GÉRALDINE PUCCINI-DELBEY
LA VIE SEXUELLE À ROME
TALLANDIER
© Éditions Tallandier, 2007 2, rue Rotrou – 75006 Paris
ISBN : 979-102103-058-9
www.centrenationaldulivre.fr
Autel funéraire avec scène de mariage (la dextrarum iunctio, réunion des mains droites).
1
ers. après J.-C., Rome, Musée National Romain.
© D. R.
Plaquette d’ivoire représentant une scène d’accouchement.
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ers. avant - 1
ers. après J.-C.,
Pompéi.
© D. R.L’homme est debout et soutient de ses épaules les jambes de la femme à demi étendue sur le lit.
Aristophane dans Lysistrata (229-230) fait allusion à cette position et Ovide
dans son Art d’aimer la conseille aux femmes qui ont de belles jambes.
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ers. après J.-C., Pompéi.
© D. R.Bas-relief en marbre montrant un couple dans la position dite de la Venus pendula.
Ce type de position était très volontiers représenté dans l’art érotique romain
car il permettait de montrer explicitement l’acte sexuel.
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ers. après J.-C.,
Pompéi.
© D. R.Unique représentation d’un cunnilingus dans l’art romain. Le coït oral était d’ailleurs considéré comme dégradant pour l’homme.
1
ers. après J.-C., Pompéi, thermes suburbains.
© D. R.
Position très courante dans l’art érotique romain. Dans ce cas, il semble que la femme est en train de stimuler l’homme avant le coït. 1
ers. après J.-C.,
Pompéi, maison du Restaurant.
© D. R.Fresque avec un Mercure au phallus démesuré.
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ers. après J.-C., Pompéi.
© D. R.Couvercle de miroir en bronze avec couple.
1
ers. après J.-C., Rome, Antiquarium municipal.
© D. R.Lampe d’argile en forme
de faune. 1
ers. après J.-C.,
Pompéi.
© D. R.Statue en marbre de Priape servant de fontaine (le phallus est traversé d’un conduit). 1
ers. après J.-C., Pompéi, maison des Vettii.
© D. R.Fresque de Priape, dont le phallus gigantesque est censé chasser le mauvais sort.
La vertu conjuratoire de l’image est renforcée par le fait que Priape pèse son membre à l’aide d’une balance dont l’autre plateau est chargé d’une bourse bien remplie.
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ers. après J.-C., Pompéi, maison des Vettii.
© D. R.
Banquet auquel participent deux couples étendus sur les lits du triclinium.
1
ers. après J.-C., Pompéi.
© D. R.L’homme de gauche pénètre l’homme du centre. Celui-ci pénètre à son tour une femme agenouillée et penchée en avant sur la Klinè.
1
ers. après J.-C., Pompéi, thermes suburbains.
© D. R.Rebord de coupe en céramique avec scène d’amour entre deux hommes.
1
ers. avant - 1
ers. après J.-C., Arezzo.
© D. R.Représentation d’un rapport sexuel entre un homme mûr, jouant
le rôle actif, et un jeune homme.
De telles coupes d’argent présentaient un répertoire décoratif varié,
incluant les sujets érotiques.
1
ers. avant - 1
ers. après J.-C., New York, Metropolitan Museum of Art.
© D. R.
SOMMAIRE
INTRODUCTION... 11
P
REMIÈREPARTIELE MODÈLE DU CITOYEN VIRIL
CHAPITRE I. L’INSTITUTION DU MARIAGE ... 29Adolescence et initiation sexuelle... 29
Le devoir civique du mariage... 34
La morale conjugale... 60
Les vertus de l’épouse idéale ... 70
CHAPITRE II. LES RELATIONS SEXUELLES HORS MARIAGE ... 83
Les relations adultères... 83
La répression privée et publique de l’adultère ... 85
Le concubinage ... 101
Les esclaves... 107
Le monde de la prostitution ... 115
Quelques cultes liés à la sexualité... 134
CHAPITRE III. LES AMOURS MASCULINES... 141
Le modèle pédérastique grec... 144
La répression publique ... 150
« Luxe, calme et volupté » : la culture du banquet et les pueri delicati... 156
Des mariages entre hommes ?... 164
LA VIE SEXUELLE À ROME
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CHAPITRE IV. L’INCESTE OU L’INTERDIT SUPRÊME... 167
L’inceste et sa répression publique ... 167
Le mariage incestueux ... 172
L’inceste de la vestale ... 177
D
EUXIÈMEPARTIECORPS ET SEXUALITÉ
CHAPITRE V. L’ÉROTISME... 183Une esthétique de l’érotisme est-elle possible à Rome ? ... 183
Les techniques de la séduction... 185
Le corps désirable ... 188
Pratiques et positions sexuelles... 194
La jouissance sexuelle... 214
Violence et sexualité ... 220
Représentations figurées de scènes érotiques ... 239
CHAPITRE VI. « LA POLITIQUE DES CORPS »... 247
La conception... 247
La contraception et l’avortement ... 251
L’abandon d’enfants... 260
CHAPITRE VII. LES MALADIES SEXUELLES... 261
T
ROISIÈMEPARTIEREGARDS CRITIQUES SUR LA VIE SEXUELLE
CHAPITRE VIII. LE DISCOURS MÉDICAL OU « DU BON USAGE DE LA SEXUALITÉ »... 267Le souci de soi... 267
Sexualité et nature... 271
CHAPITRE IX. LA RÉFLEXION DES PHILOSOPHES... 273
La philosophie épicurienne ... 273
SOMMAIRE 9
La philosophie stoïcienne... 275
La philosophie platonicienne : le témoignage d’Apulée.... 281
CHAPITRE X. LA CRITIQUE DES MORALISTES ... 283
Caton le Censeur ... 283
Corps féminin et corps politique... 285
Masculinité sociale et infamie... 287
Une représentation hostile du désir féminin ... 305
CHAPITRE XI. LE DISCOURS DES HISTORIENS : LA FIGURE DE L’EMPEREUR COMME MONSTRE SEXUEL ... 321
Une toute-puissance illimitée... 321
Une hypersexualité... 324
L’humiliation sexuelle de l’élite sociale ... 327
Une mise en scène théâtrale ... 330
CONCLUSION... 337
NOTES... 343
BIBLIOGRAPHIE... 369
INDEX... 375
INTRODUCTION
Traiter des « nécessités de la nature », comme l’écrit Cicéron, relève de l’obscénité. Or, l’obscène, qui est un mot d’origine latine mais dont l’étymologie reste encore obscure
1, désigne tout ce qu’il est honteux de dire ou de voir — poèmes, images, gestes, plaisanteries. La vie sexuelle relève à Rome de ce qui n’appartient qu’à soi, qui ne regarde en principe pas autrui, ce qu’il est interdit de montrer, de dire, car cela va à l’encontre des apparences que l’honneur (dignitas) exige de préserver en public. Rome hérite du partage grec entre le domaine public, les activités civiques, et le domaine privé, intime. L’opposition entre la sphère publique, ouverte à tous et soumise à l’autorité des magistrats, et la sphère privée est ainsi une des oppositions qui structure très fortement la société romaine. Et la vie sexuelle représente la part la plus intime de cet espace privé. C’est la raison pour laquelle il n’existe pas, à proprement parler, de discours romain sur l’amour et la sexua- lité — d’ailleurs, la notion de « sexualité » n’existe pas dans la pensée antique. Lorsqu’une forme de discours s’ébauche à propos des « choses de Vénus » (res Veneriae), c’est à travers l’imaginaire, l’invective, la caricature, la déformation, ou bien à travers un discours normatif — juridique, philosophique ou médical — qui peut parfois nous éloigner de la réalité vécue.
Même Ovide, dont on a pu dire que l’œuvre, de tous les
poèmes érotiques de l’Antiquité, offre la conceptualisation et
la représentation de la sexualité les plus poussées
2, respecte ce
partage des espaces. Il accepterait volontiers de fermer les
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