EPFLAlgèbre linéaire 1ère année 2007-2008
Corrigé de la série 6
Exercice 1. La dimension deP4(F)est5. Comme la liste indiquée consiste de5 polynômes, il sut de voir ou bien que la liste est libre ou bien qu'elle est génératrice. Montrons le premier.
Soient α0, α1, . . . , α4 ∈R tels que
α0·1 +α1·t+α2·(2t2−1) +α3·(4t3−3t) +α4·(8t4−8t2+ 1) =~0.
Donc :
(α0−α2+α4)1 + (α1−3α3)t+ (2α2−8α4)t2+ 4α3t3+ 8α4t4 = 0
pour toutt ∈R. C'est possible seulement si tout les coecients de ce polynôme sont nuls. Cela implique facilement que tous les αi s'annulent.
Exercice 2. Procédons par récurrence sur le degré n de p(t). Rappelons tout d'abord que la dimension dePn(F) estn+ 1.
Si p(t) est de degré 0, alors p(t) =α0 pour un certain α0 6= 0. La liste (p(t)) est donc libre et alors une base de P0(F).
Supposons maintenant que l'énoncé soit vrai pour tous les polynômes de degré inférieur à un certain N >0.
Soitp(t)de degré N+ 1, donc de la formep(t) =PN+1
i=0 αiti. Soitp(k)(t)lak-ième dérivée de p(t) pour1≤ k ≤N + 1. Nous devons montrer que la liste (p(t), p0(t), . . . , p(N+1)(t))est libre.
Supposons que β0, . . . , βN+1 ∈Fsoient tels que β0p(t) +PN+1
i=1 βip(i)(t) = 0 pour tout t∈F. Il s'ensuit que toutes les dérivées de ce polynôme sont nulles. En particulier :
0 = β0p(t) +
n+1
X
i=1
βip(i)(t)(N+1)
=β0p(N+1)(t) =β0αN+1(N + 1)·N ·. . .·2 ∀t ∈F.
CommeαN+1 6= 0, on a donc forcément queβ0 = 0 et alorsPN+1
i=1 βip(i)(t) = 0. Or, l'hypothèse de récurrence nous dit quep0(t)et ses dérivéesp00(t), . . . , p(n)(t)forment une base dePn(F). Par conséquent, on trouve β1 =· · ·=βN+1 = 0, ce qui achève la preuve.
Exercice 3.
1. Pour 1≤ i≤ m et 1 ≤j ≤n soit Ei,j ∈Mat(m, n;F) la matrice dont toutes les entrées sont nulles sauf que celle à la place (i, j) vaut1. Formellement, Ei,j est dénie par
(Ei,j)k,l =
(1 si i=k etj =l, 0 sinon.
Prouvons que (Ei,j|1≤i≤m,1≤j ≤n) est une base de Mat(m, n;F) : La liste est génératrice : Pour A= (αi,j)∈Mat(m, n;F), on aA=Pm i=1
Pn
j=1αi,jEi,j; il sut de voir que toutes les entrées coïncident.
1
La liste est libre : Soientφi,j ∈F,1≤i≤m,1≤j ≤n, tels quePm i=1
Pn
j=1φi,jEi,j = 0. Mais alors :
Pm i=1
Pn
j=1φi,jEi,j
k,l
=φk,l = 0 ∀k, l. Par conséquent, on trouve dim(Mat(m, n;F)) =mn.
2. Le sous-espace A(n) est engendré par les Ak,l, 1 ≤k, l ≤n etk < l (voir série 4). Ces matrices sont linéairement indépendants : Soient αk,l ∈ F pour 1 ≤ k, l ≤ n et k < l tels que P
k,lαk,lAk,l =~0. Alors :
0 = X
k,l
αk,lAk,l
!
i,j
=
(αi,j, si i < j,
−αi,j, sinon.
Les αk,l doivent donc tous s'annuler.
Comme il y a n22−n matrices Ak,l, on trouvedim(A(n)) = n(n−1)2 .
Nous savons de la série 4 que A(n) ⊕ S(n) = Mat(n, n;F) et donc dim(A(n)) + dim(S(n)) = dim(Mat(n, n;F)) = n2, d'après 1. Par conséquent, on a dim(S(n)) = n2− n(n−1)2 = n(n+1)2 . Une base est donnée par la collection des matricesSk,l, comme il y en a n+ n(n−1)2 = n(n+1)2 .
Exercice 4.
1. On montre facilement que E est un sous-espace. Pour n = 1, on a E = {0} et donc dim(E) = 0. Supposons dans ce qui suit que n > 1. Pour i 6= j, les matrices Ei,j de l'exercice précédent sont clairement contenues dans E (mais les Ei,i ne le sont pas !).
Ajoutons à cet ensemble les éléments F1,1 := E1,1 − En,n, F2,2 := E2,2 − En,n, . . . , Fn−1,n−1 :=En−1,n−1−En,n ∈E. Le lecteur montrera sans problème que la liste
L= (F1,1, . . . , Fn−1,n−1, Ei,j|i6=j)
consistant de n2 −1 éléments est libre. Si on admet l'énoncé de l'exercice 6 de cette série, il est clair que L forme une base ; sinon, la dimension de E serait n2 et on aurait E = Mat(n, n;F), ce qui est faux. Sans admettre l'exercice 6, il reste à montrer queLest génératrice. C'est vite fait : Soit A= (αi,j)∈E. Considérons la matrice
A0 =
n−1
X
k=1
αk,kFk,k+
n
X
i=1 i−1
X
j=1
αi,jEi,j+
n
X
j=i+1
αi,jEi,j
! .
C'est évident que (A0)i,j = αi,j = (A)i,j pour tout i, j sauf si i = j = n. Mais dans ce cas-là, on trouve (A0)n,n = (Pn−1
k=1αk,kFk,k)n,n = −Pn−1
k=1αk,k = αn,n, comme tr(A) = 0. Par conséquent, on a A0 =A et doncA∈span(L). On conclut que dim(E) = n2−1. 2. Posons F = span(E1,1). Alors E ∩F = {0}, donc E et F sont en somme directe. Par
conséquent, dim(E +F) = dim(E) + dim(F) = n2 = dim(Mat(n, n;F). L'exercice 6 implique alors queE⊕F = Mat(n, n;F).
Exercice 5. Puisque U +W ⊂F9, on a
9 = dimF9 ≥dim(U +W) = dimU + dimW −dim(U ∩W) = 5 + 5−dim(U ∩W) alors
9≥10−dim(U ∩W)⇒dim(U ∩W)≥1.
Or, dim{0}= 0, doncU ∩W 6={0}.
Exercice 6. Soit(u1, . . . , un)une base deU. Supposons quev ∈V,v 6∈U. Alors(u1, . . . , un, v) est linéairement indépendante, doncdimV ≥n+1> n= dimU, contradiction. Donc il n'existe pas de tel vecteur v, c-à-d que V ⊂U. Mais U ⊂V par dénition, alors U =V.
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