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Méritocratie : la fin de l illusion?

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Méritocratie : la fin de l’illusion ?

Analyses &

Études

2020/15

Siréas

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Analyses &

Études

Politique internationale

Analyses &

Études

Questions sociales

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2020/15

Siréas

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Méritocratie : la fin de l’illusion ?

Analyses &

Études

Analyses &

Études

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Service International de Recherche, d’Éducation et d’Action Sociale asbl Secteur Éducation Permanente

Rue du Champ de Mars, 5 – 1050 Bruxelles Tél. : 02/274 15 50 – Fax : 02/274 15 58 educationpermanente@sireas.be www.lesitinerrances.com

Siréas asbl

Nos analyses et études, publiées dans le cadre de l’Education permanente, sont rédigées à partir de recherches menées par le Comité de rédaction de SIREAS.. Les questions traitées sont choisies en fonction des thèmes qui intéressent notre public et développées avec professionnalisme tout en ayant le souci de rendre les textes accessibles à l’ensemble de notre public.

Éditeur responsable : Mohamed Ben Abdelkader.

Ces publications s’articulent autour de cinq thèmes Questionssociales

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Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles

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L

a pandémie de COVID-19 a révélé au grand jour l’un des paradoxes de notre société : les professions essentielles au fonctionnement de notre société, celles dont les travailleurs n’ont pas pu se confiner, se trouvent généralement au-bas de l’échelle des salaires. C’est une remise en question de l’idéologie méritocratique selon laquelle notre place dans la société est uniquement déterminée par notre mérite. L’existence de discriminations structurelles était déjà un coup porté à la méritocratie. Qui en reçoit encore un à chaque fois qu’un emploi est pourvu sur d’autres critères que celui de la compétence.

Pourtant, des rémunérations indécentes de certains grands patrons, à la chasse aux chômeurs en passant par la vision utilitariste de l’immigration, cette notion de mérite reste centrale dans notre système socio-économique.

Le premier mériterait ce salaire au vu des efforts accomplis pour arriver à cette place, le deuxième doit prouver qu’il mérite des allocations de chômage et le migrant doit mériter sa place dans le pays d’accueil en prouvant qu’il a des compétences qui peuvent être utilisées.

Dans cette analyse, nous allons tenter de cerner les origines de la méritocratie ainsi que ses forces, ses faiblesses et ses dérives. Nous esquisserons ensuite des pistes qui pourraient permettre de replacer la notion de mérite, qui n’est pas à jeter, à sa juste place.

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riGines Du terme

Pour débuter, la détermination de l’origine du terme « méritocratie » nous semble intéressante parce qu’elle nous mène directement au cœur du débat. En effet, on le doit à Michael Young, sociologue et homme politique britannique, qui l’utilisa dans une nouvelle publiée en 1958 : « The Rise of the Meritocracy ». (1) Il s’agissait d’une dystopie1. L’auteur y décrivait une

1 C’est ainsi qu’on nomme les récits de fiction qui se déroulent dans une

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société où les élites justifiaient leur domination sur le peuple parce qu’elles étaient plus compétentes et plus intelligentes. En 2033, un soulèvement avait lieu parce que les gens avaient été poussés à bout par le mépris et l’autoritarisme de leur classe politique.

Michael Young dénonçait ainsi une tendance qu’il observait dans les sociétés industrielles. Il mettait un mot sur une évolution observable depuis la fin de l’époque féodale. Pour légitimer la montée en puissance politique et économique de la bourgeoisie, il était nécessaire de mettre en avant l’égalité théorique en droit des individus. Une vision idéalisée d’un monde où la réussite de chacun n’était plus déterminée par sa naissance mais bien par les efforts fournis. (2)

La chercheuse australienne Helen Andrews, pour sa part, date l’acte fondateur du concept de méritocratie en 1854 à Londres. À l’époque, l’habitude de récompenser des personnalités de leur soutien électoral en leur offrant (ou à leurs protégés) des emplois publics avait conduit à des administrations pléthoriques, désorganisées et coûteuses. Un rapport remis à William Gladstone, à l’époque Chancelier de l’Échiquier (soit ministre des Finances), proposait d’en finir avec ce système clientéliste en organisant un concours de recrutement annuel où les connaissances de type universitaire serviraient de base à la sélection des fonctionnaires. (1) L’idée s’attira alors un flot de critiques : l’aristocratie craignait que cela ne permette l’ascension à des postes-clés « d’hommes du peuple ».

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Ce rejet démontre a contrario tout le potentiel d’attractivité que peut avoir la méritocratie auprès de la population. Elle donnait un mode d’emploi nouveau, et simple, à l’ascension sociale : « quand on veut, on peut ». Le travail, l’effort et l’intelligence allaient enfin être récompensés et la figure du « self made man », l’homme qui ne devait sa réussite qu’à sa force de travail, était valorisée. Dans nos sociétés libérales, la méritocratie garde d’ailleurs toute sa puissance : en 2009 dans la grande enquête « British Social Attitudes », 84% des répondants estimaient qu’il était essentiel de travailler dur pour avancer. Tandis qu’aux États-Unis, un sondage du Brookings Institute, en 2016, a révélé que 69% des personnes estimaient que les gens étaient récompensés pour leur intelligence et leurs compétences. (3) Et que cela comptait beaucoup plus que la chance ou l’origine sociale. Mais si elle est fort présente dans ces deux pays, la méritocratie n’est pas qu’un concept anglo-saxon. Chez nous aussi, les médias et la population sont friands d’histoires de réussite méritocratique.

Des recherches en psychologie sociale montrent que cette croyance en

société imaginaire et totalitaire. Le plus célèbre est « 1984 » de George Orwell.

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la méritocratie est nécessaire. Elle « fonctionne comme un contrat entre soi- même et un monde qu’elle rend prévisible : elle encourage à s’y investir, en laissant escompter de justes sanctions ; toute coopération sociale serait impossible si l’on ne croyait pas que les autres se comporteront de manière juste. » (4) En d’autres termes, nous avons besoin de nous rassurer en croyant que nos efforts seront justement récompensés.

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éritocratie et libéralisme

Si ce concept se popularise parallèlement au développement du libéralisme économique, ce n’est évidemment pas un hasard. La méritocratie est une vision du monde qui va de pair avec ce système économique. Le libéralisme économique pose que les biens et marchandises mis en concurrence vont s’échanger à leur juste prix grâce à la main invisible du marché. Les sociétés méritocratiques font de même avec les individus: c’est cette concurrence vertueuse entre les talents et les compétences de chacun qui va déterminer notre place dans la société. (5)

Cela suppose une égalité de chances parce que si tout le monde ne démarre pas de la même ligne de départ, la concurrence est faussée. (4) Une fois que cette égalité de départ est supposée, les inégalités de position à l’arrivée sont justifiées par le mérite individuel.

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inDiviDualisme

Dans une société où les inégalités de revenus et de patrimoine ne cessent de se creuser, quels pourraient être les critères qui déterminent que vous méritez votre place dans le petit camp des « vainqueurs » ou dans celui, beaucoup plus large, des « perdants » ? Nous mettons des guillemets parce que cette dénomination des deux camps ne se base que sur l’unique critère des revenus économiques. La plupart du temps, la réponse des « vainqueurs

» à cette question sera que c’est la quantité d’efforts fournis et/ou la prise de risque qui déterminent la réussite financière. « La méritocratie est le principe de distribution qui entraîne le plus d’autosatisfaction. Son alchimie idéologique transforme la propriété en éloges et l’inégalité matérielle en supériorité personnelle. » (3)

Cette manière de penser est le vecteur de l’individualisme forcené qui caractérise nos sociétés libérales. Or, personne ne se construit vraiment seul parce que personne ne vit tout à fait isolé des autres. Ce que nous sommes est notamment le résultat des nos interactions et relations avec notre milieu et notre entourage. La personne qui bénéficie d’une promotion professionnelle peut-elle vraiment affirmer qu’elle ne le doit en rien à ceux avec qui elle a été amenée à collaborer ? Le soi-disant «self made man» n’a-

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t-il pas eu des parents, des professeurs ou d’autres individus qui ont forgé son caractère ou nourrit ses connaissances et compétences ? (6) Celui qui perd cela de vue fait tout d’abord preuve d’ingratitude et, surtout, en arrive à oublier les principes élémentaires de coopération qui régissent la vie dans une société démocratique.

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alHeur aux vaincus

Ne parlons même pas des principes de solidarité: logiquement, on l’a écrit plus haut, le « perdant » est considéré comme responsable de sa situation et il ne peut s’en prendre qu’à lui-même, à son manque de volonté pour fournir les efforts nécessaires. Ou son manque d’intelligence pour reconnaître et saisir les bonnes opportunités. Se pose alors la question de savoir si la collectivité, et spécialement les

« gagnants », doivent vraiment contribuer à aider ces personnes via un système de redistribution des revenus. On peut de cette manière justifier toutes les inégalités sociales en ignorant volontairement au passage tout le poids du déterminisme social ou, plus simplement, celui de la chance.

Parce que cette dernière est très souvent occultée. Pourtant, comme l’expose l’économiste américain Robert Frank dans son ouvrage « Success and Luck », la chance intervient en fournissant les circonstances dans lesquelles le mérite peut se traduire en succès. (4) Il prend comme exemple le cas de Bill Gates, fondateur de Microsoft.

Est-il devenu l’une des personnes les plus riches du monde parce qu’il était le meilleur de tous les développeurs informatiques de son époque? Sans doute que non. Il a certes travaillé dur mais ce n’est pas le seul dans le cas. La différence entre son parcours et celui d’autres développeurs ayant autant de talent et de mérite est que Bill Gates a eu, à un certain moment, de la chance. Et le reconnaître, ce n’est pas nier son talent et son travail.

Un chercheur italien, Alessandro Pluchino, a voulu en avoir le cœur net et a mis au point un modèle informatique permettant de déterminer si la chance est un facteur déterminant dans la répartition des richesses. Ou si les plus riches sont simplement les plus talentueux.

Pour cela, il a modélisé un groupe de personnes virtuelles qui avaient chacune un certain nombre de talents plus ou moins développés.

Comme cela se passe dans la vie réelle. Ils ont ensuite modélisé leurs parcours professionnels sur une durée de 40 ans. « Au cours de cette carrière, ces sujets pouvaient vivre des événements chanceux qu’ils pouvaient exploiter pour s’enrichir s’ils avaient assez de talent, mais aussi des événements malheureux susceptibles de les appauvrir, tous

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survenant de manière aléatoire. » (7)

Au terme de ces 40 années, les sujets ont été classés en fonction de leur richesse. La simulation a été ensuite été répétée à plusieurs reprises.

Quels enseignements ont été tirés de cette modélisation ? Tout d’abord, la répartition des richesses obéissait à la même règle des 80/20 que dans la société réelle. À savoir que 20% des personnes s’accaparent 80% des richesses et que donc 80% des personnes se partagent les 20% restants de richesses.

Deuxième enseignement: les personnages les plus riches étaient ceux qui avaient vécu le plus d’événements chanceux durant leur carrière. « Le succès maximum ne coïncide jamais avec le talent maximum, et vice-versa. Notre simulation montre clairement que le facteur qui le fait est la pure chance”, écrivent Pluchino et son équipe. “Il est évident que les individus qui ont le mieux réussi sont aussi les plus chanceux. Et ceux qui ont le moins réussi sont aussi les moins chanceux ». (7)

En plus de nier le poids de la chance dans un parcours personnel, la méritocratie fait également peu de cas du déterminisme social. « Quand on veut, on peut », sauf que, la plupart du temps, les destins sont déjà largement déterminés à la sortie de l’école qui est malheureusement un endroit où les inégalités sociales sont particulièrement criantes2. Il ne suffit pas de travailler pour y réussir, de nombreux autres facteurs sont déterminants: la situation économique et familiale, les conditions de travail à domicile, l’expérience et les compétences des profs croisés au cours du parcours scolaire, le poids des stéréotypes, les choix d’orientation ou encore le capital culturel. (9)

Des réalités que les élèves belges connaissent bien. L’OCDE a établi, sur base des enquêtes Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), que, pour la Fédération Wallonie-Bruxelles, l’écart de performances entre les 25% des élèves de 15 ans les plus favorisés en termes socio-économiques et les 25% les plus défavorisés équivaut à trois années de scolarité. (9) Et ces inégalités sont encore plus profondes pour les élèves issus de l’immigration. Or, le niveau de scolarisation est le facteur le plus déterminant pour l’accès à un emploi de qualité. Et celui-ci est la meilleure garantie d’avoir des revenus permettant d’échapper à la pauvreté : seulement 2,5% des travailleurs belges avec un niveau d’éducation élevé sont en risque de pauvreté, contre 9,5% pour les travailleurs belges avec un niveau d’éducation faible. (9)

2 Voir à ce propos notre analyse «Les élèves belges à l’école de l’inégalité».

Disponible sur: http://www.lesitinerrances.com/index.php?option=com_content&view=

article&layout=edit&id=264

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En entretenant l’illusion que seuls les plus méritants se hissent aux positions de pouvoir, qu’il soit politique ou économique (ou les deux à la fois), ce système de pensée méritocratique creuse un véritable fossé entre les

« gagnants » du système et les autres. Ces derniers se sentent méprisés par ces « élites » qui ont eu la chance de naître dans un milieu social privilégié et de disposer de réseaux qui les ont conduits au sommet. Ce sentiment est renforcé par un ensemble d’attitudes, ou de réflexions, qui les renvoient à leur statut de « perdants » qui ne méritent pas une meilleure place dans la société.

Cela est particulièrement visible en France avec le mouvement des « gilets jaunes ». Si la motivation de départ était de protester contre l’augmentation du prix du carburant, on a très vite vu apparaître des slogans de rejet des élites. Le mouvement a cristallisé des revendications parfois très différentes d’une mobilisation à l’autre. Mais les discours dénonçant le mépris des élites pour le peuple est un point commun à toutes les manifestations de mécontentement qui ont parfois pris des tournures très violentes.

On peut même aller un cran plus loin en constatant qu’un peu partout dans le monde, des partis ou des leaders doivent leur succès à ce type de discours de confrontation entre peuple et élites. Et ce n’est pas particulièrement une bonne nouvelle pour la démocratie, la vision du pouvoir véhiculée par ces partis ou ces leaders étant souvent autoritaire.

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On veillera toutefois à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain: il semble évident que la notion de mérite est importante. Les problèmes surviennent lorsqu’on en fait un critère central dans une idéologie politico-économique.

On vient de le voir : dans notre système néolibéral, le mérite devient non seulement le prétexte permettant de justifier les inégalités, occultant au passage les autres causes structurelles de celles-ci, mais aussi l’instrument d’un tri entre les méritants et les autres considérés comme responsables de leur sort et donc inutiles.

C’est ainsi, par exemple, qu’un « étranger devra “mériter” sa place dans un pays d’accueil en démontrant qu’il est prêt à développer des compétences utiles au marché. » (5) Ou encore qu’une personne qui se retrouve sans- emploi devra continuellement prouver qu’elle mérite de recevoir une allocation de chômage. Quand on en arrive là, et que cela semble normal à la majorité de la population, on peut dire que le mérite « confère à la violence néolibérale l’apparence de la légitimité et engendre une société du mépris et de la cruauté indifférente. » (10)

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Comment faire alors pour retrouver un projet de société où le mérite se retrouverait à sa juste place, celle où il récompense la motivation et l’effort sans devenir un critère hégémonique de répartition des richesses et des ressources ? On s’en doute: la réponse à cette question est loin d’être évidente. Certaines pistes semblent toutefois claires.

Il faut tout d’abord faire évoluer notre système scolaire pour dépasser l’idée selon laquelle seul le « mérite scolaire » détermine la future place d’un individu dans la société. (11) Pour valoriser autre chose que la seule capacité d’apprentissage, trop souvent réduite à la restitution d’un savoir, des solutions existent déjà. La formation continue par exemple. Lorsqu’elle est développée, elle devient un facteur de mobilité professionnelle en cours de carrière et permet à plus de travailleurs de trouver un secteur d’activité et un emploi en adéquation avec leurs désirs et l’ensemble de leurs compétences.

Au Danemark, par exemple, chacun dispose d’un certain nombre de mois de formation, payés par l’État, à utiliser lorsqu’on le désire. Cela permet à des jeunes de faire des allers-retours entre études et emplois pour affiner leur choix d’orientation professionnelle. Cela réduit l’intensité de la compétition scolaire. « C’est là un enjeu central pour réduire les inégalités : plus la compétition scolaire est élevée, plus elle bénéficie aux élèves issus de milieux sociaux favorisés. » (11)

Une autre priorité doit être de combattre les discriminations. Parce qu’elles « troublent le jeu de la responsabilité individuelle ». (4) Mais cela ne servirait qu’à améliorer ce qu’on appelle « l’égalité des chances ». Or, s’il y a une égalité à viser, c’est plutôt « l’égalité des places ». Cela part du constat selon lequel les plus grandes inégalités touchent la valorisation des différentes places occupées dans la société. (11) Autrement dit, il faut combattre l’extrême hiérarchisation sociale de nos sociétés en les rendant plus égalitaires et, notamment, en diminuant les écarts de niveau de vie.

Dans une société moins inégalitaire, la compétition pour arriver aux meilleures places perd en intensité et tous les obstacles à une réelle égalité des chances, le déterminisme social en premier lieu, perdent de leur importance. Si tout le monde quelle que soit sa position sociale de départ peut atteindre la position qu’il vise - et tout le monde ne désire pas devenir cadre dirigeant d’une entreprise, titulaire d’une profession libérale ou leader politique - moyennant les efforts nécessaires à accomplir, alors les écarts de rémunération ne sont plus considérés comme un problème. (8)

Et la société entière s’en retrouve apaisée. Une perspective qui vaut certainement la peine de dépasser certains dogmes. Utopique? Il paraît pourtant que « quand on veut, on peut », non ?

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iblioGraPHie

(1) France Culture, « Aux origines de la méritocratie » par Brice Couturier (en ligne) c 2016. Consulté le 30/06/2020. Disponible sur :

https://www.franceculture.fr/emissions/le-tour-du-monde-des-idees/

aux-origines-de-la-meritocratie

(2) Le Monde, « La méritocratie est la bonne conscience des gagnants du système » par Marine Miller (en ligne) c 2019. Consulté le 30/06/2020.

Disponible sur :

https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/02/05/la-meritocratie- est-la-bonne-conscience-des-gagnants-du-systeme_5419241_4401467.html (3) Maddyness, « La méritocratie n’existe pas, et croire l’inverse vous desservira » par Clifton Mark (en ligne) c 2019. Consulté le 30/06/2020.

Disponible sur :

https://www.maddyness.com/2020/02/20/la-meritocratie-nexiste-pas/

(4) SociologieS, « Grand résumé de Le Mérite contre la justice, Paris, Presses de Sciences Po, 2009 » par Marie Duru-Bellat (en ligne) c 2012.

Consulté le 01/07/2020. Disponible sur :

https://journals.openedition.org/sociologies/3776

(5) Le Monde Diplomatique, « Le mérite, une valeur pervertie ? » par Angélique Del Rey (en ligne) c 2011. Consulté le 02/07/2020. Disponible sur :

https://www.monde-diplomatique.fr/2011/06/DEL_REY/20693

(6) Ouest France, « La méritocratie, c’est le contraire de la démocratie » par Stéphane Vernay (en ligne) c 2019. Consulté le 02/07/2020. Disponible sur :

https://www.ouest-france.fr/societe/la-meritocratie-c-est-le-contraire- de-la-democratie-6266368

(7) Business AM, « Méritocratie ? La chance est déterminante pour devenir riche » par Audrey Duperron (en ligne) c 2018. Consulté le 03/07/2020.

Disponible sur :

https://fr.businessam.be/meritocratie-la-chance-est-determinante-pour- devenir-riche/

(8) Le Vent se Lève, « La mystification méritocratique » par Mathis Nicole Desmau (en ligne) c 2019. Consulté le 03/07/2020. Disponible sur :https://

(13)

lvsl.fr/la-mystification-meritocratique/

(9) CEPAG, « Un enseignement reproducteur d’inégalités plutôt qu’ascenseur social » par Thaddée D’Haegeleer (en ligne) c 2019. Consulté le 13/07/2020. Disponible sur :

https://www.cepag.be/sites/default/files/publications/analyse_cepag_-_

novembre_2019_-_ccb_-_enseignement_0.pdf

(10) Revue Projet, « La société du mérite. Idéologie méritocratique et violence néolibérale » par Camille Renouard (en ligne) c 2011. Consulté le 14/07/2020. Disponible sur :

https://www.cairn.info/revue-projet-2011-4-page-102.htm

(11) Observatoire des inégalités, « Comment échapper à l’illusion de la méritocratie » (en ligne) c 2019. Consulté le 15/07/2020. Disponible sur :

https://www.inegalites.fr/Comment-echapper-a-l-illusion-de-la- meritocratie?id_theme=17

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Pascal De Gendt

Méritocratie : la fin de l’illusion ?

La pandémie de COVID-19 a révélé au grand jour l’un des paradoxes de notre société : les professions essentielles au fonctionnement de notre société, celles dont les travailleurs n’ont pas pu se confiner, se trouvent généralement au-bas de l’échelle des salaires. C’est une remise en question de l’idéologie méritocratique selon laquelle notre place dans la société est uniquement déterminée par notre mérite. L’existence de discriminations structurelles était déjà un coup porté à la méritocratie. Qui en reçoit encore un à chaque fois qu’un emploi est pourvu sur d’autres critères que celui de la compétence.

Pourtant, des rémunérations indécentes de certains grands patrons, à la chasse aux chômeurs en passant par la vision utilitariste de l’immigration, cette notion de mérite reste centrale dans notre système socio-économique.

Le premier mériterait ce salaire au vu des efforts accomplis pour arriver à cette place, le deuxième doit prouver qu’il mérite des allocations de chômage et le migrant doit mériter sa place dans le pays d’accueil en prouvant qu’il a des compétences qui peuvent être utilisées.

Dans cette analyse, nous allons tenter de cerner les origines de la méritocratie ainsi que ses forces, ses faiblesses et ses dérives. Nous esquisserons ensuite des pistes qui pourraient permettre de replacer la notion de mérite, qui n’est pas à jeter, à sa juste place.

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Service International de Recherche, d’Éducation et d’Action Sociale asbl Secteur Éducation Permanente

Rue du Champ de Mars, 5 – 1050 Bruxelles

Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles

par PASCAL DE GENDT

La pandémie de COVID-19 a révélé au grand jour l’un des paradoxes de notre société : les professions essentielles au fonctionnement de notre société, celles dont les travailleurs n’ont pas pu se confiner, se trouvent généralement au-bas de l’échelle des salaires. C’est une remise en question de l’idéologie méritocratique selon laquelle notre place dans la société est uniquement déterminée par notre mérite. L’existence de discriminations structurelles était déjà un coup porté à la méritocratie. Qui en reçoit encore un à chaque fois qu’un emploi est pourvu sur d’autres critères que celui de la compétence.

Pourtant, des rémunérations indécentes de certains grands patrons, à la chasse aux chômeurs en passant par la vision utilitariste de l’immigration, cette notion de mérite reste centrale dans notre système socio-économique.

Le premier mériterait ce salaire au vu des efforts accomplis pour arriver à cette place, le deuxième doit prouver qu’il mérite des allocations de chômage et le migrant doit mériter sa place dans le pays d’accueil en prouvant qu’il a des compétences qui peuvent être utilisées.

Dans cette analyse, nous allons tenter de cerner les origines de la méritocratie ainsi que ses forces, ses faiblesses et ses dérives. Nous esquisserons ensuite des pistes qui pourraient permettre de replacer la notion de mérite, qui n’est pas à jeter, à sa juste place.

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