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La faune du Néolithique moyen I, couches 52 à 48

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La faune du Néolithique moyen I, couches 52 à 48

CHIQUET, Patricia Anne

Abstract

Dans la grotte du Gardon, les vestiges osseux attribués au Néolithique moyen I proviennent des couches 52 à 48, datées entre 4700 et 4200 av. J.-C. (Voruz, Perrin, Sordoillet et coll., 2004). Ces dernières, absentes du porche, sont localisées dans la première salle, à l'instar des niveaux du Néolithique ancien (Chiquet, Chaix, supra, chap. 22). Elles présentent une extension très variable, généralement d'une quinzaine à une quarantaine de mètres carrés.

Au sein de ces couches, il est possible de distinguer trois niveaux d'occupation (52, 50, 49) entre lesquels s'intercalent des dépôts fluviatiles laissés lors des crues majeures du Gardon (51, 48). Nous nous proposons d'établir quelques remarques d'ordre général sur le matériel osseux mis au jour dans les couches 52 à 48, avant de procéder à une description assez succincte de la faune contenue dans chacun des niveaux. La couche 52, dont l'attribution culturelle pose quelques problèmes, sera ensuite comparée à l'ensemble des couches 50 à 48, - ce dernier est rattaché à une phase récente du Saint-Uze sur la base du mobilier céramique (Nicod, [...]

CHIQUET, Patricia Anne. La faune du Néolithique moyen I, couches 52 à 48. In: Voruz, Jean-Louis (dir.). La grotte du gardon (Ain). Volume 1 : le site et la séquence

néolithique des couches 60 à 47 . Toulouse : Ecole des hautes études en sciences sociales, 2009. p. 537-556

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:5175

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Chapitre 27

La faune du Néolithique moyen I, couches 52 à 48

Par

Patricia CHIQUET

Dans la grotte du Gardon, les vestiges osseux attri- bués au Néolithique moyen I proviennent des cou- ches 52 à 48, datées entre 4700 et 4200 av. J.-C.

(Voruz, Perrin, Sordoillet et coll., 2004). Ces der- nières, absentes du porche, sont localisées dans la première salle, à l’instar des niveaux du Néolithique ancien (Chiquet, Chaix, supra, chap. 22). Elles pré- sentent une extension très variable, généralement d’une quinzaine à une quarantaine de mètres carrés.

Au sein de ces couches, il est possible de distinguer trois niveaux d’occupation (52, 50, 49) entre lesquels s’intercalent des dépôts fl uviatiles laissés lors des crues majeures du Gardon (51, 48).

Nous nous proposons d’établir quelques remarques d’ordre général sur le matériel osseux mis au jour dans les couches 52 à 48, avant de procéder à une description assez succincte de la faune conte- nue dans chacun des niveaux. La couche 52, dont l’attribution culturelle pose quelques problèmes, sera ensuite comparée à l’ensemble des couches 50 à 48, - ce dernier est rattaché à une phase récente du Saint-Uze sur la base du mobilier céramique (Nicod, supra, chap. 26) -, afi n d’évaluer leur degré de simi- litude. Cette étude tentera également de montrer de quelle manière évolue l’économie animale au sein de la grotte du Gardon entre le Néolithique ancien et moyen I. Finalement, quelques comparaisons en direction de gisements contemporains permet- tront de replacer le site dans le contexte régional de l’époque.

La faune des couches 52 à 48

Généralités

Les couches 52 à 48 ont livré 5529 restes osseux représen- tant un peu moins de 11 kg (tab. 103). Le poids moyen des vestiges n’atteint pas 2 grammes (fi g. 360). Les ossements sont bien conservés et présentent une allure en tout point semblable à celle décrite pour les horizons antérieurs.

L’excellent état de conservation du matériel a, en outre, permis des analyses d’ADN1.

Si la plupart des ossements proviennent des cou- ches d’occupation 52, 50 et 49 (fi g. 361), en termes de poids par contre, les valeurs les plus élevées sont don- nées par la couche 49 et le niveau d’inondation 48 qui lui succède (fi g. 362). Ces deux niveaux et en particulier la

1 Plusieurs extractions d’ADN ont été réalisées par Helena Fernàndez sur des ossements de chèvres au Laboratoire d’Écologie Alpine, Génomique des Populations et Biodiversité (CNRS) de Grenoble. Les résultats obtenus, encore inédits et à valider, iraient dans le sens de la présence de deux lignées maternelles distinctes, à l’instar de ce qui a été démontré à la Baume d’Oullen (Fernàndez et al., 2006).

Espèces couches 52 à 48

NR PR NMI

Bœuf (Bos taurus) 33 733,3 4

Porc (Sus domesticus) 8 319,4 1

Mouton (Ovis aries) 35 220,4 7

Chèvre (Capra hircus) 10 117,9 4

Total mammifères domestiques 86 1391 16

Sanglier (Sus scrofa) 100 1811,2 3

Cerf (Cervus elaphus) 132 3225,8 4

Chevreuil (Capreolus capreolus) 51 313,4 4

Chamois (Rupicapra rupicapra) 1 2,8 1

Blaireau (Meles meles) 27 66,3 3

Martre ou fouine (Martes sp.) 14 7,7 2

Loutre (Lutra lutra) 2 1,2 1

Putois (Mustela putorius) 3 0,2 1

Chat sauvage (Felis silvestris) 7 10 2

Lynx (Lynx lynx) 2 0,9 1

Loup (Canis lupus) 1 0,3 1

Renard (Vulpes vulpes) 13 7,5 2

Ours brun (Ursus arctos) 3 16,8 1

Hérisson (Erinaceus europaeus) 5 3,6 2

Total mammifères sauvages 361 5467,7 28

Micromammifères 10 0,6 5

Batraciens 28 0,7 5

Reptiles 2 0,1 1

Oiseaux 21 6 9

Tortue 1 1,7 1

Poissons 1 0 -

Bovinés indéterminés 6 57,3 -

Grands ruminants 25 185,2 -

Suidés indéterminés 233 1100,2 7

Caprinés indéterminés 149 414,2 4

Petits ruminants 156 239,3 1

Canidés indéterminés 7 11,3 1

Carnivores indéterminés 8 3,8 -

Indéterminés TP 13 3,2 -

Indéterminés TM 126 119,5 -

Indéterminés TG 80 345,9 -

Indéterminés 4216 1301,5 -

Total général 5529 10649,2 78

Tableau 103 - Décompte des restes osseux issus de l’ensemble des cou- ches 52 à 48, par espèce ou catégorie d’espèces. NR : nombre de res- tes ; PR : poids des restes ; NMI : nombre minimum d’individus ; indétermi- nés TP, TM, TG : indéterminés taille petit, moyen et grand mammifère.

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couche 48 fournissent par conséquent des vestiges dont le poids moyen est nettement plus élevé que celui cal- culé pour les niveaux sous-jacents (fi g. 360). Cet accrois- sement du poids, perceptible aussi bien pour les restes déterminés qu’indéterminés (fi g. 363), a également été

mis en évidence dans le cadre de l’étude de la céramique.

Le taux de restes déterminés spécifi - quement correspond à 7,9 % seulement du nombre total de restes et 67 % du poids. Des pourcentages légèrement supérieurs sont obte- nus lorsque les ossements dont l’attribution reste limitée au genre (par exemple Sus sp.) sont pris en considération (colonne grisée, fi g. 364, 365). Dans tous les cas, le contraste entre les deux valeurs, également observé au Néolithique ancien, est révélateur du nombre important d’esquilles indéterminées récoltées lors du tamisage à l’eau des sédiments. La diff érence obtenue entre le poids moyen des vestiges déterminés et celui des indéterminés rend elle aussi bien compte de la taille réduite de la seconde catégorie de vestiges (fi g. 363).

Ces observations ne sont pas anodines, dans la mesure où une moindre fragmentation a des implications directes sur le taux de déter- mination. La similitude entre les fi gures 360 et 364 est de ce point de vue évidente.

Les variations du taux de fragmen- tation observées entre les divers niveaux du Néolithique moyen I nous paraissent dans certains cas en rapport direct avec l’extension spatiale des couches. En eff et, le tamisage à l’eau systématique des sédiments a été mis au point sur le site, alors que la fouille des niveaux du Néolithique moyen I des bandes J et K était achevée. Il en découle une diff érence de traitement entre les bandes I et L (zones tamisées) et les bandes J et K (non tamisées) qui s’accompagne d’eff ectifs très inégaux, avec des vestiges dont le poids moyen varie considérablement en fonction du type de prélèvement mis en œuvre.

Sur la fi gure 366 qui illustre la pro- portion d’ossements issus des bandes J-K non tamisées, la couche 48 se distingue de toutes les autres. Plus de la moitié des vesti- ges qu’elle renferme provient de secteurs non tamisés, ce qui a pour conséquence un poids moyen nettement supérieur, qu’il s’agisse des restes déterminés ou indéterminés (fi g. 363).

La couche 50 obtient au contraire un taux de restes issus des zones non tamisées extrê- mement bas (1,5 %), alors qu’elle a livré le nombre de restes osseux le plus important pour le Néolithique moyen I (fi g. 361). Cela conduit à un poids moyen et un taux de détermination faibles (fi g. 360, 364) puisque les restes sont issus majoritairement du tamisage. Le poids moyen des restes déterminés est par contre analogue à celui de la couche 52 (fi g. 363).

0 1 2 3 4 5 6 7 8

52 51 50 49 48 52-48 l.s. 52-48 tot.

couche

Figure 360 - Poids moyen (en gramme) des restes osseux issus des différentes couches ou ensemble de couches. En gris : valeur correspondant à la totalité des restes issus des couches 52, 51, 50, 49, 48 et de l’ensemble « 52 à 48 l.s. ». Ce dernier réunit le matériel qui n’a pu être attribué à une couche précise.

0 1000 2000 3000 4000 5000 6000

52 51 50 49 48 52-48 l.s. 52-48 tot.

couche

Figure 361 - Nombre de restes osseux issus des différentes couches ou ensem- ble de couches du Néolithique moyen I. En gris : valeur correspondant à la totalité des restes issus des couches 52, 51, 50, 49, 48 et de l’ensemble « 52 à 48 l.s. ».

Ce dernier réunit le matériel qui n’a pu être attribué à une couche précise.

NR : nombre de restes.

0 2000 4000 6000 8000 10000 12000

52 51 50 49 48 52-48 l.s. 52-48 tot.

couche

Figure 362 - Poids des restes osseux issus des différentes couches ou ensemble de couches du Néolithique moyen I. En gris : valeur correspondant à la totalité des restes issus des couches 52, 51, 50, 49, 48 et de l’ensemble « 52 à 48 l.s. ». Ce dernier réunit le matériel qui n’a pu être attribué à une couche précise. PR : poids des restes.

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Enfi n, les couches 52 et 49 présentent des eff ectifs et des taux de détermination simi- laires (fi g. 361, 364), de même qu’une quantité de restes issus des zones non tamisées compa- rable (fi g. 366). Elles se distinguent par contre clairement l’une de l’autre par le poids moyen des ossements qu’elles contiennent, puisque le poids calculé pour la couche 49 corres- pond au double de la valeur obtenue pour la couche 52 (fi g. 360). Cette dissemblance est à nos yeux signifi cative dans la mesure où elle ne semble pas découler des méthodes de pré- lèvement. L’accroissement du poids moyen des vestiges entre les couches 52-50 et 49-48 est à notre avis une réalité, mais son ampleur est largement accentuée dans la couche 48 du fait de l’absence de tamisage de la majeure partie des sédiments constituant ce niveau.

Il nous a paru nécessaire d’insister sur ces problèmes de fragmentation et de repré- sentativité, attendu qu’ils biaisent notre vision et peuvent parfois conduire à des diffi cultés d’analyse et d’interprétation.

La diversité des traces observées sur le matériel osseux des couches 52 à 48 (bouche- rie, brûlures, dents de carnivores et de ron- geurs, attaques par des sucs gastriques, etc.), si elle souligne la complexité de l’histoire taphonomique des vestiges, ne remet pas en cause l’origine anthropique de ces accumula- tions. Les traces de dents de carnivores aussi bien que de rongeurs aff ectent 1 à 2 % des ossements. Les stigmates d’origine anthro- pique sont un peu plus fréquents. Ils se ren- contrent principalement dans les couches 49 et 48 et concernent l’ensemble des mammifè- res. Dans plusieurs cas, les marques de dents se retrouvent sur des ossements portant déjà des traces de boucherie, témoignant de la reprise de déchets culinaires par des animaux fréquentant la grotte à la suite des hommes.

En ce qui concerne les os brûlés, ils se concentrent plutôt dans les niveaux anthropi- ques (fi g. 367). Ils sont abondants puisqu’ils correspondent à 34 % du nombre et 17 % du poids de l’ensemble de la faune. Deux types de vestiges brûlés ont été identifi és : d’une part une importante quantité d’esquilles fortement brûlées provenant du tamisage et constituant les résidus de combustion des foyers, d’autre part des ossements de plus grande taille

témoignant de brûlures légères souvent localisées, dues plutôt à une préparation culinaire.

Le tableau 103 donne un premier aperçu des ani- maux rencontrés dans les niveaux du Néolithique moyen I.

La faune sauvage s’impose nettement puisqu’elle totalise 80 % du nombre comme du poids des restes déterminés spécifi quement. Le cortège des espèces correspond à un paysage boisé comprenant des zones humides propices à des animaux comme la tortue ou la loutre. Les espèces

Figure 363 - Poids moyen (en gramme) des restes osseux issus des différentes couches ou ensemble de couches, qu’ils soient déterminés (dét.) ou indéterminés (indét). L’ensemble « 52 à 48 l.s. » réunit le matériel qui n’a pu être attribué à une couche précise.

0 5 10 15 20 25

52 51 50 49 48 52-48 l.s. 52-48 tot.

couche

poids moyen dét.

poids moyen indét.

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52 51 50 49 48 52-48 l.s. 52-48 tot.

couche

Figure 364 - Taux de restes déterminés au niveau de l’espèce ou du genre. Les calculs se basent sur le nombre des restes. En gris : valeur correspondant à la totalité des restes issus des couches 52, 51, 50, 49, 48 et de l’ensemble

« 52 à 48 l.s. ».

Figure 365 - Taux de restes déterminés au niveau de l’espèce ou du genre. Les calculs se basent sur le poids des restes. En gris : valeur correspondant à la totalité des restes issus des couches 52, 51, 50, 49, 48 et de l’ensemble « 52 à 48 l.s. ».

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52 51 50 49 48 52-48 l.s. 52-48 tot.

couche

poids moyen (g)

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recherchées sont variées, mais le cerf est incontestable- ment la proie favorite, tandis que le sanglier obtient la seconde place. Parmi les animaux domestiques commu- nément rencontrés au Néolithique, seul le chien manque à l’appel ici.

La couche 52

La couche 52 est le premier niveau d’occupation attribué au Néolithique moyen I. Daté entre 4700 et 4400 avant J.-C., cet horizon ne peut être rattaché aujourd’hui à un ensemble culturel précis. L’étude de la céramique montre en eff et qu’une attribution cultu- relle n’est pas envisageable sur la base des éléments à disposition. D’après l’analyse de la dispersion verticale des remontages céramiques, l’hypothèse selon laquelle les couches 52 et 51 formeraient un ensemble cohérent semble caduque. Du point de vue de l’industrie lithique, la couche 52 témoigne d’une certaine fi liation avec le Néolithique ancien sous-jacent et pourrait correspon- dre à une phase ancienne du Saint-Uze (Voruz, Perrin, Sordoillet et coll., 2004, p. 847-850).

Ce niveau anthropique rassemble 1069 restes osseux, soit 1,5 kg de matériel issu d’une vingtaine de mètres carrés (tab. 104).

Les remontages établis à partir de ces vestiges témoignent de liaisons ayant principalement lieu au sein de la couche 52 (fi g. 368). Si quel- ques-uns s’eff ectuent également en direction des couches 50 et 49, ce phénomène n’atteint jamais l’ampleur de ce qui a été observé pour la céramique. Une césure nette semble par contre exister avec les niveaux du Néolithique ancien.

Tous ces remontages se rencontrent principale- ment à la hauteur des bandes 25 et 26, soit en marge du soutirage qui barre transversalement la première salle.

Le poids moyen des vestiges osseux paraît faible (1,4 g) du fait de la récolte d’un grand nombre d’esquilles indéterminables lors du tamisage à l’eau. Les restes déterminés au niveau du genre ou de l’espèce correspondent eff ectivement à 14 % à peine du nombre total de restes, alors qu’ils représentent plus de 70 % du poids. La fi gure 363 montre clairement la petitesse des restes indéterminés issus essen- tiellement du tamisage, par rapport aux vesti- ges déterminés.

Les espèces reconnues sont au nombre de 14, en ne décomptant ni oiseau ni micro- faune (tab. 104). Un coup d’œil suffi t pour se rendre compte de l’importance des mammifè- res sauvages. Ceux-ci forment en eff et entre 76 et 78 % de la faune, en nombre comme en poids de restes.

Le cerf domine largement en termes de poids, alors qu’il est suivi de près par le chevreuil, lorsqu’il est question du nombre de restes. Le sanglier vient en troisième posi- tion, suivi de tout un cortège de carnivores. La mise en évidence de la présence du chamois dans les couches du Néolithique moyen I ne tient qu’à la découverte d’une phalange proximale dans ce niveau.

Les ossements de cerf, principalement des élé- ments de bas de pattes et du tronc ont permis d’identifi er deux individus, parmi lesquels un mâle, d’après la mor- phologie d’un os coxal. Les restes de sanglier, également issus de l’extrémité des membres et du tronc appartien- nent à un individu adulte au minimum, dont le sexe n’est pas connu. Deux chevreuils de taille adulte ont été indivi- dualisés. L’un d’eux est âgé approximativement entre 3 et 6 ans d’après l’usure dentaire observée sur un maxillaire.

Cette espèce a livré une sixième vertèbre cervicale portant des stries sur un des processus transverses, à proximité du tubercule dorsal. Ces traces pourraient correspondre à la section des muscles en vue d’isoler la tête et le cou du reste du squelette.

Les carnivores sont représentés par trois mustélidés (blaireau, martre et loutre), un chat sauvage et un renard.

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52 51 50 49 48

couche

nombre poids

Figure 366 - Taux de restes osseux issus des secteurs non tamisés (bandes J et K). Les calculs se basent sur le nombre et sur le poids des restes.

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52 51 50 49 48 52-48 l.s. 52-48 tot.

couche

Figure 367 - Taux de restes brûlés, en se basant sur le nombre de restes. En gris : valeur correspondant à la totalité des restes issus des couches 52, 51, 50, 49, 48 et de l’ensemble « 52 à 48 l.s. ».

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Le hérisson est attesté à travers trois ossements, soit une ulna et un fémur dont les épiphyses ne sont pas encore soudées ainsi qu’une mandibule dont la branche montante est fracturée. L’exploitation de cet animal pourrait s’avérer humaine si les stries à peine perceptibles reconnues sur la face caudale du fémur, à proximité de l’extrémité distale, sont bien dues au tranchant d’un outil en silex.

L’avifaune est pour sa part extrêmement discrète, avec 5 restes seulement appartenant à deux individus au moins, une chouette hulotte (Strix aluco) et une gelinotte des bois (Bonasa bonasia).

Les espèces domestiques apparaissent minoritai- res, quel que soit le type de décompte considéré (NR, PR, NMI). Les caprinés sont au nombre de 6, parmi lesquels un agneau de moins d’un mois et deux moutons de plus d’un an. Un fragment d’os frontal laisse supposer qu’un

de ces individus pourrait être une femelle. La pièce est trop fragmentée pour permettre de l’assurer. La chèvre fournit quant à elle trois vestiges correspondant à 3 indi- vidus, soit un périnatal, un cabri de moins de trois mois et un animal de taille adulte. Essentiellement représenté par des caprinés (mouton et chèvre), le cheptel compte éga- lement un bœuf dont la croissance n’est pas terminée. Le chien est quant à lui absent et semble le demeurer durant toute la séquence du Néolithique moyen I.

Grâce à la découverte d’un maxillaire droit com- plet appartenant à une femelle adulte, la présence de suidés domestiques est attestée pour la première fois de la séquence dans un niveau anthropique bien individualisé.

Les mesures réalisées sur la troisième molaire se distin- guent nettement de celles prises sur les maxillaires de sanglier (fi g. 369). Elles se rangent également parmi les Espèces couche 52 couche 51 couche 50 couches 49 et 49b couche 48

NR PR NMI NR PR NMI NR PR NMI NR PR NMI NR PR NMI

Bœuf (Bos taurus) 2 34,6 1 1 5,7 1 3 59,6 2 17 408,3 3 10 225,1 3

Porc (Sus domesticus) 1 94 1 1 1,5 1 2 82,6 1 2 131,4 1 1 6,2 1

Mouton (Ovis aries) 14 54,7 3 - - - 8 46,9 2 6 66,6 1 7 52,2 3

Chèvre (Capra hircus) 3 27,6 3 - - - - - - 1 10 1 5 53 1

Total mammifères domestiques 20 210,9 8 2 7,2 2 13 189,1 5 26 616,3 6 23 336,5 8

Sanglier (Sus scrofa) 12 76,2 1 - - - 16 192,7 2 37 757,2 3 23 650,8 3

Cerf (Cervus elaphus) 23 502,9 2 2 15,7 1 15 221,2 2 38 1341,3 3 37 870,8 2

Chevreuil (Capreolus capreolus) 18 91,6 2 1 0,3 1 15 68,8 3 9 101,5 1 4 39,2 2

Chamois (Rupicapra rupicapra) 1 2,8 1 - - - - - - - - - - - -

Blaireau (Meles meles) 5 4,1 1 - - - - - - 4 3,5 1 13 52,7 2

Martre ou fouine (Martes sp.) 1 0,2 1 - - - 7 3,9 1 4 2,8 2 2 0,8 1

Loutre (Lutra lutra) 1 0,3 1 - - - 1 0,9 1 - - - - - -

Putois (Mustela putorius) - - - - - - 1 <0.1 1 2 0,2 1 - - -

Chat sauvage (Felis silvestris) 1 0,5 1 - - - - - - 5 8,9 2 1 0,6 1

Lynx (Lynx lynx) - - - - - - 1 0,5 1 - - - - - -

Renard (Vulpes vulpes) 4 0,5 1 - - - 4 2,9 1 5 4,1 1 - - -

Ours brun (Ursus arctos) - - - - - - - - - 2 8,5 1 1 8,3 1

Hérisson (Erinaceus europaeus) 4 2,8 1 - - - 1 0,8 1 - - - - - -

Total mammifères sauvages 70 681,9 12 3 16 2 61 491,7 13 106 2228 15 81 1623,2 12

Micromammifères 2 0,2 1 - - - 4 0,1 3 4 0,3 3 - - -

Batraciens 3 0,2 1 - - - 13 0,2 3 11 0,2 4 - - -

Reptiles - - - - - - 2 0,1 1 - - - - - -

Oiseaux 5 1 2 1 0,1 1 4 2,1 3 6 2,2 4 5 0,6 4

Tortue - - - - - - - - - - - - 1 1,7 1

Poissons 1 - - - - - - - - - - - - - -

Bovinés indéterminés - - - - - - - - - - - - 2 9,1 -

Grands ruminants 1 2,3 - - - - 9 91,8 - 6 27,9 - 3 22,9 -

Suidés indéterminés 59 183,2 3 1 0,9 - 41 97,2 5 61 359,1 4 30 235,1 4

Caprinés indéterminés 35 53,1 1 1 0,1 - 38 64,3 3 32 131,1 3 17 60,3 1

Petits ruminants 36 52,9 - 2 0,2 1 38 51,6 1 49 84,5 1 13 27,6 2

Canidés indéterminés 1 - - - - - 1 - 1 2 3,3 1 3 8 2

Carnivores indéterminés 1 0,7 - - - - 2 0,2 - 1 0,9 - - - -

Indéterminés TP 1 0,2 - - - - 6 1,5 - 3 0,1 - 3 1,4 -

Indéterminés TM 17 17,5 - 1 0,7 - 42 30,5 - 29 35,5 - 15 18,9 -

Indéterminés TG 4 14,9 - - - - 7 28,7 - 26 113,5 - 31 135,3 -

Indéterminés 813 260,8 - 83 15,6 - 1856 373,8 - 1034 400,3 - 124 110,2 -

Total général 1069 1479,8 28 94 40,8 6 2137 1422,9 38 1396 4003,2 41 351 2590,8 34 Tableau 104 - Décompte des restes osseux issus des différentes couches du Néolithique moyen I, par espèce ou catégorie d’espèces.

NR : nombre de restes ; PR : poids des restes ; NMI : nombre minimum d’individus ; indéterminés TP, TM, TG : indéterminés taille petit, moyen et grand mammifère.

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Figure 368 - Histogrammes illustrant, pour chaque couche ou ensemble de couches, le nombre de pièces impliquées dans des remon- tages intra- et inter-couches. En gris sont figurés les collages, en blanc, les appariements et les connexions anatomiques.

Figure 369 - Diagramme montrant la position des mesures prises sur une troisième molaire de porc par rapport à celles obtenues pour des sangliers. DAP et DT : diamètre antéro-pos- térieur et diamètre transverse.

Figure 370 - Position des mesures prises sur la troisième mo- laire supérieure de porc de la couche 52 du Gardon, par rapport aux données disponibles sur quelques sites littoraux suisses du Néolithique moyen II, à savoir Arbon Bleiche 3 (Deschler-Erb, Marti- Grädel 2004), Twann (Becker, Johansson 1981) et Marin Les Piécettes (Chiquet inédit). DAP et DT : diamètre antéro-postérieur et diamètre transverse.

Troisième molaire supérieure chez le porc

0 5 10 15 20 25 30 35 40 45

Gardon (1) Arbon (54) Twann (24) Marin (21) Gardon (1) Arbon (69) Twann (24) Marin (21)

mesure en mm

DAP

DT 0

10 20 30 40 50 60 70

64-62 61 60 59 58 57 56 55 54 53 52 51 50 49 48

couches

nombre d'éléments participant à une liaison

Couche 52

0 10 20 30 40 50 60 70

64-62 61 60 59 58 57 56 55 54 53 52 51 50 49 48

couches

nombre d'éléments participant à une liaison

Couche 50

0 10 20 30 40 50 60 70

64-62 61 60 59 58 57 56 55 54 53 52-48 52 51 50 49 48

couches

nombre d'éléments participant à une liaison

Couche 52-48 s. l.

0 10 20 30 40 50 60 70

64-62 61 60 59 58 57 56 55 54 53 52 51 50 49 48

couches

nombre d'éléments participant à une liaison

Couche 49

0 10 20 30 40 50 60 70

64-62 61 60 59 58 57 56 55 54 53 52 51 50 49 48

couches

nombre d'éléments participant à une liaison

Couche 48

10 12 14 16 18 20 22 24 26

20 25 30 35 40 45

DAP M3 porc sanglier

DT M3

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plus faibles valeurs enregistrées chez des porcs provenant de gisements littoraux suisses légèrement plus récents (fi g. 370) (Becker, Johansson, 1981 ; Deschler-Erb, Marti- Grädel, 2004). Ce maxillaire porte une première molaire dont l’usure est très importante, alors que la troisième molaire, dont l’éruption s’eff ectue avant l’âge de deux ans, montre une usure faible et un état d’éruption partiel. La quatrième prémolaire présente en outre une anomalie de position. Ce type de pathologie découle des changements morphologiques qu’entraîne la domestication. L’attribu- tion de cet os à la couche 52 n’est cependant pas certaine.

Issu du mètre J/26, il forme eff ectivement un appariement sûr avec un maxillaire gauche complet issu du mètre J/25 adjacent mais rattaché à la couche 50. Cet os est aff ecté de la même pathologie.

Le rôle secondaire des espèces domestiques, et plus particulièrement du porc et des caprinés, est en fait fortement accentué par des problèmes d’identifi ca- tion. En eff et, nombreux sont les ossements de caprinés ou de suidés relégués dans des catégories de genre ou de famille qui ne sont pas prises en considération ici. Ainsi, parmi les 72 restes appartenant aux suidés, un seul a été attribué à une truie et 12 autres à un sanglier (mâle ou femelle). Les 59 pièces restantes se rapportent pourtant à trois autres individus au moins, sauvages ou domesti- ques. Il s’agit d’un fœtus, d’un jeune de moins de trois mois et d’un autre jeune de moins d’une année. Un frag- ment de maxillaire sur lequel sont présentes la première et la deuxième molaire pourrait appartenir à un second animal domestique d’un âge comparable au premier. Les dimensions des dents et leur usure sont en tout cas extrê- mement similaires entre les deux individus.

Parmi les ossements attribués aux caprinés, 35 n’ont pu être aff ectés à une espèce en particulier. Ils pourraient cependant se rattacher aux divers individus domestiques décrits plus haut. Notons la découverte au sein du mètre L/30 d’une dizaine d’ossements issus d’un fœtus de capriné. Les os en question sont un radius, une ulna, un fémur et un tibia gauches, un os coxal droit, un métatarsien, un fragment d’atlas et un fragment d’occi- pital. Divers éléments du tronc attribués à un petit rumi- nant se rattachent probablement aussi à cet individu.

Si ces restes, issus des catégories « caprinés et suidés indéterminés » s’avéraient d’origine domestique, les ani- maux d’élevage s’imposeraient alors largement devant le gibier en nombre de restes. En termes de poids toutefois, le cheptel ne semble jamais concurrencer le cerf, même lors- que ces catégories sont intégrées au produit de l’élevage.

Analyse de la répartition spatiale des restes osseux Le matériel se concentre principalement en L/29 (L/30) et le long de la bande I (26 à 30) (fi g. 372, A). Cette dis- tribution refl ète avant tout celle des nombreuses esquilles

indéterminées issues du tamisage à l’eau. La mise en place de cette procédure postérieurement à la fouille des bandes centrales J-K explique en grande partie les diff érences d’eff ectifs entre les bandes I-L et J-K. Le poids moyen des vestiges illustre également cette inégalité. En termes de poids total par contre, celle-ci est nettement moins évi- dente (fi g. 372, C). Les ossements déterminables se répar- tissent de façon beaucoup plus équilibrée entre les bandes centrales non tamisées (J-K) et les bandes latérales tami- sées (I et L). Ils off rent à notre avis une image moins biai- sée de la dispersion, étant moins sensibles aux diff érentes techniques de récolte que les restes indéterminés.

La distribution de la totalité des restes est assez semblable à celle observée par Th omas Perrin pour l’in- dustrie lithique, en ce sens que le matériel est concen- tré dans les bandes latérales (Perrin, 2003, p. 177). Cet auteur observe également une accumulation au niveau des mètres L/29-30, mais met par contre en évidence une concentration centrée en I/27, alors que pour la faune, elle semble décalée en direction du mètre I/26. Dans ce der- nier cas, elle pourrait toutefois se prolonger jusqu’en I/30, en faisant abstraction des problèmes de représentati- vité en I/28 liés probablement au soutirage qui aff ecte cette zone.

La distribution des restes brûlés (fi g. 372, B), assez comparable à la répartition générale des ossements, semble se faire plutôt à l’écart des foyers puisque sur un total de 292 restes brûlés, 9 seulement proviennent des mètres carrés non tamisés K/27 et J/25 dans lesquels sont localisés les foyers C383 et C431. Étant donné la taille extrêmement réduite des esquilles brûlées inventoriées, cette distribution s’avère lacunaire, puisque largement tributaire du tamisage. L’hypothèse d’une relation entre les vestiges brûlés et les foyers sis à proximité ne peut, par conséquent, être écartée. Ils en constitueraient les ultimes résidus dispersés aux alentours.

La couche 51

La couche 51 est constituée de sables limoneux jaunes déposés lors d’un des multiples épisodes d’inondation de la grotte. Ce dépôt de nature fl uviatile, localisé à l’entrée et au centre de la première salle, a livré 94 restes osseux représentant à peine 40 g. Les vestiges proviennent pour la plupart du tamisage du mètre L/30, situé vers le fond de la grotte. Une dizaine de restes seulement ont été déter- minés au niveau du genre ou de l’espèce. Il s’agit surtout de dents isolées et de phalanges de mammifères de taille moyenne comme le porc, le chevreuil et les caprinés (tab. 104). Le cerf est attesté à deux reprises, tandis que le bœuf apparaît sous la forme d’un très jeune veau. Une scapula d’oiseau a été attribuée à une bécasse des bois (Scolopax rusticola).

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La couche 50

La couche 50, de nature anthropique, est placée chrono- logiquement dans la fourchette 4500-4200 av. J.-C. Sur la base d’un corpus abondant, l’analyse typologique du mobilier céramique a permis de rattacher les couches 50 à 48 à la phase récente du Saint-Uze. Les remontages obtenus mettent l’accent sur les nombreuses liaisons qui s’établissent entre la couche 50 et les autres niveaux du Saint-Uze récent (couches 49 et 48).

Contrairement aux observations précédentes, la faune fournit plutôt des liaisons internes à la couche 50 ou en direction de la couche 52 (fi g. 368). Le nombre des pièces impliquées est toutefois faible et par conséquent peu parlant.

Les restes osseux issus de la couche 50 sont au nombre de 2137 et leur poids s’élève à 1,4 kg environ (tab. 104). La récolte, lors du tamisage à l’eau, de pres- que 1900 esquilles indéterminées représentant au total moins de 400 g d’os explique le poids moyen de moins d’un gramme obtenu pour cet ensemble (fi g. 360). Les restes de mammifères déterminés au niveau de l’espèce ou du genre forment à peine 5 % du nombre de restes alors qu’ils représentent plus de 50 % du poids. Notons encore que plus du tiers des vestiges est brûlé (fi g. 367). Il s’agit en grande majorité d’esquilles de taille infi me.

Les espèces présentes sont plus ou moins celles qui ont été reconnues dans la couche 52. Le gibier, y compris les espèces à fourrure dont la chair a pu être consommée, l’emporte largement sur les produits de l’élevage. La contri- bution du cerf paraît moins prononcée qu’auparavant, la régression se faisant surtout au profi t du sanglier. Du point de vue du nombre de restes, il en résulte un certain équi- libre entre les trois ongulés sauvages principaux (sanglier, cerf, chevreuil), le chevreuil restant nettement en retrait en termes de poids. En ce qui concerne l’âge et le nombre d’individus, il faut relever la présence d’un cerf mâle adulte et d’un jeune, de deux sangliers adultes de sexe indéter- miné et de trois chevreuils. Parmi ces derniers, l’un d’eux est adulte, tandis que les deux autres sont des jeunes âgés entre 6 et 9 mois, d’après l’éruption dentaire observée sur deux maxillaires gauches (Habermehl, 1985). Leur mort a eu lieu entre la mi-novembre et le mois de mars.

Parmi les carnivores, le lynx fait une apparition discrète grâce à la découverte d’une dent de lait dont la racine est partiellement résorbée. Cet élément pourrait avoir été perdu du vivant de l’animal, alors que ce dernier visitait la grotte au moment du changement dentaire. Des incisions ont été observées sur la face latérale d’une fi bula appartenant à une martre ou une fouine (Martes sp.), juste au-dessus de l’extrémité distale (fi g. 371). Ces traces, que nous rattachons au prélèvement de la dépouille, témoi- gnent sans ambiguïté de l’exploitation anthropique de ce mustélidé.

Parmi les espèces domestiques, seuls le bœuf, le porc et le mouton sont attestés. L’absence de la chèvre n’est pas signifi cative, compte tenu des faibles eff ectifs. Le mouton est représenté par deux individus au minimum.

L’un est adulte et âgé de plus de 2-3 ans, tandis que l’autre est un jeune individu dont la croissance n’est pas terminée (distum d’un métacarpien et proximum d’un fémur non épiphysés). Chez cette espèce, des stries en relation avec le prélèvement d’une masse musculaire sont clairement perceptibles sur un fémur, au niveau de la face médiale de la diaphyse. Des entailles profondes en vue probablement de fendre en deux le crâne ont été observées sur un occi- pital de capriné, très probablement un mouton.

Il faut signaler ici la découverte de quatre dents déciduales de caprinés dont les racines en grande partie résorbées indiquent leur chute du vivant de l’animal. Ce genre de témoignage est en rapport direct avec l’existence, à un moment donné dans la grotte, d’individus vivants.

Enfi n, relevons cette fois encore la présence de nombreux restes de suidés et de caprinés qui n’ont pu être attribués de façon plus précise, du fait de leur fragmenta- tion et de leur appartenance à des individus juvéniles. Ce constat est en fait valable pour l’ensemble de la séquence du Néolithique moyen I.

Analyse de la répartition spatiale des restes osseux À l’exception d’une trentaine de restes, la totalité des ves- tiges osseux se trouvent localisés dans les bandes I et L (fi g. 372, D). Ce contraste entre les bandes I-L et J-K relève une fois encore en grande partie d’un tamisage à l’eau n’ayant concerné que les deux bandes latérales. Il

Figure 371 - Stries de découpe sur une fibula de martre ou de fouine (Martes sp.). Photographie : Jean- Gabriel Elia.

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I J K L I J K L

32 32

31 31

30 30

29 29

28 28

27 27

26 26

25 25

24 24

23 23

22 22

21 21

0 à 30 61 à 90

31 à 60 >90

I J K L I J K L

32 32

31 31

30 30

29 29

28 28

27 27

26 26

25 25

24 24

23 23

22 22

21 21

0 à 50 101 à 150

51 à 100 151 à 200

> 200

A B

NR total NR brûlés

D E

NR total NR brûlés

couche 52

couche 50

I J K L

32 31 30 29 28 27 26 25 24 23 22 21

0 à 30 61 à 90

31 à 60 91 à 120

> 120

C

PR total

I J K L

32 31 30 29 28 27 26 25 24 23 22 21

0 à 30 61 à 90

31 à 60 91 à 120

> 120 PR total

F

Figure 372 - Distribution spatiale des restes osseux issus des couches 52 (haut) et 50 (bas). NR : nombre de restes ; PR : poids des restes.

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est également accentué par des problèmes de corrélations stratigraphiques ainsi que par la présence de structures dans les bandes J et K. La distribution de la faune se calque fi nalement assez bien sur celle de l’outillage lithique (Perrin, 2003, p. 185, pl. 99 à 101), en ce qui concerne les eff ectifs. Du point de vue du poids des restes, elle s’eff ec- tue de manière plus homogène (fi g. 372, F). La répartition des vestiges brûlés montre une plus forte concentra- tion dans le mètre L/29, c’est-à-dire à l’emplacement du foyer C609 dont ces restes doivent être issus (fi g. 372, E).

Au niveau de la bande I, les os brûlés se distribuent entre les mètres 26 et 29, avec une préférence pour le mètre I/29.

Le poids moyen des vestiges s’avère quant à lui nettement plus élevé dans les mètres carrés non tamisés.

La couche 49

La couche 49, également attribuable au Saint-Uze récent et dans laquelle abondent structures (foyers, fosses, etc.) et mobiliers, a livré 1370 vestiges osseux pesant au total près de 4 kg. Ce matériel dispose d’un poids moyen qui dépasse très largement celui calculé pour chacun des niveaux précédents. La diff érence avec la couche 50 directement sous-jacente est notable (fi g. 360). Cette caractéristique résulte de la bonne conservation de ce niveau d’occupation, due semble-t-il à son recouvrement rapide par une succession de dépôts d’inondation. Les restes brûlés sont abondants puisqu’ils forment 44 % de l’échantillon. Comme le montre l’analyse spatiale, leur présence est en relation directe avec un foyer.

Par commodité, les restes de la couche 49b ont été traités conjointement à ceux de la couche 49 dans les descriptions qui vont suivre ainsi que dans les fi gures. Ce niveau 49b représente en fait une mince lentille sableuse reconnue sur quelques mètres seulement. Il a livré à peine une vingtaine d’ossements issus du mètre I/25 et pour la plupart indéterminables. L’unique pièce attribuée à la chèvre (tab. 104) provient néanmoins de ce niveau len- ticulaire 49b.

La participation de la faune sauvage dépasse une fois encore largement celle des espèces domestiques, avec, toujours en tête, le cerf et le sanglier. Le premier a livré les restes de trois individus, soit un animal de moins de 3 ans et deux individus de plus de 4 ans, dont un mâle. Le second est représenté par une laie et un sanglier adultes ainsi qu’un individu de moins de 2 ans. La présence d’un chevreuil mâle est attestée par la découverte d’un frag- ment de crâne sur lequel sont visibles les deux pédicu- les et la base d’un des bois. La mort de l’individu semble avoir eu lieu entre le printemps et l’automne.

Des traces de boucherie apparaissent à diverses reprises chez ces ongulés sauvages. Elles correspondent entre autres à la désarticulation de la tête, du coude, du

poignet ou du talon, au prélèvement de la viande (fémur, os coxal, vertèbre cervicale, mandibule) ou de la dépouille (métapode). Le fragment de crâne appartenant au che- vreuil montre des incisions à la base du pédicule qui paraissent en relation avec l’écorchage. Plusieurs impacts visibles à la base de la ramure évoquent quant à eux le prélèvement des bois.

Le tableau de chasse s’agrémente cette fois de la présence de l’ours, reconnu à travers deux restes. Le pre- mier est un stylohyoideum, un des éléments de l’appareil hyoidien qui soutient, entre autres, la langue. Le second vestige est une deuxième molaire supérieure, dont l’usure à peine amorcée et la racine encore fragile indiquent que l’individu n’a sans doute guère plus d’un an.

L’existence de deux mandibules gauches apparte- nant au chat sauvage atteste la présence de deux individus minimum, soit un adulte et un jeune portant encore la dentition lactéale. L’âge de ce dernier peut être évalué à moins de 6 mois, par référence aux âges d’éruption que connaît le chat domestique (Habermehl, 1975). Des stries en relation avec l’écorchage sont perceptibles sur la man- dibule de l’animal adulte. De tels stigmates ont également été relevés sur une mandibule de putois.

Signalons la découverte d’une dizaine de restes appartenant à quatre batraciens au moins et dont la moitié d’entre eux est brûlée. Ils ont été trouvés dans le mètre carré L/28 ou les mètres alentours (L/27 et L/29), c’est-à- dire à proximité directe du foyer C407 aménagé en L/28.

Les pièces brûlées proviennent toutes du mètre L/28.

Issues de la moitié inférieure de l’animal (ilions, fémur et tibiotarse), elles peuvent correspondre à des déchets de consommation rejetés directement dans le foyer.

Parmi les animaux domestiques apparaissent une chèvre âgée entre 6 et 18 mois, un vieux mouton et trois caprinés indéterminés, soit un périnatal, un jeune de moins de 6 mois et un individu âgé entre 9 et 18 mois. À ces individus, il faut encore ajouter une truie adulte, un veau de moins de trois mois et deux bœufs, l’un n’a pas encore atteint la taille adulte alors que l’autre a plus de 3,5 ans.

En ce qui concerne les suidés, il faut également retenir la présence, outre celle de la truie et des trois spé- cimens sauvages, de quatre autres individus. Il s’agit d’un porcelet mort plus ou moins à la naissance, d’un autre âgé de moins de 7 semaines, d’un animal âgé entre 3 et 6 mois et d’un quatrième ayant entre 6 et 12 mois.

Un petit changement semble se produire au sein du cheptel, puisque le bœuf devance dès à présent les caprinés, en nombre comme en poids des restes. Cette évolution demeure toute relative, compte tenu de la quan- tité importante de vestiges de caprinés et de suidés restés indéterminés (tab. 104).

Quelques traces anthropiques ont été décelées chez ces animaux d’élevage. Les stries observées sur un os frontal de bœuf laissent imaginer que la tête de cet

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animal a été écorchée. Des traces ont été reconnues sur la face latérale d’une mandibule de truie et sont dues au dégagement du muscle masséter. Des incisions sont clai- rement visibles sur un fémur de mouton, au niveau du col. Elles sont en relation avec une désarticulation de la hanche.

Analyse de la répartition spatiale des restes osseux L’analyse de la distribution spatiale de l’ensemble des restes osseux révèle une concentration nette au niveau du mètre L/28 qui diff use le long de la bande L (fi g. 373, A).

La rupture qui s’observe à la hauteur du mètre L/27 est à notre avis totalement artifi cielle, puisqu’elle semble cor- rélée à la faille qui se développe en cet endroit. Le matériel est également abondant dans les mètres I/25-26 et K/26.

Les ossements non brûlés se répartissent de façon compa- rable, avec une accumulation plutôt centrée sur L/26 en ce qui concerne la bande L. En fait, ce sont les vestiges brûlés qui produisent une densité maximale au niveau des mètres L/28 et 29 (fi g. 373, B), soit précisément à l’em- placement du foyer C407 avec lequel ils entretiennent un rapport direct.

Sur la base du poids des restes (fi g. 373, C), une concentration s’individualise très clairement au niveau du mètre K/26 et du mètre adjacent (K/25), soit en décalage complet par rapport à celle fournie par le nombre d’os- sements. Cette accumulation est peut-être à rattacher à la présence de la fosse F403, les vestiges ayant subi une

fracturation beaucoup plus faible dans la structure qu’au niveau du sol d’occupation. Le poids des vestiges est éga- lement important au fond de la grotte dans les mètres J-K/31-32, avec des valeurs égales ou supérieures à celles enregistrées dans la bande L.

Enfi n, la distribution du poids moyen des vesti- ges en fonction des mètres carrés montre une diff érence notable entre les bandes J-K et I-L, produite par l’absence de tamisage à l’eau dans les bandes centrales.

La couche 48

La couche 48 correspond à un important niveau de sable de 25 cm d’épaisseur en moyenne, matérialisant plu- sieurs inondations successives venues remanier le niveau d’occupation sous-jacent (couche 49). Ces divers événe- ments pourraient être à l’origine de l’abandon tempo- raire du site. Ils semblent en tout cas correspondre à une période de détérioration climatique qui a probablement rendu la grotte moins praticable, du fait de son activité de résurgence.

Ce niveau fl uviatile comprend 351 restes osseux (2590,8 g). Si l’on en croit les résultats des remontages céramiques, les vestiges de la couche 48 proviennent en grande majorité d’un remaniement partiel du niveau d’occupation 49. Dans son analyse de l’industrie lithi- que (Perrin, 2003, p. 200 à 204), Th omas Perrin préfère laisser de côté le matériel de la couche 48 qui lui paraît peu spécifi que.

Figure 373 - Distribution spatiale des restes osseux issus de la couche 49. NR : nombre de restes ; PR : poids des restes.

I J K L I J K L I J K L

32 32 32

31 31 31

30 30 30

29 29 29

28 28 28

27 27 27

26 26 26

25 25 25

24 24 24

23 23 23

22 22 22

21 21 21

0 à 50 101 à 150 0 à 150 301 à 450

51 à 100 >150 151 à 300 451 à 600

> 600

A B C

NR total NR brûlés PR total

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Une véritable confrontation entre les niveaux 47, 48 et 49 n’est, en fait, guère possible, puisque la couche 47 a livré peu de mobilier et pas plus d’une cinquantaine d’ossements. De plus, d’un point de vue typologique, le matériel qu’elle recèle est relativement commun, ce qui empêche de la caractériser et même de l’associer à un ensemble culturel précis du Néolithique moyen lato sensu.

Malgré des eff ectifs réduits, nous avons également opté pour le rattachement de la couche 48 aux horizons du Saint-Uze récent. Notre décision repose sur l’homolo- gie dont témoignent les spectres (tab. 104), mais surtout sur les résultats de l’analyse des remontages osseux. Ces derniers, quoique moins nombreux que les remontages eff ectués à partir de la céramique, vont en eff et dans le sens d’un certain rapprochement entre les niveaux 49 et 48 (fi g. 368).

La couche 48 off re un taux de détermination net- tement plus élevé que les autres niveaux du Néolithique moyen I, puisque 37 % des restes sont déterminés au niveau du genre ou de l’espèce (fi g. 364). Le poids moyen des vestiges, estimé à 7,4 g, est largement supérieur.

Comme cela a été souligné au début de cette contribu- tion, ces diff érences sont dues en grande partie à la nature et à la géométrie des couches, ainsi qu’aux techniques de prélèvement plus minutieuses mises en œuvre dans cer- tains secteurs de la grotte (tamisage à l’eau).

En ce qui concerne les espèces présentes, le spec- tre continue d’indiquer une faune à dominante sauvage, où le cerf et le sanglier se taillent la part du lion. Le blai- reau prend pour la première fois la troisième place. Son exploitation par l’homme est attestée au même titre que celle des ongulés. Ce mustélidé a livré une scapula sur la face costale de laquelle ont été laissées des incisions obli- ques et peu profondes en travers de la fosse subscapu- laire (fi g. 374). Une martre ou une fouine (Martes sp.) semble également porter sur une scapula des incisions à proximité de la cavité glénoïde et plus précisément sur le prolongement formé par le tubercule supraglénoïdal. Un os coxal apparte- nant à un renard montre plusieurs incisions faites à l’aide d’un outil en silex. Localisées sur l’os pubis et au niveau de la table de l’os ischium, elles peu- vent être interprétées comme les indices d’une décarnisation.

Déjà reconnue dans un des niveaux du Néolithique ancien (couche 58), la cistude (Emys orbicularis) vient à nouveau enrichir l’inventaire des espèces sauvages, au travers de la découverte d’un fragment de carapace.

Enfi n, l’avifaune est représentée par une caille des blés (Coturnix coturnix), un jeune faucon pèlerin (Falco peregrinus), un épervier (Accipiter nisus) et une grive. La présence de ces quelques restes d’oiseaux relève à notre avis d’agents non

anthropiques, ne serait-ce qu’en raison de la morphologie du site, qui s’ouvre au pied d’une falaise calcaire et qui attire encore aujourd’hui des rapaces.

La faune domestique est également présente. Les restes de bœufs proviennent d’au moins trois individus, à savoir, un veau de moins de trois mois, un individu encore en cours de croissance et un animal âgé, si l’on en croit l’usure importante observée sur une quatrième prémo- laire. Plusieurs éléments d’un même crâne se rapportent à une chèvre, probablement une femelle de taille adulte.

Parmi les moutons, trois individus ont été identifi és avec certitude. Il s’agit d’un agneau mort plus ou moins à la naissance, d’un jeune animal âgé entre 3 et 9 mois et d’un individu de taille adulte. Plusieurs restes attribuables à un capriné de quelques mois n’ont pu être rattachés à un des individus décrits ci-dessus.

En ce qui concerne la distribution spatiale des restes, une analyse n’a pas vraiment de sens ici, compte tenu de la nature même de ce dépôt. Signalons simple- ment que les vestiges se répartissent de manière plus ou moins homogène sur l’ensemble de la surface, en l’ab- sence d’un tamisage à l’eau.

La séquence du Néolithique moyen I (couches 52 à 48) : un premier bilan

Les couches 52 à 48, si elles fournissent un matériel bien conservé quoique fragmenté, ne renferment que 444 pièces déterminées spécifi quement et réparties entre les diff érents niveaux. Face à la faiblesse des eff ectifs, il faut bien reconnaître qu’une véritable analyse diachroni- que à l’échelle du Néolithique moyen I reste délicate. Pour

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