HAL Id: tel-00011901
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Astrid Lambrecht
To cite this version:
Astrid Lambrecht. Atomes froids et fluctuations quantiques. Physique Atomique [physics.atom-ph]. Université Pierre et Marie Curie - Paris VI, 1995. Français. �tel-00011901�
DE
L’ECOLE
NORMALE
SUPERIEURE
LABORATOIRE
KASTLER
BROSSEL
PARIS
6Thèse de doctorat de
l’Université
Pierre
etMarie
Curie
Spécialité : Physique Quantique
présentée
parAstrid
LAMBRECHT
pour obtenir le titre de Docteur de l’Université Pierre et Marie Curie
Sujet
de la thèse:ATOMES
FROIDS ET
FLUCTUATIONS
QUANTIQUES
Soutenue le 15 mai 1995 devant le
jury
composé
de :M.
S.
HAROCHE(Président)
M. A.ASPECT
Mme. E.GIACOBINO
M. Ph.GRANGIER
M. T.HÄNSCH
M. L.LUGIATO
DE
L’ECOLE NORMALE
SUPERIEURE
LABORATOIRE
KASTLER
BROSSEL
PARIS
6Thèse de doctorat de l’Université Pierre
etMarie Curie
Spécialité :
Physique Quantique
présentée
parAstrid LAMBRECHT
pour obtenir le titre de Docteur de l’Université Pierre et Marie Curie
Sujet
de la thèse:ATOMES
FROIDS
ET
FLUCTUATIONS
QUANTIQUES
Soutenue le 15 mai 1995 devant le
jury composé
de :M. S.
HAROCHE
(Président)
M. A. ASPECT
Mme. E.GIACOBINO
M. Ph.GRANGIER
M. T.HÄNSCH
M. L.LUGIATO
and likewise
anyone
who
receives
it,
in the
belief
that
such
writing
will be
clear
and
certain,
must
be
exceedingly simple-minded...
"Supérieure
à 1995. Je remercie ses directeurs
successifs, Jacques Dupont-Roc
et MichèleLeduc,
dem’y
avoiracceuillie,
mepermettant
ainsi de travailler dans un environnementscienti-fique exceptionnel.
Durant ces troisannées j’ai bénéficié
du soutienfinancier
du M.R. T. Elisabeth Giacobino m’aproposé
lesujet
de la thèse et adirigé
mon travail. Ellem’a donné la
possibilité d’effectuer
mes recherches dans des conditionsremarquables
etde
m’intégrer
trèsrapidement
dans la communautéscientifique
internationale.Souvent,
elle m’a remonté le
moral,
surtoutpendant
lalongue période
oùl’expérience
ne marchaitpas. Je voudrais la remercier chaleureusement pour sa
confiance
et son soutien.J’ai eu la
grande
chance de pouvoir travailler avecSerge
Reynaud pendant
lader-nière année de ma thèse. Sa
compréhension
et saremarquable
intuition desphénomènes
physiques,
ainsi que son enthousiasmecommunicatif,
ont été essentiels pour moi. Jevoudrais lui exprimer ici ma
profonde
reconnaissance pour sadisponibilité
et sa pré-senceamicale,
qui ont été pour moi une aideincomparable.
Jean-Michel
Courty
a assuré la continuité del’expérience après
ledépart
deLau-rent Hilico. Il a
accompagné
mes premiers pas dans laphysique expérimentale
et aété
toujours disponible
pourrépondre
à mes nombreusesquestions
avecbeaucoup
depatience
et degentillesse.
Je tiens à l’en remercier vivement.J’ai
beaucoup
profité
descompétences
et de lagrande disponibilité
de Claude Fabreet Antoine Heidmann. Les nombreuses discussions que
j’ai
eues avec eux ontpermis
derésoudre
beaucoup
deproblèmes.
Je suis reconnaissante pour leurgrande disponibilité
et le caractère
agréable
de ces discussions.Lors de mon
arrivée,
Laurent Hilico m’a initiée aux secrets de laphotodétection
du bruit
quantique.
Depuis septembre
1994,
Thomas Coudreau a commencé sa thèsedans notre groupe et a repris
l’expérience
avec AvecAephraim Steinberg
qui afait
unséjour
post-doctoral
dequatre
mois. J’ai eubeaucoup
deplaisir
à travailler avec eux.Je tiens à exprimer ma
gratitude
envers tous les autres membres del’équipe Optique
Quantique:
Francesca Grassia. YassineHadjar,
MischaKolobov,
PauloMaia-Neto,
Michel
Pinard,
ChristianRichy,
CatherineSchwob,
AlbertoBramati,
Katsuyuki
Kasaiet Francesco Marin. La très bonne ambiance qui
règne
dans ce groupe crée un climatstimulant et
agréable.
Serge
Haroche,
AlainAspect,
Philippe Grangier.
Theodor Hänsch etLuigi Lugiato
ontaccepté
defaire
partie
du jury. Je
suis honorée de l’intérêtqu’ils
ont ainsimanifesté
pour mon travail.
J’ai
fréquemment
sollicité le concours des techniciens et desingénieurs
dulabo-ratoire. Je tiens en
particulier
à exprimer toute magratitude
à Francis Tréhin pour sagentillesse
et sonefficacité. J’an
aussibeaucoup apprécié
l’accueil que m ont réservél’équipe technique,
Merci à tous ceux
qui
ont,
par unconseil,
unprêt
ou uneidée,
contribué ausuc-cès de mon travail. Fritz Haake m’a
encouragée
à venir à Paris. Jean Dalibard etChristophe
Salomon m’ont aidée à maîtriser latechnique
despièges.
Mark Levenson etDerek
Stacey
ont aussifait
des remarques très utiles pourl’expérience
durant leursé-jour
à Paris. GertIngold
a amicalement constitué pour moi un serviced’urgence
Latex(24h/24).
Je remercieDominique
Delande pour lagentillesse
aveclaquelle
il m’a aidéepour des
problèmes d’informatique.
Je suis aussi reconnaissante pour laconfiance
et lacompréhension qu’il
amanifestées
envers moi.Je tiens
également
à remercier les membres des autres groupes dulaboratoire, qui
m’ontfait
bénéficier
de leurexpérience
d’une manière trèssympathique.
Les visiteursAndreas
Buchleitner,
MischaKolobov,
PauloMaia-Neto,
Jérôme Mertz et KubaZa-krzewski ont
beaucoup
facilité
mon insertion dans le laboratoire. AvecSybille
& VahidSandoghdar,
Francesca Grassia et Jakob Reichel ils ont constitué un réseau amical etm’ont
accompagnée
dans ma découverte de Paris.Pour
terminer, je
remercie très chaleureusement mafamille
pour m’avoiroffert
un soutien moral souvent nécessaire. Pendant cettepériode, j’ai
aussi pucompter
sur mes amis à Paris eT ailleurs. C’esT à eux queje
dédie ma thèse.Table des matières
1 Introduction 1
2 Fondements
théoriques
et motivations 72.1 Le bruit
quantique
... 72.1.1
L’inégalité
deHeisenberg
pour lechamp électromagnétique
.... 72.1.2 Les états cohérents ... 8
2.1.3 Les états
comprimés
... 82.1.4
Représentation
dansl’espace
dephase
... 92.1.5 Détection
homodyne
du bruitquantique
... 92.2 Réduction du bruit par effet Kerr ... 12
2.2.1 Introduction ... 12
2.2.2 L’effet Kerr idéal ... 13
2.2.3 L’effet Kerr avec un milieu réel ... 18
2.2.4 Le milieu
atomique
expérimental
... 213
Montage
expérimental
et résultatspréliminaires
25 3.1 Introduction ... 25 3.2 Le laser ... 25 3.2.1 La cavité laser ... 25 3.2.2 L’asservissement ... 27 3.3 Lepiège
magnéto-optique
... 28 3.4 La cavité ... 29 3.4.1 Premièreconfiguration
... 30 3.4.2 Deuxièmeconfiguration ...
31 3.4.3Adaptation
de modes ... 313.5
Réglage
dusystème
bistable ... 313.6 La détection
homodyne
... 333.6.1 Réalisation
expérimentale
... 333.6.2 Détecteurs de bruit ... 34
3.6.3
Equilibrage
des détecteurs ... 373.6.4 Rendement pour la mesure ... 37
3.7 Résultats
expérimentaux ...
393.7.1 Choix des
paramètres ...
393.7.2
Signaux
observés ... 433.8 Conclusion ... 44
4 Amélioration de
l’expérience
47 4.1Coupure
des faisceauxpièges
... 474.2 Observation des instabilités ... 48
4.2.2
Reproduction
de l’article"Optical
nonlineardynamics
with coldatoms in a
cavity"
(Opt.
Comm. 115 199(1995))
... 504.3 Conclusion ... 59
4.4
Coupure
duchamp
magnétique
... 604.5
Prépompage
optique
des atomes ... 624.6 Modifications du
montage
expérimental
... 624.6.1
Montage
etéquilibrage
des détecteurs ... 624.6.2 Le modulateur
acousto-optique:
une source d’excès de bruit .... 654.6.3 Nouveau
montage
... 665 Mesures du bruit
quantique
69 5.1 Procédureexpérimentale
... 695.2 L’influence des constantes de
temps ...
705.2.1 La bande
passante
d’analyse
... 715.2.2 Le filtre vidéo ... 73
5.3 Traitement du
signal
... 765.3.1 Restauration des
spectres
... 765.3.2 Transformation en
puissance
de bruit ... 785.4 Mesures de la réduction du bruit ... 79
5.4.1
Reproduction
de l’article: "Cold atoms: A new medium for quan-tumoptics" (Appl. Phys.
B60 129(1995))
... 835.4.2
Comparaison
entre théorie etexpérience
... 895.5 Conclusion ... 90
6 Etude
théorique
91 6.1 Introductiongénérale
... 916.2 Le traitement par la méthode de la
réponse
linéaire ... 936.2.1 Introduction ... 93
6.2.2 Traitement du
système
bistable ... 946.2.3 Résultats
généraux
de la théorie de laréponse
linéaire ... 1026.2.4
Expressions
analytiques
... 1036.2.5
Analyse
linéaire de stabilité etspectres
théoriques
... 1046.2.6 Insuffisance du traitement ... 109
6.3 La variation du nombre d’atomes ... 110
6.3.1
Description
du modèle ... 1106.3.2
Reproduction
de l’article "Atomic number fluctuations in afalling
cold atom cloud"(soumis
àPhys.
Rev.A)
... 1126.3.3 Conclusion ... 135
6.4 Traitement de la structure transverse ... 137
6.4.1 Introduction au
problème
et motivations ... 1376.4.2
Reproduction
de l’article "Effect of transverse mode structure onsqueezing
with two-level atoms"(soumis
àPhys.
Rev.A)
... 1396.4.3 Traitement de l’onde stationnaire ... 169
6.5 Limitations du modèle à deux niveaux ... 174
6.5.1
Introduction ...
1746.5.2 Perturbations liées au faisceau du repompage ... 174
6.5.3 Perturbations liées aux faisceaux
pièges ...
1796.5.4
Conclusion ...
1807
Synthèse
des résultats 183 7.1 Introduction ... 1837.2 Présentation des
spectres
théoriques
etexpérimentaux
... 1847.2.1
Ajustement
théorique ...
1847.2.2
Reproduction
de l’article"Squeezing
with coldatoms",
(soumis
àPhys. Rev. Lett.)
... 1857.2.3 Influence du faisceau de repompage ... 203
7.2.4 Réduction du bruit en
présence
dupiège
... 2047.3 Conclusion ... 206
8 Conclusions et
perspectives
209Appendices
215 A. Accord de mode de la cavité ... 215B.
Pompage
optique ...
219C. Bistabilité et mesure du nombre d’atomes ... 223
D. Liste des coefficients Clebsch-Gordan ... 226
1
Introduction
Le
concept
de fluctuationsquantiques
duchamp
électromagnétique
est apparuen même
temps
que lamécanique quantique
sedéveloppait.
En1900,
Planck émitl’hypothèse
desquanta
d’énergie
pourcomprendre
leproblème
durayonnement
ducorps noir
[1].
Einsteinreprit
cette idée en 1905 afind’expliquer
l’effetphotoélectrique
[2],
puis
en 1909 pour évaluer la force de friction subie par un miroirqui
sedéplace
dans un
champ thermique
[3]
enappliquant
sa théorie du mouvement brownien[4].
Ces divers effets sont directement liés au
concept
dephoton,
c’est à dire au caractèrecorpusculaire
de la lumière.Dès
1912,
Planck introduisit la notiond’énergie
depoint
zérocorrespondant
à uneénergie
d’undemi-photon
par mode duchamp électromagnétique
[5].
Cettenotion,
si
étrange
à cetteépoque,
donna lieu à controverses. Ce fut Nernstqui
lepremier
en1916
suggéra
quel’espace
libre est entièrementrempli
par unchamp électromagnétique
fluctuant
qui
correspond
à cetteénergie
depoint
zéro[6].
En 1925
Heisenberg
obtint pour lapremière
foisl’énergie
depoint
zéro d’un oscil-lateur àpartir
de la nouvellemécanique quantique, qu’il
était en train d’inventer[7].
Il démontra aussi les fameuses relations d’incertitude
[8]
qui, appliquées
aux modes duchamp
électromagnétique,
impliquent
l’existence de fluctuationsquantiques
duchamp,
même dansl’espace
vide. Ces relations interdisent de définir avec uneprécision
infinieles deux
composantes
duchamp
électrique
qui
sont des variablesconjuguées.
Dirac éta-blit ensuite ladescription quantique
duchamp électromagnétique,
qui
resteaujourd’hui
encore la base de
l’Electrodynamique Quantique
[9].
De nombreuses
conséquences
physiques
de ces fluctuations duchamp
dans le videont été étudiées au cours des années. comme l’émission
spontanée.
les forces de vander Waals ou de Casimir. le
déplacement
de Lamb, mais laquestion
de l’observabilitédirecte de ces fluctuations est
longtemps
restée ouverte[10-12].
Ce n’est que vers la fin de ce siècle que les
physiciens
se sont trouvés confrontés à cesfluctuations
quantiques
comme une limitation réelle de laprécision
d’une mesure. Pourla
plupart
des mesures, les fluctuationsquantiques
sont cachées par des fluctuationsclassiques
dues auxperturbations
de l’environnement dusystème
à mesurer ou auximperfections
del’appareil
de mesuie. Néanmoins dans deux domaines de laphysique,
l’optique quantique
et laphysique
micro-onde, il existe maintenant des mesures de trèsOn a
pensé pendant
longtemps
que les fluctuationsquantiques
constitueraient unelimite
infranchissable.
Des étudesthéoriques
ont néanmoins montré que cettelimite,
dite limite
quantique
standard[13,14],
peut
être contournée[15-17].
Commel’inéga-lité de
Heisenberg n’impose
une condition que pour leproduit
des variances des deuxobservables
conjuguées,
il estpossible
de réduire les fluctuationsquantiques
sur unedes
composantes
à la condition que celles sur lacomposante
conjuguée
augmentent
enconséquence.
Ces raisonnements sont fondés sur leconcept
des étatscomprimés
[18-20],
qui possèdent
lapropriété
d’avoir unecomposante
avec des fluctuationsquantiques
réduites au-dessous de la limite
quantique
standard. Dans ce cas, onparle
d’uneré-duction du bruit
quantique
ou de squeezing. Cephénomène
constitue tout d’abord unemanifestation directe d’un effet
purement
quantique
sur lechamp.
De tels étatspour-raient servir pour des mesures
ultra-sensibles,
detype
mesureinterférométrique
[21]
comme la mesure des ondesgravitationnelles
[22-28]
ou detype
mesure depolarisation
[29]
comme la mesure de violation deparité
enphysique atomique
[30].
Ils donnentégalement
lieu à des effetsqualitativement
nouveaux comme l’inhibition desphéno-mènes de relaxation
[31-35].
Ils sont enfin directement liés aux mesuresquantiques
non destructives[36-40],
ou aux interférences à deuxphotons
[41-47].
Les fluctuationsquantiques
sont ainsi devenues un nouvelobjet
d’étude pour lesphysiciens.
De nombreuses études
théoriques
ont été effectuées afin d’identifier dessystèmes
qui
produisent
des étatscomprimés.
On trouvera un certain nombre de références sur cesujet
dans des numérosspéciaux
et livres[48-53].
Lagénération
d’un étatcomprimé
est le
plus
souvent basée sur une interaction non linéaire entre la matière et la lumièreproduisant
des corrélations entre deuxphotons
[20,54,55].
Des tels processus sont parexemple
des effetsparamétriques
parmélange
à trois ouquatre
ondes,
avec unenon-linéarité de
type
~
(2)
ou~
(3)
respectivement.
Ces non-linéarités sont réalisables dans unegrande
variété de milieux matériels.La
première
observationexpérimentale
d’une réduction du bruitquantique
a étéréalisée en 1985 par
mélange
àquatre
ondes sur unjet atomique
de sodium[56].
Lanon-linéarité était exaltée d’une
part
enplaçant
des atomes dans une cavitéoptique,
d’autre
part
par la résonanceatomique.
Malheureusement,
les fluctuationsatomiques
dues à l’émissionspontanée
sontimportantes
auvoisinage
de la résonance et tendentà masquer l’effet recherché, ce
qui
limitait l’effet étudié[57].
Pour cetteraison,
on apar la suite cherché à faire des
expériences
avec des cristaux afin degénérer
desfluc-tuations
comprimées
via l’oscillationparamétrique
[58-64]
ou lagénération
de secondeharmonique
[65-69].
Engénéral,
cesexpériences
donnent des réductions de bruitplus
importantes
que lesexpériences
avec des milieuxatomiques
presque résonnants.Une
compression
des fluctuationsquantiques
a étéégalement
observée en utilisant comme matériau non linéaire detype
B
(3)
unelongue
fibreoptique
[70, 71].
Ce matériauprometteur
pour lesapplications
s’est d’abord avéré décevant en raison del’apparition
de fluctuations d’indice dues à la diffusion Brillouin stimulée
(GAWBS).
Cette difficultéest maintenant en
partie
contournée parl’emploi
d’impulsions
solitons[72-76].
Il existe aussi une autre classe
d’expériences
de réduction du bruitquantique
qui
n’est pas basée sur une interaction non linéalie. Elle consiste à utiliser des diodes laseravec un contrôle des fluctuations du courant d’alimentation
[77-83].
Ces fluctuationsse traduisent directement en fluctuations d’intensités du faisceau laser
qui
peuvent
parconséquent
être réduites enrégularisant
les fluctuations du courant.Le record de réduction du bruit atteint
aujourd’hui
environ90%.
Il a été atteintindépendamment
en 1991 par une interaction non linéaire dans un oscillateurparamé-trique
[64]
et par contrôle des fluctuations du courant d’une diode laser[84].
Dans la suite de ce
travail,
nous nous focaliserons sur l’interaction non linéairede
type
~
(3)
dans un ensemble d’atomes. Comme nous l’avonsdéjà dit,
cetteinter-action
présente l’avantage
depouvoir
être exaltée par résonance avec une transitionatomique.
Elleprésente
aussi l’inconvénient que l’effet de réduction estdégradé
parles fluctuations liées à l’émission
spontanée.
C’est pour cette raison que les résultatsexpérimentaux
obtenus n’ont pas atteint des taux de réductionsimportants.
On estalors conduit naturellement à considérer une interaction non linéaire peu résonnante avec un milieu
atomique.
Il existe desexpériences
utilisant comme milieuatomique
unevapeur contenant de nombreux atomes, mais pas de cavité
[85].
Mais,
leplus
souvent,
le milieu est
placé
dans une cavité. Dans ce cas. lephénomène
à la base de la réductiondu bruit s’identifie à la bistabilité par effet Kerr
optique
connudepuis
longtemps
[86].
La
possibilité
d’unegénération
des étatscomprimés
par cephénomène
estévoquée
pour la
première
fois en 1982[87,88].
Ledispositif
consiste en un milieu non linéaireinteragissant
avec un faisceau laser dans une cavitéoptique qui
sert à exalterl’inter-action. Pour certaines valeurs des
paramètres,
lesystème
composé
a uncomportement
bistable et c’est au
voisinage
despoints
tournants de la bistabilité que la réduction dubruit
quantique
est maximale. Enparticulier,
la réduction du bruit est laplus
favorable dans la limite d’un milieu Kerr idéal dans une cavité avec un seul miroir decouplage
[89,90],
unsystème qui
estappelé
"mangeur
debruit",
car son seul effet consiste àréduire les fluctuations
quantiques
d’un faisceau laser sanschanger
son intensité[91].
Dans ce cas
idéal,
les fluctuationspeuvent
êtrecomprimées
à presque100%
auvoisi-nage des
points
tournants de la bistabilité. En vue d’une réalisationexpérimentale,
laréduction du bruit via la bistabilité a ensuite été étudiée pour un milieu non linéaire
formé par des atomes à deux niveaux
[92-103].
L’effetparamétrique
est dans ce casinduit par la saturation de la transition
atomique.
Une
première
expérience
de ce genre a été effectuée en 1987 en utilisant unjet
atomique
de sodium dans une cavité à haute finesse[104].
La valeur mesurée pour laréduction du bruit était de
20%,
la valeurcorrigée
parl’imperfection
de la détection de50%.
Une deuxièmeexpérience
a suivi en 1992,employant
unjet
de barium commemi-lieu non linéaire
[105].
Avec cedispositif,
une réduction de bruit de18%
a étéobservée,
la valeur
corrigée atteignant également
50%.
Dans les deuxexpériences,
l’accord entrel’observation
expérimentale
et lesprédictions
théoriques
était peu satisfaisant. Pour cesexpériences,
il étaitindispensable
d’éviterl’élargissement
Doppler
de la transition enquestion.
pourpouvoir disposer
d’une non linéaritéimportante
avec une faibleabsorp-tion. Pour cette raison, les
expériences
enjet atomique
ont été effectuées avec unjet
très bien collimaté traversant la cavité dans une direction
perpendiculaire
au faisceaude s’affranchir de tout effet
Doppler
résiduel et l’influence dutemps
de traversée du faisceau pour les atomes sur la réduction du bruit reste peu connue.De nouvelles
perspectives
se sont ouvertesdepuis
peu,grâce
àl’apparition
despièges
magnéto-optiques.
Ceux cipermettent,
avec unetechnique
relativementlégère,
de
disposer
d’atomes refroidis etpiégés,
et de s’affranchir ainsi de l’effetDoppler
tout endiminuant considérablement l’effet de
temps
de transit. L’idée d’un telpiège
est baséeinitialement sur un refroidissement laser par la variation de la
pression
de radiation en fonction de la vitesse des atomes[106].
L’ensemble des atomes refroidis de cettemanière est
piégé
dans unpotentiel
créé par l’actionconjointe
des faisceaux laserayant
unepolarisation appropriée
et d’unchamp magnétique inhomogène.
Lapremière
observation d’atomes
piégés
dans unpiège magnéto-optique
a étérapportée
en 1987[107]
pour des atomes desodium, puis
en 1989[108]
pour des atomes de césium.Depuis,
cette
technique
a considérablement évolué et est devenue relativement facile à utiliser[109].
Un
piège magnéto-optique
fournit dans unepetite
cellule un nuage dense d’atomesquasiment
immobiles. Enparticulier,
latempérature
des atomespiégés
est telle que lalargeur Doppler
est inférieure à lalargeur
naturelle de la transition. Les conditions sontalors excellentes pour une interaction avec un faisceau laser assez décalé en
fréquence
par
rapport
à la résonanceatomique
pour quel’absorption
soitfaible,
tout enconser-vant un indice non linéaire élevé. Ce milieu convient donc
parfaitement
aux besoinsd’une
expérience
de réduction du bruitquantique
via la bistabilité.Cependant
lesca-ractéristiques
du nuage d’atomes froids comme milieu non linéaire pour desexpériences
d’optique quantique
etd’optique
non linéaire avaient été assez peu étudiées et étaientmal connues.
En
1990,
notreéquipe
a décidé d’utiliser des atomes froids comme nouveaumi-lieu non linéaire dans une cavité
optique
afin de réaliser un"mangeur
de bruit". Il est apparu que les faisceauxpièges
tendaient à introduire de l’excès de bruit dû àl’émis-sion
spontanée
des atomesqui masquait
toute réduction du bruitquantique.
Nousavons alors décidé de couper le
piège
pendant
la mesure afin de nous affranchir detoute
perturbation
liée aux faisceauxpièges.
Cela a conduit àl’apparition
de nouveauxproblèmes
dont la solution a constitué l’essentiel de mon travail de thèse.Le
plus
important
de cesproblèmes
est bien sur que,lorsque
lepiège
estcoupé,
le nuage d’atomes froids subit une
explosion balistique
liée à latempérature
résiduelledans le
piège,
ainsiqu’une
chute libre sous l’influence de lapesanteur.
On doit donc faireface à une variation du nombre d’atomes dans le faisceau sonde au cours du
temps
eten
particulier
étudier lespectre
de bruit des fluctuationsquantiques
dechamp
dans unrégime dépendant
du temps. Cette situation est très différente de la situation standard où unspectre
de bruit est mesuré sur une variable stationnaire et elle nécessite untraitement
théorique
élaboré de l’évolution dusystème.
Un autre
problème
s’estprésenté
à nous avecl’apparition
d’instabilités dans lechamp
moyen sortant de la cavitélorsque
lepiège
estcoupé.
Il a fallucomprendre
l’origine
de ces instabilités pourpouvoir
ensuite lessupprimer,
condition bien surmaitrisé ces différents
phénomènes,
nous avons pu nousplacer
dans les conditionsop-timales pour l’observation du
squeezing.
Nous avons obtenu des valeurs de 30 à40%
qui
sontsupérieures
à toutes les valeurs observées avec des milieuxatomiques.
Grâce à uneanalyse
détaillée dusystème,
nous avonsegalement
pu observer une réduction dubruit
(environ
20%)
enprésence
des faisceauxpièges
attenués.Ce mémoire décrit en détail les
problèmes
que nous avons dû résoudre sur lemon-tage
expérimental
et lesdéveloppements théoriques
qui
ontpermis
decomprendre
lesrésultats obtenus.
Dans un
premier
temps,
nous allonsprésenter
les fondementsthéoriques qui
nousseront utiles pour discuter de
l’expérience
(chapitre
2),
puis
lemontage
expérimental
telqu’il
était audébut,
ainsi que lespremiers
résultats des mesures de l’intensité moyenneet du bruit
quantique
avec l’effetperturbateur
dupiège
(chapitre
3).
Cela nouspermet-tra
d’expliquer
les modificationsqui
ont été effectuées sur lemontage,
puis
de décrireles
phénomènes
inattendus que nous avons observés(chapitre 4).
Avec ce nouveaumontage,
nous avons observé une réductionsignificative
du bruitquantique
sur unsignal
qui dépend
dutemps
(chapitre 5).
Afin de mieuxcomprendre
notresystème,
nous avons dûdévelopper
un traitementthéorique
de la variation du nombre d’atomes dansle faisceau sonde
après
la coupure dupiège.
Nous avons aussi amélioréet approfondi
letraitement
théorique
des fluctuations existant et inclus l’effet de la structure transversedu faisceau
(chapitre 6).
Enfin,
en utilisant ces résultatsthéoriques,
nous avons pucomparer de
façon
satisfaisante les résultatsexpérimentaux
auxprédictions théoriques
2
Fondements
théoriques
et
motivations
2.1
Le
bruit
quantique
2.1.1
L’inégalité
deHeisenberg
pour lechamp
électromagnétique
Les fluctuations
quantiques
dans les mesuresoptiques
peuvent
enpremière
ap-proche
secomprendre
trèssimplement
commeprovenant
de la naturecorpusculaire
de la lumière. Considérons par
exemple
un faisceau laser: lesphotons
ne se suiventjamais
d’une manièreparfaitement régulière,
mais les intervallestemporels
entre euxsont aléatoires. Si on mesurait l’intensité de ce faisceau avec un
photodétecteur parfait
dans des conditions
idéales, après
s’être débarrassé de toute source de bruitextérieure,
le
signal
qu’on
obtiendraitprésenterait
encore du bruit à cause de lagranularité
duflux de
photons.
Ce bruit est alorsappelé
bruit dephotons
standard(shot noise).
Il eststrictement lié au caractère
quantique
durayonnement.
Une
façon
plus
complète
de voir les fluctuationsquantiques
dans les mesuresop-tiques
tientcompte
du caractère ondulatoire durayonnement
et lesinterprète
commedes fluctuations propres des
quadratures
duchamp.
Pourl’explication
etl’interpré-tation de notre
expérience
nous allons par la suiteadopter
cette deuxièmeapproche.
Considérons pour
simplifier
d’abord un mode d’unchamp
électromagnétique
àfré-quence 03C9, de
polarisation
donnée, en unpoint
del’espace
fixé.L’opérateur
duchamp
peut
être décrit parLes deux
quadratures
Ê
1
et Ê
2
sont des observablesconjuguées
et parconséquent
ne commutent pas. Elles obéissent à
l’inégalité
deHeisenberg,
qui impose
une limiteLes crochets
représentent
ici des valeurs moyennes dans un étatquantique.
E
0
corres-pond
auchamp
électrique
parphoton
dans
lequel
interviennent lafréquence
du mode 03C9, la constantediélectrique
du vide ~0et le volume de
quantification
V.E
0
apparaît
comme échelle naturelle des fluctuationsquantiques
duchamp
électromagnétique.
Les fluctuations
quantiques
sont minimaleslorsque
Dans le cas
particulier
où le bruit est le même sur les deuxquadratures,
sa valeur estdonnée par
E
2
0
et correspond
au bruit dephotons
standard introduit au début de ceparagraphe.
Ils’agit
parexemple
du bruitquantique
naturel dans un faisceaulaser,
dont l’état du
champ
est décrit par une famille d’étatsparticuliers,
les états cohérents|03B1> [110].
2.1.2
Les états
cohérentsUn état cohérent est défini comme état propre de
l’opérateur
d’annihilation â avecla valeur propre 03B1
Cet état a la
particularité
d’avoir des fluctuationsquantiques
minimales etsymétriques:
Un cas
particulier
d’état cohérent est le videélectromagnétique.
La valeur moyennedu
champ
dans cet état étantzéro,
ilcorrespond
à l’état cohérentd’énergie
laplus
basse. En cequi
concerne le bruitquantique
enrevanche,
il est clair que des fluctuations subsistent dans levide,
bien que la valeur moyenne duchamp
soit nulle. Le fait queses fluctuations soient
également
réparties
entre toutes lescomposantes
duchamp
estparticulièrement
évident dans ce cas, car le videélectromagnétique
nepeut
pas avoir unephase privilégiée.
2.1.3
Les états
comprimés
L’inégalité
deHeisenberg
apparaît
àpremière
vue comme une limite infranchissableà la sensibilité d’une mesuie. Mais elle
n’impose qu’une
limite inférieure auproduit
desvariances des deux observables. Les fluctuations d’une seule
composante peuvent
êtreréduites au-delà de
E
2
0
,
pourvu que les fluctuations de l’autrecomposante
augmentent
de manière àrespecter
la limite fixée parl’inégalité
deHeisenberg
Contrairement au cas de l’état
cohérent,
iln’y
aplus
desymétrie
entre les deuxquadratures;
de tels états sontappelés
étatscomprimés
(squeezed states)
pour la raison évidente que ladispersion
d’une desquadratures
est réduite au-dessous du bruit dephotons
standard.2.1.4
Représentation
dansl’espace
dephase
Une manière intuitive de décrire les fluctuations du
champ électrique
consiste àreprésenter
celui-ci dansl’espace
dephase
comme sa valeur moyenneclassique,
àla-quelle
sontsuperposées
les fluctuationsquantiques.
Les coordonnées dansl’espace
dephase correspondent
auxquadratures
duchamp.
Lechamp électrique
Ê
estreprésenté
par un vecteur, dont la
longueur
correspond
àl’amplitude
moyenne. A cause de larelation de
Heisenberg
entre lesquadratures
il n’est par contre paspossible
de fixerson extrémité à un seul
point.
Laprobabilité
de trouver son extrémité en un certainpoint
dansl’espace
dephase
est donnée par unedistribution,
àlaquelle
l’inégalité
deHeisenberg
impose
une surface minimale de l’ordre deE
2
0
.
A un instantdonné,
on nepeut
donc pas définir les deuxquadratures
duchamp,
ou son intensité et saphase,
plus
précisément
que dans cette surface. La distribution des fluctuationscorrespond
àla distribution de
Wigner
[111-115]
associée à l’état enquestion.
Si l’état duchamp
est un état
cohérent,
toutes lesquadratures
ont les mêmes fluctuations et la surface estalors donnée par un
disque
(figure 1)
[110].
Pour un état
comprimé,
ce cercle est déformé de telle manière que ladispersion
d’une desquadratures
soit réduite au-dessous du bruit dephotons
standard. Pour unétat
comprimé
minimal,
la surface est donnée par uneellipse
[114, 115].
Sonpetit
axecorrespond
à la valeur de ladispersion
réduite(quadrature
à bruitminimal).
Dans la directionperpendiculaire,
l’extension del’ellipse
estaugmentée
dans le mêmerapport
(quadrature
à bruitmaximal).
Selon lacomposante
comprimée
duchamp,
onpeut
distinguer
des étatscomprimés
en intensité(figure 2(a)),
enphase
(figure 2(b))
oupour une
quadrature
quelconque (figure
2(c)).
Pour mesurer la réduction du bruit sur cesétats,
différentssystèmes
de détectionpeuvent
êtreenvisagés.
Nous allons nousconcentrer dans le
prochain paragraphe
sur lesystème
de détectionhomodyne qui
correspond
à notreexpérience.
2.1.5
Détection
homodyne
du bruitquantique
Pour pouvoir mesurer le bruit
quantique
sur unequadrature
quelconque
duchamp
il faut
disposer
d’une référence dephase
duchamp.
Afin d’obtenir cette référence onFig.
1: Représentation d’un état cohérent dans l’espace de phasede
puissance beaucoup plus importante
(oscillateur local),
dont laphase
peut
être variée au cours de la mesure. Cettesuperposition
est faite parexemple
à l’aide d’unelame semi-réfléchissante par
laquelle
les deux faisceaux sontséparés
en deuxparties
d’intensité
égale
(figure 3).
Lessignaux
d’intensité derrière la lame sont mesurés pardeux détecteurs
supposés
identiques
etparfaits
où
E
OL
etE
FS
(variables
sanschapeau)
sont les valeurs moyennes desamplitudes
duchamp
et03B4E
OL
et03B4E
FS
leurs fluctuations. 0 est laphase
relative entre l’oscillateur locale et le faisceau sonde. Dans un traitement linéaire des fluctuations, la différenceentre les deux intensités ne contient
plus
que les fluctuations du faisceau sondesuper-posées
àl’amplitude
moyenne de l’oscillateur local et les fluctuations de l’oscillateur localsuperposées
àl’amplitude
moyenne du faisceau sonde comme termes du bruit:Dans la mesure où l’oscillateur local est
beaucoup plus
intense que le faisceau sonde nous pouvonsnégliger
les contributions faisant intervenir lechamp
moyen du faisceausonde et nous détectons seulement les fluctuations d’une
quadrature
du faisceau
sonde,
Fig.
2: Représentation des types d’états comprimés dansl’espace
de phase état comprimé(a)
enintensité,
(b)
en phase et(c)
en quadratureFig.
3: Détection des fluctuations quantiques à l’aide d’une lame semi-réfléchissante Si les deux voies A et B sontéquilibrées,
lesignal
de différence ne contient que des fluctuations du champl’amplitude
de l’oscillateur localeréelle,
nous obtenonsNous sommes en fait intéressés par la densité
spectrale
de ces fluctuations. Pourla mesurer, on utilise un
analyseur
despectre
qui
fournit directement la transforméede l’oscillateur local est
quasistationnaire,
elle intervient au carré dansl’expression
du
spectre
de bruit. La variation dephase
de l’oscillateur localapparaît
alors à unefréquence
deux foisplus
élevée sur lespectre
que sur lesignal
moyen. Dansl’espace
de
phase,
cette mesure revient à determiner la dimension d’uneellipse qui
tourneaprès projection
sur une direction fixe. Nous obtenons ainsi une mesure du bruit surles diverses
quadratures
en fonction dutemps.
Dans lasuite,
nous nous intéresseronsprincipalement
au bruit minimalqui correspond
aux fluctuations mesurées dans ladirection du
petit
axe del’ellipse.
Des calculs détaillés de la détection du bruit setrouvent dans les références
[17,116-123].
2.2
Réduction du bruit
par
effet
Kerr
2.2.1
Introduction
Le but de notre
expérience
consiste à utiliser des atomes froids comme milieu nonlinéaire pour réduire les fluctuations
quantiques
d’un faisceaulaser, qui
interagit
avec lenuage
atomique.
Les atomes sontplacés
au milieu d’une cavitéoptique
pour renforcerl’interaction entre les atomes et le faisceau. La cavité est dans une bonne
approximation
une cavité à uneentrée-sortie,
c’est à dire avec un seul miroir decouplage.
Le faisceausonde entre par le miroir de
couplage, interagit
avec les atomes et ressort par le mêmemiroir
(voir
figure
4).
Un telsystème
estplus
favorable pour une réduction du bruitFig.
4: Le faisceau laser entre dans la cavité par le miroir de couplage, interagit avec le nuage d’atomesfroids et ressort de la cavité par le même miroir
qu’une
cavitéayant
deux miroirs decouplage.
Dans le cas idéal où iln’y
a pas d’autrespertes
par les miroirs et le milieu non linéaire. cela constitue unsystème optique
passif
qui
n’a aucun effet sur l’intensité moyenne: toutel’énergie
qui
entre dans la cavitésort aussi par le même miroir. En revanche, il modifie les fluctuations
quantiques
de la lumière par l’interaction nonlinéaire,
ce que nous allons démontrer dans lesprochains
paragraphes.
Cesystème composé
constitue le c0153ur de notreexpérience.
Pourexpliquer
l’effet d’un telsystème
sur un faisceau laser. nous allons commencer par une étudegénérale
de l’évolution duchamp
et de ses fluctuations en interaction avec un milieu non linéaire dans une cavité.Nous notons
Ê
in
etÊ
out
lesopérateurs
représentant
lechamp qui
entre dans lacavité et celui
qui
ensort,
Ê
etÊ’
lesopérateurs
deschamps
intracavité avant etaprès
l’interactionrespectivement
et r0 et t0 les coefficients de réflexion et transmissionen
amplitude
du miroir decouplage.
Ceschamps
sont liés les uns aux autres parles relations
d’entrée-sortie, qui correspondent
auxéquations
de réflexion-transmissionpour une lame
diélectrique
où les coefficients de réflexion et transmission vérifient
r
2
0
+ t
2
0
= 1. La relation entre leschamps
intracavitéÊ
et Ê’dépend
du milieu non linéaire considéré. Elle seraspécifiée
et
prise
encompte
pour deux milieux différents dans lesparagraphes
suivants.Les
arguments
que nous allonsprésenter
dans la suite sont fondés sur une théoriequi
linéarise les fluctuations duchamp
autour de sa valeur moyenne. Cela estparfaite-ment
justifié
si ellespeuvent
être considérées comme étantbeaucoup plus
petites
quela valeur moyenne. En
particulier,
cette condition est satisfaite dans le cas où il y abeaucoup
dephotons
dans la cavité.Pourquoi
peut-on
espérer
réduire les fluctuationsquantiques
d’un faisceau laseravec un tel
dispositif?
Pourrépondre
à cettequestion
nous allons d’abord considérer un milieuplus
simple
qu’un
vrai milieuatomique,
c’est à dire un milieu Kerridéal,
avant de revenir au cas des atomes froids par la suite.
2.2.2
L’effet
Kerridéal
Un milieu Kerr idéal est un milieu
purement
dispersif,
dont l’effet sur la lumièrepeut
êtrecomplètement
décrit par un coefficient.
(3)
03BB
Iln’y
a pas dans ce cas de niveauxrésonnants,
et parconséquent
il n’existe niabsorption
ni émissionspontanée. Quand
la lumière traverse le milieuKerr,
le seul effetqu’elle
subit consiste en undéphasage
nonlinéaire,
qui dépend
de l’intensité. Ennégligeant
toutedépendance spatiale
duchamp
(nous
allons y revenir auchapitre
6.4),
cedéphasage
sur un seul passages’écrit
1
1 Notons
que dans tout ce mémoire 03A6 représente un déphasage pour un seul passage à travers du
Fig.
5: L’effet du milieu non linéaire sur la courbe de résonance de la cavité l’indice linéaire conduità un déplacement de la résonance sur l’axe horizontal, tandis que l’indice non linéaire produit une
déformation de la courbe
où k est le vecteur d’onde du
champ,
<Ê>
sa valeur moyenne et l lalongueur
d’interac-tion. Notons
qu’il s’agit
ici d’undéphasage
en unités defréquence.
Leschamps
avant etaprès
l’interaction sont alors liés paroù le
déphasage 03A6
contient ledéphasage
linéaire03A6
0
dû à lapropagation
duchamp
dans la cavité ainsi que ledéphasage
non linéaire dû à l’effet KerrDes
champs
ayant
des intensités différentes subissent alors desdéphasages
dif-férents. Celapermet
uneexplication
très intuitive ducomportement
de l’intensitémoyenne, si on considère l’intensité intracavité en fonction du
déphasage.
Sur lafi-gure 5 est tout d’abord tracée l’intensité intracavité pour la cavité vide
(en
tirets).
La
présence
d’un milieu non linéaire dans la cavitéproduit
premièrement
undépha-sage
linéaire, qui
décale la résonance sur l’axe horizontal(en
pointillés).
La variationdu
déphasage
avec l’intensitéproduit
une déformation de la courbe derésonance,
carl’intensité intracavité obéit à
l’équation
(2.12) (qui
correspond
à une droite dans cediagramme).
La courbe de résonance se déforme alors en direction de ladroite,
ainsique
représenté
sur le dessin. Le sens de la déformationdépend
du sens de variationdu
déphasage
en fonction de l’intensité. Cette déformation aboutit auphénomène
debistabilité
[124, 125]:
pour certaines valeurs de03A6,
il y a deux voire trois intensitéspossibles
dans la cavité. En revanche uneanalyse
de stabilité montre[124, 125]
que lapartie comprise
entre lespoints
03A6
a
et03A6
b
(voir figure
6)
n’est pas stable et nepeut
doncpas être atteinte.
Quand
onbalaye
la cavité dans le sens où 03A6augmente,
lesystème
suit d’abord la
partie
faible intensité de la courbe de résonance(branche
basse).
AuFig.
6: La bistabilité optique: la partie de la courbe de résonance déformée comprise entre les points 03A6a et 03A6b n’est pas stable Par conséquent, l’intensité intracavité saute d’une intensité
I
min
a
faible àune forte intensité
I
max
a
quand 03A6 augmente et d’une forte intensitéI
max
b
à une intensité faibleI
min
b
quand 03A6 diminue.
brusquement
d’une valeur faibleI
min
a
à une valeur forteI
max
a
avant de redescendre del’autre coté de la résonance à forte intensité
(branche haute).
Pour cespoints,
il existedonc deux
intensités
intracavitépossibles
pour une seule valeur dudéphasage (point
de
bistabilité).
Le mêmephénomène
seproduit
pour unbalayage
en sens inverse où 03A6diminue,
auquel
cas lesystème
s’approche
sur la branche haute vers l’autrepoint
debistabilité
03A6
b
,
où l’intensité intracavité saute d’une valeur forteI
max
b
vers une valeurfaible
I
min
b
.
Ces effets donnent les deux courbescaractéristiques
de la bistabilité. Cesarguments
quantitatifs
sont tout à fait en accord avec la théorie exactepré-sentée dans les références
[90, 91, 126].
Apartir
desequations
(2.11)
et(2.13)
onpeut
déduire la transformation entre les
champs
incident etsortant,
qui
nous amène aucomportement
de l’intensité moyenne et des fluctuations:Au lieu d’examiner l’évolution du
système
àpartir
de l’intensité intracavité enfonction du
déphasage 03A6,
nous allons maintenant considérer l’évolution dansl’espace
de
phase,
cequi
est unereprésentation
tout à faitéquivalente.
Dans ce cas, comme lemontre
l’équation
(2.15),
le seul effet dusystème
consiste à faire tourner le vecteur duchamp
électrique
autour del’origine
d’unangle
qui
dépend
de l’intensité. Lalongueur
du vecteur n’est paschangée.
L’intensité sortante estégale
à l’intensité entrante.La situation se
présente
différemment pour les fluctuationsquantiques:
lesfluctua-tions
correspondant
à une valeur faible duchamp
subissent une rotation d’unangle
différent de celles
correspondant
aux valeurs de forte intensité duchamp.
Dans uneapproximation
linéaire. le cercle est déformé enellipse
par l’interaction(figure 7).
Enparticulier,
l’état reste un état minimal en absence de toute source d’excès de bruitFig.
7: L’effet du milieu non linéaire sur les fluctuations du champ. Les fluctuations correspondantà un champ faible subissent une rotation d’un
angle
différent des fluctuations correspondant à deschamps intenses.
l’ellipse
sont réduites au-dessous du niveau du bruit dephotons.
L’état duchamp
dansun tel cas est donc un état
comprimé.
Les
arguments
qualitatifs dèveloppés
ci-dessus sont valables seulement dans uneanalyse
quasistatique,
c’est à dire pour les fluctuations duchamp
ayant
la mêmefré-quence que la valeur moyenne du
champ.
Autrementdit,
cesarguments
décrivent ladynamique
des fluctuations sur des échelles detemps
longues.
Enparticulier,
le fait queles fluctuations d’intensité ne sont pas modifiées sur la
figure
7correspond
à laconserva-tion du nombre de
photons compté
sur untemps
long.
Pour obtenir les fluctuations dechamp
à desfréquences
de bruit nonnulles,
il faut faire uneanalyse
dynamique
[90, 91].
Comme dans
l’analyse
de stabilité[124, 125],
on linéarise leséquations
duchamp
auvoisinage
d’unpoint
de fonctionnement. On écrit ensuite deséquations
detransforma-tions des fluctuatransforma-tions par le
système
qui
dépendent
de lafréquence.
On obtient ainsiune
description spectrale
de la réduction du bruit.L’ellipse
dessinée sur lafigure
7 estalors modifiée pour des
fréquences
de bruit non nulles. Ellepeut
enparticulier
tour-ner ce
qui
conduit à une réduction du bruit dephotons.
Cette réductioncorrespond
à une redistribution
temporelle
desphotons
incidents: lesystème
bistable réduit lesfluctuations d’intensité dont l’échelle de
temps
estplus
longue
que letemps
moyen destockage
dans la cavité maisplus
courte que letemps
de ralentissementcritique
[91].
Sur la
figure
8,
nous avons tracé le bruit minimal à une certainefréquence, comprise
dans la bande
passante
de la cavité. ainsi que l’intensité intracavitépendant
que lacavité est
balayée
d’un coté à l’autre de la résonance. Le bruit dephotons
est normaliséà la valeur 1. Au début la cavité est hors résonance, le faisceau laser n’entre pas
Fig.
8: Prédictions théoriques pour l’intensité intracavité normalisée et le bruit minimal en fonctiondu déphasage de la cavité pour un milieu Kerr idéal. Le bruit quantique standard est normalisé à 1.
état cohérent et reste au niveau du bruit de
photons
standard, qui
est un bruit blancnormalisé à la valeur 1 ici.
Quand
ons’approche
de larésonance
2
,
la lumière entredans la cavité et le bruit minimal est réduit au-dessous du bruit
quantique
standard. La réduction est laplus
forte auvoisinage
dupoint
de bistabilité[87, 88]
àfréquence
nulle,
où la théorieprédit
une réduction du bruit de100%
pour une desquadratures,
pendant
que les fluctuations sur laquadrature conjuguée
deviennentinfinies,
pour queleur
produit
reste à la valeur constante deE
4
0
.
Evidemment,
cela necorrespond
pas unesituation
physique
réaliste: toutd’abord,
le traitement linéaire des fluctuations n’estplus
valable si les fluctuations sur unequadrature
deviennentinfinies;
ensuite,
on nepeut
pass’approcher
infinimentprès
dupoint
de bistabilité, et enfin pour un milieu réelayant
des niveauxrésonnants,
le bruit dans toutes lesquadratures
esttoujours
limité àune valeur non nulle à cause de l’excès de bruit introduit par le milieu lui-même comme nous allons le voir dans la suite.
2
Remarquons ici, que o représente le déphasage accumulé pendant plusieurs aller-retours dans la