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Dire, (d)écrire, représenter la violence

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Dire, (d)écrire, représenter la violence

Colloque international du Centre de Recherche Interdisciplinaire en Histoire, Histoire de l’Art et Musicologie (CRIHAM)

Limoges, 24-25 Septembre 2015

À regarder autour de nous, dans les journaux, les jeux vidéo, au cinéma, la violence semble aujourd’hui omniprésente, et faire partie de notre quotidien. Constat que fait d’ailleurs Robert Muchembled dans l’introduction de son Histoire de la violence. De la fin du Moyen Âge à nos jours1. La notion de « violence » reste cependant difficile à définir2 car elle fait appel à un système de représentations, de normes propres à chaque société. Ainsi un comportement n’est violent que s’il apparaît comme transgressif, comme illégitime aux yeux de la société dans laquelle il est perpétré. Aussi, entendrons-nous la violence comme transgression de la norme, cette dernière pouvant être définie comme l’ensemble des règles, lois, coutumes… fixant les comportements attendus au sein d’une société donnée. De nos jours, souvent dénoncée par les politiques, prônée par des groupes extrémistes, la violence est parfois un moyen de contrôler et d’haranguer les foules. De même, la mise en discours ou en image de la violence peut être à l’origine d’une quête de légitimité de la part d’un groupe social, d’une institution. Par le biais de représentations, d’intensifications, de dramatisations, tout un chacun, à travers son discours ou son œuvre, participe à légitimer ou, au contraire, à dénoncer certaines formes de violence. Il s’agira alors d’identifier et d’analyser ces stratégies discursives et de les replacer dans leur contexte de production et de réception. En quoi cette

« mise en scène » de la violence participe-t-elle de la construction ou, au contraire, de la contestation d’une définition de la violence ? Dans quelle mesure l’étude de la violence et de ses discours représente-t-elle une fenêtre ouverte sur les sociétés qui les façonnent3 ? Ces interrogations s’intègrent dans une réflexion plus large ouverte par Michel Nassiet sur l’influence de la littérature et des idées qu’elle véhicule sur les comportements4.

La réflexion sur la relation entre le discours et l’histoire n’est pas une nouveauté. Elle est née de la rencontre de plusieurs courants de réflexions épistémologiques qui ont bouleversé le champ des sciences humaines. Dans les années 1980, le linguistic turn, s’inspirant de la pensée philosophique, prône un retour au texte qui peut être résumé par la célèbre phrase de Jacques Derrida, « le texte, rien que le texte » et se définit par une phrase- programme : « toute réalité est médiatisée par le langage et les textes, donc toute recherche historique est dépendante de la réflexion sur le discours »5. Ce tournant a donné lieu à de

1 MUCHEMBLED, Robert, Une histoire de la violence. De la fin du Moyen Âge à nos jours, Paris, Seuil, 2008

2 REGINA, Christophe, « Une impossible définition de la violence ? », La violence des femmes, histoire d'un tabou social, Paris, Max Milo, 2011, p. 17-40 ; MUCHEMBLED, Robert, « Qu’est-ce que la violence ? », Une histoire de la violence, op. cit.

3 Cette approche a, entre autre chose, permis une réinterprétation de l’an mil et de la fameuse mutation qui aurait eu lieu à la faveur de la dislocation du pouvoir carolingien, permettant alors le développement d’une multitude de petits seigneurs, laissant s’installer un climat de violence exacerbée. Notons alors l’importance des travaux précurseurs de Dominique Barthélemy.

4 NASSIET, Michel, La Violence, une histoire sociale. France, XVIe-XVIIIe siècles, Seyssel, Champ Vallon, 2011, p. 348.

5 Phrase citée par Gérard Noiriel lorsqu’il revient sur le colloque considéré comme fondateur du linguistic turn organisé par Dominik La Capara et Steven Kaplan en 1980 et dont les actes ont été publiés en 1982 (LA CAPRA, Dominik et KAPLAN Steven, (eds), Modern European Intellectual History : Reappraisals and New Perspectives, Ithaca, Cornell University Press, 1982), NOIRIEL, Gérard, Sur la « crise » l’histoire, Paris, Belin, 1996, p. 167.

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nombreux débats mais aussi à une certaine hostilité de la part des historiens. On retiendra ici la position de Roger Chartier, conciliant à la fois l’approche littéraire et la démarche historique en étudiant le texte comme un processus historique propre, mais appartenant à un contexte précis6. Aussi, une des questions sous-jacentes à cette journée d’étude pourrait être résumée ainsi : en prenant comme objet d’étude la violence, jusqu’à quel point l’étude des discours et des représentations peut-elle être un accès à la compréhension des phénomènes sociaux ?

Ainsi, l’idée de ce colloque n’est pas d’étudier la violence en elle-même, mais de voir comment, à travers les époques, cette notion a pu être utilisée, mise en scène, discutée et instrumentalisée. Dans quel(s) but(s) a-t-on recours au discours de la violence ? Il s’agira donc, en premier lieu, de mener une réflexion sur les stratégies discursives à l’œuvre dans les textes, que ce soit des œuvres historiographiques, des œuvres littéraires ou encore des articles de presse. Ce sera aussi l’occasion d’analyser les représentations figurées de la violence, ainsi

« mises en images » à l’échelle des manuscrits ou dans les arts monumentaux, mais aussi à travers l’élaboration de rituels (visant par exemple à mimer des scènes de violence et de réconciliation, ou encore des rituels permettant la sortie de conflits). Enfin, il serait aussi très intéressant de s’interroger sur toutes les formes de représentation de la violence : peut-on par exemple cartographier la violence ? Ou encore, dans quelle mesure les statistiques sur la violence en sont-elles représentatives et comment sont-elles exploitées, pour ne pas dire instrumentalisées, à des fins politiques ?

De manière synthétique, il est possible de retenir trois grands axes de réflexion autour desquels s’organisera ce colloque :

- La violence : discours et société. En quoi les discours et les représentations de la violence sont-ils révélateurs de la société dans laquelle ils voient le jour ?

- Violence et média (le média est entendu dans un sens très large, c’est-à-dire tout procédé servant à la diffusion, à la communication). Cet axe entend s’interroger non seulement sur les aspects concrets, matériels, de la représentation de la violence, mais aussi sur la réception du message véhiculé.

- Le discours/la représentation de la violence et les pouvoirs : entre légitimation et dénonciation. Comment la violence est-elle « instrumentalisée » par différents acteurs à des fins de légitimation ou, au contraire, de dénonciation de cette violence ? En quoi cet usage du concept de violence participe-t-il à sa redéfinition ?

Remarque : des propositions centrées sur le territoire et les acteurs limousins seraient particulièrement bienvenues (utilisation de données sur le Limousin, de la presse limousine par exemple).

Ce colloque a ainsi pour ambition de rassembler des chercheurs dans une approche pluridisciplinaire afin de réfléchir sur les enjeux de la représentation de la violence dans ses formes tant historiques que littéraires et artistiques. Nous espérons également susciter l’intérêt de chercheurs désirant s’intéresser plus particulièrement à des exemples régionaux. Cela se

6 CHARTIER,Roger, « L’histoire culturelle entre linguistic turn et retour au sujet », dans H. Lehmann (dir.), Wege zu einer neuen Kulturgeschichte, Göttingen, 1995, p. 29-58.

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révèlerait particulièrement pertinent considérant l’actualité de cette problématique tant dans le milieu des recherches universitaires que dans la vie politique et sociétale.

Merci d’adresser les propositions (environ 3000 signes) accompagnées d’un court CV simultanément à Hélène Caillaud (helene.caillaud08@gmail.com) et Alexandra Roger (alexandra.roger@unilim.fr)

Date limite : 15 mars 2015

Organisateurs à Limoges :

Hélène Caillaud (CRIHAM, Université de Limoges) ; Alexandra Roger (CRIHAM, Université de Limoges)

Membres du Comité Scientifique :

Anne-Claude Ambroise-Rendu (CRIHAM, Université de Limoges) ; Nathalie Grande (L’AMo, Université de Nantes) ; Bertrand Haan (IRCOM, Université Paris IV Sorbonne) ; Éric Sparhubert (CRIHAM, Université de Limoges) ; Hélène Caillaud (CRIHAM, Université de Limoges) ; Alexandra Roger (CRIHAM, Université de Limoges).

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