REVUE MÉDICALE SUISSE
WWW.REVMED.CH 17 novembre 2021
2016
Turbulences à la Chambre médicale de la FMH
La FMH, c’est une sorte d’avion gros porteur. Les réacteurs qui la maintiennent en vol sont principalement les membres du Comité central, notamment les pré si
dent·e et viceprésident·es.
Aussi, quand la présidente de la Chambre médicale du 7 octobre dernier, la Dre Yvonne Gilli, a annoncé la défection du viceprésident genevois Michel Matter, conseiller national, ce fut un véritable électrochoc dans la salle. Tout le monde s’est demandé si la Chambre médicale pourrait « décoller » ou si, comme l’avait annoncé la veille un périodique, c’était toute la FMH qui allait se
« crasher ». Les exclamations de dépit, d’étonnement, de fureur et de mécontentement ont fusé de toutes parts. Certains délégués sont allés jusqu’à requérir l’éviction immédiate du démissionnaire, accusé de tous les maux, tandis que
d’autres se demandaient comment un conflit si grave avait pu se développer sans réaction au sein du Comité.
La sérénité et la patience de la prési
dente ont progressivement ramené le calme et permis de trouver une solution satisfaisante pour tous : le Comité, le démissionnaire et la Chambre se sont mis d’accord pour demander à la commission de gestion de faire la lumière sur l’affaire.
Un rapport objectif sera donc disponible pour la prochaine session.
Le psychodrame s’étant calmé, la session de la Chambre médicale a pu démarrer pour traiter un ordre du jour chargé. Les budgets de la FMH et de l’ISFM apportent une bonne nouvelle. Grâce à une disso
lution de provision, ils se soldent par un bénéfice d’environ 500 000 francs. Ils sont donc approuvés sans peine. La FMH prévoit de consacrer 3,5 millions de francs pour ses divers projets. L’un d’eux sera consacré dès 2022 à la santé de la planète (projet officiellement intitulé « Stratégie du corps médical suisse sur les possibilités d’action concernant le changement clima
tique »). Selon le Dr Quinto, en charge du dossier, les systèmes de santé sont loin d’être exemplaires en termes de durabilité et de production de CO2. C’est pourquoi,
la FMH lance cet ambitieux projet d’amé
lioration. Les premières étapes apporteront un soutien à visée écologique aux nou
velles installations de cabinets médicaux.
Une analyse de la situation spécifique à la Suisse sera menée et proposera des solu
tions à l’ensemble du système de santé. Ce projet a soulevé l’enthousiasme des plus jeunes membres de la Chambre au point que son approbation a été saluée par des applaudissements. Cela montre que la FMH sait proposer des démarches pour l’avenir de la génération montante.
La traditionnelle revue des problèmes de la FMH révèle une tension politique accrue entre les acteurs de la santé et le pou
voir politique.
Au nombre des sujets de tension récurrents, on compte bien sûr les questions tari
faires. Le Tardoc ressemble de plus en plus à un biplan d’avantguerre pris sous un feu de DCA.
Après de nombreux allersretours entre les partenaires (assureurs, hôpitaux, FMH) et l’administration fédérale, le projet est maintenant sous ultimatum. D’ici le 31 décembre 2021, les partenaires devront simplifier sa structure et mettre en place des mécanismes qui garantissent la neu
tralité des coûts lors de son introduction.
C’est le Dr Urs Stoffel qui est l’habile pilote des questions tarifaires pour la FMH depuis des années. Confiant, il nous assure qu’on arrivera à satisfaire ces exigences, comme lors des épisodes pré
cédents. Si tout fonctionne comme prévu, le nouveau tarif sera applicable dès 2023.
L’enjeu est de taille, car à défaut d’accord, le Conseil Fédéral établira des tarifs obligatoires sans autre concertation.
Un autre chantier est également ouvert entre l’administration fédérale et les partenaires de la santé. C’est l’article 58 a de la LaMal qui vise au « Renforcement de la qualité et de l’économicité ». Il est en vigueur depuis le début de cette année, mais évoque un peu un prototype d’avion compliqué dont on se demande s’il décol
lera un jour. Le Dr Bosshard, membre du Comité de la FMH, a essayé de nous l’expliquer simplement. Cet article de loi
oblige les partenaires de la santé à établir des conventions pour l’amélioration continue de la qualité. Une commission fédérale devra vérifier le respect de cette obligation, en continu ou par sondage.
Mais on croit comprendre qu’à ce jour, le financement de tout cela n’est pas réglé.
En outre, fait remarquer le Dr Bosshard, la prévention est entièrement absente de la démarche, un domaine d’avenir pour la santé publique.
Par ailleurs, de nombreuses proposi
tions ont été approuvées par la Chambre : simplification du code de déontologie (voir la Revue Médicale Suisse du 29.09.2021),1 admission de nouvelles sociétés consulta
tives, toilettage du réglement de l’assemblée des délégués, soutien à l’initiative pour des soins infirmiers forts, etc.
Un coup d’œil par le hublot peu avant l’atterrissage a permis de voir que les sta
tistiques MAS, laborieusement relevées chaque année par tous nos confrères, montrent que rien ne change dans les charges et les chiffres d’affaires des méde
cins.
Près de 9 heures après son ouverture, la Chambre médicale s’est terminée sans encombre, prête pour une prochaine session agendée le 19 mai 2022. La Revue Médicale Suisse ne manquera pas de s’en faire l’écho.
1 Favrod-Coune C. A. Une simplification bienvenue. Rev Med Suisse 2021;17:1675.
DR CHARLES ABRAM FAVROD-COUNE Délégué de la Société vaudoise de médecine Rte de la Villa-d’Oex 20
1660 Château d’Oex
charles.a.favrod-coune@svmed.ch