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Intro:

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Intro: Dernière semaine avant le Grand Dernière semaine avant le Grand Dernière semaine avant le Grand Dernière semaine avant le Grand Plongeon

Plongeon Plongeon Plongeon

Nous sommes samedi, il est approximativement 7h08 du matin. Faisant fi de ma fidélité à une émission de radio tardive, et donc de mon sommeil plus qu'abrégé, mon père me réveille aussi doucement qu'à son habitude, avec ce hurlement léger dont je ne sais s'il m'est destiné ou à mes voisins. Un appartement ne se trouvant pas comme l'on trouve des pâtes dans la bonde de son évier, il nous incombait de nous rendre le plus tôt à Nantes, où je devais entamer un stage de 6 mois quelques 216 heures plus tard.

Sous ces délicates recommandations, je me préparais rapidement, plus rapidement que d'habitude en tout cas.

Bref, nous partîmes, accompagnés de ma maman, qui avait encore malheureusement oublié son pied droit pour se lever. Tant pis.

Nous arrivons sur Nantes. Mon père, qui avait

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pensé à m'obliger à préparer un plan d'accès, trouva sans aucune difficulté un sens interdit pour accéder à une place de parking, à laquelle il dut finalement renoncer pour retrouver un chemin plus digne du code la route. Mais qu'importe, il en retrouvait une une fois parvenu plus près de notre point de rendez-vous. Ce qui était mieux.

L'agence de location était située dans la plus grande avenue de la ville, quel bonheur d'y arriver enfin! Car je touchais quasiment au but, quelques heures auparavant, la gentille hôtesse m'assurait par téléphone que de nombreux biens correspondaient à mes critères. Sans doute avait- elle confondu car à notre arrivée, la liste qu'elle me tendit ne comportait finalement qu'un seul studio dans la zone de mes recherches. Le reste de cette liste était un étal sans fin de numéros occupés ou délaissées par leur propriétaire, ce qui avait néanmoins comme effet positif d'écourter le périmètre de nos visites, les limitant à une. La chance tournait en ma faveur, cette visite correspondait justement à un joli appartement à 2 pas de l'agence où je devais bientôt travailler!

Joli appartement, je ne le saurai pas aujourd'hui, la propriétaire n'étant pas disponible ce samedi.

Mais l'immeuble est superbe, et neuf, ce qui suffit à me satisfaire. Nous rappelons et signalons que je signerai le bail au prochain rendez-vous qu'elle voudra bien nous fixer, ce qui déboucha sur la date du mercredi suivant.

Nous avions ainsi parfaitement rentabilisé les 130€

déboursés au profit de l'agence, du moins c'est ce que semblait indiquer le charmant sourire de ma belle hôtesse. Saloperie.

Le reste de la journée fut comblé à courir les magasins, à peine suivis de mon cher papa, au dos serpenté, usé et fatigué. Quand je pense que ma mère me tance sur son pouvoir d'achat en berne, elle que je voyais visiter rayon après rayon, boutique après boutique. Dans un élan de pitié pour mes guenilles, elle m'offrit tout de même un joli pantalon. Ma journée était gagnée. Ahah.

Le temps encore de rendre visite à quelques membres de ma famille maternelle, qui ont décidé de vivre coupés de toute civilisation, ou en tout cas de ses soustraire à l'ambiance bienfaisante de l'urbanité, et nous rentrions à la maison. Tard.

Un dimanche plus tard, passé en majorité dans le train, je me retournais à Bordeaux, où l'état des

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lieux m'attendait le lundi. Lundi que je passais donc à réunir mes dernières affaires laissées sur place et faire le dernier bordelais ménage de ma vie. Occasion pendant laquelle je pus m'étonner de la ressemblance phonétique entre bordelais et bordélique. Ca ne pouvait être qu'une coïncidence...

Mais si.

La richesse de ce dernier paragraphe témoigne de l'intensité de mon activité. Le lundi, je ne fais jamais grand chose. Dommage, je commence un lundi...

Ce soir, je vais donc quitter définitivement ce doux havre du 27, et demain, je partirai comme le canari, direction Nantes. Je mettrai les tous derniers jours de mon innocence à profit pour glander encore un peu...

Intro (suite): Le mulet de l'Erdre Intro (suite): Le mulet de l'Erdre Intro (suite): Le mulet de l'Erdre Intro (suite): Le mulet de l'Erdre

(le récit reprend mais un peu plus tôt que là (le récit reprend mais un peu plus tôt que là (le récit reprend mais un peu plus tôt que là (le récit reprend mais un peu plus tôt que là où je l'ai laissé…)

où je l'ai laissé…) où je l'ai laissé…) où je l'ai laissé…)

Ca y est, je dois m'installer dès demain dans ce nouvel appartement que je n'ai d'ailleurs toujours pas visité. Mais évidemment, j'ai oublié encore la moitié de mes importantes affaires à Bordeaux, ce qui me doit un aller retour de plus, que j'ai choisi de faire en train, dans le but avoué d'éviter une nouvelle crise d'urticaire chez ma conseillère bancaire. Dans mon esprit innocent, il ne me restait "que" mes oreillers, quelques manteaux, des draps et un lampadaire. J'avais pour cela prévu un sac, petit. En même temps, je devais aussi effectuer l'état des lieux, alors comme ça, je rentabilisais mon passage (financièrement c'était très intéressant!).

Six heures plus tard, plus les inévitables correspondances et retards, soit donc 8h après être parti de Ploemeur, oh quelle surprise en arrivant dans mon désormais (enfin dans quelques heures) ancien appartement du 27! Il me restait

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non seulement les affaires énoncées auparavant, mais également ma couette, une table à repasser, un aspirateur, des poufs… Mon sac devenait soudain beaucoup plus petit… trop petit.

Qu'à cela ne tienne! Organisé comme je suis, rien ne pouvait m'empêcher de ramener mon nécessaire entre Erdre et Loire.

Sur cet espoir fou, je me couchais, non sans avoir passé une agréable soirée en la compagnie de mon futur ex colocataire.

La nuit passée, je me levais pour une mission de phoning que j'avais décrochée. Ah si j'avais eu les fichiers… je me serais levé utilement, mais non, je n'ai rien fait de la matinée.

Au contraire de l'après midi, qui était dévolu au ménage. Question de caution, mes ambitions habituelles en la question étant normalement plus limitées. Et je préparais ce faisant mes affaires que je devais rapporter dès ce soir, quand le 27 cours de l'Intendance ne serait plus mien…

L'état des lieux se passait plus que bien. La cuisine, théâtre quelques mois plus tôt d'un incendie stupide (ma faute) passait pour neuve, le salon et les 90 autres mètres carrés étaient

propres comme au premier jour, bref, je pouvais reconquérir mes 533€ chéris. Ahah.

Snif. Je dois remettre les clés. Et toutes mes affaires ne pourront pas m'accompagner. La mort dans l'âme, je laisse derrière moi une planche à repasser et un aspirateur, prouvant ainsi mes ambitions futures concernant le ménage…

Et c'est chargé comme un mulet que je partais chez Marc et Pierrick. Mulet amphibie, plutôt, vu l'état avancé de transpiration dans lequel je me trouvais. Je faisais halte enfin rue Baste, pour attendre mon train qui me ramènerait seulement le lendemain à 14h.

Le lendemain donc, rebelote, je me lève honteusement tôt pour un 1er Juillet à cause de ce foutu phoning. 367 appels et 4h plus tard, je me réjouis de ces 27€ récoltés.

Et à peine le temps de ne pas manger, je dois à nouveau charger sur mes faibles épaules un demi appartement. J'en transpire déjà. Eh oui, il fait 37°

ce midi. Chouette.

3 litres de sueur en moins et moins d'une heure plus tard, je cours vers le train, pour enfin me poser entre deux wagons, car la SNCF a décidé que le surbooking, c'était bien. Chouette je disais.

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Mercredi 2 Juillet. Rendez-vous à Nantes pour signer mon bail. Première surprise, la propriétaire est jeune (plus jeune que maman). Deuxième surprise, l'appart est très bien. Mais très très bien!

Petit oui… Ce qui est toutefois étonnant, c'est la taille de la salle de bain. L'appart fait en tout 18 m². La salle de bain en mesure bien 8. C'est grand pour juste une cabine de douche. Mais j'arrive à me voir quand je fais caca.

Bref, en un instant, le bail est signé, les clés sont données, hop, je suis nantais. Dix minutes plus tard, je perds un de mes 2 trousseaux… Je passe le reste de la journée à évacuer ma charge de mule hors de ma voiture (je suis passé la récupérer mardi soir), puis je me retourne chez papa et maman. A samedi, 11 rue du Fresche Blanc!

Samedi. Mon père, ma mère, mon frère (et mes sœurs, hoho… j'ai pas de sœur) m'accompagnent dans mon nouveau domicile. Comme ça j'aurai des gens pour m'aider à aménager ça bien, pensais-je naïvement. Naïvement… "on va faire les soldes, on te retrouve ce soir?" J'ai donc tout aménagé (avec le petit frère qui est gentiment resté, lui), fait mes premières courses, retrouvé mes parents comme convenu, et passé ma première soirée

dans mon nouveau chez moi. Seul. Pas de télé, pas d'internet. Seul.

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Tome 1

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Chapitre 1: 99 Frs, mon salaire…

Chapitre 1: 99 Frs, mon salaire…

Chapitre 1: 99 Frs, mon salaire…

Chapitre 1: 99 Frs, mon salaire…

Lundi 7 juillet 2008. Je me lève d'un pas guilleret, vais pisser, me recouche.

2h après, je me lève, plus pataud, il est vraiment l'heure cette fois-ci. C'est quand même avec entrain, guidé par les conneries diffusées à la radio (merci Skyrock), que je me prépare mon tout premier petit déjeuner d'homme actif, presque salarié. Décidé à ne passer pour un enfant, je me prépare du café. Evidemment, je n'aime pas ça, mais l'adulte qui sommeille en moi me contraint à boire. Cette épreuve passée, je dois choisir quelle tenue sierra le plus pour ce premier jour chez 6ème Sens, agence de conseil en communication. Chic mais décontracté, j'opte pour, euh… on s'en fout. Mais j'ai mis une cravate.

J'ai pour un quart d'heure de marche pour arriver à l'agence. J'arrive donc à l'heure (premier jour oblige) et… attend. Il semblerait que l'heure officieuse de début ne soit pas celle que l'on m'a indiquée. C'est donc une bonne demi-heure plus

tard que mon maître de stage me montre mon bureau et de suite me confie mon premier dossier!

Je suis trop heureux! Mon propre bureau, un dossier, ça s'annonce bien! Ah oui, et j'ai deux écrans d'ordinateur, comme ça je peux caler deux trois fenêtres sur l'un et bosser sur l'autre (pratique pour les fenêtres dites "non- professionnelles"). Bref, la classe intégrale.

Et c'est enthousiaste que je travaille sur ce dossier, un fabricant de vérandas dont la communication a dû jusque là être réalisée par un singe savant, suffisamment savant du moins pour tenir des crayons de couleur. Il faut tout revoir. Et je bosse, je bosse, je suis pongé dans mon truc.

Du coup, j'ai terminé une heure après l'heure

"normale".

Je repasse une soirée seul, mais mon forfait de téléphone souffre: il faut que je raconte à tout le monde!

Le lendemain, je retourne à mon travail plus que motivé! Tu penses, avec ce que j'ai vu hier…

Mais… Pascal (mon maître de stage) n'est pas là ce matin… je fais le tour des bureaux pour que l'on me confie quelque mission, comme me l'avait conseillé justement Pascal pendant mon

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entretien, et je n'ai rien trouvé, ou peu… La matinée est donc assez longue…

L'après midi aussi, jusqu'à ce que Pascal, de retour de chez les vérandas, me convie à mon premier brief créa!!!! J'arrive avec mon gros dossier, empli de connaissances et je découvre l'univers des

"créatifs": ça a l'air particulier… en tout cas ils sont imaginatifs!

C'est sur cette belle rencontre que s'achevait cette journée.

Le reste de la semaine sera du plus grand ennui. Je me retrouve avec des missions on ne peut plus subalternes, qui consistent en gros à feuilleter les pages jaunes et blanches. Ou bien appeler des prestataires de services pour une opération déjà effectuée par mon prédécesseur.

Interlude:

Me faire chier, que ce soit chez moi ou au bureau m'a amené à m'inscrire sur un site de rencontres

"adopteunmec.com". C'est marrant je dois dire, même si mon profil n'est pour le moment que très relativement populaire.

Mon deuxième week-end est arrivé à point nommé. 3 jours pour revoir des potes sur Lorient,

sortie en boîte… 20€?!?! Hein? Ah oui… il y a quand même une conso dans le prix… Super!

Je ne connaissais qu'une personne dans le groupe avec lequel je suis sorti. C'est ma meilleure amie et accessoirement une grande convoitise. La soirée se passe super bien, faisant abstraction du prix, et L. (anonymat garanti) s'amuse beaucoup aussi.

Dommage que ce soit avec un tout autre garçon que moi… Enfin dommage, je ne suis qu'un peu jaloux: je sais depuis longtemps que jamais ça se fera, et me suis fait à cette idée. D'ailleurs, je continue à "danser" jusqu'à ce que la boîte ferme.

Bonne soirée quand même, finie alors que le soleil se lève sur la plage que je traverse.

Le week-end se termine comme il a commencé: 2h de train.

Nouvelle semaine, enfin du travail?

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Chapitre 2: The girl next door Chapitre 2: The girl next door Chapitre 2: The girl next door Chapitre 2: The girl next door

Ca faisait 4 jours que je ne m'étais pas levé si tôt, c'est dur ce matin. Mais une bonne dose de café, duquel je suis devenu dépendant, et le réveil s'effectue sans encombre.

Je file à l'agence, partagé entre l'enthousiasme du débutant que je suis et l'appréhension d'une nouvelle journée creuse.

La tenue d'une réunion de planning dessine un sourire sur mon beau visage, puis un rictus désabusé, Pascal me disant que ce ne serait pas intéressant pour moi d'y aller… Je suis donc le seul hors créa à ne pas être à cette réunion… les 2 premières heures de la semaine sont longues.

Bien sûr ce récit semble décrire des journées pleines d'ennui. C'est faux, quand je trouve une mission, celle-ci se révèle toujours intéressante, et puis je prends mon mal en patience, on est en juillet et les vacances se font ressentir. En Août, ce sera mieux me dit on déjà.

Mercredi, ma matinée se traîne encore, supportée par la hâte de mon premier repas "stagiaires only", puis, l'éclair. Pascal m'annonce la tenue d'un point créa à 14h, durant lequel les créatifs

feront part des pistes imaginées suite au brief précédent. Moi, je devrai "chercher l'idée derrière l'idée". J'accueille cette nouvelle avec émotion et joie. Une douce béatitude me saisit… J'aime ce travail.

Le repas se passe bien, très bien même, je rencontre ma prédécesseur, qui semble être elle aussi 4 ans plus âgée que moi, très sympa néanmoins.

A 14h, l'heure promise, le trac.

La réunion est pour moi un moment de bonheur intérieur, je prends la parole, des notes, je suis émerveillé par leurs propositions mais mon métier m'oblige à émettre des réserves: j'ai le "pouvoir", enfin presque, c'est Pascal notre empereur à tous, qui lui est soumis à ce monsieur qui me paraissait bizarre, Jacques, le grand grand chef. Bref, la réunion se termine avec la sélection de quelques 10 pistes de création. Ma soirée sera occupée à déterminer le potentiel commercial de chacune.

Pour cela, mon génie de la débrouille se réveille: je fabrique un paperboard avec des feuilles A3 scotchées sur le placard du fond… et je gribouille… je jubile. Mais personne ne remarque mon inventivité, quels égoïstes!

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Le lendemain, jeudi, je n'ai pas une minute d'activité professionnelle, j'en viens donc à imaginer comment rencontrer ma voisine. C'est décidé: ce soir, je ferai des gâteaux, et bien évidemment j'oublierai la levure… La journée passe, lentement, j'en compte même le nombre de passages aux toilettes que j'ai réalisé durant ces 8h de bureau. Nouveau record: 9.

Je quitte l'agence, je fais les courses, je me mets à la cuisine. Et mince j'ai pas de levure… Je sonne.

Elle m'ouvre.

The révélation. Ma voisine vient de faire déferler en moi une "nouvelle vague" de désir. Parle-lui!!!!

"euh… je suis le voisin de… euh… à côté, euh….". C'est avec frayeur que je m'aperçois que comme affolée par mon envie de construire une vie sociale, ma copine timidité m'a rejoint. Je repars sans prénom, sans dignité et sans levure.

La tête dans le vague, je prépare quand même mes pâtisseries: muffins d'abricots au miel et noisettes et muffins de banane enrobés coco.

Je me couche rêveur, songeant à mon prochain subterfuge pour tenter de la mettre en face de l'évidence: je suis le mec idéal.

Vendredi consiste en la recherche du stratagème parfait. Vendredi soir, je n'ose même pas lui apporter les gâteaux…. Timidité m'a ordonné de rester jouer au Solitaire sur le PC…

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Chapitre 3: Mon temps de cerveau est Chapitre 3: Mon temps de cerveau est Chapitre 3: Mon temps de cerveau est Chapitre 3: Mon temps de cerveau est disponible

disponible disponible disponible

Le week-end commençait alors même que je ne m'étais pas encore couché: c'est la radio qui me l'annonçait. Et ce week-end s'annonçait radieux!!

Les gâteaux foisonnaient dans mon frigo, ma voisine, destinataire toute désignée de ces attentions gourmandes, était splendide… j'étais en plein rêve. Oui, je m'étais endormi avec la radio encore allumée. Il a donc fallu que je me lève avec du pâté Hénaff plein les yeux à 2h et demi du matin pour éteindre cette connerie.

Quelques minutes plus tard, pensais-je dans mon esprit fatigué par mon accoutumance difficile à ma vie de jeune actif, il était 11h. 2 secondes plus tard, le temps en fait de se retourner et soupirer dans son oreiller, il était midi. Voilà une matinée bien gagnée!!

C'est alors, dopé par mes hormones en gestation depuis quelques mois, que mon instinct de mâle chasseur de proies se réveillait. Mon appât savoureux encore caché dans mon frigo ne demandait plus qu'à servir, je devais passer à l'action.

Dans ces moments importants de la vie sociale, tout célibataire normalement constitué se motive, respire fort et avance. Aujourd'hui, je n'étais pas célibataire: Timidité se réveillait à son tour, me rejoignant si amoureusement.

Je ne l'ai pas encore dit, je me suis mis au jogging hebdomadaire. J'habite tout près d'un charmant parc, bordé d'un fleuve tranquille. Et comme de toute façon j'ai rien d'autre à foutre de mes samedis et dimanches, ben je vais courir. Ce samedi n'échappait pas à cette récente règle: je me faisais chier. Alors, hop, on se prépare: beau survèt, T-shirt assorti, baskets dernière tendance, lunettes de soleil… On ne sait jamais sur qui on peut tomber!!! Et je vais courir. Et je me fais des tubes néons sous les pieds, me claque un adducteur, sue comme un cochon. Je suis un sportif né. Cela dit, aujourd'hui, je suis motivé:

"fais-le pour ta voisine, fais-le pour ta voisine…"

bien sûr, oui, c'est tellement attirant un homme bedonnant, tout transpirant, essoufflé comme une hyène asthmatique!

Bon après une bonne douche et un reconditionnement physique à la vie sociale (coiffage, crème de soin, déo –surtout!, et eau de

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toilette), je m'arme donc de mon appât et m'avance vers la gueule du loup…

"Driiiiiiiiing….

- Bonjour, euh, je vous avais dit euh…

avant-hier que je faisais des gâteaux, donc euh…

- Oh c'est gentil. Merci

- Oui, euh, ils sont à la banane et euh… en fait c'est banane coco, sauf celui-là - Ben rentres, on va prendre ça avec une

tasse de thé!

- (Hein?! Alors c'est bon? J'ai réussi?) Euh…

d'accord, avec (grand!!!!!!!!!) plaisir."

On discute, je découvre une fille que de nombreuses expériences ont façonnée, elle est intelligente, posée… et elle a 23 ans (aïe…). Dans la conversation, j'en viens à raconter ce qui me manque à Nantes, les sorties tout ça, et elle de me raconter les siennes. J'ai particulièrement retenu le passage sur elle et ses copines qui ridiculisaient les pauvres garçons qui tentaient de les draguer…

Ahah.

En repartant de chez elle, malgré tout largement séduit, et alors que j'allais franchir le seuil de sa

porte, elle me fait prendre en main l'objet de mon désir… Bonheur… Mon samedi soir s'illuminait soudainement.

C'est donc tout fier que je retournais dans mon appartement voisin: enfin j'avais un câble pour la télé!!!!

J'assouvissais alors ma foi cathodique en passant le reste de mon week-end, heureux à glander, zapper d'une chaîne à l'autre, alternant D&CO et Stade 2, Formule 1 et téléfilm du dimanche, sans oublier la grand messe de 19h, Secret Story.

J'aime.

Après cette grande communion avec la ménagère de moins de 50 ans le lundi arriva. Je pressentais déjà l'ennui qui me gagnerait comme la semaine passée. Mais la pub est mon rêve, je m'accroche et reste motivé et enthousiaste: je rentre dans l'agence avec un large sourire.

Une fois arrivé dans mon beau bureau et le temps de consulter les dernières informations importantes de l'actualité grâce à la magie d'Internet et de l'équipe.fr, Pascal m'appelle: je frissonne, mon patron aurait-il découvert que je n'en foutais pas une? Mais non: nouveau client, nouvelles missions et Quentin benchmarkera

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l'univers fastueux des énergies renouvelables.

Yes!!!

C'est donc avec entrain que je m'attelais à ma nouvelle tâche: repérer les nombreux acteurs du développement durable en Europe, capturer les homepages de chaque site, et repérer les signes caractéristiques de leur identité de

communication (visuelle et propos).

Puis synthétiser le tout sur un tout beau powerpoint. Oui, ce n'est guère attrayant, et une secrétaire assistante de direction le ferait tout aussi bien, mais si, ça m'intéresse, moi, rêvant de pub depuis mes premières couches de marque.

Ce que je n'imaginais pas, c'est le temps que ça me prendrait. J'y passe donc le lundi, puis le mardi, là je me dis que c'est quand même un peu chiant en fait, puis le mercredi…

Ce genre de journée m'épuise: c'est donc avec joie que le soir venu, je retrouve ma télé. Tiens, oui, au fait, le monsieur de la livebox est venu lundi, et depuis, j'ai une image d'une qualité fantastique:

quand les personnages des différentes séries se regardent dans un miroir, c'est mon reflet qu'ils admirent!!! Et puis j'ai enfin Internet, ce qui me permet enfin de suivre l'évolution de mon profil

sur ce site de rencontres: et le verdict est dur.

Force est de constater que je ne suis que peu populaire… une dizaine de visites, aucun "panier", aucun "chat"… je désespère. Presque. Grâce notamment au pouvoir remoralisant des émissions de TF1, chaque soir, je me couche heureux. Je jubile de partager avec des millions de spectateurs la vie sexuelle de Lindsay, de l'île de la Tentation, la détresse interprétée à merveille par tous ces candidats qui découvrent au feu de camp les batifolages de leurs partenaires, ou encore le blues de Hayder de Secret Story.

Les jours se suivaient donc, et se ressemblaient. Si la semaine passée je m'ennuyais faute d'activité, en ce moment, je m'ennuyais d'avoir une mission si peu épanouissante: je suis quelqu'un de fougueux, il me faut de l'action, de la stimulation, de… et là, je fais de la copie d'écran.

Mais jeudi, mon organisme réagissait enfin à cet ennui, me proposant une distraction comme je n'en avais connu depuis longtemps. Le matin, un mal de tête monstrueux me submergeait, accompagné d'un état plus ou moins nauséeux. A peine fini mon petit déjeuner que je devais me coucher, terrassé par la maladie naissante. Je

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prévenais toutefois l'agence, je ne suis pas un salaud. A 14h, je décidais de retourner travailler. A 14h40, je me rendais. Je suis allé demander à quelques collègues si elles ne connaissaient pas un médecin: le mal de tête empirait de minute en minute, je tenais de moins en moins debout, et ma respiration devenait suffocation.

Je vais chez le médecin, conduit par la standardiste. Elle m'y dépose et repart, comme je l'ai laissé faire. Malheureusement, le médecin en question n'est pas là, heureusement une clinique est à deux pas. Je n'y cours pas, j'y rampe, mes jambes chancellent dangereusement et je respire de moins en moins. Arrivé enfin auprès d'infirmières, le drame: ma respiration s'accélère, je m'effondre, et la panique me gagne.

Rapidement, je ne sens plus mes jambes, ni mes mains, ni ma mâchoire. Les larmes montent en même temps que l'adrénaline: je dois m'y résoudre, je suis en pleine crise d'angoisse.

Une crise d'une ampleur que je n'avais encore jamais connue. Je finirai donc ma soirée aux urgences de Nantes, pour qu'on m'y confirme mon diagnostic. Je souffre de céphalées de tension, caractéristiques des crises d'angoisse.

Sans caractère de gravité quand même.

Tout est bien qui finit bien.

Je rentre donc à pied chez moi, tout heureux de pouvoir à nouveau compter fièrement sur mes deux jambes. La vie est belle, comme ma voisine.

Je ris.

Justement, ma voisine. J'ai une nouvelle occasion de la croiser: maintenant que j'ai la télé par la livebox, son câble ne me sert plus techniquement parlant. Mais ce soir, justement, ça ne marche pas.

Tant pis, je lui rendrai demain, avant de partir en week-end à la laverie familiale, parce que je n'ai plus de caleçons. Quel plaisir j'ai à imaginer la revoir, entendre encore une fois son "merci", et quelle tristesse je ressens à l'idée que ce n'est pas ce week-end qu'elle m'invitera à une de ses soirées comme elle me l'a promis…

Le vendredi soir, donc, après voir préparé mon sac de linge sale, c'est encore tout timide que j'ai à nouveau sonné à sa porte. Je lui rends son câble, elle me rend mon assiette: doux partage… puis je file à la gare, direction Lorient, toujours sous le charme.

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Chapitre 4: Une histoire de vitrines Chapitre 4: Une histoire de vitrines Chapitre 4: Une histoire de vitrines Chapitre 4: Une histoire de vitrines

Mon week-end, je le passe chez moi, à Ploemeur, avec mes chers parents et frères. Bizarrement, ça me fait plaisir, le fait peut-être que je n'ai plus un caleçon propre à me mettre… D'ailleurs, je n'ai même pas envie de sortir ce samedi soir, et puis de toute façon on reçoit des invités.

Bref, je passe mon samedi avec ma petite famille, occupé à bricoler dans le jardin. Ça me plaît, on se marre avec mon très grand petit frère (1m75 à 13 ans).

Le dimanche est moins affairé, et c'est avec finalement peu de tristesse et beaucoup de linge propre que je me retourne à ma vie nantaise.

En revenant, ce dimanche soir, bien sûr je n'ai pas la télé. Alors je m'occupe comme je peux. Comme je veux surtout! Je pousse le volume dans le casque et écoute la musique inspiratrice, celle qui me laisse écrire quelques lignes, quand je le sens bien. Ben ouais, j'écris. Des petits bouts de textes, des paragraphes entiers, ma dernière idée c'est de raconter ma vie chapitre après chapitre, avec mes mots, mon style incohérent, fourre-tout même,

l'histoire juste que ce qui peut m'arriver, ben au moins mon ordinateur s'en souvienne.

Une fois lancé, j'ai du mal à m'arrêter. Mais bon, je bosse demain, et 6h de sommeil c'est bien un minimum, alors tant pis, ce que j'ai pas raconté aujourd'hui, ben ce sera pour plus tard.

Le lundi matin, évidemment je galère grave pour me lever, en plus c'est dead pour faire ce putain de Km en voiture, pour gagner un peu de temps, parce qu'avec mes histoires de jeudi dernier, ben la caisse sera à l'heure, elle, au boulot. Et merde, j'ai même plus le droit au café, putain galère pour se lever…

Bon, quand j'arrive enfin à l'agence, les gens sont contents de me voir. Cool! Je me mets évidemment à penser, esprit prétentieux que je suis, que mes qualités se font déjà sensiblement apprécier. Non, c'est juste que j'ai pas prévenu vendredi, quand je me remettais difficilement de mes exténuantes aventures hospitalières. Bref, je monte rapidement jusqu'à mon bureau, je crois que j'ai du taf en retard. Effectivement, il me reste mon recueil si poétique de captures d'écran que je vais bien devoir terminer dans la semaine…

demain?! Ah, d'accord… oui je m'y mets.

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Cette semaine, je passe stagiaire n°1. Camille est partie, donc normalement… "oui? – Tu peux t'occuper de ça? – oui, bien sûr (, mais j'ai aussi un truc à faire pour Pascal…) – Merci Quentin!"

Cette semaine, j'ai donc du travail. Largement de quoi m'occuper, y compris quand j'ai envie de me reposer sur les sites marquants de ma barre de favoris: lequipe.fr, adopteunmec.com,

viedemerde.fr, etc… plus question de faire semblant, je deviens réellement un jeune actif. De quoi je me plains? Je le répète sûrement, j'aime ce taf. Certains aiment les yaourts culture bio, moi, c'est culture pub. Donc je respire un coup et m'attèle à ma charge. J'enfile les slides de mon powerpoint comme Paris Hilton enfile les b****.

A l'agence, je commence à connaître tous mes collègues, je veux dire je connais leurs prénoms, ce qui sous-entend que j'ai travaillé avec eux au moins une fois. Je dois reconnaître que je suis content de ça.

Le soir venu, je suis fatigué, j'ai faim. Bordel, des journées pareilles, c'est à te casser un rein. En plus, j'ai toujours pas la télé. Mais quelques plaisirs simples égayent une soirée bien mal engagée. Ça y est, quelques filles discutent avec moi sur ce

fameux site de rencontres. Comme quoi, je suis pas complètement fini pour la vie sociale! Qui sait, je suis peut-être même beau gosse? Ne rêve pas, Quentin…

Et comme la veille, alors que l'heure avance, l'absence pesante de débilités à regarder sur mon écran de télévision m'amène doucement à pianoter sur mon ordinateur une, puis deux, puis trois phrases. Est-ce que c'est la musique que j'écoute? Toujours est-il que de plus en plus, mes phrases sont rimées, reformant peu à peu des textes enfouis dans mon cerveau fertile et mégalomane. Enfin rimées… d'aucuns diront périmées… peu importe. Mon célibat me permet de faire ce que je veux, sans honte, sans peur du ridicule. Mais à mesure que mes textes prennent forme, l'heure tourne encore. Je dois bien me coucher, je travaille…

Le mardi est occupé à l'agence… satisfait d'avoir enfin des dossiers en bordel car en retard sur mon bureau, je bosse avec le sourire. Quand je ne souffle pas, parce que c'est quand même un peu pas rigolo le travail que je dois faire… Mais courage! C'est pour ton expérience, pour ton CV que tu fais ça!

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Ah oui, j'y pense, là, entre deux réflexions strictement professionnelles, ma recherche de vie sociale portait enfin ses fruits. Une demoiselle, charmante selon son profil, a répondu au message qu'elle-même m'avait invité à déposer sur ce fameux site de rencontres. Elle accepte chaleureusement, ou un terme dans le genre, d'être mon guide pour la vie nantaise, me faire visiter les bars, me servir d'accompagnatrice pour le cinéma… C'est quand même une bonne nouvelle! Enfin, c'est pas grand-chose mais ça fait passer la journée.

Le soir, bon, je n'ai pas envie de trop me répéter, donc disons que je n'ai pas fait preuve d'une extrême activité.

Mercredi, c'est un peu pareil que la veille, sauf que j'apprends en fin de journée que demain, je vais devoir faire des photos au centre-ville!!! Trop bien!!! En plus, le but consiste à faire toutes les vitrines de la ville à la recherche du modèle de chaussure parfait… Mon rêve…

Du coup, dans mon esprit malin et embué de testostérone, naît une idée: puisque tu vas passer ta matinée en ville, pourquoi ne pas inviter la charmante demoiselle à manger? Ce sera

l'occasion de la voir en vrai, et surtout de discuter un peu mieux qu'en face-à-face avec son écran.

Parce qu'on a tendance à l'oublier, enfin surtout moi, quand je me perds en lyricité dans mes messages, mais l'ordinateur ne répond pas, lui.

Bref, le rendez-vous est lancé. Puis accepté par la seconde concernée. Ahah.

Jeudi donc, passage furtif à l'agence, le temps en fait de se la péter devant les collègues "je reste pas, je vais faire des shoots en ville…" et de récupérer un vrai appareil photo, mon téléphone ayant été jugé trop… bien n'est pas le mot, disons qu'en terme de technologie, un briquet serait mieux évalué.

Et hop, direction les rues commerçantes de la cité de la Duchesse. En plus, c'est les soldes. Je vais pouvoir faire un petit repérage pour samedi, tranquille, tranquille!

3h plus tard, l'heure du rendez-vous sonne. Je me rends, puisque c'est le mot, au lieu de notre rencontre prédéfinie. Ah oui, je me suis habillé super classe exprès, comme ça j'ai chaud, je sue, c'est bien pour un rencard. La jeune femme arrive, comme convenu. Ignorant les cascades qui coulent le long de mon échine, je me présente.

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" - Salut, Quentin.

- Enchantée, moi ben c'est Laura." (Oui, nous connaissions déjà nos prénoms)

Et elle m'emmène donc vers le quartier des restaurants, non sans me raconter au passage quelques bribes d'histoire sur les places que nous traversons. Est-ce que je dois la décrire? Et bien, elle est cultivée déjà… elle a l'air plutôt marrante… Et oui, elle est plutôt mignonne.

Bon, c'est pas le sujet. On décide de se faire un chinois. Et donc on engage la conversation.

Enrichissant, séduisante, et autres participes présents ne peuvent pas vraiment résumer ce déjeuner: en 3 mots, c'était bien. Et puis, alors que nous sommes déjà en retard, on décide de se promener un peu, histoire en fait qu'elle me fasse découvrir quelques coins qui me plairont le soir, quand je sortirai quoi. Avec elle, pourquoi pas.

Mais les bonnes choses ont une fin, on en a moins hâte que pour les mauvaises, mais bon, je dois retourner à l'agence, présenter la dizaine de photos maladroitement réalisées.

Promis, me murmure-je dans ma tête, on se revoit.

Ah non, elle l'a entendu. Bon, c'est cool, elle me répond que oui.

Le vendredi arrive, et après une journée où, je dois l'avouer, j'ai pas foutu beaucoup, arrive the great piece of news de mon début de stage: un dossier rien qu'à moi: du début jusqu'aux recommandations!!! Putain, ça c'est de la responsabilité! Par précaution, et alors qu'il me restait quand même au moins deux heures avant le week-end, je décide de ne m'y mettre que lundi.

Comme ça, au moins, j'oublierai rien entre le vendredi et le lundi. Et puis, Pascal sera en congé, donc ce sera vraiment à ma guise.

C'est en loque abrutie par dailymotion que je finis ma semaine.

Le samedi, jour de mon échappée au doux pays du lèche-vitrines arrive enfin. Bien entamé, je dois dire, parce que j'ai fait une bonne grasse matinée… Je traîne encore un peu, puis j'y vais. Et survient rapidement le drame: alors qu'un beau polo me tendait les bras, une vision me choque.

Quoiqu'à la réflexion, c'est justement ce que je ne vois pas qui me choque: ma carte bleue! Où est- elle? Merde… merde, merde!! Samedi, en plus…

pas une banque d'ouverte… Mais où j'ai pu la foutre? La dernière fois que je m'en suis servi, c'est - ironie de l'histoire - à la banque, pour

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déposer mon salaire… Putain, moi qui me disais que j'irais bien au ciné ce soir… Bon, tant pis, en attendant, c'est le chéquier qui va plus se dégarnir en une journée que le crâne de mon père en un an… c'est dire.

La soirée commence, alors que je suis plus ou moins fourbu par les heures de marche que je me suis infligé par narcissisme. Vouloir être beau impose des sacrifices: pour moi cela consistait en de multiples ampoules, le dos rompu par la fierté à se tenir TRES droit, et les poignets déchirés par les sacs que je transportais. Mais je rompais cet état de décomposition avancé en répondant à l'invitation qui m'était lancée: manger une glace plus que bonne en même temps que se faire un

"Nantes by night" accompagné de ma nouvelle guide touristique attitrée. Cela dit, refuser tenait du suicide social, mais ça tombait bien, ça me faisait plaisir de la revoir. Avec le minimum possible d'arrière-pensées pour un célibataire patenté, je me pomponnais néanmoins avec soin, encore que mes cheveux se montraient quelque peu récalcitrants à l'idée de sortir… Tiens, au fait, Timidité a rompu… Enfin!

Je retrouve donc Laura place du Commerce, place qu'elle était parvenue à incruster dans ma

mémoire, certes excellente, mais peu perméable.

Et en route vers le quartier Bouffay, qui porte visiblement bien son nom, étant donné l'extraordinaire concentration de restos, bistrots, kebabs entassés sur 350 m². La glace est excellente, même la table où nous la dégustons peut en témoigner, à cause surtout de la générosité des serveuses. Pour imaginer, il faut se représenter ce jeu captivant de quand on avait 18 mois: rentrer des boules, des cubes et des cônes dans les trous correspondants.

Vraisemblablement, notre serveuse avait raté une étape fondamentale dans son développement psychomoteur. Pour notre plus grand bonheur, (et celui de la table) l'énorme sphère de glace ne s'encastrait pas tant que ça dans le cône de biscuit, petit en comparaison. Je charrie? Oui.

La barbe souillée de crème plus du tout glacée, je me levais, pour suivre ma décidément très charmante guide dans notre visite à travers les grands monuments de ma nouvelle ville.

Tour à tour, nous nous arrêtons devant de beaux édifices. Cathédrale à cathédrale, on se raconte que les églises ne sont pas notre premier kif. Face à face, pas encore.

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On marche jusqu'à un lieu central dans la vie nantaise: le Hangar à bananes. Bars, boîtes, expos… ça a l'air assez cool, comme l'ambiance qui s'installe entre nous, on en arrive à confesser nos états d'esprit respectifs.

Le service public étant ce qu'il est, je devais rentrer. Attentionnée, ma guide m'offrait de m'accompagner et d'attendre mon tram, c'est vers 1h du matin que je lui ai souhaité un bon dimanche.

Le dimanche, je me suis occupé, tranquillement, aller visiter ce qu'elle avait pu me conseiller, courir dans les bois (je progresse de semaine en semaine, je me suis arrêté qu'à chaque demi- tour!!), puis sourire idiotement devant mon écran, à lire la vie de merde d'autres de mes congénères.

Demain, le travail commence.

Chapitre 5: Wall Chapitre 5: Wall Chapitre 5: Wall

Chapitre 5: Wall----E, le petit robot amoureuxE, le petit robot amoureuxE, le petit robot amoureuxE, le petit robot amoureux

J'ouvrais ma semaine sur une belle note optimiste, ainsi que j'avais fermé la dernière.

L'idée d'attaquer le premier dossier qui m'était confié dans son intégralité me permettait de me lever enfin de très bonne humeur et c'est donc sur cet entrain chantant que je m'en allais à l'agence.

Je devais commencer pour ce dossier, par une

"pige concurrentielle", consistant à récupérer l'intégralité des catalogues de collection des différents meubliers du marché, en plus d'un élargissement de l'univers vers tout l'aménagement de la maison, fringues comprises.

C'était un travail conséquent qui m'attendait en vérité, auquel je m'attelais avec l'ardeur d'un fier débutant.

Il faut reconnaître que ce genre de travail, important au demeurant, est cependant long et fastidieux, d'autant plus qu'Internet ne fait pas tout, je devrai aller me mouiller sur le terrain, et fouiller de mon excitation les vastes zones industrielles de l'agglomération.

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Mais ça me convenait bien, et puis si je me faisais chier à l'agence comme ça au moins je pouvais me dégourdir les jambes et l'esprit.

La matinée était donc plutôt occupée, et l'après midi aurait pu l'être également, si seulement…

Notre cher directeur et dieu à tous, Jacques, avait prévu de belles économies avant de partir en vacances, notamment celle de se passer d'une standardiste pendant l'été. Oui, bien sûr, en cette chaleureuse saison, l'activité était pour le moins ralentie, mais malgré une température et un taux d'humidité dignes de l'atmosphère pékinoise, le téléphone osait encore sonner.

L'ère de l'économie en temps direct nous obligeait donc à une réactivité véritablement professionnelle et surtout organisée.

Il a donc été décidé de nommer un intérimaire du standard, qui serait moi, en fait. Mon égo descendait d'un cran, c'est certain, mais mon optimisme estival me laissait penser qu'au moins je découvrirai une autre facette de l'activité d'une agence, ce qui était somme toute important dans l'optique de rédiger un beau et volumineux rapport de stage…

Et "last but not least", je pouvais glander en toute impunité, irrévencieusement assis dans mon large fauteuil à visiter des sites louant le culte de Chuck Norris ou énumérant diverses anecdotes de la vie quotidienne, sans même que quelqu'un puisse me le reprocher. En gros, je me faisais chier, mais avec un large sourire.

Sourire que j'arrivai encore à élargir quand mon portable vrombit de la réception imminente d'un nouveau message de Laura, dont je ne savais plus si je devais la considérer comme une très très charmante guide, ou quelqu'un dont je m'entichais sérieusement. Ses messages étaient comme nos rendez-vous successifs, de plus en plus équivoques, où tant les regards (évidemment, pas dans les textos, mais suivez un peu!) que les mots, choisis avec soin, se voulaient à la fois charmeurs et charmés. Oui, je désirais vraiment la revoir et ce dernier message ne faisait qu'intensifier ce sentiment, même si là, je ne me rappelle plus s'il s'agissait d'une invitation ou autre chose, car j'ai effacé tous les sms gardés en mémoire, pour… la nettoyer, elle était pleine, désolé Laura.

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L'essentiel, pour moi, était que oui, j'allais la revoir d'ici peu, car on devait aller au cinéma, voir Wall-E, le robot de Pixar…

En attendant, je m'occupais de passer les commandes de fourniture, filtrer et trier les appels et le courrier, distrayant mon ennui grâce encore à Internet, et surtout les visites mystère dans les zones industrielles, ce à quoi j'occupais les 2 journées du mardi et mercredi.

Ce passage de ma semaine n'étant pas des plus passionnants, je me permets, de revenir sur la soirée de mardi, passée avec la plus agréable des compagnies.

Le rendez-vous avait été pris pour la séance de 20h, ce qui pour moi qui finissait à 18h30 impliquait un choix cornélien: manger ou être beau.

Etre beau, cela vous paraîtra d'une certaine prétention, aussi je dirais plutôt masquer mes innombrables imperfections par les artifices d'un rasage au cordeau, d'une coiffure expertement négligée et de fringues reflétant un attrait certain pour les soldes. Vous l'aurez compris, je n'ai pas choisi de manger… seulement une fois en ville si j'ai le temps avant de la retrouver. Bref je me

retrouve sur la grand' place du cinéma pour l'y rejoindre.

Après un bref bonjour, et deux bises échangées, on rentre dans le complexe, direction le petit robot.

Le rendez-vous au cinéma n'a jamais rien de neutre, bien des couples l'avoueront, et ce soir, moi je n'étais que peu à mon aise, non pas que Timidité ait souhaité se rabibocher, mais je ressentais comme une tension indescriptible, un sentiment confus entre une attirance certaine et le fameux "t'emballes pas jeune homme, je te rappelle que c'est la seule personne que tu connais dans cette ville" que me susurrait mon esprit tordu.

Enfin, le film démarre et ma main gauche ne sait où se mettre, puisque malheureusement il n'y a qu'un seul accoudoir entre nous deux… Wall-E, c'était très bien, drôle, émouvant, poétique presque. Mais en aucun moment, je ne me voyais aborder LE geste: "le caressage de main en lousedé". Et évidemment, elle ne le tente pas non plus…

Bref, on sort, discute pendant que je la raccompagne à son arrêt de bus, les mains bien

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serrées dans les poches, pour éviter le râteau.

J'aurai de toute façon passé une super soirée, c'est sûr, mais à l'heure de l'au-revoir, je ne sais esquiver une pointe de déception. Snif.

Mercredi, je n'allais pas à l'agence, je suis allé directement dans les magasins de meubles, passer le temps… et répondre à mes devoirs surtout. J'avais même l'idée farfelue de croiser Laura cet après midi, dans les allées du plus grand complexe commercial des Pays de la Loire, mais en redevenant raisonnable, je me rendais bien compte que c'était impossible… Encore qu'un nouveau texto l'excuse de ne pas avoir pu venir, car elle l'aurait voulu. Merde, aurait-elle la même envie que moi? Pfff… sois pas idiot…

Jeudi je reprenais le standard, tout comme vendredi, ne faisant donc pas avancer mon dossier si important comme je me l'étais pourtant promis. Le standard, c'est vraiment pas mal: ça passe assez vite, on est en contact avec toute l'agence toute la journée… mais à Bac+4, c'est quand même relou. C'est d'ailleurs en lisant mes mails que je découvrais avec émerveillement que Laura m'a écrit, et semble plus qu'enthousiaste à

me revoir, me demandant par là même à quoi je comptais occuper mon week-end, puisqu'elle imaginait bien m'accompagner à une expo dont je lui avais parlé.

Alors là, après lui avoir répondu que mes désirs d'activités n'étaient clairement pas d'aller à cette expo tout seul, l'idée me vint: je lui avais dit que je cuisinais un peu, et le grand coup de la levure ayant déjà plutôt bien fonctionné, un vrai repas ne pouvait que finir de la séduire, enfin j'espérais. Je tapote alors prestement, fougueusement, et surtout avec nombre d'autres idées derrière la tête, sur mon téléphone pour lui lancer une invitation à dîner par le pigeon voyageur moderne, le SMS.

L'illumination ne tardait pas à suivre, elle acceptait immédiatement. L'excitation et le stress se mêlaient amoureusement, et quand je rentrais à l'appart', je ne souhaitais plus qu'une chose:

qu'elle vienne au plus vite, goûter à mon menu travaillé avec soin.

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- Salade de melon et noix - Filet de canard en habit d'été

- Emincés de mangue sur chutney de biscuit et fruits de la passion

Elle arrive, élégante et souriante, comme d'hab. Et elle s'impressionne de voir le menu que je lui propose, comme si je lui pouvais lui offrir des pizzas… moi…

Tout se passe bien, elle aime, et me le répète, elle me complimente sur la présentation soignée de mes assiettes, ce qui me fait monstrueusement rougir… jusqu'au drame.

La préparation du dessert battait son plein, et une faute monumentale de coupe m'envoya sur la touche: je m'étais méchamment éventré… le pouce. Parce que le fruit de la passion a une particularité: une coque très très résistante.

Mais Laura est infirmière, une chance (ou le destin?) et ses soins me permettent… euh rien en fait, juste la superviser pendant qu'elle me remplace en cuisine. J'en profite pour m'approcher derrière elle, tel le professeur de golf avec son élève, sauf qu'en lieu et place d'un putter, elle tient en main un couteau à la lame

démesurée. Ce qui me refroidit, je retourne sur mon canapé.

Et en plus, la mangue n'est pas bonne.

Mais nous partageons néanmoins le dessert prévu, sans la mangue quoi.

Après ce repas, petit film: mes aventures théâtrales, parce que j'aime bien me montrer. En fait on ne regarde pas si attentivement que ça, parce qu'on reste à se parler, chacun sentant dans le regard de l'autre un désir naissant. Du moins il lui était impossible de ne pas remarquer à quel point j'étais sous le charme, en même temps elle l'avait déjà deviné, comme l'attestait l'un de ses derniers textos.

Mais elle devait repartir, elle travaillait lamentablement tôt le lendemain, je la raccompagnais alors à sa voiture.

Là, regrettant de ne lui avoir fait que la bise pour ce nouvel au-revoir, je m'écoutais enfin:

Et je l'ai embrassée.

Ce premier baiser, s'il n'était pas à noter d'un très bon point pour la note technique, lui a plu pourtant, et elle y répondit aussi fougueusement que je l'espérais.

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Ça y est, je ne suis plus célibataire.

Chapitre 7 Chapitre 7 Chapitre 7

Chapitre 7 (oui,7) (oui,7) (oui,7): Une longue et belle (oui,7): Une longue et belle : Une longue et belle : Une longue et belle semaine

semaine semaine semaine

Dimanche soir, je revenais de chez pôpa et môman, après un week-end prolongé un peu insipide, bien que j’avais pu aller au cinéma voir le film d’auteur de l’été agrémenté de moult effets spéciaux, cascades, effets pyrotechniques, et acteurs top models, j’ai nommé le dernier Batman.

Ce sera bien le moment le plus savoureux de mon week-end, car pour être honnête, j’en ai pas branlé une en 3 jours. Une volonté inconsciente de me reposer après déjà 6 semaines de dur labeur…

Dimanche soir, donc, je retrouvais à la gare ma nouvelle chère et tendre, qui avait déboulé dans ma vie amoureuse comme un gentil bulldozer tout rose et tout mignon, qui en une semaine m’avait déjà piégé dans des filets inextricables, tissés de charme, d’élégance et de provocation. Bref, le tank de l’amour dévastait tel un Panzer mon petit cœur tout fragile, comme l’armée belge pendant la Blitzkrieg.

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En un mot, j’étais très heureux, soient donc 2 mots pardon, très heureux de revoir là sur le quai cette très jolie silhouette, ce beau visage, m’imaginant déjà passer une belle soirée ensemble, d’autant plus qu’elle-même partait en vacances pour une semaine dès le lendemain matin. Effectivement, je passais une très belle soirée et nuit en sa compagnie, encore, attendant avec hâte la prochaine, une semaine plus tard…

Lundi, une nouvelle semaine commençait, et s’annonçait comme plus passionnante encore que les précédentes, puisque la quasi intégralité de mes collègues était en congés, hormis Véronique, qui m’épaulerait dans ce no man’s land professionnel. Mais je ne perdais pas le sourire, j’attaquais la dernière ligne droite de ce fameux très gros dossier sur les meubles, et surtout les congés des uns donnaient du travail aux autres. Et comme j’étais un peu tout seul quand même, ben les autres c’était moi. Donc c’était cool, en fait.

Long, mais cool.

J’avançais ainsi courageusement dans mon travail, feuilletant avec fougue et passion les catalogues,

brochures, et autres documents publicitaires que j’avais réunis, cherchant à analyser d’un œil minutieux les comportements publicitaires de tous les acteurs (nombreux) de l’univers faste de l’ameublement et de la décoration d’intérieur.

Points forts, points faibles, caractéristiques, façons de faire, tout était relevé, analysé, décortiqué, puis sanctifié sur l’autel de St Powerpoint, je me transformais peu à peu en théologien de la PLV du canapé de salon. Je canonisais telle marque, j’ostracisais telle autre, pour finalement dresser une table de lois à respecter pour notre saint client.

Par moments, je ne faisais rien aussi, sauf de recueillir ma foi sur la beauté d’un lutteur en catégorie plus de 120 Kg, ou l’équilibre d’un canoïste bélarus, qui venait de remporter sa série de qualifications. Les Jeux Olympiques étaient une grande source de distraction pour mon esprit et occupaient une place prépondérante dans mes journées de fainéantise enhardie.

Mardi, j’arrivais à organiser mon week-end: je retourne à Bordeaux !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Mercredi et jeudi, entre deux pages de

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powerpoint et les mises en veille fréquentes de mon cerveau, je découvre le studio de l’agence, et comment on y travaille. Je fais effectuer des corrections pour les campagnes et opérations qu’on réalise et qu’il faut transmettre incessamment sous peu aux régies des groupes de presse, ou aux entreprises de personnalisation d’objets publicitaires. D’incessants va-et-vients entre l’agence et le client rythmaient la journée, des corrections et modifications qu’ils demandaient (trop) aux résultats qu’on leur transmettait, pour finalement parvenir au Graal de la conquête publicitaire, le BAT, Bon à Tirer, qui était l’original de la campagne à venir, celui-là qu’on distribuait aux régies pour que la campagne TER paraisse bien dans le magazine télé du 29 Août. Après deux mois de stage, je pourrais voir d’ici peu ma toute première annonce presse en vrai dans le journal télé. YES !!!!!!!

Mes soirées étaient elles occupées à me divertir débilement au gré des retransmissions de direct des JO, des films et autres séries qui créaient autant de temps de cerveau disponible pour ce qui me payait mes saladières de Saupiquet, j’ai nommé la publicité. Et puis j’attendais souvent

avec impatience que celle qui avait bousculé mes a priori sur les nécessaires papillonnages post- relationnels apparaisse par msn interposé sur mon écran d’ordinateur, pour un jouissif « hello », ou « bonsoir », après lequel nous nous plongions dans d’interminables discussions…

Enfin, interminables… parfois, la fatalité voulait que l’un ou l’autre emploie un fatidique « bonne nuit mon ange » ou « bonne nuit ‘ti cœur », mots à la saveur douce amère, qui signifiaient notre séparation pour la nuit… Snif…

Vendredi matin, je ne savais pas si c’était la veille ou le jour même de mon départ prévu pour Bordeaux. Toujours était-il que j’avais hâte de retrouver Dominique, Marc, Lucie, Pierrick et tous les autres monuments qui me faisaient aimer cette ville. Je piaffais, d’autant que je savais bien que je n’aurai rien à faire à l’agence, fin de semaine aidant. Quelques textos suffirent alors à aiguiser mon excitation: je partais le soir même!

C’est donc après une journée d’attente, occupée un peu par le standard et beaucoup par lequipe.fr que je pris le train direction mon 1, 2, euh…

troisième grand amour, la ville de Bordeaux: la

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place des Quinconces, la place de la Bourse, les quais, le Cours de l’Intendance, les émotions m’étreignaient presque aussi fort que les bras d’une femme amoureuse.

4 heures, dans ces conditions, semblent des minutes, et rapidement, je me retrouvais là, bouillant, le cœur battant la chamade, souriant béatement, à monter les marches qui me menaient au 4ème étage du 40 rue des Remparts, où je retrouverais tout le monde.

Quand Dominique ouvrit, je ne pus m’empêcher:

je l’embrassais, lui claquant une bise de tous les diables, presque criant combien j’étais heureux de le revoir. Idem avec Marc, que je voyais dans le salon, assis au milieu des autres invités, Lucie, Kevin et d’autres encore. Il manquait malheureusement Pierrick mais ce n’était pour moi que partie remise.

Instinctivement alors, je me servis un grand verre de rhum, pour concrétiser en sorte l’ivresse du moment. Je nageais dans le bonheur, personne ne pouvait me sortir de cette divine piscine, pas même le nouveau chéri de service, qui au final s’avéra très sympathique, et mérita mon adoubement.

Rapidement, j’étais ivre pour de vrai, et sur les coups de 2h du matin, je me couchai, ou plutôt on m’aida à me coucher, tout habillé, et je m’effondrai sur mon lit. La soirée ne peut se résumer à mon alcoolémie, j’avais passé l’une des plus merveilleuses soirées de mes 2 dernières décennies.

Quand je me suis levé le midi suivant, un souvenir mémorable était gravé à jamais, et c’était bon, tout simplement bon.

Le lendemain fut passé à récupérer et préparer une nouvelle soirée, pour laquelle je m’étais proposé pour faire à manger. On avait invité en plus de Dom et moi, Kevin, qui était resté à l’appart lui aussi, et sa charmante petite amie. Je préparai un repas on ne peut moins original: je l’avais servi déjà il y a deux semaines, pour séduire la guide, la très charmante guide, qui est devenue depuis lors mon ‘ti cœur, et dont je tombais peu à peu amoureux. Bref, c’était exactement le même repas, et l’accueil fut pourtant encore meilleur. Je rougissais déjà quand ils découvrirent que je n’avais emprunté la recette qu’à moi, et là…

nouvelle salve de « waaaahhh », de « eh bé… », je

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ne pouvais que ne rien dire, j’étais tout timidifié par leurs compliments. On a passé une nouvelle soirée très agréable, rejoints par Marc et sa chérie, à faire des blind tests sur les musiques de séries télé et autres. Marc est un dieu à ce jeu, c’est le Usain Bolt de la musique de film, le Michael Phelps de la déconnade… mon idole.

J’étais vraiment heureux de les revoir lui et Dom, c’était un week-end à graver à tous jamais dans mes plus beaux souvenirs.

Le dimanche, je décidais de rendre visite à mon ex, j’entends mon ex ville, mon premier amour urbain, classée au patrimoine mondial, Bordeaux.

J’ai aimé arpenter à nouveau ses rues, ses places, sentir sa chaleur humaine et urbaine m’entourer.

J’ai aimé revoir le miroir d’eau, l’obélisque de la Victoire, la fontaine des Girondins, la place Tourny et ses cafés chics, la place du Parlement et sa belle esplanade… J’ai aimé tout ça.

Mais l’heure avançait, et en plus de la faim qui me gagnait, je voyais approcher l’heure de mon retour vers Nantes, et mon départ d’ici.

Je suis remonté à l’appart, nous sommes allés manger avec Dom dans une excellente brasserie,

où je me plais à savourer leurs grandes assiettes et leur pain, puis il m’a accompagné à la gare, d’où je devais m’en aller retrouver la Cité de la Duchesse, et la princesse qui m’y attendait.

Cette fois, dans le train, les 4 heures parurent interminables, étirées entre la tristesse de m’en aller et la hâte de la retrouver.

J’ai passé une magnifique soirée ce dimanche soir, mais c’est une autre histoire, que je garde pour moi.

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Chapitre 8: La fin des vacances Chapitre 8: La fin des vacances Chapitre 8: La fin des vacances Chapitre 8: La fin des vacances

En ce lundi matin, le réveil est plus difficile qu'à l'accoutumée… Ne serait-ce que par l'idée que la charge de travail qui m'attendait à l'agence atteindrait pour une fois depuis bien 2 semaines des proportions positives, mais c'est surtout que la nuit a été courte. Très courte.

Un petit déjeuner trop rapidement englouti plus tard, et je rampais exténué par mes 4 heures de sommeil vers l'agence…

Et une atmosphère étrange envahit mon être en poussant la porte de mon havre de travail. Il y a des gens dans l'open space! Mon Dieu des collègues! Ho! Et mon patron! Me voici entouré de revenants, comprenez des aoûtiens bronzés qui reviennent de leurs villégiatures ensoleillées.

Pendant que moi, je surfais… sur Internet, la pluie frappant les vitres, ici le mois d'août a été pourri.

Et ce que j'avais pressenti se confirma bientôt, on me confia une mission puis une autre, puis… non, n'exagérons pas, j'étais en phase de reprise, pas plus de 2 dossiers d'un coup!!

Un paradoxe à faire frémir Nietzche, Kant, Spinoza et Bernard-Henri Lévy réunis émergea alors: tandis que ma nature humaine à moi avait été jusque-là orientée vers une sublimation de la glande, en ce lundi, avoir du travail devenait un moyen d'atteindre l'épanouissement.

Je suis officiellement adulte. F***.

Je devais m'occuper à rechercher des chiffres, éparpillés dans des dossiers eux-mêmes rangés dans différents bureaux. Ces chiffres sont d'un sombre ennui, mais de la plus haute importance.

Un client historique, dont je dois taire le nom pour des raisons légales, relance un appel à compétition pour l'obtention de son budget de communication globale. Et je dois donc retrouver traces de la dernière compétition, où avaient étés compilées statistiques diverses sur la fréquentation du site, les sommes allouées aux opérations de communication passées, etc. Et c'est Bibi l'archiviste.

Parallèlement, je dois, et pour le même client, établir une liste des établissements scolaires du sud de l'Angleterre, leurs coordonnées, pour un mailing à venir…

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C'est long, c'est loin de ce que j'avais imaginé comme travail de publicitaire, mais à réfléchir, au moins je continue à explorer toutes les facettes, même les plus besogneuses, de la vie trépidante des troubadours de la communication.

Je fouille, dans les bureaux, dans les chemises, les placards, et ce, à raison de toute la journée, sauf quand je compile les quelques chiffres épars dans mon fantastique iMac. Ma vie, de théologien avisé, s'est transformée en celle d'un archéologue plongé dans ses découvertes paléontologiques, rivé sur la signification de tel ou tel signe. C'est à peu de choses près une description de mon activité du moment: la découverte heureuse d'un document enfoui par le temps s'accompagnait inexorablement de son déchiffrement dans le but de lui attribuer ou non une place dans l'édifice statistique que j'échafaudais.

Au passage, des pépites font miroiter mon regard et mon attention. Je découvrais ainsi les CV de mes collègues, les anciennes campagnes que l'agence avait produites… Toutes sortes de trésors qui avaient pour effet de clairement me ralentir, mais au moins ça me distrayait.

Laura, occupe toutes mes soirées, au moins celle de mardi. Je suis amoureux, et elle l'est aussi, mais tout va très vite, et malgré sa déclaration, me demande de ralentir un peu le train. Soit, la prochaine fois, au moins qu'on sorte, au lieu de squatter mon appart. Cela ne l'empêche nullement de squatter les autres soirées de ma semaine, mais dans ma tête quoi. Comment oublier ce baiser, passionné, amoureux, qui m'a fait lui courir après, sans chaussures, alors qu'elle s'en allait passer la porte de l'immeuble? C'est d'ailleurs là, sur le pas de cette porte qu'elle me l'a dite, la phrase magique. Ce sentiment béat, doux comme une serviette lavée avec Soupline, je suis un amoureux chronique.

Jeudi, je lui ai même fait une surprise, je lui ai déposé un bouquet devant chez elle, avec un petit mot gentil. Je suis un gentleman, mais la surprise aurait sûrement été meilleure si je n'avais pas décidé de sortir de ma voiture au moment exact où elle est sortie trouver son cadeau… Je suis nul en surprise…

La semaine passe donc, entre archéologie publicitaire, compréhension laborieuse du système éducatif britannique, et coups de

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téléphones. En ce vendredi, parce que la semaine est vraiment passée super vite, une nouvelle mission m'est proposée.

J'ai dit que les dernières tâches qui m'étaient affectées n'avaient pas fait partie de mes rêves les plus fous. Cette mission, elle, fait scintiller toutes les paillettes de strass sur lesquelles je fantasmais.

La jet-set était à deux doigts de m'ouvrir ses portes. Je devais partir de suite au centre d'entraînement du FC Nantes!!!! La joie m'emplissait déjà, l'excitation de rencontrer des personnes qui représentaient mon idéal de réussite: musclés, célèbres, belles voitures, et surtout un compte en banque avec un signe + devant le solde. Et Pascal: "tu aimes le foot?" Moi:

"Gaaaaaaaaaahhhhhhhh………."

Bon, en fait je devais juste récupérer deux places pour le match de samedi, pour… un client de l'agence, l'équipementier du club, celui avec les deux personnages dos à dos. Mais quand même!!!

L'après midi, j'ai rien fait. Pas envie.

Samedi, je suis sorti avec Laura, comme promis.

On est allé voir un festival de jazz dont je lui avais parlé. Malheureusement, on n'avait que peu de

temps pour nous, elle avait un anniversaire et rendez-vous à 18h pour aider à préparer. Ça nous laissait 1 heure 30 quand même, autant en profiter. On a écouté un peu de musique, on s'est promené rapidement, et on s'est assis à une terrasse, pour discuter, comme un petit couple tout mignon.

Je l'ai raccompagnée jusqu'à son bus, le temps c'est vrai de dire une belle bêtise, en passant devant la grande roue, quand elle m'a dit que c'était LE truc si je voulais la faire crier. Je laisse le soin à mes lecteurs de deviner la finesse de ma répartie.

On s'embrasse, on se dit à demain.

Le dimanche matin, donc, pour faire mon séducteur, je lui envoie un texto de bonjour. Sa réponse à elle n'était pas vraiment du même acabit.

Je me suis fait plaquer, sans aucune explication, comme ça, du jour au lendemain.

Ça fait bizarre.

La journée prend évidemment une autre tournure que j'aurais pu le souhaiter, surtout que moi j'attends quelques éclaircissements, normal… Au final, j'ai le droit à un cinglant "je sais que tu n'es

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