aix, et dans les Alpes-de-Haute- Provence, les intervenants témoignent d’une augmentation de la file active venue pour une consommation de cocaïne, due à une recrudescence de l’usage sous forme basée, certains n’hésitant pas à mentionner

« une explosion des consommations de crack » : de plus en plus de personnes (bien que l’on n’observe pas

(15)

Rapport TREND Marseille-PACA 2020 – Claire DUPORT 15 de marché local de crack) qui préparent elles-mêmes la base. Ces structures signalent aussi avoir distribué beaucoup plus de matériel pour la consommation de cocaïne basée que les années précédentes (à Avignon, Toulon, Aix ou Marseille). Nous avons également constaté davantage de matériel de consommation de ce type de produit jeté dans l’espace public en centre-ville ainsi que dans certaines cités marseillaises. Ces consommateurs présentent des profils de teuffeurs ou ex-teuffeurs, de personnes en grande précarité, usagères régulières de cocaïne, qui diversifient les modes d’usage (snif, injection, inhalation), mais aussi quelques « jeunes branchés » de milieux artistiques et culturels (profil que les professionnels voyaient peu jusqu’à cette année), et plus généralement des personnes insérées de 25/35 ans.

Un marché très réactif

Face aux mesures de restriction et aux difficultés d’approvisionnement, les organisations de vente de drogues illicites ont très rapidement mis en place des modalités de vente et de commercialisation adaptées à la situation : dès la fin mars 2020, de nombreux réseaux de trafic commercialisaient leurs produits via des applications numériques, en ouvrant leurs propres comptes sur des applications telles que Snapchat, Instagram ou Signal. Les zones de livraison de produits ont également été étendues vers des villes où ce service était habituellement confidentiel (Avignon, Toulon, Martigues…), des zones péri-urbaines et rurales, mais aussi sur la totalité du département des Bouches-du-Rhône où la livraison des produits était garantie en moins d’une heure, quelle que soit l’adresse. De nouvelles pratiques de commandes groupées et de drive, via l’envoi de la référence GPS d’un lieu de livraison groupée, ont également pu être observées. De nombreux usagers expliquent avoir débuté le recours à ce type de services (livraison ou drive) lors du premier confinement et avoir maintenu ce mode d’approvisionnement depuis : « On va moins au quartier du coup, c’est le quartier vient à nous. C’est pratique et les prix n’ont pas changé, ils sont très commerciaux, ils offrent des cadeaux, et ils sont hyper rapides. ». Une diversification des packagings (tubes, pochons personnalisés, petites boites…) a également été observée.

Si le marché a fonctionné de mars à juillet selon une logique de gestion des stocks et de rationnement (des produits de qualité moindre et/ou des prix augmentés et/ou des quantités moindres par rapport au poids annoncé), il semble être redevenu stable entre juillet et octobre sur l’ensemble de la région.

Focus protoxyde d’azote

Le protoxyde d’azote est un gaz utilisé dans le milieu médical pour ses propriétés anesthésiques (MEOPA) ou comme analgésique de courte durée (Kalinox®). Il est également employé comme gaz de pressurisation d’aérosol alimentaire, comme dans les cartouches pour siphon à chantilly ou les aérosols d’air sec. Plus communément appelé « gaz hilarant », les consommateurs en font un usage récréatif en raison de son effet euphorisant de courte durée (quelques minutes). Le plus souvent les usagers utilisent une cartouche de syphon à chantilly dont ils transfèrent le protoxyde d’azote dans un ballon de baudruche pour l’inhaler (d’où l’expression « faire/prendre un ballon »). Des bonbonnes contenant des quantités plus importantes de protoxyde d’azote vendues sur internet sont également utilisées par certains usagers.

Des expérimentateurs plus nombreux parmi les adolescents et quelques jeunes adultes consommateurs plus réguliers

Nos observations à Marseille sur plusieurs sites tout au long de l’année témoignent d’une augmentation du nombre de capsules jetées sur la voie publique (avec l’apparition de bonbonnes depuis la fin de l’automne 2020) et d’une augmentation des lieux où ces capsules sont jetées. Nous constatons aussi une plus grande visibilité d’adolescents ou de jeunes adultes consommant du protoxyde en espaces publics, ainsi qu’un un renouvellement permanent de ces jeunes consommateurs, ce qui conforte l’idée qu’il s’agirait principalement d’expérimentateurs.

Ces observations nous ont également permis d’identifier un profil de consommateurs plus réguliers : des jeunes adultes (20-30 ans et quelques quarantenaires), essentiellement des hommes, qui consomment, dans les quartiers populaires ou sur les plages de Marseille, du protoxyde associé à de l’alcool fort (généralement de la vodka), plusieurs soirs par semaine depuis fin 2019-2020. Ces jeunes hommes ne seraient pas de nouveaux usagers de drogues, mais des personnes pour lesquelles ce produit prend place dans un ensemble de pratiques de consommations déjà existantes (le plus souvent, alcool et cannabis).

Des observations qui ne permettent pas de conclure à une nouvelle tendance

Ces observations et témoignages ne permettent pas de qualifier ces phénomènes d’augmentation des expérimentations ou d’élargissement des consommations de « nouvelle tendance », dans la mesure où l’expérimentation à l’adolescence ou lors de la jeunesse est un phénomène très classique ; et que la motivation d’usage consistant à combler l’ennui est également un phénomène récurrent. Ces deux phénomènes étant en soi des motifs de consommation de divers produits selon les époques, l’accessibilité, la disponibilité.

Ainsi, on peut émettre l’hypothèse d’un « effet de mode » dont bénéficierait le protoxyde d’azote, et seule une observation prolongée nous permettra de mieux qualifier ce phénomène.

(16)

Rapport TREND Marseille-PACA 2020 – Claire DUPORT 16

LES EFFETS DE LA CRISE SANITAIRE SUR L’ORGANISATION DES SOINS EN ADDICTOLOGIE ET DE LA RdRD

Les mesures sanitaires et les restrictions liées à l’épidémie de Covid19 ont amené les structures de soin en addictologie et de RdRD à considérablement modifier et adapter leurs pratiques.

Aussi, il nous a semblé important cette année, d’ajouter un chapitre au rapport TREND portant sur ces adaptations afin de restituer ces éléments spécifiques à la situation.

L’organisation du suivi des usagers lors du premier confinement

Dès le 16 mars, les services de soin et de RdRD liés aux usages de drogues se sont organisés pour maintenir la continuité des soins, des accompagnements et de l’accès au matériel de RdRD. Une première organisation d’urgence a été mise en place par les structures après révision des modalités d’accueil et réévaluation des situations des usagers liées au confinement.

Dans les Bouches-du-Rhône en particulier, les CAARUD et CSAPA, les CJC, services d’appartements thérapeutiques, accueils parentalité, services d’addictologie hospitaliers ou associations d’auto-support, ont cherché à maintenir un accès aux soins et à la RdRD, et informé les usagers auxquels ils avaient accès de leurs nouvelles modalités d’organisation. Ces informations ont également été diffusées via les coordinations du DICAdd13 (Dispositif d’Information et de Coordination en Addictologie des Bouches-du- Rhône), du projet ASSAb (projet en faveur de l'Accès aux droits et de l’accès aux soins et la continuité des soins pour les personnes sans-abri à Marseille) et des sites internet des structures, dans la semaine du 21 mars.

Ainsi, la plupart des services ont été maintenus, parfois de manière limitée : les accueils collectifs ont été supprimés, les rendez-vous ont été réalisés à chaque fois que possible par téléphone (par exemple pour les renouvellements de prescriptions pour des usagers stabilisés dans l’observance de leur TSO), mais la plupart des structures ont pu maintenir des rendez-vous physiques via des équipes tournantes limitant la présence des professionnels et des usagers dans les locaux, ou en organisant ces rendez-vous dans des espaces extérieurs aménagés. Les équipes CAARUD, à Aix-en-Provence comme à Marseille, ont également maintenu les maraudes sur des amplitudes horaires moindres pour certaines, et plus étendues pour d’autres, assurant la distribution de matériel de consommation (7 jours sur 7 pour certaines structures comme le Bus 31-32 ou l’association Nouvelle Aube). En appartements thérapeutiques, les équipes ont maintenu le lien avec les personnes hébergées, en assurant le suivi sanitaire et en apportant des tickets service, voire des repas à domicile.

Parmi les oubliés de l'épidémie, les toxicomanes

Dans son numéro de Mars 2020, le journal LE RAVI consacrait un article dédié à la situation des usagers de drogues et des intervenants en RdRD ; article de Clément Chassot titré « Parmi les oubliés de l’épidémie, les toxicomanes », adossé à un témoignage d’Olivia Blanc, éducatrice spécialisée au Bus 31/32. Elle y évoque les difficultés pour les usagers de drogues sans domicile à accéder aux ressources, à l’aide alimentaire, ou à trouver un hébergement :

« Entre hier et aujourd’hui (jeudi, Ndlr), deux hôtels ont été réquisitionnés par l’État mais tout a été pris d’assaut, c’est la guerre, c’est horrible ! Les foyers d’urgence ne veulent plus accueillir de nouvelles personnes. Les gars ne peuvent plus faire la manche dans la rue parce qu’il n’y a plus personne, ils sont en train de crever la dalle, ils n’ont pas d’endroits pour dormir ou se mettre à l’abri. C’est un peu l’apocalypse. (…) Le gros problème aussi c’est que les assos avec qui on bossait comme le Secours populaire, la Croix-Rouge et tous ceux qui font de l’aide alimentaire réduisent leur activité car ils disposent de moins en moins de bénévoles. Ça devient vraiment la galère. Notre prestataire pour les bouteilles d’eau ne nous livre plus, il nous faut aller dans les commerces, faire la queue… »

(17)

Rapport TREND Marseille-PACA 2020 – Claire DUPORT 17 A partir de la fin du mois de mars, des coordinations entre structures se sont organisées. De même, chaque structure a pu mieux adapter son fonctionnement : certaines ont modifié leurs modalités d'inclusion pour pouvoir accueillir plus rapidement de nouveaux patients (inclusions pour TSO, et protocoles de soin) ; d’autres se sont organisées pour pouvoir accueillir des usagers demandeurs de lien et d’activité ; certaines ont a pu assurer une distribution de matériel de RdRD plus importante… Toutes ont pu organiser des rendez-vous sur le lieu d’hébergement ou des contacts téléphoniques réguliers avec les usagers hébergés ou mis à l’abri, aidés pour ce faire par La Fondation Emmaüs (Emmaüs-Connect) qui a mis à disposition des téléphones pour les personnes isolées et/ou sans abri.

Il faut également souligner que l’ARS-PACA a été une des premières en France à inclure les personnels des CAARUD et CSAPA au sein des mesures prévues pour les personnels soignants, de sorte que cette décision locale rapide a permis aux personnels des CSAPA et CAARUD de bénéficier notamment de la garde d’enfants, et ainsi assurer la continuité de l’offre de services.

Tous les intervenants contactés soulignaient la qualité de la communication et le renforcement des partenariats entre structures, y compris de communes différentes sur le département.

L’accès aux TSO et la gestion des médicaments de substitution par les usagers

Des collaborations entre les groupes d’auto-support, des dispositifs d’accueil ou d’hébergement comme Un chez-soi d’abord ou le Sleep In, les CAARUD, les CSAPA et les services hospitaliers en addictologie, ont été mises en place pour assurer le suivi des patients ainsi que la continuité des délivrances de TSO, Ces collaborations ont notamment permis de faciliter les visites d’intervenants et de médecins addictologues auprès des usagers sur leur lieu d’hébergement (en squats, en hôtels, en hébergements d’urgence ou en appartements).

Deux inquiétudes particulières ont été rapportées par les CSAPA et CAARUD interrogés lors de l’instauration du premier confinement : la nécessité de suivre de manière spécifique les patients qui avaient déjà antérieurement des difficultés à gérer leur traitement, de surcroit en situation de prescriptions plus longues et quantitativement plus importantes20. Les risques particuliers évoqués sont : l’usage hors cadre thérapeutique et/ou la surconsommation du traitement ; les surdoses, en particulier pour les patients sous traitement par méthadone pour qui les risques sont plus élevés que pour les patients disposant d’un traitement à base de Buprénorphine haut dosage (BDH). Ainsi, les CSAPA ont aménagé, du moins pour ces patients, la possibilité de visites régulières -au CSAPA ou à domicile- et de suivi téléphonique quotidien.

Deux CSAPA précisent que quelques usagers ont eux-mêmes demandé à pouvoir venir chaque jour dans la structure pour prendre leur traitement, sachant qu’ils ne sauraient pas gérer les quantités de TSO délivrées.

Trois CSAPA (à Aix-en-Provence et Marseille) ont également signalé des problématiques liées à l’accueil de nouveaux patients, sortant de prison : « on a vu arriver au CSAPA plein de sortants des maisons d’arrêt et centres de détention du coin. Ceux qui étaient sous traitement TSO sont sortis sans ordonnance, les SPIP n’ont même pas vu certains détenus avant leur sortie, les services sanitaires en prison n’ont parfois même pas été prévenus (…) Plusieurs médecins en prison nous ont confirmé avoir appris la sortie de tel ou tel détenu après sa sortie, voire l’apprenaient par nous ! » (Médecin en CSAPA, Marseille) ; un chef de service en CSAPA à Aix précise : « des détenus ont bénéficié de remises de peine et sont sortis sans rien, quelques- uns, rares, avaient juste une ordonnance périmée ; ce qui n’est déjà pas mal parce que ça nous a permis d’avoir au moins un médecin à contacter. Mais la plupart n’avaient rien, et ils ont commencé à frapper aux portes des CAARUD, des hôpitaux et CSAPA. Rien qu’aujourd’hui [24/04/2020] j’en ai reçu 2. ».

Un autre CSAPA marseillais soulignait cependant que cette situation est assez habituelle : il arrive fréquemment que se présente en CSAPA une personne sortant de prison sans ordonnance alors qu’elle bénéficiait d’un TSO en détention. La différence a été, lors du premier confinement, quantitative, dans la mesure où de nombreux détenus ont été libérés avec anticipation en l’espace de quelques semaines, cette situation révélant le besoin de coordination entre les CSAPA, les services sanitaires en détention et les services de médecine de ville.

Le relai des pharmacies

A l’exception d’une pharmacie marseillaise (qui refusait de délivrer la méthadone, expliquant son impossibilité à stocker les produits de manière sécurisée), et d’une pharmacie de Salon (qui exigeait la présentation des documents originaux, et pas les scans envoyés par mail par le référent CSAPA), aucun

20 Voir les mesures d’assouplissement concernant le renouvellement dans le tableau récapitulatif p.11

Références

Documents relatifs

Rapport TREND Marseille 2017 – Claire DUPORT 85 Les consommateurs, surtout des jeunes à la recherche de l’effet hallucinatoire, apprécient cette substance qui

Si le Conseil Constitutionnel n’a pas donné suite à ce recours et a validé l’extension de l’amende forfaitaire délictuelle (décision du 21 mars 2019), l’AFD a continué

• Des usagers dont les profils sociaux peuvent être variés : des usagers de drogue dont les conditions de vie sont marquées par une forte précarité et dont le quotidien est

TREND Marseille rapport de site 2015 47 vraiment gentil… Mais quatre, non… Il ne t’en marque pas quatre : il te dit d’aller ailleurs… Alors, soit tu dois trouver un

Les prix de l’année 2018 10 sont stables par rapport à l’année précédente pour tous les produits signalés (résine et herbe de cannabis, cocaïne, MDMA-Ecstasy, kétamine, LSD

Tandis que les professionnels du secteur de Creil ont eu tendance à se fixer sur des pôles urbains pour ren- contrer leur public (ou à mettre en place un système de permanence

Si les missions de distribution de matériel par les professionnels des CAARUD ont bien été remplies, sous forme de livraisons ou en drive, permettant ainsi de maintenir les liens avec

La plupart de ces personnes sont célibataires, homosexuelles pour la grande majorité, à fort revenus et sortent donc régulièrement Elles ont plus d’une quarantaine