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PROVERBES ET DICTONS FRANÇAIS

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Texte intégral

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PROVERBES ET DICTONS

FRANÇAIS

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« QUE SAIS-JE ? »

LE POINT DES CONNAISSANCES ACTUELLES

N° 706

PROVERBES ET DICTONS

FRANÇAIS

par

Jacques PINEAUX

Agrégé de l'Université SIXIÈME ÉDITION REVUE ET CORRIGÉE

PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE 108, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS

1973

QUARANTE-SIXIÈME MILLE

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Dépôt légal. — 1 édition : 2 trimestre 1956 6" édition : 2 trimestre 1973

© 1956, Presses Universitaires de France Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation

réservés pour tous pays

La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'ar- ticle 41, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute repré- sentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l'au- teur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1 de l'article 40).

Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code Pénal.

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INTRODUCTION

Le mot proverbe, tiré directement du latin pro- verbium, apparaît pour la première fois dans les textes au XII siècle. Mais jusqu'au milieu du XIII siècle son emploi est assez rare. On lui préfère

« respit » ou « resprit » : Car ce savent grands et petits

Que l'on dit pièça en respit * longtemps Qui bien est chaussé n'est pas nu.

Dicton est d'un usage plus récent : tiré lui aussi du latin, il date du XVI siècle. On trouve d'ailleurs indifféremment dicton ou dictum.

Quant au sens à donner à ces termes, il faut attendre, pour avoir une définition à peu près cor- recte du premier, l'auteur de Manon Lescaut, l'abbé Prévost ; dans son Dictionnaire portatif des mots français dont la signification n'est pas familière à tence courte et sensée, fondée ordinairement sur tout le monde, il écrit : « Proverbe, maxime ou sen- l'expérience, et capable d'instruire ou de corriger ».

Seul, le caractère populaire du proverbe n'est pas marqué dans cette définition.

Ne parlons pas de celle du Dictionnaire de l'Aca- démie en ses différentes éditions (« espèce de sen- tence, de maxime exprimée en peu de mots, et devenue commune et vulgaire »), qui à notre avis laisse échapper l'essentiel, l'expérience de la vie qu'exprime ainsi la sagesse populaire.

Quant à la forme métaphorique que revêt d'ordi- naire le proverbe, ni l'une ni l'autre de ces défini- tions ne la soulignent.

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Nous aboutirons donc pour notre part à la défi- nition suivante : le proverbe est une formule nette- ment frappée, de forme généralement métaphorique, par laquelle la sagesse populaire exprime son expé- rience de la vie. Cette définition, qui a certainement besoin de correctifs, nous permet en tout cas de distinguer proverbe et dicton : formellement en effet, le dicton garde une allure directe, et n'em- prunte pas la forme imagée du proverbe.

Pour l'expression proverbiale que les différents dictionnaires consultés se contentent de caractériser ainsi : « proverbial, qui tient du proverbe, expres- sion proverbiale », il nous semble qu'elle présente d'avec le proverbe une différence capitale : tandis que le proverbe offre un conseil de sagesse pratique, l'expression proverbiale se contente de caractériser, par une formule imagée et variable selon les époques et l'usage de la langue, une situation, un homme ou une chose. Un conseil peut en découler, mais par elle-même l'expression proverbiale ne le contient pas. « Il est fort comme un Turc, méchant comme un singe », constatation d'un état de fait dont le pro- verbe tirera la conclusion : « Qui s'y frotte s'y pique ».

Le proverbe succède ici à l'expression proverbiale.

Ainsi, proverbe, dicton, expression proverbiale doivent-ils être distingués ; ils ont cependant un caractère commun : ils viennent du peuple, ils appar- tiennent au peuple. Si la littérature, singulièrement la littérature morale ou didactique s'en est emparée, a forgé à son tour des dictons, rarement des pro- verbes, toute étude des proverbes et dictons fran- çais doit, sans négliger le développement littéraire qu'ils ont pris, et pour rendre compréhensible l'im- portance extraordinaire qu'encore aujourd'hui ils ont dans la vie et la pensée populaires, retourner à leur source, c'est-à-dire au peuple qui les a créés.

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PREMIÈRE PARTIE

LE TÉMOIGNAGE LITTÉRAIRE

CHAPITRE PREMIER LES RECUEILS DE PROVERBES Notre premier moyen d'investigation est l'étude des recueils de proverbes. Le Moyen Age nous en offre de deux sortes : les uns savants, car plutôt que de véritables proverbes, ils nous livrent des dictons moralisants ; les seconds véritables recueils populaires ; bien que composés par des clercs, ils enfilent bout à bout des proverbes d'essence popu- laire.

I. — Les recueils savants

Le Moyen Age n'a pas inventé la littérature sen- tencieuse ; il a trouvé des ancêtres et des modèles dans la Bible et chez les philosophes anciens. Il les unissait d'ailleurs curieusement dans la même admi- ration. Le célèbre Dialogue de Marcoul et de Salomon met en présence le roi juif et le philosophe latin Marcoul (Caton ?). Dans les Dits et proverbes des Sages, telle sentence est attribuée à Salomon, telle autre à Virgile ou à Caton.

La Bible. — Pour les gens du Moyen Age, Salo- mon, fils du roi David, était l'homme de toutes les

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sagesses et de toutes les sciences. Il avait même acquis une solide réputation de magicien ; il connais- sait par exemple « toutes les forces (vertus) des pierres précieuses et les vertus des herbes, et sut le cours du firmament et des étoiles » (Le roman de l'histoire du Graal). Pour le moins, on ne parlait jamais de lui sans l'appeler « le sage Salomon » (et sans ajouter aussi que malgré sa sagesse, il fut lui aussi « déçu » par les femmes). Ce maître de tout savoir était l'auteur du livre des Proverbes, de l' Ecclésiastique et de l'Ecclésiaste. Ces trois recueils furent le bréviaire de tous ceux qui voulurent déga- ger de la vie courante une morale et une éthique, et les réduire en sentences.

Comme ils trouvaient en Salomon une morale prônant le juste milieu, bien souvent ils se conten- tèrent de traduire en leur langue ce qu'ils lisaient en latin.

En voici deux exemples. Proverbes de Salomon : Qui prius respondet quam audiat, stultum se esse demonstrat. Traduction d'un clerc :

Qui respond avant qu'il n'entend, Sa folie montre en présent * Proverbes : Responsio mollis frangit iram. A quoi correspond :

Douce parole fraint grand ire. * Outre Salomon, on tirait également quelques sen- tences des Evangiles (par exemple : la paille et la poutre). On ne se contenta d'ailleurs pas de traduire ou de paraphraser le Sage biblique ; on lui attribua ou bien des sentences isolées, ou bien même des recueils entiers de sentences.

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Les « philosophes ». — Réciproquement, certaines maximes qui appartenaient en propre à Salomon furent attribuées à des philosophes anciens ; il n'y avait pas là artifice gratuit ; simplement, on voulait montrer que peu importaient les noms mis en avant, et que tous, païens aussi bien que juifs ou chrétiens, énonçaient la même morale.

Les « philosophes » anciens, c'est-à-dire en fait tous les auteurs anciens, influencèrent profondé- ment notre littérature proverbiale. Plus que par leurs œuvres elles-mêmes, on les connaissait par la lecture de florilèges sentenciaux : Cicéron, Sénèque, Caton ; des poètes comme Virgile, Horace ou Ovide, étaient réduits et rassemblés en un choix de sen- tences donnant un code de bien vivre. Quelques titres illustrent cette tendance : Sententiae Philoso- phorum, Proverbia diversorum auctorum, Flores auc- torum...

Bientôt même, sinon dès le début, on fit mieux que de les rassembler ou de les paraphraser, on forgea un nouveau « Caton ».

1. Les distiques de Caton. — L'auteur de ce recueil est resté et reste encore inconnu. Le Moyen Age l'attribua au censeur romain des mœurs, au grand Caton, et crut retrouver en cet ouvrage l'opus- cule de morale que, selon Aulu-Gelle, Caton aurait écrit pour son fils.

L'œuvre comprend quatre livres, et environ 140 maximes, énoncées chacune en deux vers :

Maintenant, très cher enfant, je t'enseignerai Comment tu pourras former et dresser les mœurs de

[ta vie.

(Traduction de 1583.)

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Donc, un livre de morale où sont énoncées des règles de bien vivre, de vie moyenne :

— Fuis la prodigalité, et en même temps souviens- [toi D'éviter l'accusation d'avarice ; ce sont là choses [contraires à une bonne renommée.

— En face de bavards, ne cherche pas à lutter de [mots ; La parole a été donnée à tous, mais la sagesse à [peu.

— Ne préfère pas l'inconnu au connu ; Ce que l'on connaît tient au bon sens, mais l'in-

[connu au hasard.

Ce sont là maximes de « bon sens », que l'on pour- rait multiplier... Ces distiques, qui datent probable- ment du II siècle de notre ère, connurent au Moyen Age une fortune extraordinaire. Ils fournissaient en épigraphes la plupart des ouvrages qui voyaient le jour ; dès la première moitié du XII siècle, le moine Everard s'essaya à les traduire. Sur chaque sentence, il fabriquait une naïve paraphrase de six vers. Au XIII siècle, le recueil latin devint par le travail de ses « traducteurs » une collection de proverbes.

Chaque auteur, selon son caprice, ajoutait, retran- chait, brodait sur le texte, enfin le résumait par un proverbe populaire.

L'homme qui lit et rien n'entend

(Adam de SUEL, fin de sa traduction du premier distique de Caton.) Notons que dès le Moyen Age, on commença à douter de l'authenticité de ce recueil. Quoi qu'il en soit, son histoire ne s'arrête pas à cette période.

* comprend (est) Comme cil qui chasse et rien ne prend.

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Au XVI siècle, de Jean Bouchet (Les mots dorez de Caton en françoys et en latin, Paris, 1530) à Peletier du Mans (traduction de 1583) sans oublier l'imprimeur Henri Estienne, on en multiplie éditions et paraphrases. Jusqu'au XVIII siècle, on continue à s'intéresser à ces distiques. Des éditions et tra- ductions italiennes, allemandes, hollandaises même, paraissent. Un pédagogue les présente « en vers latins, français et allemands avec une traduction interlinéaire de ces derniers, propre à faciliter l'étude de la langue allemande ».

Or ce recueil, qui compte au fichier de la Biblio- thèque Nationale plus de soixante-dix éditions diffé- rentes, semble tomber en oubli. Les philologues continuent à étudier le texte, mais ce n'est plus, comme au XVI siècle, le livre de l'honnête homme.

Voyons dans cet oubli la recherche peut-être d'un autre idéal de vie, ou plutôt un exemple de ce rejet de la littérature morale didactique qui faisait les délices de nos ancêtres. Constatons en tout cas l'importance et l'influence extrêmes de ce traité de morale en formules. Et que l'on ait éprouvé le besoin de le traduire ou de le réduire en proverbes prouve bien l'importance de ce mode de pensée.

2. Les Diz et Proverbes des Sages — Sous le titre de Proverbes des Sages, Diz et Proverbes des Sages Philosophes, les XIV et XV siècles nous ont laissé une trentaine de manuscrits composés de qua- trains au nombre variable. Chaque quatrain est mis dans la bouche d'un personnage considérable, Caton, Virgile, Salomon, Platon, Boèce... Le titre ne doit pas faire illusion : ces dits et proverbes sont en fait des quatrains moraux, mais qui ont eu un tel succès qu'un certain nombre d'entre eux sont passés en proverbes et ont été introduits comme tels dans les

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recueils populaires. L'oeuvre primitive doit dater d'environ 1260. Ouvrage d'un clerc resté inconnu, elle comportait une cinquantaine de quatrains ; avec les variantes ultérieures, il y en eut jusqu'à 260.

L'auteur s'est proposé de mettre à la portée de tous les préceptes de morale les plus élémentaires ; qu'il constate un fait ou qu'il en tire des conseils, il en revient toujours à ceci :

Mesure tient l' homme en chierté

Qui observe le juste milieu vit heureux : comme c'était bien l'idéal de vie illustré par les proverbes, certains de ces quatrains le devinrent dès le XIII siècle.

Quelques-uns de ces quatrains précisent bien notre propos : montrer l'importance de la forme prover- biale dans la pensée française.

— N'est pas sire de son pays Qui de ses hommes est haï.

— Qui le bien voit et le mal prend Il fait folie à son escient.

— Qui jette ce qu'à ses mains tient A ses pieds, pour fol se contient.

— Qui plus convoite qu'il ne doit, Sa convoitise le déçoit.

— Car à plus grand peine est sanée Plaie de langue que d'épée.

— L'on doit moult haïr le soulas Dont en la fin on dit « hélas ».

— Tant vaut amour comme argent dure.

— De ce que tu peux faire au main N'attends le soir ni lendemain.

— Fortune tourne en petit d'heure ; Tel rit au main qui au soir pleure.

* le sachant bien

guérie

* plaisir

*

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1973. — Imprimerie des Presses Universitaires de France. — Vendôme (France) ÉDIT. N° 32 690 IMPRIMÉ EN FRANCE IMP. N° 23 451

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