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George Orwell, une conscience politique du XXe siècle

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Colloque « George Orwell, une conscience politique du XXème siècle » : 19-20 mars 2010 :

Soixante années après la mort de l’écrivain britannique, et au-delà de la simple commémoration, la question de l’héritage d’Orwell se pose : en effet, bien que souvent considéré comme mineur par un certain nombre de spécialistes de littérature, George Orwell est toujours invoqué, convoqué, célébré, parfois de façon abusive. Ceci peut sembler d’autant plus surprenant qu’il n’a connu ni la guerre froide (ou très brièvement), ni l’accélération fulgurante de la mondialisation néo-libérale, à partir de 1990.

Que l’écrivain anglais soit sans cesse invoqué tient en partie au fait que des mots ou expressions comme « novlangue » (Newspeak en anglais) ou « Big Brother » font régulièrement florès, notamment dans le discours médiatique.

Orwell représente à la fois la figure emblématique de l’intellectuel de gauche, symbolisée par l’engagement dans la guerre d’Espagne, mais aussi l’écrivain refusant le dogmatisme qui, à gauche comme à droite, peut conduire à encenser les régimes totalitaires. Voilà sans doute la raison pour laquelle des journalistes ou essayistes ancrés à gauche de l’échiquier politique invoquent continûment Orwell, pour en appeler à une vaste autocritique politique. L’essai de Nick Cohen, What’s Left, How Liberals Lost Their Way (Londres, Fourth Estate, 2007) est assez exemplaire de ce type d’approche.

Au-delà de ce qui pourrait apparaître comme un catalogage simpliste, c’est surtout l’ambiguïté orwellienne qui domine : celle d’un auteur se présentant volontiers comme

« anarchiste tory » 1, et qui publia, par exemple, une critique assez élogieuse de l’essai de Friedrich Hayek, The Road To Serfdom 2.

En Grande-Bretagne, en France et en Belgique, l’engouement pour les écrits d’Orwell est bien réel, comme en attestent les travaux et publications de nombreux chercheurs. Cependant, de ce côté-ci de la Manche, force est de reconnaître qu’hormis la traduction de la biographie de Bernard Crick (rééditée chez Climats / Flammarion en 2003) et les travaux de Jean-Claude Michéa, Simon Leys et Jacques Dewitte, les analyses de la pensée de George Orwell demeurent assez sporadiques. L’une des ambitions de ce colloque est d’étoffer et d’approfondir cette réflexion.

Cette manifestation est initialement ancrée dans le champ de la civilisation britannique.

Cependant, il est impossible de ne pas aborder nombre de grandes problématiques universelles qui traversent les écrits d’Orwell, qu’inspirait une actualité internationale dominée par la montée des périls fascistes, la perte d’influence des grandes puissances coloniales, enfin la marche forcée vers le deuxième conflit mondial. C’est pourquoi, au-delà des spécialistes de civilisation britannique, cette manifestation s’adresse plus généralement aux historiens, mais aussi aux spécialistes de philosophie politique et de littérature britannique. Enfin, nous souhaitons inscrire ce colloque dans une perspective à la fois interdisciplinaire et internationale.

Les communications portant sur les thèmes suivants sont les bienvenues : - la vision orwellienne du colonialisme, et des totalitarismes de son époque.

- le spectre de la guerre, tant dans les années 30 qu’après 1945 (péril nucléaire) ;

- les conditions d’émergence d’une société décente fondée sur ce qu’Orwell appelait common decency 3 ;

1 Jean-Claude Michéa et Simon Leys insistent tous deux sur le caractère central de cette expression. Au départ, George Orwell l’utilisait comme une boutade, mais aussi pour définir la sensibilité politique de Jonathan Swift.

2 Critique traduite et publiée dans George Orwell, Essais, articles, Lettres, Volume III (1943-1945), édition établie par Sonia Orwell / Ian Angus, Paris, Éditions Ivréa, 1998.

3 Voir Avishai Margalit, La Société décente, Paris, Champs / Flammarion, 2007.

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- l’évolution de la conscience de classe, notamment en Grande-Bretagne ;

- l’identité nationale anglaise (ou britannique), l’opposition entre nord et sud anglais ; - la vision de l’horreur industrielle et les réflexions écologiques que pareil constat inspire ; - le travail d’Orwell sur la langue du pouvoir, sur la propagande politique comme instrument de manipulation des masses ;

- la méfiance vis-à-vis des intellectuels et des experts, aux antipodes de l’homme ordinaire qu’Orwell n’a de cesse de célébrer. Cette méfiance est liée à sa vision d’une nécessaire réconciliation du socialisme et de la liberté, loin de tout dogmatisme idéologique ;

- La lecture, voire l’instrumentalisation d’Orwell à travers l’histoire : par exemple, aux États-Unis, où elle est presque exclusivement anti-communiste, dans le Commonwealth (où est privilégiée la dimension anti-coloniale), dans les pays de l’Est (il fut rapidement traduit en polonais et ukrainien), enfin la lecture d’Orwell par les hommes politiques conservateurs (John Major invoquait régulièrement l’auteur), ou encore par d’autres écrivains, parmi lesquels Anthony Burgess et Philip Larkin ;

Les communications durent 30 minutes. Les propositions de communication sont à envoyer à olivier.esteves@univ-lille3.fr avant le 30 JUILLET 2009. Celles-ci ne devraient pas dépasser 700 mots environ.

Le comité scientifique envisage une publication des actes du colloque.

Le comité scientifique est composé de : Robert Colls (University of Leicester), Cornelius Crowley (Paris X), Olivier Esteves (Lille III), Trevor Harris (Tours), Gilbert Millat (Lille III), John Newsinger (Bath Spa University College), Philippe Vervaecke (Lille III).

George Orwell Conference, University of Lille III (19-20 march 2010) : “ Orwell, a political conscience of the XXth century”:

60 years after Orwell’s death, and beyond any mere commemoration, the question of Orwell’s heritage remains as topical as ever : indeed, although sometimes dismissed as a second-rate writer by some specialists of literature, Orwell is recurrently invoked, conjured up, celebrated, sometimes in an exaggerated way. This is all the more surprising as Orwell didn’t experience the cold war (or so little of it), nor did he witness post cold-war neo-liberal globalisation.

Part of the explanation may well be that words and phrases such as newspeak or Big Brother have won kudos with the media, for better or for worse.

More generally, Orwell symbolises the independently-minded left-wing intellectual figure, illustrated by his involvement in the Spanish civil war ; he also typifies refusal to embrace dogmatism, leading to celebrate or turn a blind eye to right- and left-wing totalitarianisms. This is probably why left-wing journalists or scholars continuously conjure up Orwell’s figure, in order to promote some form of political soul-searching. In that regard, Nick Cohen’s essay What’s Left, How Liberals Lost They Way (London, Fourth Estate, 2007) is rather exemplary.

Beyond any naïve pigeon-holing, Orwellian ambiguity needs to be further studied : the ambiguity lying in Orwell’s self-proclaimed status as a “Tory anarchist”, or the ambiguity of the man who praised Friedrich Hayek’s essay The Road to Serfdom.

In Britain, France and Belgium, there is a real enthusiasm about Orwell, which is illustrated by a certain number of publications. Yet, this side of the channel, it seems rather clear that beyond the translation of Bernard Crick’s biography and essays by Jacques Dewitte, Jean-Claude Michéa and Simon Leys, work on Orwell has been rather sporadic. One of our ambitions is to contribute to the vast debate on this British thinker.

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The conference is primarily a British studies conference. However, many universal themes will be looked at : these, in Orwell’s writings, were directly inspired by the advent of fascisms, the loss of influence of colonial powers, and of course the run-up to World War II.

This is why this conference ought to interest British studies specialists, but also historians, British literature specialists as well as scholars working in political philosophy.

All papers dealing with the following themes will be welcome :

- Orwell’s view on colonialism, and on the totalitarian states in the 1930s ; - The threat of War, in the 1930s and post-1945 (nuclear peril) ;

- The conditions under which a decent society may emerge and Orwell’s concept of

“common decency”.

- The evolution of social class conscience and social class thinking in Britain ; - English (and British) national identity, and the North-South divide ;

- Orwell’s view of industrial horror and the ecological conclusions this awareness elicits ;

- Orwell’s work on the language of the Establishment, on political propaganda as a potent instrument to manipulate the masses ;

- Orwell’s distrust of the very concept of “intellectual”, which is at a remove from

“the ordinary man” that Orwell used to praise. Such distrust is connected with his reconciliation of freedom and socialism, away from ideological dogmatism.

- How Orwell has been read, or instrumentalised, in history : from the “American reading” of Orwell, exclusively anti-communist to the Commonwealth reading of Orwell (where the anti-colonial dimension prevails) ; from Eastern Europe countries (he was translated into Polish and Ukrainian at an early stage) to the way some British conservatives (John Major) have tried to use Orwell. Lastly, how Orwell was read by some other writers may be worth looking at (Philip Larkin, Anthony Burgess).

Participants have 30 minutes to present their papers. Proposals can be sent to olivier.esteves@univ-lille3.fr and should be no more than 700 words. The deadline is July 30th 2009. A publication of the conference is planned by the scientific board.

This Orwell Conference scientific board is comprised of : Robert Colls (University of Leicester), Cornelius Crowley (Paris X), Olivier Esteves (Lille III), Trevor Harris (Tours), Gilbert Millat (Lille III), John Newsinger (Bath Spa), Philippe Vervaecke (Lille III).

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