R EVUE DE STATISTIQUE APPLIQUÉE
J. L ESAVRE
Étude du phénomène de choc. Cas particulier du LUCOFLEX dans sa zone de transition
Revue de statistique appliquée, tome 3, n
o4 (1955), p. 7-25
<
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ÉTUDE DU PHÉNOMÈNE DE CHOC Cas. particulier du LUCOFLEX dans sa zone
de transition (I)
par
J. LESAVRE
Ancien Elève de l’Ecole
Polytechnique Ingénieur
de Recherches au Centre de laCroix-de-Berny
Compagnie
de St-GobainLa
Compagnie
de Saint-Gobain, Chauny,Cirey
a créé en 1952 un Centre deRecherches pour suivre, contrôler et
développer
ses fabrications de chimie minérale etorganique.
Parmi les
produits
organiques commercialisés par Saint-Gobain, se trouve leLUCOFLEX, polychlorure
flevinyle
pur, sansplastifiant,
quiprésentait
uncomportement singulier
au choc. M. Lesavre a été chargé d’étudier ceproblème:
il a su le résoudre en
s’appuyant
sur des méthodesstatistiques simples.
Au cours de son étude, M. Lesavre s’est vu obligé d’introduire deux nouvelips
grandeurs: la
fragilité etl’impactance,
qui facilitent lacompréhension
duphéno-
mène de choc. Bien que cette étude ne concerne qu’un seul
produit, il
nousparaît
vraisemblable que toutes les matières
plastiques
homogènes ont uncomportement analogue.
BUT DE
L’ÉTUDE - INTRODUCTION
L’essai de choc est un essai
simple,
et nousespérions
contrôler industrielle- ment laqualité
d’un LUCOFLEX par un essai au MOUTON-PENDULE CHARPY.Cet essai est bien connu des
métallurgistes :
unmouton-pendule
tombe d’unecertaine hauteur sur des barreaux
reposant
sur deuxappuis . L’angle
de remontée dupendule, après
lechoc, permet
de connaîtrel’énergie
absorbée. Ce travail derupture
estrapporté
à la section droite du barreaubrisé,
cequi
définit la rési-lience.
En
fait,
à +25°C,
les choses secompliquent
tout de suite : certaineséprou-
vettes cassent en absorbant une
énergie
trèsfaible,
et d’autres ne cassent pas mais sedéforment, passent
entre lesappuis
et encaissent uneénergie
considéra-ble. Il
parait parfaitement légitime
de penser que lephénomène
de choc est dou-ble,
suivant quel’éprouvette
casse ou résiste .Le but
premier
de notre étude était donc la caractérisation de cephénomène
bimodal : nous voulions savoir comment variaient les
proportions
deséprouvettes présentant
tel ou teltype
derupture,
en fonction de latempérature,
de la distance desappuis,
del’épaisseur
del’éprouvette,
etc...En second lieu nous voulions essayer de caractériser par un chiffre de rési- lience la
rupture
vitreuse et lapseudo-rupture
résistante . Les chiffres moyens derésilience,
et leurdispersion,
nous auraientpermis - pensions-nous -
de fixer(1) Exposé présenté
au cours des Journées d’Etudes et de discussion des anciens stagiairesdu Centre de Formation
(5,
6 et 7 mai1955)
des normes de contrôle
(livraison
etréception).
Enréalité,
nous nous sommesaperçus que la résilience n’avait pas de sens
physique
etqu’il
fallait :1)
dans le cas de larupture
franche la diviser par la distance desappuis,
2)
dans le cas de lapseudo-rupture,
la diviser parl’épaisseur
del’éprouvette.
On obtient ainsi des valeurs de
"fragilité"
et d’"impactance", qui
doivent bien donner la valeur duLUCOFLEX,
si on veut le comparer à d’autres matièresplastiques,
maisqui
nepermettent pratiquement
pas dedistinguer
un bon d’unmauvais
LUCOFLEX. Fragilité
etimpactance
sont donc des invariants(ou
à peuprès)
duLUCOFLEX,
et seuls lespourcentages
relatifsd’éprouvettes ayant pré-
senté l’un ou
l’autre type
derupture renseignent
en fin decompte
sur laqualité
duproduit.
PLAN
Nous allons tout d’abord
justifier
ces nouvelles notions defragilité
et d’im-pactance, puis
nous nouspencherons
sur la bimodalité duphénomène,
cequi
nousconduira aux déterminations
déjà classiques
destempératures
defragilité,
detransition et de
sécurité .
MATIÈRES PREMIÈRES
Le LUCOFLEX utilisé pour ces essais de choc était de la
production
courantede l’usine de
Montluçon,
du dernier trimestre 1954. Grosso modo nous avons fait choix desépaisseurs
suivantes :3,2 - 4,2 - 5,8 - 7,6
et10, 8 mm .
Les barreaux étaient sciés à la scie à ruban et non
retouchés .
Ils étaient sansentaille et avaient une
largeur (hauteur)
uniforme de 15 mm .Nous avons fait varier la distance des
appuis :
d mais nous nous sommes fi- xés d’avoirtoujours
un excès delongueur
de 20 mm dechaque
côté desappuis.
Ainsi nous avions des
éprouvettes
delongueur
L = d + 40 mm.En
général
notre unité de mesures était un ensemble de 20 barreaux -quel- quefois
12 seulement.MOUTON - PENDULE
Nous avons fait des essais à 5
températures qui
nous avaient paru couvrir lazone de transition du
LUCOFLEX, savoir : -16°C, 0°C, + 15°C,
+25°C et +40°C.Nous n’avons pas pu utiliser le même
mouton-pendule
pour lescinq tempéra-
tures, mais cela ne s’est pas
révélé catastrophique.
A -16"C,
nous avons utilisé unmouton-pendule CJ1arpy,
de la Maison TRAY-VOU,
depuissance 0,5
ou1, 0 kgm.
Cemouton-pendule
estclassique
pour les essais au choc des matièresplastiques (Norme française
NF C 46 Février 1952 - E - Résistance auxchocs,
pp.21,
22 et23).
Une modification
cependant
nouspermettait
de rendre la distance desappuis
variable entre
21,5
et 70 mm. Les essais à -16 °C ont été réalisés à l’intérieur d’une chambrefroide,
donc dans l’air.Aux
quatre
autrestempératures,
nous avons utilisé unmouton-pendule
Char-py, de la maison
TRAYVOU,
depuissance
10kgm.
Cemouton-pendule
a été faitspécialement
pour la SociétéSaint-Gobain,
dans le but de contrôlerprécisément
le LUCOFLEX. A la
puissance près,
il estidentique
aumouton-pendule de 30kgm,
bien connu des
métallurgistes .
Une modification
permettait également
de rendre variable la distance des ap-puis
entre 27 et 70 mm.A 0°C et à +
40°C,
les barreaux étaient vivement retirés d’un bacd’eau
à cestempératures, portés
sur lesappuis
et cassés. La chaleurspécifique
élevée et lafaible conductibilité
calorifique
duproduit
autorisentl’emploi
d’une telleméthode.
Auparavant
leséprouvettes
étaient restées une huitainede jours
dans une chambrefroide à 0"C ou dans une étuve à + 4 0 ° C et ce n’est
qu’au
moment de la mesurequ’on
lesimmergeait passagèrement
dans l’eau.A + 15"C et à +
25°C,
les essais ont été faits dansl’air,
à latempérature
dela
pièce.
MESURES
Les barreaux étaient
numérotés
etrangés,
cequi
nous avaitpermis
de me-surer à l’avance leurs dimensions
(épaisseur, largeur).
Nous avons puopérer
très
rapidement -
360éprouvettes
en 3 heures - cequi
a dû diminuer lesrisques
d’erreursaccidentelles.
EXPRESSION
DESRÉSULTATS
Des essais
préliminaires
avaientjustifié,
à +25°C, l’emploi
del’impactance
comme
quotient
du travail absorbé dans lapseudo-rupture,
par leproduit
de lahauteur par le carré de
l’épaisseur,
soit :i - w 2
W = travail absorbé par le choc - en
kgcm
b =
largeur
en cm - enprincipe 1, 5
cmh =
épaisseur
du barreau en cm - de0, 3
à1,1
cmAinsi
exprimée l’impactance
est lerapport
d’un travail par unvolume,
cequi
est
logique,
et elles’exprime
trèssimplement
comme unepression,
ou une ré-sistance à la traction en
kgf cm2.
Nous
n’avons
pasvoulu,
bien que cela aurait étéplus
convaincant pour le lec- teur, calculer la résilience pourchaque éprouvette, puis
démontrer que la quan- tité intéressante pour nous était non la résilience mais sonquotient
parl’épais-
seur du barreau. En
effet,
cette méthode nous aurait conduit à diviser une rési- lience moyenne, par uneépaisseur
moyenne, cequi
entraînait uneimprécision supplémentaire. Aussi,
pour tirer le maximum d’information de nosrésultais
nous avons calculé directement
l’impactance,
choseparticulièrement facile,
si ondispose
d’une machine à calculerstatistique qui
faitsimplement
les élévationsau
carré.
Dans le cas de la
rupture vraie,
nous avons suivi la méthodelogique,
en cal-culant la
résilience;
il nous sera facile de montrer, au moins aux bassestempéra-
tures,
qu’elle
est à peuprès proportionnelle
à la distance desappuis.
L’incon- vénientsignalé plus
haut n’aplus d’influence,
car la distance desappuis
étaitconnue avec une
grande précision
et surtout ne variait absolument pas au coursd’une série de mesures .
La résilience a pour
expression
R= w et la fragilité
F =W bhd
avec lesmêmes
symboles
que ci-dessus.DÉPOUILLEMENT STATISTIQUE DES RÉSULTATS
Nous étions pour
chaque épaisseur
et pourchaque
distanced’appuis
en pos- session d’un nombre de mesuresd’impactance
et de résilience dont le total attei-gnait
20.Nous avons
employé
la méthodegraphique
connue sous le nom de droite deHenry,
en utilisant despapiers
à ordonnéesgaltoniennes.
Mais il a été très re-marquable
de constater que :-
l’impactance
est distribuée normalement- la résilience ne l’est pas, mais son
logarithme
est distribuégaussienne-
ment. Nous avons donc eu recours à du
calque gaussien-arithmétique
pour l’im-pactance,
et à ducalque gaussien-logarithmique
pour larésilience.
Bien entendu nous nous sommes contentés d’une droite de
Henry
tracée à vue,qui
nous donnait par lecture directe une estimation de la moyenne et de l’écart-type.
Cette estimation ne saurait satisfaire des statisticiensraffinés,
mais ellea
l’avantage
deprésenter
pour nous,industriels,
uneprécision
suffisante pour unprix
de revientinfime,
car ce travailpeut
être confiéà ...
un man0153uvredégourdi
ou à un dessinateur
débutant.
Il ne nécessite pas l’achat d’une machine à calculeronéreuse,
mais seulement d’une liasse decalques galtoniens.
Sur cescalques
onpeut figurer
une fois pour toutes les niveauxauxquels
doivent êtreportées
lesmesures
successives, rangées
parexemple,
par ordre croissant. Enportant
au crayon les mesures, ainsi que la droite deHenry,
onpeut récupérer,
en le gom- mant, soncalque
pour un autredépouillement.
A titre
d’exemple
nous donnons ledépouillement
- de 9 mesures
d’impactance - figure
n° 1h=9,88mm
d = 30 mm L = 70 mmtempérature :
+ 40°CMouton-pendule : 10 kgm
1
Epaisseur moyenne du ,barreau : 9.88 mm Distance
entreappUIS:
30 mmTempérature : + 40° C
9 MESURES D’IMPACTANCE
Fig. n° 1 - Droite de Henry - Estimation de la moyenne et de
l’écart-type
- de 13 mesures de résilience -
figure
n° 2h=4,13mm
d= 55mm L= 95mmtempérature :
0 ° CMouton-pendule :
10kgm
13 MESURES DE RESILIENCE
Fig. n° 2 - Droite de Henry - Estimation de la moyenne et de
l’écart-type
(1)
Dans les tableaux 3 à 10ci-après,
chaque case contient 4 nombres :épaisseur
en mm nombred’éprouvettes
ayantprésenté
ce type de rupture moyenne técart-type
nombre totald’éprouvettes
testées(pour
ce dernier, les nombres entre parenthèses correspondent auxécarts-types logarithmiques).
Bien entendu ces
exemples
n’ont pas été choisis absolument auhasard,
maisnous devons dire très franchement que, tout au
long
de cetteétude, jamais
le tra-cé à vue d’une droite de
Henry
ne nous aposé
de cas de conscience.Les résultats
d’impactance
sont donnés avec leurécart-type,
les résultats de résilience sont donnés avec un chiffre entrecrochets,
enquelque
sorte leur écart-type logarithmique.
Enmultipliant
la moyenne par ce chiffre on obtient le niveau + 03C3 , en divisant la moyenne par ce chiffre on obtient le niveau - 0’(1).
Ces résultats sont
exposés
d’abord sous forme detableaux,
mais comme ces tableaux sont assezindigestes,
les résultats sontégalement
donnés sous forme decourbes,
degraphiques,
donnantl’impactance
ou la résilience en fonction de la distance desappuis .
TABLEAUX DES RÉSULTATS
Le tableau n" 1 -
Impactance
à -160 C - n’existe pas, car lemouton-pendule
de 1
kgm
étaittrop
faible pour faire passer leséprouvettes
entre lesappuis (sauf
celles de 3
mm).
Le tableau n° 2 -
Impactance
à 0°C - n’existe à peuprès
pas, car à cette-,température
le LUCOFLEX estfragile
et lespseudo-ruptures impactantes
sontrares
( 13
sur360)
Le tableau n ° 3 -
Impactance
à t 15°C - etLe tableau n" 4 -
Impactance
à + 25° C -n’appellent
aucun commentaire.Le tableau n° 5 -
Impactance
à + 40° C -comporte
uneligne supplémentaire,
car nous avons pu faire la moyenne dans
chaque
colonne - cequi
revient à direqu’à
+ 40°Cl’impactance
devient unequantité indépendante
del’épaisseur
du bar-reau, et
qu’elle
nedépend plus
que de la distance desappuis .
Le tableau n ° 6 - Résilience à -16° C Le tableau n° 7 - Résilience à 0° C Le tableau n ° 8 - Résilience à + 15° C Le tableau n ° 9 - Résilience à + 25° C et le tableau n° 10 - Résilience à + 40° C
n’appellent
aucun commentairespécial.
Toutefois,
à la demande de M.BAZIN,
nous avons dûpréciser
l’ordre degrandeur
des coefficients de variation pourl’impactance
et pour lafragilité.
Nous ne pouvons pas donner de vraies valeurs moyennes car il aurait fallu que
chaque
coefficient de variation soit établi pardépouillement statistique
d’unmême nombre de mesures - ce
qui
n’est pas notre cas.Pour
l’impactance
les écarts serépartissent
suivant une loi deX2 -
àquel-
ques
exceptions près
déterminées par un test deCochran, imprécis
lui aussi enraison de l’incertitude du nombre de
degrés
de liberté.A + 15°C le coefficient de variation est
1,83 %
A + 25°C " " :
1,90 %
A + 40"C " " :
2,58 %
Pour la
fragilité
les écarts(logarithmiques)
suivent aussi une loi deX2.
Onarrive aux estimations suivante’s du coefficient de variation :
- 16 °C 0°C + 15°C + 25°C + 40°C
1,52 1,45 1,59 1,71 1,73
En moyenne on trouve pour la
fragilité : 1,60.
Cequi
veut dire que cette me-sure est la
plus dispersée
surlaquelle
nous soyonsjamais
tombés. Eneffet,
pourune valeur moyenne de 10
kgcm/cm3
on trouvele niveau + 2 T à
2 5, 6 kgcm/ cm3
et le niveau - 2 cr à
3,9 kgcm/cm3
Le chiffre le
plus
élevé constaté dans une distributionexpérimentale
de 10 à20 mesures
peut
être 6 foisplus
fort que leplus faible,
sansqu’il
y ait là rien d’anormal.Tableau n° 3. - IMPACTANCE à + 15°C en
kg/cmz
Graphique
n° 3 - Impactance enkgcm
TEMPERATURE : + 15 °CTableau n" 4. - IMPACTANCE à + 25°C en
kg/cm2
Graphique n° 4 - Impactance en
kgcm
TEMPERATURE : + 25 °e c ms15
Tableau n° 5. - IMPACTANCE à + 40°C en
kgÍ cm2
Graphique n° 5 - Impactance en
ka
TEMPERATURE : + 40 Ge cmTableau n° 6. - RESILIENCE à - 16°C en
kgcm/cm2
Graphique n° 6 - Résilience à - 16 °C d’où FRAGILITE
= d =
8,6kgcrn/ cm’
Tableau n° 7. - RESILIENCE à ± 0°C en
kgcm/
cm2Graphique n° 7 - Résilience à 0 °C d’où FRAGILITE
=2013
= 9, 0kgcm/ cm5
e
Tableau n° 8. - RESILIENCE à + 15°C en
kccm/cm2
Graphique n° 8 - Résilience à + 15 °C d’où FRAGILITF
= d =
14, 5kgcm/cm3
Tableau n° 9. - RESILIENCE à + 25°C en
kgcm/cm2
Graphique n° 9 - Résilience à + 25 °C d’où FRAGILITE
= : =
13,1kgcm/cm3
Tableau n" 10. - RESILIENCE à + 40°C en k2cm/ cm2
Graphique
n° 10 - Résilience à + 40 °C d’où FRAGILITF= : =
7,3kgcm/cm,3
21
Tableau n° 11. - POURCENTAGE de RUPTURE FRAGILE
N
z
H
i-1 H
N
EXPRESSION GRAPHIQUE DES RÉSULTATS
A
chaque
tableaucorrespond
ungraphique qui porte
le même numéro que lui.Il
n’y
a donc pas degraphique
n° 1 et n° 2.Le
graphique
n° 3 montrequ’à
+ 15°C on obtiendrait une valeurunique
d’im-pactance : 555 kg/cm2
enprenant
une distanced’appuis
de :49
mm environ.Le
graphique
n° 4 montrequ’à
+ 25°C on obtiendrait une valeurunique
d’im-pactance :
518kg/ cm2
enprenant
une distance entreappuis
de 43 mm environ.Le
graphique
n° 5 nous semble unejustification
éclatante du bien fondé del’impactance qui,
à +40°C,
n’est fonction que de la distance desappuis .
Les
graphiques
n° 6 et 7justifient parfaitement
l’introduction de la nouvellequantité appelée fragilité
définie comme lequotient
de la résilience par la distan-ce des
appuis .
Nous avons vu que cettequantité
étaitlogarithmiquement
normale .CONCLUSIONS PROVISOIRES
Nous
rapportons
donc maintenant le travail absorbé par lechoc,
au volume"actif" de
l’éprouvette,
c’est-à-dire à laportion
du volume del’éprouvette
com-pris
au droit desappuis .
Il nousparait aujourd’hui singulier
que personnen’y
aitpensé
avant nous : il est bien évident en effet que toutel’éprouvette
travaille sousle
choc,
tous les éléments ne travaillent pas de la mêmefaçon,
mais enfin ilscontribuent tous à absorber le choc.
Dans le cas de la
non-rupture,
le volume actif se limite au volumequi
serasusceptible
de se déformerplastiquement.
Il est alors évident que ce volume réel est une fonction du volume(théorique,
pour ainsidire) :
b x h x h.Pour la
fragilité
nous arrivons à dresser le tableau suivant :Fragilité
du LUCOFLEX enkg/cm2
Ce tableau est évidemment déroutant : la
température n’agit
pas engénéral
de cette
façon
sur lespropriétés mécaniques .
Force nous est de constaterqu’en
effet le
LUCOFLEX,
s’il veut bien casser, absorbera moinsd’énergie
à + 40°Cqu’à
toutes les autrestempératures
d’essai. Eneffet,
le LUCOFLEX est tout de même moins"fragile"
à+ 40°C,
parcequ’il
cassera moins souventqu’à
0°C parexemple .
Nous avons du reste vérifié que des
recuits,
en faisantdisparaître
des ten-sions
internes,
améliorent la tenue du LUCOFLEX auchoc,
mais les valeurs mo-yennes obtenues pour la
fragilité
décroissentquand
décroît lepourcentage
de rup- turesfragiles.
On ne gagne donc pas tout cequ’on espérait
par les recuits.Ces résultats nous ont
permis
de définir et dejustifier impactance
etfragilité.
Nous souhaiterions que les
praticiens
de l’essai de choc nous suivent dans cettevoie,
abandonnant larésilience, qui
aura tout de mêmemarqué
uneétape
dansnotre connaissance des
phénomènes
de choc.EXAMEN DE LA BIMODALITÉ
DUPHÉNOMÈNE
DECHOC
Maintenant,
àpartir
des mêmesrésultats,
nous allons tirer d’autres con-clusions ;
mais cettefois,
nous devons honnêtementprévenir
le lecteur que nousavons fait le
dépouillement
pour voir l’allure duphénomène,
car nos essais nenous
permettent
pas de le caractériser avec toute laprécision
désirable .Il
s’agit
donc d’étudier la loi de variation de laproportion
desruptures
fra-giles
en fonction de latempérature,
de la distance desappuis
et del’épaisseur
dubarreau.
En ce
qui
concerne latempérature
ceproblème
adéjà
ététraité,
pour lesaciers,
par Mademoiselle ULMO et M. BASTENAIRE dans un articlepublié
dansla Revue de
Statistique appliquée 1953,
Vol. I, N°3-4,
pp.45-62.
Tout d’abord
rappelons quelques
définitions :La
température
de transition est celle où l’on observe autant deruptures
fra-giles
que depseudo-ruptures impactantes.
La
température
defragilité
est celle où l’on aura 95 chances sur 100 d’obser-ver une
rupture fragile.
La
température d’impactance
est celle où l’on aura 95 chances sur 100 d’ob-server une
non-rupture impactante .
C’est enquelque
sorte unetempérature
desécurité
d’emploi
du matériau : au-dessus de cettetempérature
ladésagréable rupture fragile
n’arrivera pasplus
de 5 fois sur 100.La zone de transition s’étend de la
température
defragilité
à latempérature d’impactance.
Le tableau n° Il nous remet sous les yeux les résultats
déjà
connus. Nous y trouvons, enpourcentage,
le nombre relatif deruptures fragiles
en fonction des trois variables :-
épaisseur
du barreau(ordonnée)
- distance des
appuis (abscisse)
-
température
d’essai(paramètre)
Si les variations de la
proportion
deruptures fragiles
suivent une loi de Gal- ton, en fonction de latempérature,
on doit avoir despoints figuratifs
sensiblementalignés
enportant
en abscisse latempérature
et en ordonnée(galtonienne)
lespourcentages expérimentaux
deruptures fragiles
fournis au tableau 11.Ces
points,
au nombre de5,
devraientpermettre
le tracé de droites deHenry, qui
nous donneraient lestempératures
cherchées(fragilité, transition,
impactance).
Enfait,
même enaccompagnant
lespoints expérimentaux
d’un seg- mentreprésentant
l’intervalle de confiance à 95%,
il ne nous a pas été engénéral possible
de faire passer une droite deHenry, interceptant
tous cessegments .
Cette méthode d’estimationgraphique
est médiocre mais ici nous nous heurtons àune
impossibilité scientifique.
Nous n’avons aucune raison de
suspecter l’hypothèse galtonienne - peut-être
au lieu de
température
en °C aurions-nous dûprendre
une échelle en inverse destempératures absolues,
mais ici cela nechange
rien.Par contre, dans notre mode
opératoire
nous avons trouvé deux causes à cetteimpossibilité :
1)
les essais à 0° et à 40°C ont été faits sur deséprouvettes mouillées,
or, c’estjustement
à cestempératures qu’on
a unpourcentage trop
fort deruptures
fra-giles.
Il estpossible
que le film d’eau ait une actionphysique
défavorable surla résistance du barreau au choc .
2)
leséprouvettes
descinq
essais aux différentestempératures
n’ont par été sciées avec la même scie et nepeuvent
du reste pas être sciées avec une scieidentique,
ne serait-cequ’à
cause de l’usure. Des essais antérieurs nous ont montré que lesciage
est un facteurimportant
dedispersion
des résultats . Deplus,
une scie neuve ou une scie àgrand
pas donneplus
deruptures fragiles.
Malgré
tout, dans le but dedégrossir
leproblème,
nous avons tracé "au sentiment" un certain nombre de droites deHenry (14 exactement) -
3 cas nousayant
paru absolument rebelles. Nous obtenons ainsi le tableau12,
où nous pou-vons lire les
températures
detransition,
defragilité
etd’impactance,
en fonctionde la distance des
appuis (abscisses)
etde l’épaisseur
du barreau(ordonnées).
On remarquera que la
température
de transition s’abaisse si l’onaugmente
la distance desappuis .
Etant donnél’imprécision
extrême de leurs déterminationsnous ne nous occuperons pas des
températures
defragilité
etd’impactance .
Tou-tefois ces valeurs
permettent
d’estimer la zone de transition à 60°C environ.Le tableau 12
permet
l’établissement d’ungraphique (n° 12)
où nousportons
en abscisse la distance des
appuis
et en ordonnée latempérature
de transition.Dans toute la mesure du
possible
nous avons cherché àreprésenter
par des droi- tes les variations de latempérature
de transition en fonction de la distance desappuis - l’épaisseur
du barreau restant constante . Ce tracéparait justifié
pour lesépaisseurs
de4,2
et10,8
mm.Si nous admettons maintenant que l’essai de choc doit nous donner une tem-
pérature
de transition de + 15°C pour leLUCOFLEX,
nous trouvons une relationempirique
entrel’épaisseur
du barreau et la distance desappuis.
Cette relation est contenue dans le petit tableau ci-dessous :En gros, nous arrivons à la formule
empirique :
Dans ce cas, ces LUCOFLEX
4,2
et10,8
mm sont normaux; ce LUCOFLEX5,8
mm est dequalité inférieure;
ces LUCOFLEX3,3
et7,6
mm sont, au con-traire,
dequalité supérieure -
c’est bien ce que l’atelier avait pu constater par des essaispratiques d’usinage.
Tout ceci
peut
sembler un peu tiré par les cheveux.Néanmoins,
il est curieuxde constater que la formule
empirique
n’est pas tellement loin d’une loi de pro-portionalité
entre distancedes appuis
etépaisseur
du barreau. Il est raisonnable de penser que le choixd’éprouvettes homothétiques, placées
sur desappuis
homo-thétiques
conduira à la détermination d’unetempérature
de transitionqui
serabien
caractéristique
de laqualité
duLUCOFLEX,
au choc.Cette méthode des
éprouvettes proportionnelles
a donné d’excellents résultatsen flexion
lente;
si elle s’étend bien auphénomène
dechoc, qui
est une flexion ra-pide,
la caractérisation de cettetempérature
de transition suppose encore :1)
ungrand
nombred’éprouvettes identiques,
enparticulier
aupoint
de vueusinage
2)
des essais à au moins deuxtempératures
encadrant latempérature
detransition
supposée
3)
unmouton-pendule
ou la distance desappuis
soitréglable,
si l’on veuttravailler sur des barreaux
d’épaisseurs
différentes .CONCLUSION
Cette étude nous conduit d’une
part
à des conclusionsdéfinitives,
d’autrepart
à deshypothèses qu’il
faudravérifier.
L’impactance
est lagrandeur physique
à mesurer dans le cas denon-rupture.
Elle est distribuée normalement.
La
fragilité
est lagrandeur physique
à mesurer dans le cas derupture
fran- che. Sonlogarithme
est distribué normalement.Ces deux
quantités
ontl’avantage
des’exprimer
aukgcm
parcm3,
c’est-à- dire enkg
par cm3 comme laplupart
des autres mesuresmécaniques .
L’emploi d’éprouvettes proportionnelles
doit conduire à une déterminationrigoureuse
destempératures
detransition, fragilité, impactance.
Pour obtenir des résultatshomogènes
deuxpoints
semblent à surveiller :usinage
deséprou-
vettes,