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Le rôle des tufs pour la détermination des climats anciens

PITTARD, Jean-Jacques

PITTARD, Jean-Jacques. Le rôle des tufs pour la détermination des climats anciens. Revue polytechnique , 1943, p. 3-8

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:142133

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SOCIÉTÉ SUISSE DE SPÉLÉOLOGIE

Le rôle des tufs

pour la détermination des climats anciens.

PAR

Jean-J. PITTARD, Dr ès sciences

Extrait de La Revue Polytechnique,

Bulletin de la Société Suisse de Spéléologie, du 25 mai 1943

GENÈVE

IMPRIMERlE DE LA TRIBUNE DE GENÈVE Rue du Stand, 42

r943

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LE ROLE DES TUFS POUR LA DÉTERMINATION

DES CLIMATS ANCIENS

par J.-J. PITTARD, Dr ès sciences

Les eaux d'infiltration, se minéralisant au cours de leur circulation souterraine, sont causes de l'édification de diverses constructions calcaires telles que tufs, travertins, concrétions, stalactites, stalagmites, etc., dont l'étude a permis de poser plusieurs problèmes concernant la chronologie biologique et les climats des temps préhistoriquE>s.

On a essayé d'établir une chronométrie en étudiant la vitesse plus ou moins grande d'accroissement des stalactites et des stalàgmites. La connaissance de cette dernière aurait permis de fixer une date approxi- mative à certains événements, eux-mêmes datés - relativement - par les techniques du Paléolithique.

Un auteur anglais, Vivian, étudiant à ce point de vue la grotte de Kent, près de Torquay (Devonshire), a admis, pour la période moustérienne, une durée de 364.000 ans.

Martel reprenant l'examen des formations · stalag- mitiques dans une autre grotte anglaise, celle d'Ingle- borough, a montré que leur augmentation est de valeur extrêmement variable (de 0,001 m. 0,007 m.

par an). Si nous utilisons ces chiffres pour calculer les accroissements dans la grotte de Kent, nous obtenons des résultats absolument inacceptables:

364 m . d'épaisseur dans un cas et 2548 m. dans l'autre.

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D'autres auteurs se sont attachés à cette recherche.

Marcel de Serres assure que dans une grotte du Gard (la grotte des Demoiselles), un objet laissé 35 ans auparavant était recouvert d'une couche stalagmi- tique de 0,06 m. En un siècle (en faisant abstraction des phénomènes de dissolution et de reformation) , l'épaisseur aurait été de 0,17 m., soit de l ,70 m. en

1000 ans. Or, dans la grotte de Gargas (Hautes- Pyrénées), un foyer nettement défini comme auri- gnacien était recouvert par une couche stalagmitique de 0,40 m. à 0,60 m. Un crâne de bison y était engagé.

La période aurignacienne est peut-être de 25 .000 ans - au moins - en arrière de nous. Cette longue période de temps a été nécessaire pour créer un enduit stalag- mitique dont l'épaisseur n'est que de 0,40 m. à 0,60 m.

A la vitesse de développement relevée dans la grotte des Demoiselles, la couche stalagmitique recouvrant les débris aurignaciens aurait dû avoir plus de 42 m. 50

d'épaisseur !

On voit l'étendue des variations constatées et, par conséquent, l'impossibilité d'utiliser les formations stalagmitiques comme chronomètre .

. Par contre, les concrétions que déposent générale- ment les eaux souterraines à leur point d'émergence vont nous donner des renseignements très intéressants pour la détermination des climats anciens et pour une meilleure connaissance des successions biologiques.

Les travertins, les tufs, ont été au Quaternaire des conservatoires biologiques et archéologiques infiniment précieux. Ils ont enfermé dans leur masse, au fur et à me- sure de leur formation, des restes de plantes, d'animaux, des restes d'industries et même des débris humains.

Ils sont ainsi devenus des archives auxquelles nous nous adressons lorsque nous voulons connaître la succession des événements climatiques et biologiques que le Quaternaire a inscrits dans ses annales.

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La préhistoire - G. de Mortillet a été l'un des premiers· à le faire remarquer - doit un grand nombre de documents démonstratifs à ces roches. En voici quelques exemples:

100 m.

A. Alluvions pléis.tocènes

ô. Alluvions modernes

So "'·

Coupe au travers des terrains de La Celle-sous-Moret montrant la position du massif de tuf recouvrant des alluvions pléistocènes.

Ce sont les restes végétaux retrouvés dans les tufs de La Celle-sous-Moret (Seine-et-Marne) qui ont fait

·connaître pour la première fois, indubitablement, le climat chaud de la période chelléenne en France. On a rencontré, dans ces terrains, l'arbre de Judée, le figuier sauvage et le laurier des Canaries qui ne peuvent vivre à l'état spontané dans les mêmes régions.

En même temps, ces tufs, dans la suite de leur formation, nous ont révélé une modification du climat par la présence du saule cendré et du frêne commun qui ne s'accommodent pas d'une température élevée.

Ainsi on voit le climat s'abaisser régulièrement : il sera bientôt celui de l'invasion glaciaire du Moustérien.

La faune de . cette période chelléenne où se ren- contrent l'hippopotame, l'éléphant antique et le rhinocéros de Merck s'accorde, chronologiquement, avec la flore des tufs pour nous mettre en face du climat le plus chaud que les hommes du Quaternaire ont connu.

La Celle-sous-Moret a livré aussi des produits de l'industrie humaine. Dans le tuf même, le propriétaire de la carrière découvrit, pendant l'hiver r893-r894,

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puis durant l'été 1895 des outils de silex: ce sont des coups de poing chelléens. 32 spécimens ont été re- cueillis. La: plupart ont été déposés à l'Ecole d'An- thropologie de Paris.

La Celle-sous-Moret n'est pas le seul endroit où un tel enseignement puisse nous être donné par l'examen en stratigraphie des tufs.

On sait que la Provence est riche de dépôts tufeux.

Et ceux-ci sont parfois d'une réelle importance. Ainsi dans le Queyras (Hautes-Alpes), à Fontgillarde, il y a des nappes de tuf dont la longueur est de 2 kilomètres et l'épaisseur de 50 à 150 m.

Le tuf des Aygalades, près de Marseille, montre une faune analogue (molaires et ossements d'Elephas antiqitits) à celle rencontrée à La Celle-sous-Moret, et aussi une flore de même qualité (figuier et laurier des Canaries) .

Le tuf de Meyrargues, près d'Aix, contient des restes de figuier, de laurier des Canaries, de Vitis vinifera. Et, dans la même région, le tuf de Saint- Antonin renferme des silex de la période magda- lénienne.

Silex de type Chelléen provenant du tuf quaternaire de La Celle-sous-Moret.

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. Au col du Lautaret, près de Briançon, à 2075 m.

d'altitude, les tufs présentent des empreintes d'un aulne qui, aujourd'hui, ne pousse jamais plus haut que r8oo m. ·

Dans.le Queyras, dont on sait l'altitude moyenne élevée,- on a trouvé des empreintes de végétaux ne pouvant se développer qu'à une altitude inférieure à

500 mètres. De Saporta a signalé à Barcillonnette (764 m. d'alt.) la présence de Vitis vinifera, ce qui indique l'existence, en ce lieu, au Quaternaire, d'un .climat plus chaud.

D'autre part, on sait l'intérêt de premier ordre·

qù'offrent, pour connaître la succession des climats, l'étude des mollusques. Ceux-ci sont particulièrement nombreux en espèces et en individus dans ces tufs de Provence. Et cette richesse même est intéressante à souligner car elle peut servir à expliquer un état climatique et biologique particulièrement favorable.

V. Cotte assure que dans les Hautes-Alpes, au col de Bayard (vers r300 m. d'alt.), un décimètre cube de tuf peut contenir jusqu'à 3.000 et 4.000 coquilles de V alvata cristata M iil.

Ailleurs qu'en France, nous trouvons, dans les mêmes formations, les mêmes renseignements. Au

Feuille et fruit de figuier trouvés dans le tuf quaternaire de La Celle-sous-Moret.

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sud-est de Weimar, la station de Taubach, située sur une terrasse dominant de IO mètres environ la vallée de l'Ilm, est constituée par des foyers quaternaires cimentés d'un tuf calcaire. Les empreintes végétales contenues dans celui-ci ont permis de reconnaître le laurier, le bouleau, des conifères. Ces plantes indiquent un climat moins doux que celui de La Celle-sous- Moret. Parmi les espèces animales on a rencontré l'éléphant antique, le rhinocéros de Mer.ck, l'hyène des cavernes, le castor, etc. L'outillage en silex, en porphyre, en jaspe, est atypique. Il est probable que.

les chasseurs de Taubach n'avaient pas à leur dis- position les gros rognons de silex, communs en d'autres régions.

Proche de Weimar, une autre station, Ehringsdorf, montre un même dépôt de tuf que Taubach. En 1914 et en 1916, on y a découvert des restes humains mêlés à des silex taillés, rapprochés des types mous- tériens, et à des ossements du rhinocéros de Merck, de l'ours brun, du cheval, de l'élan, etc.

Cette faune - malgré la présence du rhinocéros de Merck - et cet outillage, accordent à la station d'Ehringsdorf une antiquité moins grande que celle de Taubach. Et nous pourrions multiplier de telles rencontres démonstratives.

On voit ainsi le double rôle que jouent les formations de tuf et de travertin dans l'architecture même de.la surface terrestre et dans la conservation de documents

·utiles pour connaître les climats et la biologie du passé 1 .

1 On peut consulter, entre autres : G. et A. de Mortillet, Le Préhistorique, 3me édition, Paris, 1900 ; J. Déchelette, Manuel d'Archéologie préhistorique, Paris, 1908; M. Boule, Les Hommes fossiles, 2me édition, Paris, 1923; V. Cotte, La Provence pléistocène, Aix-en-Provence, 1920.

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