• Aucun résultat trouvé

Article pp.105-107 du Vol.34 n°180 (2008)

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Article pp.105-107 du Vol.34 n°180 (2008)"

Copied!
6
0
0

Texte intégral

(1)

Responsabilité sociale de

l’entreprise

sous la direction de

Alain-Charles Martinet

D O S S I E R

(2)
(3)

P

our certains, la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) constitue la dernière innovation de la panoplie managériale née de l’éclatement des bulles spéculatives et des scandales financiers qui ont marqué le passage du XXe au XXIe siècle. Compréhensible dans le journalisme d’affaires centré sur le quotidien et l’éphé- mère ou le monde du conseil qui se doit de proposer de nouveaux produits, cette atti- tude s’avère moins excusable et plus dom- mageable lorsqu’elle émane de la recherche en gestion, parfois cavalière à l’égard de l’historicité de ses objets.

Certes l’explosion des discours et des publi- cations sur la RSE depuis quelques années

semble donner raison à cette attitude.

Considérons que cette profusion révèle sur- tout les processus d’imitation et d’émula- tion qui marquent le monde de la recherche comme tant d’autres.

Pourtant, la question de la RSE est tout sauf récente. Ce vocable apparaît plutôt comme le marqueur d’une question centrale que véhicule nécessairement l’entreprise, comme le montre toute histoire longue de cette dernière. Question qui ne peut être définitivement résolue et qui ne peut que recevoir des traitements divers et provi- soires tant elle touche le cœur des régimes capitalistes : les relations entre l’entreprise et la société. Le marché solde les contrats et ALAIN-CHARLES MARTINET

Université Jean-Moulin III

Responsabilité sociale de

l’entreprise

DOI: 10.3166/RFG.180.105-107 © 2008 Lavoisier, Paris

I N T R O D U C T I O N

(4)

les paiements qu’il répute privés. Mais l’en- treprise est aussi une machine à produire des externalités comme le disait François Perroux. Externalités positives bien sûr mais aussi négatives : pollutions, licencie- ments, assèchement de sites, abrutissement des cerveaux…

En proposant ce dossier sur la RSE, la Revue française de gestionn’est ni la pre- mière, ni la dernière. Elle le fait en tentant une certaine originalité et une diversité quant à la facture des textes retenus : pho- tographie « grand angle » des attitudes des managers européens mais aussi mise en perspective historique de la littérature ; ana- lyse critique de la théorie dominante mais aussi propositions constructives ; mise en évidence de pratiques limitées mais interro- gation sur les conséquences des stratégies les plus avancées.

Tout d’abord, Emmanuelle Reynaud et une équipe internationale de 18 collaborateurs livrent les résultats d’une vaste enquête conduite auprès de 3 836 dirigeants répartis dans 16 pays de l’Union européenne ou aspirant à la rejoindre. Cette enquête cherche à cerner les différences éventuelles de valeurs qui animeraient les managers selon qu’ils se rattachent à la « vieille Europe » ou non. Le niveau de développe- ment économique et une longue expérience du projet communautaire sont corrélés à une attitude d’altruisme et à un intérêt pour la RSE plus marqués. Cette enquête brosse à grands traits la toile de fond devant laquelle se joue pour partie l’évolution de la RSE dans les entreprises européennes.

Mais cette question n’est pas séparable de l’histoire des régimes économiques et de l’évolution des idées. Comme toujours s’agissant des problématiques complexes,

une mise en perspective s’impose. En adoptant l’approche généalogique prati- quée en son temps par Foucault, Aurélien Acquier et Franck Aggeri propo- sent un cheminement documenté, depuis l’émergence du débat aux États-Unis au début du XIXesiècle puis sa prise en charge par les chercheurs au milieu du XXe siècle jusqu’à sa résurgence et ses transformations depuis 1995. Ils montrent bien les mouvements de balancier et les requalifications périodiques du champ de recherche, selon que l’on adopte le point de vue de l’entreprise ou celui de la société, ou plus difficilement que l’on tente d’articuler les deux. Ils suggèrent aussi le caractère statique de beaucoup d’analyses qui privilégient les parties pre- nantes.

C’est précisément aux insuffisances de la théorie des parties prenantes que Jean-Claude Dupuis attribue les angles morts dans l’analyse de la RSE. Selon l’au- teur, les évolutions organisationnelles – entreprise fondée sur la connaissance, dilu- tion des frontières des firmes… – sont peu prises en compte dans cette théorie. Par ailleurs, les échanges contractuels lui sem- blent focaliser de façon excessive l’atten- tion. Les pratiques de RSE passent en effet aussi par la construction de nouveaux lieux de régulation : filière, territoire… L’exemple des restructurations vient illustrer les inter- prétations qui offrent prise au débat.

Faouzi Bensebaa et Amina Béji-Bécheur s’en prennent aussi à la vision de l’entre- prise comme entité séparée de la société et à sa traduction méthodologique qu’adopte selon eux nombre de travaux sur la RSE.

Cette hypothèse est pour eux responsable du caractère mitigé des réponses apportées 106 Revue française de gestion – N° 180/2008

(5)

aux problématiques sociales et sociétales.

En lieu et place, ils proposent de considérer la RSE comme un parcours initiatique que l’organisation construit à travers ses inter- actions et ses expériences avec les parties prenantes. Cette hypothèse alternative les conduit à adopter le pragmatisme et la méthode des récits de vie pour mettre en lumière ces cheminements. Ils le font par le truchement de quatre études de cas qui montrent la richesse, la complexité et le caractère innovant de certaines pratiques.

Dans le dernier article de ce dossier, Alain Charles Martinet et Marielle A. Payaud proposent une taxonomie des stratégies de RSE établie à partir de docu-

ments d’entreprises et d’observatoires. Ils retiennent quatre catégories qui montrent la multiplicité des expériences et des parte- naires impliqués. La catégorie la plus ambi- tieuse quant à la nature des projets concer- nés est particulièrement intéressante puisqu’elle jouxte « l’entreprise sociale » dont la théorisation émerge depuis quelques années. Ce qui ne revient pas à dire, bien sûr, que la RSE mène à cette dernière, mais ce qui confirme que l’analyse fine et concrète des trajectoires et des partenariats s’avère indispensable pour évaluer l’évolu- tion des pratiques qui occultent trop sou- vent les affrontements dogmatiques et, par- fois, les débats théoriques.

Responsabilité sociale de l’entreprise 107

(6)

Références

Documents relatifs

La qualité et la densité des échanges qui s’ins- taurent entre le constructeur automobile et ses fournisseurs de proximité dépassent le cadre classique des échanges d’informa-

Dans tout système social, la réalité sociale des règles est une réalité vivante : « a réa- lité sociale que nous constatons, ce n’est pas la présence de règles,

Le présent dossier thématique se propose d’illustrer cet état de la recherche académique consacrée aux canaux de distribution dans un contexte de tension entre consolidation

Cette interpréta- tion expliquerait l’évolution de la respon- sable qualité du service technique viti-vinicole lors de la mise en place de la norme ISO 9000 vers un équilibre dans

Il a présidé l’Association internationale de manage- ment stratégique (AIMS). Il a publié de nombreux ouvrages dans les domaines de la stratégie et de l’épistémologie des

Pierre Tabatoni (1923-2006) fait indiscuta- blement partie de ces acteurs et à ce titre, a toute sa place dans la série « Les construc- teurs du management », initiée par la

L’analyse descrip- tive de l’attrait des étudiants pour la créa- tion d’entreprise et de leur confiance en leur capacité à mener à bien un processus de création

Niveau 1 de l’autonomie dans le travail = poser de « bonnes » questions Pour rester dans le registre subjectif mais en montant dans le niveau 1, des individus peuvent poser beaucoup