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Les dimensions de l'analyse pragmatique du discours dans une approche expérientielle et systémique de la compétence discursive

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Les dimensions de l'analyse pragmatique du discours dans une approche expérientielle et systémique de la compétence discursive

AUCHLIN, Antoine

AUCHLIN, Antoine. Les dimensions de l'analyse pragmatique du discours dans une approche expérientielle et systémique de la compétence discursive. In: Verschueren, J. Pragmatics in 1998: Selected papers from the 6th International Pragmatics Conference. Anvers : IPrA, 1999. p. 1-22

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:28500

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in Verschueren J. (éd.) (1998), Pragmatics in 1998: Selected papers from the 6th International Pragmatics Conference, Anvers, IPrA, 1-22.

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LES DIMENSIONS DE LANALYSE PRAGMATIQUE DU DISCOURS DANS UNE APPROCHE EXPERIENTIELLE ET SYSTEMIQUE

DE LA COMPETENCE DISCURSIVE

Antoine Auchlin Université de Genève

0. Avant-propos1

Il m’a fallu pas mal de temps pour comprendre que la différence qui m’intéresse au fond dans le débat que je voudrais tenir est celle entre “discours au présent” et “discours au passé”. Je m’intéresse au discours au présent, en tant qu’il se tient, dans le “maintenant” (complexe) de son occurrence. Il est non seulement causalement premier par rapport au discours au passé (quel qu’en soit le mode de rétention); il a en outre sur le discours au passé un avantage considérable: au présent, le discours envisage d’autres discours possibles; il n’en réalise qu’un. S’il est utile de se rappeler que les discours possibles sont en nombre infini, convient-il de n’observer que ceux qui sont déjà advenus? Roulet localise dans la structure hiérarchique, qui contient la récursivité dans ses principes internes de composition, l’”explication” du fait que les discours possibles sont en nombre infini. Mais en réalité la dimension hiérarchique n’est responsable que de la possibilité de noter virtuellement tout cas de figure (encore une fois: à condition qu’il soit advenu comme cas de figure); ce qui est responsable de cette infinité de discours possibles, c’est le principe même du choix discursif: les discours possibles sont également imprédictibles, et c’est parce que, en ce qu’ils sont imprédictibles qu’il est pertinent d’envisager l’infinité de leurs manifestations possibles.

Tout discours au passé a été discours au présent. C’est ce que j’appellerais volontiers le “principe d’occurrence”, dont j’énumère ci-dessous huit aspects qui me paraissent importants:

1. “Principe d’occurrence”: tout discours-produit (discours au passé) suppose au moins une occurrence-de-ce discours (il doit “avoir eu lieu”)2. Les unités de la syntaxe ne sont pas soumises à ce principe (cf.2.2).

1 Je remercie Anne Grobet et Kim Stroumza pour leurs remarques et commentaires sur les états antérieurs de ce texte.

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2. Toute occurrence de discours est une occurrence pour quelqu’un, et suppose une expérienciation langagière. Toute expérienciation langagière mobilise du temps.

3.1. L’interprétation est une partie de l’expérienciation; l’interprétation a.

dépend des aspects liminaires-perceptifs de l’expérienciation, et b. détermine et est déterminée au moins partiellement par ses aspects terminaux psycho- affectifs (accord-désaccord, par exemple) et moteurs (réponse, enchaînement);

comme partie de l’expérienciation, l’interprétation peut être réduite à l’ensemble vide (voir un certain nombre de travaux dadaïstes), mais cela semble une situation limite: l’enjeu, et le seul critère, est le maintien d’une expérience subjective consistante, lorsqu’il n’y a pas de sens conceptuel, par les jeux rythmiques et les associations de timbres dans la chaîne.

3.2. En première approximation, l’interprétation c’est l’ensemble des informations conceptuelles activées pertinentes pour le traitement d’une occurrence; l’expérienciation c’est l’ensemble englobant qui contient également ce qui est manifeste lors du traitement de l’occurrence.

4. L’expérienciation retient ainsi des caractéristiques temporelles - périodiques comme le rythme et sa structuration propre, en fonction du type de contraintes qui lui donnent lieu: “dirigistes” (in praesentia), à l’oral, “instructionnistes” (in absentia) à l’écrit; mais aussi des caractéristiques “structurelles” de l’expérienciation, comme l’intensité à l’oral, ou la taille des caractères, des lignes, etc. à l’écrit.

5. Du point de vue expérientiel, le discours excède l’énoncé en ce qu’il donne à l’énoncé un horizon de déploiement temporel. Il n’y a pas de continuité expérientielle au niveau de l’énoncé, mais seulement l’expansion d’un temps unique (fixant une unique référence temporelle, un point dans le temps). La construction d’une séquence de segments temporels dilatés considérés successivement comme “maintenant” est constitutive du “discours” (= en est une condition nécessaire et définitoire).

6. La pratique même de l’analyse du discours, alors même qu’elle se donne imaginairement une matière première déjà constituée (immanence), n’échappe pas pour autant au principe d’occurrence: d’une part, sa matière première,

“n’importe quel (type de) discours”, se limite en fait au sous ensemble de ceux qui sont déjà advenus; d’autre part, c’est un fait empirique que, pour pouvoir

“analyser un discours”, il est souvent nécessaire de se livrer à plusieurs ré- occurrences, plusieurs ré-expérienciations successives, de ses segments linguistiques; c’est notamment nécessaire pour détailler notre perception des attitudes engagées; mais aussi pour détailler les micro-unités de la chaîne, la

“micro-structure perceptuelle” - pourtant donnée et manifeste.

7. L’aptitude humaine à former de telles expériences subjectives (i.e. des discours) sur la base du traitement séquentiel de segments linguistiques se nomme la compétence discursive. L’expérienciation discursive est le fonctionnement même de la compétence discursive.

2 Cf. Roulet (1998:1): “J’utilise le terme discours (...) pour désigner tout produit d’une interaction à dominante langagière (...)”; Berrendoner (1997:112): “Par discours, j’entendrai l’ensemble des manifestations signifiantes qu’actualisent les partenaires d’une interaction communicative (...)” (l’un et l’autre cités plus loin dans le texte § 2.1; italiques de moi).

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8. L’idée qu’il existe quelque chose comme “le discours” qui échappe au principe d’occurrence est une fiction.

(Ceci suffit à énoncer les principes généraux principaux. Le lecteur pressé peut passer directement au traitement des exemples, partie 6-7; les parties 1 à 5 sont de simples développements des points ci-dessus.)

1. Du discours; illusion immanentiste, péril réductionniste, salut expérientialiste

Avant de m’intéresser en particulier à deux des plans d’organisation du discours que distingue l’approche modulaire de Roulet et son équipe, j’aimerais pointer un certain flou concernant ce qu’il faut entendre par “discours”, et plus précisément par “LE discours”.

1.1. Différentes conceptions sont en présence, antagonistes et incompatibles.

Pour certains, le discours “n’est pas une entité scientifiquement pertinente”

(Reboul & Moeschler 1997, 1998), et, pour ce qui concerne son analyse, elle peut être réduite à l’examen de la somme des problèmes que pose l’énoncé. De leur point de vue, qu’ils qualifient de réductionniste, Reboul et Moeschler adressent deux critiques aux tenants d’un - postulé mais nébuleux - courant pratiquant l’analyse de discours3. Si j’en comprends bien l’essence, ces deux critiques consistent à dire, d’une part, que les tenants de l’analyse de discours ne fournissent pas de définition de leur objet, et d’autre part qu’à la faveur de ce flou définitionnel ils construisent une entité virtuelle, “le discours”, dont ils font “l’analyse”, sans voir que ce qu’ils prétendent analyser est autre chose que ce qu’ils croient ou disent: bien davantage un produit cognitif qu’un produit strictement linguistique.

Sous cette forme, je me rallie à ces critiques, mais la position que je voudrais soutenir vise à les dépasser.

1.2. Car pour autant, je ne soutiens pas la thèse de Reboul et Moeschler selon laquelle il n’y aurait, dans une échelle de complexité, rien au-dessus de l’énoncé. Je défends au contraire, tout en cherchant à lui donner un contenu spécifique, l’idée que “le discours” existe: au delà de l’énoncé, il y a une continuité expérientielle pilotée par des séquences d’énoncés, et c’est cela que l’on nomme “discours”. Cette continuité expérientielle est le produit de la compétence discursive. Ainsi, dans cette optique, “analyser du discours” cela revient à rendre compte du fonctionnement de la compétence discursive en tant qu’elle produit de l’expérience subjective en traitant des séquences d’unités linguistiques. Cela demande de dépasser le cognitivisme “de première génération”, au profit d’un cognitivisme que l’on pourrait dire de seconde génération, cognitivisme “sensuel”4. L’interprétation du discours, au sens aujourd’hui classique de traitement et manipulations (“procédures”) de représentations conceptuelles, ne constitue, dans cette optique, qu’un sous-

3 En majuscules dans leur texte pour indiquer qu’il s’agit d’une entité collective définie par un credo tacite commun.

4 Le terme est de Ouaknin 1989; les bases d’un tel cognitivisme, dit enactive, chez Varela & al.

1993; Varela 1996.

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ensemble des faits qui constituent “le discours”: par discours on entend ce qui résulte du traitement d’une séquence d’unités verbales par une compétence discursive particulière. Ce qui résulte d’un tel traitement est une expérience intra-subjective à laquelle participe potentiellement une personne entière, et pas seulement son “environnement cognitif”.5 Les ressorts par lesquels l’organisme entier participe au traitement des séquences verbales sont d’une part l’intérêt, et d’autre part la polarisation hédonique (bon-mauvais) (“valence affective”, Martins 1993).

Comme expérience intra-subjective, elle fixe minimalement: i. un

“maintenant” à elle-même; ii. un horizon temporel à ce maintenant.

Conséquence nécessaire et hautement souhaitable de cette position:

lorsque on parle du “sens” (par exemple d’un texte) on entend un mélange de données interprétatives, i.e. représentationnelles issues de divers traitements conceptuels-inférentiels, et de données sensorielles, qui sont à la fois initiales (issues de la saisie même des “inputs”) et terminales, i.e. résultant du traitement interprétatif et constituant son terme et sa finalisation ultime (c’est bien de modifications des environnements cognitifs qu’il s’agit, mais vues sous l’angle de la personne).

Dans diverses communications antérieures, je me suis centré essentiellement sur les aspects terminaux de cette participation de la personne, affects résultants de la régulation parolière accomplie, et conséquences de celle-ci (“endogènes”), mais aussi affects externes présentés par la parole et donnés à (re)vivre par elle (affects “exogènes”). Mais il faut évidemment considérer également la question de la perception initiale, comme condition nécessaire à tout discours, et qui en implique deux autres: i. la perception prend du temps, et ii. perception-temps sont le fait d’un expérienceur.

1.3. Pour les tenants de l’analyse de discours, “le discours” est un donné, qui existe de façon (relativement) non problématique, et de façon indépendante de l’observateur. Certes il est clairement démontré chez Roulet que des caractéristiques aussi intimes du discours que sa structure hiérarchique sont, en réalité, dépendantes de l’interprétation que l’on fait dudit discours, mais ce déplacement, cette séparation entre matérialité verbale et interprétation, n’est en réalité ni interrogé ni problématisé (à ma connaissance).

Il y a ainsi deux enjeux distincts aux présentes propositions: le premier est de déjouer le péril réductionniste, le second est de déjouer l’illusion immanentiste, “coupables” l’un et l’autre de simplification, quant aux statuts respectifs du langage et de la personne.

2. L’immanence du discours

5 Sauf à entendre, par “environnement cognitif”, justement cela, la personne entière; mais ce qu’entendent Sperber & Wilson, Reboul, Moeschler, par environnement cognitif est une entité

“moins-que-personnelle”, plus ou moins clairement amputée d’éléments décisifs de l’économie psychique de la personne, affects, identité, sentiment de moi, etc.: un environnement cognitif a-t-il un “moi”? ressent-il des choses relativement à ce “moi”? quels systèmes d’appréhension, quel type et quel volume de travail cognitif seraient-ils dévolus à cela?

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Qu’est-ce que “le discours”? Qu’analyse-t-on lorsque on analyse “du/un discours”? Que prétend-on, à quoi s’engage-t-on lorsque on dit chercher un modèle supposé “rendre compte des propriétés, à différents niveaux, de tout discours”? Il faut considérer deux sortes d’informations: ce qui est dit, d’une part; et ce qu’on peut déduire de l’outil d’observation d’autre part.

2.1. “J’utilise le terme de discours de manière générique pour désigner tout produit d’une interaction à dominante langagière, qu’il soit dialogique ou monologique, oral ou écrit, spontané ou fabriqué, dans ses dimensions linguistique, textuelle et situationnelle.” (Roulet 1998:1)

Berrendonner précise de son côté: “Par discours, j’entendrai l’ensemble des manifestations signifiantes qu’actualisent les partenaires d’une interaction communicative, c’est-à-dire un complexe pluricodique planifié qui se compose pour une part d’énonciations en langue naturelle, mais aussi d’ingrédients non-verbaux: actions, percepts, gestes, images, savoirs culturels partagés...

J’appellerai en revanche texte l’ensemble ordonné des énonciations accomplies successivement au fil d’un discours.” (Berrendonner 1997: 112).

Quels que soient leur intérêt et leur utilité, ce ne sont là que des précisions terminologiques, qui ne sauraient compter comme définition - même si apparemment elles en tiennent lieu. Il y a en effet à redire sur deux points. (i) L’expression “l’ensemble des manifestations signifiantes” est trompeuse et faussement transparente: comment établir si une “manifestation” est ou non signifiante? et qu’est-ce qui compte comme “manifestation” - y en a-t-il de non signifiantes? s’agit-il des manifestations que l’observateur peut juger signifiantes? qui sont signifiantes pour lui? s’agit-il de ces manifestations en tant qu’elles sont signifiantes? (ii) Berrendonner mentionne des “percepts”

parmi les “ingrédients non verbaux” du discours; mais de quels percepts s’agit-il? de ceux qui sont “actualisés” par les partenaires dont on observe le jeu verbal? mais qu’est-ce que l’observateur externe en sait? comment y a-t-il accès?

2.2. Ces précisions terminologiques révèlent une certaine conception préalable de ce qu’est le discours, qui figure le discours comme de la matière première structurée, possédant déjà les attributs qui résultent de son traitement, selon, en gros, le modèle des unités de la syntaxe. De sorte que c’est sans abus de langage, sans approximation que l’on peut, dans cette approche, parler “des structures (polyphoniques, hiérarchiques, etc) du discours”.

Autrement dit, ces “définitions” impliquent une certaine occurrence préalable du discours. Pour qu’il y ait “discours” il faut en effet que quelque chose susceptible d’être considéré comme un discours ait eu lieu. C’est une application du principe d’occurrence discuté au début.

Par ce présupposé, inoffensif en soi, la science du discours se distingue de la syntaxe, pour laquelle une telle exigence d’occurrence préalable ne se pose pas.

La syntaxe admet en effet que les formes spécifiques et déterminées qu’elle étudie relèvent, d’une manière ou d’une autre, d’un système (de règles) clos, dont elles sont issues causalement, système dont on peut envisager une description “complète” (à différents niveaux: langue particulière et grammaire générale). Or la diversité des formes de discours possibles résulte non de

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l’application de règles, mais d’une succession de choix locaux, qui répondent à un ordre du discours - mais y répondent dans le temps de son déroulement (autrement dit, la compréhension de la logique même de ces choix exige de figurer les conditions dans lesquelles ils sont faits).

Par ce même présupposé, d’un autre côté, Roulet assimile de facto sa matière première à celle de la syntaxe: elle est a-temporelle, ou, du moins, sa temporalité en est un attribut secondaire. C’est ce que dénonce la “centralité”

du module hiérarchique: “le discours” est un objet stable, statique, et achevé;

le caractère aujourd’hui “composite”, secondaire, dérivé, des aspects périodiques est également une conséquence directe de ce présupposé. Mais si le syntacticien n’a pas à se poser la question de “l’avoir-lieu préalable”, c’est parce que ses unités se passent d’”avoir lieu”, elles sont, dans un hors-temps, contraintes uniquement par les propriétés du système qui les engendre, et par le pouvoir de l’axiome. Ce n’est pas le cas des unités du discours au sens de Roulet, et ceci en vertu même des contraintes implicites liées à sa “définition”

du discours.

3. Compétence discursive

3.1. Roulet a, occasionnellement, assimilé l’approche modulaire à une approche de la compétence discursive6, y compris très récemment: “On peut admettre que l’élaboration d’un tel modèle de l’organisation du discours constitue un premier pas vers l’élaboration d’un modèle de la compétence discursive.” (Roulet 1998:2). Mais il n’en dit pas davantage sur ce qu’est la compétence discursive, ni sur ce que doit être un modèle de la compétence discursive: “Nous visons à construire un modèle qui permette de simuler la complexité de l’organisation du discours, sans prétendre rendre compte de la manière dont notre esprit traite effectivement celle-ci.” (Roulet 1998:6)

Le problème, voire le paradoxe, c’est que Roulet suppose établi qu’il y a, d’un côté, le discours et sa complexité intrinsèque, et d’un autre l’esprit qui peut traiter cette complexité, le discours étant indépendant de son traitement par un esprit - grâce à quoi on pourrait étudier indépendamment le discours, et la façon dont l’esprit s’en occupe. Cela n’est possible que dans la perspective immanentiste.

Certes la pragmatique - l’analyse - du discours n’a pas à se soucier de considérations psychophysiologiques, comme les détails du “câblage”

neurologique, des types et modes d’accès aux informations “stockées”, etc.

(voir Kasher 1991; Grabowski 1996; Hayes 1996), ou de savoir si la structure modulaire ressemble à celle de l’esprit ou pas: “Il est prématuré de considérer la modularité comme un reflet de mécanismes psychologiques, du fonctionnement de l’esprit humain (...)” (Roulet 1998:6). Néanmoins, si l’ensemble (organisé ou pas) des modules “représente” ou simule, d’une manière ou d’une autre, une “compétence discursive”, est-ce trop de

6 Roulet 1991b, 1996, 1998, soit, à l’exception de ce dernier texte, essentiellement dans le cadre de ses travaux en didactique; il est peut-être plus facile de justifier le recours à cette notion de compétence discursive dans un champ où elle peut prendre un sens intuitif relativement clair, ou en tout cas accessible, en lien avec des pratiques de formation. Mais cette commodité est trompeuse, et, finalement, coûteuse.

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demander si cet ensemble est, ou s’il n’est pas, une organisation intra- psychologique et un attribut de la personne?

Un certain “module psychologique” a été, durant la phase préalable d’évolution du modèle (1991-1997), considéré comme une dimension (un module) parmi d’autres de la “situation”, aux côtés des dimensions interactionnelle, sociale et référentielle. Comment interpréter la disparition discrète de ce module dans les développements récents (Roulet 1998)? Elle peut signifier soit que le contenu attribué à cette dimension est en réalité sans objet propre, et ne fait que résulter d’interrelations entre d’autres dimensions (destin qui est celui de la dimension périodique qui nous intéresse plus bas), soit que la compétence - l’ensemble organisé des modules - est en elle-même la dimension psychologique, ou lui est co-extensive.7

Quoi qu’il en soit, outre que Roulet ne dit pas comment fonctionne la compétence comme ensemble de modules, ni à court ni à long terme (Auchlin 1996a: 336), la fonction qu’il attribue implicitement à la compétence discursive paraît assez limitée: la compétence discursive sert, en gros, à accéder à la compréhension d’un discours qui existe déjà; la logique de l’organisation intra- et inter-modules est: quel est le minimum nécessaire pour être en état de comprendre, potentiellement, “tous les discours”? Le rôle que, pour ma part, je fais jouer à la compétence discursive est constitutif: ce qu’on entend par

“discours” est le produit expérientiel du travail de la compétence discursive. Il n’y a pas de “discours” sans mise en oeuvre d’une compétence discursive.

3.2. L’étude de la compétence discursive constitue selon moi le véritable

“objet” de l’analyse pragmatique du discours.8

La compétence discursive est définie comme “organe du discours”, partie constitutive de l’équipement biologique des personnes, au même titre que, et réciproquement conditionnée par, l’équipement grammatical. Ces deux compétences sont cependant clairement distinctes l’une de l’autre, notamment, en raison: 1. de leur structure interne La compétence discursive ne constitue pas un système de règles et il n’y a pas de “syntaxe” du discours, cela devrait être entendu; dans sa structure et son mode de fonctionnement, la compétence discursive est plutôt comparable à un système auto-régulé, en équilibre dans le temps; 2. de leur “fonctionnalité”: la syntaxe garantit la bonne formation locale des constituants endocentriques successifs de la chaîne; la compétence discursive fait le traitement expérientiel de ces segments en “expériences subjectives consistantes”; 3. leurs vitesses et durées de maturation sont sensiblement différentes: maturation brève et rapide pour la fixation des paramètres de la grammaire, longue pour ceux de la compétence discursive.

Par exemple pour savoir écrire, et interagir à distance9; mais aussi en ce qui concerne l’”implémentation” de la mutualité dans les systèmes cognitifs10.

7 Il peut subsister, dans la compétence comme entité psychologique, une case contenant notamment les “théories de l’esprit” que se donne cette compétence; mais cela ne saurait effectivement justifier l’existence d’un module autonome.

8 Présentée sous des formes diverses dans plusieurs publications auxquelles je renvoie pour plus de détails.

9 Stroumza & Auchlin (1997); Auchlin (1996), par exemple.

10 Le caractère “mutuellement manifeste” des stimuli linguistiques utilisés de façon communicative est un ingrédient de base du fonctionnement cognitif central dans le

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4. La dimension périodique et la différence écrit/oral

Le module périodique11 traite de la “(...) segmentation du discours dans l’espace ou le temps.” (Roulet 1997: 135).

Cette idée est en apparence immédiatement recevable: l’oral est segmenté dans le temps, l’écrit dans l’espace. Mais que signifie-t-elle en réalité? Dans quelles conditions le discours écrit est-il “spatial” VS “temporel”? La réponse semble être: quand on ne le lit pas. Il y a ainsi une contradiction intrinsèque à considérer le texte dans sa dimension spatiale ET comme discours: soit on le lit, c’est un texte “en cours d’interprétation”, et alors il est a. linéaire, b.

temporellement organisé; soit c’est un texte envisagé statiquement comme un pur stock de phrases, et alors, il représente un espace comportant non seulement les deux dimensions de la (double) page comme surface

“segmentée”, mais aussi la troisième dimension du volume, de l’accumulation matérielle des pages les unes sur les autres.

A cet égard, tout en voulant charitablement ouvrir les yeux de ses collègues, Berrendonner (1997: 122) commet une erreur analogue:

“(...) on doit se garder de confondre le discours, pratique communicative “objective”, avec l’image “subjective” et conventionnelle qu’il produit de lui-même. Il y a deux façons de commettre cette confusion. L’une consiste à (...) importer sans méfiance dans la théorie linguistique les rudimentaires représentations topographiques en vigueur parmi les sujets parlants (...). L’autre façon de confondre est symétrique, et guette les sémanticiens. Elle consiste à prendre le discours, alors généralement figé dans sa matérialité graphique, pour l’image qu’il donne publiquement de soi, et donc à rechercher dans le texte même ou ses fragments les référents que présupposent par leur sens les diverses expressions anaphoriques. Cette réification des objets mentaux en antécédents n’est dans le fond que la variété métalinguistique du chosisme.“

Pour Berrendonner, le réseau métaphorique (“structure imaginaire sui generis, schématisation mentale”) par lequel un texte se représente comme un vecteur vertical12 doit être distingué “(...) de la disposition typographique perceptible, notamment par son caractère unidimensionnel.” (ibid., 115). A la lumière de ce qui précède, on comprend que l’expression “la disposition typographique perceptible” recouvre deux réalités distinctes: l’appréhension

traitement interprétatif desdits stimuli; si Sperber & Wilson (1986: 40 sq); Reboul & Moechler (1998: 53-55; 189 sq) admettent qu’il peut y avoir incertitude quant au caractère mutuellement manifeste de telle ou telle information, ils n’envisagent en revanche pas que la valeur, le contenu, la “profondeur de travail” de la mutualité soit sujets à variation - notamment dans le long terme; leur notion de “mutuellement manifeste” est une simplification qui ne résiste pas aux faits (Auchlin 1997).

11 L’identité même de cette dimension est aujourd’hui modifiée, elle ne constitue plus une dimension - il n’y a plus de “module périodique”, les faits qu’il avait à saisir sont aujourd’hui décrits comme une forme d’organisation, résultant de couplages entre les modules hiérarchique et phono-graphique. Cette position ne change rien au problème que je soulève; elle présente en outre l’inconvénient de charger la dimension phono-graphique d’une tâche qui excède le cadre linguistique dans lequel elle est supposée s’inscrire.

12 Cf. “ci-dessus / ci-dessous”, “plus haut / plus bas dans le texte”, etc.

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externe des objets graphiques, dans le volume de leur accumulation, appréhension accessible que l’on parle ou pas la langue dans laquelle est écrit le texte; mais aussi bien l’appréhension de cette matérialité en tant qu’elle donne accès au discours, i.e. en tant qu’on la parcourt par la lecture; la longueur relative des lignes, le nombre de lignes sur une page, etc., sont alors des facteurs perçus en congruence avec le traitement “interprétatif”, mais ne se confondant évidemment pas avec lui. Ce que ne semble donc pas voir Berrendonner, c’est l’ambivalence de la notion de “matérialité graphique” elle- même.

C’est sur cette ambivalence que bute l’appréhension modulaire, et en particulier dans son traitement de la dimension périodique - dans sa façon d’aborder le problème de la “dynamique” du discours: comme discours, le texte est linéaire; s’il est spatial, c’est comme non-discours, en tant qu’objet d’une appréhension visuelle non-interprétante.

Certes les modes de lecture individuels peuvent considérablement diverger les uns des autres, notamment dans la taille de l’empan de lecture;

mais cela ne change rien à l’affaire: la linéarité, c’est celle de la séquence des empans. Et la dimension périodique, à l’oral comme à l’écrit, s’intéresse aux propriétés, internes et externes, des empans de traitement - qui sont, purement et simplement, les pas (“steps”) de régulation de la compétence discursive, comme système thermodynamique auto-régulé (Auchlin 1996b).

Propriétés internes: le déploiement des unités minimales de traitement prend un certain temps pour un nombre déterminé de syllabes, lexèmes, syntagmes. Ce temps se déploie d’une certaine façon autour de la tête d’une unité endocentrique, à partir d’un point de vue temporel tx qui est le hic et nunc du traitement de cette unité. Au temps tx les unités précédentes sont

“ponctualisées” (Ferrari et Auchlin), i.e. leur existence cognitive n’est pas temporellement dilatée, mais condensée sous forme d’un point, leur point d’occurrence (que l’on peut noter >tx<). Le cycle périodique consiste en cette alternance séquentielle de micro-dilatations temporelles13 quel’on peut noter {tx}, de changement de point de dilatation, et de changement d’horizon de développement, en arrière et en avant, i.e. concernant ce qui a déjà eu lieu, respectivement ce à quoi on peut - doit s’attendre.14

Comme telle, la fonction de ce module est, ni plus ni moins, d’articuler la temporalité “chronique”, externe, historique, de la personne, et la temporalité rythmique et organisée du discours (Bourassa 1993). Dans la mesure où cette fonction assure la satisfaction d’une condition nécessaire à l’existence de discours (principe d’occurrence), elle a droit à un statut privilégié dans l’ensemble des dimensions dites textuelles (i.e. ni linguistiques, ni situationnelles). C’est la position “centrale” qu’occupe la dimension hiérarchique, dans la version actuelle de l’approche de Roulet et son équipe.

13 Le caractère “élastique” de la temporalité discursive est déjà clairement pointé par Berrendonner 1993.

14 La notion d’”inférence en avant/en arrière” développée dans les travaux de J. Moeschler et son équipe sur le temps fonctionne selon ce principe, mais elle “omet” de théoriser cette fabrication, par tout énoncé, du présent de son traitement, élastique et dilatable, et dont le discours constitue l’horizon.

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5. La dimension hiérarchique

Selon Roulet (1997: 132) “(...) le module hiérarchique occupe une position centrale parmi les modules textuels parce qu’il est responsable de la capacité du système d’engendrer une infinité de textes monologiques et dialogiques, et détermine l’infrastructure du texte.” (c’est moi qui traduis).

Au fur et à mesure des développements qu’a connu, depuis Roulet & al.

(1985), le traitement des relations d’acte à acte ou à séquence organisée d’actes (interventions, échanges), son domaine a été analysé en faisceau de faits dépendant de dimensions distinctes; aspects relationnels, énonciatifs, périodiques, se sont autonomisés, radicalisant ainsi le contenu du “squelette”

hiérarchique15, qui ne décrit plus que le parenthésage, récursif, d’unités verbales complexes dont le classement répond à une observation des “actions verbales accomplies”, plutôt que, par exemple, à la mise en évidence d’unités syntaxiques, ou d’unités externes, comme les tours de parole.

Déchargée de noter les phénomènes de temporalité - comme les “rétro- interprétations”, modification rétro-active de la valeur d’action d’un constituant, que nous notions “ip/I”, par exemple, dévolus désormais à la dimension périodique, la dimension hiérarchique n’enregistre que la structure

“finale” d’un discours donné, et non ses différents états intermédiaires, transitoires. Elle est “rétro-active”, travaille “en temps achevé”, hors du déroulement temporel - pour en être indépendante.

Mais en tant que telle: (i) elle est contraire à l’idée même de discours, et d’”infinité de discours possibles”; (ii) elle opère sur une matière première qui, à bien des égards, est terminale, résultant du travail des autres dimensions, et, en tout cas, consécutive à leur travail, et non nécessaire à celui-ci. De plus, la dimension hiérarchique n’est certainement pas responsable de la possibilité d’engendrer une infinité de discours. Au mieux, elle est responsable de la possibilité de rendre compte de l’infinité de structures discursives engendrées.

On voit mal dans ces conditions ce qui justifie que cette dimension occupe une place centrale - hors du cadre immanentiste, en tout cas. Dans le cadre de ma conception de la compétence discursive, c’est la fonction accordée à la dimension périodique qui est véritablement centrale.

6. Prosodie

La notion d’indice de contextualisation (Gumperz) est parfois utilisée pour penser les rapports entre prosodie et segments verbaux (Grobet 1997). L’idée est que les données paraverbales fournissent des informations constituant autant de prémisses interprétatives mobilisables pour le traitement interprétatif.

Cette hypothèse présente le désavantage de suggérer fortement que la chaîne verbale constitue un nucléus dont la prosodie ne constituerait qu’une enveloppe externe, un emballage, susceptible - au mieux - de donner des informations utiles du point de vue de l’intelligibilité des énoncés (voir le fameux “faciliter l’interprétation”).

15 Le texte, selon la définiton qu’en donne L. Filliettaz dans cet atelier (distinct du sens de Berrendonner ci-dessus).

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Pourrait-on, à ce verbo-centrisme, opposer une conception où le contenu verbal serait susceptible de servir d’indice de contextualisation pour les gestes prosodiques? Bien qu’à première vue cela paraisse baroque, la chose est parfaitement envisageable. L’exemple du discours vindicatif est le premier qui se présente. Que ce soit dans les mégaphones d’une manifestation, ou dans le couloir de l’appartement, certains propos semblent émis uniquement comme occasions de vociférer. Supposer que les traits prosodiques constituent en eux- mêmes des indices de contextualisation, comme s’ils avaient une vocation intrinsèque à “contextualiser”, interdirait absolument de telles observations.16

Soit l’énoncé suivant:

(1) et alors peu importe dans lequel on va y aller

prononcé d’un seul tenant - en un seul syntagme intonatif, sans frontière ni montée mélodique ni accentuation après dans lequel, mais avec une marque de clôture sur aller - c’est-à-dire prononcé exactement comme s’il n’y avait pas de y. Beaucoup de francophones jugent agrammatical cet énoncé ainsi prononcé. Il y a en effet une contradiction, dans une certaine norme de français plus ou moins standard, dans l’emploi de deux pronoms co-référentiels à l’intérieur d’une même unité de liage, ou clause (Berrendonner). Mais cette contradiction s’exerce entre des termes de nature différente: d’un côté, des contraintes syntaxiques, de l’autre du “manifeste voco-prosodique”, donné perceptif immédiat, irréfutable.

On peut rendre (1) normal de deux façons différentes: en modifiant sa forme prosodique - montée et pause brève après dans lequel, nouvelle attaque sur on va..., ou en modifiant sa forme morpho-syntaxique (suppression du y).

Mais ces deux opérations ne sont pas équivalentes, et ne sont pas également accessibles. La forme prosodique constitue un donné manifeste plus immédiat, plus “accrédité”, et plus difficile à réfuter, en tant que manifeste, que le matériau morpho-syntaxique, susceptible d’être falsifié, en étant corrigé. Le manifeste voco-prosodique appartient à l’ordre de ce qui est montré par une énonciation, bien que dans un sens différent de celui dans lequel “Ouf!”

montre le soulagement, qui est strictement intra-linguistique; il n’y a pas de médiation linguistique dans l’articulation prosodique, qui présente à l’ouïe telles et telles propriétés sensibles.

D’autre part, il faut constater qu’il n’y a pas de parallélisme réel entre la modification du contour et du regroupement intonatif dans cet exemple, et la modification qu’on lui ferait subir à l’écrit, qui consisterait à ajouter une virgule: et alors peu importe dans lequel, on va y aller. Cela tient à la différence notoire qui sépare, justement eu égard à la dimension périodique, les manifestations orales et écrites du discours. La forme voco-prosodique d’une énonciation n’est pas à proprement parler “montrée”, comme le sont les signes de ponctuation. Elle est plutôt “présentifiée”, et l’”avoir-lieu” de cette présentification ne se montre pas comme objet ni même comme événement, dans la mesure où il sert à montrer quelque chose qui n’est pas lui (un certain

“contenu”). A ce titre, il n’est pas aussi clairement accessible à l’attention ou à

16 Mon soupçon en réalité est en sens inverse: c’est parce qu’on veut éviter de voir, par verbo- centrisme dénotationnel notamment, ce qu’il en est de ce qui est présentifié par les énonciations, que l’on a intérêt à associer rigidement prosodie et “contextualisation”.

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la conscience que ne le sont les objets appartenant déjà au champ de ce qui est montré - signes de ponctuation, par exemple.

Mais attention: “montrer” présente une redoutable polysémie, dès lors qu’on l’utilise hors d’un cadre strictement linguistique (i.e. hors de l’opposition stricte “dire” Vs. “montrer” - Récanati; Ducrot; Perrin). Dans un cadre expérientialiste, “montrer conventionnellement” (Aïe! montre- conventionnellement la douleur) s’opposerait d’une part à “montrer symptomatiquement” (les ex. (6) et (7) ci-dessous montrent- symptomatiquement l’attachement des rédacteurs à faire partager leur effort cognitif au lecteur), et à “présentifier” d’autre part - les contours et formes prosodiques présentifient leur propre occurrence comme celle du matériau morpho-syntaxique qu’elles servent généralement à montrer.

Ce que suggère le traitement de (1), c’est que la forme voco-prosodique est l’objet d’une expérienciation perceptive immédiate, qui sert de “cadre” pour le traitement du matériau morpho-syntaxique; ce cadre est cognitivement plus difficile d’accès que les objets (morpho-syntaxiques) qui y figurent; cela signifie un certain primat des données expérientielles sur les données linguistiques.

7. L’écrit

J’aimerais dans cette partie mettre en relation deux sortes de faits apparemment sans rapport: la question de la nature de base du phénomène périodique à l’écrit d’une part, et “l’écrit compliqué”, en tant qu’il donne à partager, à son insu, l’expérience temporelle du rédacteur.

7.1. Les travaux dans le cadre modulaire considèrent que la dimension périodique s’appuie notamment sur la ponctuation. Le traitement de la ponctuation est vraisemblablement codique: les signes de ponctuation comme la virgule, le point, le point virgule, sont des exemples typiques de marques instructionnelles, concernant le parcours, l’expérienciation, du texte, et indirectement la détermination de niveaux de frontières entre constituants verbaux (cette idée apparaît discrètement dans Ferrari & Auchlin 1995). Elles relèvent de ce qui est montré par la séquence verbale, et destiné à articuler l’expérience temporelle du lecteur.

A cet égard, on peut comparer le fonctionnement de deux “triggers” de périodisation, la virgule et l’espace typographique. Si l’on peut assurément dire que la virgule possède un contenu conventionnel, en va-t-il de même pour le blanc typographique? L’emploi du blanc sur la page n’est certainement pas absolument libre; il est en quelque sorte “réglementé”; cette réglementation en outre “fait système”, potentiellement tout au moins, mais est-ce un signe, comme l’est la virgule, faut-il penser le blanc comme une “marque procédurale”? Vraisemblablement pas. Le blanc n’engage pas un processus de type décodage; le blanc montre perceptivement une coupure entre deux blocs de texte. Le blanc opère analogiquement sur le parcours du texte, la virgule y opère sémiotiquement. Si la notion d’”instruction de traitement” a un sens

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pour la virgule, en a-t-elle un pour le blanc typographique? N’est-ce pas faire un détour inutile, et voir un processus médiat - là où il est immédiat?17

Considérons un peu plus en détail le traitement des virgules. Dans un article récent Roulet (1998) laisse entendre que certaines virgules dans la chaîne instaurent une frontière d’unité périodique ou hiérarchique (“les frontières d’actes périodiques coïncident toujours, quoique de façon non bi- univoque, avec des frontières d’unités hiérarchiques”), et d’autres ne le font pas. Apparemment, les virgules “obligatoires”, imposées par la syntaxe, sont des “virgules qui ne comptent pas”, et n’engendrent pas de frontière d’acte entre les éléments qu’elles séparent. Ainsi dans l’analyse que Roulet donne des exemples ci-dessous, les virgules ne sont simplement pas prises en compte:

(2) je ne savais pas que c’était le vingt-cinq, moi

(3) en tout cas, je ne savais pas que demain, après-demain, c’était le vingt-cinq

C’est évidemment faire fi de l’expérience de lecture qui advient de toute façon, que les virgules répondent ou non à l’ordre grammatical; c’est aussi préjuger de la fonctionnalité de cette dimension, relativement à la fonctionnalité qui lie entre elles les unités hiérarchiques.18

Regardons les exemples suivants:

(4) «Comment faire la part de ce qui était faiblesse et nostalgie dans cet attachement à l’enfance et de ce qui fut fidélité à une vérité qui s’était imposée à moi, dont je savais, dès cette époque, que je ne me déprendrais jamais et qui compte tellement pour moi que ceux qui y ont renoncé et quels que soient leur valeur et leurs mérites sont entrés dans un monde où il n’est pas question que je puisse les suivre, ni même m’intéresser à eux, devenus sourds et aveugles, à la seule lumière, à la seule voix venues de Dieu»

(F. Mauriac, Le Figaro littéraire, 6-12.4.1970, tiré de Richaudeau 1992, 53)

(5) «Pour nous qui nous trouvons à des milliers de kilomètres du Viêtnam, pour nous qui, après avoir fait là-bas la guerre pendant huit ans, nous sommes retirés sur une cruelle défaite, pour nous qui, depuis, par la voix de nos dirigeants, condamnons avec plus ou moins de délicatesse la politique américaine en Indochine, pour nous qui observons les événements du Sud-Est asiatique avec une irritation, une impatience ou une indifférence que notre passé ne justifie pas, pour nous le président du Sud-Viêtnam, le général Nguyen Van Thieu, représente le seul obstacle, et par conséquent un obstacle intolérable à la paix.»

(Jean Ferniot, éditorial RTL 1972) (tiré de Richaudeau 1992, 53)

17 Voir Bourassa 1993: 277 sq. au sujet du blanc et de la page - en poésie, et en général.

18 Rossari 1996: 161-169 en particulier développe cette question de façon très détaillée; mais comme son propos est centré sur la description des unités hiérarchiques, les aspects périodiques sont interrogés en termes de leur pertinence hiérarchique. En second lieu, les critères qu’emploie C. Rossari pour cette exploration, grammaticalité et acceptabilité sémantique, ont le mérite de fournir des intuitions claires et relativement tranchées, mais ils n’en sont pas moins indirects, étrangers à l’organisation hiérarchique en tant que telle.

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Leur remarquable segmentation met particulièrement en évidence d’une part la rythmicité de l’expérience de lecture, et, d’autre part, le fait que la perception rythmique est fonction de l’engagement dans la lecture, de l’entrée dans sa linéarité - non pas la linéarité duvecteur vertical imaginaire, issu du réseau métaphorique évoqué par Berrendonner (ci-dessus), mais bien celle de l’expérience de la temporalité de la lecture, ou, plus exactement, la structuration de cette temporalité: le temps de la lecture en effet n’est pas linéaire; il est unidirectionnel, mais sa linéarité procède par à-coups, succession de phases d’accumulation, de mise de côté, de déplacement de point de référence pour le traitement en cours, accumulation etc. Un “cycle respiratoire” à trois temps.

Si (5) évoque une périodisation orale (le document écrit est en rapport avec une émission de radio), ce n’est pas le cas de (4).

Les signes de ponctuation sont des instructions, montrées, sur le parcours de lecture, sur les empans visuels minimaux, intermédiaires, maximaux. Le traitement effectif peut donner des suites empiriques diverses à ces instructions; si l’on considère cependant que ces marques font des propositions de parcours temporel, ce parcours appelle quelques commentaires.

En premier lieu, contrairement aux aspects hiérarchiques qui supposent un achèvement, les aspects périodiques quant à eux supposent avant tout un début, une attaque: toute attaque constitue un coup périodique. D’une manière ou d’une autre, tout coup périodique trouve un achèvement: clôture harmonisée avec les autres dimensions généralement impliquées, suivie ou non d’un nouveau coup, annoncé et attendu ou pas, interruption, rupture - la typologie importe moins ici que les principes.

En second lieu, ces exemples montrent bien l’articulation “rythmico- tensionnelle” d’unités périodiques à au moins deux niveaux, les “unités périodiques”, unités minimales distinctes mais non autonomes (caractérisation de Grobet 1997; Roulet 1998), et les “mouvements périodiques” (idem), séquence englobante et unité maximale de projection périodique. Dans les deux cas la séquence complète forme un unique mouvement périodique. Dans les deux cas, ce mouvement est constitué d’un certain nombre d’unités périodiques complexes, et, surtout, de tailles variables.

7.2. “Ecrire compliqué”: un type de problème rédactionnel fréquent et particulièrement étrange est celui de la complexité textuelle “superflue”, telle que l’illustrent les exemples ci-dessous:

(6) Il arrive que certains types de situations conflictuelles provoquent chez nous de l’agacement (-> Certaines situations conflictuelles provoquent chez nous de l’agacement)

(7) Plusieurs actions individuelles devraient autoriser une diminution de la propension à la construction du malentendu. (-> Chacun peut agir pour éviter les malentendus)

Que montrent ces exemples? Un certain rapport entre leur taille et leur complexité interne, morpho-syntaxique et sémantique; dans les deux cas, même si la reformulation proposée n’est pas la seule envisageable, on peut modifier ce rapport, et faire plus court, ou plus simple.

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L’apprenti-rédacteur se trouve confronté à deux problèmes majeurs, l’un est d’”entrer dans” la linéarité, la séquentialité de l’écrit19, l’autre est de se lire.20 Les deux se manifestent ici d’une manière intéressante. Le rédacteur s’est mal lu: il aurait vu, sinon, la possibilité de faire plus court; et il entre de façon difficile dans la linéarité: on pourait dire qu’il se l’inflige à outrance, qu’il “sur-linéarise”.

Qu’est-ce à dire? comment interpréter cela? Une façon de le comprendre consiste à supposer que la sur-linéarisation et la sur-complexification sont le reflet dans le texte de l’effort et du temps de pensée effectifs, consacrés par le rédacteur à “forger” ce morceau de texte.

On accède à ce reflet par l’expérience de lecture et cette “intuition fine”

met rapidement à disposition un raccourci verbal. L’expérience du lecteur a ainsi partagé un peu du labeur du rédacteur. Cest là me semble-t-il une clé de l’interprétation de ce type de malheur textuel, et surtout de sa remédiation: ce type de malheur textuel doit être envisagé comme l’effet du désir inconscient du rédacteur de montrer, de faire reconnaître et faire partager l’effort cognitif qu’il a “investi” pour en arriver là; le rédacteur manifeste de l’attachement aux formes “maladroites” parce qu’elles sont déjà le résultat victorieux d’une volonté de dire, et qu’elles accomplissent le désir de faire partager l’effort investi pour en arriver là.

Pour documenter encore un peu la question, j’aimerais prendre un dernier exemple “authentique”. Soit le titre suivant d’un article auquel je me suis beaucoup référé:

(8) Une approche modulaire révisée de le la complexité de l’organisation du discours

Ce titre est intéressant, car, oeuvre de quelqu’un que l’on ne saurait soupçonner de ne pas savoir écrire, il illustre le problème de “se lire”. Plus généralement, il montre clairement une chose: dans la mesure où le rédacteur a laissé cette erreur21, on peut supposer qu’il ne l’a pas vue; on peut de même supposer qu’aucun des lecteurs préalables de ce texte ne l’a vue non plus: il l’eût aussitôt fait corriger. Ce qui signifie que “l’input”, le “donné perceptuel”, n’est pas une affaire rigidement déterministe, les “propriétés-de-x”

déterminant de façon unidirectionnelle la “perception-de-x”. C’est sans doute un truisme que de rappeler que “la perception est fonction de l’attente” - de le voir à l’oeuvre et de nous y laisser prendre devrait nous inciter tout de même à une certaine réserve.

Cet exemple permet aussi de faire une hypothèse de portée générale sur l’articulation du “perçu” et du “linguistiquement traité” dans le traitement des occurrences. Si des cas comme (8) peuvent avoir lieu, cela suggère que dans le traitement une première appréhension des segments (chaque segment est un empan d’appréhension), ou “pré-appréhension” détermine d’une certaine façon l’attente interprétative; dans le cas de (8), comme titre, c’est dans son entièreté qu’il est pré-appréhendé; la complexité de son articulation interne étant survolée, le traitement détaillé qui suit est essentiellement focalisé sur la

19 Voir Fayol 1986: 146-148.

20 Voir la notion de “retrouvailles”chez Ricardou 1978; Stroumza & Auchlin 1997.

21 Bien sûr il faut lire “Une approche modulaire révisée de le la complexité de l’organisation du discours”.

(17)

saisie de ces articulations conceptuelles (l’articulation conceptuelle de

“modulaire révisée” avec les structures à trois syntagmes prépositionnels en cascade). Cette mobilisation d’attention dirigée a pour effet de négliger le détail perceptif aux endroits où quelque chose de précis est fortement attendu compte tenu de la structure globale.

On voit ici aussi je l’espère la pertinence de la distinction entre expérienciation et interprétation: il n’y a rien d’étonnant, dans l’interprétation, à ne pas voir “le la complexité”; s’il y a quelque chose à en dire - or il y a - c’est bien au plan de l’expérienciation.

8. Conclusion temporaire: conséquences de mon approche et généralisations Comme le résume fort bien Moeschler (Reboul & Moeschler 1994), la pragmatique a apporté à la linguistique l’évidence de la sous-détermination linguistique des interprétations; à ce principe pragmatique, je jugeais utile d’ajouter un corollaire, selon lequel les faits de pensée sont linguistiquement sous-déterminés - corollaire qui permet de comprendre une partie des problèmes que rencontrent les rédacteurs peu experts (Stroumza & Auchlin 1997:280).

8.1. A ce couple de principes, il me semble nécessaire d’ajouter celui-ci, qui est en fait plus “pragmatique” que les précédents: l’expérienciation du discours est sous-déterminée par son interprétation, ou corollairement, l’interprétation sous-détermine l’expérienciation du discours. Autrement dit, une interprétation unique partagée par deux interprétants peut parfaitement être associée à des expérienciations divergentes; un même texte lu à quelques années d’intervalle peut fort bien être identiquement interprété - mais différemment reçu.

La réponse prévisible de la théorie de la pertinence à ce sujet serait que s’il y a deux expérienciations distinctes, c’est que les interprétations sont distinctes, fût-ce dans certains détails, liés par exemple aux enrichissements encyclopédiques des concepts manipulés. C’est peut-être vrai; mais cela n’empêche pas que le fait manifeste et terminal, dans ces cas, relève de l’appréhension hédonique, du “ça me plaît (pas)”, du “j’aime (bien/pas)”, “ça (ne) me touche (pas)”, etc., qui est un fait d’expérienciation, et non de représentation.

Cette branche-là du cognitivisme commet l’erreur même qu’elle attribue à l’”analyse-du-discours-en-majuscules”, qui n’est autre qu’une projection, un transfert inconscient de propriétés d’un objet sur l’autre : elle attribue à l’interprétation des propriétés qui relèvent en fait de l’expérienciation22. Et c’est parce qu’elle veut oublier l’expérienciation qu’elle affirme qu’il n’y a rien à voir scientifiquement du côté du “discours”.

22 J’avais déjà fait remarquer que la notion de “force avec laquelle un organisme entretient une croyance”, qualifiée par Sperber & Wilson de métaphorique, était une donnée expérientielle; si elle est qualifiée de métaphorique, c’est parce que le cadre théorique ne peut pas lui donner de contenu littéral - ce qu’un cadre expérientialiste peut faire.

(18)

8.2. Cela dit, le paradigme des observations argumentant en faveur d’une position expérientialiste - et de la définition de la compétence discursive qui s’y fonde - ne se limite pas à la constitution du discours. On peut repenser en effet dans cette optique le statut des observables en grammaire, par exemple.

Les “faits” sur lesquels se fonde la légitimité d’une science du donné de langue (Milner 1989:664-665) sont ils autre chose qu’une somme d’expériences intra- subjectives particulières? De même, les différentes sortes d’”intuition” que mobilisent certaines approches sémantique, ne sont-elles pas des objets intra- subjectifs relevant davantage de l’éprouvé que du représenté ou du calculé, computé ou procéduralisé? Certes, ces événements psychologiques sont causalement reliés à une exploration empirique de données “stabilisées” - de langue - et de données isolées phénoménalement, ce qui constitue de bonnes conditions de laboratoire. Mais la matière première est, fondamentalement, la même qu’en ce qui concerne le discours: c’est “de l’expérience subjective déterminée” liée à la mise en oeuvre d’une compétence discursive.

Les disciplines des niveaux stables de l’organisation linguistique (de la phonologie à la sémantique) se sont constituées en adoptant les canons de l’épistémologie newtonienne en vigueur. En particulier, leur légitimité s’est appuyée sur le fait qu’elles pouvaient neutraliser les particularités liées à l’observateur, neutraliser sa participation individuelle comme hors champ (on retrouve cette vision de la linguistique chez Ricoeur (1977 113 sq.) lorsqu’il oppose analyse linguistique et analyse phénoménologique).

Le discours n’est pas passible d’une analyse linguistique. Il demande d’autres stratégies, et vraisemblablement quelques entorses à l’épistémologie newtonienne. Il n’est pas exclu que les données “objectivisées” de la linguistique soient parfaitement intelligibles d’un tel nouveau point de vue, dont ce qui est appelé ici “expérientialisme” n’est qu’une pompeuse maquette en carton-pâte. Mais, relativement aux déplacements que suppose l’adoption d’un tel point de vue, il n’est pas certain que le “machin” modulaire constitue le véritable “tournant épistémologique” annoncé par certains (Garfield 1987, cité par Roulet 1998:6).

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