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LE CALVAIRE MADAME ROLAND

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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LE CALVAIRE

MADAME ROLAND DE

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DU MÊME AUTEUR

Histoire du Port de Rouen et de son Commerce (Schneider, 1902).

(Couronné par la Société Industrielle de Rouen.)

J. P. Capon, dit Delestre, soldat de la Révolution et de l'Empire (Wolf, 1903).

Eustache de la Quérière, Historien-archéologue rouennais (Lecerf, 1905).

La maison de Roland à Rouen et les Malortie (Lecerf, 1908).

Le long martyre de Françoise Salmon 1

(Librairie Académique Perrin, 1925).

Charles Sepher, suisse de Saint-Eustache de Paris et général de la Révolution. Préface de G. Lenôtre.

(Firmin-Didot, 1930).

Pierre Corneille intime (Malfère, 1936).

(Couronné par l'Académie Française.)

E. Th. de Maussion, dernier Intendant de la Généralité de Rouen (Wolf, 1937).

(Couronné par l'Académie de Rouen.)

Le Léopard de la Révolution (Librairie Académique Perrin, 1938).

Les Diaboliques de Barbey d'Aurevilly (Malfère, 1939).

A PARAITRE

La Révolution Française. — Tome premier : L'Etendard sanglant se levait 1786-1792). (Librairie Académique Perrin).

Le Septembriseur Wilfrid Regnauld (1762-1843).

EN PRÉPARATION

La Révolution Française. — Tome II : L'Etendard sanglant est levé (1792-1793). (Librairie Académique Perrin).

Le Duc de Persigny, bâtisseur du second Empire.

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ARMAND LE CORBEILLER

LE CALVAIRE MADAME ROLAND DE

É D I T I O N S C.-L.

3, RUE AUBER — PARIS 1942

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Droits de traduction et de reproduction réservés pour tous les pays

Copyrigt 1942, by Edition' -éâjmf\nn-Lévy

Imprimé en France

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A MES ENFANTS BIEN-AIMÉS JACQUES-CLAUDE ET ANNE-MARIE,

JE DÉDIE CETTE HISTOIRE DONT FURENT BERCÉES LEURS ANNÉES

D'ENFANCE ET DE JEUNESSE A. L. C.

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LE CALVAIRE DE MADAME ROLAND

CHAPITRE PREMIER

CLÉOBULINE

La très anciennne rue aux Ours (corruption de Ouës, signifiant Oies en vieux normand), de l'antique ville de Rouen, chemine tortueusement de la rue de la Vicomté à la rue Grand-Pont, coupant la moderne et large voie qui porte le nom de Jeanne-d'Arc. Bordée de maisons quelque peu plantées de guingois, de logis précédés de cours sans gaieté, elle conduisait jadis de l'église Saint-André-de-la-Ville, à l'église Saint-Cande-le-Jeune, à peine distantes de cent cin- quante toises. De nos jours, il ne reste de la première que sa gracieuse tour du xvi* siècle, entourée d'un jardinet où sont restituées d'admirables façades de bois, et de la seconde, une usine d'électricité dont la haute cheminée remplace son char- mant clocher, et qui semble défier la flèche de la cathédrale, sa voisine. Seule subsiste encore de Saint-Cande la tour du xv. siècle, pittoresque et désemparée.

La rue aux Ours, et particulièrement la partie rapprochée de l'usine, a conservé son aspect d'autrefois, surtout aux abords de la rue du Petit-Salut, où tout un ensemble de ruelles contournées enveloppe de pittoresques immeubles, que seuls l'autochtone et l'artiste averti savent découvrir pour leur plaisir. Cependant, presque en face de ce qui fut Saint-Cande-le-Jeune et du débouché de la rue du Petit- Salut, à l'actuel numéro 15, et face au nord, apparaît une demeure dont un vilain plâtrage enlaidit et vulgarise le visage. Rien ne révèle de l'extérieur son archaïsme, sauf les

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épis surmontant les toits de tuiles abritant les lucarnes ouvra- gées des mansardes. Elles attirent l'œil, comme elles s'of- fraient aux regards des passants du XIVe siècle qui, habi- tués de ces œuvres d'art, n'y prêtaient sans doute pas davan- tage d'attention que les promeneurs indifférents ou pressés du xxe.

Mais les vieilles maisons ont une âme ; cette âme que savait si bien interroger Lenotre. Elle est faite de toutes celles des êtres qui, entre leurs vieux murs, ont vécu, aimé, souffert, d'où la mort les emporta, et dont les trumeaux et les portes de glaces ont reflété et gardé les images. Au fervent et dévo- tieux chercheur qui, pieusement les sollicite, elles répondent toujours. Elles le guident dans le labyrinthe des années révo- lues, au sein des poussiéreux dossiers conservant toute leur vie; elles se racontent et dévoilent leurs secrets.

Là, parmi les documents épars conservant encore les grains d'or de la poudre qui sécha l'écriture, le fidèle amant du passé trouve, avec émotion, le témoignage des joies et des peines de vivants tombés dans le gouffre noir de l'oubli.

C'est dans ce logis de la rue aux Ours et ces papiers qu'elles ont feuilletés, que viennent encore errer les âmes des Roland, sous ces toits de tuiles, derrière ces fenêtres où cou- lèrent d'exquises heures de leur jeunesse, de leur amour, celles aussi, terribles, angoissantes, cruelles, implacables qui précédèrent leur mort.

Que l'on songe à la somme des bonheurs et des douleurs, des extases et des effrois imprégnant la maison depuis sa construction. Voici les ménages de petites gens : Fievey le cordonnier, Hartol le tailleur, Martel l'orfèvre, locataires du sieur de Breteuil, contraint d'hypothéquer l'immeuble pour douze mille cinq cents livres à Pierre de Becdelièvre et à Mlle de Berville Arondel. Voici Claude Hébert qui, de la maison, réalise l'acquisition. Jeune homme de trente-cinq ans et nouveau conseiller-échevin de la Ville, il conduit, rue aux Ours, sa jeune femme, Marguerite Thiault, récemment épousée. Au cours d'une glaciale journée de janvier 1640, Claude Hébert rentrera au logis, révoqué de sa fonction, ainsi que ses collègues, par le sévère chancelier Séguier. Pendant trois années il restera entre sa femme et sa famille, tout entier au bonheur d'un ménage uni, dont grandit le nombre des enfants, mais inquiet, pourtant, des événements et de leurs

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conséquences. Et puis reviendront, de nouveau, les honneurs.

Elu second conseiller ancien, Claude Hébert offrira la ser- viette à Mlle de Longueville pour la collation que lui servira la Ville; il figurera, en bonne place, dans le cortège du jeune roi Louis XIV lors de son entrée à Rouen, portera la parole devant lui pour solliciter la démolition du château de Pont-de-l'Arche, deviendra trésorier de Saint-Cande, dont il fera réparer les voûtes. Entre ses neuf enfants nés dans la maison, baptisés à Saint-Cande, il vit heureux lorsque, sou- dain, à l'heure où sonnent ses cinquante ans, il part le 3 octo- bre 1652 dans les bras de la mort pour descendre sous le chœur de son église. Existence brève, bien remplie, semée de petits bonheurs et d'inévitables grandes tristesses.

Longtemps encore Mme veuve Claude Hébert reste dans la demeure. Les uns après les autres s'envolent fils et filles, les uns se mariant, les autres entrant en religion. Puis un jour, Mme Hébert cède aux hospices sa propriété dont elle n'est plus que locataire à vie. Louise, sa dernière fille, ferme le cycle : veuve de Yvan Hurt, sieur du Tronquay, jeune en- core en 1691, on l'enterre sous les dalles de Saint-Cande, non loin de son père.

C'est maintenant le chanoine de Chalon qui apparaît. Il est de la famille des Rodrigue de Chalon, à qui Pierre Corneille dut d'écrire Le Cid; et voici le notaire Samson et ses grimoi- res, auxquels succèdent les rayonnages du commerçant Fontaine.

A la Saint-Michel de 1738, l'Hôtel-Dieu loue l'immeuble à un procureur en l'élection et grenier à sel de Rouen : Pierre Lefebvre-Malortie, et à sa femme Marie-Anne Chauvin. Le ménage comporte huit enfants, dont l'aînée, Marie-Anne- Charlotte a sept ans, et la dernière, Françoise-Aimée, vient de naître. Bientôt l'un des garçons va mourir.

Tous ces êtres, qui, depuis deux cents ans jusqu'à cette date, ont gravité dans la maison!

Les bureaux et les magasins de la Gabelle sont installés rue Saint-Eloy, devant l'Hôtel de la Monnaie. C'est là qu'est en- treposé le sel, aux frais des fermiers, qui le distribuent à la population rouennaise. Quantité et poids sont contrôlés

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par les officiers du Roi : président, grenetier, contrôleur, procureur et greffier. Ils tiennent trois audiences hebdoma- daires et jugent les. procès des faux-saulniers. Car le faux- saulnage se pratique largement, surtout dans cette région de la Normandie, pays de grande gabelle, où le prix du quintal est d'environ 62 livres, alors que dans le proche pays de Quart- Bouillon, en Basse-Normandie, il ne se paye que 16 livres. Il s'ensuit des milliers de saisies dans les maisons et sur les chemins, et une importante besogne pour les procureurs dé- fendant les délinquants, généralement frappés de lourdes peines de prison, quand elles ne les conduisent pas aux galères.

Mais il faut croire que les prévenus se libèrent assez mal vis-à-vis du procureur Malortie puisque celui-ci sollicite, et obtient, le poste de receveur des biens du chapitre de la cathé- drale, dont les revenus fixes vont s'ajouter à ceux, plus hono- rifiques que lucratifs, de procureur au grenier à sel. Aussi bien, on le tient pour un personnage d'importance : il est élu trésorier de l'église Saint-Cande. C'est lui qui inaugure la nouvelle grande salle de réunion construite par l'architecte de France. Comptable d'un budget d'au moins vingt mille livres, il le gère en « bon père de famille ». En sa qualité de receveur des biens du chapitre, il a de multiples fonctions le liant à la vie des chanoines et professeurs, bibliothécaires et impri- meurs, fournisseurs et tenanciers. Il reçoit chez lui beaucoup de gens porteurs de bons à payer, depuis les sonneurs jus- qu'aux officiers d'église, en passant par les ouvriers et les loueurs de chevaux.

On pénétrait alors dans la maison par une allée sur la- quelle donnait, à gauche, l'unique et vaste pièce du rez-de- chaussée, servant de cuisine lambrissée. Deux fenêtres sur la rue l'éclairaient, dont l'une formant tambour, en dedans des grilles de fer posées, jadis, par le notaire Samson. L'escalier montait de l'allée, uniquement éclairé par un imposte et une croisée prenant jour sur une étroite cour où se trouvait un

puits. | ' * 1

Au premier, s'ouvrait une grande chambre très claire.

Une porte, entièrement vitrée de glaces donnait dans un cabi- net plus long que large, aux apparences de salon, égayé d'un panneau également vitré de glaces. L'unique fenêtre, sur la rue, s'ornait à chacun de ses côtés, de rideaux de bois

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sculpté, peints en blanc: la cheminée était de chêne avec revê- tement garni d'ua trumeau. Les appartements des trois éta- ges supérieurs comportaient la même disposition qu'au premier, mais sans ornements.

Telle était cette demeure. Les années passaient, et les jeu- nes filles l'animaient avec leur frère Pierre-Nicolas. On voisinait avec Pierre de la Quérière, conseiller du Roi, avocat en la Monnaie, et ses sept enfants, habitant la maison du numéro 13; puis venaient des professeurs au collège, atta- chés au chapître; le procureur du Roi au bureau des Finan- ces d'Ornay; des commerçants : Gnéroult et Guillaume de la Follie; un chimiste, Dambourney, fils du collègue de M. Malortie, au conseil paroissial de Saint-Cande; le pein- tre Le Monnier, enfin Ballière de Laisemont, apothicaire, littérateur et physicien. Ils étaient tous bien connus dans la ville, la plupart camarades de Pierre-Nicolas Malortie. Le plus âgé d'entre eux n'avait pas quarante ans. Jeunes gens gais, sans doute, mais surtout studieux, s'assemblant après le souper pour des causeries auxquelles prenaient part les demoiselles Malortie, dont l'aînée Marie-Anne-Charlotte, la cadette Marie-Magdeleine, et la dernière, Françoise-Aimée, ainsi que les deux plus âgées des demoiselles de la Quérière, nées d'un premier mariage de leur père.

Il importe de dire tout de suite que le jeu, sous quelque forme qu'il fût, était banni de ces aimables réunions. On se bornait à converser, mais non pas des histoires de la ville, non plus des affaires de l'Etat, encore moins de politique, heureusement non encore née. On s'entretenait de questions autrement plus sérieuses : géométrie, système du Monde, géographie, physique, histoire naturelle, améliorations socia- les, astronomie. Si d'authentiques et irréfutables documents d'archives ne gardaient les détails de ces palabres, on croirait à une gageure.

Imagine-t-on ce club rouennais, jouant à l'Académie au petit pied? Ces demoiselles, gracieuses, aimables, quelques- unes jolies, se passionnant pour Newton, Montesquieu, Rousseau et autres pontifes de la science, discutant d'abs- traits et rebutants problèmes?

Il en était pourtant ainsi, et chacun s'en trouvant parfaite- ment satisfait, était assidu aux séances, dont on peut redou- ter, sans commettre un gros sacrilège, la fâcheuse insipidité.

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On n'affirme pas qu'ils y prenaient tous un égal plaisir, et même, on a le droit de supposer que les plus jeunes préfé- raient, aux doctes élucubrations de M. Athanase Auger, professeur de rhétorique au collège, et à celles de son collè- gue, M. Cotton-Deshoussayes, le joyeux carillon de Saint- Cande, égrenant le refrain du roi Dagobert...

Mais, où grandit la surprise, c'est d'apprendre que l'inspi- ratrice, la directrice de ces charmantes assemblées, était Marie-Magdeleine Malortie qui, à vingt-six ans, n'était pas un banal esprit. Seule ayant développé et perfectionné son ins- truction, elle lisait les auteurs français, allemands, italiens, et ceux de l'antiquité grecque et latine. L'extrême pureté de son langage, la rapidité, la clarté de son style, faisaient qu'on disait d'elle « que peu de personnes écrivaient aussi bien, et peu d'hommes beaucoup mieux ». Belle, de surplus, et toute de grâce, elle attirait; on l'aimait aussi pour sa modestie, sachant cacher ce qu'elle savait, et n'intervenant jamais dans la conversation qu'avec à-propos. Nulle ne tenait avec plus de tact le salon dont elle était l'âme. Sous son habile et discrète baguette, elle conduisait son docile orchestre, et les savantes dissertations allaient leur train, à la grande satisfaction de ses amis, pour qui apprendre, connaître, discourir et discu- ter représentait en ces fins de laborieuses journées, l'unique et parfaite distraction.

Dès lors, il est vraiment étrange et paradoxal que, du fait de ces délassements spirituels, le drame pénètre dans ce pacifique et honnête logis plus habitué aux grisailles du ciel rouennais, versant au travers des petites vitres la parcimo- nieuse lumière d'un soleil ne touchant que le faîte de la maison, qu'aux fulgurants éclairs des catastrophes révolu- tionnaires.

Un jour de l'année 1761, Marie-Magdeleine Malortie et sa mère rencontrent dans le monde un élève-inspecteur des ma- nufactures. Il n'est ni Adonis ni Apollon, et son aspect accuse bien plus que les vingt-sept années de son âge. Il est grand, maigre, sec. Son nez, fort et busqué, tombe sur une assez jolie bouche — seul agrément de son visage, encadré de rares cheveux élargissant le front déjà naturellement développé.

Son apparence sévère, rigide, plus que sérieuse et presque

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rébarbative, révèle l'homme de science imbu de son savoir, de la dignité qu'il impose, aigri par l'amertume ressentie de l'incompréhension d'autrui. Plusieurs nouvelles rencontres avec les dames Malortie lui permettent de s'entretenir avec elles de sa situation qu'il juge insuffisamment brillante eu égard à ses mérites, de ses espoirs, de ses rêves. Il trouve là un écho à ses plaintes. Tant et si bien qu'il est invité à venir rue aux Ours, à l'une des plus prochaines réunions.

Il s'y rend avec empressement, et Marie-Magdeleine le pré- sente elle-même : M. Jean-Marie Roland de la Platière.

Quand ils le virent, les amis comprirent tout de suite que leur arrivait une éminente recrue, et de nouveaux éléments de conversations élevées. Bien sûr, par lui, la société ne ris- querait pas de tomber dans les mondaines banalités.

Naguère employé à Lyon, dans le commerce des toiles, puis à Nantes, dans le commerce maritime, M. Roland de la Platière, à Rouen depuis sept ans, y était venu de son pays natal, le Beaujolais, grâce à son cousin Godinot inspecteur des manufactures. Intelligent, ambitieux et, surtout très labo- rieux, Roland s'était rapidement distingué. Dès 1754, à vingt ans, il avait présenté un Mémoire sur les matières employées pour les étoffes fabriquées dans la Généralité de Rouen, et obtenu un témoignage de satisfaction de l'Intendant Tru- daine, ainsi qu'une gratification du ministre. Il assista aux travaux de Godinot et Morel, sur les expériences de Gonin pour la teinture du coton. Mis en relations avec d'Haristoy, fabricant de velours, il le défend contre l'Anglais Holker, grand ami de Franklin, prétendant avoir, seul, introduit en France cette fabrication. D'où, entre Holker et Roland une lutte sans merci, et longue, que ne pardonnera jamais Holker.

Roland, poursuivant son instruction, suit les cours de des- sin, de botanique, d'anatomie et surtout de mathématiques, à l'Académie de Rouen, qui lui décerne son prix de calcul diffé- rentiel. On le remarque, et la Chambre de Commerce de Nor- mandie demande pour lui une place d'inspecteur, en expri- mant le vœu qu'il soit maintenu à Rouen, « pour le bien et l'avantage des manufactures de cette Généralité ». Il écrit un nouveau Mémoire sur le blanchiment des toiles et des fils en France, si bien que Trudaine dit à Godinot : « J'aime et j'es- time M. de la Platière, vous pouvez l'en assurer encore de ma part. Je lui en donnerai des marques à l'occasion. »

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M. Roland de la Platière, très apprécié de ses chefs, est précédé d'une réputation d'homme sérieux et réfléchi. Ni riche ni titré, la particule qu'il arbore ne rappelle que le modeste domaine des environs de Villefranche-en-Beaujolais : le Clos la Platière, venu d'un bien de famille. S'il a quelque noblesse, il ne la tient que de sa mère, une Bessye de Mon- tozan, vivant au Clos depuis la mort de son mari à qui elle donna dix enfants. Jean-Marie est parmi les derniers nés, et ses aînés : Dominique, Laurent, Jacques-Marie, Pierre, sont dans les ordres, les deux derniers bénédictins de Cluny, le . second simple prêtre, et Dominique, l'unique héritier, cha- noine à Villefranche. Mais le patrimoine est plus que modeste.

Tel quel, M. Roland est tout à fait à sa place dans le petit groupe de Rouennais sans fortune, mais aisés, travail- leurs, intellectuels. Tous se réjouissent de ce nouveau compa- gnon d'études, joignant à ses connaissances industrielles une large culture littéraire, philosophique, linguistique, avec un véritable culte pour les Grecs et les Anciens. Il a bientôt l'idée de créer entre les amis un lien solide, en fondant une société dite « des Grecs », où chacun prend en surnom, le nom de l'un des sept sages. Il faut, bien entendu, tenir compte des aptitudes. Et c'est ainsi que lui, Roland, l'homme des ques- tions morales, politiques, adopte celui du solennel Thalès, à côté du procureur du Roi d'Ornay, qui devient Aristote, de Michel Cousin qu'on nomme Pythagore, de Guéroult baptisé Zénon, de Cousin-Despréaux, pour qui l'histoire grecque n'a pas de secrets, incarnant Platon. Ballière est Démosthènes, et Deshoussayes représente Lucien. Puis, sans désemparer, Roland-Thalès fait décider que le guide de tous ces sages modernes, la toute charmante Marie-Magdeleine Malortie, personnifiera Cléobuline, femme poète et philosophe de Lin- dos, célèbre par sa beauté.

Affublés de leurs noms de guerre, les affiliés continuèrent leurs omniscientes séances au cours de soirées dont les déli- ces, encore une fois, demeurent incompréhensibles.

Mais quelqu'un troubla la sérénité des âmes : il était très beau, celui-là! Il vient, tout rose et souriant, léger, insinuant et fort, charmeur et si doux! A cette jeunesse, posée et sérieuse avant l'âge, occupée d'un si lointain passé et de sciences abstraites, il insuffle le vrai sens de la vie. Devant les ; sévères pensées de ces êtres jouant aux philosophes, il se

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dresse ironiquement, bande son arc, et lance ses flèches...

L'Amour est entré, lui aussi, dans la sombre et vieille mai- son. Ce ne fut pas long; comme un feu qui se propage il unit les couples. Et l'on vit Marie-Magdeleine de la Quérière épou- ser Aristote-d'Ornay — qui vivra cent cinq ans —, Pythagore se fiancer à la sœur de Zénon et, comme on s'y attend, le sage Thalès tomber aux genoux de Cléobuline et lui déclarer sa foi qu'elle accepte. Ces sages, à faux nez de Grecs, subis- sent du bienfaisant Amour, la loi simplement humaine.

Le mariage Thalès-Cléobuline est décidé. Mais les choses ne peuvent aller aussi vite. Outre que l'élève-inspecteur des manufactures n'est pas en position de fonder un foyer, les Malortie ne sont point en état de doter leur fille. Les fiancés patienteront, et pendant trois années, ils s'aimeront en par- faite communion d'âme. Trois ans au cours desquels Roland, ne négligeant aucun des devoirs de sa charge, s'efforce d'amé- liorer sa situation par de nouveaux travaux. Les promesses de ses chefs ne sont pas rares. On songe à faire nommer Godinot à Paris et à le remplacer à Rouen par Roland;

l'affaire est près d'aboutir, mais la fatalité veut que la mort surprenne l'Intendant de Brou qui, avec Le Couteulx de la Noraye, protège le jeune homme. Le projet n'a pas de suite.

Roland, nommé à Rouen, y épousant Cléobuline, que de tragiques événements évités! Sans doute déjà, l'implacable Destin imposait-il sa loi.

Lassé d'attendre, Roland songe à abandonner l'industrie pour les Ponts et Chaussées, où Trudaine est puissant, et où sa science des mathématiques le mettrait à sa place. Et pour- tant, à la fin de 1762, il écrit encore un Mémoire sur l'état général des fabriques et du commerce des toiles et toilleries de la Généralité de Rouen, et des matières qui s'y emploient.

Il reçoit les compliments de Trudaine, redouble d'acharne- j ment au travail, se perfectionne, ne cesse d'étudier. On ima-

! gine ce que sont, dans le logis Malortie, les encouragements

! qu'il reçoit, les beaux rêves qui s'ébauchent, les espérances : conçues. Soutenu par la force des sentiments de Marie-

> Magdeleine, c'est de lui seul que dépend leur bonheur.

\ Il se rend à Paris, en revient avec la promesse de la pre-

; mière place vacante. Puis, sur un ordre, il part en tournée j dans la Généralité au lieu et place de l'inspecteur en chef, et

; de préférence au second inspecteur et aux sous-inspecteurs.

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Nul ne doute de sa valeur et de sa puissance de travail, de la solidité de ses connaissances. C'est bien à Rouen qu'il veut fonder son foyer et fixer sa vie. Tous en sont assurés. Il a rem- pli sa mission de confiance de telle manière que Trudaine lui écrit : « J'approuve fort la conduite que vous avez tenue, et j'en suis très satisfait. » Cependant l'avancement se fait tou- jours attendre. Or, Roland touche la trentaine. Elève-inspec- teur avec de maigres appointements ne lui permettant pas de se mettre en ménage, il se désespère et songe, de plus en plus, à changer de carrière : l'amour le rend impatient, aussi l'am- bition légitime de parvenir.

Et puis enfin, après les fêtes du premier jour de l'an 1764, qui auraient pu être fort gaies dans la maison Malortie, sans la constante préoccupation de l'attente, Trudaine annonce à Roland, le 4 janvier, sa nomination au grade de sous- inspecteur à Clermont (aujourd'hui Clermont-de-l'Hérault), à quatre lieues et demie de Lodève. Désillusion! Partir en plein roman, laisser en Normandie sa fiancée, aller loin d'elle dans le Midi! Quitter une vaste et belle région de plus de six cent trente mille habitants, les fabriques de toiles, peintes, filatures, teintures, pour habiter une petite cité de six mille âmes, vivant de modestes ateliers de chandelles, feutres, vert de gris, lisières, confitures et tuiles? Il y a bien, il est vrai, quelques manufactures de draps pour le Levant, mais en si petit nombre! Il lui faut, pourtant, obéir. Mais, de renoncer aux amis et à ses habitudes, datant déjà de dix ans, crée de nouvelles causes de tristesse à cet esprit naturellement cha- grin, morose, replié sur lui-même, mélancolique.

Il ne faut rien moins que la promesse du ministre de le ramener bientôt dans la région dont il l'éloigné momentané- ment, pour décider l'acceptation de la nomination, effective seulement au 1er mai. Roland passe donc encore le début du printemps à Rouen. On devine ce que sont ces, quatre mois dans la maison de la rue aux Ours : promesses, serments, projets. Le jour du départ approche et, pour le fonctionnaire, c'est un drame : rien n'est plus « terrible pour lui que ces moments de séparation; l'édifice humain en est ébranlé jus- que dans ses fondements, et la douleur, immense jusqu'à la stupidité ». Roland est un sensible et nerveux atrabilaire.

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Il est absent durant deux ans. Lorsque Trudaine tient sa promesse, c'est pour le nommer inspecteur à Amiens, le 16 juillet 1766. Ce n'est, hélas! pas Rouen. Finies les douces réunions des Grecs; Amiens, dit-il, n'est que « la Béotie » de la Grèce. C'est, de sa part, manquer de gentillesse pour la Généralité où il va vivre et pour la ville qui compte, elle aussi, de beaux esprits et une académie. Garde-t-il bien ses pensées, ses souvenirs à ceux qui, à Rouen, ont embelli sa solitude et ses débuts? Sans doute; mais le temps passe et on ne parle plus de mariage. Quel obstacle a donc surgi?

A Rouen, l'existence n'a pas changé son cours uniforme : elle est toujours monotone, paisibles chez les Malortie.

M. Malortie continue ses fonctions et, rue aux Ours, ce sont les mêmes allées et venues. Les journées peuvent sembler brèves dans cette ruche, où chacun travaille sans que cessent les relations mondaines. Cléobuline n'oublie pas son fiancé;

le restera-t-il toute sa vie? On ne sait rien des sept années qui s'écoulent sans que se réalise l'union projetée en si parfaite communauté d'idées, de goûts, d'éducation philosophique.

Par divers indices, on est seulement réduit à des conjectures.

Cléobuline est atteinte, la chose est certaine, d'une maladie de langueur, dont l'origine inconnue ne peut qu'être soup- çonnée.

Roland a beaucoup voyagé au cours de ces sept années. En mission, il a parcouru l'Autriche et la Suisse, l'Angleterre. Il a visité Berlin; bientôt il ira en Italie. Il a eu des aventures, des bonnes fortunes dont il ne fait d'ailleurs pas secret dans le récit de son Voyage en France, où il manque même de quelque discrétion. Outre cela, il est très lié avec la famille Cannet, d'Amiens.

Mme Cannet, veuve de Nicolas Cannet, écuyer, conseiller, secrétaire du Roi, habite rue des Jeunes-Mâtins. Née Oppor- tune Perdu, dame de Sélincourt, fief sis à la Houssaye, elle a quatre enfants : un fils, Cannet de Sélincourt, récemment nommé avocat au Parlement de Paris où il habite rue du Fouarre; une fille mariée à Jean-Baptiste Guérard, négociant à

; Amiens; et deux autres filles : Henriette, vingt-quatre ans, et

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Sophie, vingt-deux. Ces dernières sont rentrées à Amiens au moment où Roland y arrivait. Elles sortaient du couvent des dames de la Congrégation, rue Neuve-Saint-Etienne, du faubourg Saint-Marcel, à Paris.

Le milieu de la famille Cannet est nettement différent de celui des Malortie. Là, pas de réunions savantes, ni de Grecs, mais le courant mondain : visites, jeu, conversations généra- lement banales, consacrées davantage au prochain qu'aux sujets scientifiques et littéraires. Les demoiselles Cannet vont fréquemment à Paris, reçues par de vieilles demoiselles nobles qui sont leurs parentes, et où Henriette demeure seule souvent, en vue d'un possible mariage parisien. Confinées à Amiens, elles n'en restaient pas moins en contact avec les événements de la capitale par la correspondance assidue qu'elles entretenaient avec l'une de leurs compagnes du cou- vent : Jeanne-Marie Phlipon. On était, certes, chez les Can- net, autant Parisiens qu'Amiénois.

L'inspecteur Roland a-t-il subi cette ambiance? Eut-il quelque intention de mariage avec l'aînée des jeunes filles ainsi que le souhaitait, d'ailleurs, leur frère Sélincourt? La chose est possible, probablement certaine. Toujours est-il que l'oubli paraît avoir tissé sa toile entre lui et les Malortie, non pas, certes, de manière totale, car on sait qu'ils s'écrivaient, mais suffisante néanmoins, pour que le projet d'union avec , Marie-Magdeleine-Cléobuline, sans dot et de parents sans for- i tune, se soit estompé.

La réserve de Roland sur ce sujet, son absence prolongée de Rouen, ont-elles fait comprendre à Cléobuline qu'elle ne doit plus rien espérer du rêve ébauché? Peut-être doit-on voir là l'une des causes prédominantes de la maladie qui l'entraîne vers la mort. On ne sait rien. Mais, au mois de juil- let 1773, elle supplie de nouveau ses parents d'appeler Roland.

Il n'arrive à Rouen que le 20. Il est bien tard car, déjà, Cléobuline est mourante. Cependant elle a gardé encore sa lucidité et peut lui témoigner son amour; les dernières lueurs de joie et de bonheur l'illuminent d'avoir près d'elle son fiancé, à l'heure où elle va mourir. Ils se tiennent les mains. Il pleure, et c'est elle qui le console : « Ne te chagrine pas, mon bon ami, je reviendrai pour t'aimer. » Et comme il sanglote :

« Ah! j'aurais dû supporter seule toute ma peine. » Elle pose

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', les « mains de Roland sur son cœur, elle l'étreint, l'embrasse : « Pleure, mon ami, pleure, cela te soulagera. » La Mort leur accorde un répit de trois jours. Roland, la famille, les intimes sont au chevet de Cléobuline. Consciente 1 de la venue de l'heure suprême, elle s'efforce de calmer leur

; douleur par son apparente résignation. Du moins, partait- i elle consolée de la présence de Roland. Et, comme il sortait :de la chambre avec l'un des fidèles, elle ne put s'empêcher ide dire à sa sœur Aimée : « As-tu vu comme ils étaient tris- tes et chagrins de me voir mourir? » Aimée tentant de l'apai- ser, elle reprend : « Il faut bien que cela finisse. »

Oui, il fallait que, pour elle, s'achevât cette désillusion.

Bientôt, commence l'agonie dans un délire qui n'est que [d'affectueuses paroles pour tous. Elle s'éteignit le samedi 124 juillet 1773, à trente-huit ans et un mois. On l'inhume le mardi dans l'église Saint-Cande, celle de son baptême, et Roland rentre à Amiens le 30 juillet. Son âme est boulever- : sée. Exhale-t-il sa plainte devant la famille Cannet? On en

• doute. Mais seul, il exprime sa désolation. Il compose une

^lamentation funèbre que, fidèle au cercle rouennais des Grecs, [il intitule thrène, et qui commence ainsi : « Thalès, aux Ipceurs de Cléobuline, et à tous les Grecs, salut et consolation. » F Au cours de nombreuses pages, il exalte les vertus de celle ,qu'il a perdue; il dit le charme de sa présence, les qualités jde son esprit, celles de son amitié; sa douceur compatis- sante à toutes les peines d'autrui; sa puissance de récon- fort dont lui-même éprouva les apaisants bienfaits. Mais il se garde de prononcer le mot amour, et laisse dans le vague les sentiments qui les unissaient. Une seule phrase, inachevée, caisse comprendre ce que la mourante voulait exprimer : i« Elle m'embrassa encore, passa la main sur mon visage, et

!iixant mes yeux avec attendrissement, elle me dit mon coeur se serre, les larmes obscurcissent ma vue, et la plume Sine tombe des mains. »

t On ne saura jamais les ultimes paroles où cette âme expi- Irante voulut mettre tout son amour, et sa pitié de ce qui aurait pu être, et ne fut jamais...

; Roland termine le « thrène » sur cette suprême invocation :

« S'il existe encore quelque chose de toi (car s'il est un bon- heur après cette vie, c'était à toi, fille du ciel, placée sur la terre pour aprendre (sic) aux hommes à vivre et à mourir,

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c'était à toi qu'il était réservé), entens (sic) nos gémissements et nos regrets; vois l'excès de notre douleur; et après avoir été heureux par toi dans ce monde, prépare-nous auprès de toi la place où nous devons l'être avec toi dans l'autre. » Et il date : le 30 juillet 1773.

Avec Cléobuline, le bonheur s'en est allé de la maison de la rue aux Ours. Le père Malortie, à soixante-seize ans, ne ré- sista pas au choc. Dix-huit mois plus tard. il va rejoindre sa fille, le jour de Noël. Mme Malortie reste avec Marie-Anne- Charlotte et Françoise-Aimée. On ignore les destins des trois autres filles. La mère, avec l'ainée et la cadette, s'évertue, pour vivre, à conserver la charge de receveur des biens du chapitre. On lIa lui laisse et Mme Malortie peut, ainsi, renou- veler le bail de la maison pour neuf années, malgré l'augmen- tation de son prix. Depuis 1738, il est passé de 260 livres à 300 en 1757; le voici à 340 livres. C'est Marie-Anne-Charlotte qui exerce officieusement les fonctions : son écriture se retrouve sur toutes les pièces. Elle est l'unique caissière- comptable, pendant que Françoise-Aimée assume les charges du ménage. C'est le moment où les fonds du chapitre sont les plus élevés : les recettes montent, en 1779, à 136.181 livres.

Cette même année, Mme Malortie meurt, n'ayant survécu qu'un lustre à son mari.

Ainsi le logis perdait ses hôtes. Des dix personnes l'ayant habité et animé pendant près d'un demi-siècle, quatre étaient mortes, quatre en étaient parties, et il ne restait maintenant que deux vieilles demoiselles, d'autant plus attachées à cette maison que chaque appartement, chacun des meubles, et la moindre solive, gardaient pour elles l'importance d'un souve- nir. Elles en conservèrent la location, en modifiant la pièce du rez-de-chaussée qu'un refend en bois sépara en deux côtés, l'un servant de salle et de bureau, et l'autre de cuisine.

Marie-Anne-Charlotte s'attribua le premier étage avec le salon de glaces, et Aimée prit le second; le troisième et le quatrième demeurèrent inoccupés. Elles obtinrent de conserver officiel- . lement leur emploi et y ajoutèrent celui de receveuses de rentes, puis elles maintinrent les relations avec « les Grecs » : les deux Cousins habitant Dieppe, d'Ornay toujours à Rouen,

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avec l'abbé Deshoussayes, Ballière, le peintre Le Monnier et Justamont professeur d'anglais. L'âge qui était venu n'avait pas affaibli leur amitié et, avec Roland à Amiens, on échangea de rares lettres. La vie suivit son cours.

CHAPITRE II

JEANNE-MARIE PHLIPON

Lorsque, en 1755, le maître-graveur parisien Pierre-Gatien Phlipon vient avec sa femme Marie-Marguerite Bimont habi- ter quai de l'Horloge, ils quittent la maison de la rue de la Lanterne où ils se sont mariés cinq ans plus tôt, et l'étroite voie reliant le pont Notre-Dame au Petit-Pont, par la rue de la Juiverie, sur la paroisse Sainte-Croix-de-la-Cité. C'est un quartier enserrant d'antiques débouchés aux significatives dénominations : la Pelleterie, la Vieille Draperie, les Fèves, Saint-Eloy, la Calandre, les Marmousets, les Trois Cannet- tes, etc. Leur nouveau logis est de meilleure. allure, à proxi- mité du Pont-Neuf et l'entrée en est place Dauphine. Ils s'installent au second étage, dans cinq belles pièces claires et bien aérées, prenant vue sur la place d'un côté, et de l'autre sur la Seine. De leurs sept enfants, il ne leur reste que le der- nier, une fille d'un an : Jeanne-Marie.

S'ils échangent l'ambiance essentiellement boutiquière de la rue de la Lanterne contre celle plus relevée du quai de l'Horloge, convenant mieux à la profession du mari, à la fois graveur, peintre sur émail et faisant commerce de bijoux d'occasion et de pierres, ils n'échappent pas, pour autant, à celle de la partie centrale et ouest de la cité : le Palais de Justice et la Conciergerie tout proches.

Phlipon, d'aspect bourgeois, porte, quand il s'endimanche, perruque, jabot et manchettès de dentelle. Il ne rappelle que

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TABLE DES CHAPITRES

Pages

CHAPITRE PREMIER. — Cléobuline 10

II. — Jeanne-Marie Phlipon 23

III. — Madame Phlipon de la Platière 55

IV. — Madame Roland 68

V. — A Paris, rue de la Harpe 88

VI. — Coup de Vent 100

— VIH. — Le 31 Mai 1793 117

— VIII. — Le 1er Juin 1793 138

IX. — L'Abbage 157

X. — Sainte-Pélagie 170

—> XI. — La Conciergerie et la mort 190

— XII. - Epilogue 202

BIBLIOGRAPHIE 213

SOURCES CONSULTÉES ... • 2.14

Etabl. Busson, impr., 117, r. Poissonniers, Paris — Mai 1942

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