Le discours rapporté
RAPPEL
Discours direct
Il restitue fidèlement les paroles/pensées des personnages (locuteurs)
Les paroles sont introduites souvent par des guillemets ou des tirets
Exemples :
Paul rentra et se précipita sur ses parents. Enthousiaste, il
s’exclama : « J’ai fait une rencontre extraordinaire ! Vous n’allez pas en croire vos oreilles ! ».
Le président était encore debout, au milieu du léger tumulte que son entrée venait de produire. Il s’assit, en disant à demi-voix, négligemment :
– La séance est ouverte.
Discours indirect
Il reprend les paroles/pensées des personnages (locuteurs) dans une proposition subordonnée introduite par un verbe de parole ou de pensée.
Certaines modifications sont nécessaires : pronoms personnels, concordance des temps, suppression de la ponctuation expressive.
Exemples :
Paul rentra et se précipita sur ses parents. Enthousiaste, il s’exclama qu’il avait fait une rencontre extraordinaire et que ses parents
n’allaient pas en croire leurs oreilles. ».
Je il vous ses parents vos leurs
Discours indirect libre
Il mélange le discours direct et le discours indirect
Les paroles/pensées des personnages (locuteurs) sont reproduites sans guillemets.
et des modifications sont réalisées comme dans le discours indirect: (pronoms personnels, concordance des temps)
Ponctuation expressive conservée.
Pas de subordination.
Exemples :
Paul rentra et se précipita sur ses parents. Enthousiaste. Quelle rencontre
extraordinaire il avait faite ! Ses parents n’allaient pas en croire leurs oreilles.
Je il vous ses parents vos leurs
Cependant, ils s’empressèrent, très flattés de le voir chez eux. Toutes les chaises étaient encombrées par des vêtements, des paquets de linge, des paniers dont les flancs crevaient. Il s’assit sur le bord du lit, en reprenant de son air bonhomme :
– Laissez donc ! Je suis très bien là… Continuez ce que vous faisiez, je ne veux pas vous déranger… C’est par le train de huit heures que vous partez ?
– Oui, par le train de huit heures, dit M. Charbonnel. Ça nous fait encore six heures à passer dans ce Paris… Ah ! nous nous en souviendrons longtemps, monsieur Rougon.
Et lui qui parlait peu d’ordinaire, lâcha des choses terribles, alla jusqu’à montrer le
poing à la fenêtre, en disant qu’il fallait venir dans une ville pareille, pour ne pas
voir clair chez soi, à deux heures de l’après-midi. Ce jour sale tombant du puits
étroit de la cour, c’était Paris. Mais, Dieu merci ! il allait retrouver le soleil, dans son
jardin de Plassans.
La Focalisation
ou
Point de vue
On appelle « focalisation » la position qu’occupe un narrateur pour conduire son récit.
La focalisation est l’optique sui vant laquelle les éléments
d’un récit sont portés à la connaissance du lecteur.
Exemple 2 (Focalisation externe)
«Deux hommes parurent.
L'un venait de la Bastille, l'autre du Jardin des Plantes. Le plus grand, vêtu de toile, marchait le chapeau en arrière, le gilet déboutonné et sa cravate à la main. Le plus petit, dont le corps disparaissait dans une redingote marron, baissait la tête sous une casquette à visière pointue.
Quand ils furent arrivés au milieu du boulevard, ils s'assirent à la même minute, sur le même banc. »
(Victor Hugo, Les Misérables)
Exemple (Focalisation interne 3 e personne)
«Il montait lentement les marches, le cœur battant, l'esprit anxieux, harcelé surtout par la crainte d'être ridicule; et, soudain, il aperçut en face de lui un monsieur en grande toilette qui le regardait. Ils se trouvaient si près l'un de l'autre que Duroy fit un mouvement en arrière, puis il demeura stupéfait: c'était lui-même, reflété par une haute glace en pied qui formait sur le palier du premier une longue perspective de galerie. Un élan de joie le fit tressaillir, tant il se jugea mieux qu'il n'aurait cru.»
(Guy de Maupassant, Bel-Ami)
Exemple (Focalisation interne 1 e personne)
«Ça a débuté comme ça. Moi, j’avais jamais rien dit. Rien. C’est Arthur Ganate qui m’a fait parler. Arthur, un étudiant, un carabin lui aussi, un camarade. On se rencontre donc place Clichy. C’était après le déjeuner. Il veut me parler. Je l’écoute. « Restons pas dehors ! qu’il me dit. Rentrons !
» Je rentre avec lui. Voilà. « Cette terrasse, qu’il commence, c’est pour les œufs à la coque ! Viens par ici ! » Alors, on remarque encore qu’il n’y avait personne dans les rues, à cause de la chaleur ; pas de voitures, rien.»
(Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit)
Citation (Focalisation omnisciente)
Alain Robbe-Grillet:
« Qui décrit le monde dans les romans de Balzac ? Quel est ce narrateur omniscient, omniprésent, qui se place partout en même temps, qui voit en même temps l’endroit et l’envers des choses, qui suit en même temps les mouvements du visage et ceux de la conscience, qui connait à la fois le présent, le passé et l’avenir de toute aventure ? Ça ne peut être qu’un Dieu. »
Exemple (Focalisation omnisciente)
« Vers le milieu du mois d’octobre 1829, monsieur Simon Babylas Latournelle, un notaire, montait du Havre à Ingouville, bras dessus bras dessous avec son fils, et accompagné de sa femme, près de laquelle il allait, comme un page, le premier clerc de l’Étude, un petit bossu nommé Jean Butscha. Quand ces quatre personnages, dont deux au moins faisaient ce chemin tous les soirs, arrivèrent au coude de la route qui tourne sur elle-même comme celles que les Italiens appellent des corniches, le notaire examina si personne ne pouvait l’écouter du haut d’une terrasse, en arrière ou avant d’eux, et il prit le médium de sa voix par excès de précaution. »
(Honoré de Balzac, Modeste Mignon, Incipit)