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Mémoire. Dans le cadre de la commission d examen du projet de construction d une usine de liquéfaction de gaz naturel. Présenté

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Dans le cadre de la commission d’examen du projet de construction

d’une usine de liquéfaction de gaz naturel

Présenté

au Bureau des audiences publiques en environnement à

M. Denis Bergeron, président M. Laurent Pilotto, commissaire

Par

Marie-Eve Sigouin

22 octobre 2020

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1 Rouyn-Noranda, 22 octobre 2020

Monsieur le président, Monsieur le commissaire, Chers analystes,

Mon nom est Marie-Eve Sigouin, je suis citoyenne de Rouyn-Noranda, en Abitibi-Témiscamingue.

C’est à titre individuel et non-partisan mais surtout à titre de citoyenne ayant à cœur le développement durable des régions du Québec que je m’adresse à vous aujourd’hui.

J’ai suivi avec attention la première partie des audiences du projet de construction d’un complexe de liquéfaction de gaz naturel (méthane) à Saguenay – Le projet Énergie Saguenay de GNL Québec.

J’ai tenté à chacune des séances de poser une question, mais sans succès. Je vous les ai transmis via le formulaire mais il semble que je n’en saurai jamais les réponses puisque je ne peux les retrouver dans les 200 documents déposés sur le site.

Malgré cette frustrante expérience, cette première partie des audiences m’a permis d’en apprendre davantage, mais également de me poser davantage de questions, sur les différents aspects du projet GNL. D’entrée de jeu, quelques éléments demanderaient davantage d’éclaircissement notamment les aspects de calcul des Gaz à effet de serre (GES) pour l’ensemble du projet (il me semble qu’il en manque des bouts), le transport maritime (qui est le responsable? GNL ou les sous-traitants?) ainsi que les marchés internationaux de GNL (Existent-ils? Pour combien de temps…Remplacer le charbon? Vraiment?) pour ne nommer que ceux-là. Loin de me rassurer, ces nouvelles informations/interrogations ont raffermi mon sentiment initial : ce projet ne doit tout simplement pas voir le jour et sa non-réalisation présenterait plus d’avantages que d’inconvénients.

Un projet coupé en deux, ne réduit pas la préoccupation par deux

Bien que le promoteur ait fait le choix de scinder son projet en deux pour le soumettre aux processus d’évaluations environnementales des différents paliers gouvernementaux (Énergie Saguenay et Gazoduq), mes préoccupations, elles, ne peuvent être scindées puisque je questionne la raison d’être même du projet dans son ensemble. Étant donné que, de l’aveu même du promoteur lors des audiences, chacune des parties du projet sont indissociables les unes des autres, nous nous devons de considérer les impacts cumulatifs, directs et indirects, de l’ensemble des composantes du projet : l’extraction du gaz méthane en Alberta par fracturation, son transport dans les milliers de km du vieux transcanada mainline, la construction du gros Gazoduq de 782 km, la construction et l’exploitation de l’usine de liquéfaction, le transport maritime et finalement la livraison sur les marchés.

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Les émissions de Gaz à effet de Serre (GES), en amont et en aval SVP

Donc. Un seul projet. Qui nous fait dangereusement dévier de la trajectoire que nous devrions suivre pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris. Pour prendre conscience à quel point on s’en éloigne, on doit calculer les émissions de GES à toutes les étapes ce qui a été amorcé dans l’analyse de cycle de vie (ACV) du CIRAIG. Le bien-fondé du projet est ma principale cause d’opposition, et bien qu’on se vante de faire économiser 28 Millions de tonnes de GES par année, d’autres hypothèses de calcul appuyées par la science mènent à conclure qu’il pourrait en émettre près de 50 Millions de tonnes par année! Quelle marge d’erreur!

À la lecture du rapport d’ACV du CIRAIG, il m’apparait pernicieux de qualifier les émissions de GES d’indirectes pour presque toutes les parties de ce projet sauf l’usine, car c’est comme si on se déresponsabilisait de ces émissions. Oui, les émissions sont indirectes, mais elles n’existeraient pas sans ce projet. Elles sont donc dépendantes et indissociables et doivent être considérées dans l’évaluation de l’impact des émissions de GES. Par ailleurs, il semble que dans son calcul, le CIRAIG ait grandement sous-estimé le % de fuites comme cela semble être courant dans ce type de projets1. Oui, mais l’usine sera carboneutre... À force de répéter cette ritournelle depuis 5 ans, l’équipe de communication a bien ancrée ce ver d’oreille dans la tête des gens. Mais qu’en est-il réellement? On propose, par acquis de conscience, de compenser avec de la plantation d’arbre potentielle, qui a, dans la plupart des programmes, des résultats mitigés2 alors que les émissions elles, seront bien réelles. Ah… et on ne compense que 0,4 Mt, donc, 400 000$/an, alors que si on voulait vraiment un projet Carboneutre, ça couterait plutôt 50 M$/an en compensation. On se doute bien qu’ils ne feront jamais ça. Et même s’ils le faisaient, les émissions de GES engendrées par l’ensemble du projet contribuent quand même aux bouleversements climatiques. Ils pourraient être compensés, mais jamais annulés.

Un élément qui est passé sous le radar lors de la commission est le fait que l’installation de ce pipeline a réellement le potentiel de « gazer » le Québec. Rendre disponible du gaz « pour la distribution » tant qu’à passer par là, tel que mentionné par Stéphanie Fortin lors des audiences, bien qu’ils ne se réclament pas d’être un service de distribution, pourrait être un scénario envisageable…et inacceptable. Cette éventualité pourrait entrer en compétition directe au développement de solutions énergétiques innovantes, à faible émission et beaucoup plus durable.

Alors je pose la question à la commission : Comment peut-on cautionner un tel projet alors qu’il nous éloigne de nos cibles de réduction de GES et qu’il base sa réussite sur l’échec de l’accord de Paris. Même si le GNL remplaçait réellement du charbon, est-ce que c’est vraiment le meilleur plan que de lui faire parcourir la moitié de la planète avant d’être consommé? Comment un tel projet peut-il prétendre s’inscrire dans la transition énergétique? Nous n’avons plus le temps de faire des transitions sur 50 ans… Nous devons agir. Maintenant. Et certainement pas en augmentant d’exportation du gaz de fracturation.

1Preindustrial 14CH4 indicates greater antropogenic fossil CH4 emissions. Hmiel et al. 2020. Nature. https://www.nature.com/articles/s41586-020-1991- 8.epdf?author_access_token=nAgXrNWvwuS5tm7y7rkectRgN0jAjWel9jnR3ZoTv0NsP7YL6bUMs5U2mb93hxThcvpa5YM_lcQfWqD6v5uOB1pFGgj6vWjIftC5 p7u6zQNHvjFa5OSveWI4n9RhyQwJExS_RsGzAdit2pUk_CPN0Q%3D%3D

2https://www.protegez-vous.ca/maison/credits-carbone

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Du développement? Vraiment?

Ne soyons pas dupes, malgré l’appropriation des termes « Saguenay » et GNL « Québec », les capitaux derrière ce projet proviennent bien d’intérêts étrangers et en ce sens, ne visent qu’une opportunité d’affaire et non de « développer » les régions qu’il traverse. On aura compris que James F. Illich et James W. Breyer convoitent une opportunité d’affaire dans un marché gazier où il y a une capacité de production et une faible capacité d’exportation de gaz méthane. Mais, ce n’est pas parce que ça peut se faire que c’est une bonne idée de le faire. Plus maintenant, pas à cette échelle. Pas dans le contexte climatique actuel. Est-ce qu’une exploitation massive du gaz méthane ne nous mènera-t-elle pas à mettre la planète « K.O » pour le climat? Certains chercheurs pensent que oui3. Alors si on ne réalise pas le projet, qu’est-ce qu’on fait? Qu’est-ce qui va arriver en Abitibi, en Mauricie, au Saguenay si le projet ne se réalise pas? Et bien, rien de très grave. Les régions ont bien démontré qu’elles étaient prêtes à faire de la place aux projets qui fournissent des emplois à leur monde. Et pourtant, la pénurie de main d’œuvre continue de se faire sentir, même avec le ralentissement causé par la pandémie. Actuellement, la région de l’Abitibi-Témiscamingue fait face à une pénurie de main d’œuvre qui affecte de beaucoup les services de proximités et particulièrement les PME. De nombreuses entreprises doivent réduire leurs heures d’ouverture, la gestion des ressources humaines pose de réel défi et la qualité des services s’en voit impactée.

L’argument que le projet aurait comme impact positif la création d’emploi ne risque en fait que d’exacerber la problématique actuelle de cette pénurie. Un pendant à cette situation est la pénurie de logement qui frappe aussi la région. Des loyers hors de prix, très peu de disponibilité et des logements en mauvais état s’ajoutent et l’arrivée de travailleurs qui proviendrait d’ailleurs au Québec ne risque que d’alimenter cette problématique.

Solution? Fly In Fly Out. Et ça, ça tue les familles. Et fait pas mal d’émissions supplémentaires de GES au passage.

Dans tous les plans de développement concoctés par nos gouvernements et les industries lourdes, avons-nous déjà considéré qu’un projet avec moins de Fly In Fly Out pourrait permettre de contribuer au tissu social et pas juste à louer des chambres d’hôtels? Peut-être qu’un projet plus équitable au niveau des genres serait souhaitable et permettrait d’attirer des familles où les hommes ET les femmes pourraient avoir des emplois décents? Et si on faisait autre chose que construire une usine : peut-être que des emplois en construction pourraient servir à réparer nos centaines d’écoles qui ont besoin d’un coup de pinceau, des hôpitaux désuets, des routes en piteux état, des CHSLD. Les 250 emplois promis à la clé du projet GNL pourraient facilement être 5 PME familiales réparties sur le territoire permettant de contribuer aux communautés pour vrai. Oui, il y a une vie sans le projet de GNL. Et elle est certainement plus belle.

3 http://productiongap.org/2019report/

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Soyons cohérents mais surtout responsables

J’en appelle à la cohérence du gouvernement pour prendre les décisions politiques et économiques en respectant ses engagements notamment à l’égard du développement durable mais également dans la lutte aux changements climatiques. Alors que nous demandons à tous les citoyens de faire leur part en roulant électrique ou en transport en commun, de rénover les maisons pour ne pas gaspiller d’énergie, de recycler…etc…on annulerait d’un coup, avec cet unique projet, tous nos efforts collectifs? Bonne chance pour la mobilisation après ça!

« Je me souviens » - le gouvernement doit se rappeler que les québécois n’ont pas voulu d’Énergie Est, ont mis un moratoire contre l’exploitation du gaz de schiste, se sont opposé à Pétrolia en Gaspésie, à l’exploration gazière sur Anticosti. Il est contre-productif pour les citoyens de devoir refaire encore et encore les mêmes démarches pour dire au gouvernement que les énergies fossiles, il faut leur trouver des alternatives. Et surtout ne pas continuer d’investir des sommes aussi colossales là-dedans et de structurer leur exploitation pour les prochaines décennies. Le projet GNL, c’est non.

La suite?

En Abitibi, en Mauricie comme au Saguenay, la porte sera grande ouverte pour le développement des collectivités vers d’autres projets plus porteurs, plus durables, plus verts et qui, surtout, contribuent réellement au tissu social. Le grand dialogue qui vient d’être lancé au Saguenay est une démarche prometteuse qui permettra, je l’espère, de colmater la fracture sociale que le projet a déjà bien amorcé et rassemblera les gens autour d’un avenir attractif qui donnera le gout à notre monde de revenir vivre en région.

Pour toutes ces raisons, ainsi que pour toutes celles que vous recevrez au cours de cet exercice, j’implore la commission de conclure à un avis défavorable au projet de construction d’un complexe de liquéfaction de gaz naturel à Saguenay. La planète n’a rien à y gagner.

Marie-Eve Sigouin

Citoyenne, Rouyn-Noranda

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