INFLUENCE DE L’APPORT DE VITAMINES B SUR LA CONSOMMATION SPONTANÉE
DE PRINCIPES ÉNERGÉTIQUES
CHEZ LE RAT BLANC EN CROISSANCE
Y. HENRY A.
RÉRAT,
Janine JUNG,
Yvonne DANIEL,Jacqueline
LECLERC M. LECOURTIER.Station de Recherches sur
l’Élevage
desPorcs,
Centre national de Rechercheszootechniques, i8-Jouy-en-Josas,
Institut national de la Recherche
agronomique
SOMMAIRE
Trois
expériences (A,
B etC)
ont été réalisées sur 155 rats mâles de souche WistarCF, après
sevrage, afin d’étudier les effets d’une
polycarence plus
ou moins sévère en vitamines B(exp. A)
ou de carences
simples
en thiamine(exp. B)
et enriboflavine (exp. C)
sur la consommation spon- tanéed’énergie,
lesperformances
decroissance
et l’utilisationmétabolique
des nutrimentsazotés
eténergétiques. Après
avoirété préalablement
carencés envitamines,
lesanimaux
sont soumis à latechnique
des repasséparés.
A ceteffet,
ilsreçoivent,
dans deuxmangeoires :
- un
régime protidique, apportant
unequantité
fixejournalière
deprotéines,
sous forme decaséine
dévitaminée,
additionnée decystine ( 1 , 2
g dansl’expérience
A et1,8
g dans lesexpériences
B et
C),
et trois niveauxdifférents
de vitamines : une dosenormale, correspondant
aux recomman-dations
habituelles,
une dose réduite au1/ 10
ou au1/20
de laprécédente,
- un
régime protéiprive
à base desaccharose,
alloué ad libitum.A
l’issue
desexpériences, qui
ontduré,
soit 28jours (exp.
A etC),
soit i4jours (exp. B),
il aété
procédé
àl’analyse chimique
des carcasses,après prélèvement
de l’intestin et de son contenu(expérience A)
et du foie(dans
lestrois expériences),
ainsiqu’aux dosages
de thiamine et de ribofla- vine dans ces troisfractions,
par voiemicrobiologique.
L’induction d’une
carenceplus
ou moins intense en vitamines B se traduit par un ralentis- sement de lacroissance,
d’autantplus prononcé
que la carence estplus
forte.Cette dépression
decroissance
estaccompagnée
d’unediminution
dela
consommationspontanée
deprincipes énergéti-
ques, mais cette dernière
(Ei) est
dans tous les cas directementproportionnelle
àla quantité
d’azote
(N)
fixée dans lestissus,
suivantl’équation :
le coefficient de corrélation étant r =
0 , 97 6.
L’évolution
des teneurs en vitamines dansl’intestin,
le foie et la carcasse faitapparaître, principalement
dans lefoie,
une relation étroite entre ledépôt
de thiaminedans
les tissus et le niveaud’ingestion
de cettevitamine,
alors que ledépôt
de riboflavine s’accroîtproportionnellement
au
gain
depoids,
etplus précisément
à la rétention azotée.Les résultats obtenus
permettent
d’exclure une action directe des vitamines surl’appétit.
Ces dernières
agiraient
seulement indirectement enréglant
lemétabolisme,
selon des modalitésparticulières
à chacune des vitamines. Ils’agit
là d’unphénomène général d’ajustement
de laconsommation
d’énergie
enfonction
du niveau du facteur limitant de laprotéinogenèse.
INTRODUCTION
La mise
en oeuvrede la technique des repas séparés, chez le jeune rat,
nous apermis de montrer que, lorsque
cedernier reçoit
unequantité limitée de matières azotées et des substances énergétiques à volonté, il ajuste la consommation de
cesdernières
enfonction de la vitesse de croissance permise par l’apport azoté, quantitatif
ou
qualitatif, et plus précisément
enfonction de l’intensité de la protéinogènèse (HENRY et RÉ R AT, I9 62 ; RÉ R AT, HENRY
etJACQUOT, I9 63 ; RÉRAT et HENRY, Ig6
3
; HENRY et RÉ RA T, I9 66). Dans
cesconditions, l’évolution des dépôts azotés
et
lipidiques dans les tissus
setraduit par
unecomposition corporelle constante, à
unpoids donné, quelle que soit la nature de la
sourceazotée. On peut
sedemander si
cephénomène d’ajustement de la consommation d’énergie
enfonction de l’intensité de la protéinogènèse
neconstitue pas
uneloi générale qui
seretrouve
enparticulier lorsqu’on fait varier la
naturedes facteurs pouvant modifier la protéinogènèse elle-
même, par exemple le niveau d’ingestion des vitamines
oudes minéraux.
Afin de vérifier la validité de
cettehypothèse,
nous avonsentrepris d’étudier,
au cours
d’une série de trois expériences
surdes rats mâles
encroissance de souche Wistar CF, les effets d’une polycarence
envitamines B
etde
carencessimples
encertaines de
cesvitamines (thiamine, riboflavine)
surle mécanisme de régulation à long terme de l’appétit. Certains de
cesrésultats ont déjà été rapportés par ailleurs
(HENRY et RÉRAT, I9 6¢ ; RÉ R AT
etHENRY, I966).
MATERIEL ET MÉTHODES
Expérience A : Influence
d’unepolycarence
envitamines
BTrente-cinq rats
au sevrage,pesant
entre 40 et 60 g, sont nourris d’unrégime
totalementdépourvu
de vitamines B et renfermant 18 p. 100de caséinedévitaminée, additionnée
decystine.
Cette
privation
de vitamines B seprolonge pendant
17jours jusqu’à
l’obtention d’un arrêt de croissance etmême d’une légère perte
depoids pendant ¢ jours.
A l’issue de cettepériode, 3
lotsde 9 animaux sont constitués suivant la méthode des
blocs, d’après
lepoids
et legain
depoids,
tandis
qu’un
lot témoinde
6 animaux estsacrifié
immédiatementaprès
unjeûne
de 8 heures. A cestrois
lots,
on administrechaque jour,
simultanément et dans deuxmangeoires séparées :
- une
quantité limitée d’un régime protidique ( 3 , 3 g/j) apportant
i,2 gde protéines,
soit200
mg
d’azoteenviron,
sousforme
de caséinedévitaminée additionnée
decystine
et 3 niveaux de vitamines B : unapport normal, correspondant
aux doses habituellement recommandées(lot IA) ;
un
apport réduit au 1/10
duprécédent (lot
IIA)
et aui/ 2 o (lot
IIIA) ;
- un
régime protéiprive
à base desaccharose,
alloué à volonté.Les
quantités quotidiennes
devitamines,
considérées comme normales(lot
IA),
ont été cal- culées pour couvrirlargement
les normes habituellement recommandées :Chlorhydrate
de thia-mine,
53!Lg;
acidenicotinique,
200y g ; Pyridoxine,
53!tg; Riboflavine 100 vg ;pantothénate
de
calcium,
200 yg ; vitamine B n, 0,2 fLg ;acide folique, 6,6 yg ; Inositol,
3,3mg ; acide para-aminobenzoïque,
3,3mg ;Biotine,
o,oi yg ;Choline, 6, 7 mg.
Tous les animaux
reçoivent
enoutre
200mgde
vitamine E et 33 mg de vitamine K parjour.
Les vitamines A et D sont introduites dans les
régimes protidique
etprotéiprive
aux doses respec- tives de 16 et 3,2 UI par g.Les
régimes,
dont lacomposition
est décrite dans le tableau iA,
sont distribués à l’étathumide,
lesproportions respectives
d’aliment sec etd’eau
étant l :0 ,8
pour lerégime protidique
et i : o,ig pour le
régime protéiprive.
La durée de
l’expérience
estde 4 semaines.
Les animaux sont élevés en cages individuelles à latempérature
de23 °C.
Ils sontpesés
deux fois par semaine et les consommations des deuxrégimes, protidique
etprotéiprive,
sontenregistrées quotidiennement.
A la fin del’expérience,
les rats sont sacrifiés au gaz
d’éclairage, après
unjeûne préalable
de 8 heures. On isole de la carcassele foie et la totalité de l’intestin avec son contenu. Sur ces trois
fractions,
onprocède
’al’analyse chimique globale :
- matière
sèche,
parséchage
à l’étuve à95 °C pendant
24heures ;
-
cendres,
par incinération à550 0 C pendant 3 6 heures ;
- azote,
par la
méthode macroK JELDAH L ;
- les
lipides
sont estimés par différence :poids
frais -[eau
+ cendres +protéines (N X 6, 25 )].
La valeur
énergétique
desrégimes
est déterminée à l’aide d’un calorimètreadiabatique G
ALLENKAMP
,
tandis que le contenuénergétique
des carcasses est déduit des teneurs enprotéines
et en
lipides,
en utilisant les coefficients d’ATWATER et BRYANT(r 9 o 3 ) ( 1 ).
La thiamine et la ribo-flavine sont dosées par voie
microbiologique
dans lefoie,
l’intestin et le reste de la carcasse à l’aide de milieuxlyophilisés
DIFCO. Les méthodesemployées
sont les suivantes :- pour la thiamine :
technique
de SARETTet CAELDELIN(r 944 )
avec L.fermenti
ATCC9338,
- pour la
riboflavine; technique
de SNELL et STRONG( 1939 )
avec L. casei ATCC8 014 .
Les modalités d’extraction sont les mêmes que celles
qui
ont été décrites par RÉRAT( 19 6 0 )
et par Br.uns
(r 9 66).
( 1
) Énergie (kcal) = (N
x6, 25 )
x 5,65 xLipides
x 9,4n.Les
dosages,
pour lariboflavine,
sont effectués en doubleexemplaire,
à raison de deux échan- tillons par animal. Les résultats sontexprimés,
pour lathiamine,
enchlorhydrate
dethiamine,
et pour la
riboflavine,
sous forme de vitamine pure. Laprécision
desdosages,
selon la nature de la vitamine ou del’échantillon,
estindiquée
dans le tableau 2 : l’intervalle deconfiance,
pour uneprobabilité
de 95p. 100, varie entre 10et 15 p. 100environ depart
et d’autre de la valeur moyenne, obtenue àpartir
de deux échantillons dosés chacun en doubleexemplaire.
Expérience
B :Influence
d’une carencesimple
en thiamineSoixante-dix rats,
âgés
de 21à23 jours
etpesant
en moyenne 50 g, sont divisés en deux groupesau cours d’une
période préexpérimentale.
Unpremier
groupe de 60 animaux est soumis à une carenceprolongés
en thiaminejusqu’à
l’obtention d’un arrêt de croissance et même d’unelégère perte
depoids.
A ceteffet,
on leuradministre,
simultanément et dans deuxmangeoires séparées :
- une
quantité
limitée deprotéines ( 1 ,8 g/j),
à raison de 3 g d’unrégime
renfermant 60 p. 100 deprotéines
sous forme de caséine dévitaminée -!cystine
et additionné de toutes lesvitamines,
sauf la
thiamine,
à des doses couvrantlargement
le besoin decroissance ;
- un
régime protéiprive
à base de sucre alloué ad libitum.Un lot témoin
(T)
de io animaux est nourri dans les mêmes conditions queprécédemment
à l’aide d’un
régime
normalementsupplémenté
en thiamine.A la différence de
l’expérience précédente,
les animaux sont soumis dès le début aux repasséparés
afin de les habituer d’unefaçon progressive
à ce mode d’alimentation et d’éviter ainsi unehétérogénéité trop grande
dansl’ingestion
desprotéines
en débutd’expérience.
A l’issue de cette
période, qui
a duré 21jours,
5 lots de 12rats sont constitués suivant ledispo-
sitif des blocs
complets
« randomisés »,d’après
lepoids,
legain
depoids
et la consommation pen- dant lapériode préexpérimentale.
Un lot témoin
(TC)
est sacrifiéimmédiatement,
tandis que lesquatre
autres(I B,
IIB,
IIIB,
IVB)
sont soumis à l’alimentationséparée
selon les mêmes modalités queprécédemment : 1 ,8
g deprotéines/j
sous forme de caséinedévitaminée,
etrégime protéiprive
ad libitum.Le
régime protidique, qui
renferme 60 p. ioo deprotéines
est distribué à raison de 3g/j.
Ilest additionné de doses variables de
chlorhydrate
de thiamine : une dose normale couvrantlarge-
ment le
besoin,
soit : 16 fLg(lot
iB) ;
le1/10
de cette dose :I ,6( fL g lot
IIB) ;
et le1/20 : 0 , 0 8
yg(lot
IIIB).
Lesapports journaliers correspondants
sontrespectivement
de4 8, 4 ,8
et 2,4 !.g.Toutes les autres vitamines sont fournies en excès par
rapport
aux besoins.Dans le
quatrième
lot(IV B),
les animauxreçoivent,
à l’intérieur dechaque répétition,
lamême dose normale de thiamine que le lot I
B,
soit4 8 !tg/j,
et la mêmequantité d’énergie
que celleingérée
la veille par lepartenaire
du lot IIB,
afin de contrôler l’effet propre d’une carence enthiamine, indépendamment
de son action surl’appétit.
La
composition
desrégimes, qui
sont distribués à l’état sec, estrapportée
dans le tableau i B.Les modalités
expérimentales
sont les mêmes que celles décrites dansl’expérience
A. Notonscependant
que la durée del’expérience
a dû être limitée à 14jours
en raison des difficultés rencon-trées pour faire
ingérer
en totalité la dosejournalière
derégime protidique
par les animaux lesplus
carencés en thiamine. A la fin de
l’expérience,
les animaux sont sacrifiés au gazd’élairage.
Lefoie
estséparé
du reste de la carcasse et sur ces deux fractions onprocède,
comme dansl’expérience précédente,
àl’analyse chimique globale :
matièresèche, cendres, azote,
leslipides
étant estimés pardifférence,
la thiamine et la riboflavine sont dosées par voiemicrobiologique.
Expérience
C:Influence
d’une carencesimple
enriboflavine
L’étude de l’influence d’une carence
plus
ou moins sévère en riboflavine sur la consommationspontanée d’énergie
a faitl’objet
d’une troisièmeexpérience C,
dans les mêmes conditions que cellesprécisées
dansl’expérience
B.Cinquante
ratsâgés
de 21-23jours
et d’unpoids
initial de4 6, 5
g sontsoumis, pendant
unepériode préexpérimentale
de 10jours,
à unedéplétion
en riboflavine.A cet
effet,
on leuradministre,
en deux repasséparés
et sous forme sèche :- un
régime protidique apportant 1 ,8
g deprotéines
sous forme de caséine dévitaminée!-
cystine,
additionnée d’unmélange vitaminique dépourvu
deriboflavine ;
- un
régime protéiprive
ad libitum.A l’issue de cette
période,
4 lots de 12animaux sont constitués :- trois lots
reçoivent
dans leur repasprotidique : 1 ,8
g deprotéines/j,
sous forme de caséine dévitaminée et l’une des doses suivantes de riboflavine : une dosenormale,
soit : goyg/j
dans lelot
I C ;
une doseréduite
au1/10 ( 9 !g)
dans le lot IIC,
et une dose réduite au1/20 ( 4 , 5 j i g)
dans le lot III C ; toutes les autres vitamines sont fournies en
quantités
couvrantlargement
lesbesoins. Le
régime protéiprive
est offert dans tous les cas adlibitum ;
- Un lot témoin initial
(TC)
estsacrifié immédiatement
en vue del’analyse chimique globale
et
du dosage
des vitamines.La durée de
l’expérience
est de 28jours.
Lacomposition
desrégimes protidique
etprotéiprive
est la même que dans
l’expérience
B. A la fin del’expérience,
les animaux sontsacrifiésaprès
unjeûne
de 8 heures. Le foie estséparé
immédiatement du reste de la carcasse et onprocède
à l’ana-lyse chimique corporelle,
ainsiqu’au dosage
de la thiamine et de la riboflavine par les méthodesdécrites précédemment.
Dans chacune des trois
expériences,
les rétentions azotée eténergétique
sont calculées àpartir
des résultats del’analyse chimique corporelle,
par différence entre laquantité
finale dosée dans la carcasse entière et laquantité initiale
estimée àpartir
du lot témoin abattu en débutd’expérience.
L’efficacité de la rétention est définie par le coefficient d’utilisationpratique
ou CUP(selon
TERROINE etVALLA, z933) !
&dquo;Comme pour
l’azote
etl’énergie,
lesquantités
de vitamines retenues dansl’organisme
sontobtenues par différence entre le contenu final dosé dans la carcasse entière et le contenu initial
estimé
àpartir
du lot témoin sacrifié en débutd’expérience.
Le coefficient de rétentionapparent
des vitamines est
apprécié
parrapport
à laquantité ingérée ;
enopérant
de cettemanière,
il n’a pas été tenucompte
desquantités synthétisées
par la microfloreintestinale,
ni desquantités
éli-minées ou
dégradées.
RÉSULTATS
Croissance et consommation (tabl. 3 A, 3 B
et3 C)
Comme le
montrela figure
z,l’administration d’un régime totalement dépourvu
de vitamines B (exp. A)
ousimplement carencé
enthiamine (exp. B)
ou enriboflavine
(exp. C) provoque
unralentissement de la croissance dès la première semaine, par rapport à
unrégime témoin
noncarencé. Si l’on prolonge cette période de’ déplétion jusqu’à trois semaines,
onaboutit finalement à
unarrêt de la croissance
etmême à
une
perte de poids des animaux, accompagnée d’une diminution de la consommation
spontanée d’énergie.
...
Si l’on considère les résultats des expériences proprement dites (tabl. 3 A, 3 B et 3 C),
on constateque pour
uneingestion azotée sensiblement identique dans les
différents lots, la vitesse de croissance pendant 2 8 jours (exp. A et C)
ou14 jours (exp. B) est d’autant plus faible que l’apport vitaminique est plus réduit. L’addition d’une dose normale de vitamines permet
aurat de reprendre
unevitesse de croissance
au
moins égale à celle du lot témoin n’ayant subi
aucune carence :5 , 24 g/j contre 4,
3
6 g dans le
casde la thiamine.
La croissance reprend également, quoique plus lentement,
avec unedose repré-
sentant le 1/10 de la précédente, tandis qu’avec
unedose réduite
au1/20 , la dépression
de croissance est
encoreplus accentuée. Ceci est particulièrement net dans le
casd’une
carence
globale
envitamines B et d’une
carencesimple
enthiamine ; le poids des ani-
maux
demeure pratiquement inchangé pendant toute la durée de l’expérience. Il est
à noter qu’à
mesureque s’accentue la
carencevitaminique, il
estde plus
enplus
difficile de faire ingérer par les
ratsla totalité du régime protidique ; ceci explique
qu’un certain nombre d’animaux ont dû être éliminés. Par ailleurs, la comparaison
des lots III et IV de l’expérience B montre qu’à niveau d’ingestion azotée
eténergé-
tique égal,
undéficit
enthiamine provoque
unedépression sensible de la croissance.
I,a consommation spontanée d’énergie suit
uneévolution sensiblement parallèle
à celle de la vitesse de croissance. Ainsi, les animaux des lots les plus carencés
envitamines B (III A)
ou enthiamine (III B) n’ont pratiquement pas varié de poids
ou
de consommation, tandis que dans les autres lots, la quantité d’énergie ingérée est
d’autant plus importante que le gain de poids est lui-même plus élevé (fig. i).I,’évo-
lution de la consommation d’énergie
enfonction du poids moyen par lot et par semaine
(fig. 2 ), fait de plus apparaître
unerelation de type exponentiel, mais elle demeure
plus élevée, à
unpoids donné, dans les lots qui
ontreçu
unedose normale de vita- mines ; la réalité de cette relation exponentielle
aété démontrée dans
unepublication
antérieure (HENRY
etRÉ RA T, 19 64).
Composition corporelle a) Composition chimique globale (tabl. 4 A, 4 B et 4 C).
I,es effets d’une polycarence
envitamines B (exp. A)
oude
carencessimples
enthiamine (exp. B) et
enriboflavine (exp. C),
secaractérisent dans l’ensemble par
unediminution importante des pourcentages de matière sèche
etde lipides dans la
car-casse
entière, tandis que les teneurs
enprotéines et
encendres augmentent. Remar- quons cependant qu’au niveau des organes (foie, intestin), les modifications sont sensi- blement différentes. Ainsi, la diminution du poids du foie,
sousl’influence d’un apport insuffisant de vitamines,
estaccompagnée d’une élévation de la concentration de la
matière sèche, des cendres, des protéines
etdes lipides par rapport
aupoids frais. A l’inverse, dans l’intestin (exp. A), les pourcentages de matière sèche et de lipides sont
en constante
diminution, alors que la
teneur enprotéines est pratiquement inchangée
et que le pourcentage de cendres augmente. Il convient de signaler que dans l’estima-
tion des lipides par différence, il n’a pas été tenu compte du glycogène, dont l’impor-
tance dans le foie n’est pas négligeable. Notons par ailleurs que dans chacune des trois
expériences, le lot carencé, sacrifié
audébut de l’expérience, présente sensiblement les mêmes caractéristiques corporelles que le lot III qui
areçu le i/zo de la dose normale et s’est maintenu sensiblement
aumême poids pendant
toutela durée de l’expérience.
b) Bilans azoté et énergétique (tabl. 5 A, 5
B et5 C).
La réduction de l’apport vitaminique provoque, d’une manière générale,
unediminution importante des quantités d’azote et d’énergie retenues, que
cesoit
envaleur absolue (rétention journalière)
ou envaleur relative (coefficient d’utilisation pratique).
Si l’on examine de plus près les résultats de l’expérience B,
onconstate qu’à
consomma-tion d’énergie égale,une réduction de la dose journalière de thiamine de 4 8 li g (lot IV)
à 4 ,8 { i g (lot II), provoque à la fois
unediminution du dépôt azoté
etde la rétention
énergétique. Puisque la part de l’entretien dans la consommation totale
aété sensi- blement la même dans les deux lots,
on endéduit qu’une
carence enthiamine
egcrce uneaction dépressive
surl’utilisation nette des éléments énergétiques pour la
croissance,
en
dehors d’une action dépressive
surl’appétit pour les substances énergétiques. Par ailleurs, de la comparaison des lots I et IV de l’expérience B, il ressort qu’une restric-
tion énergétique de l’ordre de 37 p.
IOOprovoque
nonseulement
undépôt moindre
d’énergie, mais également
unemoins bonne utilisation de la fraction azotée ; par contre, le coefficient d’utilisation de l’énergie est sensiblement le même dans les deux lots.
L’évolution de la consommation moyenne d’énergie par lot,
enfonction de la quantité d’azote fixée dans les tissus, fait apparaître, pour l’ensemble des trois expériences (fig. 3 ),
unerelation linéaire suivant l’équation de régression :
E
I (kcal/j)
=18 , 74 + 0 , 309 N (mg/j), le coefficient de corrélation étant
r =0 , 97 6.
La valeur du coefficient de régression ( 309 kcal par g d’N retenu) est sensiblement la même que celle trouvée antérieurement
enfaisant varier simplement l’apport azoté (RÉ
RAT
, HENRY et JACQUOT, x963).
c) Répartition des vitamines dans l’organisme.
Polycarence
envitamines B (tabl. 6 A).
Afin de suivre la distribution des vitamines dans les organes et tissus,
nous avonschoisi parmi celles-ci les deux qui
noussemblaient les plus représentatives, la thiamine
et la riboflavine. Des résultats du tableau 5 A, il ressort que
sousl’effet d’une
carence,la quantité de thiamine par g de poids
secdiminue considérablement pour atteindre
une
limite asymptotique au-delà du dixième de la dose normale (g, 3 !,gIJ). alors que la
quantité de riboflavine demeure sensiblement constante.
I,a diminution de la teneur
enthiamine apparaît
encore avecplus de netteté
dans le foie (de 34 , 2 yg à 5 ,8 et 4 , 5 !tg/g respectivement pour 53-5, 3 et 2 , 7 yg de
thiamine/j) ; la teneur
enriboflavine subit également
unelégère diminution de 77 yg à 53 !Lg/g de poids
secenviron.
Dans l’intestin et
soncontenu,
onassiste de la même façon à
unechute des
concen-trations de vitamines par rapport
aupoids
sec.Cette chute est surtout importante
dans le
casde la thiamine dont la concentration passe de 8, 3 à 4 ,8 !tg/g ; par contre; i
dans le
casde la riboflavine, elle est beaucoup moins brutale (de 1 8, 2 à 1 6 yg/g) . Ceci
semble indiquer qu’une
carencesévère
enthiamine
ou enriboflavine n’est pas
com-pensée par
uneaugmentation de la synthèse par la microflore intestinale.
Carence
enthiamine (tabl. 6 B).
’
I,a comparaison des teneurs
envitamines dans le foie et la
carcasseconduit
auxmêmes constatations que pour
unepolycarence
envitamines du groupe B. Ainsi, à
mesure
que la sévérité de la
carence enthiamine s’accentue, la concentration de cette
dernière dans le foie diminue très fortement de 23 , 4 à 2 , 5 5 yg/g de poids
sec,cependant
que dans la carcasse, elle atteint
unevaleur minimum dès la dose représentant le I/
io de la dose normale (lot II B) ;
ce tauxminimum est le même que celui enregistré
dans le lot témoin carencé initial (TC).
Par ailleurs, si l’on considère le lot IV B qui
areçu la même dose journalière (« normale ») de thiamine que le lot I B, mais dont le poids final est plus faible ( 103 g contre 142 g)
enraison d’une restriction énergétique de 37 p. 1 00 ,
onremarque que les teneurs
enthiamine sont notablement
accruesdans le foie
etla
carcasse.En réalité, les quantités totales de thiamine dans le foie
sontsensiblement les mêmes dans les deux lots (respectivement 6 9 et 6 2 !,g), et les quantités présentes dans l’organisme
entier sont peu différentes entre elles (respectivement 331 et 375 jig). Contrairement à
ceque l’on observe pour la thiamine, l’évolution des teneurs
enriboflavine
nefait
apparaître
aucunedifférence sensible d’un lot à l’autre, qu’il s’agisse du foie
oude la
carcasse.
Carence
enriboflavine (tabl. 6 C).
L’administration d’un régime carencé
enriboflavine provoque
unediminution
importante de la teneur
encette vitamine dans le foie
etla
carcasse.Lorsqu’on réduit l’apport
au1/10 de la dose normale, les quantités de riboflavine par g de tissu
secpassent de 7 4 à 3 6 yg pour le foie
etde
Ià 8 8 yg pour le reste de la
carcasse.Au-delà
de
ceseuil, la concentration des tissus
enriboflavine
semaintient sensiblement
aumême niveau.
En
cequi
concernela thiamine,
aucontraire,
on constate uneaugmentation
sen-sible des quantités par g de poids frais dans le foie
etla
carcasse,à
mesureque la
carence en
riboflavine devient plus sévère. Cette élévation de la concentration de la
thiamine dans les tissus
estdue
enréalité à
unediminution de poids des animaux, les
quantités totales dans le foie et le reste de la
carcasseétant sensiblement les mêmes
d’un lot à l’autre.
d) Bilans vitaminiques.
1
°
Sous l’effet d’une
carenceglobale
envitamines (tabl. 7 A), le bilan de thiamine diminue très fortement dans le lot II ( 1/10 de la dose normale) et devient même néga-
tif dans le lot III (z/2o de la dose normale). Le pourcentage de thiamine
retenuedans
l’organisme
estpratiquement inchangé (environ
20p. 100 ), lorsque l’apport de vita-
mines varie dans le rapport de
ià
10.D’après les résultats précédents, il apparaît
ainsi que le dépôt de thiamine dans les tissus, et principalement dans le foie, croît
à
unrythme sensiblement proportionnel à l’apport du régime, à partir d’un apport- seuil de 5 [L g/j, qu’on pourrait considérer comme le besoin minimum du rat
enthia- mine ; ceci confirme l’estimation faite antérieurement par MO R G AN et Y UD xIN (zg62).
Comme pour la thiamine, la quantité de riboflavine fixée par les tissus diminue
très fortement lorsqu’on réduit l’apport de cette vitamine,
enmême temps que les autres vitamines du groupe B, mais demeure positive
auniveau minimum. En valeur relative, la rétention est maximum
avec unapport de 10 yg/j ( 70 p. zoo), mais pré-
sente
encore unevaleur élevée
auniveau inférieur de 5 yg/j ( 20 p. ioo), tandis qu’à
la dose normale de
100t i g/j,
unequantité importante de la vitamine
estexcrétée
oudétruite.
2
0
Une
carencesimple
enthiamine (tabl. 7 B) provoque les mêmes effets que
lorsqu’elle est associée à d’autres
carences envitamines du groupe B. Le bilan de
thiamine diminue très fortement à
mesureque la dose administrée décroît, pour devenir négatif à la dose de i,8 !,g/j ; contrairement à l’expérience A, il
en vade même
de la rétention exprimée
envaleur relative. Il
estintéressant de noter par ailleurs
que les animaux du lot IV B, qui ont reçu la même dose de thiamine que
ceuxdu lot I,
ont stocké pratiquement la même quantité de cette vitamine dans leurs tissus, malgré
une
restriction énergétique de 37 p.
100.On peut
enconclure qu’au-dessus d’une
certaine dose journalière, le dépôt de thiamine dans les tissus, et plus particulièrement
dans le foie, est directement proportionnel à la quantité ingérée, tout
aumoins dans
nos
conditions expérimentales.
La diminution de la rétention de thiamine,
sousl’effet d’une
carenceplus
oumoins sévère
encette vitamine, est accompagnée dans tous les
casd’une réduction du
dépôt de riboflavine ;
cetteréduction est la conséquence directe de la dépression de
croissance provoquée par la
carence enthiamine,
enraison de la constance de la concentration par rapport
aupoids
sec.3
0 Une
carence enriboflavine seule (tabl. 7 C)
setraduit par
unediminution très notable du dépôt de cette vitamine, tandis que le coefficient de rétention est fortement
accru et
dépasse même
100p.
100.Il faut noter cependant que le fait de négliger la
contribution de la synthèse microbienne conduit à
unesurestimation de la rétention
en
valeur relative.
Contrairement à
ceque l’on observe pour la riboflavine, le dépôt de thiamine
dans les tissus n’est pas affecté par une
carence enriboflavine seule. Il est indépendant
de la dépression de croissance provoquée par la
carence enriboflavine
etdépend
sur-tout de la quantité de thiamine ingérée. A l’inverse, le dépôt de riboflavine est
enrelation étroite
avecl’intensité de croissance permise par le régime et
non avecla quantité ingérée. La figure 4 illustre d’une façon parfaite le contraste entre
cesdeux
vitamines.
DISCUSSION
Il est maintenant établi que la consommation spontanée d’énergie chez le Rat,
dans les conditions de l’alimentation séparée, est
enrelation directe
avecl’intensité de la protéinogénèse, elle-même fonction de l’apport azoté quantitatif et qualitatif (HENRY et RÉ RAT , =g66). Les résultats de la présente étude ont montré que cet ajuste-
ment
de la consommation d’énergie,
enfonction de la protéinogénèse, est également
retrouvé lors de modifications plus
oumoins importantes de l’apport vitaminique, qu’il s’agisse de l’ensemble des vitamines B
ousimplement de la thiamine
oude la
riboflavine. On peut dès lors
sedemander si l’action d’une
carencevitaminique
surl’appétit intervient d’une manière spécifique
ouplus généralement par l’intermé- diaire de la rétention d’azote dans les tissus.
On connaît
eneffet le rôle considérable des vitamines du groupe B dans les mécanismes de synthèse des protéines, d’après les nombreuses
revuesconsacrées à
ceproblème (MiTCHEu., 1943 ; TERROIN!, 1952 ; JACQUOT et ADRIAN, Ig6q. ; UPROINE, I
g66). Une
carence enthiamine exalte le catabolisme azoté (J ACQ uoT
etTfrzvor,I,E, ig
4
i ; B IN ET et WE LL E R S, 19 6 4 ; WE I , I ,E R S
etal., 19 6 4 ) ;
uneariboflavinose provoque chez le Rat
unehypoprotéinémie et
unedéviation du métabolisme de certains acides aminés, dont le tryptophane (G AUDIN -HA RDIN G et al., ig6 4 ). En d’autres termes, la fraction azotée du régime n’est que partiellement utilisable à la suite d’une
carenceplus
oumoins sévère
envitamines.
Nous devons conclure que, même dans le
casd’une
carence envitamines, la
consommation spontanée d’énergie demeure réglée par le niveau des synthèses proti-
diques. La dépression de l’appétit provoquée par
uneavitaminose
neconstituerait
pas
uneffet spécifique de telle
outelle vitamine, mais résulterait d’un équilibre spon-
tané entre la consommation
etle niveau du facteur limitant de la croissance,
etplus
précisément de la protéinogénèse (dans le
casprésent de l’apport vitaminique)
Comme l’a d’ailleurs fait remarquer LE M A G NEN (ig5i),
cephénomène d’inappétence
dans les avitaminoses s’expliquerait par le fait que l’aliment
aperdu
sespropriétés
nutritionnelles par défaut d’utilisation métabolique.
En dehors de
sonaction
surle niveau d’ingestion des nutriments énergétiques,
l’avitaminose B
estsusceptible de modifier plus
oumoins profondément l’utilisation
métabolique de
cesderniers (Br,AXT!R, i 9 6 4 ). La comparaison des lots carencés
ou non enthiamine, à niveau énergétique égal, dans l’expérience B, confirme le rôle parti-
culier de
cettevitamine dans l’anabolisme des graisses à partir des glucides (M C HxNRY
et C ORNETT , i 944 ). Utilisant la méthode paired feeding, V ORIS et al. ( 1942
a,b) ont
mis
enévidence l’influence favorable d’une supplémentation
enthiamine et
enribo-
flavine
surle dépôt de lipides chez le Rat
encroissance, indépendamment de l’action
sur
l’appétit. De leur côté, L OCKHAR T et al. ( 19 66) constatent qu’un apport insuffisant de thiamine entraîne chez le Poulet
unediminution sensible de la valeur énergétique
du régime, exprimée
enénergie métabolisable, alors que les
autresvitamines du groupe B,
enparticulier la riboflavine,
sont sansinfluence notable. L’importance consi-
dérable des vitamines du groupe B dans l’utilisation globale de l’énergie est d’ailleurs prévisible, compte tenu de leur intervention
auniveau des processus enzymatiques du
métabolisme intermédiaire (TE RR O IN E, ig64 ; ST I EA IU et al., z965).
Dans l’établissement des bilans vitaminiques,
nous avonsété amenés à négliger
la contribution de la microflore intestinale dans la synthèse vitaminique, de même
que les processus d’absorption, d’élimination
etde dégradation. Or, il
aété montré que la synthèse de vitamines par la microflore varie dans des limites
assezconsidé- rables, selon le type de régime, et plus particulièrement selon la nature des glucides (RÉ
RA
T, 19 6 4 ; H O T Z E L , ig66). Lorsque la fraction énergétique du régime est consti-
tuée par du saccharose (ce qui
estle
casdans la présente étude), la synthèse de thia-
mine par la microflore est de toute façon réduite ; ceci est confirmé par la diminution de la concentration du contenu intestinal
enthiamine, à
mesureque la
carences’accen- tue. En
cequi
concernela riboflavine, par contre, l’interprétation apparaît obscure.
Si l’on
seréfère
auxrésultats des expériences A
etC,
onconstate effectivement qu’une
carence en
cette vitamine aboutit à
uneaugmentation très sensible de la rétention
en
valeur relative, si l’on
netient compte que de la quantité ingérée. Nous pouvons dès lors tenter de conclure à
uneélévation de la synthèse microbienne consécutive à la
carence.A cela,
uneexplication peut être donnée : les travaux de G!RSxo!! et al.
( I959
).
surle Chat, sembleraient indiquer
uneaction favorable du saccharose
surla
synthèse de riboflavine par la microflore intestinale, malgré l’avis contraire de la
plupart des auteurs. On peut
sedemander s’il n’en serait pas de même dans
noscondi- tions expérimentales. Il convient toutefois de noter que la microflore intestinale n’est pas le seul facteur responsable de l’augmentation apparente du coefficient de rétention
vitaminique. Cette augmentation pourrait être due,
enparticulier, à
uneélimination réduite dans le
casd’une déficience, la riboflavine n’étant libérée qu’à partir des flavoprotéines
enfonction des besoins (B LUM , ig66). Quoi qu’il
ensoit, quel que soit le mécanisme
en cause, nousdevons reconnaître qu’une
carence enriboflavine produit
un
effet moins brutal,
surle niveau d’ingestion, qu’une
carence enthiamine.
La comparaison des quantités de vitamines stockées dans l’organisme
afait
apparaître
unedifférence fondamentale dans les effets réciproques de la thiamine
etde la riboflavine. Ainsi, à la suite d’une
carence enthiamine,
onobserve
unépuisement hépatique presque complet et très rapide
en cettevitamine (TE RROINE , I g5 7 ),
accom-pagné d’une diminution du dépôt de riboflavine, alors qu’une
carence encette dernière (SURE
etFO RD , 1942 ; SURE, 1945 ; SI N G H E R et al., Ig44 ; B H AGVAT et DEVI, 1949)
n’exerce
aucuneffet dépressif
surla quantité de thiamine fixée par les tissus. A la
lumière de
nosrésultats,
nousdevons cependant interpréter
avecprudence la relation
de proportionnalité
entrele dépôt apparent de thiamine
etla quantité ingérée. Cette
relation n’implique pas qu’aux doses indiquées il
yait nécessairement
unemise
enréserve de thiamine dans les tissus, étant donné que cette dernière est associée
auxenzymes actifs ; il
estpossible,
aucontraire, qu’à
mesureque s’accroît la rétention de thiamine,
sonélimination augmente dans les mêmes proportions et reflète ainsi l’activité métabolique de l’organisme. Dans le
casde la riboflavine, par contre, les variations relativement faibles de
sateneur dans l’organisme
sousl’effet d’une
carenceet
la relation de proportionnalité
entre sondépôt
etl’intensité de croissance démon-
trent une
fois de plus, à la suite des
travauxde B LUM (1 9 66), la solidarité étroite entre cette vitamine
etles protéines labiles du sérum qui sont susceptibles de la complexer
à l’état de flavoprotéines.
En définitive, l’administration
auRat de régimes plus
oumoins déficients
envitamines B,
ousimplement carencés
enthiamine
ou enriboflavine,
nous apermis de
m d
ntrer
que la consommation spontanée d’énergie, dans les conditions de l’alimenta- tion séparée, est déterminée pour
unelarge part par l’intensité de la protéinogénèse,
elle-même fonction de la sévérité de la
carencevitaminique selon des modalités
particulières à chacune des vitamines. Ceci semble exclure
uneintervention directe des vitamines
surl’appétit ;
cesdernières agiraient seulement indirectement
enrèglant le métabolisme. Il s’agit là d’un phénomène général d’ajustement de la consommation
d’énergie
enfonction du niveau du facteur limitant de la protéinogénèse.
Reçu Pour publication
enjuillet 1969.
SUMMARY
EFFECT OF SUPPLY OF VITAMINS B ON VOLUNTARY INTAKE OF ENERGY BY GROWING WHITE RATS
Three
experiments (A,
B andC)
were conducted with I55 male Wistay CF ratsafter weaning,
of initial
weights
from 50 to 70g, tostudy
the effects of more or less severemultiple deficiency
ofvitamins of the B
complex (Exp. A)
orsimple deficiency
of thiamine(Exp. B)
or ofriboflavine (Exp. C)
onvoluntary
intake of energy and metabolic utilization ofnitrogenous
and energy-supplying
nutrients. Afterthey
had beendepleted
of vitamins the rats were fed on themethod of separate
feeds. For thisthey
weregiven
in twoseparate
feed boxes :- a
protein
dietsupplying
afixed
amount ofprotein daily
in the form of devitaminized caseinsupplemented with
1.2gcystine in
the exp. A andL 8 9
in exp. B andC,
and three differentamounts of
vitamins,
a dosecorresponding
to the usual recommendations(group I),
one tenthof that amount
(group II)
or onetwentieth (group III) ;
- a
protein-free
diet based on saccharoseoffered
toappetite.
In exp. B
there
was a fourth group(IV)
in which the ratsgot
the normal amount of vitamins and the same amount of energy as those in group II(restricted
to onetenth).
At the end of the