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Les spondylodiscites brucelliennes: aspects cliniques et thérapeutiques

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Revue Marocaine de Rhumatologie

Les spondylodiscites brucelliennes: aspects cliniques et thérapeutiques.

Brucellar spondylodiscitis: clinical and therapeutic features

Zeineb Alaya, Elyès Bouajina

Service de Rhumatologie, Hôpital Farhat-Hached, avenue Ibn El Jazzar, 4000 Sousse, Tunisie.

Résumé

Introduction : La brucellose est une anthropozoonose encore endémique en Afrique et au bassin méditerranéen. Le but de notre étude était de déterminer les caractéristiques cliniques, et thérapeutiques de la spondylodiscite (SPD) brucellienne.

Matériel et méthodes: Nous avons mené une étude rétrospective portant sur 17 cas de SPD brucelliennes colligés au service de Rhumatologie de Sousse en Tunisie sur une période de 19 ans [1998-2017].

Résultats: Il s’agit de 15 hommes et 2 femmes d’un âge moyen de 50 ans avec un délai moyen de diagnostic de 5 mois. Une lombalgie étaient retrouvée chez 12 patients, une lombosciatalgie chez un patient, une cruralgie chez un patient, une dorsalgie chez 2 patients et une névralgie cervico-brachiale chez un patient. Onze patients ont présenté de la fièvre. Un syndrome rachidien était noté chez 14 patients. Une compression médullaire était retrouvée dans 4 cas avec un déficit moteur dans 2 cas. Les radiographies ont montré un pincement discal avec érosions des plateaux vertébraux dans 16 cas. Une TDM faite dans 2 cas a montré un pincement discal avec érosions des plateaux vertébraux dans les 2 cas associé à un abcès paravertébral dans un cas. L’IRM rachidienne a été réalisée chez 13 patients. La SPD brucellienne a intéressé un seul étage dans 11 cas et était multiétagée dans 2 cas. Le sérodiagnostic de la brucellose (séroagglutination de Wright et Card test) était positif dans tous les cas. Tous nos patients étaient mis sous cycline et rifampicine pour une durée moyenne d’antibiothérapie moyenne de 7 mois. Une laminectomie avec évacuation des abcès para-vertébraux a été réalisé dans un cas. L’évolution était favorable sauf pour un patient ayant gardé des séquelles neurologiques.

conclusion : La SPD brucellienne est encore fréquente au Maghreb. Elle est généralement d’évolution insidieuse entrainant un retard diagnostique et des complications neurologiques redoutables.

Mots clés :

Spondylodiscite, brucellose, séroagglutination de Wright, Card test, IRM, antibiothérapie.

Abstract

Introduction : Brucellosis is an anthropozoonosis still endemic in Africa and the Mediterranean basin. The aim of our study was to determine the clinical and therapeutic characteristics of brucellar spondylodiscitis.

Materials and methods: We conducted a retrospective study of 17 cases of brucellar spondylodiscitis collected at the Department of Rheumatology of Sousse in Tunisia over a period of 19 years [1998-2017].

Results: 15 men and 2 women of an average age of 50 years were included in our study. The duration of the disease was 5 months. Low back pain was found in 12 patients, lumbosciatalgia in one patient, cruralgia in one patient, back pain in 2 patients, and cerebral brachial neuralgia in one patient. Eleven patients presented with fever. A spinal syndrome was noted in 14 patients. Spinal cord compression was found in 4 cases with motor deficit in 2 cases. X-rays showed disc- pinching with erosions of the vertebral plateaus in 16 cases. A CT made in 2 cases showed a pinch with erosions of the vertebral plates in both cases associated with a paravertebral abscess in one case. Spinal MRI was performed in 13 patients. Brucellar spondylodiscitis involved only one stage in 11 cases and was multistage in 2 cases. The serodiagnosis of brucellosis (Wright serogglutination and Card test) was positive in all cases. All our patients were placed under cyclin and rifampicin for an average duration of antibiotic therapy of 7 months. A laminectomy with para-vertebral abscess evacuation was performed in one case. The progression was favorable except for a patient with neurological sequelae.

conclusion: Brucellar spondylodiscitis is still common in the Maghreb. It has an insidious evolution responsible for a delayed diagnosis and the occurrence of neurological complications.

Key words :

Spondylodiscitis, brucellosis, Wright serogglutination, Card test, MRI, antibiotic therapy.

Rev Mar Rhum 2018; 43:44-50

Correspondance à adresser à : Dr. Z. Alaya Email : zeineb_a@hotmail.fr

DOI 10.24398/a.265.2017

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La brucellose est une anthropozoonose encore endémique en Afrique et au bassin méditerranéen [1-3]. Elle peut se présenter sous différentes formes et toucher plusieurs organes. Les formes focalisées se caractérisent par la fréquence des localisations ostéo-articulaires observées dans 10 à 85% des cas selon les séries [1,2]. Elles sont dominées par les spondylodicites (SPD) [1-3]. Il existe actuellement un retard diagnostique des SPD brucelliennes pouvant être expliqué par l’absence de spécificité des signes cliniques et radiologiques [1-4]. Les tests sérologiques restent cependant performants et devraient être pratiqués chez tous les sujets à risque [1-4]. Le but de notre étude était de déterminer les caractéristiques cliniques et thérapeutiques de la SPD brucellienne.

MATÉRIELS ET MÉTHODES

Il s’agit d’une étude rétrospective descriptive portant sur 17 cas de SPD brucelliennes, colligés dans le service de rhumatologie de l’hôpital Farhat Hached de Sousse en Tunisie, sur une période de 19 ans [1998-2017]. L’étude a porté sur tous les patients atteints de SPD brucelliennes dont le diagnostic était retenu sur des données cliniques, biologiques et radiologiques. Les cas de SPD brucelliennes ont été identifiés à partir des dossiers des patients.

Le recueil rétrospectif des données a été fait selon une fiche. Tous les patients ont bénéficié d’un sérodiagnostic de brucellose comportant la séroagglutination de Wright (SAW) et le Card-test ou épreuve à l’antigène tamponné au rose Bengale (EAT) et de radiographies du rachis. Deux malades ont bénéficié d’une tomodensitométrie (TDM) du segment rachidien atteint. Treize malades ont bénéficié d’une IRM rachidienne avec réalisation des séquences T1, T2, T1 gado et STIR. Chez ces patients, nous avons précisé l’indication de l’IRM, nous avons recherché les anomalies de signal du disque et des plateaux vertébraux, les abcès des parties molles, l’épidurite, la compression médullaire ou radiculaire et le refoulement du ligament vertébral commun postérieur. Nous avons précisé le niveau atteint, le nombre de disques et de vertèbres touchées et le caractère multi étagée avec dans ce cas détermination des étages atteints. Quatre malades ont bénéficié d’une scintigraphie osseuse au Technicium 99m. Nous avons précisé les cas où la scintigraphie osseuse a montré une hyperfixation et son niveau. Nous avons recherché l’association de SPD brucellienne à d’autres localisations ostéoarticulaires de brucellose: sacroiliite, ostéite, coxite, bursite et arthrite du genou. Nous avons précisé le nombre de patients ayant eu une ponction biopsie disco-vertébrale (PBDV) scanno-guidée et les résultats

de cet examen. Nous avons recherché les complications de SPD brucelliennes pour chaque patient: épidurite, compression médullaire, abcès des parties molles et choc septique. Nous avons déterminé les différentes modalités thérapeutiques de la SPD brucellienne (antibiothérapie, chirurgie, drainage radioguidée d’abcès des parties molles). Nous avons précisé l’évolution sous traitement:

amélioration correspondant à une disparition totale ou quasi-totale des douleurs, à la normalisation du bilan inflammatoire, l’apparition de signes de reconstruction sur les radiographies et à l’absence de survenue de complications ou une aggravation correspondant à l’absence d’amélioration clinique ou biologique voire une aggravation des douleurs ou la survenue de complication.

Tous les calculs ont été effectués à l’aide du logiciel Statistical Package for Social Sciences (SPSS) 21 pour Windows.

RÉSULTATS

Il s’agit de 15 hommes et 2 femmes d’un âge moyen de 50 ans [17-68]. Une consommation de produits laitiers non pasteurisés a été retrouvée chez 14 patients. Un contact avec les animaux était noté chez 14 patients. Aucun patient de notre série n’était vétérinaire. Quatre patients étaient agriculteurs et un patient était boucher. Pour les antécédents médicaux, un diabète et une hypertension artérielle étaient retrouvés dans 2 cas chacun. La durée d’évolution de la SPD brucellienne était en moyenne de 5 mois avec des extrêmes allant de 1 mois à 12 mois. Le délai diagnostic de SDP brucellienne était de 5 mois [1-12 mois]. Une lombalgie étaient retrouvée chez 12 patients, une lombosciatalgie chez un patient, une cruralgie chez un patient, une dorsalgie chez 2 patients et une névralgie cervico-brachiale chez un patient. Les rachialgies étaient de rythme inflammatoire dans 14 cas, mécanique dans un cas et mixte dans 2 cas. Onze patients ont présenté de la fièvre. Des sueurs étaient notées chez 9 patients. Des douleurs fessières étaient notées chez un patient ayant en plus de la SPD brucellienne une sacroiliite brucellienne.

Un syndrome rachidien était noté chez 14 patients avec une douleur à la percussion des épineuses chez 7 patients.

Deux patients ont présenté une déformation rachidienne.

L’examen neurologique a montré un tableau de compression médullaire dans 4 cas avec un déficit moteur dans 2 cas.

Un syndrome inflammatoire biologique était retrouvée dans 10 cas. La vitesse de sédimentation (VS) moyenne à la 1ère heure était de 46.43 mm/h [2-105 mm]. La C-Réactive Protéine (CRP) moyenne était de 23 mg/l [1- 92 mg/l]. La numération formule sanguine (NFS) était Les spondylodiscites brucelliennes: aspects cliniques et thérapeutiques

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normale dans 14 cas et a montré une leuco-neutropénie dans un cas et une anémie inflammatoire dans 2 cas. Les hémocultures réalisées chez 10 patients étaient négatives

dans tous les cas. La séroagglutination de Wright était faite chez tous les patients, elle était positive dans tous les cas avec des titres variant de 1/80 à 1/1920. Le Card test ou EAT était fait chez tous les patients et il était positif dans tous les cas. Tous les patients ont bénéficié de radiographies du rachis qui étaient normales dans un cas et ont montré un pincement discal avec érosions des plateaux vertébraux dans 16 cas (Figure n°1).

Une TDM du segment rachidien touché était faite chez

deux patients présentant une rachialgie inflammatoire.

Elle a montré un pincement discal avec érosions des plateaux vertébraux dans les 2 cas (Figure n°2) associé à un abcès paravertébral dans un cas. Aucun de ces deux patients n’a présenté de calcifications discales ou d’image de séquestres. Une IRM rachidienne a été réalisée chez 13 patients avec tous les cas réalisation des séquences T1, T2 et T1 avec injection de gadolinium et dans 9 cas de séquence STIR. L’IRM a été réalisée chez 8 patients ayant présenté des rachialgies inflammatoires avec radiographies anormales, chez un patient ayant une fracture vertébrale et chez 4 patients ayant un tableau de compression médullaire. Le siège de la SPD était cervical dans un cas, lombaire dans 9 cas, dorso-lombaire dans un cas, dorsal dans deux cas et lombosacré dans un cas.

La SPD brucellienne a intéressé un seul étage dans 11 cas: L4-L5 dans 5 cas, L5-S1 dans un cas, L2-L3 dans un cas, L1-L2 dans un cas, D10-D11 dans un cas (Figure n°3), D12-L1 dans un cas et C5-C6 dans un cas. La SPD brucellienne était multiétagée dans 2 cas avec atteinte contigüe à l’étage lombaire dans un cas et atteinte non contigüe dorso-lombaire dans un cas. En effet, pour ces cas, la SPD brucellienne a intéressé deux étages dans un cas: L4-L5 et L3-L4 et a intéressé trois étages dans un cas:

D5-D6, D10-D11 et L4-L5. Le nombre moyen de disques touchés était de 1.2 [1-3].

Le nombre moyen de vertèbres touchées était de 2.38 [1-6]. Une épidurite à l’IRM était notée chez 6 patients, des abcès des parties molles dans 2 cas, un abcès endocanalaire dans 2 cas et une compression médullaire dans 4 cas. Aucun cas de compression radiculaire n’a Figure 1 : Radiographie du rachis lombaire en incidence de

face (A) et de Profil (B): pincement discal avec érosions des plateaux vertébraux en faveur de SPDI.

Figure 2 : TDM du rachis dorsal en coupe axiale (fenêtre osseuse): destruction par de multiples lésions géodiques du plateau vertébral inférieur de D12 chez un patient présentant une SPD brucellienne D12-L1.

Figure 3 : IRM rachidienne montrant une SPD brucellienne D10-D11 avec épidurite et infiltration des parties molles pré- vertébrales.

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été noté. L’atteinte érosive des plateaux vertébraux était observée dans 13 cas, l’atteinte des plateaux vertébraux dans 13 cas, l’atteinte diffuse de la vertèbre dans un cas et la fracture vertébrale dans un cas. Une scintigraphie osseuse était réalisée chez 4 patients montrant une hyperfixation des disques et des vertèbres touchées de façon non spécifique. La localisation rachidienne était isolée dans 16 cas et associée à une sacroiliite droite dans un cas confirmée par l’IRM des sacro-iliaques. La ponction biopsie disco-vertébrale (PBDV) scannoguidée a été réalisée dans 4 cas avec un résultat négatif de la bactériologie et une étude anatomopathologique du fragment ayant montré dans 2 cas une inflammation non spécifique, dans un cas des cellules lympho-plasmocytaire non spécifique et dans un cas un aspect en faveur de SPD infectieuse. Le diagnostic de l’origine brucellienne de la SPDI a été confirmé par la positivité du sérodiagnostic de la brucellose (SAW et EAT) dans tous les cas. Des complications étaient notées chez 6 patients: compression médullaire dans 4 cas et déformation rachidienne dans 2 cas. Aucun cas de septicémie ou de choc septique n’a été noté dans notre série. Tous nos malades ont été mis sous antibiothérapie double. Cette antibiothérapie a comporté pour tous les patients une association de doxycycline et de rifampicine (dose de 900 mg/j chez 14 patients et 600 mg/j chez 3 patients) pour une durée totale moyenne de 7 mois [3 mois-9 mois]. La tolérance de cette antibiothérapie était bonne hormis deux cas de cytolyse hépatique ayant entraîné l’arrêt de la rifampicine et son remplacement par du bactrim 400 mg (2 cpx3/j) pour une durée totale de traitement de 6 mois dans un cas et 9 mois dans un cas.

Pour 10 patients, une prescription de lombostat a été faite.

Le traitement chirurgical était nécessaire dans un seul cas et consistait à une laminectomie et évacuation des abcès paravertébraux. L’évolution était favorable sauf pour un patient ayant gardé des séquelles neurologiques. Aucune rechute n’a été constatée dans notre série.

DISCUSSION

La brucellose est la zoonose la plus fréquente dans le monde [1,2]. Elle est endémique dans la région méditerranéenne, le moyen-orient, en Amérique latine et dans certaines régions d’Asie et d’Afrique [1,2]. La SPDI Brucellienne représente 6% à 58% des localisations ostéo- articulaires [3]. La voie de contamination du rachis la plus fréquente est hématogène, souvent atteinte par voie sanguine artérielle, accessoirement par voie veineuse. La contamination par contiguïté et la contamination directe souvent iatrogène sont plus rares. L’extension des lésions

débute aux coins antérieurs des corps vertébraux.

L’extension secondaire de l’infection se fait soit vers le disque et le plateau vertébral adjacent, soit vers la vertèbre sus-jacente ou une autre vertèbre, en épargnant le disque, via des plexus anastomotiques pré rachidiens le long du ligament longitudinal antérieur [4,5]. Les localisations les plus fréquentes comme dans notre série se situent au rachis lombaire, puis viennent celles du rachis dorsal. L’atteinte du rachis cervical est rare [6]. Le plus souvent, l’atteinte touche un seul étage disco-vertébral comme dans notre série [6]. La présentation clinique est non spécifique, souvent discrète, parfois trompeuse évocatrice d’une atteinte dégénérative en raison de l’absence de contexte inflammatoire. Le début est souvent insidieux. Les signes généraux sont modérés et la douleur rachidienne est généralement peu importante [5-7]. Ceci explique le retard diagnostic [7]. Notre étude a montré que le délai moyen entre le début des signes cliniques et le diagnostic est de 5.1 mois [1 mois-12 mois]. L’aspect radiologique de la SPDI brucellienne pose un diagnostic différentiel avec la SPDI tuberculeuse et l’atteinte dégénérative du rachis [8]. Il se caractérise par la localisation lombaire basse assez évocatrice, l’importance de la construction osseuse, la discrétion de la destruction osseuse, les abcès sont généralement de petite taille, les anomalies de signal sont fréquemment limitées aux angles antérieurs des corps vertébraux (spondylite de Romanus), la présence de gaz entre le disque et le plateau inter-vertébral, l’arc postérieur et l’espace épidural sont souvent épargnés et la sacro-iliite souvent associée [9]. Les abcès para-vertébraux et épiduraux peuvent régresser sous traitement médical [10].

A la phase initiale, les radiographies souvent normales. A la phase d’activité apparaît le pincement discal, la transparence localisée du plateau vertébral et les érosions sous-chondrales. Puis apparaissent des phénomènes de réparation avec ostéosclérose et ostéophytose [11]. La TDM permet de dépister les anomalies disco-vertébrales avant leur apparition sur les radiographies conventionnelles [11]. Le premier signe est l’hypodensité discale. Puis le diagnostic évoqué devant l’association de lésions érosives des plateaux, d’un pincement discal et d’un épaississement des parties molles péri vertébrales et d’une infiltration et abcès des parties molles [11]. La TDM permet de guider la ponction biopsie disco-vertébrale [11]. L’IRM constitue l’examen de choix pour le diagnostic des SPDI en raison de sa sensibilité diagnostique élevée en phase de début avant la survenue de l’atteinte destructrice [12,13]. L’IRM relève ce défi diagnostique notamment en cas d’origine brucellienne dans un pays d’endémie dans la mesure où

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la mise en évidence directe du germe et sa mise en culture après biopsie sont le plus souvent négatives [12,13].

L’IRM a un rôle important dans les formes débutantes, infra radiologiques et atypiques: -anomalies du signal localisées (plateau vertébral, angle antéro-supérieur, discale isolée) -spondylites. Pour les formes évoluées, elle permet une étude précise de l’extension épidurale, aux arcs postérieurs et aux parties molles. Elle permet de visualiser les abcès intra somatique, intra discal, épidural et au niveau des parties molles [12,13]. A la phase aiguë, le signal IRM disco-vertébral reste non spécifique (hypo signal T1, hyper signal T2 et rehaussement homogène après injection de produit de contraste). Plus tardivement, le signal du corps vertébral en T1 devient hétérogène et se normalise lentement en cas de réponse favorable au traitement [12,13]. Les signes de présomption de l’origine brucellienne sont (Tableau n°I) [12-14]: la localisation lombaire basse est évocatrice, l’importance de la construction osseuse est caractéristique, la discrétion de la destruction osseuse est caractéristique, les abcès sont généralement de petite taille, les anomalies de signal sont fréquemment limitées aux angles antérieurs des corps vertébraux (spondylite de Romanus) et la présence de gaz entre le disque et le plateau vertébral. La scintigraphie osseuse permet d’affirmer le caractère actif de la lésion ostéo-discale et de détecter d’autres localisations sur l’ensemble du squelette. Cet examen est plus sensible (90

%) et plus spécifique (72 %) que les radiographies standards. La fixation dans les spondylodiscites infectieuses est moins intense que dans les métastases [11]. La scintigraphie au technétium 99m, sensible aux remaniements osseux actifs, est utilisée en première intention (positive dans 90 % des cas dans les 48 premières heures) [11]. La scintigraphie au gallium, plus sensible à la réaction inflammatoire, détecte plus

précocement les spondylodiscites. Elle montre une hyperfixation du radio-isotope sur le plateau vertébral et hypofixation sur le disque donnant l’image caractéristique en « sandwich ». En cas de guérison, la scintigraphie au gallium se normalise alors que les foyers d’hyperfixation au technétium 99 persistent habituellement plusieurs mois [11]. Une dissociation radio-clinique est habituelle avec normalisation lente de l’imagerie [11]. Les signes de guérison sont la diminution de l’inflammation des parties molles (la plus précoce), la diminution de la prise de contraste ostéo-discale et l’hyper signal discal en pondération T2 se normalise progressivement [11].

L’hyper signal T1 en périphérie des lésions traduit la reconstitution de la moelle osseuse (signe de guérison tardif après 15 semaines en moyenne). A distance, une ankylose apparaît dans 50 % avec constitution d’un bloc vertébral [11]. La NFS montre un nombre de leucocytes diminué ou normal [15]. Dans notre série une leuco- neutropénie était notée dans un cas. La vitesse de sédimentation peut être normale ou augmentée [15]. Dans notre série un syndrome inflammatoire biologique était notée dans 10 cas. Les hémocultures sont rarement positives [15]. Le sérodiagnostic de la brucellose au cours de la SPD brucellienne a une grande valeur d’orientation et est souvent positif [15-17]. La séroagglutination de Wright (SAW) est la méthode de référence de l’OMS. Elle se positive à partir du 10ème ou 12ème jour de la maladie et se négative rapidement, car elle détecte essentiellement les IgM. Le titre des anticorps décroît en 4 à 8mois. Le test est parfois négatif dans la brucellose subaiguë, et presque toujours dans les brucelloses chroniques et chez les anciens brucellisés [16,17]. De ce fait, il n’est utilisable ni pour les enquêtes épidémiologiques, ni pour les diagnostics de brucellose chronique. Un titre supérieur ou égal à 1/80 (soit 120 UI/ml) est significatif. Cependant, des

Spondylodiscite brucellienne Spondylodiscite tuberculeuse

Siège Lombaire bas ++ - Dorsal bas

- Laombaire haut

Extension Atteinte limitée à un seul étage souvent Atteinte pluri-étagée (5 à 23 %) Destruction Osseuse - Discrète

- Spondylite de Romanus très caractéristique - Importante

- Séquetstre osseux très èvocateur Abcès des parties molles De petite taille - Volumineux et extensifs

- Calcification périphériques ou centrales ++

Vide discal Oui Non

Tableau 1 : Comparaison des signes de présomption de SPD brucelienne et SPD tuberculeuse [14].

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titres faibles (1/20 à 1/40) peuvent correspondre à un début de brucellose ou à une trace sérologique, et justifient un second prélèvement à 15 jours ou 3 semaines de distance. L’interprétation du SAW doit tenir compte du risque de faux positifs et de faux négatifs. Les faux négatifs sont observés en présence d’anticorps bloquants ou par excès d’anticorps responsables d’un phénomène de zone.

Devant un sérodiagnostic négatif, la recherche d’anticorps bloquants doit être réalisée en systématique. Les anticorps bloquants sont des IgG ou des IgA qui bloquent les sites antigéniques des bactéries utilisées pour le test, responsables d’une absence d’agglutination. Leur mise en évidence repose sur l’adjonction d’un sérum positif dans les tubes négatifs [16,17]. L’absence d’agglutination, après incubation, traduit la présence d’anticorps bloquants dans le sérum testé. Afin d’éviter les faux négatifs liés à un phénomène de zone, une séroagglutination avec toutes les dilutions de sérums sera réalisée d’emblée. Des réactions croisées dues aux parentés antigéniques entre Brucella et Francisella tularensis, Yersinia enterocolitica sérotype O:9 et Vibrio cholerae sont à l’origine de faux positifs. Cela explique la nécessité de pratiquer une sérologie Yersinia devant tout sérodiagnostic de Wright positif. Ce test a une sensibilité de 60% et une spécificité de 90% pour le diagnostic de brucellose [16,17]. Le Card-test ou Epreuve à l’antigène tamponnée au rose Bengale (EAT) est une réaction d’agglutination rapide sur lame, sensible et spécifique. Elle est réalisée au moyen d’une suspension bactérienne colorée au rose Bengale en milieu acide tamponné. Elle permet le dépistage de pratiquement tous les cas de brucellose. Bien qu’elle ne mette en évidence que les IgG, elle ne se positive guère plus tardivement que le sérodiagnostic de Wright. Elle est donc très utile dans la phase aiguë. De plus, elle reste positive très longtemps et demeure ainsi souvent utilisable dans la phase chronique. Ce n’est pas une réaction quantitative et, en cas de positivité, les sérums doivent être titrés par SAW [16,17]. Cette méthode a une sensibilité de 80% et une spécificité de 90%. Cette réaction, de par sa simplicité, sa rapidité, sa sensibilité et sa spécificité, est devenue la technique de base du sérodiagnostic de brucellose, utilisée aussi bien pour le diagnostic et la surveillance de la brucellose-maladie que pour le dépistage et les enquêtes épidémiologiques [16,17].

La prise en charge de la brucellose repose sur l’antibiothérapie [7,18-20]. Les meilleurs résultats sont obtenus avec l’association Rifampicine-cycline (doxycycline ou tétracycline) ou streptomycine [7,18-

20]. Dans la série de Zribi M et al ayant étudié 45 cas de brucellose [7], dans 93 % des cas l’antibiothérapie a comporté l’association rifampicine–doxycycline. Pour les formes septicémiques, la durée moyenne a été de six semaines. L’antibiothérapie a été maintenue durant une moyenne de 12 mois, complétée par le drainage chirurgical de l’abcès extradural chez un patient au cours des spondylodiscites [7]. Les neurobrucelloses ont été traitées par l’association rifampicine–cotrimoxazole durant une moyenne de dix mois. L’atteinte cardiaque a été traitée par une trithérapie doxycycline-rifampicine et streptomycine pendant neuf mois. Une corticothérapie de courte durée a été prescrite chez un patient présentant une épidurite. L’évolution a été favorable chez 44 patients.

Un malade est décédé. Aucune rechute n’a été rapportée dans la série de Zribi M et al [7]. Dans la série de Koubaa M et al [21] ayant inclut 32 cas de SPD brucellienne, la durée moyenne de l’antibiothérapie était de 6 mois avec des extrêmes allant de 3 mois à 13 mois. Cette durée a varié en fonction de la réponse clinique au traitement, de la présence d’épidurite et d’abcès paravertébraux. Il est recommandé de suivre le titre du sérodiagnostic de la brucellose pour évaluer l’efficacité thérapeutique et la guérison de la brucellose [20,22,23]. Les rechutes sont rares, surviennent généralement dans la première année de traitement et elles sont dues à une mauvaise observance du traitement [7,18,19]. La chirurgie est généralement non nécessaire mais elle peut être indiquée en cas d’infection localisée entraînant une compression extra-durale de la moelle ou devant l’absence de réponse à une antibiothérapie prolongée ou devant une instabilité rachidienne [20,24,25]. La prise en charge de SPD brucellienne doit être précoce pour améliorer le pronostic [25-10]. L’évolution de la SPD brucellienne est généralement favorable sous antibiothérapie, 92.6% dans la série de 54 cas de SPD brucellienne de Lebre A et al [26]. Des complications neurologiques secondaires à une compression médullaire ou une épidurite responsables de paralysies ont été rapportées dans la littérature [25,27].

CONCLUSION

La SPD brucellienne est encore fréquente au Maghreb.

Elle est généralement d’évolution insidieuse entrainant un retard diagnostique et des complications neurologiques redoutables, d’où la nécessité d’une prise en charge précoce.

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CONFLITS D’INTÉRÊT

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

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