C AHIERS DU SÉMINAIRE D ’ HISTOIRE DES MATHÉMATIQUES
J EAN H ORVATH
L’œuvre mathématique de Marcel Riesz I
Cahiers du séminaire d’histoire des mathématiques 1
resérie, tome 3 (1982), p. 83-121
<http://www.numdam.org/item?id=CSHM_1982__3__83_0>
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- 83 -
L’OEUVRE MATHÉMATIQUE DE MARCEL RIESZ I*
PAR JEAN HORVATH
Marcel Riesz est né à
Gyor
le 16 novembre 1886. Comme chez sonfrère -
sonaîné
de six ans -
Frédéric Riesz,
sesaptitudes mathématiques
serévélèrent tôt. Cependant, l’aîné
eut à lutter pourpouvoir étudier
lesmathématiques,
lepère, médecin, considé-
rant la
carrière médicale
ou celled’ingénieur
comme socialementplus élevée
que cel- le deprofesseur ; Frédéric
Riesz fut doncobligé
de faire desétudes d’ingénieur
pen- dant deux ans à Zurich avant d’obtenir le consentement de sonpère
pour s’inscrireà
la Faculté des Sciences de
Budapest.
Par contre, Marcel Riesz commence tout de suite ses
études à l’Université
deBudapest
pour êtreprofesseur
demathématiques
et dephysique..Il
estpremier
auconcours
mathématique
Eôtvôs Lorànd en 1904. Ilparticipe
en tantqu’étudiant
auCongrès
international desMathématiciens
àRome,
en1908 ; parmi
lesparticipants,
nous relevons les noms de :
"F.Riesz, prof. ,Löcse-M.Riesz,étudiant
enmathémati ques ,
Budapest".
ARome,
il a des contactspersonnels
avecMittag-Leffler,
dont il avaitdéjà auparavant étudié
les travaux : sapremière publication [1]
est unexposé
dela
méthode
deMittag-Leffler
sur leprolongement
des fonctionsanalytiques
dans undomaine
étoilé (~28~).
Après
leCongrès,
il reste en relationsépistolaires
avecMittag-Leffler.
Lesarticles cités sous les
rubriques {29}
et[8]
sont des extraits de leurséchanges
delettres.
Marcel
Riesz passe à Parisl’année
universitaire 1910-1911. A cetteépoque,
iln’y
avait à Paris
qu’une
seuleuniversité ;
lesfacultés
des lettres et des sciences for- maient la fameuse Sorbonne et se trouvaientlogées
en leur entier dans ses locaux. Iln’existait
encore aucun institut àl’extérieur,
tel l’Institut Henri Poincaré - d’ail- leurs Poincaréétait
encore en vie(il
est mort en1912),
et lesfrères
Riesz le ren-contrèrent
même une fois dans la rue en se promenant encompagnie
de MauriceFréchet,
et c’est celui-ci que les lui
présenta.
Marcel Riesz travaillait à la
bibliothèque
de la Sorbonne et habitaitjuste
enface,
à l’Hôtel desEtrangers, qui
existait encore il y aquelques années.
C’est làqu’il reçut
une invitation deMittag-Leffler
pour donner troisconférences.
Riesz par- tit pour Stockholm pourrépondre
à l’invitation et resta en Suèdejusqu’à
la fin de*
L’article
est traduit duhongrois
parAgnès
KAHANE det.26(1975) , p.11-37.
1 Les crochets renvoient aux travaux de Marcel Riesz et les accolad es
à
ceux des autresmathématiciens.
ses
jours.
De 1911 à 1926 il fut maître deconférences à
l’Université deStockholm,
tout en travaillant comm actuaire pour arrondir ses
maigres
revenus. Ilmaintint, plus tard,
ses contacts avec l’actuariat : ses visites à Paris en 1937 et 1949 furent d’a- bord motivées par saparticipation
auxcongrès
de l’actuariat. Lors dupremier,
il fitsa fameuse conférence sur les
intégrales
de Riemann-Liouville([44]) ;
lors dusecond,
il donna de nombreuses conférences àParis,
àNancy
et à Grenoble(voir
t.1(1950), p.27).
Il est nommé
professeur
à Lund en1926, puis
ilprend
sa retraite en 1952 et passeen
grande partie
aux Etats-Unis les huit années suivantes.Déjà
en 1947-1948 il avaitété professeur
associé à l’Université deChicago ;
de 1952 à 1955 ilpartage
sontemps
entre
Princeton, Stanford,
l’Institut Courant de New York et l’Université deMaryland ; puis,
de 1956 à1960,
entre l’Université deMaryland
et celle d’Indiana. Jeune étu-diant,
il écrivait etparlait
l’allemand et lefrançais
defaçon remarquable,
mais ilne commença à
étudier l’anglais
quejuste
avant sa visiteà Chicago,
c’est-à-dire àun
âge avancé. Malgré cela,
ilparvint
très viteà
une connaissanceparfaite
et raf-finée
de cettelangue.
Alors quejusqu’en 1955,
àpart [17],
il nepublie
rien en an-glais (et
encore c’estHardy qui rédige
le texte du[l7]),
àpartir
de 1955 il ne pu- blieplus qu’en anglais.
Au
printemps
de 1960 il tombe malade. L’une de ses fillesjumelles
le reconduit àLund, où,
àpart quelques
courtsdéplacements,
il reste dans son belappartement
jusqu’à
la fin de sa vie. AuCongrès
international desMathématiciens
de1962,
àStockholm,
il est fêté comme le "nestor" desmathématiques suédoises,
et sonélève
Lars Hôrmander
reçoit
en saprésence
lamédaille
Fields. Il meurt le 4septembre
1969après
avoirsupporté
sa maladie avec stoicisme.Marcel Riesz était membre de l’Académie des Sciences de Suède. En
1950,
à l’occa- sion du centenaire de la création de laFaculté
des Sciences Naturelles deCopenhague,
il remit le titre de Docteur causa à douze savants scandinaves de valeur ex-
ceptionnelle.
Onpeut voir,
sur unephotographie découpée
dans unjournal,
les douzeDocteurs
assis,
enhabit,
aupremier
rang, etparmi
eux Marcel Riesz etGyôrgy Hevesi, prix
Nobel de chimie.Parmi ses
élèves,
oncompte
toute une série de trèsgrands
noms desmathématiques
suédoises : Harald
Cramer,
EinarHille,
OttoFrostman,
G.O.Thorin,
Nils Erik Frem-0
berg,
LarsGdrding, Harry
Malmheden etHôrmander,
que nous avonsdéjà cité.
Ses succèspédagogiques s’expliquent
surtout par le faitqu’il était toujours prêt à parler
desmathématiques
avecn’importe qui
et à tout moment. Il aimait à se levertard,
pour travaillerensuite, infatigablement,
avec uneénergie fantastique .jusqu’au
lendemainà
l’aube, voire jusqu’au
matin. Enjuin 1949,
nous avons fait letrajet
Paris-Grenoblede
nuit,
dans un trainbondé :
pasquestion
dedormir,
bien entendu. MarcelRiesz,
debout devant la
fenêtre, regardait dehors ; Alfréd Rényi
lui demandaà quoi
il pen- sait. "Auproblème
deDirichlet", répondit-il. L’été
de lamême année Jacques Deny
vint deStrasbourg
à Paris pour le rencontrer.Deny était
en train derédiger
sathèse
de doctorat~10~
sur lathéorie
dupotentiel, thèse qui
pour unegrande part prolonge
les travaux de Frostman en lesreplaçant
sur des bases nouvelles. Riesz fai- saitgrand
cas du travail deDeny,
etdéclarait qu’il jouait
le même rôle parrapport
à lathéorie
des distributions de Schwartz que lathèse
deFatou,
datant de1906,
parrapport
à la notiond’intégrale -
alors nouvelle - deLebesgue.
DoncDeny
arrivaà Paris,
rencontra Riesz à midi etjusqu’au
lendemainà
l’aube ilsparlèrent
sans inter-ruption
de la théorie dupotentiel.
Lejour
même le pauvreDeny,
de constitution fra-gile,
retournaitdéjà
àStrasbourg
etdéclarait qu’il
ne survivrait pas à une nouvelle rencontre avec Marcel Riesz.En dehors des
mathématiques,
Marcel Rieszs’intéressait à beaucoup
dechoses ;
enparticulier,
il suivait avec unegrande
attentionl’actualité quotidienne.
Dans sajeunesse,
il aimaitbeaucoup
lethéâtre
et,grâce à
saprodigieuse mémoire,
ilétait
encore
capable,
delongues
annéesplus tard,
deréciter,
voire dejouer,
desséquences
entières
despièces qu’il
avait vues. C’est sans doute aussigrâce
à samémoire
éton-nante que, bien
qu’il parlât cinq ligues
à laperfection,
il acontinué jusqu’à
lafin de sa vie à
parler
unhongrois
à la foisimpeccable
etplein
de saveur, sans lamoindre trace de ce
défaut, trop répandu
chez lesHongrois émigrés, qui
consiste àémailler
leurs propos de termesétrangers.
Il lui suffisait d’entendre une fois unedémonstration, jamais plus
il nel’oubliait,
etgrâce à
cela une belle estimation deLeopold Fejér
a été sauvée de l’oubli( voir Gesammelte Arbeiten, t. II, p.849).
Mes propres
rapports
avec la famille Riesz remontentà
loin : dans sesjeunes
an-nées,
magrand-mère
maternelle habitait lamême
rue que le docteurRiesz, à Györ,et
elle a connu les
frères
Riesz au berceau.Lorsqu’en été 1949,
àParis, j’ai
fait laconnaissance de Marcel
Riesz,
il a su tout de suitequi était
magrand-mère,
et serappelait
même mongrand-père, qu’il
avait souvent vu sur lascène
du fameux théâtre"Vigszinh~z".
J’ai eu l’occasion de voir Marcel Riesz durantplusieurs
semaines àParis à la fin de
1951, puis
nous avonstravaillé
ensemble de 1957à
1960à
l’Univer- sité deMaryland.
Ces contacts furent pour moi d’unprix inestimable,
etje
nem’acquitte
que d’une faiblepart
de ma dette de reconnaissance enretraçant
dans cespages l’activité
scientifique
de Marcel Riesz.Je rendrai
compte, ci-dessous,
des travaux de Marcel Riesz en lesregroupant
parsujets ;
non seulementje
ne citerai pas tous sesarticles,
maisje
laisserai de côtédes domaines
entiers,
parexemple
les travauxqui
ont des liens avec laphysique
[48,49,53,54,56,59].
Par contre,j’essaierai
de montrer comment les résultats de Riesz ont pu influencer des recherchesultérieures.
1.
[ 3 , 6 , 7 ,12 ,16 , 26 , 32] .
Comme presque tous lesmathémati-
ciens
hongrois
de lapremière moitié
du20e siècle,
Marcel Rieszs’inspire
deLeopold Fejér
pourparvenir
à sonpremier résultat.
Cantor amontré
que si lasérie trigono- métrique
converge vers
zéro 3
àl’exception
d’un ensemble pourtout n
{49.chap.IX,§3}.
Dans sa versionallemande,
lathèse
deLeopold Fejér ~14~
montre
que,si
nousremplaçons
la convergence par lasommabilité
des moyennesarithmé-
tiques,
cette affirmation n’estplus
valable.Ainsi, partout où
l’on n’a pas un mul-tiple
entier de27r ,
les moyennesarithmétiques
des tranches[[
sommespartielles ]]
de la série
tendent vers zéro.
Fejér
pose laquestion
suivante : si nousn’acceptions
pas depoints exceptionnels,
est-ilpossible
de conclureà
lanullité
descoefficients ?
A ce
sujet,
Marcel Riesz énonce lethéorème
suivant[3,7,12] :
Si l’hypothè6e
, , ,, 1est vérifiée et si les moyennes arithmétiques des tranches de f 1 i tendent vers zéro,
an a 0
pour
tout n.Notons que
(2)
estvérifié
si pourn’importe quel exposant
a 1 les suiteset
6
sontbornées. L’ingénieuse démonstration
de Rieszs’appuie
surun théorème de
Fejér ~14}
sur les valeurslimites, lequel
estl’analogue
de ce que l’onappelle
lepremier théorème
de Riemann{35,§ 450, t.II, p.145 ; 49, chap.IX,
(2.4)} :
Soit, .
la série obtenue en
intégrant quatre
fois(1).
Nous avons alors1 Cantor suppose cet ensemble dénombrable
c’est-à-dire
que le dérivé d’un certainordre,
fini outransfini,
est vide. Lerésultat énoncé
ici est dû àW.H.Young.
et,si
les moyennesarithmétiques
des tranches de(1)
tendent vers6(x) ,
onpeut
dire pour la dérivée
4e symétrique qu’on
aLa
démonstration
de Rieszs’appuie
aussi sur sonthéorème {35, t.II, § 451, p.146}
suivant : supposons que la
dérivée
secondesymétrique
de lafonction F
est continue dans l’intervalle1 ,
et que sadérivée 4e symétrique -
que nousdésignerons par
existe dans I . Dans ce cas, pourn’importe quel point
xeI etn’importe quel
nom-bre h
>0 ,
lerapport
se trouvera entre les bornes
inférieure
etsupérieure
de $ sur l’intervalle(x-2h,x+2h).
Il suit de
là,
par un raisonnementastucieux, l’analogue
suivant d’unthéorème
de H.A. Schwarz~35,t.II,p.l47} :
Si ladérivée
secondesymétrique de F
est continueet si la
dérivée 4e symétrique de F
s’annulepartout, F
est unpolynôme
du3e degré.
Supposons
maintenant que les moyennesarithmétiques
des tranches de(1)
tendentvers zéro. On
peut
conclure de la condition(2)
que ladérivée
seconde de la fonction Fdéfinie
en(3)
estcontinue,
et conclure du théorème des valeurs limites deFejér
que la dérivée
4e symétrique de F
est nulle.Ainsi, d’après
lethéorème
de Schwarzgénéralisé :
où la série de droite est
uniformément convergente.
Lapartie
degauche
nonpériodi-
que doit
disparaître : ao
=C
=C1
=C2 - 0 ,
et,comme lapartie
de droite est lasérie
de Fourier de celle degauche, an = bn =
0 pourtout n 1 , c.q.f.d.
Riesz
démontre
ensuiteque,si
à laplace
de(2)
nous faisonsl’hypothèse plus
forte que les coefficients
a~
etb n
tendent verszéro,
il nous suffit de supposer que les moyennesarithmétiques
des tranches de(1)
tendent verszéro,
àl’exception
de ce
qu’on appelle
un ensembleréductible. L’analogue
duthéorème
deDuBois-Reymond
~35,t.II,§ 453,p.149}
estégalement
valable : Si les coefficients de lasérie trigo- nométrique (1)
satisfont à la condition(2)
et si les moyennesarithmétiques
des tran-ches de la série
convergent,
pour tout x, vers la valeur6(x) prise
en x parune
fonction 6 bornée, (1)
sera lasérie
de Fourierde 6.
Les
résultats
de Riesz ontété plus
tardgénéralisés
à des moyennes d’ordreplus élevé
et aux sommesd’Abel ; cependant
ladémonstration décrite plus
haut n’estplus applicable
à ces cas. Voici cequ’écrivent Rajchman
etZygmund {33} :
"Si
intéressant
que soit lethéorème
de M.Fejér, utilisé
avecsuccès
par M.Riesz,
la voie
qu’il
ouvre ne nousparaît pas etre une
voie à suivre dans lathéorie d’unicité
dudéveloppement trigonométrique.
Nous croyonsqu’on
doit tenircompte
descirconstances
suivantes : 1°L’hypothèse
dont lanécessité
aété
mise enévidence
par M.Riesz,
àsavoir celle de la convergence de la
série
vers une fonction
continue,
nousamène
à croire que la doubleintégration
devrait suf-fire dans le cas
considéré.
2°Quoique
lethéorème
de M.Fejér parait être suscepti-
ble d’une extension aux
séries
sommables par leprocédé
de Cesaro d’un ordreplus élevé,
il ne nous donne aucunpoint
d’attache[[ ]]
pourl’étude
desséries
som-mables par le
procédé
de Poisson. 3°L’application
de la4e dérivée généralisée symé- trique (et,
àplus
forteraison,
desdérivées
d’ordreplus élevé)
est assez embarras-sante."
Ensuite
Rajchman
etZygmund démontrent
uneinégalité qui
relie ladérivée
secondesymétrique
aux moyennes de Poisson de lasérie (1), puis,
dans sa note{48} qui
suitimmédiatement
cequi précède, Zygmund
montreque,si (4)
est une série de Fourier de fonction continue et si les moyennes de Poisson de lasérie (1)
tendent vers la fonc-tion 6 intégrable
etfinie, (1)
est lasérie
de Fourierde 6.
Cettethéorie,
ex-ploitée plus
tard parVerblunsky,
estaisément
accessibleaux §
7 et 8 duchapitre
IXdu livre de
Zygmund {49} ;
l’auteur insiste dans ses notes sur le fait que toute sadémarche découle
des travaux de Marcel Riesz.A la fin de sa
publication [12],
Riesz se demande si lasérie (1)
estuniformément
convergente au cas oùest
convergent.
Neder arépondu
à cettequestion (~3~~).
Selon le théorème fondamental de
Leopold Fejér,
les moyennesarithmétiques
destranches d’une série de Fourier de
fonction £ intégrable,
en touspoints où
il exis-te une valeur limite
tendent vers cette valeur limite. Il s’ensuit
immédiatement que,pour k 1 ,
lesmoyennes de Cesaro de
puissance b
tendentégalement
vers(5).
Or,
dans sa note[6]
de1909,
Marcel Rieszaffirmait,
sans ledémontrer,
que cequi précède
est vrai pour 0~
1 . Desannées passèrent
sansqu’il fournit
dedé- monstration,
cequi était
courant chez ceperfectionniste :
ilécrivait
ses articlestrès lentement,
avec ungrand soin, pesant chaque
mot pourparvenir
à un texte par- faitementcompréhensible,
austyle
choisi. Entretemps
d’autrespublièrent
desdémon-
strations de ce
théorème - jusqu’à
cequ’enfin,
comme il le ditlui-même,
il ait eul’occasion,
en écrivant l’articled’encyclopédie
Hilb-Riesz[32], d’étudier
toutes cesdiverses
démonstrations
et deparvenir
à la conclusion que la sienne restait encorela
plus simple ;
et c’est ainsiqu’il finit
Par lapublier
en 1922([26]).
Avant d’en donner les
grandes lignes, j’aimerais rappeler
au lecteur ladéfinition
des moyennes de Cesaro - nous en aurons besoin de toutefaçon
par la suite. Soitune
série
à termescomplexes. Désignons
parles sommes
partielles [[
tranches]]
de cettesérie.
Hölder a introduit les moyennesH / r ~
d’ordre arbitrairement élevé de la suite(~ ) {20~§ 5.2,p.94}.
Pour la valeur~
=1 9
est toutsimplement
la moyennearithmétique
des ~+1premières
tranches. .. / ~ . ~ ~....~....
tandis que, pour le
nombre ~
entiersupérieur
à1 ,
ladéfinition
parrécurrence
est valable pour les moyennes de Hôlder. L’utilisation des moyennes de Hôlder
s’étant cependant
avérée peucommode,
Cesaro les amodifiées
de lafaçon
suivante : alors que Hôlderparvient
à lamoyenne H(k)n
par une alternance d’additions et dedivisions,
Cesaro commence par
faire k
additions et divise à la fin seulement par laquantité
qui
convient. Pourêtre plus précis,
soitet
pour ~ >
1Désignons
parE
la valeur deS(k)n
dans le casparticulier où
dans lasérie (6) üa - 1
et u - D pour toutindice n
1 . Les moyennes de Cesaro des sommesd’ordre
f2
de lasérie (6)
sontdéfinies
par la formule~20~§ 5.4~p.96}.
Nous pouvons encoredéfinir
les sommesS
parl’identité
Knopp,
MarcelRiesz, Chapman
et d’autres{46 ~§ 53,p.104}
se sont aperçus chacun deleur
côté
que cesdernières formules,
et enconséquence
les moyennes de Cesaro(8),
ont un sens pour tout
nombre ~ supérieur
à -1 .Explicitement
et,
dans le casde k entier,
Pour la valeur
b
=0 , E(0)n = 7 (n 0)
et C(0)n
= sn . Pour b=
7 , E(1)n = n+1
et C
(1) n
= H(1) n correspondent justement à la formule (7). Pour k
entier supérieur
à
1 9
et sontdifférents
l’un del’autre,
mais enconséquence
duthéorème
deKnopp-Schnee {20,§ 5.8,p.l03 ; 27,§ 6,p.43}
C"
n’a de valeur limitepour ~ -~ oo que dans le cas en a une, et dans ce cas les deux valeurs
limites concordent.
Cela
posé,
soit 0k 1 ,
etdésignons
par les sommes de lasérie
de Fourier de la forme(1)
de lafonction f intégrable, c’est-à-dire
Dans ce cas les moyennes de Cesaro d’ordre
I2
de lasérie
de Fourier sont données par la formuleoù ~P~~) -
+ etA l’encontre du
cas k = 1 étudié
parFejér,
le noyau K(~:)
n’est paspositif,
etle nombre de
changements
designes
tend vers l’infini avec n . Riesz prouve par une voie élémentaire deuxinégalités [26,(15)
et(16),p.ll0~, ~49,chap.III,(5.5)~
lorsque 0 ~ ~ ~ ’nr ~
où les constantesA
et B ne sont fonction que deb .
Alors que(10)
est uneconséquence immédiate
deE ~ E ’ ~ la preuve de (11)
repose
sur un certain nombre d’idées
subtiles,
queFejér
lui-même mentionne et utilise{l5 ; 16,introduction,article
5et § 2,article 10}.
Le
théorème
de Marcel Rieszdécoule aisément
de ces deuxinégalités.
Enpremier
lieu
l’intégrale
est
bornée, quand
n + ~ , car, endécomposant l’intégration
en les intervalles[0,1 n]
n et[1 n,03C0] ,
n nous obtenons àpartir
de(10)
et(11)
la bornesupérieure
Si nous
désignons
par S la limite(5),
nous avonsEtant
donné
e >0 ,
soit ô ~ 0 assezpetit
pour queI~ (~) -2S ~ ~
equand .
Alors,
à l’aide de(11),
nous obtenonsEtant donné que la
première intégrale est ~
C et que la seconde estfinie,
parce qued’après l’hypothèse ~p(~j-2S
estintégrable,
nous pouvons rendre lecôté
droit arbi- trairementpetit,
si nous choisissons d’abord E assezpetit
et ensuite n assezgrand.
De la mêmefaçon
onpeut démontrer
lagénéralisation
duthéorème
deLebesgue,
selon
laquelle C (x)
tend vers en tous lespoints
dits deLebesgue,
c’est-à-dire
presquepartout, quand n +
ce .L’article
d’encyclopédie
de Hilb-Riesz[32], déjà mentionné,
est facile àlire,
et donne un aperçu
intéressant
des résultats obtenus dans lepremier quart
de notresiècle
sur les séries de Fourier.2.
de [ 1, 2 , 6 , 7 , 8 ,10 , 20 , 21] .
Fatou adémontré,
dans sathèse
dedoctorat mentionnée
plus
haut~12,p.389-391~,
que si lafonction 6
estrégulière
àl’intérieur
dudisque unité
1 et admet ledéveloppement
ensérie
depuissan-
ces
alors la série de
puissances
estconvergente
en tous lespoints
du cercleIzi
=1où 6
estrégulière.
Bienentendu,
si lasérie
depuissances
estconvergente
ne se- rait-cequ’en
un seulpoint
du cercleunité, c n
tendnécessairement
verszéro.
Lan- dausouligne
dans son livre~27,p.15}
que cethéorème mérite grande attention,
parce que la convergence ou ladivergence
de lasérie
depuissances,
en unpoint
frontièredu
disque
de convergence, n’agénéralement
aucunrapport
avec larégularité
ou la sin-gularité
de la fonction aupoint
enquestion,
de sorte que lesquatre
cas sontégale-
00
ment
possibles.
Il cite enexemple
lesséries
suivantes : ~zn diverge partout
n=0
sur le cercle
unité,
mais la fonction =(1-z)-1 qu’elle représente
estrégu-
liere pour z =
-? et singulière
pour 1 ;z
est convergente et-log(?-z)
estrégulière
aupoint z - -1 ,
tandis quez
converge aupoint
z = 1,
maisd’après
le théorème deVivanti-Pringsheim {27,§ 17}, la fonction qu’elle représente est singulère
à cetendroit.
Déjà
dans ses travaux dudébut [6,7,10],
Marcel Riesz manifeste ungrand intérêt
pour le théorème de
Fatou ;
il legénéralise,
lui donne undémonstration plus simple,
et
plus
tard[20,21]
ilsimplifie
encore lesdémonstrations.
Lesgénéralisations
deRiesz vont dans deux directions :
1) Si 6
estrégulière
en tous lespoints
d’un arcfermé
du cercleIz( = 1 ,
etsi
C~ ~ 0 ,
alors(12)
estuniformément convergente
sur le dit arc. C’est cequ’on appelle généralement
lethéorème
de Fatou-Riesz.2)
Sia lieu pour un nombre
12 > 0 ,
etsi 6
estrégulière
aupoint
z du cercleunité,
les moyennes de Cesaro d’ordre
I2
des sommespartielles
de lasérie
depuissances (12)
tendent vers6(z)
aupoint
z . Iciaussi,
il se confirme que la convergence est uniforme sur tous les arcs fermés derégularité.
Comme nous allons le voir au
paragraphe suivant,
Marcel Riesz a encoreétendu
lethéorème de Fatou des
séries
depuissances
auxséries
de Dirichlet.L’idée de la
démonstration apparaît
chez Riesz en d’autresoccasions ; je
vou-drais
l’esquisser
à propos du théorèmesuivant, qui
est laproposition
laplus simple
sur ce
suj et : S.~. c~ de de ( 12 j
sont
uniformément bornées
sur tous les arcsde
Ce théorème est aussigéné-
ralisable aux moyennes de Cesaro : si pour un nombre
12 >
0 la c nest
bornée,
sur tous les arcs derégularité
les moyennes de Cesaro depuissance I2
dessommes
partielles
de la série(12)
sontuniformément bornées.
Pour ladémonstration
duthéorème
deFatou-Riesz, je
propose de sereporter
enpremier
lieu au livre de Landau~27,§ 18,p.73},
mais pour lespropositions
serapportant
aux moyennes de Cesaroje suggère plutôt
les travaux de Riesz en[2l].
Si le rayon de convergence de
(12)
estplus grand
que1 ,
laproposition
est évi-demment vraie. Sans restreindre la
généralité,
nous pouvons supposer que la fonction~
estrégulière
sur l’arc -6 6 ~ 6 du cercle~
o o
Z =
e.
etsoit je)
C pour tout entier ~ > 0.On peut trouver un nombre
0~,0
o0i’ïr
et A > 1,tels que f
soitrégulière
en toutpoint
Z = du secteur S
fermé 0 ~
~. ~A ~
0
61 .
° Soitz.
=el03B81 .
° L’idée de base de Riesz est l’introduction des fonctions auxiliairesJe dis que sous les conditions
données,
les fonctionsg n (z)
sontuniformément
bor- nées sur le secteurS ,
c’est-à-dire queLe théorème
découle
directement delà,
car si nousdésignons par B
le maximum surS de
I~(z)I ,
nous avonset la
partie
droite est bornée si-8 o C 8 C 6
o et z = .Sur la base du
principe
dumaximum,
il suffit dedémontrer l’inégalité (13)
surla
frontière
deS .
Notons d’abord quelorsque ~
=Izl 1 , l’évaluation
est valable. Considérons à
présent
lesdifférentes parties
de lafrontière
de S :2)
Sur lesegment rectiligne
ouvertqui joint
lespoints
0 etz1 1 c’est-à-dire quand
8 =81
et 01 ,
lesévaluations I
=1-h
etI 2
sontvalables,
etdonc,
à l’aide de(14),
Vu la
symétrie,
cette même estimation est valable sur lesegment rectiligne joignant
le
point
0 aupoint z~ .
Avant d’aller
plus loin,
notons quequand 1 ~ h ~ d ,
nous avons4)
Soit1 h ~ .
Si 8 =81 , nous
avons)z-zJ I
- h-1 etl z-si I ~ 2A ,
tandis que si
e==-0i .
nous avons 2A etIZ-27 I
=Jt-1 .
Dans les deux cas, à l’aide de(15),
nous arrivons à l’estimation5) Enfin,
soit et-81 ~ 8 81 .
Dans ce cas~z-z 1 ( ~ 2~ , IZ-27 I ~ 2~l
et par
conséquent, toujours d’après (15),
Il est clair que l’estimation
(13)
et en mêmetemps
lethéorème
lui-même sont ainsientièrement démontrés.
Zygmund {47,p.91-96 ; 49,chap.IX,(5.7)
et(9.21),p.338
et368}
a donné des démon-strations totalement
différentes
duthéorème
de Fatou et des extensions que lui adonnées Riesz. Ces
démonstrations
reposent sur cequ’on appelle
leprincipe
des loca-lisations de Riemann et sur les raffinements de ce
principe
fournis parZygmund
etRajchman,
raffinementsqui
ontjoué
un rôleimportant
dans lesconsidérations signa-
lées
auparagraphe précédent. Auparavant
Neder(~31~)
avaitdéjà communiqué
des ré-sultats semblables à propos du
théorème
de Fatou-Riesz.On
peut énoncer
en gros leproblème
d’Abelqui figure
dans le titre de l’article[8]
de lafaçon
suivante :Soit 6 analytique
dans le domaineT . Supposons
que00
6(z)
= Lg (z)
pour toutzeT,
et que6(z)
tend vers la valeur limitequand
z converge vers lepoint Z
de T . Est-il vrai que6(z) J
soitégal
àL
gn(z0) ?
A ce propos, Riesz aénoncé
lethéorème
suivant : Soit R >1 ,
0 a
03C0 2
et S l’ensemble fermédéfini
par lesinégalités R
27r-a .
Si 6
est continue sur l’ensemble S etrégulière
en toutpoint
de S àl’exception
dez=1,
lasérie
depuissances (12) de 6 convergente
dansIzi
1 est aussiuniformément
convergente sur le cercle)z) = 1 ,
et en par-ticulier
6(1)
= ~C
.Mittag-Leffler (~29})
croyait
que lethéorème n’était
valable quesi fi
satisfaisait à la condition de
Lipschitz.
Lelivre de Landau
~27,§ 12}
mentionne une démon-stration
simple
de cethéorème (démonstration
attribuée àHardy),
selonlaquelle,
sous les conditionsdonnées,
tend vers zéroquand
n croît indéfiniment. La thèse
découle
de là sur la base d’une variantesimple
(~27,§ 11})du "petit"
théorème de Tauber.3.
de
etmoyennes typiques [ 4,5,6,9,11,13,Z7,22,27,29,30] .
Le
premier résultat
vraimentimportant
de MarcelRiesz, qui
a du même coup rendu sonnom
célèbre
et lui a valu l’amitié deHardy,
estlié également à
une observation deFejér.
La sérieest
convergente
pour les valeurs Re ~ > 1 et sa somme y est fonctionanalytique
de la variable
complexe ~ :
c’est la fonction zêta de Riemanndésignée
par!;(~) .
La fonction ainsi
définie peut être prolongée
dans tout leplan, à l’exception
dupoint ~
=1 ,
où elle a unpôle simple.Or, Fejér
s’est aperçu que lasérie (16)
n’est sommable en aucun
point
de la droite Re s = 1 par laméthode
de Cesaro(quel
que soit
l’ordre b ).
Il fallait donc trouver uneméthode
telle que(16)
soit som-mable pour la valeur
~(~)
enn’importe quel point ~ ~
1 de la susdite droite.Plus
généralement,
considérons la série de Dirichletest une suite croissante de nombres réels
qui
tend versl’infini ;
nousdésignerons
cette suite
par À
etl’appellerons type
de lasérie (17). Ainsi,
letype
de lasérie (16)
est(log n) ,
tandisqu’une
série depuissances
rentre dans lacatégorie
des
séries
de Dirichlet detype (n)
par la substitution z =e ~ .
. C’est pour la sommabilité de ce genre deséries
que Riesz a introduit les moyennestypiques.
Soit
une
série infinie, ~ ~
0 et 0 w un nombreréel.
Construisons les sommesSi
(18)
tend vers une valeur limitefinie h quand 03C9 ~ ~ ,
on dira que(6)
estsommable
vers h
par laméthode
de Riesz detype À = (À ) ,
depuissance k .
Dans le cas où
À. = j ,
nous obtenons pour la valeurw’n+1
la sommequi
est visiblement semblable à la formule(9)
de la moyenne de Cesaro .Cependant,
comme nous allons levoir,
il estessentiel,
avec laméthode
deRiesz,
que le
paramètre w
tende vers l’infini defaçon
continue et nondiscrète.
Quand k = 1 ,
pour la valeur 03C9 = À n ,où,
comme j u U + ... + u.. Si enplus ~~ ~ ~ ,
alors nous obtenonsj j
les moyennes
c’est-à-dire
C(1)n
.Pour
pouvoir
comparer les moyennes depuissances différentes
del’unité,
intro-duisons les sommes
Dans le cas de
k = 0 ,
nous obtenons la fonction"compteuse"
u. , que nousdésignerons simplement
parT a (c~) .
Cela nouspremet d’écrire (19)
sous la formeSauf pour un facteur constant, cette dernière
intégrale
estjustement l’intégrale
d’ordre fractionnaire
de Riemann-Liouville : c’est ici que nous rencontrons pour la
première
fois ceconcept de Marcel Riesz
qui
tiendra uneplace
cruciale dans ses travauxultérieurs.
On sait - et il est facile de
prévoir -
que = et quepour ~
entier1 ~
estl’intégrale itérée b
fois de lafonction 6. Grâce à l’égalité
~
=r(b+?) ~
nous obtenons les formulesD’autre
part,
sur la base de la formule deStirling ~35,t.~,p:543~,
et ainsi la formule
(8) définissant
les moyennes de Cesarod’ordre b peut
êtreremplacée
parl’expression
nous pouvons comparer en gros les formules obtenues en disant que Riesz fait inter- venir l’
"intégrale
d’ordreb
de la sommepartielle",
tandis que chez Cesaro ontrouve l’ "itéré
d’ordre I2
de la sommepartielle".
Cela nouspremet
de penser que laméthode
de sommation de Cesaro d’ordreb équivaut
à la sommation de Riesz depuissance 12
et detype
À =(j) , c’est-à-dire
que(6)
est sommable par l’une desméthodes
s’il est sommable parl’autre,
et que les deux sommes sont lesmêmes.
Cette affirmation est vraie([9]),
mais sadémonstration
est assezcompliquée (~20,§ 5.16,
p.113 ; 18}).
Soit
(pl)
une suite de nombres strictementpositifs (c’est-à-dire pj > 0),
etsupposons
qu’avec
la notationNous
appelons
lesquotients
moyennes de Voronoi-Nörlund de la série
(6),
et la valeur limite pour n + ce de la suite(N
n
(p)) -
si tant estqu’elle
existe - somme de la série(6) pondérée
par lespoids (p,) ;
dans ce cas nous dironssimplement
que lasérie (6)
estj
%(p)-sommable.
Parexemple,
la suite C(k)n des moyennes de Cesaro d’ordreh
est nune suite de moyennes de