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HAL Id: tel-01821203

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Submitted on 22 Jun 2018

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L’interlangue dans les romans de l’Afrique francophone subsaharienne : contributions sociocritiques à la critique

de la littérature francophone

Marie Nzang Mbele Tounga

To cite this version:

Marie Nzang Mbele Tounga. L’interlangue dans les romans de l’Afrique francophone subsaharienne : contributions sociocritiques à la critique de la littérature francophone. Littératures. Université Rennes 2, 2017. Français. �NNT : 2017REN20067�. �tel-01821203�

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UNIVERSITÉ UNIVERSITÉ UNIVERSITÉ UNIVERSITÉ UNIVERSITÉ UNIVERSITÉ UNIVERSITÉ UNIVERSITÉ UNIVERSITÉ

BRETAGNE BRETAGNE BRETAGNE BRETAGNE BRETAGNE BRETAGNE BRETAGNE BRETAGNE BRETAGNE

LOIRE LOIRE LOIRE LOIRE LOIRE LOIRE LOIRE LOIRE LOIRE

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Préparée au CELLA M ( EA 3206) Préparée au CELLA M ( EA 3206) Préparée au CELLA M ( EA 3206) Préparée au CELLA M ( EA 3206) Préparée au CELLA M ( EA 3206) Préparée au CELLA M ( EA 3206) Préparée au CELLA M ( EA 3206) Préparée au CELLA M ( EA 3206) Préparée au CELLA M ( EA 3206) Préparée au CELLA M ( EA 3206) Centre d'études deslangues etlittératures Centre d'études deslangues etlittératures Centre d'études deslangues etlittératures Centre d'études deslangues etlittératures Centre d'études deslangues etlittératures Centre d'études deslangues etlittératures Centre d'études deslangues etlittératures Centre d'études deslangues etlittératures Centre d'études deslangues etlittératures Centre d'études deslangues etlittératures anciennes et modernes

anciennes et modernes anciennes et modernes anciennes et modernes anciennes et modernes anciennes et modernes anciennes et modernes anciennes et modernes anciennes et modernes anciennes et modernes

L ’ in ter langue dans les romans de l’Afr ique francophone Subsahar ienne . Con tr ibu t ions soc iocr i t iques à la cr i t ique de la

l i t téra ture

Thèse sou tenue le 3 ju i l le t 2017 Devan t le jury composé de :

Michael Rinn Professeur des Universités/ Université de Bretagne Occidentale/ Rapporteur Heméry Hervais Sima Eyi

Heméry Hervais Sima Eyi Maître de Conférences Université Omar Bongo/Rapporteur

Gudrun Ledegen Maître de conférence/Université Rennes 2/ Examinateur

Pierre Bazantay Professeur Émérite/Université Rennes 2/ Directeur dethèse

Ludovic Obiang Maître de Conférences/Université Université Omar Bongo (Libreville)

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Université Rennes 2 Haute Bretagne Laboratoire : Cellam (EA 3206) École Doctorale - Arts, Lettres, Langues)

Sousle sceau del’Université de Bretagne Loire Thèse de Doctorat

Discipline: Littérature Française Présentée par Marie NZANG MBELE

Soutenuele 3juillet 2017 Sousla direction de

Pr. Pierre BAZANTAY & Pr. Ludovic OBIANG

L’interlangue danslesromans de l’Afriquefrancophonesubsaharienne. Contributions sociocritiques àla critique delalittérature francophone.

JURY :

Michael Rinn, Professeur des Universités/ Universi de Bretagne Occidentale de Brest/ Rapporteur. Hémery-Hervais Sima Eyi, Maître de Conférences/ Universi Omar Bongo-Gabon/ Rapporteur. Gudrun Ledegen, Maître de conférences/ Universi Rennes 2/ Examinateur.

Pierre Bazantay, Professeur Emérite/ Universi Rennes 2/ Directeur dethèse.

Ludovic Obiang, Maître de Conférences/ Unversi Omar Bongo-Gabon/ Directeur dethèse.

Université Omar Bongo (Libreville)

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Déd icace

El SHADDAI

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Remerciements :

Le reflet de cette recherche est celui d’une responsabilité plurielle,la mienne et celle des personnes qui me sont chères. Je veux dire queje me sens redevable envers mes directeurs de thèse: Monsieur Pierre Bazantay et MonsieurLudovic Obiang qui m’ont soutenue et orientée

durant ces années detravail, et qui ont cru à mes capacités malgréles difficultés qui l’accompagnent. Je ne saurai exprimer clairement ma gratitude àleurs égards.

Je n’oublierai pas Monsieur Dénis Hue et Monsieur Riou Daniel de m’avoir rapproché du but et de m’avoir ouvertla porte de Docteur. Je souhaite également remerciertousles membres du

Cellam,tousles enseignants de L’Université Rennes 2 et del’Université Omar Bongo qui m’ont initiée àla découverte des Lettres et dela Critique Littéraire. Je pense personnellement à Feu Obiang Essono Fortunat: c’était un plaisir Monsieur de recevoirle meilleur de vous. Reposez en

paix.

Je pense également à mère et à mon père, Feu Mengue Ekomo Martine et Feu Ondo Jean- Marie qui n’ontjamais cessés de m’encourager et de croire en moi même étant surleurslits d’hôpital. Reposez en paix, Dieu vous a créé et vous avez créé. Maintenant, vous pouveztousles

deux être fières de vous-mêmes et du travail accompli,là où vous êtes.

Un grand merci àl’endroit de mon époux, mon compagnon de destinée, Monsieur Protus Tounga. La Bible dit que Sarah,la femme d’Abraham appelait son époux, papa. Tu esle papa de mestrois fils (Christ-Joseph-David) ettu es mon papa. Je veux d’honorer homme simple, doux et champion. Merci pourla femme sage, capable,intelligente et courageuse quetu as fait de moi. Le

Bon Dieu se souviendra detoi.

Je souhaite enfin remercier mes amis et collègues de route: Irida Dinushi, Stéphanie Mégale, Pamela Obole Mbeng, Sofia Habumugisha, Chamssoudine Mohamed, Siham Razouk, Amadou Abassi.

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Exergues :

«je repousseles clés et arrive à reprendrele cahier,jele brasse à montour etje dis à L'Escargot entiens,tu peuxle garder à présent, missionterminée,il reste quelques pages vierges, etilfeuillette cettefois-ciles pages avec plus de concentration avant

de soupirerj'avais pas bien vu, mais c'est vraimentle désordre dans ce cahier, y a pas de points, y a que des virgules, parfois des guillemets quandles gens parle c'est normal,tu dois mettre ça un peu au propre,tu crois pas hein et comment moije peuxliretout ça si c'est coller comme çafautlaisser encore quelques espaces, quelques respirations, quelques moments de

pauses» ( Mabanckou (A.), Verre Cassé, Paris, Seuil, p. 238-239).

« Lafrancophonieintègre maintenant beaucoup de néologismes originaires d’Afrique, tient compte de notre usage dufrançais commele prouvent ces dictionnaires dufrançais d’Afrique, ces dictionnaires pourlafrancophonie etc., queje vois paraître de plus en plus nombreux. Pour nous, cela esttrèsimportant:lefait d’entrer dans ces dictionnaires confère unelégitimi à notre usage delalangue et nouslibère en quelque sorte. »(Kourouma (A.),

Diagonales, numéro 7, Juillet, 1998, p.6.)

« Lefrançais d’Afrique doit cesser d’être considéré comme un sous-produit régional,local ouindigène, sorte detardlinguistique, comme en sontempsle patouète d’Afrique du nord, destiné seulement àfaire rire, mais comme un véritableidiome ayant en soi sa raison d’être et digne à cetitre de servir de véhicule aux manifestationsles plus hautes dela culture » (Dumont

(P.), Lefrançais,langue d’Afrique, Paris, L’Harmattan, 1991, p.7.)

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Sommaire

Dédicaces ……… 3

Remerciements ………. 4

Exergues ………. 5

Sommaire ...… 6

INTRODUCTION GÉNÉRALE………. 8

OUVERTURE ………. 18

Axe I Un lexique amplifié par le biais de l’interlangue ………. 29

  Chapitre 1 : Les emprunts ……….       35

Chapitre2 : Alternance codiques ou mélange de codes ………     97

Chapitre 3 : Le phénomène de calques ………    126

Chapitre 4 : Une créativité néologique ……….   154

  Conclusion Générale de la première partie ………   173

  Axe II Une syntaxe réinventée par le biais de l’interlangue ………  175

Chapitre 1 : La détermination ……… 179

Chapitre 2 : Le pronom ……… 214

Chapitre 3 : Des traits morphosyntaxiques ...………. 249

Chapitre 4 : La ponctuation ...……… 262

Conclusion générale dela deuxième partie ...…. 279

Axe III Une stylistique diversifiée à partir del'interlangue ...…283

(9)

Chapitre1 : Les maximes ...…286

Chapitre 2 : Les proverbes ...… 305

Conclusion Générale dela troisième partie ...… 320

Conclusion générale ...…………322

Bibliographie ...………. 327

Table des matières ...………. 349

Index des auteurs...……. 355

Index des notions...…. 368

Annexe ………. 373

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

Le croisement désormais établi commeincontestable etimparable des cultures, des langues, disons plus exactement des civilisations, estl’un des événementsimportants de l’époque moderne, une époque marquée parles progrès humains multidimensionnels, multi-sectoriels quel’on connaît ; progrès culturel et surtout progrès technologiques avec le développement des moyens detransport qui afavorisélarencontre des hommes. Le monde est devenu dèslors, un véritable‘’village planétaire’’. Des échanges économiques et culturels offrent aujourd’huila possibilité à chacun de se connecter aveclereste du globe. « Ce Global village », selonla célèbreformule du philosophe et sociologue Marshall Mcluhan,tirée de son ouvrage The Media is the Message1, a élargil’horizon spatial, culturel des peuples aux microcosmes différents. Il arétréciles distances et permis une meilleure saisie des richesses particulières et des spécificités liées aux civilisations humaines. En particulier,les relations France-Afrique qui datent véritablement à partir du début des années soixante, ne modifient vraimentrien des exigences que propose ce rapprochement des peuples et des cultures. On peut donc dire qu’il s’agit là, d’un épiphénomène c’est-à-dire quelesrapports développés dansla sphère France- Afrique ont largement favorisé les contacts culturels. La réunification de ces deux univers culturels, politiques est appuyée aussi par une certaine ouverture desfrontières.

Le phénomène deslangues en contact, sous quelques rouages qu’onl’envisage se présente de toute évidence comme l’héritage direct de tout ce processus de rapprochement des peuples et des cultures dontles premières gesticulations entrela France etl’Afrique remontent depuisl’époque coloniale. Mais signalons-le, notre étude est centrée prioritairement sur la notion de l’interlangue. Cette notion linguistique, sociolinguistique qui pourles uns serait « unelangue approximative »(Nemser, 1971) permettant à un locuteur de communiquer lorsqu’il ne connaît pas la langue de la communauté environnante et pour les autres, une « compétence transitoire »(Corder, 1967) qui naît généralement dansles domaines d’apprentissage etfinit par disparaître dès quel’apprenant acquiertlalangue ciblée. Cette notionrarementtraitée danslestravaux de recherche en sciences sociales et humaines voit sa première orientation de recherche avec Sélinker (1972). Chercheur américain attaché aux aspects linguistiques et psycholinguistiques de l’apprentissage d’une langue étrangère par les adultes avec

1. Marshall Mcluhan, The Mediaisthe Massage, Paris, Jean-Jacques Pauvert, 1968.

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l’élaboration du terme «interlanguage » (traduit interlangue en français) pour rendre compte des connaissancesintermédiaires del’apprenant enlangue étrangère.

Pour cet auteurtout comme pour d’autreschercheurs qui ont orientéles recherches surla notion,l’interlangue est un processus d’apprentissage observé chez unindividu et non chez un groupe social. C’est aussi une « compétencetransitoire »(Corder, 1967) caractérisée par une véritableinstabilité d’autant plus quelesrègles grammaticales de l’interlangue ne correspondent pas auxrègles retrouvées danslalangue maternelle de l’apprenant ni celles observées danslalangue cible. Il en résulte alors qu’uneinterlangue est bien un dispositiflinguistique autonome qui doit être décrit commetel mais un système essentiellementinstable qui n’est en général pas destiné à évoluer vers une meilleure pratique delalangue:lesinterlangues sont simplement des auxiliaires quel’on utilise dans une situation de contact pour des besoins de communication.

L’interlangue n’est pas à confondre avec l’interférence qui désigne « un remaniement de structures quirésulte del’introduction d’éléments étrangers dansles domainesles plusfortement structurés delalangue, commel’ensemble du système phonologique, une grande partie dela morphologie et dela syntaxe et certains domaines du vocabulaire(parenté, couleur,temps, etc.)2 » On ne doit non plusla confondre avec l’alternance codique qui est une sorte de « collage, du passage en un point du discours d’unelangue àl’autre, quel’on appelle mélange delangue3».

En effet,les premiers travaux ontindiqué quel’interlangue serait alors un système linguistique qui désorienteles canevas favorisant un « vivre ensemble ». Elle serait alors un processus d’apprentissage qui cherche à déstabiliserlalangue véhiculaire,la réduire, ainsi que procéder à sa disparition. C’est pourquoi, bon nombre delinguistes et de sociolinguistes se méfient en général des études liées aux « pidgins » (Ferguson, Langaguage and Social Context: 1972) résultat direct del’interlanguelorsqu’elle devient non pasle parler d’unindividu mais un véhicule commun àla collectivité. Nous pensons que cette vision del’interlangue est assez simple et générale. C’est pourquoi, dans notre thèse dont le titre est « L’interlangue dans les romans de l’Afrique francophone subsaharienne. Contributions sociocritiques àla critique delalittératurefrancophone », noustenterons de démontrer et de prouver quel’interlangue est riche, complexe et mérite une étude approfondie. Nous venons donc ouvrir une problématique complexe mais pertinente. Pour nous, l’interlangue occupe une fonction de contact situationnel,

2. Calvet (L.-J.),La Sociolinguistique, « Que sais-je ? », Paris, Presses Universitaires de France, 1993, p. 23.

3. Calvet (L.-J.),La sociolinguistique, « Que sais-je ? », Paris, Presse Universitaire de France, 1993, p. 29.

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communicatif voir rhétorique. Elle est aujourd’huiintégrée dansles œuvreslittéraires francophones.

Danslesromans del’Afriquefrancophone subsaharienne par exemple,lalangue française est africanisée parle biais del’interlangue. Cette africanisation est un atout majeur menant àl’enrichissement, au progrès et àl’émancipation delalangue pour favoriser son émergence. Elle est un baromètre qui vient comme pour permettre àla littératurefrancophone et àlalangue elle-même de connaître un essor considérable. L’interlangue exprime dansles œuvres qui sont soumises à notre étude unerelation de réciprocité, d’équivalence.

Ici, un raisonnement mathématique semble nécessaire pour traduirele principe de réciprocité dansl’interlangue entre deuxlocuteurs: A et B. L’interlangue met en évidence unerelation de présuppositionréciproque(ouinterdépendance), c'est-à-dire unerelation bi-orientée. Pourle phénomène del’interlangue, A présuppose B et B présuppose A. Les relations entreleslocuteurs parle moyen del’interlangue marquent un état symétrique. L’interlangue manifeste une certaine équivalence c'est-à-dire une situation deréflexivité posant d’entréele problème de l’identité. On peutlégitiment se demander sil’interlangue est égale à elle-même. Nous estimons quela pratique del’interlangue est aussi une quête d’identité, un personnage qui cherche ses origines en permanence.

Dans nostravaux, nous n’aurons pas à distinguerl’interlangue de l’interférence. Car ces deux notions sont synonymiques dans nos œuvres. En observantlefonctionnement de ces mécanismeslinguistiques dansles textes,il ressort quel’interlangue est fondée à base des interférences lexicaux. Lorsqu’on observe de près ces énoncés dites interlangues, par exemple cet extrait de conversation relevé dans Temps de chien4: Exemple:

« A bo dzé-a, dit une chienne borgne qui s’étaitjointe àl’étonnement et àl’amusement du chien galeux. » p. 22.

«Il va mechier » p. 38.

Au-delà dufait qu’il y a un écart situé surle plan syntaxiquejustifiantlefait que deuxlangues cohabitent, cela ne diffèrel’interlangue del’interférence. L’interlangue se construit grâce aux interférences phoniques et morphémiques des deux langues opposées. La seule différence dansl’exemple suscité estlefait quel’«ewondo », (langue

« béti oufang du Cameroun) etlefrançais n’obéissent pas exactement àla même

4. Nganang (P.),Temps de chien, Paris, Le Serpent à Plumes, 2001.

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structuration syntaxique. En effet, sile sujet peut êtreinversé en languefrançaise,il n’existe pas d’inversion du sujet en « éwondo ». Par contre, on peut très bien rencontrer des phrases en « éwondo » avec sujet -verbe-complément comme en français. Cela suppose quel’alternance codique est un mécanismeinterlinguistique consistant à utiliser tour àtour deuxlangues différentes dans un même échange verbal. On yretrouve deux universlinguistiques différents qui se combinent simultanément. Maisilfaut comprendre quetout ce processus semble en effetincompris parlelocuteur endogène d’une des langues. On note par exemple ces énoncéstirés dans Allah n’est pas obligé5,texte de l’ivoirien Ahmadou Kourouma où «le Malinké »fait corps aveclalanguefrançaise pour traduire unelangue riche et progressive.

Exemple: « suis pas chic et mignon parce que suis poursuivi parlesgnamas de plusieurs personnes.» p.10.

« J’emploieles mots malinkés commefafaro.» p. 8.

« Commegnamokodé» p.10.

« Commewalahé » p. 8.

Atravers ces énoncés situés en début duroman, onremarquera queles phrases sont construites de deuxlangues opposées qui sont alternées deux à deux. Mais pourle natif delalanguefrançaise par exemple, cette écriture pourraitlaisser entendre quele sujet del’énonciation ne maîtrise paslalanguefrançaise, qu’il n’a pas un bon vocabulaire et qu’il est dans une phase d’apprentissage, c’est pour cela qu’ilfait appel à d’autres idiomestotalement différents dans son étendu discursif. A cet effet,il convient de souligner quel’alternance codique etl’interférence seront à voir dans notrethèse commelesformes d’interlangues. Ainsi, quel’on parcourt Temps de chien6 du camerounais Patrice Nganang ou qu’on étudie Verre cassé7 du congolais Alain Mabanckou ou encore Allah n’est pas obligé8del’ivoirien Ahmadou Kourouma,le résultat estidentique.

L’alternance codique etl’interférence sont desformes d’interlangue. L’interlangue est un processus d’émergence, d’évolution, de rajeunissement delalangue française. On le sait, aucune langue n’est statique, mais évolutive. On considère donc que cela s'applique à toutesleslangues, y comprisla langue française. A ce niveau d’étude,il est intéressant de se demanderjustement silefrançais créé parles écrivains del’Afrique

5. Kourouma (A.),Allah n’est pas obligé, Paris, Seuil, 2000.

6. Nganang (P.),op.cit., p. 10.

7. Mabanckou (A.),Verre cassé, Paris, Seuil, 2005.

8. Kourouma (A.),op.cit.,p. 11.

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francophone subsaharienne est uneinterlangue au sens strict ou au senslittéraire ? Là,il est d'une importance capitale de décliner la situation sociolinguistique de l'Afrique francophone subsaharienne.

Aujourd’hui, ce que l’on appelle communément l’Afrique noire « d’expression française » compte dix-sept États dontles territoires occupent une zone qui s’étend des côtes occidentales du continent àla région des Grands Lacs. Selon Marcel Diki-kidiri9,la situation sociolinguistique de ces pays est caractérisée par une pyramide àtrois étages. Au premier étage, nous avonsleslangues de bases (langues vernaculaires qui coexistent dans un même pays, et qui sont utilisées par la populationlocale et sont associées au mondetraditionnel et ethnique). Au deuxième étage,il y a leslangues de masse(elles sont aussilangues vernaculaires àla différence qu’elles sontliées aux développements de la société et àl’expression des réalités modernes,largementintégrées aux cultures locales: ce sontleslangues dominantes surle plan démographique et sociologique) et au sommet dela pyramide, ontrouveleslangues de crêtes(langues ayant desfonctions officielles. «Il s’agit presquetoujours delalanguefrançaise quijoue encore unrôle dominant danstousles secteurs dela vie nationale:l’administration etl’enseignement10. »

Parmi les États, il y a ceux qui sont linguistiquement homogènes comme le Rwanda etle Burundi oùlalangue dominante estlalangue de souche malgrélefait quela langue de crête(français) soitlalangue del’administration.Il y a des États qui sont linguistiquement hétérogènes, mais possédant une langue dominante, soit démographiquement, soit sociologiquement, commele Sénégal oùle « wolof » estla langue de masse,la Mauritanie avec «l’arabe »,le Mali avecle « malinké-bambara »,le

« haoussa », le Gabon avec le « Fang ». Enfin il y a des États linguistiquement hétérogène sanslangue dominante au niveau national mais ayant pourla plupart des langues de bases et unelangue de crête appelée «français ». Ces pays sontla Guinée,le Cameroun,la Côte d’Ivoire,le Burkina-Faso,le Togo,le Bénin,le Tchad,le Congo etle Zaïre (République démocratique du Congo). Cette clarification peut être aussi nuancée à bien d’égard parce quele « haoussa »,langue vernaculaire du Niger, retrouvée àl’ouest du pays, notamment dansle département de son-Hay-djerma, n’yjoue pasle même rôle quele « wolof »,langue de masse du Sénégal. Le Cameroun, où règne dansle nord une grandelangue de commerce, «le peul » n’est pas hétérogène au mêmetitre quele

9. Linguiste, Africaniste, Chercheur au LLACAN 5CNARS/ INALCO) Terminologue, Traducteur, Technologue, Langagière, spécialiste du « Sango », Langue nationale dela Centre- Afrique.

10. Voirlestravaux de Maoud IGUE souslethème: La population Francophone dete d’ivoire: Données Statistiques et Estimation pour 1980, Aspects Sociolinguistiques, Universi du Bénin.

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Burkina-Faso, où la prétention des « Mossi » à l’impérialisme linguistique suscite la méfiance deleurs compatriotes del’ouest, du Sud et del’Est.

Au-delà dela nature complexe du statut du français dans ces États africains,il est incontestable quetous ont en communlefait quelefrançaisremplit desfonctions de langue officielle, delangue d’enseignement et delangueinternationale. Il s’agitlà bien évidement d’un héritagelinguistique direct dela colonisation; le fait remarquable est que cet héritagelinguistique du français a bien survécu en Afrique noire malgréla destitution del’élément colonial quil’a vu naître. Cependant,le français tel qu’il est parlé et écrit en Afrique noirefrancophone, suscite tout de mêmeles études approfondies permettant de cerner et de comprendre sonfonctionnement et surtout ses différentesfonctions. Pour certains, le français de l’Afrique francophone subsaharienne fonctionne comme du

«français créole » qui s’écartelargement dela norme. C’est un français décalé qui désorienteles objetslinguistiques deleur usage habituel. C’est dans cettelogique que Mudimbé s’exprime en cestermes:lefrançais del’Afrique noire est caractérisé par une:

« Prononciation approximative, syntaxe réprimée, vocabulaire boursouf au supplic, intonation, rythme et accent englué àl’écoulement delalangue originelle dulocuteur Africain. En tout cas des africanismes phonétiques, morphologiques, syntaxique etlexicaux.11»

Manessy en parlant de cefrançais, soutient que son:

« emploi n'estjamais tout à fait neutre,le fait d'y recourir, quand un choix différent serait possible etlaformeimposée au message sont pour eux-mêmes chargés de significationsintelligibles à l'interlocuteur12 »

En effet, même si Manessy et Mudimbé semblenttous vouloir déléguer cefrançais au contexte africain de son usage,leur désaccord surla nature etlesfonctions dufrançais del’Afrique subsaharienne démontretoutela complexité qui entoure cefrançais africain.Il s’agit de comprendre cetteinterlangue àl’aune du systèmelinguistique métropolitain, mais aussi et surtout derechercher sa compréhension dans son contexte sociolinguistique, socio-historique, dans sa situation de communication: dans son « sociotexte. »(Duchet, 1979). C’estjustement ce ″sociotexte″ qui occuperala grande partie de nos travaux. Car, Zima soutient que:

«Toute sociologie dutexte doitreprésenterles différents niveauxtextuels comme des structures à la fois linguistiques et sociales. Tous les niveaux sémantiques, syntaxiques ou narratifs sont envisagés. La critique doit représenterl’univers social comme ensemble delangage

11. Mudimbe (V.Y.), «Langues africaines et Langues européennes en Afrique noire.Problème de collaboration » Groupe de Recherche surle contact de cultures, Centre International de sémiotique, Lubumbashi, 1978.

12.Manessy (G.), Lefrançais en Afrique Noire, Mythe, Stratégies, Pratiques, Paris, L’Harmattan, 1994.

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collectif, langage absorbé et transformés par les textes littéraires.13» C’est pourquoi, nousinterrogerons d’abordles problématiquesfrancophonesliées à la notion del’interlangue, ensuite nousferons un petit état deslieux dela notion elle- même et enfin nous détaillerons ce « sociotexte » (Duchet, 1979) pour comprendre clairement commentl’interlangue se donne àlire danslalittératurefrancophone.Il sera donc question de mettre en évidenceles différentes composantes de nosromans pour dégagerlelien apparent entreles élémentslinguistiques etle monde. La problématique pour nous sera redistribuée selonles points ci-après:

 Commentinterlangue se donne-t-elle àlire danslestextes qui composent notre corpus de base ? Comment se présentent cesformes et commentfonctionnent- elles ?

 Interlangue: Obligation ou nécessité pour les romanciers del’Afrique francophone subsaharienne ?

 Interlangue est-elle un choix politique danslesromans del’Afriquefrancophone subsaharienne ? Autrement dit, quelle politique véhiculela notion del’interlangue dansles romansfrancophones qui composent notre corpus de base ?

Ce sont autant de questions susceptibles d’être posées aussi bien à un corpus sélectionné qu’à un seul auteur francophone par choix sans contrainte quant aux genres littéraires oula période quiferal’objet d’étude. Pour ce qui est de notretravail, nous avons choisitroisromans del'Afriquefrancophone subsaharienne à savoir, Temps de Chien14 Allah n'est pas obligé15 etVerre Cassé16.

Danstouttravail scientifique,il est stratégique de préciserle cadre méthodologique qui va non seulement orienterla recherche mais encorelui servir de support, de guide. La sociocritique estla démarche qui convient ici pour étudierles structures syntaxiques, lexicales, sémiotiques, voire stylistiques mises en œuvre dans nostrois romans de base. Contrairement àla sociologie delalittérature qui s’intéresse àla sociologie dela vie et des pratiqueslittéraires, àla sociologie dela créationlittéraire, àla sociologie dela

13. Zima (P.-V.),Manuel de sociocritique, Paris,l’Harmattan, 2000, 276 p.

14. Nganang (P.),op.cit. p. 11.

15. Kourouma (A.), op.cit. p. 11.

16. Mabanckou (A.), op.cit. p. 11.

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réception des œuvres,la sociocritique a pour objetletexte considéré comme matière langagière, procès esthétique et dispositif sémiotique. C’est dansla spécialité esthétique même,la dimension valeur texte quela sociocritique s’efforce delire cette présence des œuvres au monde qu’elle appelle « socialité ». Pendantl’analyse de mise entexte,la sociocritique «interroge l’implicite, les présupposés, le non-dit ou l’impensé, les silences17 » affirme Claude Duchet; à cela peuvent s’ajouter les contradictions, les passages énigmatiques,les dérives sémiotiques. En gros,tout ce quifait allusion au sens et non àla signification,tout ce qui produit un déplacement sémiotiqueinnovateur, c’est-à- dire, tout ce qui montrel’indice d’une complexité sémantique. Par son approche et en se basant sur sa problématique générale,la sociocritique se distingue àlafois àla sociologie empirique et àla sociologie dela littérature. Son but n’est pas delireletexte à partir de sa mise en marché ni des conditions du processus de création, ni même dela biologie de l’auteur. Pour la sociocritique, les œuvres littéraires ne sont pas des documents historiques, encore moins sociologiques,leurslogiques épistémologiques ne sont pas à considérer comme unelogique dela preuveimmédiate mais par contre comme une logique dela découverte approfondie aux processus deformation et de structuration du sens qui passe parle biais del’objetlangagier.

Pour découvrirle social ambiant dansles œuvres,la sociocritique se rapproche de la structurelangagière. Elle examinelelangage et extirpe de celui-cile sens. Cela signifie que tout exercice‘’sociocriticien’’ sérieux examine «les mots,leslangages,les discours, lesrépertoires de signesintégrés parletexte qu’il corrèleles uns aux autres defaçon extraordinaire enles transformant bien sûr grâce àla distance sémiologique qui se présente parl’usage de multiples moyens scripturaux18. » C’estjustement ces différents moyens qui sontimportants derelever et d’analyser pour cerner ce socialtant poursuivi parla sociologie delalittérature. La socialité etl’historicité se donne àlire àtravers ce minusculetravail oùlareprise compte moins quelarupture etl’emprunt moins que sa manipulation active.

Zima quireprésentele sociocriticien par excellence de notretravail derecherche, reproche aux théoriciens marxistes dans son texte dont le titre est: La négation esthétique. Le sujet,le beau etle sublime de Mallarmé et Valéry à Adorno et Lyotard19, de réduirele textelittéraire à une pure expressionidéologique ou à un discours uniquement

17. Duchet (C.), «Introductions. Positions et perspectives », dans Claude Duchet, Bernard Mérigot et Amiel Van Teslaar (dir.), Sociocritique, Paris, Nathan, 1979, 220 p., pp. 3-8, p. 4.

18. Popovic (P.), « La sociocritique. Définition, histoire, concepts, voies d’avenir »,Pratiques, 151-152| 2011, 7-38.

19.Zima (P. –V.), La négation esthétique. Le sujet,le beau etle sublime de Mallarmé et Valéry à Adorno et Lyotard, Paris, Budapest, Turin, L’Harmattan, 2002, 268 p.

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mimétique qui permet de reproduire typiquementle hors-texte,la réalité en elle-même et pour elle-même. Il reproche également àla sociologie empirique de se servir dela littérature uniquement comme prétexte de recherche. Selon notre‘’sociocriticien’’,les seconds théoriciens s’amusent à relever et à classifierles objets textuels selon des critères quantitatifs sans aucune objectivité:les textes se réduisent dèslors, à des objets sansimportance.Il pense queletextelittéraire à un caractère double. Cette doublure identitaire esttenue entreforme etfond. Latâche delalittérature n’est pas de proposer desidées ni de décrirefidèlementlaréalité existante. Elle sert plutôt à critiquer et à transformer cette réalité tout en restant dans le domainelittéraire. Le texte ne peut donc pas être monosémique, mais polysémique. C’est dans ce cheminement du comment de l’écriture que se dévoilele sens social: ce n’est pasla question que ditletexte qui devrait se poser en premier, mais commentille dit. Cela veut dire que «la question que ditle texte »trouve sa réponse àtraversla seconde à savoir « commentille dit ». A ce niveau, on découvrefinalement que chez Zima,les élémentslinguistiquesjouent un rôleimportant dansla découverte du sens social recherché par le critique. Ce sonttousles éléments de structuration utilisés par un auteur dans son récit qui ouvrent la voie au sens social.

Ainsi, dans notrethèse dontletitre est: « L’interlangue dansles romans de l’Afrique francophone subsaharienne. Contributions sociocritique à la critique de la littératurefrancophone »,il est question de se plonger dansle « sociotexte »(Duchet, 1979) de nos romans pour rendre compte du rapport interlangue et littérature francophone. Il s’agira donc pour nous de mettreen reliefles différentes composantes de nos romans afin de dégagerlelien apparent entreles élémentslinguistiques etle monde. Toutefois celien ne sefera pas comme si on avait affaire à un document géographique ou historique.

Ce rapport obéira au cheminement élaboré parla sociocritiquetelle qu’elle se présente dans notrerecherche.Il sera question de montrer commentl’interlangue se structure dansles textes, avant de témoigner de son rapport avecle monde. Il s’agira de démontrer commentles microstructures syntaxiques, sémiotiques,lexicales, stylistiques et autres prononcentl’interlangue pourtenter d’élaborer une contribution nécessaire pour sortirlalittératurefrancophone des dogmes qui lui pèsent dessus. Ce qui signifie que dans nostravaux,l’interlangue vient comme pour redonner vie àlalittératurefrancophone enlui favorisantle chemin dansla grande nation des Lettres. L’interlangue est une méthode importante queles romanciersfrancophones utilisent dansles œuvres. Elleleur permet de travailler leur langue d’écriture en rehaussant celle-ci au rang des grandes langues

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mondiales: l’interlangue telle qu’elle est structurée dans les romans de l’Afrique francophone subsaharienne, enrichitlalangue française en favorisant à cet effet de bons rapports entrela France etl’Afrique.

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Ouverture :

I-1 La problématique francophone etlaquestion dela surconsciencelinguistique :

En ce moment,la notion defrancophonie et d'écriturefrancophone est au centre des débats littéraires, critiques de tout genre. On l’a remarqué, on l'a répété: la francophonie est un concept non stabilisé qui donnel'impression que plus on s'approche de sa compréhension, plus les orientations qu'on veut lui attribuer échappent au discernement. Son contexte spatial est flou, ses débuts mal connus et sa définition toujours alimentela perplexité, et on a du mal ainsi àlui donner une définition claire. En somme, qu'est-ce quelafrancophonie ? Peut-on affirmer que c'est un mot qui sert à réunir les anciennes coloniesfrançaises ? Est-ce une manière d'appelerleslocuteursfrançais qui n'ont pas pourlangue maternelle,lalanguefrançaise ? Surle plan politique, est-ce une étiquette verbale qui permet àl’Étatfrançais dejustifier sa présence au sein des relationsinternationales ? Il est bien difficile, en effet, de dire clairement qui parle français en s'entenant à ces catégories définitionnelles et d'ailleurs, ce que parlerfrançais veut dire.

Les créolistes (Réunion, Martinique, Guyane, Guadeloupe ...), pourtant considérés comme étant des élus de ce regroupement que l'on nomme sous l’appellation de

‘’francophonie’’, nefont pas bonnefigure parmiles « stars » officielles du salon parce que, semble-t-il,ils sont de nationalitéfrançaise. De même,la Belgique etla Suisse qui peuvent être considérés commeles « parents directs » delafrancophonie, maisleur appartenance est parfois remise en cause. Car, plusieurs deleurs œuvreslittéraires sont souvent difficiles à distinguer dansle corpusfrançais. Dansl'entendement des originaires de France, la francophonie est liée avant tout à l'histoire de la colonisation et plus radicalement àl'Afrique. C'est pour cela quela collection « Continents noirs »,retrouvée chez Gallimard est assortie de celui des arts plastiques,la sculpture africaine. D'ailleurs, les écrivainsfrancophones dansleur ensemble sont conscients de cela d'où certaines positions défendues de part et d'autre sur des plateauxtélévisés et dans des ouvrages. Beaucoup comprennent de ce fait, les mesures d'exclusions qui les menacent et revendiquent une appartenance àlalittérature delangue française, disons unelittérature francophone dontles œuvresfrançaises seraient elles aussil'une des composantes.

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Lalittérature africaine delanguefrançaise en ce quila concerne a conquis ses lettres de noblesse. Depuisla publication deBatouala20parle guyanais René Maran, (prix Goncourt, 1921) elle a récolté moult prix littéraires qui sont les gages de la reconnaissance parles spécialistes etle grand public. Sile chemin parcouru est une indication dutravail et des progrèsréalisés, on peut dire de cefait quelalittérature africaine d'expression française mérite amplement le succès conquis. Les premiers romans africains paraissent dès 1926: On cite Force Bonté21 de Bakari Diallo qui représente une grandeillustration. Laliste estlongue, on retrouve d'autres précurseurs tels que: Ousmane Soce avecKarim22 et Paul Hazoume avec Doguicimi23. Plusloin, une multitude d’œuvres romanesques sont éditées régulièrement à partir del'an 1950jusqu'à l'avènement des indépendances des pays africains d'après Séwanou Dabla. Cette production romanesque estl'œuvre dela première génération des écrivains dontles figures de proue sont Ferdinand LéopoldOyono, Mongo Béti, Sembène Ousmane pour ne citer que ceux-là.

La production romanesque de cette première génération de romanciers del'Afrique francophone subsaharienne se caractérise par une problématiquelittéraire et un style partagés par tousles écrivains. Séwanou Dabla regroupetoutela problématiquelittéraire del'Afrique francophone à quelques normes et principes qui se sont rassemblés dansles premières œuvres. Ces principes se caractérisent par la reconstitution volontiers, nostalgique d'une Afrique qui s’effondre. En effet,lesthèses colonialistes développaient queles Noirsjamais n'avaient rieninventé.Ils n’avaient rien créé.Ils n’avaient rien peint: ils n'avaient pas de culture. La révolte contrele fait colonial, présentée à traversle conflit de cultures ou de générations ou encore sousforme de condamnation explicite comme celle àlaquelle nous ont habituésles romans de Mongo Béti ou de Sembene Ousmane. Séwanou Dablaindique que cette unitéthématique delalittérature del'Afrique francophone subsahariennetrouve un regrettable écho dansle style des œuvres. Bernard Mouraliste et Jacques Chevrier observent dans cette optique queleroman del'Afrique subsahariennefrancophone, contrairement à d'autres arts, « estrestétrès proche des modèlesfrançais parmilesquelsil est aisé de reconnaître[…] Balzac et Zola...24» Même siles œuvres de Sembène Ousmane, Cheikh Amidou Kane et Camara Laye brillent par

20. Maran (R.),Batoula, Paris, Albin Michel, 1921.

21. Diallo (B.),Force bonté, Paris, Nouvelles Éditions Africaines, 1926.

22. Soce (O.),Karim, Paris, Nouvelles Éditions Latines, 1935.

23. Hazoumé (P.),Donguicimi, Paris, Larousse, 1938.

24. Dabla (S.), Nouvelles écritures africaines. Romanciers dela seconde génération, Paris, L’Harmattan, 1986, p. 14.

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