Progrèsenurologie(2014)24,213—214
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ÉDITORIAL
Quelle définition pour l’hyperactivité vésicale réfractaire ?
How to define refractory overactive bladder?
MOTSCLÉS Hyperactivité vésicale; Hav; Réfractaire
KEYWORDS Overactivebladder;
Oab;
Refractory
L’hyperactivitévésicaleestdéfinieainsi:‘‘syndromecliniquedontlesymptômeclefest l’urgenturie,associantsouventpollakiurie,fuitessurimpériosité,nycturie’’[1].Leterme de «réfractaire» est défini ainsi dans le Petit Larousse 2013: «qui résiste à quelque chose, qui refuse d’obéirou de se soumettre». Il pourrait donc être facile de définir l’hyperactivitévésicaleréfractaire(HVR)commelarésistanced’unehyperactivitévésicale (HV)àuntraitementdepremièreligne[2].
Ceciesttoutefoisréducteurcarsil’HVcliniqueestparfoiscorrigée,sonfacteurphysio- pathologiquecommel’hyperactivitédétrusoriennepeutpersisterendemeurantunfacteur derisquecommeoucoursdesvessiesneurologiques.Ilestdoncprobablequelesdéfinitions del’HVRdoiventêtredéclinéesselonlaconditiond’HV(idiopathiquevsneurogénique).
D’autre part, leterme de«résistance»nécessitededéterminerdes bornes àpartir desquellesonconsidéreral’échec.Leproblèmedeladéfinitionsecomplexifieparlefait qu’iln’estpastoujoursaisédedéterminerle(oules)traitement(s)depremièreligne,et qu’enfindanscetypededéfinitionnesontpasprisencomptelespossibleseffetssecon- dairesdestraitementsquipeuventconduireàlesarrêteretdevantalorsfaireconsidérer lecaractère«réfractaire»del’HV.
Ilestusuellementadmisaucoursdesprotocolespharmaco-cliniquesqu’uneaméliora- tiondemoinsde50%delasymptomatologiedéfinitleseuilàpartirl’échecd’untraitement doitêtreconsidéré.Onpourraitdoncparlerd’HVRsil’améliorationestdemoinsde50%.
Maisdequel(s) symptôme(s)? lenombrede mictionsdiurnes?le nombred’épisodesde fuites?lacapacitévésicalefonctionnelleappréciéesuruncataloguemictionnel?lenombre demictionsnocturnes?l’améliorationdudélaidesécurité?toutoupartiedeces5items? Pourl’instant,aucunconsensusn’existesurcepoint.
Toutsecompliqueencoreavecl’appréciationdelagêneinduiteparl’HV.L’utilisation d’unscorecompositeprenanttoutàlafoisencomptelessymptômes,lagêneetlaqualité devie,pourraitdoncêtreintéressant.LePGI(PatientGlobalImprovement)enévaluant ledegréd’améliorationaprèstraitementrépondàcettedemandeavecuneborneseuil quipourraitêtreproposéecomme≤5/7(Alittlebetter/Nochange/Alittleworse/Much worse/Verymuchworse)pourparlerd’HVR[3,4].
1166-7087/$—seefrontmatter©2014ElsevierMassonSAS.Tousdroitsréservés.
http://dx.doi.org/10.1016/j.purol.2014.01.004
214 Éditorial La prise en compte d’éventuels effets secondaires est
indispensable dans l’évaluation de l’efficacité et ce tout particulièrementdansle cadred’une pathologiefonction- nelletellequel’HVidiopathique.L’améliorationéventuelle des symptômes, de la gêne, de la qualité de vie, peut êtretotalementremiseenquestionparl’existenced’effets secondaires dont on connaît par exemple l’extrême fré- quenceaucoursdestraitementsanticholinergiques.Detels effetssecondairesdoiventdoncêtreévalués,quantifiéset mis enbalance avec leseffets bénéfiquesdu traitement.
Il est possible d’utiliser des outils mais en règle spéci- fiques d’une classe pharmacologique donnée (telque par exemplelequestionnaireAQUApourletraitementanticho- linergique).Maisd’autresclassespharmacologiquesexistent oupeuventémerger,etd’autresstratégiesthérapeutiques nonmédicamenteusessontdisponibles(comportementales, rééducatives,chirurgicales)avectoutesdeseffetséventuel- lementdélétères,nécessitantàchaquefoisdesévaluations spécifiques.
Unscore globaltelque leTSQ (Treatment Satisfaction Questionnaire),unefois qu’ilsera validé, pourraitappor- teruneréponseglobaleàcettenécessairepriseencompte de la relation effet positif du traitement (en ordonnée) vs effets secondaires (en abscisse). Outre les effets sys- témiques de certains médicaments et des complications induitespar certaineschirurgies (douleurs, troubles fonc- tionnelspostopératoires), sepose encore le problème de la«contraintedesoins»vécueparlepatient(nécessitéde prendredesmédicamentsaulongcours)etdoncendéfini- tiveceluides«attentes»dupatiententerme deprise en chargethérapeutique.
Ladéfinitiondutraitementdepremièreligneetlahié- rarchiedestraitementsposentaussiproblème.Onpourrait se fonder sur les données de l’evidence based medecine etsurlesrecommandationsédictéesdessociétéssavantes [5].Lesmesureshygiéno-diététiques,lereconditionnement mictionnelet la rééducation périnéaleseraient ainsipro- bablement à privilégier avant de débuter un traitement médicamenteux. Mais ensuite? Quelle est la place dans l’algorithmethérapeutiquedel’électrostimulationtranscu- tanéedunerftibialpostérieuràlacheville?D’embléeou aprèslesanticholinergiques?Quelanticholinergiquechoisir enpremièreligne?Quelleestlaplace(actuelleetfuture) des bêta3agonistes? Ce n’est qu’après que se poseront d’autresquestions(placed’uneaugmentationdesdosesdes anticholinergiques,deleurassociation,placerespectivede laneuromodulation sacréeetdelatoxinebotulique intra- détrusorienne).
On voitbien ainsiqu’iln’existe àce jouraucune défi- nitionconsensuelledel’HVR.Lesdéfinitionsconsensuelles
futures,quandellesexisteront,serontsansnuldoutemou- vantesaugrédesmodes,desexpériences,del’émergence de nouvelles thérapeutiques et des forces économiques variéesoudelobbying.
Déclaration d’intérêts
Gérard AmarencoestconsultantpourAllergan,Astellaset Pfizer;speakerpourAllergan,Astellas,Pfizer,Rottapharm etColoplast.
XavierDeffieuxestconsultantpourAllergan.
Références
[1]Abrams P, Cardozo L, Fall M, Griffiths D, Rosier P, Ulmsten U,et al. Standardisation Sub-committee oftheInternational ContinenceSociety.Thestandardisationofterminologyoflower urinary tract function: report from the Standardisation Sub- committeeoftheInternational ContinenceSociety.Neurourol Urodyn2002;21:167—78.
[2]PhéV, de Wachter S, RouprêtM, Chartier-KastlerE. How to define a refractory idiopathic overactive bladder? Neurourol Urodyn2013.
[3]YalcinI,BumpRC.Validationoftwoglobalimpressionquestion- nairesforincontinence.AmJObstetGynecol2003;189:98—101.
[4]TincelloDG,OwenRK,SlackMC,AbramsKR.Validationofthe patientglobalimpressionscalesforuseindetrusoroveractivity:
secondaryanalysisoftheRELAXstudy.BJOG2013;120:212—6.
[5]ThüroffJW,AbramsP,AnderssonKE,ArtibaniW,ChappleCR, DrakeMJ,etal.EAU guidelinesonurinary incontinence.Eur Urol2011;59:387—400.
G.Amarencoa,∗,d,X.Deffieuxb,c,d
aServicedeneuro-urologieetexplorations périnéalesdel’hôpitalTenon,AP—HP,groupe hospitalierParis-Est,4,ruedelaChine,75020 Paris,France
bServicedegynécologie-obstétriqueetmédecine delareproduction,AP—HP,hôpital Antoine-Béclère,92141Clamart,France
cUniversitéParis-Sud,facultédemédecine,91405 Orsay,France
dGRCUPMC01GREEN,groupederecherche cliniqueenneuro-urologie,universitéParisVI UPMC,75013Paris,France
∗Auteurcorrespondant.
Adressee-mail:gerard.amarenco@tnn.aphp.fr (G.Amarenco) DisponiblesurInternetle4f´evrier2014