• Aucun résultat trouvé

L'Abécédaire de l'Ancien Testament (1992-1994)

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "L'Abécédaire de l'Ancien Testament (1992-1994)"

Copied!
12
0
0

Texte intégral

(1)

Article

Reference

L'Abécédaire de l'Ancien Testament (1992-1994)

MACCHI, Jean-Daniel

Abstract

Série de brefs articles publiée de 1992-1994 / 3. 1992 Alliance – Babylone – Canon / 5. 1992 Deutéronomiste – Exode – Femme / 8. 1992 Genèse – Hébreu / 9. 1992 Isaïe-Esaïe – Job / 1.

1993 Kuntillet Ajrud – Loi – Mort / 3. 1993 Noé – Osée – «P» / 6. 1993 Qumran – Rêve / 8.

1993 Samaritain – Traduction / 1. 1994 Ugarit – Vocation / 4. 1994 Wellhausen – Xerxes / 7.

1994 Yahwé – Zacharie.

MACCHI, Jean-Daniel. L'Abécédaire de l'Ancien Testament (1992-1994). Présence protestante. Mensuel de l'Eglise Réformée Evangélique du Valais , 1992

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:6747

Disclaimer: layout of this document may differ from the published version.

1 / 1

(2)

---~.-

C H RIS T 1 A \ 1 S '1 E

L'Abécédaire de l'Ancien TestaIIlent

Alliance

La conviction que Dieu a établi avec le peuple hébreu des liens pri- vilégiés est à la base de la foi biblique. Ces liens sont fréquem- ment exprimés par le terme d'alliance.

Pour l'Ancien Testament une

«alliance» est avant tout un contrat.

Or, dans la plupart des cas, ce contrat d'alliance implique des obli- gations mutuelles. D'un côté Dieu institue avec le peuple une relation d'amitié et de paix, gage pour ce dernier de bénédictions, et de son côté le peuple recevant l'alliance doit respecter diverses obligations vis-à-vis de son Seigneur, des lois.

Cette alliance n'est pas conclue entre deux personnages égaux, mais entre un .maître» et un «servi- teur». Si le peuple ne respecte pas ses obligations il encourt des sanc- tions stipulées dans le contrat d'alliance lui-même.

Il est extrêmement intéressant de savoir que les traités imposés par les empereurs du Proche-Orient ancien aux souverains locaux qu'ils dominaient prenaient la même for- me que les contrats d'alliance décrits plus haut. Une façon, pour l'Ancien Testament, de dire que les lois de Dieu doivent être aussi rigoureusement appliquées que celles imposées par les maîtres de ce monde. Une manière d'exprimer aussi que le vrai souverain d'Israël n'est pas un empereur assyrien ou babylonien mais Dieu seul.

Le Nouveau Testament comprendra la venue de Jésus-Christ comme une nouvelle alliance.

Babylone

Il ne reste plus aujourd'hui de cette glorieuse cité qu'un champ de ves- tiges archéologiques situé non loin de Bagdad, capitale de l'Iraq. Cette ville, fondée il y a plus de 5000ans, revêt pour l'étude de l'Ancien Tes- tament une importance considé- rable.

On pense d'abord au récit de .10 tour de Babel», en Genèse 1L qui situe en cet endroit l'origine de la confusion des langues. En hébreu

Détail d'un desdragons deMardouk décorant la porte d'lshtaràBabylone.

(PhotoGérard Degeorge)

.Babel» et .Babylone» sont dési- gnés par un seul et même mot, il signifie .la porte de Dieu».

L'empire babylonien fut extrême- ment puissant au VIe siècle avant Jésus-Christ. Sa domination s'éten- dit jusqu'à Jérusalem, détruite en 587 par les troupes de Nabuchodo- nosor (qui avant d'être une bou- . teille de 14 litres est un roi de Baby-

lone). Le message du prophète Jérémie témoigne de cette doulou- reuse période: Cette défaite militai- re mit un terme au royaume fondé bien des siècles auparavant par David. La déportation d'une partie des habitants des régions vaincues faisait partie de la stratégie babylo- nienne. Pour Ces hommes, tout ce qui avait été le cadre de la vie dis- paraissait, plus de roi, plus de temple, plus même de terre. Cette catastrophe de l'exil babylonien les amena à repenser leur conception du monde et leur relation avec Dieu. C'est de ces remises en ques- tion fondamentales que naquit une partie de la littérature biblique (voi- re deutéronomiste).

Canon

Le .canon» qui nous intéresse n'a rien à voir avec l'artillerie militaire.

Dans les sciences bibliques ce terme désigne la liste des livres considérés comme normatifs par l'Eglise. La Bible que nous connaissons aujourd'hui n'est pas un simple livre mais il s'agit d'une véritable biblio- thèque constituée de 66 livres .• La

Genèse», .Job», .l'évangile de Marc», etc ... sont à l'origine des livres différents que les croyants, au cours des temps, ont rassemblés et fini par considérer comme LABible.

En ce qui concerne l'Ancien Testa- ment, nous, protestants, partageons notre .canon» avec celui des juifs.

L'Eglise catholique reconnaît, quant à elle, quelques autres textes qui ont été écrit par des juifs d'expression grecque peu avant l'ère chrétienne.

Mentionnons, par exemple, .le Sira- cide» ou .Macchabées» qui sont avec les autres deutérocanoniques

(=2ème canon) placés par la traduc- tion cecuménique de la Bible (TOB)à la fin de l'Ancien Testament.

Le .canon» du Nouveau Testament est, par contre, le même dans toutes les Eglises chrétiennes.

Mais pourquoi en est-on venu à créer une liste de livres normatifs?

L'Eglise n'aurait-elle pas pu se pas- ser de la Bible? Certainement pas, car autrement il lui aurait été impossible de distinguer ce qui est de l'ordre de la foi chrétienne et ce qui ne l'est pas. Pour prendre un exemple extrême, sans une Bible définie et unique, pourquoi ne pas admettre une nouvelle .révélation»

de Jésus prêchée par un quidam ayant soi-disant rencontré le messie dans une soucoupe volante?

Une des spécificités protestantes est de ne vouloir àdmettre comme nor- me suprême que l'Ecriture. Une façon de dire que ce n'est pas les

pasteurs ou les évêques qui impo- sent une foi, mais que celle-ci nous vient d'ailleurs. Un certain esprit d'ouverture aussi, car les livres bibliques canoniques sont tellement différents les uns des autres qu'ils témoignent ainsi que la foi n'est pas un système de pensée fermé, une morale stricte ou une acceptation béate de croyances qui paraissent violer la raison. La foi est une ren- contre dont les auteurs de chaque texte biblique témoignent à leur manière, c'est cela qui est vraiment normatif.

Jean-Daniel Macchi

(3)

"

'-''''·''>l·'''-

L'Abecedaire de l'Ancien Testament

î)

eutéronomiste

•Qui, a écrit l'Ancien Testament?

Quand? Pour qui? Pourquoi?» Ces questions sont très importantes pour bien comprendre ce que signifie un texte. Il est, aujourd'hui, possible de faire connaissance avec certains .écrivains»

bibliques. Le .deutéronomiste» est un de ceux-là, ce nom barbare lui a été attribué à cause de l'impor- tance qu'il attache à la Loi du Deu- téronome. En fait il ne s'agit pas d'un seul auteur mais plutôt d'un groupe, d'une école de pensée. La contribution des deutéronomistes à la composition de l'Ancien Testa- ment est considérable, ils ont en effet rassemblé et édité les tradi- . tions d'Israël de l'entrée en terre promise à la fin du royaume de Juda. On leur doit les livres allant du Deutéronome à2Rois. Ils ne se sont pas contentés de mettre bout à bout tout ce qui se disait ou e&ait été écrit avant eux sur cette histoi- re, mais ils se sont demandé pour- quoi le terrible malheur de l'exil babylonien était arrivé à Israël (voirBabylone). Leur conclusion, nous la connaissons bien grâce aux discours programmatiques qu'ils ont placés dans leur .histoire d'Israël» (lire par exemple 2Rois

17, 7-23): Dieu a sanctionné Israël de son infidélité permanente aux termes de la Loi, de l'alliance. La défaite militaire du royaume d'Israël n'est pas le signe de la fai- blesse de Dieu par rapport aux divinités de Babylone, mais témoigne au contraire de 11agran- de puissance, puisque c'est lui le vrai maître dans cette situation dramatique.

Exode

.C'est moi Yahweh ton Dieu qui t'ai fait sortir du pays d'Egypte, de la maison des esclaves> (Deutéro- nome 5,6). Cette affirmation est la confession de foi centrale du peuple de l'Ancien Testament. La délivrance de l'esclavage est én quelque sorte l'acte fondateur d'Israël, l'inauguration de la rela- tion entr.fl.DWu et son peuple. Le traité d'biliam;e (la Loi)qui va pré- sider awdx)nnés relations divino- humaines ne vie~dra qu'après ce cadeau dOlliberté. Une manière de dire que la grélCe divine précède toujours les œuvres humaines.

~

Le livre de l'Exode traite longue- ment des événements de la sortie d'Egypte sous la conduite de Moïse.

De nombreux historiens ont cherché à préciser la nature st la date de cet

«exode». Qui était donc le pharaon de l'Exode? Les textes égyptiens mentionnent-ils ces événements?

Ces tentatives se sont le plus sou- vent soldées par des échecs ou alors elles 0I1tdonné des résultats très hypothétiques, voire franche- ment délirants. Il s'avère, en effet, que l'événement de l'Exode reste insaisissable. Il en va d'ailleurs de même pour la résurrection du Christ. L'historien ne peut pas prou- ver la vérité de tels événements fon- dateurs. C'est d'ailleurs mieux ainsi, car face à la preuve historique, quel espace reste-t-il pour la foi?

Femme

Le mouvement féministe n'a pas manqué de faire remarquer que la femme occupe une place bien étroite et inconfortable dans les textes de l'Ancien Testament.

Une rapide statistique permet de constater que, sur près de 1500 noms propres Israélites connus, à peine plus de 100sont féminins.

Alors que les noms masculins font fréquemment référence à Dieu (Elisée =Dieu aide), ilen va rarement de même pour les femmes (Sarah =princesse). En outre leurs liens sociaux sont

presque toujours définis par rap- port aux hommes (femme de ...

mère de ... fille de ...). Signalons encore que Yahwe1;l, le Dieu d'Israël revêt une apparence très masculine.

Comme l'on pouvait logiquement s'y attendre, les représentantes du sexe faible occupent, une place très importante dans les textes relatifsà la procréation. On pense par exemple au cycle d'Abraham (Genèse 12-25)où la stérilité, puis la fécondité, de Sarah joue un rôle central.

A l'opposé, plusieurs textes utili- sent des images féminines pour traiter de l'immoralité. L'infidélité du peuple d'Israël est comparée à celle d'une épouse par le prophète Osée (chapitre 2 et 3). Ce rapide coup d'œil à la littérature biblique nous oblige à constater que l'Ancien Testament a été écrit par des hommes avec des préoccupa- tions masculines. Ce n'est guère surprenant puisque, comme dans la plupart des sociétés anciennes, l'Israël d'avant notre ère était essentiellement dirjgé par des hommes.

Bien que de nombreupes revendi- cations du mouvement féministe moderne soient fondées, il n'est pas possible de leur trouver une légitimation dans l'Ancien Testa- ment (est-il nécessaire d'aller l'y chercher?)

Néanmoins de rares textes bi- bliques peuvent mettre un peu de baume sur les cœurs féminins . On relèvera entre autres les épi- sodes suivants.

Dans le récit de la création, l'être humain n'est considéré comme l'image de Dieu que parce qu'il est mâle et femelle (Genèse 1,27).

En Egypte, lorsque le pharaon cherche à supprimer le peuple d'IsraëL par le meurtre de tous ses nouveau-nés, il ne doit sa sur- vie qu'à la «crainte de Dieu> de deux sages-femmes (étrangères qui plus estl). Elles n'accomplirent pas la funeste tache et se jouèrent du puissant pharaon (Exode 1,15- 22).

Lors de la guerre livrée par des tri- bus israélites à l'armée de Sisera c'est une prophétesse Débora qui dirige les opérations, et c'est Yaël, la femme de Héber, qui supprime le général ennemi (Juges4).

Pour terminer ce parcours, 'sig'na- Ions que la preinièreCrpPoiitiOn du Christ ressuscité est réservée aux femmes-disciples (Luc24,1-12 et parallèles).

Jean-Daniel Macchi suivre ...)

(4)

rH RIS TI A ~ 1 S M E

L'Abécédaire de l'Ancien Testament

Genèse

Comme son nom l'indique, le oremier livre de l'Ancien Testa-

~ent, «la Genèse», est entière- ment centré autour du problè- me des origines, celles de l'humanité dans son ensemble (Gen l-ll), puis celles du peuple d'Israël en particulier, à travers l'histoire de ses ancêtres (Gen 12·50).

Pour vivre, toute communauté ethnique ou nationale, a tou- jours besoin de définir ce qui la distingue de ses voisins, ses particularités. Or, cette question d'identité est intimement liée à celle des origines. Au cours du temps, le peuple d'Israël a répondu de plusieurs façons à ce problème de Genèse. Par exemple, le récit de l'Exode dit

«Nous étions esclaves à l'étran- ger et Dieu nous a donné un pays», nous venons donc d'ailleurs. A l'opposé, les tradi- tions sur les patriarches Abra- ham et Jacob (Gen 12·35)situent les origines du peuple dans le pays même: «Dieu s'est allié à un groupe nomade vivant dans cette région», nous venons donc d'ici.

Finalement ceux qui rédigeront le livre de la Genèse, vont réconcilier ces deux façons de voir l'origine, en faisant des- cendre l'ancêtre Jacob en Egyp- te pour que plus tard le peuple constitué puisse en sortir.

Au-delà du problème de la pro- venance du peuple, la question de l'origine de l'humanité est également traitée par le livre de la Genèse. Néanmoins, ilserait toutà fait illusoire de chercher dans ce récit une confirmation des théories modernes sur la création du cosmos (Big Bang, etc ...). A l'époque où l'Ancien Testament a été écrit, on se représentait le monde entouré d'un redoutable océan. Le firma- ment. une sorte d'énorme coupo- le, protégeait le monde des eaux situées au-dessus, alors que la masse de terre «flottait. sur les eaux de dessous. Dans ce cadre, on comprend bien pourquoi le fléau du déluge a tellement frap- pé l'imagination (Gen 6-8).

Eaux d'en haut

Schéma de l'univers au temps de la Genèse

---

Le premier récit de création (Gen 1-2,4), sans doute rédigé dans un milieu de prêtres, met en scène la fondation du mon- de comme une vaste liturgie de 7 jours, au sein de laquelle Dieu joue le rôle de grand ordonnateur et met en place le

«cosmos» et les êtres qui y rési- dent. L'homme et la femme, point culminant de la création prennent place durant le 6e jour.

Un deuxième récit de création (2,4-3,24) côtoie ce premier. La narration est beaucoup plus vivante et elle met en scène un Dieu beaucoup plus proche de l'homme, discutant et se confrontant avec lui. Ce texte répond àdes questions que se posait la population agricole sur les origines de ses condi- tions de vie. Le cadavre qui se dessèche devient poussière car, dit le texte, c'est avec de la poussière que Dieu façonna l'homme. De même la malédic- tion frappant l'humanité après qu'Adam (= l'Homme) et Eve aient consommé du fruit défen- du, explique pourquoi tant d'efforts ne permettent que si difficilement à l'agriculteur de nourrir sa famille, «(...) le sol sera maudit à cause de toi.

C'est avec peine que tu t'en nourriras tous les jours de ta vie.» (3,17).

Hébreu

C'est avec une grande fierté que l'apôtre Paul déclare être

«circoncis le 8e jour (...)Hébreu filsd'Hébreux» (Philippiens 3,5).

En effet.àl'époque du Christ, ce terme désignait les Juifs origi- naires de la région palestinien- ne, une appellation dont on pouvait légitimement être fier (comme on peut l'être d'être valaisan).

Néanmoins, quelques siècles auparavant tel n'était visible- ment pas le cas, car sur les 34 fois où le mot«Hébreu» est utili- sé dans l'Ancien Testament, il désigne presque toujours les Israélites soumis à leurs maîtres qui leur attribuent ce qualificatif qui paraît donc plutôt péjoratif et implique un statut social modeste.

Les historiens ont souvent fait le rapprochement avec la popu- lation «Habiru» (les consonnes sont à peu près les mêmes) connues au XIVe siècle avant ).-C. A cette époque la région de ce qui devint plus tard IsraëL était dirigée par des villes-états.

Or, le courrier que les rois de ces cités envoyaient au pharaon d'Egypte (les lettres d'El Amarna) nous apprend qu'elles avaient de fréquents démêlés impliquant des «Habi-

ru» vivant à l'extérieur des villes et détestés des puissants cita- dins,

Comme l'une des confession de foi centrale de ['Ancien Testa- ment consiste à dire que Dieu a libéré son peuple, iln'est pas étonnant que ce termed'hébreu résume plus tard toute l'action salvatrice de Dieu.

Jean-Daniel Macchi làsuivre)

----:---_---ill _

(5)

C H RIS T 1 ANI S ~l E

L'Abécédaire de l'Ancien TestaIIlent

1

saïe - Esaïe

Que l'on soit catholique ou protes- tant on prononce le nom du prophè- te Yesha'yahou (en hébreu" Yahwé sauveur») un peu différemment, Isaie ou Esaie.

Le livre du prophète Esaie fait partie, avec JérémIe et Ezéchiel. des

"grands prophètes». La longueur de ce texte est impressionnante puisqu'il contient66chapitres, occu- pant ainsi presque 150pages de la Traduction Œcuménique de la Bible.

Ce livre permet de se rendre compte comment les recuel!s prophétiques de l'Ancien Testament ont été écrits.

Durant la deuxième moihé du VIIIe siècle avant J.-C,l'Assyrie, la grande puissance de l'épOque, menaçait les royaumes d'Israël et de Juda. Un prophète nommé Esaie prononce alors une série d'oracles, exigeant la fidélité au Seigneur. une parole sou- vent accusatrice annonçant le juge- ment divin. Après sa mort, peut-être même durant son ministère, ses oracles furent recueillis par ses dis- ciples, il s'agit d'une partie des cha- pitres 1à39.Environ deux siècles plus tard, luda se trouve exilê en Babylonie. Un auteur anonyme, que l'on nomme par convention le ,deuxième Esaie., se lève pour réconforter et déclarer le salut:

"Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu»(40,1),la findu châtiment est arrivée. ils'agit des chapitres 40 à55du même livre. Ce n'est que peu de temps après, que ce messa- ge de salut a été lié au jugement annoncé par le «premier Esaie», dont les oracles ont alors été retra- vaillés. En outre, les chapitres 56-66 ont été rédigés dans une optique semblable.

On constate donc que ce texte pro- phétique n'a pas été figé une fois pour toutes, comme s'il était tombé du ciel. mais qu'il est le fruit d'une longue histoire durant laquelle des générations de croyants ont relu les anciennes traditions. Ainsi l'ensemble du texte que nous connaissons trouve sa cohérence en mettant en rapport le jugement ancien, accompli avec l'exiL avec des paroles de salut et d'espoir pour le peuple de Dieu.

Job

Dans l'expérience humaine, ilest des chemins dont on préférerait qu'ils n'existent pas et dont la pré-

Jobfrappé dans sa chairet gisant sur undépotOIr.

visité parsestrois amis (Peinturede Fouquet dans lelivre d'Heures d'E.Chevalier -XVesiécle.)

sence, sur la terre que Dieu a faite, sont de véritables défis lancés à la foi. La souffrance, sous toutes ses formes, est probablement le plus cruel. Elle frappe indifféremment les uns ou les autres sans que l'on puisse en comprendre les raisons.

Pourquoi cette brave femme souffre-t-elle d'une terrible maladie, alors que cet homme d'affaires sans scrupules coule des jours heureux en pleine santé dans sa villa de bord de mer?

Dans la littérature mondiale, peu de textes ont posé cette question de la souffrance du juste et de son sens pour le croyant, avec autant de vigueur que le livre de Job.

Entre une introduction et une conclusion en prose (chapitre 1-2et 42,7-17), sur lesquelles nous revien- drons, le corps princip€l.l4:: livre est rédigé en vers(3,1-42,6).Le tt0yau de l'ouvrage est conshtué d'un long dia- logue entre lob, frappé par la souf- france, et trois de ses amis, Eliphaz, Bildad et Sofar, de sages penseurs orientaux cherchant à expliquer les malheurs de Job. MaiS le débat mène dans une impasse car, chacun à sa manière, les amis vont attribuer la souffrance de Job au châtiment divin, alors que ce dernier va protes-

ter avec véhémence de son innocen- ce, et terminer (chapitre 29à 31) par mettre Dieu lui-même au défi de lui répondre.

La réplique divine figure aux cha- pitres 38 à 41. Elle a de quoi sur- prendre puisqu'il s'agit d'une des- cription du talent du créateur sous forme de questions adressées à Job.

Ce panorama des merveilles de ce monde est un peu ironique. Il rap- pelle à la créature sa faiblesse face au créateur; .Est-ce par ton intelli- gence que s'emplume l'épervier et qu'il déploie ses ailes vers le sud ?»

(39,26).

Cette réponse divine ne résout pas les problèmes, mais semble mettre en évidence une sorte de mystère de la création, incompréhensible pour l'homme, aussi sage soit-il. Comme pour dire: la souffrance ça ne s'explique pas, et surtout pas comme un châhment divin!

Face à ce qu'il faut bien appeler un échec de la réflexion face au pro- blème du juste souffrant. d'autres tentatives d'explicahons vont émer- ger. Le livre de lob s'en fait l'écho puisque plusieurs chapitres ont été ajoutés ultérieurement au noyau primitif.

Au chapitre 28, un «éloge de la vraie sagesse», qui n'est accessible qu'au créateur, est également pessimiste sur la possibilité pour l'homme de tout comprendre. La sagesse humai- ne a ses limites, la souffrance en fait partie.

Le discours d'un quatrième ami. Eli- hou, inséré aux chapitres 32à 37, laisse entendre, après avoir réfuté les arguments de lob, que la souf- france pourrait être un moyen utilisé par Dieu pour enseigner: "la détres- se lui ouvre l'oreille»(36,15).

La pente histoire qUl introduit et conc:ul tout ie !lvre, explique les malheurs de lob comme les consé- quences d'une sorte de test divin destiné à savoir si la piété de lob est vraiment désintéressée.

Mais au-delà de ces essais d'expli- cations, la souffrance reste et doit rester un mystère. Seul celui qui souifre a le droit de lui donner un sens. Ce n'est pas la tâche d'amis en bonne santé, même bien intention- nés(42, 7-9).

Jean-Daniel Macchi

ST'· MA URI CE

,,;;'~}S{;it~{je'/a;pag~;l~

iJltefdê'1 (;~fa~ce::le~>'3e:et: 461.1 :,dnnées'primaires;, pendant· la.pause'"

\~demidj;t,cha'quemardi) les~lre ett j2l!'ann~.le;~rdr;âprès"midb.dès:'

~lâ:sortiê.de;J!~olêflpsqu~à~l6.JY 45'., .:Sàub;pendà'ntli'I~~Yacances;sco~.

frlairesV eultê'déSlifeunes:!,'ijne' fois;

fpafl1mois';pendantIHhiyerwtÇust les!

)CalédlumèneS;îave19'le~tsi parents",

~sont;coidÎalêmen~'in'litéS;à:.unrculte>

).style,i~ùneJ'.\VôUsfne;sâvez pas,

.;'ce;qUe!:c'es~?/Alo'rsWenez:le, di.

i

inanc~'e;,2~novembre"àtJ9" hau,,·

Ftenîpléld~~l:aveY·Village. Assem.···

,',bléè,d~pâroisse,'(lavey·Morcles):"

?,1e:-13movembre,à;20>h à la,Maison"

{;Decker:-:L~ord retdurjou pesrstatu .. ;

~'~ire!soit:;lebudgeret'lescomptes, .

~L;conseirdèPparoisse;; le:pasteul't ,AiMEDlTERi

f/ne:suffit'pas de'taillerdans"

le cœur· de l'hommepourlesauver:

.iMaut que lagrâèeledouchec.

"1/ne,suffit pas detaillêrdans l'arbre·

'POUf; qu'ilfleurisse:::':'

iMautoque:/erprintemps s'en:mê/e:;

Saint.Exupéry~

---,111---

(6)

L'Abécédaire de l'Ancien Testament

K untillet Ajrud

Ce lieu, désigné par un nom arabe signifiant "colline de la source», est situé dans la région désertique marquant aujourd'hui la frontière entre l'Egypte et l'Etat hébreu. Une des découvertes les plus extraordinaires de l'archéolo- gie concernant la religion pratiquée dans les royaumes d'Israël et de Juda y a été fai- te; les inscriptions relevées à cet endroit confirment ce dont on se doutait déjà grâce à de nombreux textes de l'Ancien Testament. Yahwé n'était pas, et de loin, le seul dieu a être vénéré en Israël (fait qui est vivement - critiqué par exemple en Osée 3, 1; 2 Rois 23,5.. .).

Sur une grosse jarre figure une formule de salutation rédigée en ces termes: «Je vous salue par Yahwé de Samarie et son Ashérah», alors que sur deux autres récipients apparaît la men- tion similaire: "Yahwé de Téman et son Ashérah».

Dans ces inscriptions, la déesse proche-orientale - Ashérah, qui était souvent symbolisée par un poteau sacré, figure aux côtés du Dieu d'Israël. Ce lien entre Yahwé et Ashérah dans la religion judéo-israélite est confirmé par l'interdit de Deutéronome 16,21 "Tu ne planteras pour toi aucune Ashérah -en bois- à côté de l'autel de Yahwé ton dieu». Si le culte de Yahwé n'avait jamais été lié à celui d'Ashé- rah, personne n'aurait pensé à formuler une telle loi.

Les textes de Kuntillet Ajrud nous indiquent également que Yahwé était vénéré sous plusieurs appellatifs, en fonc- tion des lieux. Ainsi, il existait un Yahwé de Samarie, la capitale du royaume d'IsraëL et de Téman, en Edom. Un phénomène similaire se

retrouve aujourd'hui dans le cas de la vierge Marie, qui peut être de Lourdes, de Fati- ma et d'ailleurs ...

Loi

«familles»: les lois formulées de manière absolue comme

"Honore ton père -et ta mère»

ou "Tu ne tueras pas» (Ex 20,12-13) et les lois se basant sur des exemples concrets.

"Quand un homme séduira une vierge non fiancée et couchera avec elle, il devra _verser la dot pour en faire sa

femme» (Ex 22,15).

Au-delà du sens strict de

«règles législatives», le judaïsme utilise le terme de

"Loi» (Torah) dans un sens beaucoup plus large. La Loi désigne tout ce qui est consi- déré comme révélation divi- ne. Il peut donc s'agir de règles, mais aussi d'affirma- tions théologiques, de prières ou encore d'histoire. C'est ainsi que les 5 premiers livres de la Bible sont considérés comme la Loi de Moïse, alors même qu'une grande partie de ces textes racontent des événements. De manière beaucoup plus générale encore, la foi juive (transmise par écrit ou oralement) est parfois considérée comme la Torah.

Quoi qu'il en soit, à l'époque de l'Ancien Testament on considérait toujours que l'autorité ultime des lois (ou de la Loi) provenait de Dieu lui-même, qui en était l'insti- gateur. La Loi est un cadeau que Dieu donne à son peuple après sa libération de l'escla- vage d'Egypte. La Loi doit donc être considérée comme une bénédiction divine, plutôt que comme un fardeau diffi- cile à porter.

L'Ancien Testament témoigne de réactions très différentes par rapport à la mort. Ainsi, elle peut être perçue comme l'aboutissement logique d'une existence à la fois longue et courœmée par une

descendance porteuse d'ave- nir et d'espoir. Il est dit qu' "Abraham expira, il mou- rut dans une heureuse vieillesse âgé et comblé. Il fut réuni au siens.» (Genèse 25,8).

Mais comme la Bible reflète la diversité de l'expérience humaine, la mort âgée n'y est pas toujours idéalisée. Ainsi, l'Ecclésiaste décrit de maniè- re très prenante le drame de l'âge qui diminue petit à petit les facultés humaines "avant que la poussière ne retourne à la terre, selon ce qu'elle était, et que le souffle ne retourne à Dieu qui l'avait donné» (12,1-8).

Néanmoins, c'est lorsque la mort survient prématurément qu'elle est perçue le plus dra- matiquement (Esaïe 38,10-13).

Elle n'est plus alors compré- hensible dans l'ordre naturel de la création.

Le livre des Proverbes ouvre, quand à lui, une perspective très différente, puisqu'il décrit une existence éloignée de Dieu comme une forme de mort (8,36). La mort est alors considérée plus comme un phénomène spirituel que bio- logique.

Aussi étrange que cela puis- se nous paraître, les Israélites de l'époque de l'Ancien Tes- tament n'avaient pas l'espoir d'une vie post mortem pour eux-mêmes. Il est rapporté que les morts descendent au Shéol, un lieu d'ombre et de poussière qui, s'il n'est pas terrifiant, n'a rien non plus de paradisiaque. Le séjour des morts est en quelque sorte un

<<TIon-monde».

La foi en la résurrection des morts ne s'est développée dans le judaïsme que peu avant l'avènement du chris- tianisme, qui insistera beau- coup sur ce thème (voir Daniel 12,2,un écrit très tardif de l'Ancien Testament).

Jean-Daniel Macchi

;;-);1

~ ii-

t" 1

Afin de vivre dans une certai- ne harmonie les uns avec les autres, les peuples se sont, de tout temps, conformés à des lois régissant les rapports mutuels et permettant de résoudre les conflits qui pou- vaient survenir. Les Israélites n'ont pas fait exception. C'est pourquoi l'Ancien Testament contient de nombreuses col- lections de lois, par~i-.Jes- quelles on peut citer le c2âe de l'alliance (Exode 20,19- 23,19), la loi de sainteté (Lévi- tique 17-26),le code deutéro- nomique (Dt 12-26)ou encore les 10commandements.

Ces lois ne sont pas fonda- mentalement différentes de celles des autres peuples du Proche-Orient ancien.

On y distingue deux grandes

(7)

ABECEDAIRE

L'Abécédaire de l'Ancien TestaI11ent

Noé

Pour les anciens Hébreux, com- me pour d'autres peuples du Proche-Orient, le déluge repré- sente la menace la plus absolue, celle de la destruction totale du cadre permettant la vie. En effet, dans le Proche-Orient ancien, l'eau sous son aspect menaçant était associée aux forces du chaos, qui représentaient· un danger constant pour le monde créé. Aujourd'hui, la peur de la destruction totale s'exprime par·

exemple dans la crainte du feu nucléaire.

Dans le texte de Genèse 6-8, montrant Dieu détruisant toute vie, l'Ancien Testament témoigne de la foi en un Seigneur maître absolu de l'univers, capable de le réduire à néant.

Mais ce texte est aussi porteur d'espoir car malgré le jugement terrible porté par Dieu sur l'humanité pécheresse (Gn 6,5-7), la sanction n'est pas totale. Un nouveau départ est possible en la personne de Noé et de sa famille rescapée. En outre, le récit se termine par lapromesse que précisément «il n'y aura plus de déluge» (Gn 8,21-22).

L'histoire de Noé et du déluge, offre un parallèle frappant avec les aventures d'un certain Out- napichtim, dont parle des textes babyloniens.

Alors qu'avant le déluge Noé était présenté comme un homme juste ayant trouvé grâce aux yeux de Dieu, le personnage est beaucoup plus ambigu après la catastrophe. En effet le récit nous le montre inventant la culture de la vigne et expérimentant l'euphorie de la boisson. Bien qu'aucun jugement moral ne soit porté contre son ivresse, il s'ensuit que si Noé est juste aux yeux de Dieu il reste néanmoins un homme, avec ses forces et ses faiblesses.

Pour terminer, rappelons que Noé est présenté comme l'ancêtre de l'humanité entière, puisque seul survivant du ciéluge ilapparaît comme un deuxième Adam. Ses trois fils, Sem, Cham et Japhet donnent donc nmssan-

Editions du Sauvage. Dessin de Bernard Chenez.

ce à toutes les nations de la terre (Gn 10).

Osée

Le prophète Osée a vécu dans le royaume d'Israël peu avant sa disparition en 722 avant J-C. Son message de critique sociale et d'annonce de jugement dénon- çant les perversions d'une société

«proto-capitaliste», n'a probable- ment pas immédiatement été pris au sérieux par la majorité de la population (Os9)). Néanmoins, après la chute de Samarie, une partie des disciples d'Osée se réfugièrent dans le royaume de Juda. Ils collectionnèrent ses paroles et les récits de sa vie pour en faire un livre.

On comprend aisément que le message du prophète acquit alors une crédibilité nouvelle à la lumière de la catastrophe natio- ndle d'Israël. Celle-ci pouvait ain- si êfr\e comprise comme la puni- tion divine frappant l'infidélité dénoncée par Osée.

Le livre d'Osée est composé de deux grandes parties: une série d'oracles (chapitres 4-14) sont précédés de récits concernant les

déboires familiaux du prophète (chapitre 1-3).

Les trois premiers chapitres sont certainement les plus célèbres du livre. Le mariage d'Osée avec une femme infidèle (Os 3,1) etla signification des noms donnés à leurs enfants (<<Non-aimée» et

«Pas mon peuple,,), symbolisent la relation de Dieu avec Israël. Le prophète fait comprendre par des images tirées de sa vie senti- mentale personnelle, ce que doit représenter l'infidélité de son peuple pour Dieu.

Outre une certaine injustice sociale, c'est surtout la vénéra- tion par Israël d'autres divinités, qui est considérée comme une infidélité. Osée proclame que Yahwé veut être adoré seul et ne souhaite pas partager le coeur de son peuple avec d'autres divi- nités de la fertilité.

L'image du mariage d'Osée est à la fois émouvante et actuelle, car elle nous rappelle qu'en religion comme dans les couples, l'exclu- sivité est essentielle à un amour harmonieux.

«P»

Par ce sigle signifiant Priesterko-

dex «écrit sacerdotal», on désigne une des plus impor- tantes écoles théologiques étant intervenue dans la rédaction des cinq premiers livres de la Bible. En effet, les livres qui constituent le Pentateuque ont connu de multiples relectures et actualisations, notamment pen- dant ou après l'exil. C'est à ce moment qu'il faut situer l'activité de «P»

Comme leur nom l'indique, les

«sacerdotaux» font partie de milieux de prêtres. Attachés à la législation, en particulier à celle du culte, on leur attribue les textes juridiques comme Exode 25-31 et 35-40 ou encore le Lévi- tique et d'autres.

Cependant «P» ne nous a pas transmis que des lois, mais aussi plusieurs récits dont le plus connu est celui de la création en sept jours (Genèse 1).Par les six premiers jours décrits comme une vaste liturgie, les prêtres insistent sur la transcendance et la toute-puissance de Dieu dans sa création. De plus par le sep- tième jour consacré au repos divin, les sacerdotaux fondent une institution à laquelle ils tien- nent particulièrement, le Sabbat hebdomadaire. ils font de même avec la circoncision qu'ils pré- sentent comme signe de l'allian- ce divine avec Abraham.

Grâce à ces diverses institutions cultuelles, qui trouvent leur apo- gée dans la révélation divine au Sinaï, les rédacteurs sacerdo- taux considèrent Israël comme une «communauté sainte» qui doit rendre au Seigneur le culte qui lui convient.

Jean-Daniel Macchi

Emissions religieuses

de 19 hà20 h tous les dimanches

(8)

L'Abécédaire de l'Ancien TestaIl1ent

Qumran

Le site de Qumran au bord de la mer Morte a été le lieu d'une des plus fabuleuses découvertes d'archéologie biblique. Nous la devons à un jeune berger ara- be qui, en 1947, cherchait une bête perdue dans des falaises rocheuses. ilpénètre alors dans une grotte et y découvre des jarres contenant des manus- crits. Les fouilles archéologiques permirent par la suite d'accéder à Il grottes contenant environ 600 manuscrits qui, pour la plu- part, sont écrits en hébreu.

L'intérêt de ces découvertes est immense. En effet, une partie des manuscrits de la mer Morte est constituée d'exemplaires de textes bibliques. Or, ces manus- crits sont de très loin la plus ancienne collection de textes de l'Ancien Testament connue à ce jour, puisqu'ils datent de l'épo- que préchrétienne. Par compa- raison signalons que le texte uti- lisé pour éditer la Bible hébraï- que date de près de dix siècles plus tard (codex de Léningrad,

1009ap. J-C). Les documents de Qumran sont donc très utiles pour mieux comprendre com- ment le texte biblique nous a été transmis. On s'est ainsi aperçu qu'à l'époque du Christ coexis- tait des versions différentes d'.un même écrit, sans que cela ne pose les problèmes théologi- ques qui, plus tard, conduisirent à la sacralisation absolue de la lettre du texte biblique et au rejet de toute variante aussi mi- nime soit-elle.

D'autre part, les manuscrits de la mer Morte nous ont permis de mieux connaître la communau- té religieuse essénienne vivant à Qumran. C'est sans doute elle qui, pour protéger sa biblio- thèque lors de la première guer- re juive (67-70 ap. J-C), cacha ces manuscrits dans des grottes.

Les Esséniens constituaient une branche du judaïsme de type monastique. Dirigée par des prêtres, cette communauté se

Qumran, lesgrottes où furent découverts lesfameux Rouleaux de la Mer Morte

considérait comme un groupe de purs (combattant les forces du mal) et polémiquait vive- ment contre le sacerdoce du temple de Jérusalem.

Reste à dire quelques mots sur la publication des manuscrits de Qumran. La presse a récem- ment signalé au grand public le retard pris par cette publication (depuis 40 ans tout n'est pas encore paru). Ce retard n'est pas le fruit d'une volonté délibé- rée de cacher des textes qui mettraient en cause je ne sais quel «fondement de la foi» (la rumeur de textes mentionnant Jésus a parfois été colportée), mais découle d'un problème de temps pour un travail d'édition critique titanesque. Signalons qu'une université américaine a mis à la disposition des cher- cheurs les photographies des fragments de manuscrits non encore publiés.

Rêve

Totit le monde rêve et participe à c"t étrange spectacle où l'on est pla fois l'auteur, le metteur en scène, le public et finalement le lieu même de l'action. Mais l'expérience du rêve est mysté- rieuse aux yeux même de celui

qui le génère. Endormi, le rê- veur déambule dans un univers de symboles difficiles à interpré- ter et à comprendre, sorte de promenade où la volonté et la logique n'occupent que peu de place.

De tout temps les rêves ont fasci- né et donné lieu à des tentatives d'interprétation. Pour les an- ciens, le domaine du rêve cons- tituait une zone frontière entre le monde des hommes et celui des dieux. On comprenait donc faci- lement qu'ils puissent délivrer des messages de l'au-delà. Les psychanalystes ne sont finale- ment que les successeurs des oniromanciens (spécialistes de l'interprétation des rêves) d'au- trefois.

Dans l'Ancien Testament, le des- tin du personnage de Joseph (Genèse 37-50) est marqué par les rêves et leur interprétation.

Tout commence dans la famille du jeune Joseph, au sein de la- quelle ce dernier raconte deux rêves, dans la symbolique des- quels on reconnaît aisément que ses onze frères et ses parents lui doivent le respect. Le second rêve est relaté de la manière sui- vante: "Le soleiL la lune et onze étoiles se prosternaient devant moi» (Gn 37,9). Rejeté par ses frères, Joseph se retrouve escla-

ve en Egypte, puis y est jeté en prison. C'est grâce aux rêves d'autres personnes que sa situa- tion va s'améliorer. Il va d'abord interpréter les songes de deux prisonniers (Gn 40), puis va être appelé à décrypter ceux du sou- verain égyptien. Les symboles qui y apparaissent sont assez obscures et personne n'arrive à les comprendre (Gn41,15). Le Pharaon voit sortir du Nil sept vaches grasses suivies de sept maigres. Joseph interprète cela comme l'annonce de sept an- nées d'abondance suivies de sept années de sécheresse (Gn 4U4-36). Il est alors chargé de constituer des provisions au nom du Pharaon durant les années grasses et devient son brasdroil.

Ce récit met en lumière l'ambi- guïté des songes puisque les conséquences de leur interpré- tation peuvent être dramatiques (les rêves du jeune Joseph) ou très positives (l'Egypte est sau- vée de la famine). En outre, le texte montre que la symbolique du rêve n'est pas toujours sim- ple à comprendre. Nous tou- chons là, à une des caractéris- tiques fondamentales du rêve:

les symboles qui y apparaissent contiennent toujours une part de mystère. C'est peut-être pour cela que les songes ont pu être compris comme des messages de Dieu. En effet, le contact de l'homme avec le divin restera toujours mystérieux, du domai- ne de la foL..

Jean-Daniel Macchi

Das Fachgeschaft

an der Briger Bahnhofstrasse fOr NlIIUrhellrrittel und Krlutertrapfen, KrAutert .. Mlechungen und GewOrze,

ParfOmerie undKosmelIk, Kerzen ingl'DM« Auswahl, K1ndemlhmittel und PlIegeprodukte, G8lIUncIl .... wbd1. und viel. mehr ...

~

(9)

L'Abécédaire de l'Ancien Testa:ment

Samaritain

Le Nouveau Testament nous apprend qu'au premier siècle de notre ère, Samaritains et Juifs entretenaient des rap- ports très tendus. Lors d'une halte au puits de Jacob, près de Sichem.. une femme samaritaine fut très surprise que Jésus lui demande de lui puiser de l'eau car, nous ex- plique le narrateur de l'évangile de Jean, «les Juifs n'ont pas de relations avec les Samaritains» (Jean 4,9).

Néanmoins, ces deux religions sont très proches l'une de l'autre. Ainsi les Samaritains se considèrent comme les descendants légitimes des Israélites de l'époque de l'Ancien Testament et se définissent comme les

«gardiens» du texte saint. de la vérité. Ils considèrent comme sacrés les cinq livres attribués à Moïse (le Penta- teuque: Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéro- nome) mais, à la différence des Juifs, ils ne tiennent pas pour saints les autres livres de l'Ancien Testament. les jugeant comme des ajouts superflus et hérétiques. Les Samaritains respectent les coutumes telles que le Sabbat ou la circoncision de manière parfois même plus stricte que les Juifs.De même, alors que le judaïsme ne procède plus aujourd'hui à l'immolation rituèlle de l'agneau lors de la Pâque, les Samaritains se réunissent encore chaque année pour pratiquer ce sacrifice sur leur montagne sacrée, le mont Garizim. Le lieu choisi par Dieu est au centre de la polémique entre Juifs et Samaritains, puisque pour les uns il s'agit de Jérusalem alors que pour les autres c'est le Garizim près de Naplouse (en Cisjordanie).

Au niveau de leurs pratiques et de leurs croyances, les Samaritains peuvent donc, tout aussi bien que les Juifs, revendiquer une légitimité basée sur le texte biblique

Les Samaritains et leur Pentateuque (Jérusalem n'est pas men-

tionnée dans le Pentateuque).

De plus les Samaritains peu- vent, sans doute à juste titre, se targuer d'être des descen- dants de l'Israël biblique.

Il paraît bien difficile de trancher qui des Samaritains ou des Juifs sont les plus

«légitimes». Selon Jean 4,22-23, Jésus a pris parti pour les Juifs tout en dépassant immédia- tement cet antagonisme en affirmant que «les vrais adorateurs adorent le Père en esprit et en vérité». Une façon d'affirmer que la foi en Dieu va bien au-delà de l'appar- tenance à un groupe social ou religieux.

Aujourd'hui. les Samaritains ne constituent plus qu'un petit groupe d'environ SOO fidèles vivant en Terre Sainte, les drames de l'histoire les ayant presque entièrement fait disparaître. Leurs coutumes, qui témoignent d'une grande fidélité aux pratiques ances- trales, méritent un profond respect.

Traduction

En vous promenant dans le rayon «religion» de certaines librairies, peut-être avez-vous été frappé par le nombre de traductions françaises diffé- rentes de la Bible. On peut alors se demanBer le pourquoi d'une telle divèrsité et si une

1

seule Bible française ne pour- rait pas suffire.

Comme l'Ancien Testament est écrit en majeure partie en hébreu (on trouve un peu d'araméen dans le livre de Daniel et d'Esdras) et le Nou- veau en grec, très rapidement les croyants ont ressenti la nécessité de traduire ce texte pour des fidèles ne com- prenant pas ce langage. C'est ainsi que déjà bien avant Jésus-Christ. l'Ancien Testa- ment avait été traduit en grec pour le public hellénophone.

Mais le travail de traduction est extrêmement complexe. La façon dont une langue ancienne exprime les choses n'est pas touj ours facile à comprendre et encore plus difficile à rendre en français.

L'exemple classique de ce type de problème se trouve dans la réponse divine à la question posée par Moïse pour savoir le nom de Dieu (Exode 3,14). En hébreu on trouve èhyèh achèr èhyèh, èhyèh signifie «je suis»

alors que achèr signifie

«que». Malheureusement en hébreu, les temps des verbes distinguent plus une action longue d'une action ponctuelle qu'une chronologie passé- présent-futur. Ainsi èhyèh peut aussi bien indiquer un présent qu'un futur. Le texte peut alors être traduit par «je suis qui je suis» (Dieu éluderait la question de Moïse), ou par «je

suis qui je serai» (Dieu expri- merait par là sa pérennité). La traduction grecque des Sep- tante va plus loin et dit «je suis celui qui est» (Dieu serait alors considéré comme l'essence de l'être). Citons encore la version Segond qui traduit «je suis celui qui suis» (ce qui ne veut rien dire en français).

Avec cet exemple, on s'aper- çoit que la traduction est donc toujours une forme d'interpr-é- tation du texte original.

L'autre problème posé par la traduction biblique provient de la langue même de traduction. Or celle-ci évolue au cours du temps et diffère d'un endroit à l'autre. Ainsi le terme «allégresse» qui était peut-être utilisé couramment il ya 100ans ne l'est plus guère aujourd'hui. Il est donc préfé- rable de le remplacer par

«joie». De même comment parler d'agneau de Dieu à des esquimaux n'ayant jamais rencontré ce charmant animal.

La traduction de la Bible en français courant vise à offrir un texte biblique facilement accessible, mais par là même elle ne reste guère fidèle au mot-à-mot biblique. A l'oppo- sé, la traduction de Chouraqui cherche à rester fidèle à la lettre biblique mais le texte qui en résulte ne peut guère être considéré comme du français.

Entre ces deux extrêmes, on trouve tout une palette d'autres traductions parmi lesquelles mentionnons la vieille Segond au langage si solennel et les traductions plus récentes comme la Bible de Jérusalem, la traduction œcu- ménique de la Bible (TOB)ou la Bible de la Pléiade, toutes trois remarquables.

En ce domaine, plusieurs traductions sont sans doute préférable à une édition standard, car elles permettent à chacun d'appréhender la diversité des sens d'un texte biblique qui nouS échappe toujours un peu.

Jean-Daniel Macchi

(10)

L'Abécédaire 'de l'Ancien Testam.ent

Ugarit

Le conflit entre le dieu d'Israël et Baal est abondamment rapporté par l'Ancien Testa- ment. Cette opposition culmi- ne avec le fameux épisode du sacrifice du Carmel (l Rois 18,20-40).Le prophète Elie se trouve en face de 450 pro- phètes de Baal. Deux sacrifi- ces sont préparés. Mais afin de montrer au peuple qui est le vrai dieu ce sera à lui d'allumer le feu. Le texte nous raconte que, malgré leurs danses extatiques, les pro- phètes de Baal n'obtinrent pas la moindre étincelle, alors que le feu de Yahwé enflam- ma l'holocausté préparé par Elie.

Malgré la condamnation sans appel des cultes baaliques par la Bible hébraïque, celle- ci ne nous renseigne guère sur le contenu de cette reli- gion. C'est pourquoi les tablettes cunéiformes, retrou- vées durant les années 30 dans la cité antique d'Ugarit (prononcer Ougarit) en Syrie, firent l'effet d'une bombe parmi les biblistes. En effet, on s'aperçut que les habitants de cette ville portuaire du 2e millénaire avant J,-C.

pratiquaient une religion présentant de nombreuses analogies avec ce que l'An- cien Testament nous présente comme la religion «cana- néenne».

«La Vocation des fils de Zébédée»

Baal», décrit les aventures de ce dieu. Trois thèmes majeurs s'en dégagent. Le combat victorieux de Baal contre le dieu de la mer Yam, les difficultés qu'il rencontra pour édifier son palais sur la montagne sainte du Saphon (Djebel el-Aqra') au nord d'Ugarit et sa défaite face au dieu de la mort Mot qui aboutit à son propre décès puis, grâce à l'intervention de sa soeur la belle déesse Anat, àsa résurrection.

Le thème de la mort de Baal est particulièrement intéres- sant. En effet. ce développe- ment mythologique permet- tait aux anciens d'expliquer la disparition totale des pluies durant l'été puis leur réappa- rition en automne, par la mort et la résurrection du dieu

L d, B 1 responsable de ces phéno-

e leu aa occupe une , , '

1 t" t t ,mènes meteorologlques. La

pace res Impor an e parmI "

1 t, d d' , 't' mer representmt pour les

es cen aInes e IVlnl es ' ,

't' Il' 't d' anCIens sémites les forces du

~gan l~ues. s agI un chaos et de la destruction. La Jeune dIeu fougueux gouver- VICOHe't' de Baa1 sur cet nant les forces naturelles, ' de e emen'l' t nous ln' d"lque qu l"1 1orage et de la plUle. Ce type ~, , " ou al't aUSSI un ro e cen ra' -1 t 1 de dlvlmté OCCUPŒté dé t dune place1 ns e mam lenl' t' de or rel' d du

pr pon ran e ans es d

sociétés proche-orientales, mo e.

car l'abondance des pluies Ugarit apporte un éclairage hivernales déterminait la considérable pour notre fertilité du soL la qualité des compréhension de la Bible. Le récoltes et par conséquent la sacrifice du Carmel ne prend- survie des populations. t-il pas, par exemple, une Une série de tablettes mytho- signification plus profonde logiques, appelée le «cycle de quand on sait que Baal est

Marco Basaiti - 1510 précisément responsable de l'orage et de la foudre? Ainsi, ce récit manifeste que Yahwé est le plus grand, même dans le domaine de compétence de Baal.

Vocation

Le service du prêtre ou celui du pasteur est souvent perçu comme le fruit d'un appel de Dieu, d'une vocation. Mais on peut considérer aussi que c'est chaque chrétien qui est appelé par «vocation» à vivre sa foi et son salut en Jésus- Christ.

L'Ancien Testament nous ra- conte la vocation d'un certain nombre de grands personna- ges qui ont marqué l'histoire d'Israël. Des vocations de sauveurs: Moïse (Exode 3), Gédéon (Juges 6,11-24); de prophètes: Jérémie (l,4-l0), Ezéchiel (1-3), Esaïe (6) ou Jonas (l,1-2; 3,1-3); ou même d'un patriarche: Abraham (Genèse 12,1-4).

Ces récits expriment en ter- mes humains la façon dont est perçue l'expérience fonda- mentalement mystérieuse de la relation vocationnelle avec Dieu.

Jérémie 1,4-10 est souvent interprété comme le récit de vocation par excellence. Dieu commence par désigner son

prophète (verset 5) qui refuse (v.6), le Seigneur lève alors l'objection du prophète en l'assurant de sa présence (v.7- 8) et lui donne un signe de sa vocation (v.9). La description de la vocation de Jérémie utilise un schéma très proche de celui des vocations de Moïse, de Gédéon ou même d'Ezéchiel.

On peut relever les points suivants:

• D'une part, le choix de Dieu ne correspond à aucun critère humain précis. Ainsi Jérémie est trop jeune pour être écou- té par ses concitoyens ou Moïse n'est pas un orateur doué (Exode 4,10). Néan- moins, ce sont ces personna- ges-là que Dieu choisit pour porter son message.

• D'autre part. dans un pre- mier temps, les appelés n'hé- sitent pas à refuser la mission qui leur est confiée. Ces objections ne sont pas alors considérées comme une désobéissance punissable, mais amènent au contraire un encouragement divin et une promesse d'accompagne- ment. En ce sens, ces récits confessent la foi en un Dieu qui tient compte des faibles- ses et des limites humaines.

• Finalement, le fait même de parler de sa vocation per- met au prophète de légitimer son propre ministère et de renforcer aux yeux des auditeurs la crédibilité du message qu'il transmet. Ainsi, Amos n'hésite pas à faire état de sa propre vocation pour combattre le prêtre de Béthel qui voulait l'expulser (Am 7,14-15). De plus, le fait que l'on trouve un récit de voca- tion au début de certains écrits, comme dans le livre de Jérémie ou d'EzéchieL n'est pas innocent. puisqu'ils té- moignent du caractère «ins- piré» de l'ensemble du livre.

Jean-Daniel Macchi

(11)

L1Abécédaire de IIAncien Testament

'NeUhausen

Le nom de Julius Wellhausen 0844--1918) est associé à une façon d'expliquer la naissan- ce des cinq (ou six) premiers livres de la Bible qui a rem- porté un succès considérable durant les cent dernières an- nées. Des générations d'exé- gètes de l'Ancien Testament, dont les plus importants sont Hermann Gunkel. Martin Noth et Gerhard von Rad, se sont dès lors appliqués à mo- difier et à perfectionner ce modèle explicatif pour abou- tir à ce que d'aucuns appel- lent le consensus wellhause- nien.

Le Pentateuque serait le fruit d'un long processus rédac- tionnel combinant plusieurs

«documents» (3 ou 4) écrits à des époques différentes et traitant de tout ou partie de la préhistoire d'Israël.

Le premier document appelé le Yahwiste (sigleJ)aurait été rédigé sur la base de textes ou de traditions orales, à l'époque salomonienne (-1000 av. J-C). Le Yahwiste est surnommé ainsi parce qu'il appelle dès la création le dieu d'Israël de son nom propre «Yahwé» et cela avant même que ce dernier n'ait ré- vélé son nom en Exode cha- pitre 3. J refléterait l'idéologie des intellectuels éclairés de l'époque du grand roi Salo- mon (G. von Rad parle du

«siècle des lumières salomo-

niennes») et témoignerait de la légitimité de la royauté de David son père.

Le second document est dit Elohiste (sigle E) car il parle toujours d'elohim (=Dieu nom commun) jusqu'à Exode 3. E aurait été rédigé un peu plus tard à l'époque de la monar- chie divisée (-750-700 av. J-C) probablement dans le nord.

Un rédacteur aurait ensuite utilisé J et E pour créer JE, pro- bablement après la chute de Samarie (722).

D, en gros le Deutéronome, aurait été ajouté à cet en- semble littéraire au moment où le roi Josias cherchait à ré- former le culte d'Israël en voulant en particulier centra- liser le culte à Jérusalem et en extirper tous les éléments

«cananéens».

Ce n'est qu'après l'exil en Babylonie (587-535) qu'inter- vient la couche sacerdotale dont nous avons déjà parlé (voirP).

Malgré son immense succès chez les biblistes de la pre- mière moitié de notre siècle,' le consensus wellhausenien s'est aujourd'hui presque to- talement effondré. Il serait trop long d'expliquer ici pour- quoi et comment. Signalons simplement que les exégètes actuels s'intéressent moins à la reconstruction de sources anciennes, mais s'attachent plus à comprendre le proces- sus rédactionnel qui a con- duit à l'édition du Pentateu-

que (principalement pendant et après l'époque de l'exil).

Ce changement de perspecti- ve prend en quelque sorte le problème par l'autre bout, ce qui finalement est plus lo- gique. En effet, le texte que nous possédons est le fruit du travail des rédacteurs. Les sources sur lesquelles ils se sont fondés ne peuvent être discernées qu'a posteriori derrière leur travail.

Xerxes

Xerxes est le nom d'un roi Perse ayant régné entre 486 et 465 avant J-C. Ce souve- rain n'est certainement pas celui qui a le plus marqué l'histoire perse. Néanmoins, l'empire qu'il dirigea a joué un rôle considérable dans le cadre du développement de la religion juive.

Nous nous souvenons qu'en 587 une partie des habitants du royaume de Juda avaient été déportés en Babylonie.

Lorsque les Perses prirent le contrôle de l'empire babylo- nien, sous la direction de Cyrus leur roi, une ère nou- velle s'ouvrait pour les des- cendants des déportés. En ef- fet, les nouveaux maîtres al- laient mettre en place une po- litique relativement favorable aux peuples vivant dans l'empire.

C'est ainsi que l'idéolQgie perse va présenter le nouvel

empire comme une bénédic- tion pour tous les peuples de la terre. Les textes de l'épo- que de Cyrus présentent ce dernier comme le propre en- voyé de Marduk (un para- doxe car il s'agit du dieu des Babyloniens vaincus) pour ré- tablir l'ordre et la paix. Dans le même ordre d'idée, cer- tains textes de' l'Ancien Testament présentent Cyrus comme le messie du Dieu d'Israël (Es44,28-45,4).

L'époque perse va être mar- quée par la possibilité laissée aux Judéens exilés de revenir s'installer dans leur ancienne patrie et de reconstruire un temple à Jérusalem. L'édit de Cyrus dont nous parlent les livres d'Esdras et des Chroni- ques (Esd 1 et 2Ch 36,22-23) reflète sans doute un souve- nir historique. D'autre part, les Perses vont mener au sein des provinces qu'ils contrô- laient une politique relative- ment libérale tenant compte, en partie en tout cas, des cou- tumes et des traditions lo- cales. De nombreux biblistes pensent d'ailleurs que l'effort de compilation d'anciennes traditions et de rédaction, dont les cinq premiers livres de la Bible (le Pentateuque) sont le fruit, pourrait s'expli- quer par la volonté perse de disposer pour chaque provin- ce de l'empire d'un document normatif spécifique.

Jean-Daniel Macchi

Cortèges de déportés

(d'après les bas-reliefs assyriens du VITesiècle L~ ~

ft"'> (

·;:>t'>..201t

'ta

avantJ.C.)

ID

(12)

L'Abécédaire de l'Ancien Testament

Yahwé

Par les quatre lettres Yhwh la Bible hébraïque désigne le nom propre du dieu d'Is- raël. Il apparaît plus de 6000 fois dans l'Ancien Testament.

On ne peut être certain de la façon dont ce terme se pro- nonçait, carle texte biblique hébreu ne comportait primi- tivement que les consonnes.

Ce n'est qu'à partir du moyen- âge que les scribes juifs ont commencé à indiquer la pro- nonciation des voyelles à l'aide d'un système de points et de traits figurant au-des- sus ou au·des~ous des con·

sonnes. Or à cette époque, on ne prononçgit plus le nom divin, caron le considérait comme trop sacré.

Les scribes n'ont donc pas in- diqué les voyelles du nom primitif mais les voyelles du mot qu'il convenait de pro- noncer à la place (dans les anciens manùscrits shema signifiant «le nom» en ara- méen), puis dans les éditions récentes on' crfajouté un «0» . pour se rapprocher du mot adonai, en hébreu «le Sei- gneur», qui est encore utilisé aujourd'hui dans le judaïs- me pour prononcer les qua- tre lettres saintes.

Signalons que les voyelles sont placées .de telle sorte qu'il n'est en aucun cas pos- sible de prononcer les con- sonnes Yhwh avec les voy- elles indiquées (<<e-a»ou «e- a/a») comme on l'a fait au siècle passé (et encore au- jourd'hui dans certaines sectes) en disant Jéhovah. La majorité des savants pensent aujàurd'hui. 'grâce à des transcriptions anciennes du terme en greè, que la pro- nonciation primitive était

Yahwé. '.

..-~~.

Mais si les h~·tdélites utili- saient un no~ propre pour désigner leud.1ièu, c'est qu'à l'époque où Œsvivaient, ils ressentaient le besoin de le

distinguer des autres divini- tés. Sinon ils se seraient sans doute contentés de l'appeler du nom commun «dieu» (en hébreu èlohim).

Tel ne fut pas le cas, car avant de développer la reli- gion juive monothéiste,que nous connaissons aujour- d'hui, les Israélites ont d'a- bord vénéré plusieurs divini- tés parmi lesquelles figurait

Yahwé (voir 2 R 17:7-23).

Plus tard, à l'époque royale, probablement d'abord dans des milieux prophétiques, l'idée qu'Israël ne devait pas vénérer d'autres dieux que Yahwé s'est développée.

Cela ne supposait pas enco- re que l'on aille jusqu'à nier l'existence même des autres dieux. Cette théologie, qu'on appelle souvent la monolâ- trie, peut être considérée

a)

b)

Le nom mystérieux de l'Eternel a) en caractères phéniciens antiques

b) en caractères hébreux (2e siècle avant J:C.)

d'Aggée-Zacharie n'ont pas fondamentalement remis en question la domination perse.

Rappelons qu'un gouverneur, surtout s'il est de sang royaL est souvent perçu par ses concitoyens comme une sorte de roi local vassal de l'empi- re. La problématique de ces livres est avant tout cultuelle:

il faut accélérer les travaux de construction d'un nouveau temple et rétablir solidement à Jérusalem le culte de Yah- wé, ainsi qu'une hiérarchie sacerdotale. La politique reli- gieuse perse, en particulier sous Darius, a sans doute joué un rôle important dans cette affaire, puisqu'elle en- courageait la mise en place de leaders religieux locaux aux côtés des g~uverneurs.

Les chapitres 1 à 8 du livre de Zacharie sont structurés de la façon suivante: uneintroduc- tian et une conclusion (1: 2-6;

8: 14-15) invitent les contem- porains du prophète à ne pas se révolter comme l'avaient fait leurs pères, mettant ainsi en place les conditions d'une bénédiction divine nouvelle, Les chapitres 1: 7-6,15 sont constitués d'une série de sept visions nocturnes structurée comme les branches d'une ménorah: a, b, c, d, c', b', a'.

a: Le cavalier.

b: Les 4 cornes c: Le cordeau

d: Le chandelier à sept branches, et les deux oliviers (+ le grand prêtre et le messie) c': Le rouleau volant

b': Le boisseau a': Les chars.

Finalement, les chapitres 7-8 sont formés de considérations sur la pratique du jeûne ainsi que d'oracles de salut pour Juda.

Les chapitres 9-14 du livre de Zacharie sont plus difficile- ment compréhensibles (allu- sions à des événements in- connus). Ils ont sans dç)Uteété ajoutés ultérieurement.

Jean-Daniel Macchi Université de Genève comme majoritaire dans

l'Ancien Testament. L'image utilisée dans Osée 3: 1 té- moigneclairement de cette vision des choses: «Yahwéh me dit: Va encore, aime une femme aimée par un autre et commettant l'adultère. Ainsi est l'amour de Yahwéh pour l'es ms d'IsraëL alors qu'eux se tournent vers d'autres dieux (...)>>.

L'A.T. ne contient que relati- vement peu de textes stricte- ment monothéistes confes- sant Yahwé comme le seul Dieu existant dans le cosmos.

Citons par exemple Es 43:

lOc-Il: «Avant moi, aucun dieu n'a été formé et après moi il n'yen aura pas. Moi, moi, Yahwéh! et en dehors de moi il n'y a pas de sauveur».

Zacharie

Les circonstances qui ont vu la naissance du livre d'Aggée ainsi qué des huit premiers chapitres de celui de Zacha- rie sont sensiblement les mêmes. Nous nous trouvons, entre 520 et 518 avant J.-C., au début du règne de l'empereur perse Darius1.Une partie des Judéens qui avaient été dé- portés après la chute de Jéru- salem et la destruction du temple, 50 ans plus tôt, revien- nent dans une Palestine sous hégémonie perse. Bien que des espérances messianiques de restauration d'une monar- chie indépendante en Juda se soient faites jour autour du gouverneur Zorobabel (de li- gnée davidique), les livres

---~m---

Références

Documents relatifs

Dans deux ouvrages récents (Reboul &amp; Moeschler 1998a et b), nous nous sommes élevés contre cette hypothèse du DIS- COURS 1 comme une unité linguistique à part

Il peut aussi se demander si le cognitivisme modéré d’un Shallice est compatible avec ce que les philosophes appellent une thèse fonctionnaliste en philosophie

17 Notamment en matière de légitimation à déposer plainte (cf. 4 a LCD n’est pas abrogé ni modifié, mais biffé de la liste des comportements constitutifs du délit réprimé

D'une manièr ou d'une autre, c'est toujours sur la base d'un de ces deux modèle que les différence entre les textes grecs et le texte hébre ont ét expliquées

L’article tente finalement de mettre en évidence trois apports de ce champ de réflexion critique : les études de genre ont transformé et transforment les conceptions ordinaires

Court texte biographique qui relate les effets de technologies nomades dans la vie d'un enseignant qui partage sa vie professionnelle et sa vie familiale dans deux villes distantes.

O.M.: Du moment qu’ils sont obligés d’être à l’école et que ces savoirs sont considé- rés comme vitaux, il faut tout faire pour que tous les enfants arrivent à niveau. Ce

Disclaimer: layout of this document may differ from the published version. 1