• Aucun résultat trouvé

Ravageurs du maïs : le « parfum » du maïs synthétisé

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Ravageurs du maïs : le « parfum » du maïs synthétisé"

Copied!
3
0
0

Texte intégral

(1)

N°460 - Novembre 2018 PERSPECTIVES AGRICOLES

63

LES INNOVATIONS

DANS LES TUYAUX

R AVAGEURS DU MAÏS

LE « PARFUM »

du maïs synthétisé

Les femelles fécondées de la pyrale s’orientent grâce aux composés

organiques volatils émis par le maïs, plante-hôte indispensable à la survie de leurs œufs. Ces composés ont été analysés, synthétisés et différents mélanges formulés. L’attractivité d’une formulation testée en tunnel de vol semble prometteuse et pourrait constituer un leurre olfactif.

Des composés plus attirants que d’autres

Une équipe de chercheurs de l’Inra et d’Arvalis a identifié les molécules chimiques impliquées dans la reconnaissance du maïs par les femelles.

Pour cela, les COV présents dans un volume de quelques litres autour d’un plant de maïs au stade

« 4 feuilles » ont été adsorbés durant deux heures, en début d’après-midi puis à la nuit tombée.

Les composés recueillis ont été identifi és à l’aide d’un chromatographe en phase gazeuse couplé à un spectromètre de masse.

Le bouquet odorant émis par le maïs est composé d’une vingtaine de COV. C’est un mélange à base de notes « vertes »(1), de monoterpènes et de ses- quiterpènes (encadré) dont les ratios changent entre

T

outes les plantes vasculaires, y com- pris le maïs, émettent des composés organiques volatils (COV). Chaque biotope, chaque parcelle cultivée, émet un mélange de COV spécifi ques constituant un paysage chimique qui lui est propre.

Les insectes herbivores, qui ont coévolué avec les plantes, utilisent les signatures chimiques consti- tuées d’un assemblage spécifique de COV pour reconnaître leur plante-hôte, à l’instar de la pyrale du maïs, Ostrinia nubilalis, principal ravageur du maïs de l’hémisphère nord. Les pyrales adultes vivent surtout dans les zones herbacées et humides proches des champs de maïs et s’y s’accouplent, mais, au crépuscule, seules les femelles fécon- dées se tournent vers le champ pour y pondre.

Les proportions des composés organiques volatils émis par le maïs changent entre le jour et la nuit.

© E. Leppik - INRA

(2)

Novembre 2018 - N°460 PERSPECTIVES AGRICOLES

64

LES INNOVATIONS DANS LES TUYAUX

COV1COV2 Les odeurs vertes 2

1,8 1,6 1,4 1,2 1 0,8 0,6 0,4 0,2 0

Monoterpène Homoterpène Sesquiterpène Femelle Mâle

COV3COV4COV5COV6COV7COV8COV9COV10COV11COV12COV13COV14COV15COV16COV17

ATTRACTIVITÉ DES ODEURS : les femelles sont plus sensibles que les mâles à certains composés

Figure 1 : Réponses des antennes des pyrales stimulées par les différents COV émis par le maïs.

LEURRE OLFACTIF : une formulation attire les femelles presque autant que le maïs

Figure 2 : Pourcentages de pyrales femelles fécondées attirées lorsque stimulées par le maïs ou par quatre attractifs de synthèse.

Maïs Attractif 1 Attraction

100 80 60 40 20

0 Attractif 2 Attractif 3 Attractif 4 Contrôle le jour et la nuit. Les sesquiterpènes (α-copaène,

β-caryophyllène, δ-cadinène) sont majoritairement émis pendant le jour tandis que les monoterpènes (α-pinène, p-cymène, limonène, linalool) et certaines odeurs vertes comme le cis-3-hexenyl acétate et le cis-3-hexenol sont majoritairement émis pendant la nuit.

La perception des odeurs par la pyrale s’effec- tue au niveau de ses antennes ; l’amplitude de la dépolarisation du nerf antennaire lors de la per- ception d’un composé organique volatile a été étu- diée pour des pyrales mâles et femelles âgées de 3-4 jours, en enregistrant les signaux électriques par électro-antennographie.

Ces expérimentations montrent que les femelles détectent mieux les COV du maïs que les mâles (figure 1). Les deux sexes détectent très bien cer- tains monoterpènes et sesquiterpènes, mais les

femelles sont deux fois plus sensibles que les mâles à deux composés particuliers.

Des cocktails attractifs testés en tunnel de vol

Les composés existent sous leur forme de synthèse.

La reconstitution, à partir de l’odeur naturelle, d’un mélange pertinent à base de composés de synthèse sélectionnés à partir des résultats de l’électro- antennographie a permis d’obtenir, dans les condi- tions du laboratoire, des comportements identiques à ceux obtenus avec la plante, à savoir une attraction.

Plusieurs molécules de synthèse candidates ont ensuite été mélangées en proportions différentes pour fournir quatre formulations « leurres » dis- tinctes. Leur attractivité vis-à-vis des femelles fécondées a été validée en tunnel de vol (figure 2). Les formulations ont aussi été confrontées à un témoin - une plante de maïs au stade « 4-6 feuilles ». L’un des attractifs a particulièrement attiré les femelles pyrales fécondées.

Des applications en biocontrôle ?

L’attractif le plus prometteur a été testé en plein champ pour évaluer son attractivité en conditions

La détection des composés du « parfum » du maïs par la pyrale a été étudiée grâce à un poste d’électrophysiologie qui mesure l’activité du nerf antennaire.

© E. Leppik - INRA

Les terpènes sont des hydrocarbures aromatiques produits par de nombreux végétaux. Les mono- terpènes (dix atomes de carbone) sont émis par exemple par le thym, les agrumes, la lavande ou encore la carotte. Les sesquiterpènes (quinze atomes de carbone) sont notamment présents chez la matricaire, l’origan, le sapin baumier ou encore l’ylang-ylang ; ce sont les principaux constituants des huiles essentielles.

Parfums végétaux

(3)

N°460 - Novembre 2018 PERSPECTIVES AGRICOLES

65

LES INNOVATIONS

DANS LES TUYAUX

LE BROYAGE FIN

contre la pyrale du maïs

Les dégâts causés par la pyrale progressent notamment dans l’Ouest depuis plusieurs campagnes, y compris en maïs fourrage,

jusqu’ici peu concerné. Le premier levier de lutte à mettre en œuvre est agronomique : c’est le broyage très fi n et l’incorporation des cannes.

ZOOM

D

ans certains secteurs de la région ouest, des parcelles ont présenté cette année des niveaux d’attaques élevés, avec parfois la totalité des plantes touchées. Quel que soit le niveau d’at- taque observé, il est fortement recommandé de réaliser un broyage des tiges de maïs rapidement après la récolte.

Cette opération détruit une partie des larves et expose les autres au froid hivernal, aux prédateurs et aux parasites.

Il faut broyer le plus fi nement possible les résidus : le bon contact entre le sol et ces derniers accélèrera leur dégradation par les micro-organismes du sol. En outre, le broyage est à réaliser le plus bas possible sur la canne afi n d’atteindre toutes les larves qui se réfugient parfois à sa base.

Le matériel réalisant le meilleur travail de broyage est le broyeur tracté à axe horizontal ; toutefois, il reprend mal les tiges qui ont été écrasées à la récolte. Le broyage sous les becs de la moissonneuse peut être un compromis in- téressant et peu coûteux. Cependant, le broyage obtenu par ce moyen n’est pas assez fi n, ni assez ras, ce qui peut s’avérer insuffi sant pour détruire les larves dans les si- tuations à forte pression. Les résidus seront ensuite en- fouis dans la couche superfi cielle du sol afi n de compléter l’effi cacité de la lutte par la dégradation des résidus.

Outre l’effi cacité dans la lutte contre les pyrales, ces opé- rations réduisent le risque de mycotoxines sur le maïs ou le blé suivant et limitent le développement des maladies foliaires sur maïs en favorisant la décomposition des rési- dus ; ces derniers conservent en effet les ascospores de Fusarium graminearum et F. verticillioides de même que les spores de l’helminthosporiose fusiforme et de la ka- batiellose.

Le broyage facilite en outre l’implantation de la culture suivante, avec des résidus moins gênants, et réduit les fuites d’azote en piégeant de l’ordre de 20 à 30 kg d’azote minéral par hectare. Le rapport C/N élevé des cannes de maïs favorise, en effet, la réorganisation de l’azote miné- ral présent dans le sol.

Michel Moquet, Élodie Quéméner, Éric Masson ARVALIS - Institut du végétal Les larves de pyrales peuvent s’installer

très bas dans les cannes de maïs.

© E. Leppik - INRA

réelles, non seulement sur la pyrale mais aussi sur d’autres ravageurs du maïs, notamment la sésa- mie. L’attractif de synthèse est un nouvel exemple de l’intérêt de l’étude des kairomones dans la protection des plantes, pour la surveillance du ravageur et la lutte directe contre par les femelles fécondées. La concentration des pontes sur des zones précises peut être un nouvel outil de biocon- trôle, tout comme la sélection de variétés où cer- tains gènes de biosynthèse de COV pertinent pour l’insecte seraient inactivés. L’utilisation des COV pourrait être, à l’avenir, un moyen de lutte contre les insectes ravageurs des cultures.

(1) En parfumerie, une « note verte » donne une impression de fraî- cheur et de verdure telle qu’apportée par l’essence de galbanum, par le petit-grain ou encore l’absolu de feuilles de violette.

Brigitte Frérot - brigitte.frerot@inra.fr Inra Versailles-UMR 1392 Jean-Basptiste Thibord - jb.thibord@arvalis.fr ARVALIS - Institut du végétal Paloma Cabeza-Orcel - p.cabeza@perspectives-agricoles.com

Une série de tests a abouti à la sélection d’un mélange pertinent de composés synthétiques qui induit les mêmes comportements

d’attraction que ceux suscités par le maïs.

© J-B. Thibord - ARVALIS-Institut du végétal

composés organiques volatiles font partie du bouquet odorant émis par le maïs.

17

Références

Documents relatifs

L’analyse des moyennes en termes de gain de poids observés chez les enfants après traitement, montre que la ration constituée du traitement des enfants au maïs QPM a donné des

L’Observatoire des mycotoxines (observatoire-mycotoxines.com) a été créé dans le but de mieux évaluer le risque mycotoxines des ensilages de maïs pour les vaches laitières

Les cultures présentes dans l’envi- ronnement de la parcelle infl uencent l’abondance des populations de ravageurs et, par conséquent, les risques pour les parcelles de maïs

Pour la première fois en France, la nuisibilité des principaux ravageurs du maïs grain et du maïs fourrage a été estimée à l’échelle nationale et par secteur géographique de

• Le suivi des courbes de vol des papillons s’appuie sur un réseau de piéges à phéromone sexuelle spécifi que : les papillons mâles de pyrale, sésamie ou héliothis sont

Comme pour les drêches de maïs, les teneurs en EMAn ou le ratio EMAn/EB des drêches de blé sont variables et dépendent de la teneur en parois végétales (tableau 7) et, dans une

Les différences éventuelles entre variétés, pour un lieu et une année don- nés, ne se retrouvent pas forcément cette même année dans un autre lieu, ni

Si on excepte les maïs bm, les variations de digestibilité observées entre variétés cultivées la même année dans un lieu donné sont faibles et du même ordre