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Irréductibilité des polynômes cyclotomiques sur Q

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Academic year: 2022

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Irréductibilité des polynômes cyclotomiques sur Q

Leçons : 102,120, 125, 141,144

Définition 1

Soitkun corps,Kn le corps de décomposition dePn=Xn−1. On noteµn(Kn)le groupe des racines dePndanskn etµn(Kn)l’ensemble de ses générateurs. Len-ième polynôme cyclotomique est

φn,k= Y

ζ∈µn(Kn)

(Xζ)Kn[X].

On noteφn =φn,Q

On rappelle queφn,kk[X], queXn−1=Q

d|n

φd,k(X)et queφn,k est de degréφ(n). Proposition 2

On aφn∈Z[X]et sikest un corps,σ:Z→kle morphisme canonique,φn,k=σ(φn). Théorème 3

Le polynômeφn est irréductible surZet surQ.

Démonstration.Soit K corps de décomposition de φn sur Q, ζK une racine primitive n-ième de l’unité. Soit p premier ne divisant pasn.

Étape 1:ζpest aussi une racine primitiven-ième de l’unité. En effet, siup+vn=1 est une relation de Bézout entre pet n, on aζ= (ζp)un)v= (ζp)u.

Étape 2: Soient f et g les polynômes minimaux respectifs deζetζp surQ. Ecrivons la décomposition en facteurs irréductibles deφnsurZ:φn=Qr

i=1

fiαi. Commeφnest unitaire, il en va de même des fi quitte à multiplier par−1. De plus,ζétant racine deφn,ζest racine d’un des fi de sorte que fi = f par minimalité de f. En particulier f ∈Z[X]et est unitaire et il en va de même pour g.

Étape 3: Montrons par l’absurde que f =g. Si ce n’est pas le cas, f et g sont premiers entre eux donc par le lemme de Gauss, f g divise φn dans Z[X]. De plus, gp) =0 donc

f(X) divise g(Xp)dans Q[X] : g(Xp) = f(X)h(X),h ∈ Q[X]. En écrivant h = a

bh1h1 polynôme entier primitif, on voit en comparant le contenu de part et d’autre de l’égalité que h∈Z[X].

Réduisons maintenant modulo p : si g(X) = asXs+· · ·+a0, alors si g est la réduction modulo p de g, on a

g(Xp) =asXps+· · ·+a0=aspXps+· · ·+a0p= (g(X))p par linéarité de l’extension du morphisme de Frobenius àFp[X].

Soit ϕ un facteur irréductible de f dans Fp[X]. Alors comme g(X)p = f(X)h(X), on a par le lemme de Gauss,ϕ|g(X). Comme f(X)g(X)diviseφn,φn a un facteur double dans Fp[X]. Mais selon la proposition préliminaire,φn =φn,Fq qui n’a pas de racine multiple dans son corps de décomposition donc pas de facteur double. Ayant abouti à une contradiction, on conclut que f =g.

Étape 4 : conclusion. Soitζ0une racine primitiven-ième de l’unité. De même que dans l’étape 1, on aζ0=ζmmest premier avecn. Ainsi, sim=Qr

i=1

pαiiest la décomposition dem

Gabriel LEPETIT 1 ENS Rennes - Université Rennes 1

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en facteurs premiers, aucun despine divisen. Par une récurrence immédiate s’appuyant sur le résultat de l’étape 3, on obtient que le polynôme minimal deζ0surQest f. En particulier, f annule toutes les racines primitivesn-ièmes de l’unité donc, puisque f est unitaire entier et diviseφn, f =φn.

Il est intéressant de prolonger l’étude dans les corps finis, bien que cela dépasse le cadre du développement proprement dit.

Proposition 4

Soit k=Fq[X], nun entier premier avec q et r l’ordre de [q]dans (Z/nZ). Alorsφn,k

est un produit de facteurs irréductibles simples, tous de degré r.

Démonstration.Le fait que φn,kest à facteurs simples a déjà été établi dans la démonstra- tion du théorème.

Soit P un facteur irréductible de φn, s son degré. Notons K = k[X]/(P) un corps de rupture de P. Celui-ci est de cardinal qs donc ∀xK,xqs1 =1. De plus, il contient une racineζde P, donc deφn,k=φn,K. Donc ζest une racine primitive n-ième de l’unité deK, de sorte que n| qs−1 puisque nest l’ordre deζ dans K. D’où qs ≡1[n] et comme r est l’ordre multiplicatif de[q], r divises.

Par ailleurs, n| qr−1 par définition de r donc ζqr =ζ: ζappartient au sous-corps L deK constitué des racines deXqrX dansK (cf construction des corps finis). Commeζest un générateur du groupe des racinesn-ièmes de l’unité dans un corps de décompositionKn de Xn−1 et KKn,ζ engendre K, d’où K =k[ζ]. De même, L =k[ζ] donc K = L. En particulier, Card(K) =qsqr doncsr, et finalements=r.

Corollaire 5

Le polynômeφn,Fq est irréductible si et seulement siqengendre(Z/nZ).

Remarque. • L’exemple deφ7 =1+X +· · ·+X6 montre la complexité de la situation sur les corps finis. Modulo 2,φ7= (1+X+X3)(1+X2+X3)n’est pas irréductible.

• Une première application est la description du groupe de Galois Gal(Q(ζ)/Q)pourζ racine primitive n-ième de l’unité. Une conséquence immédiate du théorème est que φn est le polynôme minimal deζet[Q(ζ):Q] =ϕ(n).

Soit le morphisme de groupes j: (Z/nZ) −→ Gal(Q(ζ)/Q) [m]n 7−→ σm:ζ7→ζm

. Il est injectif car si j([m]) = id, on a ζm =ζ donc ζm−1 =1 et commeζest primitive, m≡1[n]. De plus, les racines de φn dans Q(ζ) =Q(Un) sont lesζk pour kpremier avec net tout Q-automorphisme envoie une racine du polynôme minimalφn deζsur une autre, ce qui prouve la surjectivité. Ainsi Gal(Q(ζ)/Q)'(Z/nZ).

• Pour la culture, une (lointaine) application de l’irréductibilité deφnest le théorème de la progression arithmétique de Dirichlet, et plus généralement le théorème de densité de Chebotarev qui s’appuie sur la structure du groupe de Galois Gal(Q(ζ)/Q).

Références :

• Daniel PERRIN(1996). Cours d’algèbre. Ellipses, p. 79.

• Michel DEMAZURE(2008). Cours d’algèbre. Cassini, p. 206.

Gabriel LEPETIT 2 ENS Rennes - Université Rennes 1

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