• Aucun résultat trouvé

3 e Assises Différent et Compétent Réseau

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "3 e Assises Différent et Compétent Réseau"

Copied!
46
0
0

Texte intégral

(1)

3 e Assises

Différent et Compétent Réseau

(2)

Reconnaissance et professionnalisation

2

c onstruire un réseau de recherche-action et d’évaluation des pratiques professionnelles incluant les personnes en situation de handicap.

Chercheurs du quotidien

Les 3e Assises interrégionales, journées de formation et de valorisation, ont pour ambition de porter un regard sur le déploiement des démarches et des outils de Différent et Compétent au sein du réseau. Chaque collectif régional, chaque membre du réseau, lorsqu’il met en pratique la reconnaissance des acquis de l’expérience, se trouve questionné et questionnant. Il met en œuvre des apprentissages professionnels et existentiels, s’interroge sur la démarche, les outils ; il est interrogé par les autres et se questionne lui-même sur sa pratique. Chacun des acteurs devient ainsi « chercheur du quotidien », producteur de nouveaux savoirs, ce que le chercheur Schön désigne comme un « praticien réflexif ».

Cultiver l’intelligence collective

Le dispositif Différent et Compétent doit une partie du succès de son déploiement à cette perpétuelle curiosité des acteurs du réseau, qu’il convient aujourd’hui d’interroger. Un réseau de trois cents établissements reste un « colosse aux pieds d’argile » s’il ne formalise pas ses questionnements, s’il ne structure pas continuellement ses acquis, s’il ne reconnaît pas les compétences collectives, s’il ne cultive pas l’intelligence collective.

Vers une recherche en réseau

Le projet européen (*), dans lequel est engagé Différent et Compétent Réseau, comporte dans ses objectifs, l’expérimentation de la mise en œuvre de Recherche-Action-Formation : une opportunité pour renforcer une recherche permanente en réseau au sein de nouveaux espaces de collaboration dans lesquels chacune et chacun des acteurs prend sa place.

Ces assises tentaient de répondre à ces 3 questions :

se professionnaliser par la Recherche-Action - comment ? pour quoi ? avec qui ?

(*) Le projet bénéficie d’un cofinancement du Fonds social européen dans le cadre du Programme opérationnel national Compétitivité régionale et emploi pour la période de programmation 2007-2013 (Axe 4 : investir dans le capital humain et la mise en réseau, l’innovation et les actions transnationales ; Mesure 3 : actions innovantes transnationales ou interrégionales ; Sous-mesure 2 : partenariats pour l’innovation).

(3)

3

Sommaire

Avant-propos, p. 4

 Magdeleine Grison, Directrice Différent et Compétent Réseau, Ouverture, p. 5

 Christian Guitton, président du collectif Différent et Compétent Réseau

 Dirk Radtke, directeur TBZ, Magdeburg La recherche-action et évaluation des pratiques

 Quelles voies possibles pour participer à la formation des acteurs et au développement réseau Différent et Compétent ? Définition et principes. Introduction de Patrice Leguy, p. 6

 Les éléments existentiels dans les équipes des esat et leur prise en compte par la recherche-action - Christian Verrier, p. 7

 Recherche-action et inclusion sociale : les enjeux, les expériences et les possibles d’une participation des personnes en situation de handicap - Bernard Lucas, p. 10

 Recherche-action en réseau : une ouverture vers des échanges réciproques et production de savoirs entre acteurs. Comment la construire ? Comment la pérenniser au sein des enjeux interinstitutionnels ? Claire Héber-Sufrin, p. 13

Transnational – des bonnes pratiques pédagogiques avec Harmut Zink, p. 18 Ateliers

Prolonger la réflexion et appréhender la dynamique de recherche-action, p. 19 Evaluation des pratiques professionnelles, Eve Cohen, p. 20

De nouveaux outils de communication pour Différent et Compétent Réseau - Erica Pérochain, p. 21

Présentation du livre : un ouvrage collectif comme moyen de recherche-action et de structuration d’un réseau, p. 22 Quand les travailleurs des esat se font chercheurs pour faciliter leurs apprentissages, p. 25

Témoignages de travailleurs du collectif breton, de Yoann Piplin, chef de projet Différent et Compétent Aresat Bretagne, et de Pierrot Amoureux, responsable pédagogique Différent et Compétent

Les principaux enseignements des travaux menés dans les ateliers, p. 28 Table-ronde, p. 40

Evaluer et faire évoluer nos pratiques professionnelles en réseau : une recherche-action permanente ?

Point et perspectives avec l’Education nationale, le ministère de l’Agriculture, Unifaf et le réseau d’échanges réciproques de savoirs.

Conclusion, p. 46

Christian Guitton, président Différent et Compétent Réseau.

Document réalisé par Différent et Compétent Réseau Président : Christian Guitton

Directrice : Magdeleine Grison Rédaction : Tugdual Ruellan Photos : Luc Bonfils et Tugdual Ruellan

(4)

4

Avant-propos

Magdeleine Grison, Directrice Différent et Compétent Réseau.

Ces troisièmes Assises sont un moment phare du projet européen dans lequel s’est engagé Différent et Compétent Réseau : affirmer l’identité du réseau et le rendre visible à tous.

Ces actes présentent à la fois des interventions de chercheurs mais aussi d’acteurs du quotidien. Nous les avons organisés pour permettre aux participants de retrouver l’ensemble des interventions ainsi que leurs contributions dans les ateliers.

Nous souhaitons aussi rendre accessible les avancées du réseau et présenter un aperçu de sa dynamique à un public qui ne connait pas encore Différent et Compétent Réseau :

 une table ronde, animée par Patrice Leguy, définit la recherche-action, ce qu’elle apporte ou rend visible dans nos pratiques. Christian Verrier, Bernard Lucas et Claire Héber-Suffrin, trois experts d’horizons différents, viennent éclairer nos représentations à partir de leurs expériences et recherches ;

 les apports de l’expérience animés par Yoann Piplin et Pierrot Amoureux - de la formation aux apprentissages - innovantes dans leur contenu et leurs modalités pédagogiques ; des travailleurs et des moniteurs d’esat racontent leur expérience de cette formation (p. 20-21) ;

 une présentation des deux films, réalisés dans le cadre du projet européen (à visionner sur le site de Différent et Compétent Réseau) ; des travailleurs témoignent de leur participation à ces réalisations (p.18) ;

 des chercheurs du quotidien : des groupes interrégionaux se sont constitués autours de 6 thématiques sur une modalité inspirée de la recherche-action. Les ateliers thématiques ne figurent pas dans les actes.

En effet, les groupes recherche-action du réseau ont produit des dossiers de synthèse pour rendre compte de leurs travaux. Les apports des assises ont font partie intégrante de ces dossiers (à télécharger sur le site Différent et Compétent Réseau) ;

 la présentation de l’ouvrage collectif, réalisé par 35 auteurs : « Handicap, reconnaissance et formation tout au long de la vie – 295 esat en réseau : lieux d’innovation sociale et d’ingénierie de formation », par les porteurs de l’ouvrage, Patrice Leguy, Pierrot Amoureux et Christian Guitton (p. 19) ;

 une nouveauté, par rapport aux deux précédentes assises avec une ouverture transnationale : rencontre tout en miroir avec notre partenaire européen TBZ, situé à Magdebourg en Allemagne. Vous trouverez une mise en relief de l’approche de Différent et Compétent sur les trois modalités concret – abstrait – transfert, au regard d’exemples de médiations pédagogiques pour faciliter l’appréhension de l’abstraction pour le jeune public en difficulté sur les apprentissages, accueilli par TBZ (p. 16 à 17) ;

 enfin, une table ronde de projection vers le futur, au croisement des regards avec la participation de Thierry Boulissière pour la DGCS, Jean-Michel Dupont pour l’Education nationale, Jacques Réodo pour le ministère de l’Agriculture, Valérie Toutin-Lasri pour Unifaf et de deux réseaux : Marc Héber-Suffrin pour Foresco et Pierrot Amoureux pour Différent et Compétent. C’est un apport important de réflexion sur les enjeux du passage de la RAE milieu protégé vers la RAE pour tous, de la formation, une déclinaison de la réciprocité positive, relationnelle et formatrice comme fondateur des apprentissages de demain.

Au nom du réseau Différent et Compétent, je vous en souhaite bonne lecture !

(5)

5

Ouverture

Par Christian Guitton, président du collectif Différent et Compétent Réseau

et les représentants du Collectif d’Ile-de-France, en présence des invités, soutenant le dispositif : Direction générale de la cohésion sociale, représentants politiques, représentants des ministères de l’Education nationale et de l’Agriculture.

Merci d'être présents pour ces troisièmes assises du réseau Différent et Compétent, organisées par nos collègues d'Île-de-France avec le soutien des collègues de la région Centre qui avaient organisé les assises l'an passé. Nous sommes dans un lieu magnifique qui sera, j'en suis certain, propice à la réflexion et à la créativité. Ces assises sont importantes dans la vie du réseau. En effet, nous installons le réseau Différent et Compétent. Il s'installe dans les régions. Un certain nombre d'outils, d'actions ont été conduits. Nous allons durant ces deux journées travailler sur la thématique du réseau : comment, grâce à un travail collaboratif, un travail entre collègues, peut-on être plus intelligents et plus efficaces tous ensemble ? Avec des experts qui vont nous éclairer sur ce principe de travail en réseau mais également, au cours d'ateliers, des échanges d'actions très pratiques, nous allons essayer de sortir tous un peu plus malins qu'aujourd'hui en entrant ! Beaucoup de choses ont évolué cette année au sein du réseau ne serait-ce que dans l'image, le logo, les moyens de communication, pour échanger entre nous, deux vidéos. Tout ceci grâce au cofinancement du Fonds social européen qui nous permet de mener des actions un peu exceptionnelles pour être plus efficaces dans le temps. Une évaluation est en cours. Ce projet européen a pu voir le jour grâce au partenariat avec nos collègues allemands. Qui dit programme européen, dit obligation d'échanges transnationaux avec un autre pays de l'Union européenne. Je salue aujourd'hui la présence de Dirk Radtke, directeur de TBZ, partenaire historique, et de ses deux collègues. Il y a une dizaine d'années, dans le cadre d'un autre projet européen, Equal, nous avons pu mener une première expérimentation sur la reconnaissance de compétences. Nous nous sommes connus à cette époque et nous avons conservé des intérêts mutuels pour chercher à mieux se connaître et collaborer. Cette dynamique nous engage dans une voie de progrès tout à fait intéressante.

Dirk Radtke, directeur TBZ, Magdeburg

Je tiens à vous remercier de tout cœur de m'avoir invité et de me donner l'occasion de vous présenter aujourd'hui notre organisme. Que pouvons-nous vous offrir ici ? Je voudrais vous présenter cette histoire qui a commencé en 2001. Notre rencontre trouve donc son origine avec le programme européen Equal du Fonds social européen. Nous avons fait connaissance de Christian Guitton et de son organisation en Bretagne. Nous avons poursuivi ces échanges jusqu'en 2005 et avons maintenu le contact. Je suis vraiment très reconnaissant d'avoir pu continuer à échanger avec nos partenaires. Je propose de vous présenter nos deux institutions : le TBZ Magdeburg et le EBG, Institut de formation européen présent à Berlin, au Brandebourg, en Rhénanie. Nous avons eu la visite de Louis Mouillère, Gérard Breillot et Christian Guitton il y a un mois à Magdeburg et leur avons présenté nos activités.

Présentation power point

Ces deux instituts ont pour but de former toute personne souhaitant apprendre un métier.

En premier lieu, il s'agit de formation professionnelle pour tous. Nous formons aux métiers techniques et aux métiers de la santé. Un enjeu important est de former des personnes sans travail afin de les réinsérer dans le monde du travail. EBG effectue de nombreux échanges avec plusieurs pays en Europe. TBZ est un prestataire de formation technique, fortement implanté dans notre région. Nous faisons partie d'une fondation qui compte plus de 3000 collaborateurs répartis dans toute l'Allemagne. Le site de Magdeburg compte 120 salariés issus de formations différentes : social, ingénieur, maître artisan, psychologue. Nous intervenons essentiellement dans les domaines des métiers de l'environnement, de la chimie et de la production technique.

Nous formons les personnes pour les entreprises de notre région. Nous disposons également d'un atelier de production de différents objets que nous commercialisons. Troisième domaine : projets d'échanges à l'intérieur de l'Allemagne et de l'Europe.

Quatrième domaine : la réinsertion professionnelle - nous formons des jeunes qui ont des difficultés d'apprentissage.

(6)

6

La recherche-action et évaluation des pratiques

Quelles voies possibles pour participer à la formation des acteurs et au développement réseau Différent et Compétent ? Définition et principes.

Introduction de Patrice Leguy, correspondant scientifique et technique Différent et Compétent, chercheur associé Paris XII, Centre jeunesse de Québec - Institut Universitaire.

Dans le cadre de ces deux journées, j’ai été chargé de porter la thématique de ces assises, intitulée « reconnaissance et professionnalisation - construire un réseau de recherche-action ». Ces troisièmes assises sont donc consacrées à la recherche, action, formation et les pratiques évaluatives. Ces démarches sont au cœur de la modernisation de l'action médico-sociale. Les démarches de recherche et d’évaluation ont un double intérêt. Elles permettent de mieux nous connaître par le retour qu’elles produisent sur le travail réalisé. Mais elles ont aussi la « propriété » de nous faire connaître et reconnaître et ainsi, de rendre visible la Reconnaissance des acquis de l’expérience des personnes des esat et donc, le projet Différent et Compétent.

Pourquoi engager ce travail de réflexion sur la recherche-action et la question de l'évaluation au sein du réseau Différent et Compétent ? Parce que les démarches de reconnaissance des compétences des personnes en esat portent en elles un trésor caché souvent mal connu ou sous-exploité qu’il convient de faire savoir. Pourquoi engager une réflexion sur la question de la recherche-action à visée formative ? Un financement, obtenu auprès du Fonds social européen en 2012, nous offre l'opportunité d'expérimenter les pratiques de recherche-action et d'évaluer le fonctionnement du dispositif Différent et Compétent auprès de trois régions différentes.

Par ailleurs, l'énergie mobilisée à l'occasion du réseau de recherche-action, constitué à l’occasion du projet notamment sur la recherche, sur l'évaluation, n'est-elle pas une forme nouvelle, par la rythmique des réunions pour les acteurs du réseau, de professionnalisation dans une alternance travail-formation mais aussi, de formation en réciprocité ?

Les assises sont l'occasion de poser quelques jalons sur l'idée de la recherche-action, de l'évaluation comme un moyen d'articuler, de lier et construire notre réseau. Nous avons pu, avec différents acteurs (coordonnateurs régionaux, membres des groupes thématiques) expérimenter et nous initier à la question de la recherche-action et cette possibilité qu'elle nous offre de pouvoir nous professionnaliser ensemble, de pouvoir nous construire ensemble, de pouvoir interroger et travailler la question du réseau et de la RAE. Un point fort et nouveau pour nos assises durant ces deux journées est le fait d'avoir des retours d'expérience sur les thématiques qui ont été développés. Cela sera notamment l'occasion, dans les ateliers, de pouvoir présenter ce travail qui a été réalisé tout au long de l’année. Les groupes ont produit et ils vont vous soumettre leurs réflexions, leurs réalisations, leurs propositions…

Ce travail sera présenté de trois manières : des résultats de travail sur les connaissances, les progressions autour des questions et des thématiques développées mais aussi un retour par les acteurs eux-mêmes qui ont vécu le processus pour essayer d'identifier si ce travail en réseau, ce travail de réflexion sur l'action a effectivement un intérêt, une importance. C'est un des enjeux de ces assises.

Nous aurons trois interventions avec Christian Verrier, Bernard Lucas et Claire Héber-Sufrin. Pour chacun, nous avons posé un cadre d‘intervention identique : quelle est leur conception de la recherche-action ; puis, quelle expérience ont-ils de ces démarches et des processus. Nous espérons que ces trois conférences nous permettront de mieux connaître la recherche- action, de débattre au cours de ces deux journées de l’intérêt de ces démarches pour notre réseau, de mettre en réflexion ces apports et l’expérience vécue dans les groupes de recherche-action au cours de cette année.

(7)

7

Les éléments existentiels dans les équipes des esat et leur prise en compte par la recherche-action.

Christian Verrier, ancien Maître de conférences en sciences de l'éducation à l'université de Paris VIII, chercheur dans le cadre de l'autoformation, de la construction du sujet, de la recherche-action.

Je propose de vous présenter un type de recherche-action qui a été pensé et mis en œuvre par René Barbier, professeur émérite en sciences de l’éducation à l’Université Paris VIII Saint-Denis. Il s’agit d’une recherche-action existentielle qui prend à bras le corps les grandes questions de l'existence quand elles sont confrontées à un processus collectif de recherche.

1 - le positionnement de René Barbier par rapport à l'ensemble de la recherche- action

La recherche-action a déjà une vieille histoire dans les sciences humaines, dans la façon de chercher sur le social, l'humain en général. Les débuts avec Kurt Lewin remontent aux années 1940. C'est un type de recherche qui a environ 80 ans et qui, depuis sa fondation, s'est diversifié et enrichi. On recense aujourd'hui de nombreux types de recherches- actions. Celui que je vous présente aujourd'hui, la recherche-action existentielle, théorisée et développée par René Barbier, reprend quelques traits communs des recherches-actions en général pour y ajouter la dimension existentielle.

Les traits communs sont les suivants :

 en premier lieu la recherche-action peut naître dans n'importe quelle collectivité quand un problème difficile est identifié par un collectif. Ce collectif, grâce à la recherche-action, va tenter d’analyser le problème et d'y apporter des solutions ;

 il s'agit non seulement d'étudier la situation-problème et d’y apporter solution, mais aussi, par effet logique, de transformer la réalité que vit le collectif ;

 bon nombre des membres de la collectivité concernée doivent, autant que possible, participer à la démarche de recherche-action. On n’arrive jamais à impliquer l'ensemble d'une collectivité, mais plus il y a de membres de cette collectivité qui s'inscrivent dans le cadre de la recherche-action, plus celle-ci aura d’impact ;

 une des vertus des recherches-actions est qu'elles peuvent faire prendre conscience aux acteurs concernés de leurs ressources insues. Dans vos métiers, on met en œuvre des savoirs, des compétences, des savoir-faire clairement identifiés et identifiables - y compris par les validations diverses, les reconnaissances d'acquis - mais il y a aussi des savoirs non encore identifiés, mais dont nous sommes pourtant porteurs, et qui peuvent se révéler grâce à la recherche- action ;

 les capacités d'analyse et de prise en compte des réalités de chacun sont aiguisées par le fait de passer par un processus de recherche-action.

On retrouve tous cela dans la recherche-action existentielle telle que théorisée et pratiquée par René Barbier. Toutefois, celui-ci considère que toutes ces recherches-actions traditionnelles et conventionnelles ne prennent pas suffisamment en compte les dimensions existentielles de l’être humain. Si naturellement et heureusement, le politique, l'économique, le stratégique, l'institutionnel, voire le médical et le soin… sont des dimensions fondamentales dans une recherche-action, aux yeux de René Barbier la dimension existentielle est trop souvent laissée de côté. D'où l'idée de braquer le projecteur, par la recherche-action, sur cette dimension qui fait problème dans la situation rencontrée.

Par rapport aux autres formes de recherche, la légitimation de la recherche-action existentielle et de ses résultats ne vient plus tant de la « cité savante » (l'académie, l'université, le CNRS…) que d’une utilité sociale, individuelle, politique et humaine, qui est reconnue comme telle par les participants eux-mêmes de la recherche-action, qui au départ ne sont pas des chercheurs, et n'ont peut-être pas la même culture intellectuelle. Ce qui va donner un ton de scientificité à la recherche-action existentielle est différent du processus habituel de validation scientifique, nous ne sommes pas dans le même espace d’académisme.

La recherche-action existentielle vue par René Barbier, va prendre à bras le corps, à l'intérieur du problème rencontré par la collectivité, des thèmes qui sont ancrés dans la réalité sensible humaine comme la naissance, la passion, l'amour, la vieillesse, la mort, la souffrance, la situation de handicap mais aussi la vie sociale alternative et tout ce qui peut relever de la

(8)

8 problématique de l'interculturel. Très souvent, cette recherche-action existentielle va être amenée à travailler aux marges de la société, avec des déviants, des personnes en rupture de ban avec la vie sociale habituelle normée, « moyenne ».

Une des caractéristiques principales de la recherche-action existentielle est qu'elle est difficilement prévisible à l'avance. Les procédures, les évènements rencontrés, sont généralement assez différents de ce que l'université ou les milieux de la recherche classiques présentent comme devant être une recherche digne de ne nom. Dans une recherche-action, fut-elle existentielle, il est très rare que les choses se déroulent exactement comme il était prévu à l'avance. Les chercheurs doivent composer avec une réalité mouvante, et faire preuve de capacité d’improvisation rigoureuse.

Quelques repères…

 Concrètement, il faut au départ une situation problématique dans le collectif, un événement particulier, qui occasionne une souffrance, un dysfonctionnement important. Les relations humaines au sein de ce collectif sont perturbées, l’action est bloquée. Le groupe concerné ou quelques personnes d’un service souhaitent trouver une solution. Ils peuvent alors formuler le souhait d’effectuer une recherche-action, avec éventuellement l’aide d’un chercheur pratiquant la recherche- action existentielle. Il peut aussi s’agir d’une personne du collectif formée à ce type d’intervention.

 Très rapidement sera constitué un « chercheur collectif ». Ce chercheur collectif sera vraiment la poutre maîtresse de la recherche-action existentielle. Il sera constitué des personnes intéressées par la recherche, et il pourra être fait appel à un chercheur extérieur qui viendra les épauler, leur apporter les éléments théoriques au besoin, leur soumettre certaines idées. Ce chercheur collectif va se réunir régulièrement pendant un temps convenu à l'avance (tous les 15 jours par exemple), en sachant qu’une recherche-action existentielle a besoin de temps pour se déployer, il n'y a pas de recherche-action existentielle express ! Ce peut être six mois, un an, deux ans… Cette durée, ainsi que d’autres choses, sont contractualisées au début de la recherche.

 L'un des premiers travaux du chercheur collectif est d'analyser les implications de chacun, en termes existentiels : pourquoi suis-je dans ce chercheur collectif, en quoi la situation-problème rencontrée me cause tant de difficultés, de malaise, de souffrance ? En quoi me renvoie-t-elle à des problématiques personnelles ? Il n'y a pas de recherche-action existentielle sans qu'il n’y ait une implication forte des participants, sans un engagement fort et conscient. On peut s'impliquer dans quelque chose ou être impliqué par quelque chose, même de façon inconsciente, et l'engagement est une facette renforcée de cette implication. Les membres du chercheur collectif doivent impérativement être au plus près de l'analyse de leurs implications. Pourquoi suis-je là ? Pourquoi fais-je cela ? Quel sens cela a pour moi d'être dans ce chercheur collectif ? Au fil des mois, on reprend l’analyse existentielle de cette implication pour constater comment elle évolue depuis le début de la recherche. L’implication n'est pas installée une fois pour toute, elle évolue constamment.

Peu de recherches en sciences humaines sont autant attentives à cette implication des chercheurs.

 Le chercheur collectif se livre parallèlement à une étude sur le problème rencontré, qu’il va essayer de résoudre. Il définit et met en place un dispositif de recherche pour la durée qui a été définie au départ. Ce dispositif de recherche inclut les réunions du chercheur collectif où chacun réfléchit de façon collective au problème rencontré et aux évolutions qu’il connaît. D’autres techniques de recherche plus traditionnelles peuvent être utilisées, ne serait-ce que des entretiens avec des personnes accompagnantes ou des personnes reçues dans la structure, personnes qui peuvent s’exprimer elles aussi sur le problème rencontré. Il peut aussi s’agir d’observation participante ou d’histoires de vies, etc. Le chercheur collectif peut également le cas échéant faire intervenir dans ses réunions des personnes extérieures, des professionnels ou des experts par exemple, qui peuvent apporter des éclairages externes sur les réflexions menées en interne dans le chercheur collectif. Le chercheur collectif consigne toutes ses réunions et autres démarches, sous forme d’enregistrements, d’écrits, il conserve le plus possible la mémoire de ses travaux.

 Le processus se termine par la rédaction d'un rapport de recherche collectif rédigé idéalement par l'ensemble des membres du chercheur collectif. Ce rapport a les caractéristiques d'un rapport de recherche traditionnel mais aussi de nombreuses autres caractéristiques qui permettent à chacun, en fonction de son degré d'avancée dans la recherche- action, de pouvoir y participer.

(9)

9 2 - ce que les personnes qui participent à ce type de recherche-action existentielle peuvent en tirer de bénéfices, de profits, de réflexions multiples quant à leur propre vécu.

 il y a un travail de conscientisation qui est fait : la saisie d’éléments qu'on ne saisissait pas tout à fait auparavant, et que grâce à la recherche-action existentielle on reformule pour agir mieux. Quelque chose change dans le vécu des personnes, profondément parfois ;

 grâce à la vie groupale au sein du chercheur collectif, chacun peu à peu se connaît mieux individuellement et devient plus à même de comprendre et d’analyser les questions existentielles qu'il rencontre. C'est un enrichissement indéniable qui participe de l'examen de soi d’abord, puis de l’examen de soi au sein d'un collectif. Evoluer ainsi sur le long terme dans un collectif, cela ne nous est pas donné si souvent dans les situations que l'on vit habituellement ;

 au fil de la recherche-action, on remarque une modification du point de vue de chacun sur le problème de départ et de soi-même inclus dans le problème ;

 se produit un réexamen de nos grandes options par rapport aux questions existentielles fondamentales que l'on traverse.

Si on prend le handicap par exemple, que signifie être en situation de handicap quand on ne l’est pas soi-même ? Il peut se produire une sorte d’effet miroir qui nous renvoie à nos handicaps multiples, à nos faiblesses, que l’on voit différemment dans d’autres contextes plus communs ;

 se produit également un passage progressif d'un espace de soi à d'autres espaces, souvent insoupçonnés au départ de la recherche avec des effets de résilience puissants ;

 on devient peu à peu un meilleur connaisseur de soi et d'autrui tout en développant des savoirs liés à la recherche elle- même. On apprend des choses avec les experts qui viennent nous parler, relevant des savoirs et même des savoir-faire.

Quand il s'agit de partager son avis avec autrui au sein du chercheur collectif, il faut bien mesurer l'impact que l'on a sur l’autre, ce qui participe d'un certain savoir-faire et savoir-être. Et avec l’écriture du rapport de recherche final, chacun peut s’autoriser, dans tous les sens du terme, à devenir auteur à son tour et à son niveau. La recherche-action avec chercheur collectif permet à chacun de devenir s’il le souhaite, véritablement, un acteur actant. Le chercheur collectif facilite aussi, et ce n’est pas anecdotique, une aptitude à la co-formation.

Tout cela constitue autant d'acquis d'expérience au sein du chercheur collectif de la recherche-action existentielle, qui pourraient être objet de démarches de reconnaissance, même si ces acquis sont un peu difficiles à saisir au départ car, justement, on est en plein dans les dimensions fines du savoir-être, du savoir-devenir, étroitement liées à l’existentiel, et chacun sait combien il est difficile de mettre des mots et encore plus de quantifier ces phénomènes, qui cependant nous animent en profondeur.

3 - quelques recherches-actions concrètes ayant apporté des enseignements existentiels importants

 l'Université populaire Quart-monde, avec la construction d'un savoir émancipatoire : cette recherche, récemment récompensée par le prix René Rémond de la thèse, menée par Geneviève Tardieu, est une recherche-action à fort caractère existentiel qui a duré plusieurs années dans les Universités populaires d’ATD Quart-monde. Dans le livre qu’en a tiré Geneviève Tardieu (L’Université populaire Quart Monde. La construction du savoir émancipatoire, Presses Universitaires de Paris Ouest, 2011, 377 p), on voit peu à peu chez les personnes frappées par la grande pauvreté émerger un sentiment de fierté grâce à une résilience développée par l'examen existentiel du vécu de situations de honte, dans lesquelles on voit l’inscription existentielle profonde de la grande pauvreté et du dénuement le plus grand ;

 « les compétences de parents, d'enfants en situation de handicap », recherche-action réalisée dans un atelier de recherche-action du Collège coopératif de Paris. Là aussi un ouvrage (Mehdi Farzad, Les compétences des parents d’enfants en situation de handicap, 2008, 223 p.) relate cette recherche-action où l’existentiel tient une place centrale, et où les compétences des parents d’enfants en situation de handicap sont catégorisées en savoirs, savoir-faire et savoir- être. On voit comment les parents font le point grâce à la recherche-action sur toutes les compétences qu'ils ont acquis depuis la naissance de leur enfant ;

 Parfaitement reproductible aujourd'hui, une recherche-action existentielle a eu lieu dans les années 1980 dans un grand hôpital auprès de personnes en fin de vie et en état de souffrance physique et morale par rapport à l'échéance de la mort (René Barbier, « Culture d’hôpital et recherche-formation existentielle à l’écoute des mourants », Pratiques de Formation/Analyses, Paris, Université de Paris 8, n°15, Avril 1988, pp. 101-122). Cette recherche existentielle a été menée avec des soignants, des infirmières et des aides-soignantes, qui ont rédigé ensemble un rapport final d'une centaine de pages. Dans le chercheur collectif, peu à peu la parole se libère par rapport au tabou de la mort, l’attitude des infirmière se modifie, et on voit comment cela va progressivement changer beaucoup de choses pour le malade en proie à la souffrance et à l'angoisse de la mort, toutes choses généralement laissées dans le non-dit de la détresse. Le malade peut retrouver en partie ses propres mots sur la souffrance et sur la proximité de la fin, une part existentielle importante de lui-même lui est potentiellement restituée.

(10)

10

Recherche-action et inclusion sociale : les enjeux, les expériences et les possibles d’une participation des personnes en situation de handicap.

Bernard Lucas, sociologue professeur EHESP Rennes, directeur d’établissement du secteur SMS.

Présentation power point

Ce titre «les enjeux, les expériences et les possibles d’une participation des personnes en situation de handicap » me fait penser à une phrase de Saint-Exupéry : « si tu diffères de moi, loin de me léser, tu m'enrichis ». Sachant / sujet d'étude : effectivement, il y a bien deux choses qui bougent beaucoup aujourd'hui : d'un côté, le monde du secteur protégé, en pleine mouvance depuis les années 2000 ; de l'autre, la question de la conception de la recherche aujourd'hui. Dans les deux cas, on a des représentations qui sont relativement anciennes et qui sont en train de bouger.

Le rapport à la loi du 11 janvier 2005 avec le mot participation : souvent, on a parlé du changement de paradigme en parlant de cette loi de 2005-102. Dans son titre, on voit qu'un programme est annoncé puisqu'on parle d'une loi pour l'égalité de droits et des chances ; viennent ensuite les termes « anticipation » et « citoyenneté des personnes handicapées ». On n'est pas uniquement dans le droit mais dans un accès à la société de ces personnes. Ensuite, vient le terme « inclusion ». Il nous vient du Traité d'Amsterdam, des questions de non-discrimination. La question essentielle est bien celle de la place de la personne au milieu des autres, évidemment aussi dans le travail. Aujourd'hui, on sait que l'on est très loin d'être arrivé à ce que l'on avait prévu puisque, si on prend le taux de présence de personnes de travailleurs handicapés dans les entreprises, il est de 2,7 % dans le secteur privé et de 4,7 % dans le secteur public. Ce n'est pas brillantissime surtout que l'on sait que ce quota existe depuis longtemps. Juste après la guerre 1914-1918, il était de 10 %. On mesure à peu près l'étendue de ce qu'il reste à faire.

Viennent ensuite les termes de recherche et son lien avec l'inclusion. Ce qui se situe sur la lignée de Kurt Lewin dans les années 1940-1950, qui parle de la question de la démocratie par rapport à la question de la recherche. On va commencer en parlant des enjeux. C'est intéressant de travailler ces questions autour de l’esat. On est vraiment là au sein d'une problématique particulièrement nourrie et riche.

Il y a d'un côté les personnes qui s'y trouvent et qui, quelquefois, ont envie d'en sortir ; il y a la structure elle-même un peu en limite. On est dans le médico-social mais en même temps, on est une quasi entreprise. C'est un contexte emblématique. En effet, il y a trois demandes auxquelles doit répondre l’esat en dehors de la production qui lui est demandée :

 une attente sociale autour de la problématique de l'inclusion. C'est toute la question des droits de l'homme ;

 la conception situationnelle du handicap : elle est relativement nouvelle et veut dire que la situation de handicap est finalement une interaction qui se passe entre une personne et son milieu. Et dans le milieu, il y a aussi le travail ;

 on est en même temps dans une mutation de l’organisation du travail alors que l’on est en même temps dans un cadre compétitif. On va demander plus de compétence avec la montée en charge de l'informatique, de la robotique… L'organisation du travail avec les flux tendus, les messageries électroniques demande à avoir une réponse rapide par rapport à des commandes. On est aussi dans le défaut 0.

Il y a aussi les termes utilisés. On est passé du « prendre en charge » au « prendre en compte ». Tout le monde utilise plutôt le prendre en compte que la prise en charge. C'est intéressant de voir cette évolution. Avec la question qui est posée aujourd'hui, on est plus dans le « prendre part ». Ce verbe « prendre » ne s'adresse pas directement à l'accompagnateur, à la structure mais à la personne elle-même. C'est vraiment un changement qui émerge même s'il émerge tout doucement.

Deux éléments nous y poussent

 il y a la question de l'usager. Depuis la loi 2002-2, on voit bien que les choses ont changé avec la participation, le contrat de séjour - on contractualise, on met en relation- il y a le conseil de la vie sociale dont le président est élu par

(11)

11 l'assemblée ; c'est toujours un représentant des usagers. On va traiter de sujets importants, le règlement, le fonctionnement, le projet d'établissement. Des choses se sont faites-la en termes de participation ;

 il y a la diversification des situations des personnes. On voit arriver de plus en plus les établissements, des personnes avec des capacités différentes, supérieures au tiers avec des besoins de soutiens médico-éducatifs malgré tout. C'est la circulaire 2008 qui nous le rappelle.

On a donc deux bonnes raisons de ne pas oublier de circonscrire deux enjeux :

 On ne peut pas faire autrement aujourd'hui que de faire valoir les expériences de ces personnes et leurs capacités.

C'est tout à fait légitime pour ces personnes de pouvoir parler, participer et participer à la recherche ;

 Les esat aujourd'hui ont, en même temps que la conception du handicap qui évolue, la lourde responsabilité de prendre part à la construction de nouvelles représentations. Les représentations ont la peau dure. Jean-Claude Abric et Claude Flamand, qui ont travaillé cette question de la représentation nous disent qu'il est rassurant d'être dans des représentations : elles permettent de communiquer dans une vie sociale, d'avoir autour d'un nom, une idée, d'être à peu près d'accord. À un moment donné, comme le dit Michel Crozier, il est souhaitable de pouvoir changer dans nos pratiques d'autres modes de communication, de relations pour changer ces représentations. Les représentations changent quand tout à coup, ce qu'elles veulent exprimer tombe d'elles-mêmes. Que tout le monde ne s'y reconnaît plus. Longtemps, on a pensé que la planète Terre pouvait être représentée sur une carte jusqu'au jour où l'on a pris conscience que finalement, on était sur une boule. Il a fallu du temps mais aujourd'hui, cela va de soi et ce n'est plus discuté. En matière de travailleur d’esat, les représentations bougent à partir du moment où on déstabilise, dans le public, l'idée que l'on peut en avoir.

Parlons des expériences d'implication des personnes handicapées… Dans un premier temps, l'idée pouvait paraître incongrue il y a quelques années. Il y a des représentations un peu partout, y compris chez les chercheurs ! Cependant, certains considèrent nécessaire aujourd'hui d'associer ce qu'ils appellent les « parties prenantes ». L'intérêt que, lorsqu'il y a une question, il n'y a pas simplement un expert qui regarde cette question mais que les parties prenantes s'y intéressent. Depuis trois ans, j'ai entamé un travail sur la scolarisation des adolescents handicapés. On partait de l’idée que, lorsqu'on est aveugle, sourd, que l'on est en fauteuil roulant, on a des difficultés à pouvoir imaginer un lendemain où on pourrait, comme tout le monde, suivre des études… Il y avait une autocensure de leur part. Une association de la région parisienne a souhaité émettre une hypothèse en disant : si cette idée, cette représentation qu'ils avaient de leur avenir pouvait bouger du fait que des tuteurs, des gens de leur âge ou un peu plus âgés, en train de suivre des études, viennent les aider à un moment donné, à voir autre chose, à leur dire : je suis passé par là et j'ai pu malgré tout devenir ceci… Peut-être que les choses vont bouger. On a vu, depuis quelques années, qu'en associant ces adolescents, régulièrement, par des réunions, des discussions personnelles, en travaillant avec les tuteurs, que les choses bougeaient : des gens qui ne prenaient pas la parole, la prenaient. On se rend compte aussi qu'il faudrait que cela débute beaucoup plus tôt mais on connaît toute la difficulté de cette scolarisation aujourd'hui même si des progrès sont faits…

Dans les esat, je crois que des choses se font aussi et tout le monde le fait depuis longtemps - c'est un peu comme M. Jourdain avec la prose - cette question de pouvoir impliquer les travailleurs handicapés se trouve lorsque vous proposez des stages. Au cours des stages, les personnes en situation de travail sont en mesure de pouvoir dire : « me trouver dans telle entreprise, à telle place, ça m'intéresse… ou pas ». Ce travailleur handicapé va échapper au pronostic ou au diagnostic des « experts » qui jusqu'ici pensaient à sa place. De lui-même, vous le mettez comme partie prenante, en capacité de pouvoir donner son point de vue. Je réfute la disqualification qui est souvent faite en disant : « il faut peut-être un bagage, il faut pouvoir analyser… » Sans doute. Mais il y a aussi les ressentis de l'expérience qui sont à prendre en compte.

Pour cela, il faut aussi développer des opportunités d'expérimenter, des stages, des possibilités de choisir des stages. En retour, les gens vont dire ce qu'on n'avait pas toujours perçu. On s'était dit, en tant qu'expert : « il a acquis telle ou telle connaissance, telle ou telle compétence, il peut donc aller sur telle poste ». Sauf qu’il nous renvoie : « je suis marié, je suis dans tel quartier, j'avais tel travail, tel contexte, tel ami ; ce qui m'intéresse le plus, c'est de garder ces liens. » Il a un mode de raisonnement qui n'est pas tout à fait celui que l'on va avoir a priori de ses capacités et de ses compétences.

Il y a la question de l'expression individuelle à la participation à la recherche. La recherche à des exigences ; il va falloir lui demander un certain temps pour se mettre d'accord, sur une problématique, sur un sujet donné, par trop large, précis, dans un temps donné, avec des moyens donnés. Et donc, de pouvoir s'organiser autour de cette recherche. Comment participe-t-on à la définition du questionnement ? Les travailleurs handicapés, qui sont dans tel ou tel endroit, les travailleurs d’esat en particulier, sont aussi en mesure de pouvoir dire de ne pas leur ressentis, ce qu'ils ont pu vivre dans les établissements, dans les

(12)

12 entreprises dans lesquelles ils ont pu aller, quel type de questionnement ils avaient apporté. On est parfois surpris. Sur cette question, on s'est rendu compte qu’une de nos recherches devait s'orienter davantage sur ce que, Axel Honneth, philosophe allemand, appelle la reconnaissance. Il pense, à un moment donné, que toute personne a besoin de reconnaissance sociale, d'estime sociale ; en se rapportant à ses qualités, son identité, elle permet de développer le sentiment de sa propre valeur.

Les travailleurs handicapés nous le disaient, pas directement, pas dans ces termes-là, mais ils nous disaient : « je me suis rendu compte que j'avais un traitement un peu particulier dans cette entreprise ; je n'avais pas l'impression d'être tout à fait…

J'avais l'impression que l'on a m’a mis un peu à part, que l'on n'a pas tout à fait considéré mes capacités, mes connaissances alors que j'avais des choses à apporter ; c'est vrai que je prends plus de temps pour faire un mur mais, lorsque je fais un mur, il est bien fait. Dans l'entreprise, ils vont vite mais ce n'est pas terrible ! » Ce travailleur handicapé a des valeurs qui n'ont pas été prises en compte et qui ont du coup modifié sa capacité à pouvoir faire état de ses connaissances et, en contrepartie, son estime de lui-même, du fait de l'estime sociale qui baissait, baissait aussi. Il nous renvoie à des questions utiles à regarder.

La recherche partout, quelles que soient les disciplines, en biologie comme dans les sciences de la Terre, différentes recherches de toute nature on voit que dans tous les pays, il y a une évolution constante de ce type de recherche. On voit aussi que notre pays n'est pas le mieux placé actuellement dans ces recherches même si depuis deux ou trois ans, les choses évoluent.

Je voulais évoquer aussi la suspicion de la capacité à pouvoir participer aux recherches par un mot d'Alain Touraine, un de nos plus grands sociologues : « ceux qui parlent d'un mouvement social, centré dans des idées et les sentiments, de ceux qui l'animent, manquent d'objectivité car ils n'aperçoivent même pas ce dont ils prétendent parler. »

Quelles sont les possibles et les limites d'une recherche participative en inclusion ?

Il y a des opportunités de co construire une production, une connaissance actuellement plus qu'à d'autres moments parce que l’esat est un lieu où, depuis déjà longtemps, les travailleurs participent largement au conseil de la vie sociale, au conseil d'atelier et dans d'autres lieux, avec leurs moniteurs d'atelier et leurs éducateurs techniques spécialisés, réfléchissent avec eux.

Il y a des opportunités qui se développent de communication et de publication. On voit se développer autour de la CNSA par exemple, des appels à projets importants, où participent obligatoirement les parties prenantes. On voit aussi de plus en plus de professionnels qui s'intéressent à leur propre formation en faisant des masters par exemple et qui viennent apporter le vécu dans ces formations. La condition et d'avoir un intérêt pour ces recherches. Il faut que cela apporte quelque chose à la recherche. Il faut que l'objet de recherche soit utile mais il faut également que ça soit des recherches où les personnes, les travailleurs puissent s'impliquer.

Les bénéfices attendus, c'est le développement des capacités personnelles, c'est la question de la conscientisation, de la réappropriation de son pouvoir – l’empowerrment - c'est le changement des représentations sociales qui est un enjeu véritable et c'est l'évolution de l'offre. Dès lors que les travailleurs handicapés nous disent : « je suis un peu en limite ; ou bien je vais dans le milieu ordinaire, ou je reste dans l’esat mais je ne suis pas très convaincu ni de l’un, ni de l'autre, cela veut peut-être dire qu'il nous renvoie une vraie question : que faites-vous pour ne pas imaginer quelque chose d'autre, un passage plus facile entre les deux ? » On a donc à se saisir de ces questions.

Les limites possibles, c'est le temps. La recherche prend du temps, c'est un engagement sur une durée, des réunions, une répartition du travail. C'est aussi un changement de posture. Dès lors que des gens se réapproprient leur pouvoir, ils sont plus en capacité de pouvoir dire : « on a notre mot à la dire, sur la place que l'on occupe à l’esat, sur la place de l’esat elle-même. » Conclusion : on est parti de l'objectif de participation sociale dans une société inclusivement et on arrive à la participation à une recherche dans le champ du travail. On est parti de l'usager en 2002 à la notion de partie prenante. Cette question pose vraiment la question de l'adaptation de notre offre de services.

(13)

13

Recherche-action en réseau : une ouverture vers des échanges réciproques et production de savoirs entre acteurs. Comment la construire ? Comment la pérenniser au sein des enjeux interinstitutionnels ?

Claire Héber-Sufrin, cofondatrice des réseaux d'échanges réciproques de savoirs ; présidente d’honneur de la fondation Foresco.

Une ouverture vers des échanges réciproques et production de savoirs entre acteurs. Comment la construire ? Comment la pérenniser au sein des enjeux interinstitutionnels ?

Introductions

1. Je ne connais pas bien votre réseau. Je l’ai rencontré, une première fois, il y a deux ans, lors de vos secondes assises à Chartres où j’avais été très émue par toutes les formes de réciprocité exposées. Et à Larmor-Plage où nous avons visité un esat et été tout à fait impressionnée par ce qui s’y faisait.

2. Recherche et réseau. La recherche, sous différentes de ses formes, est

« vitale » pour un réseau en mouvement. S’il n’est plus en recherche, s’il n’initie plus des recherches, sur ses propres principes, pratiques, systèmes d’organisations, effets… il est « mort » comme réseau vivant ! Et le fonctionnement en réseaux, ouverts, transversaux, paritaires… est un enrichissement encore incroyablement méconnu pour la recherche-action.

I. Une conception de la recherche-action enracinée dans quoi ? A. Deux expériences « fondatrices »

En voici une : Pour moi, alors que j’enseignais à Orly. Jeune institutrice, j’ai été sollicité (en raison de quoi ? ma façon d’enseigner ? Mes engagements dans la ville ? Mes réseaux sociaux ? …) pour participer à une enquête-participation avec des habitants de la cité d’urgence.

Cette enquête-participation s’appuyait sur les conceptions de Louis-Joseph Lebret. L'enquête n'est donc pas ici purement scientifique. Elle est directement ordonnée au bien commun, elle se prolonge par l'intervention qui est son objet, elle vise à entraîner des résultats concrets qui modifieront les conditions de la vie des humains considérés dans leur globalité. Mais l'objectivité ne doit pas être diminuée par l'optique de l’engagement. La recherche scientifique ne doit pas être colorée par l'utilisation ultérieure de ses conclusions. Elle a besoin d'un outil bien fait, c'est-à-dire d'observations menées intelligemment qui décriront pour lui le terrain où il doit intervenir.

La seconde. Une recherche faite avec les syndicats d’enseignants locaux sur Orly sur la carte scolaire, l’emplacement des établissements scolaires, les systèmes d’orientation des élèves, les « déterminations » sociales subies sans le savoir : recherche faite pour être « restituée » aux familles. Dynamique de conscientisation ?

J’ai appris ainsi, comme sans le savoir, par imprégnation et expériences vécues et partagées, trois choses :

a. ne pas hésiter à solliciter quiconque pour participer à une recherche : au-delà du côté valorisant pour la personne, c’est toujours, à tout coup, s’associer un possible regard original et enraciné sur la question qui nous met ensemble ;

b. les personnes concernées (ici, les habitants de la cité d’urgence) sont des sujets chercheurs ! C’était d’emblée comme une évidence pour moi : on ne peut chercher pour sans les personnes concernées. La recherche comme « mise en réseaux de concernement ».

c. Les personnes en question ne peuvent être catégorisées : elles sont des individus, c’est-à-dire des « indivisibles ».

B. Des références à la base

J’ai, par la suite, rencontré les travaux de Paulo Freire, dans les années soixante-dix. Puis, plus tard, Paulo Freire lui-même et j’ai travaillé avec Michel Séguier (en particulier pour un ouvrage commun). Pour Paulo Freire, la recherche-action ne peut être que conscientisante. La recherche-action est un projet de connaissance à visée de changement individuel et collectif. Elle part du principe que chacun, tout un chacun, est détenteur de savoirs et de compétences ; a un regard sur sa vie et sur la société, a des espoirs d’amélioration de sa vie et de la société. En reliant recherche-action et formation réciproque, on se définit comme transformateurs des réalités que l’on vit, des pratiques que l’on essaie.

(14)

14 Cette recherche-action est une dynamique de conscientisation : elle cherche des réponses à des questions que l’on construit ensemble : quel est le problème auquel nous sommes confrontés ? Pourquoi entreprendre ou continuer cette action ? Comment lui donner sens ? etc…

Il s’agit, à la fois de : transformer la réalité ; produire des connaissances concernant cette réalité et ces transformations et se former réciproquement. En résumé, c’est un processus de libération de la parole par un travail collectif qui s'appuie sur l'écoute et le dialogue par l'implication et l'engagement des participants coopérant à la construction de savoirs basée sur l'égalité des acteurs et la parité des regards en vue d'actions de transformation sociale.

Ou encore, comme le dit bien René Barbier : « On ne peut rien connaître de ce qui nous intéresse sans que nous soyons partie prenante, « actants » dans la recherche ; sans que nous soyons vraiment concernés personnellement par l’expérience dans l’intégralité de notre vie émotionnelle, sensorielle, imaginative et rationnelle ».

C. Des rencontres

Les plus essentiels pour moi, quant à la recherche-action :

- Mouvement Freinet : et l’exigence formulée de faire reconnaître les praticiens en recherche comme de possibles praticiens-chercheurs

- Gaston Pineau : la formation par la recherche ; la recherche comme fonction nécessaire pour tout collectif qui veut continuer à vivre et s’inventer

- André Giordan : on peut constituer des groupes de citoyens chercheurs sur toutes les questions nouvelles qui se posent à nous. Citoyens-chercheurs, c’est-à-dire, des citoyens ; des citoyens engagés dans des actions d’amélioration de la société, animateurs, formateurs, etc. et des citoyens exerçant le métier de chercheurs

Un apprentissage, ou plutôt le renforcement d’une conviction : na pas laisser passer des belles rencontres, des occasions de se déplacer ; des chances de poser les questions autrement ; savoir demander, demander, demander : ça marche… avec ceux pour lesquels on ne se trompe pas quant aux valeurs, aux intérêts et aux proximités !

La recherche-action comme chemin d’émancipation ? De libération ? On ne se libère jamais seul ! Cela signifie que nous devons travailler ensemble : la transformation visée est sociale, mais un social qui, en se transformant permet à des individus singuliers de se transformer.

D. Une posture personnelle, des postures partagées

- Une « habitude » de se questionner autour de la nécessité de toujours relier le Voir- Juger – Agir.

- Une nécessité intériorisée par nombre de membres animateurs des RERS : si l’on est dans une posture d’expérimentation, d’innovation, il faut être « en recherche », chaque point de vue d’un réseau étant centralement intéressant par là où il est centralement intéressé, interpellé, touchée…

II. Que peut nous apprendre notre histoire de la recherche-action dans un réseau de réseaux ?

L’idée, là, est de tenter d’être cohérent, dans la façon de développer des recherches avec les principes de l’action : pour nous : une conception des savoirs – la réciprocité – en réseaux ouverts – s’appuyant sur la complexité et la générant – dans un mouvement de création coopérative

Savoirs. Les savoirs « de » tous, « pour » tous, « par » tous.

Réciprocité. Le choix partagé de la réciprocité, y compris en ce qui concerne le « être en recherche » et le « faire de la recherche ». Il n’y a pas de regard inutile. Il n’y a pas de sotte question. Il n’y a pas de connaissance négligeable (négliger = ne pas relier=. « Il y a une foule de manière de parler du monde dont la plupart ne seront jamais connues » (Donald Davidson).

En réseaux. Comment s’appuyer sur la multiplicité des postures, des distances, des rôles, des métiers (comme traduction de ses valeurs en service à autrui)…

Et pour cela, la notion de réseau est essentiel, fondamentale : Le réseau comme système :

- ouvert (mais dont il faudra parfois « refermer » tel groupe pour favoriser la continuité dans la recherche, à condition que chacun des membres de ce groupe refermé continue à être relié en réseaux dans plus grand que ce groupe),

- à géométrie variable

- où chacun à une vision singulière en même temps que des intérêts partagés - où chacun peut se relier à chacun des autres et à tous

- où chacun peut « circuler » dans les rôles, les positionnements, les tâches… avec des régulations nécessaires : si tout le monde doit avoir des rôles, ce n’est pas forcément « tous » les rôles ; si chacun peut apprendre, ce n’est pas forcément

« tout », etc.

- Où chacun est centralement intéressant par là où il est centralement intéressé.

(15)

15 La « boucle des agirs complexifiée » (ses racines dans Appels aux intelligences, 1988 – sa formulation dans Echanger les savoirs, 1992)

La conception de cette boucle s’est faite au fur et à mesure des premières recherches, actions, formations, communications, etc. de notre histoire de réseaux. C’est une porte d’entrée dans l'action partagée et complexe.

La boucle des agirs complexifiés est un circuit ouvert dans lequel on peut entrer ; seul ou en collectif de toutes tailles ; par quasiment n’importe quelle étape-outil. Cette boucle est un outil pour oser, pour agir, pour entreprendre, pour apprendre et se former, pour penser et produire du savoir, pour communiquer, pour construire l'histoire et la mémoire commune, pour coopérer, pour hybrider des pratiques, pour se projeter individuellement et collectivement... Elle permet de rappeler l'intérêt, l'importance, la nécessité en terme de cohérence, de rendre possibles toutes ces entrées et tous les accès de cette boucle à tous.

III. Quelques expériences collectives coopératives liées à « la » recherche et ce qu’elles nous ont appris

Des expériences de recherche

1. INRP : 1984. Question inversée : ça ne nous intéresse pas. Mais la question : les aider à prendre conscience des méthodes qu’ils utilisent.

Apprentissage : Un savoir mettre en question les questions

2. Une recherche-action liée à un étonnement devant l’inattendu : pourquoi et comment ces Réseaux se développent- ils ? 1986. Etude sur les conditions de développement des réseaux de formation réciproque. Constitution d’un collectif très hétérogène. Accompagnement d’une chercheuse de l’INRP.

Apprentissage : Un étonnement peut être rendu fructueux pour la démarche et pour le collectif qui en est porteur.

3. Accompagnements « informels » de recherche. Nous répondons positivement à toutes les demandes d’accompagnements de recherches individuelles : une chance pour nous d’avoir quelques diamants. Beaucoup de « copiages » aussi.

Apprentissage : croisement fructueux des points de vue 4. « Evaluation des réseaux » : 1988 à 1990

o Evry, avec des enseignants chercheurs de l’Université Paris X. Production d’un ouvrage chez Matrice o Lisieux, avec enseignant-chercheur de l’université de Caen, patronage de la CAF

o Saint-Jean de la Ruelle : avec l’INSEE

Apprentissage : une même recherche peut être faite de la même manière par le même comité de pilotage sur plusieurs sites.

Ou une même question, ici, celle de l’évaluation, peut être posée (y compris différemment) sur plusieurs sites et portées différemment par des équipes différentes avec des accompagnements de recherche différents.

5. « Réseau insertion, emploi, activité », en lien avec la Mission Promotion Emploi du Ministère de l’emploi, 1989 à 1991.

L’apprentie-chercheuse travaillait en lien avec un comité composé de participants, animateurs et formateurs des RERS, de deux sociologues, dont l’une sociologue du travail, et en faisait, en même temps, son sujet de DHEPS avec le collège coopératif, en lien avec Henri Desroches.

Elle a vraiment travaillé « en réseaux » : la recherche a impulsé l’organisation d’inter-réseaux sur cette question : à Angers, à périgueux, à Paris… Les participants (dont beaucoup étaient des personnes dont jamais la société n’attend ce positionnement) se sont sentis « concernés » par la question.

Apprentissage : une question de recherche peut être saisie comme occasion de mise en mouvement d’un mouvement.

A condition de ne regarder personne comme incapable de se questionner.

6. L’engagement bénévole dans les réseaux. 1992-1993

Il s’agissait là d’un appel d’offres. Mais qui rejoignait un des étonnements « heureux » que nous avions et une observation qui nous était « renvoyée » par l’extérieur (le maire d’Evry disant au délégué à l’insertion : « quand je vois des gens qui prennent des responsabilités dans la ville et qu’on ne voit pas d’habitude dans les associations, par exemple, ils sont « tous » passés par les Réseaux d’ERS. ») : quid de la responsabilité, de la responsabilisation, de la coresponsabilité dans les réseaux ?

Apprentissage : là, d’abord des outils théoriques d’analyse de nos pratiques qui, depuis, se sont diffusés, en particulier, des outils de pensée de Paul Ricœur et de Serge Moscovici.

7. Les RERS et la vie dans la ville 1994-1995

Erreur de casting pour la personne embauchée qui considérait que les membres des réseaux n’étaient pas « citoyens » parce qu’ils refusaient de renvoyer des questionnaires ; les mêmes, contactés par nous voulaient savoir : à quoi ça servirait, comment ça serait traités, ou bien encore souhaitaient des rencontres pour y réfléchir ensemble, en interactions…).

Nous avons dû organiser plusieurs rencontres inter réseaux dans des lieux différents, des entretiens menées après apprentissages par des participants, etc.

Apprentissage : commencer toujours par questionner les outils proposés plutôt que mettre en question les personnes 8. Autoformation, formation réciproque en réseaux ouverts pour lutter contre les exclusions.1995-1998

Production d’un rapport de formation et d’un rapport de recherche par le même groupe internationale.

(16)

16 Apprentissage : nécessité d’un travail « culturel » autour des mots ; articulation d’un accompagnement de formation et d’un accompagnement de recherche, chacune indispensable à l’autre ; perspective de publication.

9. Etude de comparaison entre systèmes de formation à distance et réseaux de formation réciproque

Terrains de recherche dans trois pays avec des RERS et des institutions avec systèmes hybrides (distance et présence).

Apprentissages : approfondissement de la notion d’acteur collectif (qui nous différencie surtout des autres systèmes ; travail depuis sur la notion de communal, communal/réseau

10. Rencontre avec André Gordan (à l’occasion du colloque de 1996)

Même question : comment ne pas perdre cette chance ? Lettre pour lui demander de venir aider les membres des RERS à réfléchir sur comment se passe l’apprendre dans les RERS

Trois actions de recherche : o Etude Apprendre

o Des savoirs émergents – de quels savoirs avons-nous besoin aujourd’hui ? o Réhabiliter l’intuition, comme bonne façon de savoir, de créer, de se relier

Apprentissage : une question : comment constituer et développer ce type d’initiative de groupes de citoyens qui se font chercheurs sur des problématiques de société sans laisser les questions essentielles aux experts ?

Chercher « et » écrire, avec celles et ceux qui n’en ont pas l’habitude

IV. Intégration « institutionnalisée » de la fonction Recherche dans le réseau de réseau, le Mouvement 1. DUHEPS. Convention entre l’Université de Tours (Gaston Pineau) et le MRERS.

Co/pilotage de la formation :

- Claire apprend avec Gaston les « gestes » d’accompagnement universitaire - Elle propose un système complémentaire issu de la « culture » des RERS : o Chacun est invité à se constituer un réseau d’alliés (réseau)

o Chacun est invité à offrir dans les réseaux une formation en lien avec sa question de recherche (réciprocité) o Des ateliers d’écriture et de lecture sont proposés (coopération)

o Des ateliers d’échanges et coformation autour des méthodologies de recherche (partage des savoirs).

2. GR3. Création par Claire Héber-Suffrin et Gaston Pineau du GR3 : Groupe de Recherche Réciprocité Réseaux. Il s’agit d’inscrire, très institutionnellement, la fonction recherche dans les principes du Mouvement.

Les fonctions de ce GR3

- Fonction de diffusion des recherches Pour en faciliter l’accès

Pour qu’elles soient utiles à l’action

Pour favoriser des enrichissements réciproques entre le GR3 et le réseau formateur - Fonction de veille et d’anticipation

Offres et demandes de recherches ou concernant des recherches Attention aux recherches réalisées et en cours

Repérage des recherches nécessaires - Fonction de production Recherches individuelles

Recherches collectives Recherches croisées V. Enjeux institutionnels

A. Une formation pour les chercheurs. Une formation réciproque entre chercheurs de métiers et citoyens chercheurs, cela est-il du domaine de l’illusion ou de la démagogie ?

Ce que les chercheurs apprendraient en cherchant avec des personnes qui n’en ont pas l’habitude et qui seraient reconnues comme co-chercheurs ne concerneraient pas seulement des savoirs sur la société, l’humain, etc. (donc des résultats de recherche) mais aussi leurs métiers et leur façon de le faire ; exemples de la sociologue : « ce que vous faites est formidable ; si je peux vous aider… » ; ma réponse : « et si cela pouvait « vous » aider ? ».

B. Un apprentissage sur le fonctionnement possible de groupes de citoyens-chercheurs, parce qu’ils sont

« concernés »

Références

Documents relatifs

Comme vous pouvez le constater sur le schéma du réseau, les machines nightwish et zonaria sont reliées à opeth par deux switchs distincts. Le but est ici de créer deux sous-réseaux

Le Soroptimist International France, ce sont plus de 2000 femmes travail- lant ensemble dans une centaine de clubs en France métropolitaine et dans les territoires d’outremer..

Des CSAPA ont aménagé leurs pratiques en proposant au patient des périodes de prescription en ville en alternance avec d’autres plus courtes au centre, pour permettre une

Notamment en combinant l'accompagnement d'un exposant (qui reste la manière la plus fréquente pour moi, en visio comme en présentiel) + les échanges de pratiques et

- celle de l’organisation virtuelle comme « objet », entrée qui fera l’objet de ces développements sur la base de deux arguments – celui de la légitimité technique

[r]

Membre du comité de programme de la conférence STACS 2020, Montpellier (France) Membre du comité de programme du workshop MoRe 2019, Vancouver (Canada) Membre du comité de programme

Dans la liste des réseaux de travaux pratiques de la Section 7, « Correspondance entre VLAN et réseau IP », les 3 groupes de 4 ports situés à gauche de chaque commutateur