HAL Id: hal-00885474
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Submitted on 1 Jan 1992
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Déterminisme et mesure de la durée d’humectation en vue de la protection des plantes
L Huber
To cite this version:
L Huber. Déterminisme et mesure de la durée d’humectation en vue de la protection des plantes.
Agronomie, EDP Sciences, 1992, 12 (4), pp.281-295. �hal-00885474�
Bioclimatologie (synthèse)
Déterminisme et mesure de la durée d’humectation en vue de la protection
des plantes
L Huber
INRA, station de bioclimatologie, centre de recherches Grignon-Massy-Paris 78850 Thiverval-Grignon, France
(Reçu le 18 avril 1991; accepté le 21 février 1992)
Résumé — Due
principalement
auxprécipitations
sous forme depluie
ou de rosée, l’humectation des organesvégétaux joue
un rôle déterminant lors du processus de contamination desplantes
par de nombreux agentsphytopathogènes fongiques.
Au même titre que latempérature,
la durée d’humectation constitueune variable importante des modèles de simulation des
épidémies
et dessystèmes
d’avertissementsagricoles.
Une revue critique des méthodes instrumentales mises en oeuvre pour estimer la durée d’humec- tation à l’échelle de la feuille ou du couvertvégétal
estprésentée,
avec pourobjectif
derépondre
à lademande émanant du secteur de la protection des
plantes.
eau libre/durée d’humectation/méthode de
mesure/protection
desplantes
Summary —
Causes of wetnessperiods
and measurement of leaf wetness duration forplant
pro- tection purposes.Mainly
as a result ofprecipitation
in the form of rainfall or dew, moisture on leavesplays
amajor
roleduring
the process ofplant
infectionby
a number offungal pathogens.
Leaf wetnessduration and temperature must be taken into account in
developing plant
diseaseepidemic
models oragri-
cultural
warning
systems. Natural and artificial causes of canopy wetness are described. Leaf wetness duration (a variable that is difficult todefine)
isgoverned by
both leaf and canopy structural parameters.Several
physical principles
are used to construct various types of sensors(mechanical
instruments, resi-stance sensors, radiometric
methods).
A critical review of the instrumentation available formeasuring
leafwetness duration is presented. Both leaf and canopy scales are considered in an effort to answer the demand from
plant pathology
andplant protection specialists.
Free moisture/leaf wetness/wetness duration/measurement
method/plant protection
INTRODUCTION
La
présence
d’eau libre sur les organes vé-gétaux agit
sur divers processusbiologiques, chimiques
ouphysiques, d’importance
agro-nomique qui
se déroulent aux interfaces dusystème plante-atmosphère.
La
présence
d’eaulibre,
encoreappelée
« humectation », joue
un rôleimportant
dansl’épidémiologie
des maladies desplantes (Friesland
et Schrôdter, 1988;Campbell
etMadden, 1990)
et constitue une variable fon- damentale dans nombreuxsystèmes
depré-
vision
(Jones, 1986).
Le déclenchement desépidémies
est souvent la résultante d’une suc-cession ou d’une coïncidence
plus
ou moinsexceptionnelle
d’événementsmétéorologiques
favorables
(Rapilly, 1983) :
à cetitre,
laphase
de contamination de l’hôte par un inoculum
fongique dépend
très étroitement des condi-tions
micrométéorologiques
et de la duréed’humectation en
particulier.
Pour la
grande majorité
deschampignons phytopathogènes, rappelons
que laphase
decontamination se compose successivement de la
germination
des spores, del’élongation
destubes
germinatifs
et de lapénétration
à l’in-térieur de l’hôte. La réussite
potentielle
de lacontamination est une fonction de 2
variables,
à savoir la durée d’humectation et latempé-
rature de
surface,
déterminantes de la vitesse de réalisation de cettephase
ducycle.
Lephénomène
d’humectation intervient aussi bien par l’occurrence que parl’interruption
decelle-ci : la durée minimale d’humectation né- cessaire à la contamination doit être connue
ainsi que la durée maximale
d’interruption
del’humectation que
peut subir,
sansdommages irréversibles,
un inoculumsporifère donné,
etcela à différentes
températures (Schrôdter, 1987, p 56-59).
Par
ailleurs,
l’humectationpeut
accroître l’affinité des surfacesvégétales
pour certainspolluants
contenus dansl’atmosphère
et doncaugmenter
l’intensité dudépôt
de ceux-ci surla
végétation (Fowler
etUnsworth, 1979;
Lee etWesely, 1989; Schuepp, 1989);
l’humecta-tion
peut
aussi modifier l’efficacité de lapé-
nétration des
produits phytopharmaceutiques (Tadros, 1987)
et lacapacité
des surfaces fo- liaires à neutraliser desgouttes
depluie
acide(Adams
etHutchinson, 1987). Enfin,
lors del’exploitation
de donnéesmultispectrales (Pin-
ter et
Jackson, 1981)
ou radar(Ulaby
etal, 1986, p 1879) acquises
partélédétection,
laprésence
d’eau libre sur le couvertpeut
être àl’origine
de modifications notables dusignal.
Enfin,
il est bon derappeler
que le bilanhydrique
desécosystèmes végétaux comprend
lescomposantes
de condensation(Sharma, 1976; Hicks, 1983)
etd’interception (Wronski,
1984;Chassagneux
etChoisnel, 1986).
Un despremiers
àsouligner
le rôle de la rosée est John Dalton(1802),
maisl’impor-
tance des condensations nocturnes dans le bi- lan
hydrique
estbeaucoup plus
faible que sonessai ne le laissait supposer
(Rutter, 1975).
Le but de cet article est de
présenter
unesynthèse
relative au mesurage de la durée d’humectation en relation avec desapplica-
tions à la
protection
raisonnée des cultures.Bien
évidemment,
lesméthodologies
dé-crites
pourront
êtreappliquées
àl’analyse
de données de
télédétection,
àl’analyse
des mécanismes dedépôt
de certainspolluants,
ou bien encore à la modélisation du bilan
hydrique
ou de la durée d’humectation elle- même.CAUSES DE L’HUMECTATION DES ORGANES
VÉGÉTAUX
Le
phénomène
d’humectation du couvert estdécomposable
en 2périodes
distinctes: lapremière période correspond
àl’interception
d’eau en
phase liquide (pluie, irrigation :
sé-dimentation des
gouttes;
brouillard :impac-
tion des
gouttelettes)
par le couvert(von Hoyningen-Huene, 1983)
ou à la condensa- tion sur les feuilles àpartir
de la vapeur d’eauatmosphérique (Garratt
etSegal, 1988),
la secondepériode correspond
à l’é-vaporation
de l’eauinterceptée
ou conden-sée
(Thompson, 1981).
Monteith(1957)
amis en lumière
l’importance potentielle
duphénomène
dedistillation,
à savoir la condensation sur le couvert de vapeur d’eau issue de lavaporisation
de l’eau du sol sousl’action d’un
gradient thermique (Philip
et deVries, 1952; Prat, 1986).
Parmi les causes naturelles d’humectation du couvert
végétal,
citons encore lephéno-
mène de
guttation
bien que sonimportance
reste faible : celui-ci se traduit par l’exsudation d’eau
liquide
à la surface des feuilleslorsque
celles-ci sont fortement
turgescentes
et que la demandeévaporative
est nulle(Meidner, 1977).
Lesprécipitations
sous forme depluie
et de rosée diffèrent fortement: l’une constitue
un événement
météorologique quasi-indépen-
dant du
système sol-plante-microclimat,
l’au-tre résulte du déficit radiatif
compensé
par un flux de chaleur latente. Une condensationpeut également apparaître
par transformationd’énergie calorifique
en chaleur latente : c’estclassiquement
ce que l’on observe en fin de nuitlorsque
se condensent desgouttelettes
d’eau sur un organe
végétal
pourlequel
leterme de
stockage
de chaleur n’est pas né-gligeable (pomme
ouépi
femelle de maïs parexemple).
En ce
qui
concerne les humectations dues à unepluie
ou unerosée,
une étude statisti- que des durées d’humectation sur unelongue période
faitapparaître
une distribution multi- modale des classes defréquence.
La valeurdes modes décroît
progressivement
et corres-pond
à des abscissesséparées
par des in- tervalles detemps
d’environ 12 h(Seem
etal,
1988).
La
principale
cause artificielle d’humecta- tion des organesvégétaux
estl’irrigation
paraspersion.
La durée d’humectationdépend
non seulement de la durée et de la
fréquence
des
cycles d’irrigation,
mais aussi des condi- tions de la demandeévaporative
entre les cy- cles. L’influence del’irrigation
sur lesmaladies des
plantes
est évidente(Rotem
etPati, 1969;
Hallaireet al, 1970; Lomas, 1991).
La
figure
1 illustre cette action dans le casde
l’Ascochyta
fabae de la féverole. Il doit êtrerappelé
ici que, sil’irrigation
paraspersion
etla
pluie
contribuent à l’humectation du cou-vert, elles contribuent
également
aulessivage
des spores: il y a donc lieu de
nuancer
l’uti- lisation duparamètre
« durée d’humectation »lorsque
l’on considère desprécipitations
àpartir
d’unephase liquide;
dans ce cas, ilpourra être
fait usage de l’intensité depréci- pitation
mesurée sur un pas detemps
courtcomme variable
supplémentaire
àprendre
encompte.
DÉFINITION
ETDÉTERMINISME
DE LA
DURÉE
D’HUMECTATIONLes difficultés liées au mesurage de la durée d’humectation sont essentiellement dues à
l’imprécision
de la définition du mesurandepuisque
larépartition
de l’eau sur une surfaceest rarement uniforme
(portions
defilm,
po-pulations
degouttes,
zones d’accumulationprivilégiée
del’eau).
La durée d’humectation est une variablequi
caractérise l’état de sur-face d’un solide donné
(surface mince, feuille, fruit, couvert)
et non pas l’étatthermodyna- mique
del’atmosphère
dont latempérature
oul’humidité relative en un
point
sont des varia-bles intensives
parfaitement
définies.En raison de la variabilité
spatiale
de la du-rée d’humectation des organes
végétaux
ausein du couvert
(fig 2),
une définition cohé- rente de cettegrandeur
n’estpossible
que pour un organevégétal
de dimensions faibles parrapport
aux dimensionscaractéristiques
du couvert. Dans le cas d’une feuille ou d’un
fruit,
une définitionpossible
serait par exem-ple
letemps
au boutduquel
99% de l’eau in-terceptée
ou condensée se seraévaporée
enprenant
pour instant initial le début del’épi-
sode
pluvieux
ou de la formation de rosée.Cette définition a le mérite d’être claire mais n’est certainement pas
pratique.
Les
caractéristiques physico-chimiques
dessurfaces
végétales
déterminent la mouillabilité de celles-ci et contribuent à modifier la stati- que et ladynamique
de l’eausuperficielle.
Pour une
analyse
détaillée des mécanismesphysiques complexes qui
déterminent la mouillabilité d’unesurface,
on renvoie le lec- teur à un article de revue(de Gennes, 1985);
par
ailleurs,
Tanner(1986)
propose une mé-thodologie expérimentale
pour mieuxcomprendre
lejeu
des forcesqui
s’exercentsur une
goutte
d’eau. En cequi
concerne lamouillabilité des feuilles et contrairement aux
résultats de
Fogg (1947),
il semble bien quel’angle
de contact moyen degouttelettes
d’eau sur une feuille est
indépendant
du po- tentielhydrique
foliaire(Weiss, 1988).
Les
paramètres
de la structure du couvertjouent
un rôlemajeur
dans le déterminisme des transferts de masse etd’énergie
au seinde ce
dernier;
les flux d’eauinterceptée,
condensée ou
évaporée
sont donc fortement liés à cesparamètres (Norman
etCampbell, 1983),
ainsi que ladynamique
de l’eauliquide
par écoulement ouégouttement (Royle
et But-ler, 1986).
La durée d’humectation variedonc,
non seulement en fonction des conditions mé-
téorologiques,
mais aussi avec l’architecture et le stade dedéveloppement
de laculture,
de mêmequ’avec
laposition, l’angle,
la formedes feuilles et leur mode d’insertion sur les
tiges.
Il est assez aisé d’obtenir des mesuresreprésentatives
au sommet du couvert, tandis que les difficultés existent à l’intérieur du cou-vert ou du fait de
l’héliotropisme
des feuilles de certaines cultures(Weiss
etal, 1989).
En
plus
des flux et desparamètres
classi-quement pris
encompte (Perrier, 1979),
unemodélisation
soignée
de la durée d’humecta- tion d’une feuille devra considérer le mode derépartition
de l’eau sur les feuilles et les trans- ferts par conduction de chaleur entregouttes
ou films d’eau et feuilles
(Butler, 1985;
Huberet
Itier, 1990).
Dans le cas d’unfruit,
on devraconsidérer le
stockage
de chaleur(Monteith
et
Butler, 1979).
PRINCIPES PHYSIQUES DES
DIFFÉRENTES MÉTHODES
DE MESURELes
principes physiques
utilisésqui permet-
tent de fournir une mesure de la durée d’hu- mectation sont au nombre de
5;
certains deces
principes permettent
de caractériser de manière assez fine l’évolutiontemporelle
d’une
grandeur physique
extensive ou inten-sive
qui
varie en fonction de laquantité
d’eaulibre sur une surface. Les différents
principes
de mesure
correspondent
auxphénomènes
suivants
provoqués
par l’humectation :—
changement
de constitutionphysique
del’élément
sensible;
—
variation de
longueur
de l’élément sensi-ble;
— variation de masse de la surface considé-
rée;
—
variation de conductibilité
électrique
d’uncapteur;
— variation de
caractéristiques
radiométri-ques de surface.
Remarquons
d’emblée que seul leprincipe
d’un mesurage
radiométrique
est synonyme d’unegrande
discrétion ducapteur;
tous lesautres
principes impliquent
une interactionplus
ou moins forte entre la méthode de me- sure et lagrandeur
à mesurer. Notonsqu’au-
cun de ces
principes
ne débouche sur uneméthode de mesure
directe,
méthodequi
four-nirait la durée d’humectation d’une surface
sans utiliser le mesurage d’une
grandeur phy- sique
liée fonctionnellement à laprésence
d’eau libre sur cette surface. L’observation à l’aide de la vue
(Guzman
etGomez, 1987)
ou du toucher
(fig 3)
constitue une méthodedirecte,
mais celle-cisouffre,
biensûr,
de la variabilité liée à l’observateur.Enfin,
souli- gnonsqu’il
est délicat de tester larépétabilité
et la
reproductibilité
des mesurages sachantqu’il
n’est pas aisé dereproduire
des condi-tions d’humectation ou de les faire varier de manière contrôlée.
Malgré
les difficultésévoquées,
de nom-breux
capteurs
ont étédéveloppés;
par défi-nition,
uncapteur
fournit une mesure de la durée d’humectation ducapteur,
autrementdit,
celle d’unobjet
dont le biland’énergie
se-ra par essence différent de celui d’une feuille
partiellement
recouverte par unepopulation
de
gouttes
d’eau ou par un film d’eau. Tou-tefois,
dans un but deprévision agrométéo- rologique,
une telle estimation pourra bien souvent suffire. Dans cetesprit,
différentsgroupes de
capteurs
sont décrits relativementaux différents
principes
citésprécédemment.
L’essentiel des instruments
qui
seront deplus
en
plus
utilisés serangent
au sein des 2 sec- tions consacrées auxcapteurs
de mesure derésistance
électrique
et aux méthodes radio-métriques.
Le tableau I illustre la diversité des instruments ou méthodesemployées
dans lessystèmes
d’avertissement.MÉTHODES
ET INSTRUMENTS DE MESUREPlusieurs auteurs ont
jadis essayé
d’estimerla durée d’humectation en utilisant la durée
pendant laquelle
l’humidité relative mesuréeau parc
météorologique
estsupérieure
à unseuil donné
(Smith, 1958;
Preece etSmith,
1961;
Lomas etShashoua, 1970).
SelonJones
(1986)
et comme ont pu le montrer Hu-ber et Wehrlen
(1988),
une telle démarche de-meure fort
approximative.
D’autres auteursont tenté une estimation de la durée d’humec- tation à
partir
de critèressimples
mais cesméthodes restent
également grossières
etsouffrent de la difficulté de
transposition géo- graphique (Crowe
etal, 1978; Gillespie
et Sut-ton,
1979).
Enregard
de ces méthodesempiriques,
se sontdéveloppées plusieurs
fa-milles de
capteurs qui
font icil’objet
d’unesynthèse.
Lescapteurs
existants sont regrou-pés
dans 3 groupes:capteurs mécaniques, capteurs
de mesure de la résistance électri- que, méthodesradiométriques.
Capteurs mécaniques
Correspondant
aupremier principe
de mesurecité
(changement
de constitutionphysique), quelques
instruments ont vu lejour
dans les années1950;
ils’agit
d’unstyle
ou d’uncrayon dont la
pointe
est en contact avec unplateau
animé d’un mouvement de rotation. Leplateau
est recouvert d’un vernisprotecteur
rendu malléable au contact del’eau, l’inscrip-
tion du
style
ou du crayonn’ayant
donc lieuque lors de
précipitations
sous forme depluie
ou de rosée
(Bazier,
1955;Taylor,
1956; Theiset
Calpouzos, 1957).
Les faiblesdépôts
de ro-sée ne sont pas
enregistrés
et les fortespluies peuvent
effacerl’enregistrement.
Les inconvénients font que ces instruments n’ontplus aujourd’hui qu’un
intérêthistorique.
Lescapteurs mécaniques employés aujourd’hui appartiennent
aux 2 sous-groupes dont ladescription
suit.Dans un
premier
sous-groupe, leprincipe
est similaire à celui de
l’hygrographe,
avec unou
plusieurs
éléments sensiblesexposés
li-brement aux
précipitations;
cescapteurs
pour- ront êtrequalifiés
decapteurs
demouillage,
sachant
qu’il
y apénétration
de l’eau dans lamasse de l’élément sensible. Certains
types
utilisentl’allongement
d’une membrane d’ori-gine
animale ouvégétale (Wallin
etPolhemus, 1954). L’humectographe
« Bazier » a pourprincipe l’allongement
d’une bande de buvarden
présence d’eau;
lesappareils
de De Wit(Post, 1959)
et de Woefle utilisent la contrac- tion d’un cordon de chanvre.L’humectographe
« Belfort » utilise le même
principe (Danneber-
ger et
al, 1984).
De tels instruments
répondent
à lapré-
sence d’eau libre mais
également
aux forteshumidités;
ilsprésentent
destemps
de sé-chage
engénéral plus longs qu’un capteur
d’humectation du fait de l’existence d’une résistance
supplémentaire
àl’évaporation.
Lacinétique
deréponse
de ces instruments per- met dedistinguer pluie
et rosée. Pour unedescription
détaillée de certains de ces cap- teurs, on sereportera
à unguide publié
par Howard etGillespie (1985). D’après
Sutton etal
(1984),
l’instrument de De Wit fournit une mesure des durées de rosée satisfaisante(in-
certitude < 1
h)
dans les cas de cultures de carottes et pommes de terre tandis que la me-sure est
susceptible
d’une erreur deplu-
sieurs h dans le cas d’une cultured’oignons.
Dans un deuxième sous-groupe, la masse d’eau condensée constitue la
grandeur physi-
que
enregistrée.
Les instruments ou méthodes sont les suivants : balance de Hiltner(Van
Ei-mern,
1959), drosographe
de Kessler-Fuess(Kessler, 1939), enregistreur
de Hirst et MacDowell
(Hirst, 1957),
méthodes deJennings
et Monteith
(1954)
et de Wales-Smith(1983).
Si l’on met à
part
la méthodegravimétrique qui
a été utilisée avec succès dansplusieurs
études sur
l’évaporation
oul’interception
descouverts
agricoles
et forestiers(Waggoner
etal, 1969;
Hancok etCrowther, 1979),
les mé-thodologies précédemment
décrites corres-pondent
à desappareils qui,
pour laplupart,
sont de
conception assez critiquable
et leurdescription
dans cet article est volontairement réduite(pour
unedescription détaillée,
on ren- voie le lecteur aux articles de Schnelle et al(1963), Noffsinger (1965),
Monteith(1972)
etVan der Wal
(1978).
La méthodegravimétri-
que constitue un bon outil de recherche pour la
compréhension
et la modélisation des condensations(par
utilisation d’unlysimètre
de
précision).
D’une manière
générale,
lescapteurs
de cepremier
groupeprésentent
undegré
d’auto-matisation souvent insuffisant et des pro- blèmes
métrologiques parfois
nonnégli- geables (exactitude, fidélité, justesse,
résolu-tion, sensibilité, temps
deréponse).
Pour cer-tains d’entre eux, ils constituent encore des outils fort utiles pour les
pathologistes, épidé- miologistes
etprofessionnels
de laprotection
des
plantes.
Capteurs
de mesurede résistance
électrique
De nombreux
capteurs
ont étédéveloppés,
mais le
principe général
demeure le même:un ou
plusieurs couples
d’électrodesplacées
sur une surface détectent l’humectation de la surface considérée à l’aide d’une mesure de résistance. La résistance est faible
lorsque
lasurface est humectée et très élevée
lorsque
la surface est sèche. Un circuit
électronique classique
estreprésenté
sur lafigure
4. L’u-tilisation d’un courant
électrique
alternatif de faibleampérage permet
d’éviterl’électrolyse
du
capteur
et denégliger
laproduction
dechaleur par effet Joule. Pour une
description
détaillée des
méthodologies
de construction de telscapteurs,
on renvoie le lecteur aux ar-ticles de Sutton et al
(1984, 1988).
Onpeut distinguer
2 sous-groupesprincipaux
selonque les électrodes sont situées sur un
support
artificiel ou directement sur une feuille.Concernant le
premier
sous-groupe, il existe de nombreux travaux(Zislavsky,
1964;Lomas et
Shashoua, 1970;
Schurer et Van derWal, 1972; Gillespie
etKidd, 1978; Small, 1978;
Smith etGilpatrick, 1980; Pinguet, 1983).
Certainscapteurs
donnent enplus
uneestimation du
degré
d’humectation(David
etHugues,
1970;McCoy et al, 1972).
On est endroit de penser que les
capteurs
de cetype
deconception
récente donnent uneréponse
assez satisfaisante pour une utilisation au
champ
enprotection
desplantes
et ne pour- rontguère
connaître maintenant d’amé- liorationmajeure (A Weiss,
comm pers1990).
Une forme
fréquente
pour lecapteur
est celle d’unparallélépipède rectangle aplati
avec pour dimension
caractéristique
celle dela feuille de
l’espèce végétale
considérée.Certains auteurs ont
proposé
une formecylin- drique (Howard
etGillespie, 1985)
ousphéri-
que, pour simuler les
comportements thermiques respectifs
d’une feuilled’oignon
oud’une pomme. Le
comportement mécanique
ducapteur
vis-à-vis des rafales de vent a étépris
en considération par Huband et Butler
(1984)
qui proposent
uncapteur
flexible pour simulerune feuille de blé.
Le matériau retenu est le
plus
souvent unpolymère
isolant dont lescaractéristiques
sontcalculées de manière à simuler le mieux pos- sible le
comportement thermique
d’une feuille.La forme du
capteur
et les valeurs d’albédo et d’émissivité du matériau sont bien sûr dé- terminantes pour le biland’énergie
ducapteur (fig 5).
Parexemple,
uneplaque
d’aluminiumpoli
réfléchit non seulement leslongueurs
d’onde du
spectre
visible mais aussi les lon- gueurs d’onde del’infrarouge thermique,
celaexplique
les différences observablesquant
à laprésence
de rosée entre uneplaque
d’alu-minium
poli
et la mêmeplaque peinte
ennoir,
ne différant notablement que par leurs réflec- tivités. Une attention
particulière
pour le choix de lapeinture
est donc nécessaire(Sutton
etal, 1984, 1988).
On doit toutefois remarquer que des conditions d’humectation ducapteur correspondent
à unetranspiration négligeable
des
feuilles,
cequi signifie
que les termes du biland’énergie
d’une feuille et d’uncapteur
decaractéristiques
radiatives etthermiques
similaires à celles d’une feuille seront voisins.
Dans le cas d’une
rosée,
le déclenchement ducapteur
n’interviendraqu’à partir
du mo-ment où s’établit une continuité entre les
paires
d’électrodes via desgouttelettes
de ro-sée
coalescentes,
cequi
ne seproduit
pas immédiatement au début du processus de condensation. Enconséquence,
lapeinture
doit faciliter le
repérage
du début de lacondensation
(sans présenter
deréponse
auxfortes
humidités)
etgarantir
une valeur d’al- bédoproche
de celle d’une feuille sèche etune émissivité
hémisphérique
totale de valeurproche
de 1.La
figure 6a,b
montre lacinétique
de ré-ponse de 3
capteurs
durant 3 nuits de refroi- dissement radiatif avec formation de rosée.En accord avec
Gillespie
et Duan(1987),
ilest à noter que la taille du
capteur
détermine l’intensité deséchanges
et donc la durée d’humectation : uncapteur
degrande
taille esthumecté
pendant
une duréeplus longue qu’un capteur
de dimensionsplus
faibles. Cette ob- servation est laconséquence
d’une résistanceaérodynamique
réduite pour unpetit objet
parrapport
à celle d’unobjet plus grand.
Alors que la variabilité
intercapteurs
est fai-ble,
cetype
decapteur présente
une variabi-lité aléatoire élevée
(fig 7)
en raison des conditions d’environnementqui
varient entreles
capteurs
d’un mêmetype.
Pour une po-pulation
decapteurs identiques,
et toutesconditions
égales
parailleurs,
laquantité
d’eau
interceptée
par uncapteur
lors d’unepluie présente
une distributionapproximative-
ment
gaussienne.
Cette distribution est due essentiellement au caractère discret duphé-
nomène
pluvieux
sous forme degouttes,
là où lesphénomènes
de condensation etd’évaporation
de la roséeprésentent
un ca-ractère
continu,
même si la formation de ro-sée sur des surfaces naturelles
correspond
àune condensation en
gouttes.
Gillespie
et Duan(1987) proposent
unecomparaison
decapteurs plat
etcylindrique appartenant
à cepremier
sous-groupe : la for- mation de roséedépend
de la taille ducapteur
tandis quel’évaporation
degouttes
depluie dépend
de la taille desgouttes.
Ils démontrent que les durées de roséepeuvent
être 3-5 hplus longues
pour uncapteur plat
parrapport
à uncapteur cylindrique;
ceci estimputable
à la
géométrie
descapteurs qui
détermine des facteurs de forme fort différents.Huband et Butler
(1984) comparent
6 dif- férentscapteurs
et mettent en reliefl’impor-
tance des conditions d’environnement du
capteur :
enparticulier
les différences entrecapteurs
sont d’autantplus grandes
que lescapteurs
sont saturés d’eau et que le taux d’é-vaporation postérieur
auphénomène généra-
teur de l’humectation est
plus
faible.L’analyse
de sensibilité d’un modèle
simple
deprévision
de la durée d’humectation confirme que les
paramètre
et variable lesplus importants
sontrespectivement
laquantité
d’eau maximale in-terceptée
par lecapteur
etl’évaporation
po- tentielle(Huber, 1988).
Concernant le second sous-groupe
(le capteur
est installé directement sur la sur-face
végétale),
les travaux sont moins nom-breux
(Melching,
1974;Häckel, 1980, 1984).
Weiss et al
(1989) présentent
une compa- raison satisfaisante de durées d’humectation obtenues par simulation et observées avecde tels
capteurs.
Les instruments de mesureprésentent
uneplus grande exactitude, puis-
que la surface considérée est la feuille elle-
même,
surlaquelle
sont installées des électrodes sous la forme de filsélectriques.
Weiss et al
(1988) proposent
un schéma dé- taillé deconstruction;
ils décriventégale-
ment une chambre
permettant
de simuler des conditions d’humectationcorrespondant
à une rosée
(obtenue
par la création d’un déficit radiatif àpartir
d’une surface refroi-die).
Une telle chambrepermet
de comparerplusieurs capteurs
en conditions contrôléesou de tester l’influence des
caractéristiques
sur la durée d’humectation.
Cette méthode directe est surtout utilisable pour la recherche en
épidémiologie,
pour la modélisation de la durée d’humectation ou la validation d’autres méthodes de mesure de la durée d’humectation.L’emploi
de cette mé-thode
exige
un contrôle descapteurs
au début de touteexpérimentation :
eneffet,
les élec-trodes
peuvent
sedéplacer
sous l’action duvent ou de la
pluie
et neplus
être en boncontact avec les feuilles ou même les endom- mager. De tels
capteurs exigent
uncalibrage,
sachant
qu’ils
sontsusceptibles
derépondre
aux humidités élevées.
Melching (1974) pré-
sente une calibration du
capteur qu’il
a déve-loppée
parrapport
à des résultats de mesuregravimétrique :
cecapteur
fournit donc des estimations de la durée et de l’intensité de l’humectation.Il existe des instruments de mesure de la durée des
épisodes pluvieux.
Pour certains d’entre eux, leprincipe
est le même quepré-
cédemment pour détecter laprésence d’eau,
mais l’on
ajoute
une résistance chauffantequi
provoque
l’évaporation
desprécipitations
sous forme de rosée ou de brouillard
(Viton, 1990).
Méthodes
radiométriques
À
la suite deBunnenberg
et Kuhn(1977) qui
avaient utilisé le
principe
del’absorption
durayonnement β par
un film d’eau pour mesurer ledépôt
de rosée sur lesol,
Barthakur(1983) applique
ce mêmeprincipe
à la mesure de ladurée d’humectation des feuilles. La méthode nécessite une source de
rayonnement
et uncompteur Geiger-Mueller;
ellepermet
d’obte- nir unecinétique
de variation del’épaisseur
d’un film d’eau sur une feuille.
Cette méthode a été mise en oeuvre pour valider un modèle
simple d’évaporation
degouttes
d’eau sur une surface artificielle(Bar- thakur, 1988).
Un tel instrumentprésente
unemeilleure résolution
qu’un capteur
du second sous-groupe de laprécédente
famille de cap- teurspuisqu’il
détecte l’humectationplus tôt;
il a aussi
l’avantage
de faire une mesure di- recte. Descomparaisons
ont été effectuées entre les 2types
decapteurs
auchamp
eten chambre de rosée
(Barthakur, 1985, 1987)
et tendent à montrer la
supériorité
de ce der-nier
type,
mais une utilisation en routine de- mandera encore des améliorations(Weiss, 1990).
Parailleurs,
la source derayonnement
occulte une fraction del’angle
solide au-des-sus de la feuille et donc modifie le bilan ra-
diatif de celle-ci.
Dans certains domaines de
longueurs
d’onde
(visible
et moyeninfrarouge),
il a étémontré
(Pinter, 1986)
que larosée, qui
corres-pond
à une condensation engouttelettes sphéroïdes
et favorise la réflexionspéculaire,
a un effet sur la réflectance des couverts vé-
gétaux.
Les résultatsexpérimentaux prouvent
la nécessité decorriger
des données multis-pectrales acquises
lematin,
sachant que lessituations de ciel
clair,
favorables à des me- sures de réflectance parsatellite,
sontégale-
ment favorables à la formation de rosée
pendant
la nuit.Les modèles de rétrodiffusion d’un
signal
radar doivent
prendre
encompte
certains pa- ramètres del’environnement;
enparticulier
Al-len et al
(1984)
ont montré que laprésence
de
gouttes
d’eau sur le couvertvégétal
obte-nue par une
irrigation
paraspersion
modifiele
comportement
diffusif de celui-ci.Gillespie
et al
(1990)
ont mis en évidence lapossibilité
de détecter la
présence
de rosée sur un cou-vert de blé pour une
configuration
donnée duradar.
On se
reportera
au tableau II pour trouver les éléments d’unecomparaison
descapteurs
décrits dans cet article en fonction del’objectif
et des conditions
expérimentales.
Les 2 der-nières méthodes
radiométriques
citées nesont pas considérées dans ce tableau en rai-
son du
développement
encore insuffisant desapplications
à caractèreopérationnel.
L’auteurpropose de
porter
son choix sur uncapteur
detype (C)
pour unobjectif opérationnel
enprotection
desvégétaux
dans un pays déve-loppé;
lestypes (A)
ou(B)
semblentplus
in-diqués
dans un environnementtechnologique
peu avancé. Les méthodes de
type (D)
et(F)
offrent des
possibilités qu’il
serait intéressantd’exploiter
enpathologie végétale
si l’on sou-haite une
description
fine de l’humectation du couvert.CONCLUSIONS
Les
méthodologies
existantes ontpermis
deformuler les
spécifications
decapteurs
assezsatisfaisants pour les
pathologistes
etagents
de laprotection
desvégétaux;
ceux-ci sontactuellement les
principaux
demandeurs pourintégrer
le mesurage de la durée d’humecta- tion dans l’ensemble des observations instru- mentales effectuées par les stations des réseauxagrométéorologiques.
En cequi
concerne le pas de
temps
retenu, il est conseillé d’utiliser un intervalle assez réduit(entre
10 et 30min)
afin de bien cerner la du-rée des
périodes
d’occurrence etd’interrup-
tion de
l’humectation;
ce pas detemps
pourraégalement
être modulé en fonction del’agent pathogène
considéré.Parmi les
questions
àrésoudre, figure
cellede la définition d’un
capteur
deréférence,
outout au moins d’une méthode normalisée de
mesure de la durée d’humectation au parc
météorologique
afin depouvoir
comparer les résultatsd’expérimentations
sur différentssites et
prescrire
l’utilisation desystèmes
d’a-vertissements
phytosanitaires.
Il serait douteux de proposer un instrument étalon dans l’état actuel de nos connais-
sances. Par contre, une
comparaison
appro- fondie descapteurs
de durée d’humectation existants estenvisageable
dansl’esprit
de lacomparaison d’hygromètres
que Skaar et al(1989)
ont effectuée à la demande de l’OMM(Organisation météorologique mondiale);
enl’absence d’un instrument
étalon,
cettecomparaison d’hygromètres
a été effectuéepar référence à une méthode d’estimation im-
pliquant plusieurs
instruments de mesure de l’humidité relative de l’air.Parallèlement au
développement
de mé-thodes de mesure, l’utilisation de modèles de simulation de la durée d’humectation due à
une
pluie (Butler, 1986; Huber, 1988)
ou à unerosée
(Pedro
etGillespie,
1982;Weihong
etGoudriaan, 1991)
et de donnéessatellitaires,
devrait aboutir à une meilleurecompréhen-
sion de l’influence de l’eau
liquide superfi-
cielle sur la réflectance des couverts
végétaux
ou la rétrodiffusion d’unsignal
ra-dar. De telles
approches
fourniront à terme des outilssupplémentaires
pour laspatialisa-
tion de la
prévision
de la durée d’humectation dans le cadre de la rationalisation de la pro- tection desplantes,
laprogrammation
de l’ac-quisition
des observationssatellitaires,
voire laprévision
desépisodes
dedépôt
depol- luantsatmosphériques.
Des efforts de recherche demeurent néces- saires pour améliorer la modélisation et la