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Thomas Pradeu. Les Limites du soi: Immunologie et identité biologique (Montréal (Québec) Presses de l’université de Montréal; Paris: Vrin, 2009), 15,3 × 22,8cm, 396 p.

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Thomas Pradeu. Les Limites du soi: Immunologie et identité biologique (Montréal (Québec) Presses de l’université de Montréal; Paris: Vrin, 2009), 15,3 x

22,8cm, 396 p.

Caroline Petit

To cite this version:

Caroline Petit. Thomas Pradeu. Les Limites du soi: Immunologie et identité biologique (Mon- tréal (Québec) Presses de l’université de Montréal; Paris: Vrin, 2009), 15,3 x 22,8cm, 396 p.. 2013,

�10.3917/rhs.661.0213�. �hal-01497611�

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Thomas P

RADEU

, Les Limites du soiþ : Immunologie et identité biologique (Montréal (Québec)þ: Presses de l’université de Montréalþ; Parisþ: Vrin, 2009), 15,3 × 22,8þ cm, 396 p., bibliogr., index, «þAnalytiquesþ», 18.

Avec les notions de soi et de non-soi, l’immunologie contemporaine considère qu’elle a réglé la question de l’identité biologique. Ce n’est pas l’avis de Thomas Pradeu, qui critique dans son ouvrage la validité de la théorie du soi et se propose d’éclairer autrement l’apport de l’immunologie au problème de l’identité bio- logique. Sa thèse repose sur la proposition d’une nouvelle théorie qu’il soumet aux biologistesþ: la théorie de la continuité présentée dans cet ouvrage.

L’immunologie s’attache à déterminer les conditions dans lesquelles une entité déclenche une réaction de rejet de la part du système immunitaire, c’est-à-dire à définir un critère d’immunogénicité. La question de l’identité de l’organisme occupe une place de choix au sein de l’immunologie dès la fin du XIXeþsiècle, où l’immunité est déjà pensée à partir de l’opposition entre ce qui est propre à l’organisme et ce qui lui est étranger. La conceptualisation d’un soi immuno- logique s’exprime alors au travers de l’affirmation d’un lien entre immunité et identité (Élie Metchnikoff et Charles Richet), de la thèse de l’horror autotoxicus (Paul Ehrlich), et des expériences de greffe. C’est Frank M. Burnet qui introduit en 1940 les termes de soi et de non-soi hérités de la philosophie et de la psychologie pour illustrer sa vision écologique de l’organisme, vision qu’il délaissera peu à peu au profit d’une définition génétique de l’organisme. La contribution majeure de Burnet est d’avoir posé la discrimination entre le soi et le non-soi comme ques- tion fondamentale de l’immunologie et d’avoir montré que cette distinction n’était pas innée mais acquise. C’est pendant le développement que l’organisme apprend à ne pas s’attaquer lui-même et que les cellules qui reconnaissent le soi sont éliminées par le système immunitaire en formation (apprentissage du soi).

Une fois la maturation du système immunitaire achevée, le soi est fixé et la fron- tière entre le soi et le non-soi immuable. Burnet propose une théorie explicative de l’immunité qui repose sur deux affirmations centralesþ: «þL’organisme déclenche une réponse immunitaire contre toute entité étrangère (non-soi), et l’organisme ne dé- clenche pas de réponse immunitaire contre toute entité qui lui est propre (soi).þ» Cette théorie du soi et du non-soi reste le cadre explicatif dominant aujourd’hui.

Après avoir posé les jalons historiques, conceptuels et expérimentaux du concept immunologique du soi, Thomas Pradeu consacre un chapitre à montrer que la théorie du soi peine à expliquer des observations expérimentales telles que l’auto- immunité normale (l’élimination des cellules mortes du soi par les macrophages, par exemple) et la tolérance immunitaire (aux micro-organismes ou de la mère pour son fœtus, par exemple). Les arguments qu’il utilise, au plus proche des connaissances scientifiques récentes, l’amènent à conclure que les deux affirma- tions fondatrices de la théorie du soi sont faussesþ: «þIl est faux de dire que le sys- tème immunitaire ne répond pas au soiþ» (p.þ109), et «þIl est faux de dire que le système immunitaire déclenche une réponse contre tout non-soiþ» (p.þ140). C’est le point de départ de la réflexion théorique de l’auteur, qui propose dans le cha- pitre suivant une autre théorie dans laquelle le système immunitaire ne réagit pas avec les entités qu’il rencontre en fonction de leur origine (endogène/soi ou

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Analyses d’ouvrages

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Tome 66-1

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janvier-juin 2013 exogène/non-soi) mais en fonction de leur caractère de «þnouveautéþ». Cette théo- rie de la continuité se fonde sur un critère d’immunogénicité différent. Ce qui dé- clenche une réponse immunitaire n’est plus «þl’étrangerþ» mais une discontinuité antigénique importante, qualitative ou quantitative. Les cellules immunitaires interagissent continûment avec les antigènes présents dans l’organisme et c’est seulement lorsque leurs interactions deviennent inhabituelles qu’elles provoquent une réponse visant à détruire l’antigène. Dans cette théorie relevant de la biologie moléculaire, la réaction immunitaire est normale et habituelle tandis que la ré- ponse immunitaire fait suite à une interaction inhabituelle. Le déroulement de la réponse immunitaire dans cet autre cadre explicatif est exposé dans l’ouvrage dont une bonne partie relève du domaine de la biologie théorique. Ainsi, la théo- rie de la continuité, qui interroge aussi la frontière entre immunité innée et immu- nité adaptative, vise à expliquer l’origine de la réponse immunitaire et la tolérance immunitaire, et le cadre explicatif qu’elle propose a pour ambition de s’appliquer à tous les organismes vivants, y compris aux plantes et aux unicellulaires.

L’auteur, qui se positionne clairement dans le débat au sein de la communauté des philosophes des sciences en faveur de l’existence de théories en biologie, revendique le statut épistémologique de théorie pour son travail d’immunologie.

Il se propose de la confronter aux théories systémiques de l’immunité ou à la théo- rie du danger. Il nous aurait paru intéressant dans ce chapitre qu’il engage aussi une réflexion sur l’articulation de sa théorie avec le modèle immunométabolique proposé par Pierre Sonigo dans Ni Dieu ni gène3, modèle qu’il ne mentionne pas, et qui pourtant s’inscrit dans une vision écologique de l’organisme à laquelle l’au- teur souscrit dans sa conclusionþ: «þIl est temps d’écologiser l’immunologieþ», écrit-il (p.þ335). De même, il aurait été intéressant de soumettre la thèse de l’hy- giène, selon laquelle l’exposition à certains pathogènes aurait un rôle protecteur vis-à-vis du développement des allergies et des maladies auto-immunes, au cadre explicatif de la théorie de la continuité.

Dans la suite de l’ouvrage, plus ancrée dans le domaine de la philosophie de la biologie, les enjeux métaphysiques posés par les concepts de l’immunologie sont abordés. Si le concept immunologique du soi contribue à définir l’identité biolo- gique comprise comme l’unicité d’un être vivant, il n’est pas le seul puisque toutes les disciplines de la biologie sont convoquées pour instruire cette question. Selon Thomas Pradeu, ce qu’apporte spécifiquement l’immunologie au problème de l’identité, c’est un critère d’individuation permettant de définir l’organisme comme une unité discrète et cohésive à travers le temps. Il propose une nouvelle définition de l’organisme plaçant le système immunitaire au fondement de l’indi- viduation physiologique de l’organisme. L’immunité, en décidant ce qui est accepté ou rejeté par l’organisme, trace la frontière spatiale entre l’organisme et son environnement, entre l’intérieur et l’extérieur qu’il prend soin de ne pas confondre avec l’endogène et l’exogène. De cette perspective découle une vision dynamique et hétérogène de l’organisme dont l’identité se redéfinit continûment au gré des incorporations et des éliminations d’entités endogènes ou exogènes, et dont le maintien au cours du temps pour assurer la «þmêmetéþ» de l’organisme n’est pas un maintien à l’identique garanti par une conservation de l’intégrité mais 3 - Jean-Jacques Kupiec, Pierre Sonigo, Ni Dieu ni gèneþ: Pour une autre théorie de l’héré-

dité (Parisþ: Éd. du Seuil, 2000), «þScience ouverteþ».

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le fruit de la continuité des interactions immunitaires. Le système immunitaire est lui-même hétérogène puisque les bactéries commensales contribuent activement à éliminer les bactéries exogènes pathogènes. Ainsi, à la vision internaliste du soi immunologique se substitue une vision interactionniste de l’identité biologique, dans la conception coconstructionniste proposée par Richard C. Lewontin et Susan Oyama, dans laquelle l’organisme et son environnement s’interpénètrent.

L’organisme n’est pas un pur produit de ce qui est en lui dès l’origine mais il se détermine en fonction de la manière dont il intègre en lui l’extérieur ou l’autre, rendant le distinguo entre in ence de l’environnement et in uence génétique sur l’identité biologique obsolète.

Ce livre a le mérite de présenter claire ment les problèmes théoriques de l’immu- nologie, même si les immunologistes ont bien conscience, dans leur pratique, de la limite de la métaphore du soi. Il ouvre sans conteste la voie à de nouvelles pistes de recherche et invite à repenser l’organisme comme une entité ouverte sur, et s’enrichissant de, l’extérieur en permanence. Cette hétérogénéité de l’organisme, envisagée ici uniquement sous l’angle de l’immunologie, donne matière à appro- fondir la question de l’identité biologique, qui mériterait d’être développée au- delà de l’immunologie moléculaire. Thomas Pradeu invite au dialogue entre immunologistes et philosophes et son ouvrage illustre parfaitement en quoi l’immunologie peut contribuer au débat philosophique.

Caroline PETIT

Roshdi R

ASHED

, D’al-Khw 0rizm 1 à Descartesþ: Études sur l’histoire des mathématiques classiques (Parisþ: Hermann, 2011), 17 × 24þcm, 804 p., index.

Il s’agit d’un gros livre, mais aussi d’un grand livre. Roshdi Rashed y a rassemblé et organisé «þquelques résultatsþ» de ses travaux passés comme historien des mathématiques.

On y trouve une thèse générale selon laquelle il convient de repenser la périodi- sation de l’histoire des mathématiques la plus répandue, celle qui soutient l’émer- gence rapide et plutôt discontinue des d érents «þchapitresþ» des mathématiques en Occident à l’âge classiqueþ; non seulement la périodisation, mais encore l’homogénéité de développement de cette discipline doit être changée. L’auteur nous invite à considérer et donc à comprendre (si l’on est du métier, à travailler) cette histoire des mathématiques très di éremmentþ; elle est bien plus disloquée puisque les chapitres relevant de la géométrie plane, par exemple, n’ont pas la même histoire que ceux qui relèvent de l’algèbre, ou de la géométrie in nitési- male, etc. Elle est bien plus continue aussi puisqu’au lieu de résulter d’un brusque épanouissement qu’on situe au XVIe ou XVIIeþsiècle, les mathématiques ont suivi de longs chemins qu’il faut reconstituer avec patience et qui ont pour point commun de détourner de la thèse simpliste d’une révolution mathématicienne générale et occidentale au XVIe ou XVIIeþsiècle. Les chemins passent par la Grèce antique, par les auteurs de langue arabe (beaucoup et longuement), par les Latins médiévaux, par les humanistes, avant d’atteindre les temps modernes.

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