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Présentation générale de "La prédication"

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Academic year: 2021

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HAL Id: hal-01365845

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01365845

Submitted on 5 May 2020

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Présentation générale de ”La prédication”

Jean-Marie Merle

To cite this version:

Jean-Marie Merle. Présentation générale de ”La prédication”. Faits de langues, Brill, 2009, 31-32, p.

5-12. �hal-01365845�

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La Prédication, Faits de Langues n° 31-32

Présentation générale de La Prédication

1

Jean-Marie Merle

*

La prédication, en linguistique, peut se définir sommairement comme l’opération par laquelle se structure la relation fondamentale – celle qui canoni- quement fonde l’énoncé – et, par transfert métonymique, comme le produit de cette opération. Autrement dit, il s’agit de l’assemblage prédicatif auquel sont associées les modalités énonciatives

2

qui caractérisent l’énoncé. Etant donné le rôle fondamental de cette opération dans la structuration des énoncés, la notion de prédication occupe une place non négligeable dans nombre d’appareils des- criptifs, notamment dans la description des cadres prédicatifs, des structures actancielles, des phénomènes co-prédicatifs (appositions ou adjoints prédicatifs).

Selon les phénomènes appréhendés et en fonction des cadres théoriques, la pré- dication n’est pas envisagée de façon uniforme, loin s’en faut : cette notion cor- respond à un phénomène complexe, mais celui-ci n’est jamais saisi strictement selon le même point de vue, d’une part, et il ne correspond qu‘à une parcelle de la réalité linguistique, d’autre part, aussi bien dans une langue donnée que dans une perspective interlinguistique. Ainsi, un phénomène bien représenté dans une langue ou dans un groupe de langues peut perdre de sa pertinence dans une autre langue ou un autre groupe de langues, et l’opération que recouvre la notion de prédication ne fait pas exception (cf. dans ce volume G. Lazard, J. Feuillet) ;

1 Ce volume comprend les actes du colloque d’Aix-en-Provence organisé par le CELA (EA 3780), avec l’aide de l’UFR LAG-LEA et de l’Université de Provence. J’adresse ici tous mes remerciements aux membres du CELA, pour leur contribution à l’organisation de ce colloque, et tout particulièrement à Françoise Dubois-Charlier et à Sophie Herment Dujardin, co-organisatrices, sans qui rien n’aurait été possible ; à tous les participants, pour leur précieuse contribution à cet immense travail collectif et pour leur patience ; à Catherine Chauvin, Sophie Herment, Marie Loiseau, et Reza Mir Samii pour leur travail de relecture et leur aide technique ; à Mary-Annick Morel et au Comité de Rédaction de Faits de Langues pour leur accueil généreux et leur contribution à la réalisation de ce volume ; au CNL, au CNRS, au CELA (EA 3780), à l’UFR LAG-LEA et à l’Université de Provence pour leur concours et leur soutien.

* Université de Provence, CELA, EA 3780, jean-marie.merle@unice.fr / jmmerle2@gmail.com

Pour citer cette présentation :

Merle, Jean-Marie, 2009, Présentation générale de

La prédication, collection Faits de Langues, Paris, Ophrys, p. 5-12. https://hal.archives-ouvertes.fr/hal- 01365845

2 Cf. Merle 2017.

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dans une langue donnée, par ailleurs, les caractéristiques prototypiques de la prédication peuvent dans des cas plus fréquents qu’il n’y paraît ne plus se maté- rialiser en énoncé (cf. C. Chauvin, L. Danon-Boileau & A. Morgenstern, M. Guiraud-Weber, H. Lessan Pezechki, M. Maillard). La notion de prédication n’échappe pas non plus aux flottements habituels de la métalangue : du phéno- mène décrit (la structuration de l’énoncé) à la représentation du phénomène (la notion de prédication), puis de cette représentation à sa définition, les occasions de divergence sont innombrables.

Les diverses problématiques liées à la prédication sont bien représentées dans les articles de ce volume, qui comprend les actes du colloque d’Aix en Provence organisé par le CELA (EA 3780), avec l’aide de l’UFR LAG-LEA et de l’Université de Provence. Il se subdivise en trois parties. La première partie est centrée sur la problématique de la définition, des caractéristiques de la prédica- tion et de ses limites. La deuxième partie de ce volume regroupe des études sur différents types de prédication – prédication verbale, conversions, prédication nominale, prédication de propriété ou d’événement, caractéristiques des nexus – et divers phénomènes de modification et de modalisation de la prédication – par la prosodie, la gestuelle, l’emphase, l’agencement ou l’enchâssement syntaxique.

La troisième partie traite de la problématique du dédoublement.

D

ES ORIGINES LOINTAINES

L’intuition linguistique la plus ancienne à laquelle nous ayons accès, et qui inspire la tradition occidentale, remonte au IVe siècle av. J.-C. Déjà on peut percevoir deux conceptions différentes, non de l’énoncé, mais de l’assemblage prédicatif – chez Platon, puis chez les Stoïciens, d’une part, et chez Aristote, d’autre part (cf. dans ce volume, les articles de Ch. Touratier et de M. Maillard) – qui n’entrent pas pour autant en contradiction.

F. Ildefonse

3

(1994 : 3) montre que « la problématique de la prédication est bel et bien ouverte par Platon, dont l’enjeu fondamental […] paraît être plus préci- sément […] la fondation de l’énoncé, ce par la théorie du mélange des genres. ».

A la fin du

Sophiste (261e-262e), dans sa célèbre leçon de grammaire, Platon

inaugure la forme canonique de l’expression, le prôtos logos : « […] les paroles proférées ne font référence ni à une action, ni à une absence d’action, ni à la réalité d’un être ou d’un non-être, tant qu’on n’a pas mêlé les noms et les verbes : alors seulement, il y a ajustement et dès lors cette combinaison élémen- taire devient énoncé, pratiquement le premier et le plus petit des énoncés. … C’est pourquoi, dans ce cas, nous parlons d’énoncer et non pas seulement de nommer et c’est précisément à cet agencement que nous donnons le nom d’énoncé. »

4

. Le principe de la prédication est ainsi le « dire d’une chose non

3 Frédérique Ildefonse, 1994, Sujet et prédicat chez Platon, Aristote et les Stoïciens, in Archives et documents de la société d’histoire et d’épistémologie des sciences du langage, dir. J. Lallot, n° 10, Université Paris 7.

La bibliographe générale se trouve à la fin de ce volume.

4 T

rad. M. Baratin et F. Desbordes, apud F. Ildefonse 1994, p. 6

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Présentation générale de La Prédication

La Prédication, Faits de Langues n° 31-32

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seulement sa désignation spécifique, mais beaucoup d’autres choses diffé- rentes »

5

; autrement dit, la prédication ouvre la possibilité de produire une infi- nité d’énoncés.

L’analyse d’Aristote, sur le passage de la désignation à l’énoncé, rejoint celle de Platon : « En réalité, il est possible d’énoncer chaque être, non seulement par sa propre énonciation, mais encore par l’énonciation d’autre chose »

6

. Par la distinction entre

substrat et catégories –

qui vont former le couple

hupokeimenon-kategorema, que nous percevons comme l’ancêtre du couple sujet-prédicat

(cf. Ch. Touratier et M. Maillard) –, Aristote en arrive à définir l’assemblage substrat-états comme une relation d’interdépendance : « … aucun [état] n’a par lui-même naturellement une existence propre, ni ne peut être séparé de la Substance […] »

7

.

Chez Aristote, il est difficile de démêler la logique ou la linguistique de la physique de la substance. Le substrat, pour cette raison, déborde largement toute conception univoque que l’on pourrait avoir du sujet. Les kategorema, catégories aristotéliciennes, s’appuient sur la distinction entre « l’être par soi » et « l’être par accident ». Cette distinction « rend hétérogènes des exemples homogènes du point de vue de l’expression » (F. Ildefonse, 1994 : 19), mais elle ouvre sur deux statuts relatifs différents du substrat au sein de l’assemblage prédicatif : les pro-

priétés essentielles co-existent avec le substrat, tandis que les accidents impli-

quent la préexistence de celui-ci. Cette problématique est traitée de différentes façons dans ce volume, par P. Cadiot, F. Cornish, J. Guillemin-Flescher, J.-C. Khalifa, G. Mélis, Ph. Miller, Cl. Muller, notamment, mais également dans les articles consacrés à la co-prédication, chez G. Achard-Bayle, J. Albrespit, R.

Druetta, J. François & M. Sénéchal, J. Gardes Tamine, E. Havu & M. Pierrard, J.-M. Merle.

D

ES APPREHENSIONS DIVERSES

De ces deux conceptions sont issues des appréhensions radicalement diffé- rentes d’un même phénomène. On peut en identifier trois qui coexistent au- jourd’hui, l’une, centrée sur le prédicat ; une seconde qui garde en mémoire la préexistence du substrat ; une troisième qui assimile la prédication à la structure thématique.

Un prédicat central

La première se trouve chez les Stoïciens et dans la définition que donne Dio- gène Laërce

8

du prédicat (tò kategoréma) : « […] un dit incomplet qui, construit avec un cas direct, engendre une proposition. ». Si les Stoïciens définissent le prédicat et l’assemblage prédicatif, on ne trouve pas chez eux le couple sujet-

5Ibidem

6Catégories, 2, 1a20-1b6, trad. J. Tricot, apud Ildefonse 1994, p.11

7Métaphysique, 2, 1, 1028a 10-20, trad. J. Tricot, ibidem, p. 12

8 Vies et opinions des philosophes antiques, VII, 63, trad. F. Ildefonse, ibidem, p. 25

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prédicat. On peut y voir une parenté entre la conception stoïcienne de la prédica- tion et la conception platonicienne. Les Stoïciens, en plaçant le prédicat au centre de la prédication, sont amenés à élaborer une classification des prédicats, selon la personne, la valence et la diathèse, le verbe étant envisagé comme un prédicat non composé. Cette conception se trouve abondamment reprise et développée au XXe s., dans la Syntaxe structurale de Tesnière, par exemple, puis dans tous les travaux faisant depuis les dernières décennies du XXe s. une place aux interac- tions entre sémantique lexicale et constructions (cf. dans le présent volume P.

Cadiot, G. Col, J. François & M. Sénéchal, P. Miller, entre autres), donnant une prépondérance au prédicat, et notamment au prédicat verbal. Pour autant, les propriétés subjectales, dans les langues où elles sont identifiables, donnent un statut à part à l’argument sujet, souvent décrit comme un argument externe, ce qui conduit à réenvisager la prédication sous un angle différent, plus proche de la conception aristotélicienne.

Une relation apport-substrat

La conception de la prédication qui garde en mémoire l’existence ou la pré- existence du substrat, héritée du couple aristotélicien hupokeimenon-kategorema, ouvre au Moyen Age sur une distinction tranchée entre logique et grammaire. A la fin du XIIIe s. Jean de Dacie et Martin de Dacie laissent le couple

sujet- prédicat au logicien et ont recours, en grammaire, au couple suppositum- appositum (suppôt-appôt ou support-apport). De ce couple restera dans la termi-

nologie le terme d’apposition, qui, après avoir décrit au Moyen Age ce que nous appelons maintenant de nouveau prédicat, servira à décrire un co-prédicat (ajout prédicatif ou angl. predicative adjunct), autrement dit un dédoublement prédica- tif, ou une greffe co-prédicative (cf. M. Wilmet 1997 et, dans ce volume, les études qu’en font, dans des cadres différents, G. Achard-Bayle, J. Albrespit, R. Druetta, J. François & M. Sénéchal, J. Gardes Tamine, E. Havu & M. Pier- rard, J.-C. Khalifa, J.-M. Merle, Cl. Muller) et, de façon anecdotique, chez cer- tains linguistes, une épithète nominale dans une relation de co-référence avec le noyau du syntagme nominal

9

. De cette conception restera aussi une appréhension de la relation sujet-prédicat comme une relation entre un apport et un élément stable, autrement dit comme un apport sémantico-référentiel sur un support réfé- rentiel ou structurel. Cette conception se trouve illustrée dans ce volume chez G. Mélis, entre autres, qui s’interroge sur la complétude syntaxique, et ébauche une hypothèse : la complétude n’est pas liée à la proposition mais à la prédica- tion, qu’il définit comme un « apport de qualification sur un support déjà identi- fié ». Elle se retrouve encore dans la définition de la prédication proposée par L. Danon-Boileau & A. Morgenstern : « toute prédication consiste à rapporter un dit (commentaire, contenu de pensée) à un élément stable qui en constitue le support et le repère (le sujet au sens de hypokeimenon) ».

9

Cf. F Neveu 2000, pour une étude complète de la problématique de

l’apposition.

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L’instrument que constitue la notion de prédication est central dans la descrip- tion de l’assemblage qui fonde l’énoncé, mais il se définit en premier lieu à partir d’énoncés canoniques et demande à être réexaminé et redéfini lorsque les canons disparaissent, au sein d’énoncés non moins authentiques. En l’absence d’élément stable interne à l’énoncé, le support de prédication se trouvera dans le contexte ou dans les données de la situation d’énonciation (cf. G. Lazard, C. Chauvin, L.

Danon-Boileau & A. Morgenstern, M. Maillard). La coïncidence avec le thème sera ainsi un cas particulier du support implicite («Magnifique !»). En l’absence de sujet et d’élément thématique, la situation d’énonciation fournit un substrat – préexistant – par défaut (« Brrr ! Frisquet… »). Si la définition de la prédication demeure assez souple pour suivre le principe constant de la relation d’apport à support jusque dans les cas où le support ne se matérialise pas à l’intérieur de l’énoncé, alors ce concept garde un pouvoir explicatif considérable, suffisam- ment vaste pour couvrir les énoncés sans verbe et sans sujet (mais non dépourvus de substrat).

Plusieurs articles de ce volume portent sur les énoncés non canoniques, no- tamment celui de L. Danon-Boileau & A. Morgenstern, sur les différentes étapes de réalisation de la prédication dans les énoncés des enfants, de l’holophrase à une structuration à trois termes ; ceux de M. Guiraud-Weber et de H. Lessan Pezechki, consacrés aux énoncés sans sujet, respectivement en russe et en per- san ; ceux de M. Maillard et de C. Chauvin, sur le portugais et l’anglais, qui s’étendent aux énoncés sans sujet ni verbe ; celui de G. Lazard, qui examine les langues sans servitude subjectale, canoniquement sans sujet, et qui s’interroge, à propos de langues d’Asie orientale et d’Océanie, sur la pertinence de la notion de prédication. Plus radical, J. Feuillet met en évidence la faiblesse de la dichotomie sujet-prédicat et défend l’idée que la notion de prédication ne permet pas de rendre compte de nombre d’énoncés, y compris dans les langues qui nous sont les plus familières. De même que Tesnière n’isole pas le sujet des autres actants, de même J. Feuillet propose d’évacuer la notion de prédication. Sur cette ques- tion on lira également la critique de J. Gardes Tamine, dans ce même volume.

On pourra aussi revenir à l’historique proposé par Ch. Touratier et par M. Mail- lard, qui s’interrogent l’un et l’autre sur le transfert de la notion de prédication de la logique à la linguistique et sur le succès de ce transfert.

Structure thématique

Une troisième définition, enfin, tend à faire coïncider la prédication avec la structure thématique, le sujet étant alors défini comme « ce dont on parle » (le thème) et le prédicat comme « ce qu’on en dit » (le rhème). La prédication n’est plus envisagée comme l’assemblage qui fonde l’énoncé, mais définie comme un agencement informatif canonique. Cette définition ne tient pas compte de la possibilité de dissocier le

thème du sujet offerte par les constantes structurelles

d’une langue donnée.

10

La problématique ouverte par les énoncés thétiques (qui

10 A propos de la problématique du sujet vu comme substrat, cf. Ildefonse 1994 ; sur la bipartition entre sujet de prédication et sujet de référence, et sur le couple sujet-prédicat

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inaugurent un thème nouveau), dans lesquels aucun élément n’a de statut théma- tique, est abordée dans ce volume sous des angles différents par P. Cadiot, par F. Cornish, qui montrent pour quelles raisons on peut considérer que les énoncés thétiques ne contiennent pas de prédication, et par C. Chauvin, notamment.

Place de la modalité

Le souci de vérité qui anime les philosophes de l’antiquité donne à la modali- té, et plus particulièrement à la modalité aléthique, une place prépondérante. La modalité est alors inhérente à la prédication, qui tend à coïncider avec l’assertion, la préoccupation centrale étant pour le philosophe, et le logicien, le caractère assertable de contenus propositionnels en fonction de variations situationnelles.

Pour le linguiste contemporain, la modalité est associée à la prédication, mais elle en est distincte (cf. Cl. Muller), ce qui permet de rendre compte séparément de l’assemblage sémantico-syntaxique qui structure l’énoncé et des ajustements énonciatifs qui le déterminent (cf. les articles de G. Col et de J.-Cl. Souesme).

L’interaction entre prédication et modalité est étudiée ici par A. Khaldoyanidi &

M.-A. Morel en russe et en français à partir de l’observation de l’intonation et des marques mimico-gestuelles ; par S. Herment, dans une étude sur certains dispositifs de focalisation en anglais – au sein d’énoncés emphatiques, d’énoncés comportant une extraposition, de structures clivées – ; par M. Faraco & T. Kida, qui examinent la complémentarité entre discours et gestualité, notamment dans la représentation de la relation thème-rhème et dans l’anticipation gestuelle. S.

Pétillon étudie la fonction modale des incises – prise de position énonciative placée entre tirets ou entre parenthèses. L. Gournay mène une comparaison entre l’inversion locative en français et en anglais, et met en évidence une absence de prise en charge énonciative. J.-Cl. Souesme envisage la corrélation entre mode de prise en charge énonciative et niveaux de structuration des énoncés. N. Ball- lier, à propos des complétives enchâssées dans la structure de

the fact [that…],

montre que le modus annoncé par le nom recteur est d’ordre aléthique. Ph. Miller analyse l’emploi copule des verbes de perception en anglais (This cheese looks

delicious) : ces verbes – smell, sound, look – ont un emploi intransitif, signifiant

une activité d’émission, puis deviennent prédicats de second ordre, s’appliquant à l’ensemble d’une prédication sur laquelle ils introduisent un jugement modal.

Types de prédication – prédication verbale, conversions, prédication nominale, prédication de propriété ou d’événement, caractéristiques des nexus

Diverses manifestations, ou divers avatars, de la prédication sont au centre de

plusieurs études. J.-C. Souesme observe les stades de la prédication et

l’opposition entre validation et prise en charge. Cl. Delmas étudie les conditions

qui accompagnent et facilitent la conversion de noms propres en prédicats ver-

envisagé comme une grammaticalisation du couple thème-rhème, cf. Lazard 2003 ; sur la distinction entre sujet, thème et agent, cf. Albrespit 2003 et Touratier 2003 ; cf. également Merle 2003 sur les problèmes que posent la définition du sujet.

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baux. Fl. Lefeuvre examine les propriétés des nominalisations prédicatives, leurs conditions d’emploi et la réorganisation de leur structure argumentale. M. Ciçek

& Ch. Bassac comparent la prédication verbale et non-verbale en turc et mettent en évidence des caractéristiques communes, d’une part, et, d’autre part, la pré- sence systématique de la copule dans toute prédication verbale. Cl. Blanche- Benveniste envisage les caractéristiques des

nexus nominaux, à l’intérieur d’un

système qui oppose trois formes syntaxiques de base (syntagmes, nexus, proposi- tions) – les nexus, dans la terminologie d’Eriksson 1993, désignant une relation prédicative sans verbe à mode fini – : le nexus n’est plus une prédication, mais il s’agit bien d’un assemblage prédicatif qui ne peut se réduire à un syntagme.

J. Guillemin-Flescher compare différentes formes de prédication de propriété en anglais et en français, et examine les conditions qui favorisent ou imposent l’emploi de l’une ou l’autre de ces formes de prédication (He teaches / Il en-

seigne ; He is a teacher / Il est enseignant / C’est un enseignant).

Problématique du dédoublement

La problématique du dédoublement est appliquée ici au transfert de sens, chez J.-M. Benayoun et chez D. Jamet, au dédoublement énonciatif, chez S. Pétillon, au dédoublement syntaxique par clivage, chez J.-C. Khalifa, mais aussi à diffé- rents phénomènes co-prédicatifs, dans les articles de G. Achard-Bayle, J. Albrespit, R. Druetta, J. François & M. Sénéchal, J. Gardes Tamine, E. Havu

& M. Pierrard, J.-M. Merle, Cl. Muller.

J.-M. Benayoun fait porter son article sur les étapes énonciatives contribuant à la production du sens, pour examiner, sur un corpus d’énoncés en français et en anglais, les conditions de superposition de sens et d’émergence du double sens.

D. Jamet s’interroge lui aussi sur les « prédications impertinentes » (Ricoeur 1975) et plus particulièrement sur la relation entre prédication et métaphore et il met en évidence, dans un corpus anglais et français, les marques morpho- syntaxiques annonçant les transferts métaphoriques.

J. Ch. Khalifa analyse le phénomène de la prédication à l’intérieur des struc- tures clivées en anglais. Son étude aboutit à la conclusion que si les clivées sont biclausales, elles ne comportent qu’une prédication (cf. Ch. Touratier), assortie d’une fonction pragmatique, celle de pointer par identification la relation entre l’élément occupant le focus et sa place évidée à droite.

J. François & M. Sénéchal analysent, dans le prolongement de François 2003, des structures argumentales résultant de la greffe entre deux cadres prédicatifs, l’un, un cadre prédicatif divalent fourni par un verbe de production de parole et l’autre fonctionnant comme greffon (Marie crie (qch) (à qn) > Marie crie à qn

de faire qch).

La notion de prédication seconde, redéfinie par P. Cadiot & N. Furukawa 2000, est réenvisagée dans plusieurs contributions : celle de Cl. Muller qui exa- mine les propriétés et les conditions d’emploi des relatives prédicatives en fran- çais et dégage de son étude trois modes de fonctionnement différents ; celle de S.

Pétillon, qui étudie les différentes formes du décrochement typographique et

l’insertion par incise d’une modalité énonciative distincte de celle de la structure

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d’accueil. E. Havu & M. Pierrard s’interrogent sur la distinction entre prédica- tion seconde et apposition, puis étendent leur étude à la relation entre le co- prédicat et son support, et à la place de celui-ci dans la structure d’accueil.

R. Druetta compare également les définitions de la prédication seconde propo- sées par P. Cadiot & N. Furukawa, d’une part, et la définition de l’apposition donnée par M. Wilmet 1997, d’autre part, puis il établit une distinction entre trois types de nexus différents (cf. Eriksson 1993, et Cl. Blanche-Benveniste dans ce volume) et analyse les énoncés du type Vous avez quoi comme voiture ?

La contribution de G. Achard-Bayle et celle de J. Albrespit portent sur les structures résultatives, respectivement en français et en anglais. G. Achard-Bayle envisage la relation entretenue entre le SNom du complément prépositionnel (Junon métamorphose Callisto en ourse) et le verbe, relation dont il montre qu’elle est aussi étroite que la relation entre le verbe et le CNom complément direct. J. Albrespit examine l’interdépendance des deux relations prédicatives constitutives des structures résultatives en anglais, et montre les problèmes que pose leur interprétation.

J. Gardes Tamine montre en quoi la notion de prédication manque de clarté, et elle remet en question la notion récemment introduite de

prédication seconde.

Elle revient sur cette problématique dans une étude sur l’apposition, qu’elle redéfinit comme une amplification insérée (non intégrée dans un syntagme), dans une opposition entre deux opérations d’amplification, par intégration et par inser- tion. J.-M. Merle reprend cette opposition pour l’appliquer aux syntagmes parti- cipiaux, qu’il n’envisage ni comme une relative réduite, ni comme circonstants.

Il rappelle que le participe est une forme verbale appelée à être incidente à un support nominal, quelle que soit la fonction de celui-ci dans la structure d’accueil, et que le SPart entre soit dans le paradigme de la caractérisation épi- thétique, soit dans celui des co-prédicats (appositions).

Pour utile et commode qu’elle soit, la notion de prédication possède les fai-

blesses habituelles de la métalangue. Outre son long séjour dans la métalangue

des logiciens, cette notion nomme un phénomène qui s’appréhende de différentes

façons. Le linguiste est sans cesse amené à redéfinir les instruments dont il se

dote : au terme de ce parcours, force est de constater que la notion de prédication

ne fait pas exception.

(10)

Sommaire

Présentation générale par Jean-Marie Merle...5 1. Définitions, caractéristiques, limites

Christian Touratier Que faut-il entendre par prédication et prédication seconde ? ...13 Michel Maillard Y a-t-il prédication sans sujet ni verbe ? Approche

interlinguistique...23 Gilles Col “Relation” ou “intégration” prédicative ? La prédication

comme principe d’émergence du sens ...33 Gérard Mélis La prédication et ses arguments...45 Laurent Danon-Boileau Peut-on parler de prédication dans les premiers

& Aliyah Morgenstern énoncés de l'enfant ? ...57 Gilbert Lazard La prédication implique-t-elle un sujet ? ...67 Marguerite Guiraud- La prédication sans sujet : le cas du russe ...77 Weber

Homa Lessan Pezechki Problèmes posés par la prédication en persan.

Approche contrastive persan / français...87 Catherine Chauvin Enoncés sans sujet et / ou sans verbe en anglais :

prédication et processus de récupération contextuelle ....99 Pierre Cadiot Jugement thétique et métaphore prédicative...109 Francis Cornish L’absence de prédication, le topique et le focus :

le cas des phrases "thétiques" ...121 Jack Feuillet La notion de prédicat est-elle nécessaire dans

certains types d’énoncés ?...133 2. Types et avatars – prédication de propriété ou d'événement, prédication verbale, nexus, conversions, prédication nominale –, place de la modalité Jacqueline Guillemin- Prédication de propriété...145 Flescher

Jean-Claude Souesme Prédication, validation et actualisation ...157 Claire Blanche- Les nexus nominaux...167 Benveniste

Florence Lefeuvre La structure argumentale des nominalisations

prédicatives ...179

(11)

Claude Delmas Un type de prédication problématique...191

Mehmet Çiçek & Morphologie de la prédication verbale et non verbale Christian Bassac en turc...203

Tsuyoshi Kida & Prédication gestuelle ...217

Martine Faraco Anna Khaldoyanidi & Prédication et focalisation à l’oral en russe et en Mary-Annick Morel français. Propriétés intonatives et mimico-gestuelles....227

Sophie Herment Prédication et emphase en anglais : le rôle de la prosodie...243

Philip Miller Prédication et évidentialité : de l’emploi copule des verbes de perception en anglais ...253

Lucie Gournay L’inversion locative : un cas particulier de prédication...263

Nicolas Ballier La relation argumentale dans la complétive du nom en fact...277

3. Dédoublements, co-prédication Jean-Michel Benayoun Prédication, existence et signification – Du deuxième sens au double sens ...289

Denis Jamet Que prédique-t-on dans un énoncé métaphorique ? ...301

Jean-Charles Khalifa Identification et double prédication dans les clivées de l’anglais ...313

Jacques François & Le sémantisme propre des cadres prédicatifs et la Morgane Sénéchal polysémie des verbes de production de parole ...325

Claude Muller La relation au verbe principal dans les relatives prédicatives en français...337

Sabine Pétillon Décrochement, prédication et modalités d’énonciation : autour du groupe nominal ...347

Eva Havu & Prédication seconde et lien appositif : intégration de Michel Pierrard prédicats et point d’ancrage ...357

Ruggero Druetta "Quoi comme voiture ?" La prédication seconde dans la construction d’une proforme interrogative ...369

Guy Achard-Bayle Ce que la prédication seconde peut nous apprendre des référents évolutifs… Et vice versa ...379

Jean Albrespit Intrication des relations prédicatives dans les résultatives : peut-on parler de prédication seconde ?...391

Joëlle Gardes Tamine La notion de prédication seconde permet-elle vraiment de décrire l’apposition ? ...401

Jean-Marie Merle Les constructions participiales en anglais...413

Bibliographie générale...423

Résumés / Abstracts...447

(12)

Résumés / Abstracts

Présentation générale : Jean-Martie Merle (p. 5) 1. Définitions, caractéristiques, limites

Christian Touratier: Que faut-il entendre par prédication et prédication seconde ? (p. 13)

RESUME : Le mot prédication est un terme d'obédience logique qui est en rapport avec ce que les logiciens appellent prédicat, c'est-à-dire, depuis Aristote, le second constituant de tout jugement ou de toute assertion, ou, depuis Frege et Russel, une fonction propositionnelle dotée d’une ou de plusieurs variables.

Quand les linguistes parlent de prédication, ce mot semble avoir plus ou moins le même sens, correspondant alors à ce qu'ils appellent une phrase ou encore une proposition, terme ambigu qui désigne soit une phrase entière, dans proposition indépendante, soit une partie de phrase, dans proposition subordonnée.

On voudrait essayer de préciser quelle définition le linguiste doit donner aux mots prédication, prédicat, et proposition, pour ne pas tomber dans la contradiction et ne pas sortir de la linguistique, ce qui amènera à rejeter, comme dépourvues de sens, les expressions proposition indépendante, proposition principale et prédication seconde.

ABSTRACT : The term predication pertains to logic, either Aristotelian logic or mathematical logic. Aristotle called predicate the part of a sentence that makes a statement about a subject; and Russel called predicate a function (or operator) that needs one or several arguments to construct a sentence.

Linguists seem to use this term in the same way, but they usually consider the content of a clause as a predication, as well as the content of a sentence, which can be ambiguous, and even incoherent or contradictory.

The aim of this paper is to define the terms predication, predicate and clause in linguistic perspective, which leads us to reject the traditional expressions

‘independent clause’, ‘main clause’ and ‘secondary predication’.

Michel Maillard : Y a-t-il prédication sans sujet ni verbe ? – Approche interlinguistique (p. 23)

RESUME : Cet article retrace l’historique de la notion de prédication, depuis la conception aristotélicienne de la relation hypokeímenon-katêgórêma, et revient sur le transfert manqué entre le domaine de la logique et celui de la linguistique. Le concept de prédication reçoit des acceptions très variables et engage des choix théoriques difficilement conciliables.

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Il est montré par les faits qu’on ne saurait réduire la fonction prédicative au seul nœud verbal : ce serait s’interdire de rendre compte des prédications sans sujet et sans verbe.

ABSTRACT : This paper traces the history of the concept of predication back to Aristotle’s hypokeímenon-katêgórêma, and reconsiders the failed transfer of the concept from the domain of logic to the domain of linguistics. The notion of predication receives various definitions in different theoretical backgrounds and in many cases these can hardly be reconciled.

Facts provide evidence that the predicative function cannot be reduced to the sole nodal function of the verb, otherwise verbless or subjectless predications could not be accounted for.

Gilles Col : "Relation" ou "intégration" prédicative ? La prédication comme principe d’émergence du sens (p. 33)

RESUME :L’hypothèse défendue dans ce travail, à partir de l'exemple de l'évocation de l'avenir en anglais, est que prédiquer revient à faire "émerger" du sens. La prédication s'effectue en effet sur un mode intégratif et elle se "distribue" sur l'ensemble de l'énoncé. La notion de "prédication distribuée" permet de caractériser l'interaction entre les unités (grammaticales ou lexicales) de l'énoncé qui évoque le sens prospectif.

ABSTRACT : Using the example of the evocation of future time in English, the hypothesis developed in this paper is that to predicate means making the meaning of a sentence emerge from it. The act of predication is performed in an integrative mode.

Thus, it is distributed over the whole sentence. The concept of ‘distributed predication’ enables us to describe the interaction between the various linguistic units (both grammatical and lexical) of an utterance evoking future time.

Gérard Mélis : La prédication et ses arguments (p. 45)

RESUME :Comment formaliser le vague sentiment qu’une structure syntaxique telle que la phrase est "complète" ? La prédication (la mise en rapport d’un support et d’un apport de qualification) nous apparaît comme un schème de qualification qui met en jeu deux niveaux de propriété : identification (délimitation des propriétés définitoires d’un terme) et spécification (propriété additionnelle sur un terme déjà identifié). C’est l’étagement de ces deux niveaux qui peut servir de critère pour estimer à quel point une phrase est "complète".

ABSTRACT :Is it possible to formalise the vague intuition that a syntactic structure such as a sentence is “complete”? Predication (the connection between the target of a qualification and a qualifying expression) appears as an interplay between two levels of qualification: identification (defining properties of a term) and specification (additional properties modifying a term which is already identified). The interplay between these two levels can be used as a criterion to evaluate how “complete” a structure can be.

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Résumés / Abstracts 449

Laurent Danon-Boileau & Aliyah Morgenstern : Peut-on parler de prédication dans les premiers énoncés de l'enfant ? (p. 57)

RESUME :On a pu proposer de voir dans la structure prédicative l’une des constantes les plus fondamentales du langage humain : un énoncé serait constitué d’un sujet (ou support) et d’un prédicat. Or les premiers énoncés des enfants sont des énoncés à un mot (ou "holophrases") auxquels il faut associer le contexte dialogique et extra- linguistique ainsi que le posturo-mimo-gestuel. Nous tenterons de montrer qu’il faut attendre que la place de support soit instanciée linguistiquement pour que l’on puisse véritablement parler de fonction sujet dans ce que l’on imagine être la " grammaire"

de l’enfant.

ABSTRACT : Predicative structure has been considered as one of the fundamental features of language. An utterance is supposed to be composed of a subject (or support) and of a predicate. However, children’s first utterances are one word expressions (“holophrases”) and need to be combined to the dialogical and extra- linguistic context, as well as gestures and gaze. We will try to show that before we can speak of actual predications in children’s language, it is necessary to wait until the subject slot is linguistically implemented in their “grammar”.

Gilbert Lazard : La prédication implique-t-elle un sujet ? (p. 67)

RESUME : On distingue les langues "à servitude subjectale" (p.ex. les langues européennes) et les langues "sans servitude subjectale" (p.ex. les langues d'Asie orientale). Dans les premières, les phrases dites impersonnelles (et anti- impersonnelles) comportent un "sujet vide", c'est-à-dire une forme sans contenu sémantique. Les secondes admettent des prédications sans sujet et aussi des prédications dites "à double sujet", c'est-à-dire comportant deux termes traités semblablement comme des sujets.

ABSTRACT :Two kinds of languages should be distinguished: with obligatory subject (as European languages) and with no obligatory subject (as languages of East Asia).

In the former, so-called impersonal (and anti-impersonal) clauses comprise an "empty subject", i.e., a form with no meaning content. In the latter, there may be predications with no subject at all, and also so-called "two-subject predications", which comprise two terms similarly treated as subjects.

Marguerite Guiraud-Weber : La prédication sans sujet : le cas du russe (p. 77) RESUME : Le sujet en russe apparaît normalement sous la forme d’un substantif au nominatif ou de l’un de ses équivalents syntaxiques. Cependant l’expression du sujet n’est pas nécessaire : la prédication peut se réaliser avec un autre support. Outre les phrases traditionnellement appelées impersonnelles, d’où le nominatif est par définition exclu, il existe en russe plusieurs types de constructions sans sujet. Le plus souvent, l’absence du sujet y est due à certains mécanismes syntaxiques qui tendent à l’effacer et la prédication se réalise avec un autre support. Le présent article analyse différents types de support et montre la facilité avec laquelle la langue se passe du support prototypique qu’est le sujet du verbe.

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ABSTRACT :The subject in Russian normally appears as a noun in the nominative case or one of its syntactic equivalents. However, a subject in the nominative is not always necessary. Predication is possible by other means. In addition to the sentences traditionally called impersonal, which, by definition, don’t contain a noun in the nominative case, Russian has different types of subjectless predicative constructions.

They are the product of a number of mechanisms that allow for “erasing” the subject, so that the predication receives a syntactically different predicand. This article examines different types of possible predicand and shows how easily the Russian language dispenses with the prototypical subject of the verb.

Homa Lessan-Pezechki : Problèmes posés par la prédication en persan.

Approche contrastive persan / français (p. 87)

RESUME :fe'l qui signifie "faire" en arabe désigne la catégorie du verbe en persan et fâel, "celui qui fait, l’agent". Pour un certain nombre de linguistes iraniens plus proches de la logique moderne le verbe, fe'l, est le noyau du prédicat gozâre, et le sujet et les compléments verbaux sont présentés comme des arguments du prédicat verbal. Il faut noter que faire une prédication, c’est mettre en relation au moins deux éléments : un prédicat implique toujours un support de validation, qui peut ne pas apparaître dans l'énoncé. Dans ce cas, ce qui permet la validation, c'est le cadre spatio-temporel. Nous étudions dans cet article des prédications en persan dont le support de validation apparaît dans l'énoncé, mais pas sous forme de sujet.

ABSTRACT :fe'l, which means “to do” in Arabic, is equivalent to the notion of verb in Farsi and fâel, “he that does”, is the agent. For a number of Iranian linguists closer to the modern logic of the verb, fe'l is the core of the predicate gozâre and the subject and the verbal complements are presented as the arguments of the verbal predicate.

One must note that to make a predication is to put at least two elements in relation.

The distinctive feature of a predication is that it can be validated. A predicate always implies a support or a predicand that can remain unexpressed in the utterance. In this case, what permits its validation is the spatio-temporal framework of the coordinates.

We will examine some predications in Farsi where the support of their validation appears in the enunciation but not in the form of a subject.

Catherine Chauvin : Enoncés sans sujet et / ou sans verbe en anglais : prédication et processus de récupération contextuelle (p. 99)

RESUME :L’article traite des énoncés sans sujet et sans verbe en anglais : à partir d’un relevé de cas dans les dialogues du film Coup de Foudre à Notting Hill (2002) et le roman The Light of Day, de G. Swift (2004), l’article montre que ces énoncés ne sont pas aussi rares ni aussi "déviants" qu’on peut parfois le penser. Les types de cas sont ramenés ou bien à des contraintes sur la structure sujet / prédicat (énoncés dont le caractère prédicatif pose question), ou bien, majoritairement, à des processus de récupération contextuelle, aussi bien pour le sujet que pour le verbe, voire pour les deux. La comparaison des deux sources montre aussi que ces énoncés ne sont pas nécessairement plus "oraux", l’écrit littéraire (au style ici marqué) fournissant plus d’exemples que le film.

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Résumés / Abstracts 451

ABSTRACT :The paper is about subjectless and / or verbless utterances in English. The examination of the dialogues of the film Notting Hill (2002), and of G. Swift’s novel The Light of Day (2004) leads one to realize that such utterances are much more present than what is generally thought. We wish to show that these utterances are not (i.e., not necessarily) ill-formed, and that two types of factors may be at work: a) predicative status of the sentence, for cases that are non-predicative, or arguably so;

b) (mainly) problems of contextualisation and recoverability, both for subject and verb (sometimes for both). The comparison of the two sources also indirectly shows that these utterances are not necessarily a feature of more “spoken” or “casual”

speech, the number of examples being larger in the literary piece than in the film.

Pierre Cadiot : Jugement thétique et métaphore prédicative (p. 109)

RESUME :Nous montrons que la notion de jugement thétique proposée notamment par les philosophes Brentano et Marty, ainsi que par les linguistes Kuroda et Ulrich, n’est pas le pôle second d’une opposition catégorielle au jugement catégorique, mais correspond à un dédoublement interne en phases du sens, qui explique aussi bien l’absence de valeur actancielle de nombreux premiers arguments que certains aspects de l’idiomaticité et de la métaphoricité.

ABSTRACT :We show that the notion of thetic judgement should not be considered as a mere counterpoint to so-called categoric judgement, as is mostly implied by philosophers (Marty, Brentano) and some linguists (Kuroda, Ulrich). It is rather a phase in the inner genesis of virtually every type of sentence, and provides a new way of dealing with some dimensions of idiomaticity and metaphoricity.

Francis Cornish : L’absence de prédication, le topique et le focus : le cas des phrases "thétiques" (p. 121)

RESUME : L’objectif de cet article est de montrer que les propriétés morpho- syntaxiques, sémantiques et référentielles de phrases qui peuvent correspondre à des énoncés thétiques au niveau de l’emploi effectif, découlent, non pas de leur statut

“thétique” en tant que tel, mais de l’absence de prédication qui les caractérise.

Comme le sous-acte de prédication ou son absence est spécifié au niveau initial

"Interpersonnel" (pragmatique) que suit le niveau "Représentationnel" (sémantique) dans la dérivation d’un énoncé selon le modèle de la Functional Discourse Grammar de K. Hengeveld, les faits qui caractérisent les énoncés thétiques dans les différentes langues peuvent être aisément décrits et expliqués à partir de ce modèle.

ABSTRACT :The aim of this article is to show that the morpho-syntactic, semantic and referential properties of sentences corresponding to thetic utterances at the level of the actual use of a language flow, not from their “thetic” status as such, but from the lack of predication which is their hallmark. Since the sub-act of predication or its absence is specified at the initial “Interpersonal” (pragmatic) level, which is followed by the

“Representational” (semantic) level in the derivation of an utterance token within K.

Hengeveld’s Functional Discourse Grammar model, the facts characterising thetic utterances in the various langages may be easily described and accounted for in this model.

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Jack Feuillet : La notion de prédicat est-elle nécessaire dans certains types d’énoncés ? (p. 133)

RESUME :Cet article essaie de montrer que la division de la phrase en sujet + prédicat ne peut pas rendre compte de tous les énoncés: il y a des phrases sans sujet évident et d'autres où la détermination du prédicat est très difficile. Il semble préférable d'abandonner cette notion de prédicat qui n'est qu'un héritage dépassé de l'analyse logico-philosophique.

ABSTRACT :This paper aims at showing that the dichotomic division of the sentence into subject and predicate cannot account for all linguistic phenomena: there are sentences without subject and others where it is very difficult to determine the predicate. It would definitely be preferable to abandon altogether the notion predicate, which is an obsolete notion inherited from logical analysis.

2. Types et avatars – prédication de propriété ou d'événement, prédication verbale, nexus, conversions, prédication nominale –, place de la modalité

Jacqueline Guillemin-Flescher : Prédication de propriété (p. 145)

RESUME :Lorsqu’on parle de prédication de propriété, on désigne selon le cas une des structures suivantes : he teaches / il enseigne ; he is a teacher / il est enseignant / c’est un enseignant. L’objectif de cette étude est de préciser et d’expliquer ce qui les différencie et de relever les contraintes qui imposent ou, dans certains cas, qui favorisent l’emploi de l’une ou l’autre de ces structures. Les conditions sous lesquelles apparaît une prédication d’existence du type There was something strange about him seront également examinées.

ABSTRACT :The following structures are usually referred to as property predications:

he teaches / il enseigne; he is a teacher / il est enseignant / c’est un enseignant. The aim of this paper is to pinpoint and explain the differences between them and to specify the constraints that impose or, in certain cases, favour the use of one rather than another of these structures. The conditions which determine the use of existential sentences such as There was something strange about him are also examined.

Jean-Claude Souesme: Prédication, validation et actualisation (p. 157)

RESUME :Nous distinguerons différents stades de prédication. Si l’énonciateur choisit de demeurer au niveau prédicatif, il mentionne simplement les deux termes de la relation prédicative. Au niveau énonciatif, il peut aussi ne s’intéresser qu’à la mise en relation sujet-prédicat, en remontant au niveau prédicatif. Il peut aussi poser une relation prédicative comme validée, mais cela n’implique pas pour autant l’actualisation du procès dans l’extra-linguistique. Enfin, une relation peut être posée comme validée sans prise en charge énonciative.

ABSTRACT :Several levels of predication are to be distinguished. The utterer may remain on the predicative level by just mentioning the two terms of the predicative relation. On the enunciative plane, he can also take into account the relation itself, thus going back to the predicative plane. But he can posit the relation as validated too, which does not necessarily imply that the process itself has been actualized.

Finally, he can consider the relation as validated without asserting it personally.

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Résumés / Abstracts 453

Claire Blanche-Benveniste : Les nexus nominaux (p. 167)

RESUME :Le terme de "nexus" a servi à désigner une structure syntaxique particulière, qui exprime une relation prédicative sans la présence d’un verbe conjugué. La notion, réalisée selon différents types, est particulièrement utile pour décrire les regroupements de deux constituants qui manifestent des propriétés transitoires et qui sont repris en français par le pronom ça (la lumière dans les yeux, ça me fatigue). Il ne paraît pas utile de chercher à y rétablir des "sujets", ni de supposer qu’il y a eu élision d’un verbe.

ABSTRACT :Following Jespersen, O. Eriksson proposed an extensive use of the notion of "nexus", in order to describe some non finite predicates. The notion proves useful for French clauses which combine two constituents, and express stage-level properties; these “small clauses” entail the use of the pronoun ça as an anaphoric (la lumière dans les yeux, ça me fatigue / lit: light in my eyes, it tires me). Such “small clauses”, very frequently used in ordinary speech, can be described without using the notions of “elliptic verb” or “subject”.

Florence Lefeuvre : La structure argumentale des nominalisations prédicatives (p. 179)

RESUME : L’objet de cet article est d’étudier l’organisation argumentale dans les nominalisations prédicatives :

(1) Brusque changement de ton du même François Fillon, dimanche soir, sur TF1. (Le Nouvel Observateur)

Ces nominalisations peuvent être assertées sans problème lorsque sont connus leurs principaux arguments. Plusieurs syntagmes permettent de rendre compte de ces arguments, un groupe prépositionnel (1), un adjectif (2) :

(2) Huée générale (Le Monde) ou bien simplement le contexte (3) :

(3) Mais quand le juge le condamne à du sursis et à 6 mois de mise à l’épreuve, il ne supporte pas. Nouvelle fugue. (Le Nouvel Observateur, 26 juin- 2 juillet 2003) Ces nominalisations surviennent lorsqu’il s’agit de rhématiser une situation (état, activité ou événement).

ABSTRACT :The aim of this paper is to study the agentive structure in predicative nominalizations:

(1) Brusque changement de ton du même François Fillon, dimanche soir, sur TF1. (Le Nouvel Observateur)

These nominalizations can easily be asserted when the main agents are known.

Several phrases show what these agents can be: a prepositional phrase as in (1); an adjective as in (2),

(2) Huée générale (Le Monde) or merely the context, as in (3),

(3) Mais quand le juge le condamne à du sursis et à 6 mois de mise à l’épreuve, il ne supporte pas. Nouvelle fugue. (Le Nouvel Observateur, 26 juin- 2 juillet 2003) They occur when the situation (state, activity, or event) has rhematic status within the sentence.

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Claude Delmas : Un type de prédication problématique (p. 191)

RESUME :La présente étude s’intéresse à un type particulier de prédication, celle qui résulte du passage de la catégorie du nom propre à celle du verbe. On postule un certain nombre de propriétés facilitatrices. Ces dernières concernent les domaines de la syntaxe, de la morphologie, de la sémantique. La dimension sémantique suppose la récupération de relations argumentales (agent, patient, et instrument). L’analyse tente de montrer que l’interprétation s’appuie sur des déterminations énonciatives et discursives voire pragmatiques, qui ne peuvent être contournées.

ABSTRACT :This study addresses a specific kind of denominal predications. It deals with the category of verbs which are derived from proper names. It is assumed that a number of facilitating conditions must be met. These conditions are concerned with syntax, morphology, and semantics. The semantics of this kind of predication involves recovering a certain number of roles (agent, patient, instrument). The aim of the article is to show that the interpretation of this kind of predication involves discourse and pragmatic principles.

Mehmet Cicek & Christian Bassac : Morphologie de la prédication verbale et non verbale en turc (p. 203)

RESUME :Cette esquisse a pour objectif de montrer que la prédication nominale et la prédication verbale en turc peuvent se laisser analyser selon les mêmes principes, à l’aide des mêmes outils morphologiques. Cette hypothèse de description repose sur une analyse des morphèmes flexionnels verbaux en deux classes distinctes construites à partir des propriétés définitoires de chaque classe, une propriété fondamentale de ce point de vue étant la possibilité ou non pour ces morphèmes de se combiner entre eux. Cette hypothèse conduit alors à une remise en question de la théorie de l’inflexion structurée de façon complexe et plaide pour un modèle lexicaliste fort de la construction des formes verbales fléchies.

ABSTRACT :The aim of this article is to show that in Turkish nominal predication and verbal predication can be accounted for by the same principles and morphological tools. This hypothesis is built on the existence of two distinct classes of inflexional morphemes which display various relevant structural properties, crucially involving the ability of two morphemes to combine with each other, or for a given morpheme to be affixed twice. The overall architecture of the grammar that emerges then is one in which a strong lexicalist approach to verbal construction is better motivated than that of richly structured I.

Tsuyoshi Kida & Martine Faraco : Prédication gestuelle (p. 217)

RESUME :Le but du présent travail est de montrer comment le non-verbal (intonation et geste manuel) est impliqué dans la structuration en sujet-prédicat. Après avoir observé la prédication gestuelle ordinaire — où textuel, intonation et geste convergent —, sont dégagés anticipation et retard gestuels par rapport à la chronologie du discours. Ceci corrobore l’idée que le geste peut s’affranchir de l’univers textuel du discours pour contribuer de façon autonome et originale à la prédication.

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Résumés / Abstracts 455

ABSTRACT : The goal of our contribution is to show the role of the nonverbal component (intonation and gesture) in the subject-predicate structuring of the spoken material. We first discuss the ordinary gestural predication which is characterised by the convergence between the textual material, the intonation and the gesture. Further we point out the cases where the gestural anticipation or the gestural delay in relation to the discourse chronology are observed. This observation goes in the sense of the hypothesis that the gesture could get free from the textual component of the discourse in order to contribute to the predication in its original and independent manner.

Anna Khaldoyanidi & Mary-Annick Morel : Prédication et focalisation à l’oral en russe et en français. Propriétés intonatives et mimico-gestuelles (p. 227)

RESUME : La focalisation exclusive "focus + postfocus" en russe et en français présente des différences : le russe n’a pas d’équivalent du dispositif syntaxique c’est…qui/que du français et la focalisation se caractérise par un déplacement de l’accent de phrase sur l’argument focalisé placé en position initiale. Les deux langues présentent cependant des propriétés comparables au plan intonatif et mimico-gestuel : le postfocus est accompagné d’une forte chute de la mélodie et du maintien en registre bas jusqu’à la finale ; le regard de celui qui parle reste fixé sur son interlocuteur pendant la production de la structure focalisée ; enfin le focus est marqué dans les deux langues par la tension et l’élévation du buste (et parfois du menton) en direction de l’autre, alors que le postfocus est accompagné d’un relâchement de cette tension. La hiérarchisation opérée par la focalisation exclusive se marque donc de manière iconique dans les deux langues.

ABSTRACT : Exclusive focalisation "focus + postfocus" has different properties in Russian and in French: Russian has no syntactic construction equivalent to c’est…qui/que in French, and focalisation is characterized by a shift of the pitch accent to the focused component occupying the sentence initial position.

Nevertheless, both languages have common intonational and gestural properties, namely: the postfocus is accompanied by a sharp fall of melody and low pitch up to the end of the utterance; the speaker gazes fixedly at his, or her, co-speaker during the production of the focalized structure; finally, the focus is marked in the two languages by the tension and rise of the chest (and the chin, sometimes) in the direction of the addressee, while the postfocus is accompanied by the slackening of this tension. The hierarchy operated by exclusive focalisation is thus marked iconically in both languages.

Sophie Herment Dujardin : Prédication et emphase en anglais : le rôle de la prosodie (p. 243)

RESUME :Les liens entre syntaxe et prosodie sont largement reconnus mais restent très difficiles à déchiffrer. Il est admis que l’on peut parler d’emphase purement prosodique, mais que se passe-t-il au niveau prosodique lorsque l’emphase est syntaxique ? Si l’on se place sous l’angle de la prédication, l’analyse acoustique de certaines structures syntaxiques de focalisation - telles que les extrapositions, les clivées ou l’insertion du do emphatique - permet l’ébauche de quelques hypothèses.

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ABSTRACT :The links between prosody and syntax are well-known but they remain difficult to define clearly. It is admitted that emphasis can be manifested only prosodically. But what happens at the prosodic level when the emphasis is syntactic?

The notion of predication reveals helpful in the acoustic analysis of different syntactic structures of focalisation – such as extrapositions, cleft sentences or emphatic do – and makes it possible to risk a few assumptions.

Philip Miller : Prédication et évidentialité : de l’emploi copule des verbes de perception en anglais (p. 253)

RESUME :Cet article présente une hypothèse sur la source de l'utilisation des verbes de perception (look, feel, smell, taste, sound) comme copules évidentielles (cf. He looks happy) et propose une analyse synchronique en termes montée du sujet en position sujet. Il est montré que les propriétés de contrôle apparentes doivent en fait être analysées comme des implicatures conversationnelles plutôt que comme indicatives d'une analyse ambiguë entre montée et contrôle.

ABSTRACT :This paper presents a hypothesis on the source of the use of perception verbs (look, feel, smell, taste, sound) as evidential copulas (as in He looks happy), and proposes (contra Gisborne 2000) a synchronic analysis of them as subject-to-subject raising verbs. It is shown that apparent control-like properties should in fact be analyzed as conversational implicatures rather than as evidence for an ambiguity between raising and control.

Lucie Gournay : L’inversion locative : un cas particulier de prédication (p. 263) RESUME :Argumentant contre les hypothèses pragmatico-discursives, selon lesquelles l’inversion locative (IL) est motivée par une organisation informationnelle dans l’énoncé, je montre, m’appuyant sur des propriétés formelles, que l’IL est la trace d’une prédication "objectivée" qui se caractérise par une non prise en charge d’un énonciateur singulier. Ensuite, je réponds aux questions : pourquoi existe-t-il en IL une telle variété de verbes en français (alors qu’en anglais, peu de verbes sont attestés) et pourquoi est-il impossible d’avoir la copule en français (alors qu’en anglais BE est majoritaire) ? C’est la prédication "objectivée" qui restreint les formes ou valeurs aspectuelles en IL. Ces restrictions ont des effets opposés dans les deux langues du fait de l’interaction avec leurs systèmes aspectuels respectifs.

ABSTRACT : Arguing against pragmatico-discursive hypotheses according to which locative inversion (LI) encodes an informational pattern, I put forward ample evidence showing that LI marks a non-speaker-based predication (in French prédication objective). In a second part, I answer the following questions: how is it that in French verbs allowed in LI are so much more varied than in English? And why is the copula impossible in French, when BE is so frequent in English? The non- speaker-based predication at stake in LI implies aspectual and modal restrictions in both languages which interact with the aspectual system available in French and English respectively, thus explaining the opposite verbal constraints.

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Résumés / Abstracts 457

Nicolas Ballier : La relation argumentale dans la complétive du nom en fact (p. 277)

RESUME :Cet article envisage les propositions en that du type the fact that…. A partir de l'analyse sémantique de l’opacité de la prédication de factivité, il est montré que la proposition en that ne constitue pas un objet syntaxique mais un dictum dont le nom recteur fact constitue le modus. Quelques conséquences théoriques de ce modus dans la syntaxe sont esquissées.

ABSTRACT :This paper deals with the predication of noun complement clauses where the head noun is fact. Elaborating on Frege and on Kiparsky, I show that the relationship between the that-clause and its head noun is not primarily a syntactic one; rather, the that-clause should be seen as a dictum with fact as the modus. This claim is supported by semantic arguments inspired by Halliday's projections and Grice's tests for non-natural meaning.

3. Dédoublements, co-prédication

Jean-Michel Benayoun : Prédication, existence et signification – Du deuxième sens au double sens (p. 289)

RESUME : S’intéresser à la production du sens revient à en détailler les étapes essentielles en commençant par ce qui conditionne la signification. Sens et signification ne sont pas de simples vecteurs sur l’axe de la communication. L’un et l’autre capitalisent un ensemble de paramètres situationnels, contextuels et discursifs pour faire apparaître parfois des juxtapositions non congruentes. Cette mise en combinatoire-là est à l’origine de la création du "double sens" dont nous analysons ici la production en élaborant de véritables systèmes – binaires, le plus souvent – susceptibles de révéler les étapes de cet encodage.

ABSTRACT :When we focus on meaning-production, we must articulate its essential steps, beginning with the conditions of signification themselves. Sense and signification are not mere vectors on the axis of communication: both capitalise in situational, contextual and discursive parameters, to create juxtapositions that are sometimes not congruent. These non-congruent juxtapositions can generate ‘double meaning’, the production of which we will analyse, elaborating often genuine binary systems. These systems can unveil the deep structure of the encoding process.

Denis Jamet : Que prédique-t-on dans un énoncé métaphorique ? (p. 301) RESUME :L’hypothèse principale de cet article, qui se propose d’étudier la prédication métaphorique, se base sur le fait que cette structure de nature conceptuelle laisse des marques linguistiques lors de son énonciation, marques présentes sous la forme d’un supplément de structure, et plus particulièrement d’une "prédication seconde". La mise au jour des traces linguistiques de ce que l’on est en droit d’appeler l’opération d’énonciation métaphorique constitue l’axe de recherche privilégié, aussi bien dans le corpus anglais que français.

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ABSTRACT :The main hypothesis of this article which aims to study metaphorical predication is confirmed by the fact that this conceptual structure leaves traces when uttered in a specific situation of utterance; these traces are visible in the form of an additional structure and, more particularly, of a secondary predication. The examination of the linguistic traces of what we are entitled to call the utterer-centered approach to metaphorical operation constitutes the privileged central theme, and its application to the English and French corpora throws new light on metaphor.

Jean-Charles Khalifa : Identification et double prédication dans les clivées de l’anglais (p. 313)

RESUME : Dans cet article, on s’interroge sur la valeur de la copule BE dans les structures clivées de l’anglais. En partant de la syntaxe, et en utilisant sémantique formelle et pragmatique, nous tentons d’expliquer certains blocages sur les constituants susceptibles d’apparaître à droite de la copule. Finalement, nous proposons une analyse d’un type très particulier de clivées inverses dont le mécanisme s’en trouve éclairé.

ABSTRACT : This paper addresses the value of the BE copula in English cleft constructions. On the basis of their syntactic analysis, and using a variety of semantic and pragmatic tools, we try to explain a number of constraints on the constituents that may occur to the right of the copula. We then proceed to propose an analysis of a peculiar type of inverse clefts.

Jacques François & Morgane Sénéchal : Le sémantisme propre des cadres prédicatifs et la polysémie des verbes de production de parole (p. 325) RESUME : Dans cet article, nous nous proposons de tester sur une classe de verbes français la thèse d’Adele Goldberg (1995) selon laquelle certains types de structures argumentales (appelées ici "cadres prédicatifs" dans le prolongement de François 2003) présentent un sémantisme propre, en sorte que différents types de polysémie verbale – que D. Willems (2005) classe comme "réguliers" et "syntaxiques" – sont analysables en termes de greffe entre deux cadres prédicatifs, l’un primairement attaché au verbe et l’autre fonctionnant comme greffon. Nous nous attachons particulièrement à la greffe d’une construction verbale à un cadre prédicatif divalent (lui-même éventuellement issu de la greffe d’un actant à un cadre prédicatif monovalent) dans le domaine des verbes de production de parole, par exemple : Marie crie (qch) (à qn) > Marie crie à qn de faire qch ; Paul demande (qch) (à qn) >

Paul demande à Marie de faire qch > Cela demande qch {un effort / de la bonne volonté / etc.} à Marie.

ABSTRACT :This paper sets out to test Adele Goldberg’s thesis on a class of French verbs. Goldberg’s thesis is that argument structures (called predicative frames after François 2003) have meanings of their own, in such a way that various types of verbal polysemy – regular types or syntactical types in Willems’s typology (2005) – can be analysed in terms of grafting of a predicative frame upon another predicative frame. This article is based on the study of the graft of a verbal construction upon a divalent predicative frame (itself possibly the result of the grafting of an argument on a monovalent predicative frame), in structures such as Marie crie (qch) (à qn) >

Marie crie à qn de faire qch; Paul demande (qch) (à qn) > Paul demande à Marie de faire qch > Cela demande qch {un effort / de la bonne volonté / etc.} à Marie.

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